As night and day ... [one-shot] de Lutias'Kokopelli

J'avais tort. J'ai tort, et j'aurai tort. J'ai perdu, j'ai tout perdu. L'échec. L'échec de la réalité sur l'idéal. Je ne comprends pas. J'ai échoué, alors que j'étais l'Elu du Réel, et j'ai échoué contre un de ces humains appelés « dresseurs ». mais celui-là, ou plutôt celle-là, elle a quelque chose de bizarre. Elle a un regard sur ses pokémon que jamais personne d'autre n'a jamais eu. C'est peut-être pour ça que l'Idéal l'a choisie. Et le combat que nous avons mené… elle l'a remporté, sans difficulté, mais en même temps en gardant sa concentration sur ses pokémon souffrant des attaques des miens, sans se préoccuper de celles qui blessaient mes pokémon chéris …

Et puis après, mon père est arrivé. Il me réprimande, mais je ne l'entends plus. Il la combat, elle, mais elle remporte la victoire à nouveau, toujours dans le même esprit. Mon père part. tant mieux, je veux rester seul, seul pour réfléchir. Nous sommes tous les deux, elle et moi. Elle ne dit rien, moi non plus. J'attends qu'elle parte, mais elle n'a pas l'intention de bouger. Elle me regarde. Avec son air étrange. Un air … le même qu'elle porte pour ses pokémon.

Mais qu'est-ce qu'elle a, bon sang ? Elle a gagné, alors qu'est-ce qu'elle attend ? Elle voit que je commence à m'agacer, son regard se baisse et s'adoucit … Elle regarde finalement son Majaspic et le caresse avec tendresse. Elle se fiche de moi ou quoi ?! Mais … non, elle murmure quelque chose. Ça m'est destiné, je le sais, mais je ne peux pas l'entendre. Plus fort… Attends … Oui, ça y est, je comprends …

« La réalité, l'idéal … Peu importe qui est le plus fort. Le monde ne peut pas vivre sans l'un ou l'autre … Le monde est composé, comme ce palais, de plusieurs composants, et il suffit qu'un seul de ceux-là soit absent pour que cet édifice s'écroule … J'ai gagné cette fois-ci, mais c'est surtout grâce à mes autres pokémon, Majaspic, Flotoutan, Mushana, Emolga et Déflaisan, qui l'ont aidé …
- …
- Ce n'est pas la philosophie avec laquelle tu as été élevé, n'est-ce pas ?
- …
- Ton père, Ghetis, t'a fait vivre dans un monde où l'idéal n'est rien, ou pas grand chose, non ?
- …
- T'es pas du genre bavard, toi … »

Cette fille m'exaspère. On est vraiment très différents. Trop différents. Comme la lune et le soleil, comme le jour et la nuit, comme la lumière et l'obscurité … Mais dans ce cas, un de nous deux a forcément tort, et celui-là est celui qui a perdu. Or, j'ai perdu. Elle a donc raison. Mais, si elle a raison … d'après son raisonnement … Je n'ai pas perdu ? Je n'ai pas tort ? Oh, je n'en peux plus ! Si quelqu'un pouvait m'éclairer …

« Ghetis … Il s'est servi de toi. Tu l'as entendu tout-à-l'heure, comment il te voyait. Pour lui, tu n'es qu'un 'outil'. Jusqu'à maintenant, tu l'as été. Tu as été abusé par ses contes et tu lui as obéi. Mais, maintenant, ça a changé. Ce combat était ton initiative, non la sienne, et il te l'a même reproché. Ça veut dire que tu peux changer. Tu peux, avec un peu d'aide, retrouver ta propre philosophie, te trouver toi, en quelque sorte … »

J'ai de plus en plus de mal à la comprendre. En effet, tout bien réfléchi … Je n'ai pas fait tout ça de mon plein gré …

« Quelque chose m'intrigue … Ta mère, je ne l'ai pas vue, et ça m'étonne qu'une mère laisse faire tout ça contre son propre fils … »

Je craque.

« Ma mère est morte, depuis ma naissance ! Les rêves, ils ne serviront jamais à me la ramener ! Tout ce que tu dis … c'est … »

Je n'ai pas terminé ma phrase. Elle est scandalisée, mais je m'en fiche. Je veux qu'elle me fiche la paix, une bonne fois pour toutes.

« La réalité non plus. »

Elle a encore trouvé à répondre. Décidément cette dresseuse est étonnante … Mais c'est vrai. La réalité ne va pas me permettre de retrouver ma mère … Je sens quelque chose de fin, de chaud s'échapper de mes yeux. Des larmes ? Non, je ne dois pas pleurer, pas devant elle !

« T'en fais pas, tout le monde aurait fait comme toi dans de telles conditions …
- …
- Toujours ton silence mystérieux, je me demande ce que ça veut dire …
- …
- Rien ? Tu n'as rien à dire ? …
- Suis-je forcé de répondre ?
- T'es vraiment bizarre, toi … Je t'ai offensé – sans le vouloir, certes – et tu n'as rien d'autre à dire ?
- … »

Elle détourne son regard. Elle abandonne ? Elle se penche vers son fidèle Majaspic et lui caresse la tête. Cependant, ses yeux éprouvent de la tristesse, et le serpent me la transmet par ce même regard. Un regard de pitié ? Qu'est-ce que ça veut dire ?

« De l'inquiétude. »
Je comprends les pokémon, et je n'ai pas forcément besoin de leur parler pour qu'ils comprennent ce que je veux leur dire. Majaspic a répondu à ma question. Mais de l'inquiétude… Pourquoi ? Pour qui s'inquiètent-ils ?
« Pour toi. »
Pour … moi ? Mais, alors cette fille, si elle s'inquiète, pourquoi me fait-elle tant de souffrances ?
« Pour que tu comprennes. »
Comprendre quoi ?
« Que Ghetis a abusé de ton innocence, et que ce monde n'est pas fait que de guerre, que tu étais censé arrêter en gouvernant le mon… »

Il ne termina pas sa phrase, surpris par une goutte qu'il reçut sur le museau. Une larme, une larme de sa dresseuse … Alors c'est vrai …

Tout devint subitement clair dans ma tête. J'ai été un idiot pendant toute ma vie. Je me retourne vers le Réel et lui fais signe. Signe que tout est fini, qu'il peut retrouver sa vie sauvage. Il s'envole. Je lui fais signe. Il me répond du regard avant de disparaître derrière les nuages. Je me retourne doucement vers elle. Elle a compris. Elle s'avance. Je l'imite. Nous sommes face à face. Souriants. Calmes. Sereins … Un silence nous entoure tous. Un silence apaisant. Elle le brise, doucement :

« Si tu veux, en attendant d'apprendre à se connaître, nous allons nous acheter des glaces volutes, il paraît qu'elles sont délicieuses. Je peux t'emmener à Volucité … »

L'Idéal déploya alors ses larges ailes, acquiesçant la proposition. Je me laissai porter, accroché à son dos, juste derrière elle.

Je suis serein, maintenant. Je sais que elle ne me laissera pas tomber.