Chapitre 4 : Petite escapade nocturne [VLCMédia]
Chapitre 4: Petite escapade nocturne
Maître Auguste ne parla pas de la soirée. Il semblait comme hypnotisé, enfermé dans un songe duquel il n'arrivait visiblement pas à se tirer. Il tenait sa tête entre ses deux mains ridées et regardait droit devant lui. Le repas se termina, comme il avait commencé, sur un silence pesant. Maître Auguste se leva et partit, toujours sans dire un mot, vers son bureau. Il en ressorti peu de temps après, un gros manuscrit a la main. Ses bruits de pas résonnèrent dans la maison lorsqu'il monta l'escalier. Germaine et moi-même nous regardâmes un peu surpris par l'attitude du champion. Lui qui était d'ordinaire si énergique était maintenant songeur.
Après cet instant grave, Germaine se leva et débarrassa la table. Je me levai et partis dans ma chambre afin de me reposer. Une pensée m'empêcha de fermer l'œil, l'attitude du champion. Il n'avait plus la même tonicité qu'avant. C'était troublant pour moi comme pour Germaine. Un changement si soudain… ce n'était pas naturel. Pourquoi ? A cause de quoi ? Trop de questions pour que je puisse fermer l'œil. Je me levai de mon lit et pris mes pokeballs ainsi que mon sac a dos. Je sortis sans bruits afin de ne pas réveiller Germaine. Le plancher craqua un peu sous mon poids mais pas assez fort pour surmonter les ronflements de la bonne. Tant mieux. Je descendis les escaliers toujours sans faire de bruit et tournai le loquet de la porte d'entrée.
Lorsque j'ouvris la porte, un léger vent frais vint me caresser le visage. Je m'empressai de fermer la porte derrière moi afin de ne pas créer de courant d'air. Je descendis les petites marches de pierre pour rejoindre la rue. Les lampadaires éclairaient encore de leurs lumière jaunâtre. Je tournai à droite vers la « rue du volcan ». Je continuai sur une petite centaine de mètre et empruntai un petit chemin de terre sinueux et sombre sur ma gauche. L'ascension du volcan se fit quelque peu difficilement. Mes jambes me paressaient lourdes et je commençais à tomber de fatigue. J'arrivai dans une petite clairière dégagée. Je levai les yeux en direction du ciel. Une infinité de petites étoiles y brillaient. La lune en était à son premier quartier. Quelques petites étoiles filantes passèrent. C'était courant dans les régions sans trop d'éclairage. Ce combiné m'enchanta au plus haut point. Ce spectacle m'était inaccessible depuis Céladopole et pourtant, j'étais conscient qu'il existait.
Je fis sortir mes pokémons afin qu'ils puissent eux aussi profiter de ce magnifique spectacle naturel. Mon équipe au grand complet vint me rejoindre sur le sol rocailleux. Héricendre fut le premier à réagir. Il pointa une étoile plus brillante que les autres, l'étoile du berger. Plus communément appelée Vénus. Nom inspiré de la déesse romaine Vénus. Quel beau nom, Vénus. Nous nous endormirent sur ce doux nom.
La nuit se déroula sans accros. Il faisait chaud dans les parages du volcan, mon sac a dos me faisait office d'oreiller, Germignon ne fit pas de cauchemars et Mentali n'hurla pas. Bref, une nuit sereine, sans confort certes, mais une nuit reposante tout de même.
Lorsque le soleil reparut et commença à éclairer l'île de sa faible lueur, je fus réveiller par Héricendre, le plus craintif du groupe. Il tremblait et me regardait en même temps. Lorsqu'il se retourna, il pointa un buisson de sa petite patte tremblante. En effet, il m'a semblait y voir bouger quelque chose. Une grande silhouette, fine. Quel genre de pokémon pouvait il être ? Peut être fallait il le laisser tranquile, peut être fallait il aller voir ? Que faire ? Je me levai et m'approchai du petit buisson. Il remua de nouveau. Je me jetai sur le buisson en question, les bras en avant. Mes bras encerclèrent quelque chose, quelque chose de synthétique… un tissu ? Un tissu ?! Il me fallut un temps pour comprendre que ma prise était en fait une jeune fille. Mais cette jeune fille ne m'était pas inconnue, je l'avait déjà vue… mais où ? Ce fut un détail qui me mit sur la voie: ses cheveux. Ces cheveux rose, longs et soyeux…. Carmen ! La fille qui m'avait fui ! Que faisait elle ici ?! Elle était là depuis combien de temps ? Tant de questions qui faisait que je n'avais pas encore remarqué qu'elle avait quelques taches de rousseur. Ce n'était pas Carmen. Elle lui ressemblait beaucoup pourtant. Elle paraissait un peu plus jeune aussi. Je relâcha mon étreinte et me mis a genou en face d'elle.
-Qui es tu ? Tu ne connaîtrai pas une fille qui s'appelle Carmen et qui te ressemble drôlement ?
Elle rougit un peu.
-Euh, si, en fait, je suis sa sœur jumelle. Je m'appelle Maria. Et toi, t'es qui ?
-J'm'appelle Sébastien. Je suis l'apprenti d'Au…
-D'Auguste ?
-Zut, j'en ai trop dit ! Tu gardes le secret ? S'il te plait.
-Euh oui mais…
Je me levai. Elle fit de même.
-Parfait ! Dans ce cas… Ah au fait, j'ai une petite question pour toi avant de partir, Carmen, est elle timide ?
-Oui, très. Pourquoi ?
-Oh pour rien.
Je me redressai et lui tendis une main pour l'aider a se lever. Quand j'y repense, quelle ressemblance troublante. Elle repartit comme si rien ne s'était passé. Quelles sœurs étranges; l'une extrêmement timide et l'autre très… Ah zut, le mot ne me vient pas. Bah, quelle importance ?
Après ce petit moment pour le moins inattendu, je repartis auprès de mon équipe encore endormie, a l'exception d'Héricendre.