Une sombre vérité de Papamastec

Incursion dans la vengeance


« Le Spiritomb qui s'est échappé il y a un mois est encore recherché. Ses acolytes sont encore inconnus. Quand à la guilde, aucun survivant n'a été retrouvé pour l'instant. Tout renseignement est le… »
Je lisais ces phrases dans le journal. Il y a un mois, je me suis échappé de la guilde, en prenant bien soin de ne laisser aucun témoin, de la manière la plus rapide qui soit. Et depuis, je vis en me cachant et en volant ce dont j'ai besoin. En bas de la page était inscrit :
«Le bilan des victimes tuées par le criminel est encore inconnu. Les quelques cadavres retrouvés ont été égorgés pendant la nuit du massacre. Ci-joint, une photo du criminel classé dangerosité 7 étoiles. Toutes les équipes d'exploration sont mobilisées pour le retrouver. »

Mouais. Pas très bon comme bilan, ça. Dans la guilde, j'ai eu le loisir de m'entraîner à me débarrasser des gens discrètement et silencieusement. Il ne me restait qu'un but : me venger de Fortress pour m'avoir menti, et pour s'être servi de moi. Quand à Skelerex et à Poppant… Je ne sais pas. J'ignore leurs véritables intentions, mais je m'entendais bien avec eux. Je me demande bien ce qu'ils sont devenus… Quand à Motisma…Je rejetais un coup d'œil au journal.
« Un Motisma, manifestement un complice du Spiritomb a été retrouvé et exécuté par une équipe d'explorateur. » Une photo montrait que l'équipe se composait d'un Machopeur, un Mysdibule et une Roserade. Il semblaient bien fier.
- La bande d'ordure… Rassure-toi Motisma, je te vengerais. Tu as ma parole ! Vitupérais-je en froissant les pages du journal. Puis soudain, il y eut une voix.
- Hé, T'as pas entendu un bruit ? On aurait dit un froissement… Dit une voix virile.
Je montais vite me cacher dans un arbre en me créant des bras par télépathie, comme à mon habitude. Une équipe que je reconnus aussitôt passa juste en dessous de moi.
- Il y a personne j'ai dû me tromper… Remarqua un Machopeur.
- Tu as fait trop de bruit, comme d'habitude ! Tu aurais dû me laisser aller voir, la forêt est mon environnement naturel, je sais me fondre dans le décor ! Râla une Roserade qui sortait d'un buisson.
Restant silencieux, un mysdibule écoutait les jérémiades de ses compagnons en somnolant à moitié. Après dix bonnes minutes passées à s'insulter et à se demander pourquoi ils avaient choisi des partenaires pareils, il prit la parole.
- Je propose qu'on fouille la forêt pour voir si ce que tu as entendu est encore ici. Si ça se trouve, il s'agit du pokémon dont tout le monde parle…
La Roserade protesta d'une voix aigue qui me fit grincer les dents.
- C'est pas juste ! En plus, on n'est même pas sûrs que ce crétin ait entendu quelque chose ! Si ça se trouve…
Celui qui semblait être le chef l'interrompit.
- Tu ne remets pas en cause mes ordres. Sinon…
La rose masquée frissonna en pensant à la menace que faisait le Mysdibule.

Ce groupe étrangement hétéroclite fouilla la forêt jusqu'à ce que le soleil se couche, transformant la teinte verdâtre de la chlorophylle en une magnifique couleur orange sanguine. Ils installèrent un feu de camp autour duquel ils se réunirent.
- Mouais. Je suis sûr que ce gros bêta n'a rien entendu. Il a dit ça pour faire son malin ! Commença la Roserade de sa petite voix aigue
Le Machopeur ne demanda pas son reste et riposta. Son cerveau d'une extrême simplicité bourrine proposa au Pokémon plante le marché suivant.
- Maintenant, tu la ferme ou je t'explose la figure !
Le leader du groupe avala un morceau de pain, puis, d'une voix étonnamment calme, posa ses restrictions avec la plus grande froideur, histoire de montrer qu'il se contrefichait bien de la dispute entre ses partenaires.
- Vous vous chamailler autant que vous le voulez, du moment que cela ne m'empêche pas de dormir.
Sur ce, il se roula en boule et attendit le passage du marchand de sable. Lorsque la nuit recouvra le ciel de sa sombre noirceur, ses compagnons firent de même, en se laissant bercer par le doux crépitement du feu.

Noir total, silence total. C'était le moment parfait pour agir. Je descendis d'un arbre par lequel j'épiais le groupe et me dirigea vers eux. Alors… Comment les tuer ? Autant le faire en silence et rapidement. J'approchais de la Roserade, ce sera elle la première à mourir, sa voix aigue m'a particulièrement tapé sur les nerfs. Je pris sa tête et, d'un geste net, j'utilisai une attaque Tranche-nuit pour lui couper la gorge. Le liquide écarlate s'écoula lentement et silencieusement sur le sol, signe que le meurtre était un franc succès. La méthode utilisée pour liquider le pokémon Plante était absolument impossible à employer sur le pokémon Combat.
- Mmh… Il me pose une colle celui là…

Une idée absolument horrible germa dans mon esprit. S'il est impossible de le tuer physiquement, alors mieux vaut le faire mentalement ! L'idée était la suivante : provoquer un cauchemar tellement horrible, tellement réel que la victime mourrait d'effroi dans son sommeil. J'en frissonnais d'excitation.
- Héhéhé… C'est parfait ! Exactement ce qu'il faut pour une vengeance. Allez, commençons l'acte !

Je jubilais rien qu'à l'idée de provoquer la mort d'une telle manière. Il ne sentirait rien et en même temps, son esprit serait atrocement mutilé. La manœuvre fut assez compliquée.
Je combinai un vibrobscur chargé de toute ma haine et de mon désir de vengeance avec un choc mental, pour introduire d'horribles cauchemars dans la tête du pokémon. En plus de cela, j'ajoutai un requiem pour le désespoir et une Prescience pour la douleur.
Le combo de coups avait un aspect assez fascinant. Elle avait la taille d'un melon et une couleur oscillant entre le mauve et le bleu marine. Lorsque l'on contemplait cette chose, on hésitait entre la fascination et la peur, d'autant qu'une aura de haine s'en dégageait.

La petite sphère entra par la bouche du pokémon. J'attendais le résultat avec impatience. D'ailleurs, ça ne tarda pas. Le pauvre Machopeur… Pauvre ? Pourquoi « pauvre » ? Il n'a que ce qu'il mérite ! Donc, le Machopeur commença par se raidir, puis fut agité de spasmes pendant qu'il prononçait des bribes de phrases.
- Non… Pitié ! Non… Aaaah Au… au sec… au secours… gerk !
Il se tordit de douleur, puis s'arrêta, d'un coup. Ses yeux avaient perdu tout éclat et regardaient le vide… Non, ils ne regardaient rien. Il ne voyait rien. Il ne pouvait plus.

Il était mort rapidement, après des souffrances qui avaient dû lui sembler une éternité.
- Et voilà le travail. Tiens, c'est quoi ce sac ?
En effet, le défunt portait le sac du groupe contenant toute les richesses du groupe.
A l'intérieur se trouvait un vrai petit butin.
- De l'argent, des baies et même des capes, contenant des grandes poches… Exactement ce qu'il me fallait.
Tout allait bien jusqu'à ce que ce que le chef du groupe se réveille. Il s'essuya les yeux, me laissant juste assez de temps pour me cacher dans la pénombre environnante.

En voyant ce qu'il restait de ses compagnons, il écarquilla les yeux.
- Ro… Roselia ? Machopeur ?
Il alla constater l'état de ses compagnons, pour finalement accéder à la dure réalité : un assassinat. En pleurant pour ses compagnons, il se mit en position de combat.
- Sale ordure ! Où te caches-tu ? Viens régler ça en face à face si tu as un peu de loyauté ! Hurla-t-il comme pour se prouver qu'il n'était pas en train de faire un cauchemar.

Dans mon buisson, j'hésitais. Que faire…
- Autant répandre la peur dans les cœurs, et puis, un petit combat ne me fera pas de mal. Chuchotais-je.
Alors qu'il était en train de m'attendre, je sortis de la penombre pour monter mon visage. Quel ne fut pas sa surprise de voir que la proie qu'ils traquaient il y a quelques heures était devenue le prédateur, prêts à fondre sur sa proie.