Une peur insensée de dashel

Voici mon histoire. Cette histoire n'a rien d'héroïque. Si vous vous attendez à de l'action, à de l'aventure, alors vous serez déçus.

Non, je vais vous expliquer ma peur, et la façon dont je l'ai vaincu.

Mon nom est Elton. Je suis orphelin, mes parents sont morts alors que j'étais encore bébé. J'ai grandi dans un orphelinat, le sort ayant voulu que personne ne veuille m'adopter.
La vie à l'orphelinat n'était pas si mal. Nous avions un lit où dormir, de la nourriture pour manger, des vêtements pour nos habiller, des activités pour nous occuper.

Non le problème ce n'était pas l'orphelinat. Le problème c'était moi.

En effet, j'étais un poltron, un lâche. La peur me nouait les entrailles. La peur dictait ma vie. La peur me contrôlait. Et la peur était diverse, multiple. Elle prenait des formes très différentes, et m'empêchait de vivre.

J'avais peur de tout, et particulièrement des autres. J'avais peur des autres enfants, j'avais peur de nos éducateurs, et j'avais peur des Pokémons.

A cause de cette peur, je suis resté seul. Je fus un enfant solitaire car j'ai laissé la peur me contrôler.

Je me sus isolé de tous les autres, restant seul, plongé dans des livres et dans mes rêves. Oh bien sûr, les adultes, les éducateurs ont bien essayé de me faire sortir de cette solitude et de cette peur, mais aucun ne réussissait. Et je demeurai seul.

Du fait de cette solitude, j'étais différent, différent des autres enfants de l'orphelinat.

Et vous savez combien les enfants sont cruels. Ils n'ont pas accepté cette différence. Et ils me l'ont fait payer. Durement. Je leur ai servi de souffre-douleur.

Et moi qu'ai-je fait ? Leur ai-je tenu tête ? Leur ai-je signifier ce que je pensai de tout cela ? Me suis-je battu pour pouvoir vivre tranquillement, comme n'importe qui ?
Non bien sûr que non. Car la peur me contrôlait. Et m'empêchait de faire quoi que ce soit.

Alors je suis resté seul, m'isolant de plus belle, et subissant en silence, sans rien dire.

Même les Pokémons me faisaient peur, même eux je les fuyai.
Mais là n'est pas le plus important. Le plus important n'est pas toutes ces souffrances que j'ai ressenti, cette triste vie qui a été la mienne. Non le plus important c'est que j'ai fini par vaincre cette peur. Cette peur je m'en suis débarrassé. Je suis devenu maître de ma peur.

Comment me direz-vous ? Eh bien je vais vous le dire.

Cela n'a été possible qu'avec l'aide de trois créatures, trois superbes créatures qui ont changé ma vie. Deux d'entre elles sont des Pokémons. Quand à la troisième, eh bien, c'est une fille, la plus jolie fille qu'il m'a été donné de voir.

Son nom ? Rachel.

Ah que de souvenirs à l'évocation de ce nom, que de souvenirs …

***********
J'ai 15 ans. Je suis assis dans la cour de l'orphelinat, à lire un livre. Tout seul. Pour changer. Les autres jouent un peu plus loin. Tout est tranquille. Trop tranquille. Cela ne va pas durer.

Soudain l'un des garçons s'approche de moi et m'arrache mon livre des mains. Je lève les yeux vers lui. Il s'appelle John. Il est mon principal persécuteur depuis le début.

« Alors Elton quoi de neuf ? Encore en train de bouder ? »

« Rends moi mon livre John. »

« Non. Pas envie. J'ai une meilleure idée. Tu vois, on a perdu notre ballon avec les gars. Tu crois que cette chose peut faire l'affaire ? On n'a qu'à essayer … »

Et John fit alors mine de donner un coup de pied dans le livre …
Je me levai alors, et m'approcha de lui, tentant de reprendre mon livre.

« Non !! Redonne-moi mon livre ! »

Et il le jeta alors à l'un de ses amis, qui le passa à son tour à un autre garçon, etc., jusqu'à ce qu'il revienne dans les mains de John.

« Alors viens le chercher !! »

Et il le jeta de nouveau.

Je tentai de le récupérer, mais à chaque fois je le manquai de peu et un autre garçon le rattrapait et le relançait.
Ils avaient fini par former un cercle autour de moi.

Quand à moi, en tentant de le récupérer une fois de plus en plein air, je trébuchai et m'étalai par terre.

Et soudain une voix intervint, une voix … féminine.

« Arrêtez !! Laissez-le ! Et rendez-lui son livre ! »

Une jeune fille creva le cercle, et alla droit sur John qui avait le livre. C'était ELLE.

« Donne-moi ça John! »

« Vraiment Rachel ? Et pourquoi est-ce que je te le donnerai ? On s'amuse beaucoup nous ! »

Et il éclata de rire tout en agitant le livre.

« Donne-moi ça tout de suite !! »

« Non »

« Donne-le moi ou sinon … »

« Ou sinon quoi ? Tu vas me griffer ou me mordre ? »

Et il éclatera de rire, tout comme ses amis, sûr de sa force.

« Non mais elle si ! Attaque Griffe ! »

Et soudain une forme sauta en direction de John, et exécuta une superbe attaque Griffe. John, sous le coup de la surprise et de la douleur, lâcha mon livre et attrapa son bras.

« Aïe ! Ça fait mal ! »

« Tant mieux ! Tu n'avais qu'à me le donner quand je te l'ai dit ! »

Et elle s'approcha de moi, et me tendit la main pour m'aider à me relever. Je la pris et me mis debout.

« Tiens, ton livre Elton » me dit-elle en me tendant mon livre.
Je le pris, et en la regardant, la remercia.

« Merci beaucoup, heu, Rachel »

Elle me souriait, et me regardait dans les yeux.

Je sentis l'ombre d'un sourire se former sur mes lèvres.

Je sentis son Pokémon approcher.

Mais d'un coup, elle revint. Cette chose, ce sentiment qui m'avait limité ma vie entière. La peur resurgit d'un coup.

Et je ne pus m'en empêcher. C'était plus fort que moi. Je pris mes jambes à mon cou, et je suis parti en courant, traversant le cercle, fuyant.

« Froussard ! » entendis-je crier John.

Et la dernière chose qu'il me sembla entendre fut le bruit d'un claquement, comme une main frappant quelque chose, qui fut suivi d'une exclamation de douleur.


Je couru, couru, le plus loin possible, ne regardant pas derrière moi.
Et je quitta l'enceinte de l'orphelinat, et arriva finalement à la lisière de la forêt.
Là je me recroquevillai contre un arbre, et laissai mes rêves m'envahir, me débarrassant de ma peur, et calmant les battements effrénés de mon cœur…


Soudain des bruits de pas et une voix murmurant mon nom me tirèrent de cette rêverie.

« Elton ? »

J'ouvris les yeux. C'était Rachel, avec son Pokémon qui marchait derrière elle.

« Ça va ? »

J'acquiesça d'un hochement de tête, sans dire un mot.

« Je peux rester ? »

Nouveau hochement de tête, sans un mot.


Elle s'approcha et s'assied à côté de moi. Son Pokémon aussi.
Je le regardai d'un air un peu effrayé.
Elle dut le remarquer, car elle tenta de me rassurer.

« Je te présente mon Chaglam. Chaglam, dis bonjour à Elton. »

Et son Chaglam ronronna et se frotta un instant contre moi.

« Tu vois ? Elle t'aime bien. Il ne faut pas avoir peur. Tu peux la caresser si tu peux. »

Je la regardai d'un air hésitant.

« Vas-y ! »

Et j'approchai ma main de Chaglam, de plus en plus près, de plus en plus près …
Mais au dernier moment la peur reprit le dessus, et j'allai renoncer quand …
Rachel posa sa main sur la mienne, la prit et la posa sur Chaglam.

Sa fourrure était douce, si douce au toucher …
Et je sentai leur présence à toutes les deux, si intensément …
Chaglam se mit à ronronner encore plus fort …

Je levai les yeux, et mon regard plongea dans celui de Rachel, profondément, si profondément que je cru m'y perdre. Rien d'autre n'existait …

Mais soudain un bruit se fit entendre dans le feuillage.

Nous tournâmes tous les trois la tête en même temps, la main de Rachel lâchant la mienne.

Et nous vîmes … un petit Evoli qui sortait de la forêt.

Il s'approcha de moi. La peur qui avait contrôlé ma vie et qui me semblait avoir disparu grâce à Rachel et son Chaglam reparut. Nos regards se croisèrent.

Et je lu la même peur dans les yeux de ce petit Evoli.

Mais il surmonta cette peur et sauta dans mes bras. Nous nous regardâmes une fois de plus. Et la peur disparut à nouveau.

Mais cette fois, je su qu'elle avait disparu pour de bon, définitivement …

***********
Voilà mon histoire. Voilà comment j'ai vaincu ma peur. En réalité ce n'est pas moi qui l'ai vaincu. Non, c'est Rachel, Chaglam et Evoli qui l'ont vaincu.

Grâce à eux, j'ai vaincu ma peur.
Grâce à eux j'ai acquis le contrôle total de ma vie.
Grâce à eux, je peux vivre libre, sans cette peur insensée, et la vie me tend les bras …