Team Rocket X-Squad de Malak

Mercutio se réveilla douloureusement, avec l'impression qu'on l'avait battu sur tout son corps. Il ne mit guère longtemps à constater qu'il était dans une cellule, avec Zeff et le lieutenant Fay.

- Vous êtes réveillé ? fit Fay en se penchant sur lui. Vous allez bien ?

- J'ai connu mieux... grogna Mercutio en se mettant assis avec une sensation de nausée.

- Qu'est-ce que tu nous as fait tout à l'heure, gamin ? demanda Zeff.

- Je... hein ?

Son cerveau venait de s'éveiller et il marchait un peu à reculons.

- Sur ce type, reprit Zeff. Tu l'as envoyé dans les vapes sans bouger le petit doigt !

Mercutio se secoua la tête pour récupérer ses esprits. Il se souvenait en effet qu'un sbire l'avait frappé, puis il s'était senti si faible...

- Je ne me souviens pas...

- Ben voyons, ricana Zeff. Je suis obligé de bosser à coté de toi, moi. Si tu envoies voler les gens qui ont le malheur de te toucher, j'aimerai bien être informé à l'avance.

- Qu'est-ce que tu racontes ? s'énerva Mercutio. Je ne sais pas faire ça. Je suis un humain.

Zeff haussa les sourcils en se tournant vers Fay.

- C'est vrai, je l'ai vu moi aussi, confirma la jeune femme. Alors que le sbire à qui vous avez cassé le nez allait vous donner un coup, vos yeux ont brillé étrangement, puis le sbire s'est retrouvé projeté contre le mur comme si un Mackogneur lui avait fait une attaque Dynamopoing !

- C'est ridicule, dit Mercutio. Il a du se passer un truc qui explique que ce type ait été projeté. Quant à mes yeux, vous avez du rêver. Si j'avais réellement de tels pouvoirs, pensez bien que je ne bosserai pas pour la Team Rocket, mais ça serait elle qui bosserait pour moi.

Fay dévisagea Mercutio, guère convaincue, et Zeff se tenait étrangement loin de lui, comme si il risquait d'exploser à tout moment.

- Vous avez réfléchi à la suite des choses ? demanda Mercutio pour changer de sujet.

- On attend tranquillement dans notre cage qu'ils viennent nous chercher pour nous soutirer des informations, répondit Zeff. Mais si tu as une autre idée, ne te gêne pas.

- On ne peut pas faire grand-chose sans nos Pokemon. Il faut qu'on les récupère.

- Si ce malade à la pince rouge ne les a pas déjà zigouillés... renchérit Zeff.

Mercutio n'avait pas pensé à ça. Ce type en était tout à fait capable, après ce qu'il avait fait à Aflamanoir juste parce qu'il ne lui servait plus à rien. S'il arrivait quoi que ce soit à Mortali, Mercutio savait qu'il ne s'en relèverait pas. Mortali était son seul Pokemon qu'il possédait depuis des années, et la seconde moitié de lui-même.

- Alors on n'attend pas plus longtemps, dit Mercutio. Il faut qu'on sorte de suite.

- Eh bien, si jamais par hasard vous auriez aussi le pouvoir de tordre les barreaux et d'exploser les murs par la pensée... commença Fay.

- Je n'ai aucun pouvoir, coupa Mercutio, mais vous m'avez donné une idée.


***


Si l'appareil de Beladonis était rapide et discret, il était prévu pour maximum trois personnes, et ils durent se tasser allègrement pour en faire rentrer sept. Orphas n'était pas ravi que ce soit un agent d'Interpol qui pilote, mais Beladonis s'était montré très coopératif ; le pistolet collé sur sa nuque par Siena durant tout le trajet y était peut-être pour quelque chose.

Grâce à la technologie de pointe de ce coucou, ils avaient pu déterminer le trajet que les appareils de la Team Cisaille avaient emprunté seulement grâce à des détecteurs si puissants qu'ils pouvaient repérer le passage d'un engin dans les airs même plusieurs heures après. Un peu avant d'arriver au-dessus de leur base, au plein sud-ouest d'Unys, Siena venait d'exposer son plan aux autres. Galatea trouva cela très marrant, mais Beladonis la regardait avec l'air de celui qui se trouvait devant le genre individus sortis de l'asile et qui disaient boire l'apéritif avec Arceus tous les soirs. Même le major Orphas avait décrété que c'était le plan le plus fou qu'il avait entendu de toute sa carrière. Mais si il comptait travailler avec la X-Squad plus longtemps, il allait devoir s'habituer.

- Cible en vue, déclara Galatea en voyant la base par le hublot.

- Alors c'est parti, fit Siena. Beladonis, veuillez enclencher le pilote automatique.

- C'est totalement loufoque, répéta celui-ci. Vous allez tous nous faire tuer ! Et si ce n'est pas nous, ça sera vos amis que vous voulez sauver !

- Je connais les capacités de mes Pokemon, répliqua la jeune fille. Et je suis... positivement certaine que nos camarades ne sont pas emprisonnés dans cette aile de la base.

- De toute façon, ajouta Galatea, une infiltration traditionnelle serait vouée à l'échec en étant que sept, dont deux qui possèdent des Pokemon, contre probablement des centaines de sbires. La surprise est toujours la solution qui produit les meilleurs résultats.

Siena appela hors de sa Pokeball son Pharamp, un Pokemon Foudre jaune au long cou. Elle lui expliqua rapidement le plan. Pharamp était le seul Pokemon de Siena et Galatea à posséder la capacité Protection, qui faisait apparaître une barrière qui amenuisait les dégâts physiques. Siena avait l'intention de laisser leur appareil percuter la base ennemie. Pharamp devra activer sa protection pour englober tout l'appareil juste avant le choc. Ainsi, normalement, ils se cracheront dans la base, mais en un seul morceau. Ce qui était plus facile et plus rapide que d'infiltrer la base en passant par la porte d'entrée.


***


- Eh ! Le garde dehors ! Eh, vous m'entendez ?!

- Qu'est-ce que tu veux, Rocket, grommela le sbire Cisaille qui gardait leur cellule.

- Mon pote est bizarre, fit Zeff. Il a ses yeux qui brillent comme une lampe torche et les barreaux sont en train de trembler !

- Quoi ?! Comment cela ? s'inquiéta le gardien.

Apparemment, lui aussi avait entendu parler des soi-disant pouvoirs de Mercutio, et était tout sauf rassuré en s'approchant de la cellule. Mercutio était en train de faire semblant d'avoir des convulsions, tandis que Fay, discrètement, appuyait du pied sur un point de pression du sol qui faisait secouer faiblement les barreaux de leur cage.

- Mais qu'est-ce qu'il a ? demanda le sbire.

- Laissez-nous sortir, demanda Fay. Il est en train d'avoir une crise. La salle peut exploser à tout moment !

Comme pour donner encore plus le change à ses paroles, la base trembla tout à coup sur ses fondations, comme si une explosion avait eu lieu à l'intérieur. Une partie du mur de la prison, déjà vieux et friable, vola en éclat. Le sbire Cisaille partit en hurlant, et Zeff et Fay s'éloignèrent le plus possible de Mercutio.

- Ce n'est pas moi, protesta celui-ci. Je n'y suis pour rien !

Ils entendirent l'alarme de la base se mettre à sonner.

- Alerte. Alerte. Nous sommes attaqués. Des intrus ont pénétré dans notre enceinte dans un appareil non identifié qui s'est écrasé dans l'aile ouest de la base. À toutes les équipes : rendez vous sur place et neutralisez tous les intrus !

Mercutio se doutait de quels intrus il était question. Galatea devait être dans le lot ; une entrée aussi bruyante ne pouvait être que d'elle.

- C'est notre chance, dit Fay. Filons pendant que les Cisailles sont occupés.

- Nos amis ne feront pas diversion longtemps, il faut les rejoindre et les aider, fit Mercutio. Mais avant, il nous faut retrouver nos Pokemon.

Zeff acquiesça, signe que malgré ses défauts il devait tenir à ses Pokemon autant que Mercutio. Ils quittèrent leur prison par le mur démoli, sans rencontrer de sbires qui tentèrent de les arrêter. Tout le monde devait être dans l'aile ouest là où étaient arrivés leurs sauveurs. Quand Fay demanda s'il savait où il allait, Mercutio s'arrêta de courir, penaud. Il n'avait en effet aucune idée où les Cisaille avaient mis leurs Pokemon. Zeff eut un sourire inquiétant, puis s'éclipsa dans un couloir après leur avoir dit qu'il allait « quémander » cette information. Il revint deux minutes plus tard, les mains pleines de sang et tenant un pistolet.

- C'est le commandant Apogée qui a nos affaires, dit-il. Parait-il qu'il ne quitte jamais le Boss et qu'il doit être actuellement avec lui dans leur laboratoire secret. Premier étage, couloir sud-est, mur rétractable reconnaissable à un tableau représentant Sulfura.

- Oserais-je demander comment tu as obtenu ces infos ? fit Mercutio tandis qu'ils se mettaient en route.

- J'ai croisé un sbire Cisaille, et je lui ai gentiment demandé.

- Je vois, soupira Mercutio avec un coup d'œil aux mains ensanglantées de son collègue.

Ils parvinrent au premier étage cette fois non sans avoir croisé quelques sbires qui déambulaient, ne sachant quoi faire dans cette cacophonie. Même sans armes ni Pokemon, Mercutio n'eut pas trop de mal à les mettre K.O ; apparemment les membres de la Team Cisaille n'avaient jamais subi un entrainement au corps à corps de la trempe de celui du commandant Penan. Le lieutenant Fay possédait elle aussi d'extraordinaires capacités physiques qui balayèrent les rangs ennemis. Quant à Zeff, il s'en donnait à cœur joie de vider le pistolet qu'il avait pris sur les Cisailles, saisissant l'arme d'un sbire qu'il venait de tuer quand le sien était vide.

Mercutio ne dit rien, étant donné la situation, mais ils auraient très bien pu passer sans un tel bain de sang. Ce Zeff était vraiment un grand malade. Le dernier sbire venait d'appeler un de ses Pokemon avant de tomber, assommé par Fay. Un Airmure, un Pokemon volant de type Acier, aux ailes aussi effilées que des lames de rasoir, se dressait de façon menaçante devant les trois Rocket. Et cette fois, ni les balles ni les coups de poings ne feront l'affaire.

Mercutio laissa son entraînement prendre le relai. Il sauta sur l'Airmure tout en esquivant son bec acéré. Le Pokemon essaya de se débarrasser de son passager clandestin en faisant pirouettes sur pirouettes, mais Mercutio tint bon. Il exerça tout son poids avec ses jambes pour faire s'écraser au sol l'Airmure. Quand ce fut fait, il se tourna pour donner des directives à Zeff, mais ce dernier avait déjà compris. Il vida ses pistolets pris aux Cisailles sur le plafond, produisant un cercle juste au-dessus de Mercutio et de l'Airmure. Le vieux plafond ne résista pas, et près de sa moitié s'écroula, avec plusieurs sbires qui se trouvaient à l'étage supérieur. Mercutio s'écarta au dernier moment, tandis que les débris allaient recouvrir l'Airmure, laissant le temps aux trois Rocket de filer.


***


Une bataille rangée faisait rage dans l'aile ouest de la base, là où s'était crashé l'appareil de Beladonis. Siena et Galatea avaient appelé tous leurs Pokemon, à savoir Givrali, Hariyama et Pharamp pour Siena, ainsi que Tentacruel, Pyroli et Kirlia pour Galatea. Rien qu'à eux six, ils laissaient derrière eux des rangées entières de Cisailles et leurs Pokemon, tandis que derrière eux, Orphas et ses hommes les couvraient avec leurs armes. Beladonis lui restait en retrait avec les deux jeunes femmes, qui le surveillaient attentivement.

Ils avançaient couloirs après couloirs, telle une marée inarrêtable, mais personne dans le groupe ne savait vraiment où ils allaient. Ils espéraient seulement faire le plus de grabuge possible pour donner une chance à Mercutio, Zeff et Fay de s'enfuir. Et si jamais ils trouvaient par hasard de quoi faire de gros dégâts dans la base ennemie, ça serait toujours ça de gagné. Le problème était qu'ils n'avaient pas prévu de plan de fuite. Siena, elle qui aimait toujours tout prévoir à l'avance, s'essayait pour la première fois à la plus ancienne tactique de l'histoire : l'improvisation. De toute façon, pour secourir son frère, elle aurait très bien pu se pointer ici sans aucun plan ni avec aucun Pokemon.

Les sbires Cisailles avaient cessé de foncer tête baissée pour récolter la gloire à eux seul, et commençaient à se regrouper quand ils virent que rien ne semblait arrêter les intrus. Ils libérèrent de leurs Pokeball tout un groupe de Pokemon, généralement de type Insecte, et toujours avec un membre tranchant, symbole de la Team Cisaille. Siena et Galatea se mirent dos à dos, leurs Pokemon formant une protection devant elles, tandis qu'ils étaient entourés de tout un bataillon de Pokemon et de sbires. Orphas et ses hommes étaient largement occupés plus loin, et ne pouvaient pas leur venir en aide maintenant. Beladonis, enfermé malgré lui dans le cercle, tournait dedans comme un affolé.

Siena ordonna à son Givrali de geler le sol avec son Laser Glace, tandis qu'elle et Galatea prenaient leur élan pour sauter au-dessus des Pokemon adverses. Ces derniers perdirent l'équilibre et tombèrent sous l'action du sol transformé en patinoire, et les deux jeunes Rockets se rétablirent sur eux avant avec un coup de pied là où ça pouvait faire le plus mal sur les Pokemon visés. Puis elles s'empressèrent de s'éloigner avant que le combat entre leurs Pokemon et ceux des Cisailles ne commence réellement. Il n'était pas conseillé pour des humains de rester entre deux groupes de Pokemon prêts à en découdre. Mais elles n'allèrent pas loin, préférant rester aux côtés de leurs Pokemon pour les diriger. Les imbéciles de sbires Cisaille à qui appartenaient ces Pokemon avaient pris la fuite dès qu'ils les avaient libéré.

Sans humain pour les diriger lors d'un combat, les Pokemon n'en faisaient qu'à leur tête, et dans un combat à plusieurs, c'était très vite le chaos dans l'équipe. Aussi, même si les Pokemon de Siena et Galatea n'étaient que six contre une vingtaine d'adversaires, avec les indications stratégiques de leurs dresseuses, ils battirent sans trop de difficultés les Pokemon des Cisailles. Ceci fait, Siena, Galatea et leurs Pokemon allèrent au secours d'Orphas et des autres qui se battaient contre des sbires. Face aux Pokemon, les Cisailles ne purent que reculer, et le groupe Rocket avançait de plus en plus vers le centre de la base.


***


- On dirait que les Rocket nous ont débusqué, fit le commandant Apogée tandis que le Boss de la Team Cisaille s'apprêtait à rentrer dans son appareil privé.

Ils se trouvaient tous les deux dans le laboratoire secret de la base, où une cavité s'ouvrait dans le mur de pierre, donnant sur un hangar taillé dans la roche et pouvant s'ouvrir sur l'extérieur.

- C'est sans importance, grogna le Boss, tenant dans sa pince un bocal rempli du Feudoux qu'ils avaient extrait de l'Aflamanoir. Toutes nos forces sont déjà en route pour Surocal. Ea sera bientôt mien, et grâce à ce Feudoux, ça ne sera plus qu'une question de temps avant que je ne localise Eï. Mes plans vont très bientôt aboutir !

- Je m'en réjouis, monsieur, dit le commandant Apogée.

- Ne vous réjouissez pas trop vite, les affreux, lança Mercutio qui venait d'arriver suivi de Zeff et Fay. La Team Rocket sera toujours là pour faire foirer vos plans, quels qu'ils soient !

Apogée haussa les sourcils en les voyant arriver, et la haute et effrayante silhouette du boss se tourna vers eux, un rictus aux lèvres.

- Apparemment, on fait beaucoup de bruit là-haut pour vous, dit-il de sa voix rauque. Vous devriez rejoindre vos camarades, qui ont pris tous ces risques pour sauver votre peau.

- Nous le ferons, répliqua Mercutio. Mais avant, tu vas nous rendre nos Pokemon, et ce flacon de Feudoux. Ah et aussi, tu vas te rendre, et ordonner à tes sbires de cesser le combat.

Ce ne fut pas du gout du commandant Apogée.

- Comment oses-tu, misérable ?!

Mais le Boss éclata de rire.

- Fais chauffer le moteur, Apogée, ordonna-t-il en lui donnant le bocal de Feudoux. Je te rejoins immédiatement, juste le temps de flanquer une correction à cet impudent gamin.

Apogée obéit, avec un sourire moqueur et méprisant pour les Rocket. Le Boss de la Team Cisaille déploya sa cape, puis fit claquer sa pince rouge.

- Vous voulez vos Pokemon, fistons ? Je vous les rends, dit-il en leur lançant leur Pokeball. Servez-vous en pour m'affronter.

Mercutio, en récupérant la Pokeball de Mortali, se demandait si ce type savait ce qu'il était en train de faire.

- Tu as commis ta dernière erreur, l'affreux, lui dit-il. En combat un contre un, peu m'arrivent à la cheville, et encore moins peuvent espérer me battre.

- Ah, tu dois être content de toi, mon garçon ! Mais tu m'as mal compris. Qui a parlé d'un combat de Pokemon ? Moi, je me bats moi-même, sans aucun Pokemon.

Il fit claquer sa pince pour affirmer ses propos. Zeff soupira, comme s'il s'ennuyait, et tira avec son pistolet sur le boss. Mercutio aurait été indigné si ça avait été une autre personne que cette ordure devant lui. Mais, sans que personne ne puisse voir son mouvement, hormis une vague trainée rouge, le Boss fit bouger sa pince à la vitesse de la lumière. Toutes les balles de Zeff avaient rebondi dessus, et étaient parties finir leur course dans les murs sur les côtés. Le boss se permit un sourire.

- En revanche, vous, vous allez avoir besoin de vos Pokemon pour m'affronter. L'homme qui osera me défier à mains nues serait atteint d'une folie dépassant l'entendement.

- Tu as beau avoir un bras droit impressionnant, je doute qu'un simple humain ne fasse le poids seul contre des Pokemon entraînés, ricana Zeff.

- Tes doutes ne regardent que toi, riposta le Boss. Alors, qu'attendez-vous ? Je suis assez pressé, je dois dire.

Mercutio échangea un regard avec Zeff et ils hochèrent les épaules tous les deux, avant d'envoyer contre le Boss Cisaille deux Pokeball. Faute d'en avoir d'autres, Mercutio allait se battre avec son fidèle Mortali, qui Arceus merci n'avait rien. Quant à Zeff, qui n'avait aussi qu'une Pokeball à lancer, il appela un Pokemon assez impressionnant : rouge métallique, avec un exosquelette argent et des bras effilés. C'était un Scalproie, un Pokemon au double type inhabituel Acier/Ténèbres. Mercutio songea que le type Ténèbres était faible face au type Insecte, mais il doutait que le Boss des Cisailles, même si il possédait un bras de Cisayox, pouvait maîtriser des attaques de Pokemon. Les seuls humains capables d'un tel exploit étaient les légendaires G-Man, que la Team Rocket redoutait par-dessus tout.

- Je n'y connais pas grand-chose en ces bestioles, fit le Boss après les avoir longuement dévisagé, mais il me semble que ceux-là sont plutôt rares non ? Quand je vous aurai écrasé, je pense que je vais reprendre vos Pokeball pour les revendre plus tard.

- La somme que tu en tireras ne sera pas suffisante pour te sortir de prison ! hurla Mercutio. Mortali, attaque Tonnerre !

Le Pokemon Spectre se raidit et une traînée de foudre alla s'abattre sur le Boss Cisaille. Mais ce dernier avait levé sa pince, et la foudre se trouva attirée comme avec un paratonnerre. Après l'attaque, ni la pince, ni le Boss n'avaient apparemment subi de dégât. Mercutio n'eut pas le temps de rester bouche bée bien longtemps, car Zeff et son Scalproie avaient pris le relai. Zeff avait ordonné une attaque Tranche-Nuit, une puissante attaque Ténèbres. Le Boss Cisaille leva nonchalamment sa pince et stoppa net la course du bras tranchant de Scalproie. Le Pokemon se trouva autant hébété que son dresseur. Avec un sourire ironique, le Boss Cisaille repoussa loin devant Scalproie.

- Bien, c'est à mon tour maintenant je pense...

Encore une fois, il bougea à une telle vitesse que toutes les personnes présentes, humains comme Pokemon, ne virent qu'une traînée rouge. Une demi-seconde après, Mortali gisait contre le mur d'en face. Mais Mercutio fut encore plus horrifié quand il vit le Boss Cisaille faire pleuvoir un déluge de coups avec sa pince sur un Scalproie impuissant qui subissait d'immenses dommages. Enfin, le Boss Cisaille conclut avec un mouvement qui faisait horriblement penser à l'attaque Surpuissance, une attaque combat destructrice. En fait, elle ne faisait pas que faire penser ; c'était bel et bien une attaque Surpuissance, effectuée avec cette seule pince de Cisayox. Craignant doublement les attaques Combats, l'armure de Scalproie fut brisée en plusieurs points, et il s'écroula comme une marionnette dont on aurait coupé tous les fils.

- Impossible... balbutia Zeff.

En temps normal, Mercutio aurait jubilé de voir une telle expression d'abattement et de totale incrédulité sur le visage de Zeff, mais son visage à lui devait faire paraître la même expression. Mais le Boss Cisaille n'en resta pas là. Sa pince brilla d'une lueur argentée, et alla frapper Zeff à au moins vingt coups à la seconde. Mercutio reconnut là une attaque Pisto-poing, même s'il ne voulait pas y croire. Zeff s'écroula, le corps brisé. Il fit subir le même sort au lieutenant Fay avec une attaque Griffe-acier, qui à en juger par le bruit horrible qu'elle provoqua, venait de déboiter plusieurs os de la jeune femme.

Mercutio était paralysé ; il n'aurait pas pu prendre la fuite même s'il l'avait voulu. Et de toute façon, étant donné la vitesse d'attaque de leur ennemi, prendre la fuite n'aurait servi à rien du tout. Le Boss Cisaille se tourna vers lui, avec son sourire de psychopathe qui aurait fait lâcher la vessie d'hommes moins courageux que Mercutio. À la vitesse de l'éclair, il attrapa avec sa pince Mercutio par la gorge et le souleva au-dessus du sol. La prise était si forte que Mercutio se demandait si ses vertèbres n'allaient pas se briser avant qu'il n'ait eu le temps de suffoquer.

- Pauvre enfant, lui murmura le Boss à l'oreille. Tu as été lâché si violement dans un monde d'une cruauté que tu ne pourras jamais comprendre. T'arracher ta misérable existence est tellement inutile. Rentre chez ta maman.

Il jeta violement Mercutio contre une étagère. Cette dernière se brisa sous le choc, ainsi que plusieurs côtes du jeune Rocket. N'ayant même plus la force de bouger, il ne put que regarder, totalement impuissant, le Boss Cisaille rentrer dans son appareil dans un grand éclat de rire.

- Je te laisse même tes Pokemon, petit, lui dit-il enfin. Avec ce que je prépare, même l'argent ne me sera plus utile. Rappelle-toi bien de moi ; très bientôt, je pense que tu me verras très souvent. À la revoyure, jeune Rocket.

Brisé comme il l'était, aux limites de l'inconscience même, Mercutio ne pouvait plus penser à grand-chose. Mais une chose était certaine dans son esprit embrumé. Quand il s'évanouit, ce fut sa dernière pensée et elle le suivit dans les ténèbres. Il n'avait jamais été autant humilié, même lorsque le commandant Tuno l'avait si facilement battu en combat Pokemon. Et il ne pouvait pas en rester là, même si il risquait plus que jamais de mourir. Non... il allait retrouver le Boss Cisaille. Et il allait le réaffronter, quel qu'en soit le résultat, car il savait qu'il ne pourrait pas continuer à vivre avec une telle honte sur les épaules.