Introduction à une terrible lutte
Chapitre 1
Il est six heures du matin. J'avais beau me tourner et me retourner sur le plancher grinçant du manoir, je ne suis pas parvenu à trouver le sommeil. Je n'arrête pas de penser à ce qu'à dit ce satané François... Oui, avant de m'avoir planté un couteau dans le dos et être arrivé en enfer, ce diable s'appelait François. On était amis, mais il a changé du jour au lendemain... Il devenait fou... J'essayais de le résonner mais il a mis froidement fin à mes jours. S'il n'avait pas fait ce geste, un avenir radieux l'attendait, j'en suis persuadé. C'était un brillant poète, désormais capable de parler à la façon d'un artiste. Oui, brillant, je l'admirais... Je sens les larmes me monter aux yeux, je décide donc de m'arrêter là.
Je suis sorti du manoir de bonne heure, ce matin. François dormait comme un bébé et ses quelques acolytes ronflaient bruyamment.
Je continus à avancer sur le sol dur et froid de cette région mystique. Le paysage qui défile devant moi est triste et monotone : des arbres morts, des sculptures en l'honneur de François, parfois quelques maisons en préfabriqué et délabrées. Dans ce monde étrange mais réel, quelques éléments se distinguent des autres. Il y en a quatre et ceux-ci sont les piliers des territoires qu'ils occupent. Zone nord-est, là où je me trouve. Le bâtiment présent, c'est bien sûr le manoir de François. Au nord-ouest, on y trouve une pharmacie géante et presque détruite. En plus de contenir certains dopants ou médicaments, elle est un funeste labyrinthe. Au sud-ouest, la centrale fait fonctionner les quelques engins qu'utilise François, par Exemple l'écran qui affiche le nombre de personnes sur le point de mourir. Enfin, au sud-est se trouve l'hôtel des démons. La plupart des habitants logent à cet endroit, pour raison l'état des maisons ailleurs…
« Je comprends vraiment pas ce qu'il se passe… T'as une idée d'où on se trouve, Quentin ? »
Ces paroles me font bondir. Qui a parlé ?! Ce n'était pas une voix de démon… De plus, si ma mémoire ne me joue pas des tours, l'interlocuteur semble être assez jeune. Je sursaute à nouveau lorsque j'entends un autre répondre :
« Non, et Nolwenn n'est pas là, elle me manque déjà… »
Encore une voix d'adolescent. Qui sont-ils ? Un frisson me parcoure puis, je les vois : deux garçons qui s'avancent la mine grave. L'un d'eux est assez grand et tient sa main gauche une bouteille de Perrier, légèrement entamée. Il a les yeux verts, assortis à la couleur de la bouteille, ainsi que des cheveux châtains foncés qui recouvrent son front. Le deuxième est assez beau garçon, avec des yeux d'un bleu envoûtant, et des cheveux sombres qui obscurcissent ses traits. Tout deux paraissent vraiment inquiet et perdus.
Intrigué, je m'avance vers eux. Je suis décédé, alors de toute façon ils ne me verront pas. Et en effet, les deux amis continuent leur discussion normalement, alors que je suis juste en face d'eux.
- Tu te souviens de ce qu'il s'est passé ? demande le garçon aux cheveux sombre.
L'autre hausse les épaules.
- Mis-à-part que l'on était dans un métro, non, je ne me souviens de rien.
Ces paroles me révoltent. Un métro ? Ce serait donc les victimes de l'accident de métro d'hier soir ? Ca ferait parti du plan de François ? Il a osé ! Mais qu'est ce qu'il compte faire à présent !
Le garçon aux yeux verts ravale sa salive et enchaîne d'une voix étranglée :
- Dis… Tu crois qu'on est mort ?
Son ami lui rit presque au nez, mais d'un rire nerveux.
- Mais non, voyons ! On doit s'être simplement paumé quelque part, c'est tout !
- Oui, mais je me sens bizarre… En fait, on est arrivé ici cette nuit, et pourtant… je n'ai toujours pas faim… Ca fait à peu près huit heures qu'on est dans cet endroit, je devrais avoir les crocs… Pas toi, Maxime ?
Celui-ci réfléchit un instant, puis, scrutant le corps de son ami éclairé par le soleil levant, lui balbutie :
- Qu-qu-qu'est c'que c'est que ça ?! … C'est quoi, ces habits, Quentin ?
Le jeune homme se contemple, puis réplique :
- T'as raison ! Et toi ! Tu as le même !
Les garçons ont, à la place de leurs vêtement habituels, (je pense car ce serait un look vraiment spécial sinon…) des maillots comprenant plusieurs détails insolites. Encadré dans un rectangle bleu, un « 0 » recouvre leur torse. Les habits sont tout deux d'un blanc éclatant. Sur le haut de leur uniforme, au-dessus de l'encadré, se trouve une sorte de pseudo. Le garçon s'appelant Maxime a écrit « Max95 », sûrement en rapport avec sa date de naissance et son prénom. Quant à son ami Quentin, il y a inscrit sur son uniforme « Perrier », sans aucun doute lié à la boisson qu'il porte. Sur le manche de leur bras droit, on peut y trouver une sorte de fente, comme celles qu'on voit dans les distributeurs, sauf que là c'est un uniforme et que c'est complètement inutile. Après s'être observé une dizaine de minutes, « Perrier » dit à mi-voix :
- Pourquoi il y a écrit « score » au-dessus du zéro…
Non ! Il l'a fait ! Il veut vraiment jouer avec leurs vies ! Bon sang… Il ne se rend pas compte de ce qu'il fait ! Déjà qu'il s'amusait suffisamment comme un enfant sur son ancien jeu, pour trier les vivants et les morts… Il fallait qu'il invente un nouveau challenge pour eux… Mais à peine ai-je envisagé d'aller le trouver au manoir que François apparaît face à Perrier et Max95. Il les fixe du regard de ses yeux chafouins afin de paralyser les deux garçons de terreur. Puis, une fois satisfait de l'immobilité de ceux-ci, il commence sa tirade :
"De voir vos visages contrariés je me languis,
A l'approche de ce que je m'apprête à vous faire parvenir.
Soyez rassurés, je n'en veux pas à vos cruelles vies,
Car de la crainte dans vos yeux je peux y lire.
J'ai l'immense chagrin de vous annoncer votre mort,
Suite à un accident imprévisible.
Mes pauvres ! Il va falloir être forts,
Afin d'éviter un décès plus que risible.
J'ai en effet une dernière chance à vous proposer,
Qui vous permettra de revoir un jour meilleur qu'ici.
Pour espérer survivre il vous faudra oser,
Et renoncer à toutes confiances pour ne pas être trahis.
Il n'existe à présent aucune différence entre humains et démons;
Pour vaincre, vous devrez éliminer mes quatre-vingts complices.
Les humains qui n'y parviendraient pas, eux, mourront,
Tandis que les autres n'auront pas à subir de multiples supplices."
François affiche un sourire mauvais et se consume soudainement pour finir en tas de cendres. Les deux garçons se libèrent de la paralysie infligée par François. L'un d'eux, Perrier, s'effondre à genoux sur le béton, les mains recouvrant son visage crispé par la souffrance. Il s'écrie:
- Putain! Pourquoi... Pourquoi on doit subir cela!?
Son ami ne tarde pas à le rejoindre.
- J'en sais absolument rien! On a tout perdu! Notre famille, nos amis, notre vie! Non... Je refuse d'y croire...
- Maxime... Ca y est... (il marque une pause) On est... On est morts!!
Les deux adolescents se mettent à pleurer ensemble. Comment peut-on faire ça à des êtres si jeunes, si faibles? Là, il a dépassé les bornes! Avant j'essayais de ne pas trop y penser, de ne pas m'énerver... Mais c'est terminé! Ce que je sais, c'est qu'il a de multiples pouvoirs qu'on ne peut certainement pas avoir dans le monde réel. Par exemple, le clone, à l'instant. Il les envois souvent lorsque il n'a pas la force d'aller faire une annonce. Du coup, je suis sûr qu'il doit être dans son manoir, à se tourner les pouces ou à se reposer! Je vais le retrouver et je ferais sauter sa maudite maison! J'ai toujours hésité... Mais à présent, je peux... Oui, je peux le qualifier de diable! J'aimerais rester auprès de ces pauvres garçons, mais je n'ai de toute façon pas les moyens de les aider... Je ne veux pas les abandonner, au contraire... Désolé, et au revoir... Qu'ils se rassurent, ils seront vengés!
Je leur adresse un bref signe de salut, qu'ils ne voient pas, évidement, puis je pars vers le manoir. Il doit être environ huit heure du matin, je me demande s'il est chez lui. Ce satané Démolosse... Je suis sûr qu'il prépare quelque chose... Les humains ne connaissent pas l'existence des Pokémons. C'est une mauvaise idée de les amener ici. Je ne comprends pas... Qu'à-t-il dans la tête? Bon, il faut que j'arrête de me poser des questions. Heureusement, je ne suis pas très loin. Ça m'a quand même fait du bien de marcher un peu, j'utile le téléporteur de l'enfer pour me déplacer, habituellement. Mais quand j'y pense, j'aurais mieux fait de ne pas me lever ce matin. Après cinq minutes de marche, j'aperçois une jeune femme qui marche dans la même direction que moi. Elle dégage un certain charme, je décide de rester prés d'elle pour voir se qu'elle compte faire dans le Q.G de François. Une fois arrivé à celui-ci, elle regarde furtivement autour d'elle et entre dans le hall. Cette salle est le carrefour du bâtiment. Effectivement, toutes les pièces importantes se trouvent à porté de mains. La jeune femme, dont le pseudo est Perle, choisit une porte avec une poigné en forme de révolver. Elle active celle-ci et pousse. Elle découvre une pièce impressionnante. Des armes, partout. Et pas n'importe lesquelles, non! Les armes de l'enfer. Qu'on ne trouve nulle part ailleurs. Par exemple, à droite de Perle se trouve, posé sur une étagère, un couteau qui repent des fourmis tueuses dans le corps de la victime, qui se voit se faire dévorer le cœur quelques instants plus tard. Il y a aussi un poison qui fait grossir quiconque l'ingurgite. Le malheureux prend un kilo chaque minute, une mort qui doit être assez horrible et douloureuse, je dois avouer. Perle s'avance dans la pièce et commence à la fouiller. Elle trouve dans une penderie une quantité phénoménale d'uniformes et d'armures en tout genre: trois gilets pare-balle, cinq armures basiques, deux maillots isolants (probablement pour les chocs électriques), des vêtements anti-brûlure, ainsi que d'autres habits dont je ne connais pas leurs utilités. Quoi qu'il en soit, Perle prend un gilet pare-balle et s'en contente. Elle aperçoit une besace et décide d'y ranger quelques armes. Elle s'empare de trois poignards, d'une grenade et d'un pistolet qui fait un peu « jouet ». Elle range le tout sa besace et quitte la salle des armes.
Elle se rend maintenant dans la salle du fond. Mauvais choix… Elle va sûrement tomber sur le diable. Oui, car la pièce où elle s'apprête à entrer est le salon, là où François à eu cette fameuse idée machiavélique. Elle pousse la porte et voit alors le diable, en train de roupiller ! Elle avance prudemment vers lui et le reconnait aussitôt : elle aussi semble avoir eu affaire à un de ses clones. Je l'entends marmonner : « cet enfoiré veut tous nous tuer, j'vais fouiller sa baraque ! ». Elle contemple la pièce d'un œil vif. Elle découvre l'écran qui affiche le nombre de morts, mais celui-ci a changé : il n'affiche plus le nombre de morts mais :
« 80 humains, 80 démons
Dernière personne tuée : … »
Elle fit la moue et continue ses recherches. Elle aperçoit de hautes étagères qui forment un meuble circulaire autour de la salle. Dans ces étagères, elle y voit un grand nombre de boissons, sous formes de canettes. En plissant des yeux, j'arrive à y lire « Boisson énergisante de l'Enfer ». Oui, je reconnais cette boisson, François en boit à longueur de journée. Perle regarde autour puis sort de la salle, je la suis. Elle arrive en courant dans le Bar de l'Enfer et ne fait même pas attentions à ce qu'il y a dedans : elle attrape une chaise de bar et retourne dans le salon en trainant la chaise sur le carrelage. Elle la pose à côté des étagères et monte dessus. Elle parvient à peine à effleurer du doigt les canettes, qu'elle veut absolument obtenir si on en croit ses yeux étincelants. Par un geste maladroit, elle fait tomber une canette sur le sol qui la fait sursauter. « Merde, quelle conne ! », se dit-elle à elle-même. Elle remonte sur la chaise pour retenter sa chance. Mais se qu'elle n'a pas vu, se que François a ouvert les yeux. Celui-ci l'aperçoit, se lève lentement et donne un coup de pied à la chaise, qui tombe et fait s'écrouler Perle. Elle ne parvient pas à se relever et hurle à la vue du diable. Il soupire :
« Tu es vraiment stupide,
Tu es bel et bien une sotte.
Ne te donne pas des airs perfides,
Même si je suis réveillé par ta faute. »
- C'est quoi cette façon de parler ! T'y a cru toi !! crache-t-elle. T'es qu'un p'tit intello, mort de rire ! En plus t'as une sale tête, tu devrais avoir honte ! Et pourquoi tu m'as frappé ! Et c'était quoi le tour de magie tout à l'heure ? T'as fait ton discours et t'as disparu !
« Ne me questionne point trop,
Et cesse de crier telle une enragée.
Contentes-toi de sauver ta peau,
Et ne m'arrache plus des bras de Morphée. »
- Qu'est c'tu m'baves !? J'vais partir de ce trou paumé ouais ! Ca, tu peux en être convaincu ! J'ai trop pas envie de tuer des gens, même si je me suis bien servie en arme dans ton manoir !
« Ton audace m'excite,
Mais à te tuer, tu m'incites ! »
François empoigne un couteau non loin de lui et le mit face à la gorge de Perle, qui se calme subitement.
« Aurais-tu changé d'avis ?
Pars. »
La malheureuse se lève en tremblant comme une feuille et, avec un petit geste digne d'une enfant, tire la langue au diable et s'enfuit. Celui-ci fronce les sourcils et se pose sur son sofa rouge. Il me regarde (seul le diable peut me voir) et me dit d'une voix qui se veut joyeuse.
« Elle se comporte comme une gamine,
Ca m'étonnerait qu'elle s'en sorte !
Allons, ne fait pas grise mine,
Ce n'est qu'une future morte. »
- Je veux juste savoir une chose, dis-je. Pourquoi avoir créé ce jeu débile ?
« Non mais tu t'entends !?
Cette idée est excellente.
Beaucoup mieux que mon ancien jeu d'enfants.
Ca occasionne aux morts une dernière chance palpitante !
Je veux à tout prix que les combattants
Retrouvent la vie, car il le mérite amplement. »
Ces mots me font réfléchir… Il n'a pas tout-à-fait tord… Quitte à mourir, autant s'amuser avant ! Et cette épreuve, elle permettrait de… Mais bien sûr ! Ceux qui seront assez forts, qui auront la volonté de vivre car ils aiment la vie seront récompensés, grâce à cette épreuve ! Alors qu'en faisant un pile ou face, il y a des chances que l'humain dans le coma revivent alors qu'il voulait justement mettre fin à ses jours… Oui, son idée est bonne. Le choc d'apprendre leur presque-décès passé, il leur faudra se battre contre les démons… Et je suis sûr que pour cela, il faudra nous utiliser, nous, les Pokémons! Ingénieux, ce François…