Pris au piège [V]
Beaucoup de réflexion et non beaucoup de connaissances, voilà à quoi il faut tendre.
Démocrite
Il marchait sur cette route qu'il avait pris précédemment pour trouver Azuria. En passant, Erwan avait récupéré un bidon d'essence pour sa voiture qu'il n'allait tout de même pas laisser dans un coin de Safrania !
Après avoir effectué tout ce chemin jusqu'à sa voiture, Erwan remplit le réservoir d'essence de l'automobile. Il ouvrit le contact et attacha à côté de lui le petit Togépi qui l'avait accompagné pendant tout le chemin entre Azuria et le véhicule. Le petit pokémon avait toujours ce petit sourire enfantin. Erwan démarra l'automobile et ils partirent en direction de Lavanville...
Sur la route, Erwan réfléchissait une fois de plus, sans pleurer pour une fois.
-Une fille aux yeux vairons qui avait un gros chewing-gum... Je n'y comprends rien... Deux yeux de couleurs différentes...
Il répéta sa dernière phrase :
-Deux yeux de couleurs différentes... Des yeux différents...
Quelque chose lui vint en mémoire, il tentait de se rappeler... Erwan le savait, il avait déjà vu une fille avec deux yeux différents... Il en était persuadé...
Erwan arriva à Lavanville où il gara sa voiture. Il voulut se diriger vers sa maison... Il remit Togépi dans sa pokéball et il sortit Jimmy, son Evoli. Le pokémon suivit son maître quand tout d'un coup, un vieux policier l'interpella dans son uniforme bleu voire noir par endroit. Il pointa son arme vers lui et lui ordonna de se coucher au sol et de lever les mains. L'homme attrapa les mains d'Erwan et les menotta avant de lui énoncer ses droits sur un ton autoritaire. Le jeune homme semblait perdu, il ne comprenait pas pourquoi il se faisait arrêter de cette manière... Erwan n'eut pas le temps de demander...
On l'embarqua dans une voiture de police et on plaça son Togépi en cage. Le pauvre nouveau né se trouvait privé de son maître... Pendant le voyage jusqu'au commissariat, Erwan réfléchit :
-« Je connais quelqu'un... J'ai déjà vu quelqu'un avec des yeux de cette couleur... Mais, quand ? »
La radio annonça alors un événement :
***
« Aujourd'hui, plusieurs témoins ont affirmé avoir aperçu Suicune ! Le pokémon légendaire aurait été aperçu près d'Azuria ! Un homme s'est écrié qu'il l'aurait à tout prix ! A plus tard sur Poké-légende, la chaine des événements légendaires ! »
Erwan eut un tilt, Suicune...
Erwan, toujours assis sur sa marche devant l'hôpital tentait tant bien que mal à remettre un sourire sur son visage... Hélas, le sourire du Evoli ne semblait plus être suffisant... Il caressa le pokémon tout en perdant le peu de sourire qui lui restait. Erwan vit une ombre sur le sol se rapprochant de lui. L'adolescent leva sa tête pour voir une petite fille d'un peu moins de dix ans. Celle-ci avait des cheveux bruns et deux queues de cheval basses. Sa main cachait un de ses yeux tandis qu'elle disait :
-Evoli veut que tu sois content ! Là tu vas être un peu content puis plus après ! Je sais ! Tu pleures plus si tu devines la couleur de mes yeux !
Erwan releva à peine la tête, regardant l'œil non caché et répondit assez froidement :
-Brun !
Cachant son autre œil et laissant le deuxième à découvert, elle lui demanda :
-Tu es sûr ?
Erwan leva une nouvelle fois la tête et sur le même ton que précédent, il s'écria :
-Bleu !
La jeune fille eut un petit sourire et plaça ses deux mains devant, faisant un signe de croix puis ferma ses yeux en sifflant : .
-Te-teeeeeeeeeeeeet !!! Perduuuuu !!!!
Elle rouvrit ses yeux et déclara, telle une présentatrice de jeux télévisés :
-Vous avez perdu le droit de pleurer et Evoli va être content maintenant !
Erwan eut un peu de mal à réagir devant la gaieté de la fille. Il se demandait surtout pourquoi cette fille lui parlait ainsi alors qu'ils ne se connaissaient pas. La petite brune hurla :
-Aller ! Souris plus ! Au fait, moi c'est Sydwin, et toi ?
-Erwan, répondit le jeune homme.
Tous deux entendirent alors des bruits de pas précipités arriver dans leur direction ; c'était un homme d'à peu près vingt ans aux cheveux châtains clairs vêtu de mauve avec une cape blanche qui volait dernière lui. Il s'approcha des deux jeunes gens et demanda rapidement :
-Avez-vous vu Suicune ? Je suis certain de l'avoir vu près d'ici !
Erwan répondit négativement alors que la jeune fille se figea et on aurait pu croire que des étoiles sortaient de ses yeux.
-Su… Suicune ? Je… Je l'aurais !
Erwan tiqua du sourcil pendant que l'étrange Sydwin partait en courant sans se retourner. Le jeune homme se leva finalement de sa marche, cessant de se morfondre même s'il ressentait toujours autant de peine en son cœur...
***
-Eh toi ! Sors ! Ordonna le policier.
Erwan revint à la réalité et sortit tranquillement de la voiture, toujours tenu par l'agent de police. Ils entrèrent dans le commissariat et Erwan fut placé en garde à vue. Le jeune homme s'assit et repensa une fois de plus à chaque événement qui s'était déroulé. Tout cela avait été si vite... Elise... Lys... Cette étrange Sydwin... Et son arrestation...
-« En quoi cette gamine que j'ai vu il y a de ça 8 ans a-t-elle un rapport avec ce qui se passe en ce moment ?! Ça n'a ni queue ni tête ! Et pourquoi m'a-t-on arrêté ?! Et Elise ! Qu'est-ce qui a pu la pousser à se suicider ! Est-ce qu'elle m'en voulait ? Si elle s'est suicidée le jour de mon anniversaire... M'en voulait-elle ? Est-ce que je lui ai fait quelque chose ? » Se demanda-t-il intérieurement.
La porte de la salle de garde à vue s'ouvrit et un nouveau policier vint chercher Erwan ; l'homme devait avoir la cinquantaine, il avait une peau assez vieilli et était assez gros. Ses cheveux étaient gris et il avait un rictus sur le visage. On emmena Erwan dans une autre salle, la salle d'interrogatoire. Ils s'assirent sur une chaise l'un face à l'autre et le policier lui dit :
-Alors ? Vous voulez quelque chose ? Un café ? Un verre d'eau ?
-Non merci...
-Eh Jordan ! Apporte-moi un cappuccino ! Grouille-toi ! Ordonna le flic. Bref, on va passer à ce qui m'intéresse ! Avez-vous tuer votre femme ?
-Hein ?! Non ! S'insurgea Erwan.
-Calmez-vous ! Je ne fais que vous le demander ! Simple formalité de l'enquête. Donc, savez-vous qui sont les « Hellon » ?
-Hum ? Je ne les connais pas.
-Pourtant, nous avons retrouvé vos empreintes sur un dossier avec ce nom écrit dessus. On remarquera que ce dossier est vide ou plutôt, qu'il a été vidé !
-Mais... Je l'ai juste ramassé par terre, quand je suis rentré à la maison !
-Racontez-moi tout ça en détails.
-Eh bien, le matin, je suis parti travailler après avoir dis au revoir à Elise. Il y avait... Un ton bizarre dans sa voix... Comme si elle...
-Comme si elle ?
-Comme si elle me disait au revoir pour la dernière fois...
-Donc, elle avait peur ? Demanda le policier.
-Je pense... Ensuite, j'ai travaillé un peu partout et je suis revenu chez moi, vu que nous devions fêter... Mon anniversaire...
-Abrégez ! Coupa l'homme.
-Eh bien je suis entré et j'ai cherché Elise dans toute la maison jusqu'à-ce que je trouve un chemin de pétales de roses dans les escaliers. Je suis monté et j'ai suivi le chemin jusqu'à la chambre et...
Erwan laissa s'écouler quelques larmes avant de reprendre entre plusieurs sanglots :
-Je l'ai vu... Accrochée... Elle s'était pendue... J'ai pleuré... Quand je me suis relevé, je suis sorti, j'étais complètement sonné et j'ai ramassé le dossier... Puis je l'ai balancé par terre avant de sortir de la maison et de prendre la voiture jusqu'à Safrania pour réfléchir à ce qui était arrivé...
-Et vous pouvez prouver tout ça ?
-...
-C'est bien ce que je pensais... Vous avez très bien pu mentir ! Vous ne seriez pas le premier. On va vous garder car d'une, votre témoignage n'est pas prouvable et de deux, vous êtes le seul suspect possible pour le moment !
-...
-Jordan ! JORDAN ! Tu ramènes tes fesses ici !
Jordan arriva en courant jusqu'à la salle. C'était un jeune homme d'un vingtaine d'années qui semblait être nouveau dans le domaine. Il était maigre et tremblait un peu. On aurait pu penser que c'était à cause du policier qui n'arrêtait pas de lui donner des ordres.
-J'ai votre cappuccino, monsieur.
-C'est bien, maintenant, tu vas ramener ce mec dans la salle de garde à vue ! Et en passant, n'oublie pas de laver mes chaussures qui sont sur la chaise près de mon bureau !
-Oui, monsieur... « celles sur ma chaise ! »
Erwan fut reconduit dans la salle et repensa à ce nom et à cette fille... « Hellon »... Sydwin...