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Coeur de Pêche de Ailes de cerise



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» Auteur : Ailes de cerise - Voir le profil
» Créé le 12/04/2011 à 18:13
» Dernière mise à jour le 06/05/2011 à 15:34

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Chapitre Second : Le rendez-vous.
Le lendemain matin, une grande agitation avait rendu l'Okiya comparable à une fourmilière. Aujourd'hui, un groupe d'hommes connus dans la région entière devait arriver. Ils étaient les invités de Mère. Leurs noms ne me disaient rien à cette époque, mais c'est grâce à l'un d'eux que tout commença vraiment.
Ce matin donc, Nijiko et moi briquions le parquet de l'entrée. Les invités de Mère s'étaient réunis dans un salon attenant à sa chambre, et ma mère criait des ordres aux servantes. Elle était tendue et cela devait la rendre plus acerbe que d'habitude car l'une des jeunes filles sortit de la cuisine en sanglotant silencieusement.
Alors, comme Nijiko et moi briquions le sol, l'un des hommes sortit du salon suivit de près par Mère et une servante. Je ne pus m'empêcher de lui lancer un regard furtif. Il était vêtu d'un kimono masculin en soie bleue marine, le genre d'habit que portaient les personnes pratiquant le Kendo. Il était accompagné d'un Karaclee imposant.
Mère passa devant nous sans nous adresser un regard, mais l'homme se stoppa à ma hauteur.
— Qui est ce ? Demanda-t-il à Mère.
La vieille femme nous fit signe de répondre.
— Je m'appelle Kimi. Fis-je en m'inclinant poliment.
Nijiko bredouilla son prénom si bas que je doutai que l'homme l'ait entendu. De toute façon, il avait les yeux posés sur moi, l'air songeur.
— Tu ressembles vraiment beaucoup à…
— Korin ! Le coupa précipitamment Mère. Elle ressemble beaucoup à sa mère en effet, surtout les yeux. Venez à présent, vos compagnons vont s'inquiéter.
Elle poussa l'homme vers le salon. Elle avait mentit, je le savais. Je ne ressemblais pas du tout à ma mère, et surtout pas au niveau des yeux. Les siens étaient noirs profonds, tandis que les miens étaient verts claires.
— Mère avait l'air de vouloir l'empêcher de dire quelque chose. Murmura Nijiko.
J'acquiesçai, pensive.

***
Plus tard, peu avant midi. Je recroisai l'homme. Celui-ci m'aperçut aussi car nos regards se croisèrent. Je détourai aussitôt les yeux. Il s'approcha de moi. Il devait avoir une quarantaine d'années et me dominait de toute sa hauteur.
— Puis-je te parler ? Me demanda-t-il.
J'approuvai et l'accompagnai sans un mot. Il me guida vers la chambre de deux servantes. Visiblement, il n'avait pas envie d'être surpris par quiconque. Je me demandais le cœur battant ce qu'il allait me dire.
— Dis-moi Kimi, je voudrais savoir ce que tu sais de ton père… Ta mère t'en a-t-elle parlé ?
Je fis non de la tête, de plus en plus déconcertée.
— Je m'en doutais… Ta mère s'occupe bien de toi, elle te donne de l'affection.
Je mis un instant pour répondre. Le Karaclee me lançait un regard intense qui semblait me dire « réfléchis-y ».
Je repensai alors à mon enfance. D'aussi loin que je m'en souvenais, ma mère ne m'avait jamais embrassée. Elle passait plutôt son temps à me couvrir de corvées, me battait parfois. Néanmoins, à cette époque, il était fréquent que les Maiko se fassent frapper par leurs supérieurs, cela ne m'avait donc jamais inquiétée. Cependant, depuis quelques années, elle avait vu en moi un Geisha douée et jolie, et depuis, elle me considérait comme une future source d'argent et me traitait comme telle.
En y réfléchissant, je n'avais jamais été vraiment heureuse, que lorsque j'étais avec Ceandros.
— Ma mère ne m'aime pas… Je crois… Soufflai-je avec prudence.
— Je sais. Et je sais aussi pourquoi. Mais je pense que ce n'est pas à moi de te dire pourquoi…
Il marqua un temps, comme s'il hésitait à poursuivre. J'entendis ma mère crier mon nom dans une pièce voisine.
Je lançais un regard inquiet à l'homme.
— Écoute, fit-il. Je pense que tu devrais rencontrer ton père…
— Attendez une seconde, mon père est mort juste avant ma naissance ! Protestai-je.
— C'est faux, c'est un mensonge. Il se trouve à Maillard, dans le sud de la région. Écoute Kimi, je pense vraiment que tu devrais le rencontrer.
Je le regardai, incrédule. Apprendre que ma mère m'avait mentit ne me surprenait guère, de tout façon, elle me mentait plusieurs fois par jour. Ce qui me surprenait, c'est je n'avais jamais vraiment songé que j'eusse un père, mort ou vif.
— On ne me laissera pas quitter l'Okiya, encore moins Janusia !
— Ne t'inquiète pas pour ça. Je dois partir ce soir, mais je connais une bande de petits voyous qui vivent avec des Pokémon dans une ruelle derrière le perruquier. Va les voir, ils te feront quitter la ville sans encombre.
— Kimi ! Appela à nouveau ma mère avec colère.
— Promets-moi que tu iras, s'il te plaît !
J'hésitais, mais la curiosité l'emporta. C'était enfin l'occasion de fuir ma vie toute tracée de Geisha. En fait, je n'avais jamais eu envie de finir ainsi. Je promis.
— Dans ce cas, nous nous reverrons. A bientôt Kimi. N'oublie pas, tu dois te rendre à Maillard. Ton père s'y trouve. C'est un bon ami à moi.
— Merci…
Je me précipitai dehors et rejoignit ma mère. Elle me gifla pour mon retard et m'ordonna d'aller apporter le thé à nos hôtes. Je m'exécutai en pleurant, mais malgré tout, une lueur d'espoir s'était mise à pétiller dans mes yeux verts claires...

***
Pendant les jours qui suivirent, je guettais un prétexte pour sortir de l'Okiya et me rendre dans la ruelle indiquée par l'homme. Mais aucune ne se présenta. De plus, ma mère était de plus en plus acerbe et me battait presque tous les jours. Je n'y accordais pas trop d'attention. Je pleurais un peu et reprenais mes activités. Mais chaque coups étaient pour moi une raison de plus de partir.
Enfin, deux semaines après les révélations de l'homme, Mère m'envoya faire une course qui justifierait une absence prolongée. Je sortis de l'Okiya d'excellente humeur et marchai d'un pas rapide en direction de l'adresse indiquée. La brise apportait l'odeur sucrée de cerisiers en fleur et le temps était au beau fixe.
Lorsque j'atteignis la ruelle, je frissonnai. Elle était déserte et sombre. Un Chacripan bondit juste devant moi et m'arracha un cri de surprise.
— Que viens-tu faire ici petite Maiko ? Demanda soudain une voix masculine.
Je sursautai à nouveau.
Un garçon d'environ mon âge se tenait derrière moi, les mains sur les hanches. Mon cœur se mit à battre de façon étrange. Ce garçon était d'une beauté envoûtante, malgré ses joues salies et ses vêtements de paysan. Ils possédaient des cheveux châtains clairs et des yeux noisette pétillants.
Je bafouillai quelque chose d'inaudible.
— En fait, je sais ce que tu veux… Tu veux quitter cette ville en passant inaperçue. Je n'ai pas raison ? Reprit-il avec suffisance. De toute façon, la plupart des Maiko qui viennent nous trouver sont là pour ça.
— Je euh…
Je fixai le garçon, incrédule avant de baisser les yeux et d'acquiescer timidement me sembla-t-il, j'étais comme dans un état second.
— Écoute, s'exclama-t-il avec le même ton moqueur. J'accepte de t'aider à quitter l'Hanamachi de Janusia, mais il y a des conditions et des règles.
— Quelles sont-elles ? Demandai-je le cœur battant.
— La première est qu'il faudra m'écouter et exécuter tout mes ordres. La deuxième est que tu ne devras pas me dénoncer, même si tu te fais prendre, c'est clair ?!
— Oui, très.
— Ensuite, tu vas devoir changer de prénom. Comment t'appelles-tu ?
— Kimi.
Je répondais machinalement à toutes les questions de cet inconnu.
— Bien, maintenant, tu t'appelleras Miki, sauf si ça ne te plait pas bien sûr. Enfin, la dernière condition est…
— Quoi ?
— J'ai un œuf avec moi. Je veux que tu l'emmènes avec toi ? D'accord ?
Je poussai un soupire. S'il m'avait demandé de l'argent, je n'aurais pas put payer. Emmener un œuf Pokémon ne devait pas être compliqué !
— D'accord !
— Très bien ! Alors je t'attendrais demain ici même à midi, sois à l'heure Miki-chan !
— Attends, comment tu t'appelles ?
— Pour toi ce sera Kinjiro ! A demain.
Sans me laisser le temps de répondre, il disparut. Je remarquai alors l'ombre furtive d'un Noctali se glisser à sa suite.

Je rentrai à l'Okiya dans un état d'effervescence tel que j'en oubliais les courses de Mère. Je dus faire demi-tour et repartir les chercher le plus rapidement possible.
En rentrant je profitais que ma mère soit absente pour monter dans les combles. A mon grand soulagement, Ceandros était là, roulé en boule, le museau sous sa queue.
Je le réveillai doucement et lui exposait mon plan.
— C'est vrai ! S'exclama-t-il en bondissant sur ses pattes. Tu veux t'enfuir ? Avec moi ! Génial !
Il se mit à sautiller et à courir après sa queue.
— Tu es content ? Tu vas venir avec moi, pas vrai ? Dis-je, comme si je doutais de sa réponse.
— Et comment ! Je t'accompagne ! Depuis le temps que j'attends ça !
Je caressai son pelage ébouriffé et il cessa de s'agiter.
— Dans ce cas, à partir de maintenant, je ne suis plus Kimi, mais Miki !
Cette phrase résonna dans ma tête, comme une nouvelle vie. J'étais vraiment heureuse de changer de nom.
— Ceandros, on se retrouve demain dans la rue derrière l'école. Je t'y attendrais à midi ! Compris ?
— Oui !
— A demain !
Je lui déposai un baiser sur la truffe et m'éclipsai. En descendant l'escalier, j'entendis le Zorua pousser un hurlement de joie.
Vous vous demandez sûrement pourquoi Ceandros parle ? Et bien disons, qu'au temps où se déroule cette histoire, dans mon enfance, certaines personnes étaient encore assez à l'écoute des Pokémon pour prétendre comprendre leur langage. Aujourd'hui, je dois bien avouer que je n'entends plus vraiment leur voix.