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Coeur de Pêche de Ailes de cerise



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» Auteur : Ailes de cerise - Voir le profil
» Créé le 04/04/2011 à 20:25
» Dernière mise à jour le 16/07/2011 à 15:05

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Chapitre Premier : Ceandros
Dans ma famille, les filles naissent pour devenir Geisha depuis des générations... Il était donc évident que je le devienne à mon tour. Mais cependant, ce destin ne me convient pas...

***
Je commençais à fatiguer. Mes pieds me faisaient mal et je manquais presque à chaque pas de me prendre les jambes dans un pan de mon obi en traîne. Je regardais les autres filles qui m'entouraient. La plus jeune, à ma gauche, semblait tout aussi essoufflée, tandis que Ririse, l'aînée de la classe, ne laissait aucun sentiment transparaître et regardait bien droit devant elle.
Je coulai alors un regard vers les deux femmes qui se tenaient en marge de la piste de danse. L'une d'elle se trouvait être ma mère : Korin. La seconde était la professeure de danse geisha. Depuis quelques mois, Korin m'accompagnait dès qu'elle le pouvait, et ne cessait de vanter mes talents et ma beauté. Elle n'avait plus qu'un souhait, que je devienne une Geisha renommée, comme bien des générations avant moi. Je savais qu'elle me détestait et me doutais, au fond de moi, qu'un intérêt si soudain ne pouvait que cacher quelque chose.
— Kimi-chan ! Me lança-t-elle. Fais donc attention, sois moins maladroite, tu marches sur ton obi !
— Désolée !
Je tentai de relever un peu le long ruban, mais il glissa à nouveau sur la soie de mon habit et re-commença à s'entortiller autour de mes chevilles.
Korin soupira.
— Ça suffit comme ça ! Cria le professeur.
Elle me fit signe de m'approcher.
— Tourne-toi ! Ordonna-t-elle.
Je m'exécutai machinalement.
— Le nœud de ton obi n'est pas assez serré, c'est pour ça qu'il traîne ! Fit-elle en défaisant la ceinture.
Elle refit le nœud avec tant d'application que sa langue pointait au coin de ses lèvres. Elle serra si fort que j'eus du mal à respirer.
Au même moment, la cloche Archéodong résonna.
— Vous pouvez sortir !
Les fillettes s'inclinèrent très bas devant le professeur et la Geisha qui leur faisaient face avant de sortir de la salle.
Je sortis et allai attendre ma mère devant les marches de bois, en compagnie de la deuxième Maiko de mon Okiya : une petite fille de neuf ans appelée Nijiko.
Tandis que nous patientions, je sentis un regard sur son dos. Je me retournai. Il y eut un bruissement dans le buisson aux fleurs pourpres qui poussait derrière moi, et j'aperçus une ombre traverser en trombe la pelouse rase, jusqu'à la haie de bambou qui se dressait plus loin. Je crus reconnaître la petite silhouette efflanquée et familière du Zorua que j'avais élevé en cachette pendant des années, mais je n'en étais pas sûre. Depuis que ma mère surveillait de près mon éducation, je n'avais plus un moment à moi et je n'avais pas revu mon Pokémon depuis plus de trois mois. Aussi je me jurai que le soir même, je trouverai un moyen de grimper dans les combles de Okiya, là où j'avais installé la tanière du renard.

***
Le soir tombait lentement, enveloppant dans ses bras satinés la ville qui se préparait pour la nuit. Les enseignes de maison de thé de Janusia s'éclairaient peu à peu et réanimaient les rues obscures.
Je marchais vite. Encore une fois, le nœud de mon obi s'était défait et j'étais gênée par la traîne. Agacée, je remontai un peu mon kimono sur mes jambes nues, puis le relâchait à chaque fois que je croisais quelqu'un, embarrassée que l'ont puisse voir mes jambes ainsi misent à nue. Je portais sous le bras un paquet en toile qui contenait certainement un kimono. J'aimais quand Mère* m'envoyait faire une course, c'était les seuls rares moments où j'échappais à la surveillance constante de ma propre mère.
Lorsque j'entrai dans l'Okiya, la nuit était complètement tombée. Nijiko était assise devant la porte principale. La règle voulait que la Maiko la plus jeune attende le retour de Geisha accomplie jusqu'à tard le soir.
Je fus surprise de ne pas voir ma mère m'attendre aussi.
— Korin-san a quitté l'Okiya. M'informa la fillette. Elle a été conviée à une fête à la maison de thé Kitao.
— Merci Nijiko.
Mon cœur s'emballa. Ma mère partie, j'avais à présent tout le loisir d'aller rendre visite à Ceandros, mon Zorua.
Sans attendre, je me dévêtis de mon kimono bleu et enfilai à la hâte une robe de nuit molletonnée. Je défis ma coiffure et secouai mes longs cheveux châtains. Puis je rejoignis le couloir qui donnait l'accès à la pièce des servantes. Dans un coin de ce couloir se trouvait la trappe qui menait aux combles et au réservoir d'eau situé sur le toit. Je me faufilai dans le trou et suivis la galerie qui menait aux escaliers.
Les combles s'ouvraient sous la forme d'une vaste pièce basse de plafond, poussiéreuse et mal éclairée. Dans un coin dissimulé par de vieilles boîtes contenants des kimonos inutiles ou endommagés se trouvait un coussin couvert de soie que j'avais donné à mon Pokémon. Cependant, je fus déçue de voir que Ceandros n'était pas dessus. Sur le sol gisaient quelques arrêtes et des miettes de gâteau de riz.
Je soupirai. Le Zorua était probablement parti à la recherche de nourriture.
Les larmes aux yeux, je m'apprêtai à repartir lorsqu'un grognement me fit sursauter.
— Qui va là ? Fit une voix aigüe. Qui es-tu ?
— Ceandros ?!
Le Pokémon bondit de la boîte sur laquelle il était perché, puis s'approcha d'un pas lent, ventre à terre, la fourrure dressée sur son échine.
— D'où tu connais mon nom ? Cracha-t-il, menaçant.
— Mais enfin, c'est moi, Kimi !
— Vraiment ?
Le renard noir s'approcha encore de moi et renifla bruyamment.
— Tu n'as plus la même odeur…
— Je sais… tu as changé aussi.
Tout en disant cela, je contemplais la fourrure sale et le corps famélique du Pokémon errant. Les côtes du jeune Pokémon saillaient sous son pelage gris sombre et ses yeux bruns trahissaient son épuisement.
Ceandros frotta sa joue contre ma jambe. Le contact me fit frissonner.
— Tu m'as manqué…
Je me baissai pour le caresser. Je plongeai avec délice mes doigts dans la fourrure duveteuse du Pokémon que j'avais élevé pendant plus de sept ans.
Nous restâmes un long moment blottit l'un contre l'autre. Je dû m'assoupir car lorsque j'ouvrai les yeux, la lune à son zénith inondait la pièce de clarté argentée par l'unique fenêtre.
Je me relevai précipitamment. Ma mère ne tarderait plus. Peut-être était-elle déjà de retour.
Ceandros tressaillit mais il dormait toujours.
— Je reviendrai… Promis-je.
Il ne se réveilla pas, mais son oreille frémit, comme s'il avait inconsciemment entendu ma promesse.
Je rejoignis mon futon à pas de loup. Ma mère n'était pas rentrée. Nijiko s'était assoupie devant la porte. Tout était silencieux, mis à part les aboiements secs d'un Ponchien dans le voisinage.

*Ici, il ne s'agit pas de la propre mère de Kimi mais de la femme qui gère l'Okiya où elle vit. Elle est appelée « mère » car les Geishas et Maiko qui vivent à l'intérieur sont en quelque sorte adoptées par elle. Elle leur assure protection et finance leurs vêtements. En échange, elle perçoit une partie de leurs gains.
Chapitre Premier/fin