Chapitre 8: Solitudes
Teddy marchait le long des quais. Les choses étaient floues dans son esprit, Florian aurait il raison? Faudrait il privilégier la confiance en ses pokémons à la puissance pour gagner? Non il ne pouvait pas avoir tort, depuis tout petit il avait suivit les matchs de Cynthia et de son Carchacrok. Il voyait bien que c'était la puissance qui les rendaient si forts. Avoir confiance en son pokémon, croire en lui... Qu'est-ce que ça pouvait bien changer? Demande-t-on à un ouvrier de faire confiance à son outil ou lui demande-t-on de savoir le manipuler?
Sa frustration était d'autant plus grande qu'il avait échoué là où son ami avait réussi alors qu'il l'avait battu la journée précédente. Même une débutante avait pu mieux faire que lui! Il savait ce qu'il lui restait à faire: Aller s'entraîner. Il marcha en direction du Pont Sagiciel à l'Est de la ville. Il passa par le poste de frontière et quand il vit ce qui l'attendait, fut découragé. C'était un pont énorme, suspendu dans les airs, avec des autoroutes passant en dessous.
Il prit une bouffée d'air tout en admirant l'horizon; la mer s'étendait à perte de vue, les bateaux laissaient derrière eux de lentes vagues houleuses et on pouvait voir dans le ciel des avions transpercer les nuages, pénétrant dans le domaine du légendaire Rayquaza. Il ne se sentait plus frustré, mais mélancolique. Assez paradoxalement sa peine lui faisait du bien.
Il fixa l'autre bout du pont, sa destination, et se mit à courir le plus vite qu'il pouvait. La douleur physique, l'épuisement lui faisait oublier le reste. Pendant sa course il jetait un coup d'œil aux voitures, elles lui faisaient penser aux nuées de Tritondes qu'on pouvait parfois observer dans les petits cours d'eau, partant toutes dans la même direction avec un mouvement fluide.
Il arriva enfin après dix minutes de course, tout essoufflé. Il s'essaya sur l'une des marches qui menaient à la Forêt d'Empoigne. Lorsqu'il eût reprit son souffle, il reprit également la marche et rentra dans celle-ci. La cime des arbres était haute, mais ils étaient suffisamment espacés pour laisser passer les rayons du soleil. L'endroit était plutôt calme et les gens qu'il rencontrait sur son chemin se comptaient sur les doigts de la main.
En revanche ce n'étaient pas les pokémons qui manquaient. Il avait donc bien fait d'aller soigner Pain d'épice au centre pokémon avant de partir s'entraîner. Il enchaîna les combats contre divers pokémon insectes et faisait régulièrement des pauses. Il pensait qu'en faisant cela il gagnerait la confiance de Moustillon, mais il s'y prenait assez maladroitement, chronométrant ses pauses au millième de seconde près.
Soudainement, alors qu'il arpentait un long chemin sinueux, il entendit un cri plaintif qui provenait des buissons. Il s'y faufila et découvrit dans des feuillages un pokémon blessé à vif, une longue entaille le long de son ventre. Le pokémon était étrange, sa peau était bleue et était recouverte d'une masse de poils couvrant même ses yeux ne laissant que les pattes et le museau de visibles.
Teddy regarda aux alentours s'il n'y avait pas un endroit où on pourrait l'aider. Il vit un peu cachée derrière les arbres une cabane en bois et n'écoutant que son instinct prit le pokémon dans ses bras et l'emmena jusque à celle-ci. Il toqua à la porte, rien. Il retenta l'expérience en frappant plus fort. Cette fois-ci elle s'ouvrit et une jeune fille l'accueillit. Il ne perdit pas de temps et lui demanda si elle ou quelqu'un du coin savait soigner les pokémons. Elle lui répondit qu'effectivement elle s'y connaissait en médecine pokémon mais qu'elle était occupée à préparer le dîner.
La colère montait en Teddy:
"Écoutez je m'en contrefous de votre bouffe! Ce pokémon est en train de mourir et vous êtes son seul espoir!
-Tu vas te calmer ouais? Tu ne lui es pas d'une grande utilité non plus en te montrant aussi peu amical avec son potentiel sauveur. Lui répondit elle avec mépris.
-Je te jure que si il meurt je redécorerai ta maison avec ses boyaux en guise de guirlandes! Lança-t-il avec une colère atteignant son paroxysme.
-Bon tu m'emm..."
Teddy avait défoncé la porte d'un coup d'épaule violent qui surprit la jeune femme. Elle lança tout une série d'injures mais fut stoppée net par Teddy qui l'empoigna par le col. Il la menaça avec son poing et lui redemanda de s'occuper du pokémon. Elle accepta non sans rechigner et se pencha sur le pokémon.
"Je vois, c'est un Solochi." diagnostiqua-t-elle. Elle parti dans une autre pièce pour prendre ses ustensiles d'infirmière. Teddy s'était un peu calmé et se pencha à son tour sur l'être souffrant qui gisait à ses pieds. Il se demanda ce qu'il pourrait en faire; devait il le relâcher ou bien le mettre dans son équipe comme lui guidaient ses sentiments? Il y réfléchi longuement, un pokémon qui avait déjà du mal à survivre dans la nature pourrait il survivre au combat?
La jeune fille revint, lançant un regard noir à celui qui l'avait agressée quelques secondes plus tôt. Elle se mit à genoux et commença à pratiquer ce qu'on lui avait apprit pour stopper les hémorragies, puis elle désinfecta le tout et fit un bandage au pokémon.
Teddy l'observa. Elle était agile de ses mains et maniait ses ustensiles comme un peintre manie son pinceau. Sa taille l'avait impressionné quand elle lui avait ouvert la porte, aussi bien la taille de son corps que la taille de ses jambes qui étaient mises en valeur par son short. La longueur de ses cheveux bruns l'aurait empêchée d'opérer soigneusement, c'est pourquoi elle les avait rassemblés en une queue de cheval qui retombait sur son débardeur.
Son regard se fixa sur le visage de la jeune fille, il voulut immédiatement en connaître le nom. Elle lui répondit qu'elle s'appelait Alexandra et qu'elle ne voulait pas savoir comment lui s'appelait. Il lui donna quand même son prénom et elle lui répondit qu'elle n'aimait pas du tout.
Lorsque Alexandra parlait, ses fines lèvres se décollaient l'une de l'autre, comme lors d'un ralenti pour dévoiler deux incisives qui se démarquaient des autres dents, pour enfin venir se rencontrer à nouveau. Son nez était lui aussi fin mais pointu et ses yeux étaient d'un marron presque rouge.
Lorsqu'elle eût enfin fini elle lui dit qu'elle garderait le pokémon jusqu'à ce qu'il aille mieux. Teddy la remercia et s'excusa de son comportement violent. Elle lui répondit que s'il était un homme il se devait d'assumer ses actes et de ne point s'en repentir. Elle rajouta "Mais le fait que tu ai sauvé ce pokémon me dit que dans le fond tu dois être un homme de grande valeur. Pour cela je te pardonne."
Finalement elle l'invita à déjeuner et lui demanda ce qu'il faisait dans la vie. Ils discutèrent de ce sujet pendant au moins une heure, et plus le temps passait, plus Teddy sentait qu'il pouvait faire confiance à cette fille. Il lui demanda alors ce qu'il devait faire du Solochi. Elle lui répondit sans hésiter qu'il n'avait plus qu'à le faire entrer dans une pokéball.
Teddy s'approcha du pokémon et lui proposa de bien s'occuper de lui si il combattait pour lui en échange. Le pokémon ne sachant pas vraiment comment montrer son approbation désigna du bout de son museau la pokéball à la ceinture du jeune dresseur. Teddy afficha un grand sourire sur son visage et activa sa pokéball, enfermant le pokémon sans réelle résistance.
Il se rassit à table et soudain posa à Alexandra une question. Il voulait savoir si elle voulait bien rejoindre leur groupe, partir à l'aventure avec des gens nouveaux car il avait vu pendant qu'elle s'occupait de faire la cuisine une carte de dresseur à son nom posée sur un buffet.. Elle lui répondit qu'elle ne savait pas trop, qu'ils venaient à peine de faire connaissance.
Pendant ce temps là, Louise et Florian avaient embarqué dans un bateau qui les mènerait à l'entrée d'une grotte, fréquemment visitée pour son ancienneté. Il s'agissait de la grotte Parsemille, autrement inaccessible sauf si l'on possédait un pokémon extrêmement doué à la nage. Le bateau jeta l'ancre et déploya une passerelle pour permettre aux passagers de descendre. Le capitaine averti tous les passagers des dangers potentiels de la grotte et leur dit qu'ils étaient libres de la visiter comme bon leur semblait. Il conclu par "le bâteau repart dans deux heures, ne le loupez pas sinon vous resterez la nuit ici!"