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Peter ! de S3phiroth



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» Auteur : S3phiroth - Voir le profil
» Créé le 13/03/2011 à 16:32
» Dernière mise à jour le 05/04/2011 à 17:26

» Mots-clés :   Kanto   Présence de personnages de l'animé   Présence de personnages du jeu vidéo

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05 - Vipère au point
Après qu'ils aient quitté Bourg-Palette, Peter, Sandra et Edgar s'étaient quelque peu rapprochés. La mauvaise humeur de Peter avait disparu au fil des efforts que faisaient ses deux comparses pour faire connaissance poliment, à défaut de véritablement bien s'entendre. Mais il n'en fallait pas plus au jeune dresseur aux cheveux rouges pour se mettre en tête de faire naître entre eux un vrai lien d'amitié.

Et puis, sur la route vers la ville de Jadielle, tout est possible…

- « Sur la rooooouuuuute vers la viiiille de Jadielle !!! »
- Oh non Peter ! Pas ce vieux tube ringard !
- Malgré mon goût immodéré pour toutes formes de musique, je dois bien admettre que ce morceau n'a rien pour lui : entre ses percutions électroniques ratées et son synthétiseur foireux…
- « …nous ne nous accorderons pas de TREEEEEEEEEEEEVE !! Ouhou ! »
- En plus tu chantes super faux !
- Mais non ! C'est vous qui n'avez pas l'oreille musicale, voilà tout, ricana Peter.
- Nous t'avions fait promettre, il y a deux heures de cela, d'arrêter de chanter une fois Jadielle atteinte…
- Ah non mais moi j'ai dit ça comme ça, rectifia Sandra. Je pensais pas qu'il tiendrai aussi longtemps sans perdre sa voix.
- Et moi, sans que vous ne me lapidiez.
- Je crois que nous ne connaitrons jamais la raison qui nous a retenue… souffla Edgar.
- Le son mélodieux de ma voix ? Les harmoniques de mon timbre ? La puissance de mon coffre ?
- Le masochisme ? proposa Sandra.
- Quoiqu'il en soit, nous voilà arrivés à Jadielle ; mes oreilles, ainsi que celles de Sandra, te seront grées de respecter ta part du contrat et de ne plus jamais chanter en notre présence.
- Y a pas d'risques ! Cette fois, j'ai tenu deux heures uniquement parce que je voyais que ça vous faisait bien chier ; c'était en quelque sorte pour me venger de toutes les engueulades que vous m'avez fait supporter hier.

Sandra et Edgar, qui se croyaient quitte envers Peter après son coup de sang de la veille, le regardèrent du même air mauvais que les Mangriff adressent aux Seviper avant de les dévorer. Peter se fit tout petit.

- Mais maintenant que nous nous considérons tous comme quitte… euh… je pars devant voir si le champion est là, dit-il avant de détaler.
- Reviens ici Peter ! Reviens ici que j'te fasse la peau ! cria Sandra en partant à ses trousses.

Edgar se contenta de les suivre en marchant. « Il finira bien par s'arrêter. »

*
* *

- Wouah ! Elle en jette, cette arène !

En effet, elle en jetait. Un imposant bâtiment tout en pierre de taille couleur granit se tenait, inébranlable, au milieu de la petite bourgade. Peter, essoufflé, reprenait sa respiration au pied d'une volée de marches qui menait à une grande arche encadrée de colonnes cannelées.

Sandra reprenait sa respiration derrière son cousin, les mains appuyées sur les genoux.

- Change pas de conversation ! réussit-elle à lui reprocher entre deux inspirations.
- Non mais c'est vrai ! Avoue qu'on dirait le temple d'un dieu grec, si c'est pas celui d'Arceus lui-même. Aïe !

Edgar, finalement parvenu à rattraper Peter sans courir, venait de lui donner un léger coup sur l'épaule.

- Sans forcer. Maintenant, on est quitte.
- Me touche pas le bras ! On ne t'a jamais dit de ne pas jouer avec une arme ?
- Aha. Hilarant. Pour répondra à ta question, cette arène était à la base un bâtiment administratif construit par un architecte irlandais qui avait fui son pays lors de la vague d'immigration du siècle dernier vers les Etats-Unis. Tu ne remarques pas la ressemblance avec un autre bâtiment connu ?
- … La Maison Blanche ? se risqua Sandra.
- Exactement ! Bien joué Sandra ; la Maison Blanche a également été construite par un architecte irlandais, et celui de cette arène s'en est servi comme modèle de référence. A la base, c'est une architecture anglaise qui…
- L'Histoire attendra. J'ai soif de combat ! Suivez-moi !

Pendant les explications d'Edgar, Peter était allé pousser les lourdes portes en bois et invitait désormais les deux autres à entrer. Sandra ne se fit pas attendre ; bougon, Edgar suivi le mouvement. Ils marchèrent tous trois dans long couloir jusqu'à arriver au centre de l'arène.

A l'intérieur, un grand terrain de terre et de roche cerclé de tribunes surélevées ; aux abords, une vieille femme aux cheveux gris coupés au carré palabrait avec une jeune fille brune d'une vingtaine d'année. Peter, Sandra et Edgar allèrent à leur rencontre.

- Bonjour mesdames… commença Peter.
- Mais pourquoi refusez-vous de vous battre !? C'est grotesque ! ralla la brune sans faire attention aux trois nouveaux arrivants.
- Je ne refuse pas de me battre, répondit calmement la vieille femme en se tenant bien droite et en arborant un maintien irréprochable malgré son grand âge. Vous êtes la onzième personne à venir me défier aujourd'hui ; comprenez donc qu'il ne serait aucunement intéressant de vous mesurer à mes Pokémon alors qu'ils sont totalement épuisés.
- Alors allez les soigner que je puisse vous battre le plus vite possible !
- Euh…

Les deux femmes semblèrent finalement remarquer les trois jeunes dresseurs.

- Quoi !? s'énerva la plus jeune.
- Inutile d'épancher votre colère sur ce jeune homme, signifia la vieille femme. Que puis-je pour vous ?
- Eh bien… c'est vous la championne ?
- Oui, c'est bien moi.
- Ah…

Peter était clairement gêné de devoir affronter une personne âgée. Pourtant, quelque chose chez cette femme l'empêchait de la voir comme une chose faible et fragile ; ses cheveux d'un blanc immaculé et impeccablement coiffés lui paraissaient d'avantage preuve de sagesse que de vieillesse ; ses pattes d'oies accentuaient la détermination peinte dans les yeux qu'elles marquaient ; quant aux rides qui plissaient son front, elles semblaient témoigner de l'intense et perpétuelle réflexion de la vieille femme.

Elle faisait un peu garçonne avec son chemiser rose pâle sous un pull gris et son pantalon à pinces marrons. Néanmoins, sa mise était impeccable.

- Vous ne vous attendiez pas à devoir affronter une vieille dame de quatre-vingts ans, n'est-ce pas ? le taquina-t-elle.
- A vrai dire… pas du tout, non, avoua-t-il en souriant, démasqué. Désolé si vous avez mal pris mon silence ; c'était pas le but.
- Ne vous en faites pas, je ne vous en veux pas. Je m'appelle Agatha, et je suis l'actuelle championne du type Spectre de Jadielle.
- Enchanté, moi c'est Peter. Voici ma cousine et l'apprenti scientifique qui nous accompagne.
- Je suis Sandra.
- Et moi Edgar. Je tiens à préciser que je ne suis pas apprenti mais bien docteur…
- Je suis toujours là, vous savez ?

La jeune femme brune se rappela à la joyeuse troupe. Elle avait de longs cheveux noirs attachés en queue de cheval au sommet de son crâne et de fins yeux noirs au regard sévère. Elle respirait la beauté et l'assurance. Et le Seviper.

En effet, toute sa tenue rappelait le Pokémon Poison : son chemisier mauve pastel était agrémenté d'un léger foulard rouge noué autour de son coup et ressortait grâce à de grandes boucles d'oreilles créoles jaunes ; un bermuda noir bouffant aux coutures et à la ceinture jaune complétait son déguisement avec des ballerines violettes.

- Je ne vous ai pas oublié, dit Agatha. Mais il me serait beaucoup plus facile pour me souvenir de vous que j'ai un prénom à associer à votre visage.
- Je m'appelle Charline. Et je suis venue jusqu'ici pour vous défier.
- Moi aussi, fit remarquer Peter. Mais j'ai cru comprendre que vos Pokémon ont trop combattu pour aujourd'hui, c'est ça ?
- En effet.
- Bon bah c'est pas grave, on va flâner et on repassera demain. C'est bon pour vous ? demanda-t-il à ses compagnons de route.
- Bien sûr.
- Pas l'choix.
- Tu laisses déjà tomber ? demanda Charline, les bras croisés sur sa poitrine, défiante.

Peter se raidit face à l'attitude de la brune. Elle semblait agressive et, pourtant, quelque chose dans sa moue l'incitait à répondre à la provocation.

- Bah oui. A part en les dopants, je ne vois pas comment on pourrait remettre les Pokémon d'Agatha sur pied avant demain.
- Effectivement. Mais je pensais plutôt à un arrangement à l'amiable.
- Je ne négocie pas avec les Gijinka.
- Je ne suis PAS une GIJINKA !! s'emporta Charline.
- C'est quoi un Gijinka ? demanda Sandra à Edgar.
- C'est, dans la mythologie Pokémon, un être humain qui possèderait tous les attributs physiques d'un Pokémon.
- Dans ta bouche, ça sonne comme un truc obscène.
- Quel que soit le service que je te rendrais, je crois que je n'en tirerai que reproche et condescendance.
- Tu mérites que ça. Et sinon, c'est quoi ton arrangement ?

Charline se tut et s'approcha de Sandra avec l'air d'une conspiratrice ; Peter ne savait pas s'il devait se sentir soulagé de la voir se calmer ou déçu qu'elle s'éloigne.

- Agatha, je vous propose de juger le combat que Peter et moi allons livrer. Selon nos performances, vous déciderez lequel de nous deux mérite le plus votre badge. Si vous êtes d'accord.
- Hey mais pourquoi j'accepterai de me battre contre toi !?
- Si tu veux un badge facile, c'est le mieux que tu aies à faire.
- Mais je ne veux pas d'un badge facile !
- C'est pas le souvenir que la visite rendue à Koga m'a laissé… rappela distraitement Sandra.

Agatha semblait peser le pour et le contre.

- Combien de badges de la région avez-vous ?
- Je n'en ai qu'un seul pour l'instant : le badge Ame.
- Aucun, répondit Charline.
- Pourquoi avoir décidé de commencer la quête des badges par la dernière arène de Kanto ? poursuivit Agatha.
- Qui peut le plus peut le moins, philosopha Charline.
- J'avais envie de faire du vélo, avoua tranquillement Peter.

Tout le monde fut intrigué par cette réponse à l'exception de Sandra qui, pour le coup, prenait carrément son cousin pour un con.

- Ah mais moi j'croyais que tu voulais passer directement de Parmanie à Bourg-Palette pour suivre le trajet classique. Argenta, Azuria… tout ça quoi !
- Non. J'y connaissais rien en dressage et en arène, moi. Alors quand je me suis demandé : « Par l'arène de quelle ville commencer ? », j'ai pris une décision en fonction de l'envie du moment ; et j'avais envie de vélo, donc j'ai pris la piste cyclable.
- L'acquisition de ce badge ne sera peut-être pas aussi facile que ça finalement, ricana Charline.
- Je crois que le Professeur Chen a commis une erreur de jugement en m'envoyant faire mes recherches en votre compagnie…
- ALLEZ TOUS CHIER ! Sauf vous Agatha. Vous êtes sympa, vous. Mais les autres, merde !
- Alors j'accepte l'arrangement de Charline. Ça promet d'être follement amusant, décida la championne en affichant un sourire carnassier.

Au lieu de se diriger vers le terrain, Peter suivit Edgar et Sandra vers les tribunes et leur confia sa couveuse. Charline s'était arrêtée, se demandant ce que faisait son adversaire.

- C'est un œuf de Pokémon ?
- Non, c'est un Kinder Surprise.
- …
- Bien sûr que c'est un œuf de Pokémon ; un Kinder fondrait dans une couveuse.
- Te moquer de moi te vaudra la pâtée du siècle, Peter, le prévint Charline de son sourire provocateur.
- Dans tes rêves, Charline. Je t'en prie, les femmes d'abord. Choisis ton Pokémon la première.
- Alors je choisis Seviper !
- Et moi, Magicarpe ! Mais après que le bassin ait été ouvert…

Un Seviper bagarreur apparu aux côtés de Charline alors que le Magicarpe de Peter barbotait paisiblement dans le bassin au centre du stade.

- Ce match se déroulera en trois manches, expliqua Agatha.
- Euh… je n'ai que deux Pokémon, avoua Peter.
- Utilise ton œuf, ricana Charline.
- Alors ce sera en deux manches. Commencez ! enjoint Agatha.
- Seviper, Toxik !
- Plonge pour esquiver Magicarpe !
- Mauvaise idée, Peter. Le venin de mon Seviper va se mélanger à l'eau du bassin et ton Magicarpe sera tout de même empoisonné.

L'eau du bassin tourna au violet clair et Magicarpe remonta à la surface, souffrant.

- Espèce de sale profiteuse !
- Merci du compliment, sourit Charline.
- Quel compliment ? Je t'en veux, là !
- Peut-être, mais au moins tu reconnais mon sens tactique. C'est à ton tour, Peter.
- Oui, c'est bon, j'suis au courant ! Magicarpe ! Rebond !

Magicarpe sauta hors de l'eau en direction de Seviper mais sans grand enthousiasme.

- Seviper, finis-en avec Lance-Flammes.

Le Seviper s'exécuta calmement et arrosa Magicarpe d'un feu nourri alors qu'il était encore dans les airs. La force du jet de flamme renvoya le Pokémon Eau dans le bassin et le mit aussitôt KO.

- Première manche pour Charline, commenta Agatha. Rappelez vos Pokémon et envoyez les suivants.

Peter envoya Minidraco se frotter au Lianaja provocateur que Charline venait de faire apparaître.

- J'ai l'impression que c'est mal parti pour lui, prévit Sandra.
- Un Lianaja… voyons voir ce qu'il donne… marmonna Edgar.
- Hé ! T'es de quel côté !?
- De celui du beau combat, parti que Peter ne semble pas encore avoir rejoint. Le coup du Magicarpe avec Rebond a-t-il déjà porté ses fruits au moins une fois ?
- A l'arène de Parmanie, ça lui a permis d'avoir un badge, donc oui.
- Mhh…
- Minidraco, utilise Draco-Rage !
- Contre avec Phytomixeur, Lianaja !

Minidraco souffla une gerbe de flammes bleutées, mais Lianaja s'en protégea grâce au violent tourbillon de feuilles dont il s'était entouré ; la Draco-Rage se mélangea aux feuilles qui cerclaient Lianaja pour former un sublime ouragan vert, bleu et pourpre.

- Lianaja, écrase-le avec Tempêteverte !

Le Pokémon Plante renvoya toutes les précédentes attaques sur son adversaire d'un seul coup ! La bourrasque fut telle que Minidraco fut emporté par les vents et s'envola vers son dresseur ; Peter eu juste ce qu'il fallait de réflexes pour le rattraper au vol avant qu'il ne s'écrase au sol.

- Mais t'es pas bien !?! beugla-t-il, effrayé par la force tranquille de Charline.
- C'est toi qui n'est pas bien de vouloir faire participer des Pokémon aussi faibles à des combats d'arène ! Tu as pensé aux blessures qu'ils encourraient !?
- Vous êtes tous les deux inconscients.

Peter et Charline se tournèrent vers Agatha qui venait de commenter leur façon de combattre. Elle s'approchait d'eux d'une démarche raide, le regard sévère.

- Je vous demande pardon ? s'exclama Charline.
- Non. C'est à vos Pokémon que vous devriez demander pardon, tout comme Peter. Avez-vous au moins conscience des dangers que vous avez tous les deux fait encourir à vos Pokémon en échangeant seulement quatre attaques !?
- Je connais mes limites ainsi que celles de mes Pokémon ! se justifia Charline.
- Pourtant, vous n'avez pas hésité à mettre votre Lianaja en danger en lui faisant canaliser l'attaque Dragon d'un autre Pokémon. Sans parler de l'attaque Lance-Flammes à la puissance démesurée que vous avez déployé pour mettre le Magicarpe de Peter KO. Et vous Peter ! Si vous tenez à ce que vos Pokémon vivent longtemps, je vous conseille vivement de les entrainer plus sérieusement avant de les faire combattre dans des matchs officiels !

Charline était rouge de colère de se voir ainsi rabaissée. Peter, quant à lui, était désolé pour ses Pokémon meurtris. Bien que blessé dans sa fierté, il ne pouvait qu'être d'accord avec Agatha. Il se contenta de rappeler ses Pokémon dans leur Pokéball et se releva, la tête basse.

- Inutile de vous faire attendre d'avantage : vous aurez compris que je ne donnerai mon badge a aucun d'entre vous.
- De quoi !? s'emporta Charline. Ce n'est pas ce qui était prévu !
- Avant de me proposer votre accord à la va-vite, vous auriez dû en vérifier les termes plus méticuleusement. Et ce dernier stipulait qu'après avoir jugé votre style de combat, je devrai choisir lequel de vous deux méritait le plus mon badge ; il n'a donc jamais été question de vous le donner.
- Mais… vous êtes pire qu'un assureur !
- Ne vous abaissez pas en insulte facile. Et pour information, même si aucun de vous ne mérite encore mon badge, ni n'est même en état de remporter un match contre moi, c'est vous qui êtes le plus susceptible de l'obtenir, Charline ; je dois avouer que votre force m'impressionne. Comment une dresseuse sans aucun badge d'à peine vingt ans peut avoir une telle maîtrise des combats ?

Charline prit son air de conspiratrice des grands jours.

- Ehé… vous aussi vous devriez faire attention aux termes que vous employez. Je n'ai aucun badge de la région de Kanto ; cependant, j'ai obtenu les huit badges d'Hoenn l'année dernière, et je suis arrivée jusqu'au 16ème de finale de leur ligue. Et je n'ai pas vingt ans, mais dix-neuf.
- Alors tu m'as piégé !? s'exclama Peter, sortit de sa léthargie.
- Bien sûr que non. C'est toi qui ne m'as pas demandé de détails avant d'accepter de te battre. Je n'ai pas menti.
- Garce.
- Ne m'insulte pas, ça m'excite !

Pour le coup, Peter se sentit carrément embarrassé. Agatha riait de sa gêne autant que Charline s'en jouait.

- Bon, je vais y aller, dit-elle, enjouée. Merci pour ce match, Peter. Je reviendrai vous voir d'ici un ou deux mois Agatha. Claquez pas avant mon retour.
- Je te remercie pour ta sollicitude Charline, marmonna Agatha. Fait bonne route.
- La prochaine fois qu'on se voit, je te mettrai la branlée du siècle ! s'enorgueilli Peter en pointant Charline du doigt.
- Tu risques d'attendre longtemps, mon pauvre.
- Pas si longtemps que ça, en fait.

Edgar était descendu des tribunes pour se placer à une des extrémités du terrain, prêt à se battre.

- Excusez-moi si je vous prends au dépourvu, Charline, mais je souhaiterai étayer certaines de mes théories en faisant un match contre votre Lianaja. Puis-je ?
- Et pourquoi j'accepterai ? se méfie-t-elle.

Edgar ouvrit une Pokéball et en libéra un Vipélierre débordant d'énergie.

- Vous n'allez tout de même pas avoir peur de la pré-évolution de votre Pokémon, si ?
- Aha ! T'as peur de rien, toi. Prépare toi à morde la poussière !

Charline revint se placer aux abords du terrain en compagnie de son Lianaja. Peter, interloqué, monta dans les tribunes pour s'assoir à côté de Sandra.

- Qu'est-ce qu'il nous fait Edgar, tu le sais toi ?
- Non, j'sais pas. Comme si un gratte-papier comme lui pouvait la battre…
- Peut-être qu'il veut me venger ?
- J'suis pas sûre. Pendant que tu te battais, il était vachement intéressé par ce Lianaja. Et il a dit qu'il voulait tester une de ces théories ; il en a vaguement parlé sur la route, mais je m'en rappelle plus.
- Cette théorie est celle des capacités pré-évolutives, précisa Edgar depuis le terrain. Quitte à discuter de moi dans mon dos, au moins faites-le à voix basse, que je ne vous entende pas. A vous Charline, je vous en prie.
- Eh oh, c'est bon, arrête de me vouvoyer, j'ai l'impression d'être une vieille.

Agatha tiqua un peu à la remarque. « C'est gentil pour moi ; tout le monde me vouvoie… »

- Lianaja ! Phytomixeur !

Lianaja s'entoura aussitôt d'une immense spirale de feuilles, mais il tint la position un moment avant de se décider à lancer l'assaut. Edgar en profita pour se préparer à le recevoir.

- Vipélierre, utilise donc Plénitude.

Le petit Sepenterbe se détendit et luit d'une légère teinte rosée. Quand le Phytomixeur s'abattit sur lui, il l'encaissa avec détachement et abnégation, sans même vaciller.

- Ah, le fourbe ! Lianaja, utilise Croissance.

La collerette du Pokémon de Charline s'illumina d'une lumière dorée qui sembla lui donner des forces.

- Ce sera tout ? se moqua Edgar. Vipélierre, Enroulement.

Le Pokémon Plante se lova en enfouissant sa tête sous son flanc et scintilla d'un flash pourpre aveuglant. Quand il se releva, sa peau semblait luire comme du métal poli.

- Wouah ! Impressionnant, le gratifia Agatha. Je n'avais jamais vu un Pokémon de premier stade utiliser des améliorations de statut avec autant de talent.
- Là est tout l'intérêt de mes recherches.
- Te la pète pas trop quand même ! Lianaja ! Giga-Sangsue !

Lianaja s'exécuta et se concentra pour absorber l'énergie vitale de son adversaire à distance.

- Bonne idée. Meilleure sera la santé de ton Pokémon, plus puissante sera mon attaque. Vipélierre, Essorage !

La vipère fonça à toute allure sur Lianaja et s'enroula autour de lui à une vitesse vertigineuse ; ne cessant de bouger sur le corps de son adversaire, ce dernier ne pouvait se défaire des constrictions de Vipélierre.

Quand enfin l'attaque prit fin, Lianaja était épuisé et tenait difficilement debout.

- Lianaja, Ligotage ! Pleine puissance !
- Dommage…

Comme Lianaja fonçait sur Vipélierre, ce dernier attendait patiemment son arrivée. Et lorsque le plus grand des serpents enroula ses anneaux autours du plus petit…

- Finis-en avec Aéropique, Vipélierre.

C'est le plus grand des deux qui souffrit le plus de leur promiscuité. Alors que Lianaja étreignait Vipélierre, celui-ci parvint à se libérer en se contorsionnant et gratifia son assaillant d'une solide entaille de sa queue feuillue.

Lianaja s'écroula, épuisé, mais toujours conscient.

- Non, non, non ! Lianaja !

Des applaudissements retentirent dans le stade. Agatha était sincèrement impressionnée par la performance du jeune chercheur. Elle descendit à sa rencontre en compagnie de Peter et Sandra, tous deux étonnés de la force cachée de leur compagnon.

- Incroyable ! Je n'avais encore jamais vu un Vipélierre dégager une telle force et pareille assurance. Comment avez-vous réussi à lui apprendre Aéropique aussi jeune ?
- C'est justement sa jeunesse qui m'a permis cet exploit. Voyez-vous, plus un Pokémon est jeune en âge et en stade évolutif, plus la plasticité de son cerveau est grande. En d'autres termes, plus ses capacités d'adaptation et d'apprentissage sont importantes.
- Incroyable ! En tout cas, comprenez bien que de vous tous c'est bien vous, Edgar, qui avez le plus retenu mon attention et, peut-être même, forcé mon admiration pour votre style de dressage.
- Merci bien.

Edgar rappela Vipélierre et se tourna vers Peter et Sandra, un grand sourire sur les lèvres.

- Peter, te voilà vengé. Quant à toi Sandra, sais-tu ce qu'il te dit le gratte-papier ?
- Euh… non.
- Qu'à l'avenir, tu ferais bien d'écouter ses conseils en matière de dressage.

Alors que Sandra mésestimait les atouts d'Edgar avec force cris, Agatha s'approcha de Peter et Charline.

- Je pense que vous irez loin, vous deux. Mais à la condition que vous preniez conscience de vos erreurs et que vous y palliez. Charline.
- Oui ?
- Tu es forte ; mais peut-être un peu trop brutale. Cherche à assouplir d'avantage cette force afin de la rendre moins prévisible et plus versatile dans ses utilisations.
- Je ferai tout ce qu'il faudra pour vous battre, sourit-elle.
- C'est bien. C'est ce caractère qu'il faut avoir. Quant à toi Peter…
- Qu'est-ce que j'ai fait ?
- Rien de mal, rassure-toi. Mais lors des jours avenirs, écoute bien les conseils d'Edgar et applique-les. Ce garçon pourrait bien être la personne la plus à même de te fournir des bases solides en matière de dressage; mais pour cela, il faudra que tu abandonnes ta fierté de jeune dresseur pour te plier à son enseignement.
- Fierté ? Quelle fierté ?

Peter se tourna vers Edgar.

- Edgar !
- Qu'y a-t-il ? s'étonna l'intéressé, interrompu dans ses chamailleries.
- T'accepterai d'être mon coach ?

Edgar fit solennellement face à Peter, un petit sourire sur le visage, et dit :

- Enfin ! Il était temps que tu me le demande. Prépare-toi à souffrir…