Entre Ciel et Terre
• 15 janvier 1999, 5h23
Huit mois. Huit mois, dix jours, dix-neuf heures et vingt trois minutes... Qu'importent les secondes à présent.
J'ai froid. Je suis à bouts de forces.
Dehors, le vent souffle en rafales et charrie un flot incessant de grêlons, larges et épais comme un poing d'homme, durs comme du marbre et aiguisés comme un croc. Je les entends marteler la montagne comme des tambours de guerre. Le raffut est presque insoutenable. Quand allons nous pouvoir sortir d'ici ? Quand pourrons nous quitter cette grotte qui nous tient à l'abri ? Sera t-elle notre ultime prison ? Qui ai-je bien pu offenser pour que le blizzard se déchaîne ainsi ?
Mes réserves s'amenuisent. Mon pauvre Givrali a beau tenter de me réchauffer, de se montrer infaillible, je sens bien que ses forces, à l'image de nos provisions, déclinent, un peu plus d'heure en heure. Il refuse de me laisser. Il refuse que je le relâche. Il veut rester jusqu'au bout. Au diable l'orgueil blessé, au diable mes vaines espérances. Quelle injustice. Je n'ai même pas atteint mon but. Pourrait-on dire que je l'ai effleuré ? J'en doute sérieusement. La colère et la prétention me rongeaient. Maintenant, je sens qu'elles se sont évanouies, laissant place à de l'humilité pure. Bien trop tard. Malheureusement.
***
Je vis dans un écrin de silence. Chaque son me revient de façon sourde, sournoise. C'est un peu comme si j'étais enveloppé de feutrine ou de coton. Peut-être ne suis-je pas normal ? Pas comme les autres. Je suis défaillant. Ce doit être pour cette raison que l'on m'a mis à l'écart de toute chose. Je suis si seul.
Je rêve d'aventure, je rêve d'ailleurs. Je suis coincé ici, enchainé, pris au piège. La peur me noue l'estomac, je commence à frissonner.
Soudain, on bouge autour de ma bulle. Quelque chose se déplace. J'entends un battement. C'est grave et rassurant comme une caresse. Tendre, tiède. Une douce quiétude m'envahit. Je sais à présent que je suis en sécurité. C'est bon de se savoir à l'abri du moindre danger. Mais, est-ce acquis ? Et si c'est le cas, saurai-je m'en satisfaire encore longtemps ?
***
Le gèle enrobe mes cheveux petit à petit, formant des cônes et des gouttelettes de givre. Je m'en serais amusée si la situation l'avait permis. Or, ce n'est pas le cas. Je fais rentrer Givrali dans sa pokéball malgré ses plaintes : au moins, il sera au chaud et en sécurité, lui. Je le libérerai quand mon heure sera venue. Je suis certaine qu'il pourra s'échapper et continuer à vivre pour moi. Peut-être même qu'il trouvera un gentil dresseur qui saura lui apporter tout l'amour dont il a besoin. Toute l'affection qu'il mérite. J'en profite pour réfléchir à ma vie, à ceux que j'ai fait souffrir, à ceux que j'ai aidé peut-être, à ceux que j'ai perdu. Un sourire se pose sur mes lèvres. Mine de rien, c'était bien l'époque où tout était simple. Où aucun obstacle ne venait se poser en travers de mon chemin. J'aurais aimé prendre conscience de la beauté de la vie quand mes yeux pouvaient encore la dévorer. Mais il est trop tard. J'ai échoué et je suis si déçue que mon frère ne puisse voir à quel point j'ai essayé d'être celle qu'on remarquerait.
Mes paupières sont sur le point de se fermer. Je ne vais pas tarder à dormir éternellement. J'ai tellement besoin de... repos...
Il y a de moins en moins de bruit... Est-ce réellement si bon de mourir ? Est-ce si tranquille la mort ? Dans ma paume, la pokéball de Givrali s'agite. Je rouvre les yeux : c'est presque un effort surhumain. Je jette un regard dehors. Je crois rêver.
Le jour se lève.
Le blizzard s'est arrêté.
Mon cœur connait un regain d'espoir. Je tousse. Ma poitrine endolorie se soulève violemment au rythme de ma gorge qui se contracte. Je ne peux empêcher les larmes de couler, elle gèlent tout de suite sur mes joues glacées. Tout n'est pas perdu. Je vis. Givrali est sorti seul de sa ball et me mordille la manche. Il a raison, je dois sortir de ma torpeur et saisir ma chance ! Nous devons nous mettre en chemin vers la maison ! Oublier ces sornettes et repartir du bon pied ! Il y aura bien d'autres façons de montrer à ma famille que je peux être quelqu'un.
J'engloutis les dernières baies séchées qui me restent, je saisis mon équipement, frictionne les cordes gelées, enfile mon baudrier et m'assure le plus vite possible, avant que la tempête ne reparte de plus belle !
Je suis soulagée, j'ai frôlé la mort et par clémence, les éléments m'ont épargnée : ce n'est certainement pour me pousser à crapahuter là où je ne devrais pas. Je commence la descente de la montagne. Givrali sur le dos. Je jette un ultime regard vers le sommet... Je suis si près du but... quand une question frappe mon esprit. Pourquoi suis-je entrain de descendre ? Je suis à mi chemin. C'est mon avenir qui m'attend là haut ! Au diable les éléments ! Il faut monter !
Un feu nouveau brûle en moi. Je sais que quelque chose se terre là bas. Je le sens au plus profond de mon être. « Je te montrerai mon frère ! Je te montrerai que je suis aussi douée que toi ! »
***
Je m'apprête à m'endormir quand je sens qu'on m'abandonne. Je vois des formes bouger. Plusieurs formes massives. Mon cœur s'emballe. Un danger approche ! Je me sens plus fort, j'ai l'impression que mon corps se réchauffe. Peut-être suis-je finalement destiné à vivre hors de cet étrange lieu. Mon destin approche. Ma liberté. Des ondes de colère me reviennent. On s'agite. Dois-je être inquiet ? Comment expliquer l'excitation que j'éprouve ? Comment la traduire ? La montrer au monde entier ? Je hurle, je me débats mais il est trop tôt. Pourtant, il ne me reste plus longtemps à attendre, c'est évident.
***
J'escalade de plus belle. Deux heures, dans deux heures, je serai là haut. Dans deux heures, je saurai si je suis assez forte pour réussir et aller jusqu'au bout ! Que vais-je trouver là où la Terre et le ciel convolent ?
Mes muscles raides se détendent, se réchauffent, je sens que je vais de plus en plus vite. L'excitation me gagne, l'adrénaline me donne des ailes. Elle est dévorante et mêle ses humeurs à la sueur de mon front. Je serre les dents. Mes jointures sont transies. Je souffre mais je me sens vivante.
***
Il n'y a plus personne autour de moi. Plus aucune forme. Elles sont toutes parties. Je suis à nouveau seul. Abandonné.
***
J'y suis presque. Mes mains sont éraflées, mon souffle est court, une charge énorme pèse sur mes poumons sifflant comme une locomotive lancée à toute vapeur. Encore un effort.
***
Je pleure, j'ai mal. J'ai espéré que cela arrive mais c'est peine perdue. Je vais mourir seul ici.
***
Un mètre, deux mètres. Ça y est !
***
Pourvu qu'on me laisse voir le ciel, juste une fois...
***
Je me hisse avec peine et pose un genou à terre, haletante. Je suis trempée, le froid dévore la peau que manteau, gants et autres vêtements ne peuvent protéger. Je suis en lambeaux, à bout de forces mais je suis au sommet. Je l'ai fait.
***
Le sol vibre. Cette fois ci, je l'entends distinctement. Ils sont revenus ! Attendez... ces vibrations sont moins fortes que celles auxquelles je suis habitué. Un intrus est là ! Ma destinée est plus proche de moi qu'elle ne l'a jamais été.
***
Je n'ai pas le temps de déguster l'immense plaisir du repos mérité que déjà le soleil s'obscurcit. Je ne comprends pas... Il était si brillant. Si chaud. Je me retourne... Je suis paralysée.
J'avais si souvent entendu parler de ces pokémon merveilleux, de ces géants du ciel bravant tous les temps, tous les dangers, féroces et fiers, n'accordant leur confiance qu'aux dresseurs au cœur pur. Ces bêtes mystiques, crachant le feu, la foudre, maitrisant l'air et les énergies célestes. Je me revois encore, chapardant des livres épais et finement reliés dans les étagères de mon frère. Je me souviens encore de la sensation que j'éprouvais en glissant mes doigts sur la couverture, puis sur les pages jaunies. Je me rappelle leur odeur, mélange de naphtaline et de sucre. De bois et de miel. Je vois encore les illustrations ciselées qui ornaient délicatement les pages. Et par dessus tout, je garde en mémoire chaque ligne que j'ai pu lire.
Je me souviens des entrainements de mon frère, ceux auxquels mes parents assistaient avec ferveur et passion et auxquels il m'était interdit de prendre part d'une quelconque manière. C'était « trop dangereux ». Je me cachais alors dans un coin et je tentais d'observer en dépit de leur bon vouloir. Mes parents. Lui. Ses pokémon étaient si puissants.
Et à présent, voici que j'avais un dragon en face de moi, un Drattak. Le fameux pokémon que je m'étais tant de fois amusée à mener au combat dans ma chambre ou en espionnant celui de mon frère. Comment exprimer avec de simples mots toutes les émotions qui ont explosé en moi à ce moment ? Comment rendre concrète cette tambouille chargée de choses que je pouvais ressentir en me retrouvant face au rêve de toute ma jeunesse ? Peur, fascination, crainte, excitation, bonheur, nostalgie, passion, terreur, surprise...
Il était si beau avec ces larges ailes rouges puissantes, ce corps bleu musculeux, ces pattes griffues et terrifiantes, cette tête altière et impitoyable, ce regard flamboyant empreint de méfiance et d'intelligence. Je ne pouvais ni bouger, ni réfléchir. C'était à peine si je m'autorisais à respirer. De la fumée sortit brutalement des naseaux de la bête et je reculai malgré moi.
« Écoute, je ne veux pas me battre. Je viens en paix. Je ne ferai de mal à aucun d'entre vous. Je veux juste prouver ma valeur.
- Menteuse. Menteuse comme bon nombre de tes semblables. Tu mourras de mes griffes et de mes crocs. »
La bête fondit vers moi avec la rapidité d'un Galopa lancé à pleine vitesse. Je ne pouvais toujours pas bouger, clouée au sol par ce mélange létal de peur et d'excitation. Ce fut Givrali qui, une nouvelle fois vint à mon secours. Un Laser Glace jaillit de sa gueule, pour venir s'interposer entre le dragon et moi. Je sursautai et repris possession de mes moyens. C'était le moment ou jamais.
« Je ne veux pas me battre, répétai-je. Mais si l'on m'attaque, je me défends ! Givrali, Éclats Glace ! »
Le pokémon s'exécuta. Plusieurs morceaux de glace fendirent l'air jusqu'à Drattak et éraflèrent sa joue et son aile gauche. Furieux, le dragon riposta violemment avec une attaque Dracogriffe. Givrali l'évita de peu, rebondissant sur ses pattes avant d'atterrir sur le dos du Drattak.
« Morsure, Givrali ! »
Pendant ce temps, une dizaine de Drattak affluait autour de nous. Je me mis à craindre qu'ils n'attaquent tous en même temps et si tel était le cas, je me maudirais une fois au Paradis d'avoir voulu monter au lieu de descendre. Curieusement, tous se tenaient à distance, comme s'ils respectaient le combat que leur congénère était entrain de livrer, comme si c'était le sien et pas le leur. Ou comme s'ils savaient que ma mort serait plus rapide et moins drôle s'ils s'y mettaient à plusieurs. Néanmoins, l'idée d'avoir des spectateurs me galvanisa et fit redoubler cette détermination qui dévorait maintenant la moindre parcelle de mon corps.
Givrali bondit du dos du Drattak et revint à mes côtés.
« Givrali, Blizzard ! »
L'attaque fut évitée sans aucun problème par Drattak qui en retour percuta Givrali d'une Dracocharge impressionnante suivie d'une attaque Déflagration dévastatrice. Tout autour de moi, la neige se transforma en eau tiède. Mon pokémon n'avait pu fuir assez vite, sa patte arrière avait été méchamment touchée. Une attaque de plus et nous pouvions dire adieu à la vie, pour de bon cette fois ci.
Je n'étais plus convaincue de rien. J'avais étudié longtemps à l'INDPK, l'Institut National des Dresseurs Pokémon de Kanto : on nous y apprenait bien sur que le type Glace était la faiblesse première du type Dragon... mais ce que nos professeurs binoclards et huppés, ayant testé le terrain deux fois dans leur vie, avaient omis de nous dire, c'était qu'un Pokémon peut parfois s'endurcir et s'immuniser en vivant au contact de l'élément qu'il craint.
Comment ce Drattak, ayant vécu toute sa vie dans le frimas, le froid, la neige et le blizzard pouvait-il craindre une attaque glace ? Je me sentis vraiment stupide ! Je ne réfléchissais pas ! Il fallait le battre à son propre jeu. Givrali était à bout de forces mais je priai pour qu'il tienne encore quelques secondes. J'avais une idée !
Drattak contemplait son œuvre. Ses flancs se soulevaient en rythme tandis que de la fumée sortait toujours de ses naseaux. Cette posture, les pattes plantées dans le sol, les ailes complètement détendues... Il allait charger. C'était évident.
Le moment idéal. Drattak entama sa course, banda ses muscles tout en martelant la terre de ses griffes scintillantes et piqua vers Givrali... Nous n'avions eu que très peu l'occasion de tester cette technique mais elle devait marcher !
***
Il y a beaucoup trop d'agitation dehors ! J'ai peur, je hurle à nouveau dans l'espoir que l'on m'entende. Je prends vite conscience que personne ne pourra me répondre. Malgré le coton qui m'enveloppe, le brouhaha est assourdissant. Que se passe t-il ?
***
« Givrali, tu es prêt ? Voile Miroir, maintenant ! »
Le pokémon se mit à briller. Une voile irisé l'entoura. C'était magnifique. Le Drattak ayant pris trop de vitesse ne parvint à ralentir : il percuta Givrali glace de plein fouet... et fut projeté une dizaine de mètres plus loin. Silence. Un grondement sourd monta en écho comme un requiem. Les Drattak chantaient.
Je serrai le poing, prête à prendre Givrali dans les bras et à m'enfuir aussi vite que je pouvais mais le dragon ne se releva pas.
***
Ça y est, le calme est revenu. Je veux voir, je veux voir ! Laissez moi sortir ! Que se passe t-il enfin ?
***
Drattak était vaincu. Je venais de battre un des Grands Dragons du Mont Sélénite. J'essuyais machinalement mes mains contre mes cuisses, moites d'angoisse, de fierté, je ne savais pas trop. Je les portai ensuite à mon buste et exerçai une pression forte, comme pour empêcher mon cœur de sortir de ma cage thoracique. Mes jambes ne me portaient plus. Je tombai à genoux dans l'eau qui se cristallisait petit à petit, formant une plaque fine et luisante au sommet de la montagne. Givrali vint se blottir contre moi et fourra son museau dans mon cou. Cela me chatouilla et me fit rire. Mes muscles se détendirent alors que des éclats de voix s'extirpaient de ma bouche, me délivrant du poids de tout ce que j'avais vécu au cours de ces derniers mois.
Je tentai finalement de bander la patte de mon compagnon avec un bout de lin arraché de ma chemise, gardant toujours un œil sur le dragon étendu au sol. Puis mon regard se tourna vers les Drattak, toujours en suspension dans les airs, ballotés légèrement par les courants tièdes de ce début de matinée...
« Je ne voulais pas me battre, mais on m'y a poussé et j'ai gagné ! Si vous êtes aussi sages que l'on dit, reconnaissez votre défaite ! Ou attaquez moi lâchement alors que ni moi, ni mon pokémon ne pouvons plus nous défendre ! »
Aucun d'eux ne broncha. Ils se contentèrent de se poser en douceur. Je me relevai, me dirigeai vers le Drattak allongé et sortit une Pokéball vide de ma poche. J'allais appuyer sur le bouton quand mon doigt se bloqua. Je criais à la lâcheté et j'allais retirer cette pauvre bête de son habitat ? J'en fus incapable. Je tombai à genoux à ses côtés. Incapable d'aller au bout des choses, je n'aurais aucune preuve.
Soudain, quelque chose attira alors mon attention. Derrière le dragon, presque entièrement recouvert de cailloux et d'herbes sèches se trouvait... un œuf ! La pierre blanche de la taille d'un Voltorbe avait été cachée au chaud sous une chape de pierre noire. Je n'en avais encore jamais vu mais je devinai instantanément ce que c'était. Fascinée, j'approchai une main vers lui. Derrière moi retentit un grognement inquiet. C'était le Drattak que je venais de battre. Sans me laisser perturber, j'avançai encore un peu plus. Jusqu'à ce que la pulpe de mon doigt touche la coquille.
Une décharge parcourut tout mon corps et je fus violemment projetée en arrière.
***
Les parois de mon écrin se fissurent. La lumière entre. Je respire pour la première fois. Mes oreilles bourdonnent. Je sens tellement de choses autour de moi. J'ouvre faiblement les yeux. Tout est nouveau, tout m'attire, tout me fait envie. J'aspire à grandes goulées l'air pur qui permet à mon corps de vivre.
Le Monde. C'est le Monde.
Une jeune fille aux cheveux de feu me regarde de loin, éberluée. C'était donc elle ma destinée.
***
J'étais en face d'un Draby nouveau né. Je l'observai un long moment prendre conscience de tout ce qui l'entourait. Il effectua ses premiers pas, trébucha pour la première fois, tenta de briser un rocher pour la première fois. A l'INDPK, on n'apprenait pas non plus que lorsqu'un Pokémon naissait « pour nous », la relation qui allait en découler serait unique, éternelle et comparable à aucune autre, si ce n'est celle que l'on noue avec le premier Pokémon que l'on reçoit.
Le Draby me lança un regard d'une profondeur troublante. Il s'avança vers moi et se mit en position de combat. Je souris. C'était tellement palpitant. Finalement, j'irai au bout !
Je jetai une Pokéball vide de toutes mes forces, avec la meilleure volonté et la passion du Monde. Draby y entra.
L'attente me parut interminable. La ball bougeait sans cesse : de droite à gauche, de gauche à droite, de droite à gauche... Je ne respirais plus, j'étais aussi immobile qu'une statue et Draby me faisait languir. Je savais pertinemment comment il se sentait, je l'imaginais les sourcils froncés, le regard déterminé et un léger sourire provocant aux lèvres. Allait-il rester dans cette ball ? Oui, c'était inévitable !
Finalement, plusieurs minutes plus tard, la ball s'immobilisa. Pour de bon.
***
Maintenant, voyons voir si tu seras digne de moi, Mauryn, ma Destinée.
• 5 mai 1998, 10h
Papa, Maman. Aujourd'hui, j'ai 16 ans. Aujourd'hui, vous avez encore oublié mon anniversaire. Il a fallu que mon frère vous le rappelle, comme toujours. Ça m'a poussée à prendre une décision. Aujourd'hui, je pars pour un long voyage. J'en ai marre qu'on me traite comme une gamine, marre d'être seulement une sœur, une fille au milieu des autres, de grandir dans l'ombre d'un frère que tout le monde adore. Je vais vous montrer que je suis aussi douée que lui. J'ai son affection, mais pas la vôtre.
Peut-être que ce sera dur, peut-être que j'y arriverai pas. Peut-être que je vais revenir sans rien pour cette fois mais sachez que je le battrai un jour. Je sais pas quand, ni comment mais croyez moi, j'en fais la promesse, je vous prouverai que je peux être super forte, que je peux être enfin quelqu'un.
Aujourd'hui, je quitte la maison. Vous ne pourrez pas me retrouver et me ramener avant que j'ai réussi. Faut pas avoir peur, je suis avec Givrali.
Mon frère : comme toi, j'irai au mont Sélénite, là où est révélée la « véritable force des dresseurs ». c'est toi même qui le dit. Là où nichent les grands dragons. Je braverai le froid, les ombres, la chaleur, les dangers. Je serai plus la « sœur de », je serai Mauryn, dresseuse de dragons.
J'aimerais dire que je vous aime mais je vous en veux. Alors je me contenterai de vous envoyer des baisers.
Mauryn.
• 5 mai 2002, 8h50
Papa, Maman. Ça y est, j'ai 20 ans. Après quelques années de recherche, d'entraînement et de voyage à travers toutes les régions du monde, mon équipe et moi sommes prêtes à faire face à l'ultime challenge. J'ai beaucoup muri et jamais je n'oublierai le 15 janvier. Ce jour où tout à commencé, ce jour où j'ai découvert la signification du mot « dresseur ». Je vous raconterai peut-être ça en détails un jour, quand je reviendrai à la maison, victorieuse.
Je commence à me forger une réputation, les gens me connaissent, me défient, me craignent ou me remercient pour les services que je leur rends. De nouveaux dragons se sont ajoutés à ma famille. Restons dans les grandes lignes. Mon Draby est maintenant devenu un fier Drattak, puissant, terrifiant. Givrali, lui et moi sommes imbattables. Hier, c'est lui qui a infligé le coup de grâce à l'Hyporoi de cousine Sandra. Il ne reste qu'une étape à présent. Plus qu'une dizaine de minutes...
Je vous aime, malgré tout.
Mauryn.
• 5 mai 2002, 18h
Aujourd'hui, je viens de revoir mon frère, après quatre ans. Il n'a pas changé, il est toujours aussi charismatique. Je pense que je comprends ce qui a fait que vous en étiez si fiers. Il a une allure, un aplomb et un talent dont je n'avais jamais douté mais qui se révèlent lorsque lui et ses pokémon se battent ensemble.
Mais, j'ai une autre nouvelle pour vous. Je suis le nouveau Maître du Conseil des Quatre. Je l'ai fait, j'ai battu Peter.
Rien n'a changé. Enfin, si, de petites choses invisibles et non perceptibles mais elles rendent mon monde meilleur. Maman, Papa, il est temps que je rentre.
Je suis de retour, avec mon frère, Peter, main dans la main.