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La Faucheuse. de T-Tylon



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» Auteur : T-Tylon - Voir le profil
» Créé le 06/03/2011 à 02:32
» Dernière mise à jour le 06/03/2011 à 02:32

» Mots-clés :   Présence d'armes   Sinnoh   Suspense   Terreur

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Blason.
Sinnoh. Unionpolis. Centre Pokémon. 1er étage, service d'aide et de repos, chambre 118.

Vendredi 23 Avril, 01 heures 57 minutes.


Lentement, péniblement, elle commençait à revenir à elle, alors qu'elle sentait toujours la persistante sensation d'avoir comme un Insolourdo qui lui creusait l'arrière du crâne. Elle ouvrait les yeux, mais n'y vit qu'en flou. Elle se força à cligner des paupières plusieurs fois pour s'assurer de récupérer sa vue, mais même cet effort paraissant pourtant dérisoire réveillait d'avantage la douleur qu'elle ressentait à la tête… Tête qu'elle sentait sur un support moelleux, se sentant même au chaud sous une couette.

Le réflexe ne se fit pas attendre. Ses souvenirs de la soirée lui revenant à l'esprit, et la vue retrouvée, Shonai Mikola se releva de sa posture allongée pour toute de suite réagir à où elle se situait. Mais à peine le geste entamé, la douleur vrilla dans son crâne comme le glas d'un Archeodong, et elle ne put rien faire d'autre que de chercher à se calmer et se tenir la tête pour espérer réduire cette sensation désagréable.


«Enfin réveillée ?»

Elle se tourna vers la personne assise à côté de son lit sur une des chaises présentes dans la pièce, en reconnaissant la voix et le ton sarcastique de son propriétaire avec une pointe de soulagement.

«Je me doute que tu te poses la question, alors je te le confirme : tu es bien en vie. En chair, en os ; et même en partie en boue sur tes autres vêtements.»


Pas de rendez-vous avec la faucheuse ce soir, se prit-elle à penser avec un certain humour… Une seconde. Comment ça «ses autres vêtements» ?

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Elle posa le regard sous sa couette en la relevant, et se la remise encore plus rapidement au niveau du cou en se rendant compte qu'elle était dans une tenue, certes fonctionnelle et bien couvrante, mais trop légère à son goût. Son collègue assit sur la chaise ne put s'empêcher de rigoler légèrement à sa réaction, mais se mit à la rassurer.


«Plutôt pudique, hein ?» Releva-t-il dans l'humour. «Ne t'inquiète pas, je ne regardais pas. Il y'en a deux qui ne me l'aurait certainement pas pardonné ; déjà qu'il faut qu'ils arrivent.»

Elle déduit où ils se trouvaient et elle se détendit un peu, ainsi que sa prise sur sa couette. Même si la douleur persistait, elle devait poser la question.

«Que c'est-il passé ?»


Elle le vit tourner la tête de côté pour la regarder neutralement (elle raffermit sa prise sur sa couette instinctivement.) Puis regarda à nouveau dans le vide devant lui (pour lui expliquer sans la complexer d'avantage.)


«L'autodestruction de la base à bien eut lieu, et visiblement, d'après les premières constatations, on en récupérera rien. Heureusement, un ami fortuit a eut l'extrême obligeance de bien vouloir nous téléporter en urgence au dernier moment ; juste avant qu'on ne finisse dans un état proche de la cendre, mais en plus petit. Bon le hic, c'est qu'on s'est retrouvé transporté un peu loin de nos alliés et de toute aide disponible à des lieues à la ronde. Et que là on est à Unionpolis.»


Unionpolis ? C'est plus «qu'un peu loin» selon elle ; mais reconnaissait que c'était toujours mieux que de finir pulvérisés. Par association d'idée, en parlant de froid, de sa couette, et en le voyant porter lui aussi des vêtements différents de ceux qu'il portait durant l'opération (avec un bandage à la main) ; elle se demanda vraiment ce qu'elle avait pu manquer durant tout ce temps, et ne doutait pas qu'il allait lui en faire tout le récit.

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Mais alors qu'il s'apprêtait effectivement à tout lui raconter, la porte de la chambre se mit à résonner de trois petits coups avant qu'une infirmière ne rentre ; visiblement deux personnes en attente derrière elle de son approbation médicale avant d'en faire de même.


«Vous êtes réveillée ?» Commença-t-elle par pure forme de politesse professionnelle. «Bien. Je vous prie de bien vouloir m'excuser pour l'heure ; c'est très inhabituel pour nous d'autoriser ce genre d'exception. Mais on nous a fait comprendre qu'il y'avait des gens qui nécessitaient de vous voir de toute urgence.»


L'infirmière indiqua aux deux personnes derrière elle qu'elles pouvaient entrées. Au début un peu perplexe et méfiante de penser que «quelqu'un» pouvait venir pour eux (son collègue n'était pas là pour rien non plus) alors qu'ils se trouvaient ici totalement à l'improviste, son visage s'illumina instantanément en reconnaissant les deux personnes en question (pour avoir participée à l'opération avec eux), mais surtout les deux petites souris qui se trouvaient sur les épaules de la première à être entrée ; qui se ruèrent littéralement de leur aimable promontoire pour se jeter sur elle.


«Orio, Théa !» S'exclama-t-elle alors que les deux souris l'étreignait chacune d'un côté de son visage, aussi fort qu'elles pouvaient.

Trop contente elle aussi de les retrouver, elle ne se posa pas tout de suite la question du comment les deux jumeaux avaient pu la rejoindre. Mais leur ancien «perchoir» lui en épargna la peine.

«Il se trouvait que l'on avait une dette à payer, et que c'était la meilleure avance qu'on pouvait faire en attendant de trouver vraiment de quoi vous remercier pour vôtre aide.» Avança la championne, pendant que son aimable homologue dresseur remerciait courtoisement l'infirmière pour ses services.

«Merci beaucoup.» Fit-elle en caressant ses deux compagnons dont les larmes coulaient de joie de la retrouver.

«Vous avez fait plutôt vite.» Releva son collègue en récupérant la montre que lui rendit la championne en même temps.

«Il a fallut attendre les renforts de police de la ville pour s'occuper des prisonniers avant de pouvoir enfin souffler.» Reprit le pilier du conseil. «Mais une fois que tous les autres aéroglisseurs sont arrivés pour prendre la relève, surtout grâce au Wailisseur, on a pu leur reléguer la tâche pour retourner à nos occupations. Et il se trouvait que j'avais toujours un livre à rendre à la bibliothèque de la ville, alors j'en ai profité.» Répondit-il d'un fin sourire en indiquant la championne, tout en rehaussant ses lunettes.

«Et ses compétences en matière de transport son un peu plus précise que les vôtres, sans vouloir être vexante.» Renchérit la championne sur une légère note amusée.

«J'aurais bien aimé vous y voir ; essayez de vous téléporter en urgence à l'abri quand vous avez la pression d'être sur le point de vous faire exploser la meule.» Renvoya-t-il autant par défi que par humour. «Déjà que nôtre sauveur à eut l'incroyable geste de bien vouloir nous emporter avec lui malgré son état affaiblit, sans qu'aucun de nous ne perde un membre au passage ; si en plus le seul point négatif à en tirer est de nous avoir fait dévier à plusieurs dizaines de kilomètres à proximité d'une ville... Franchement, je ne suis tout autant que vous absolument pas en position de remettre en question ses compétences.»


La championne fit mine de s'excuser ; elle y reconnut la pointe d'humour relevée de son interlocuteur, mais aussi le sérieux et le respect qu'il demandait à l'égard du sauveur inopiné. Car mine de rien, ils lui devaient la vie. Et en ce sens, même si ça n'avait était dit sans aucune intention d'être blessante, cela dévalorisait quand même l'effort fournit par le pokémon, alors qu'il méritait vraiment d'autres égards.


«A ce propos, qu'en est-il de lui et de l'autre pokémon ?» Fit l'élite 4 en transition.

L'agent soupira un moment.

«Mal.» Résuma-t-il simplement. «Physiquement ils s'en remettront entre les mains du centre et des infirmières. Mais c'est psychologiquement que ça va être difficile, pour ne pas dire impossible.» Il soupira en perdant son sourire. «Même s'ils étaient à la limite de l'évanouissement quand vos renforts de la ville sont arrivés, ils ont émit une farouche résistance et un refus total de laisser le moindre humain ou pokémon d'humain les approcher ; et ce fut pire une fois au centre, où ils ont faillis littéralement perdre les pédales rien qu'à la vue d'une seule infirmière… En même temps, vu l'endroit d'où ils reviennent, c'est tout sauf étonnant, même naturel…»

«J'ai entendu ça dès que nous sommes entrés dans le centre. L'infirmière qui nous a guidée nous avait informée qu'elle avait contactée les services ranger de l'arène en prévision de s'occuper de pokémons maltraités ramenés d'un convoi spécial de la route 212A.» Reprit l'élite. «Elle rajouta même n'avoir jamais vu de pokémons aussi farouches et haineux des humains de toute sa vie. A part d'un seul ; le même qui parvint à les convaincre de se faire soigner… C'était vous, n'est-ce pas ?»

L'agent releva la tête vers le conseil 4 avant d'en faire un signe d'approbation.

«Et encore, vous n'imaginez pas le mal que j'ai eu pour les convaincre.» Reprit-il plus pensif. «Même si j'avais réussit à m'attirer leur confiance sur les bords, la simple idée de s'en remettre à un être humain les faisait presque préférer le suicide. Il a fallut dépêcher un Leuphorie parmi les services de soins avancés afin de permettre au Kadabra de récupérer suffisamment de force pour pouvoir s'assurer psychiquement qu'on ne les menait pas en bateau ; quand il n'a pas été à deux doigt d'utiliser cette même force pour évacuer sa rage sur n'importe qui se trouvant à moins d'un mètre de lui. Ensuite il put convaincre l'Evoli à son tour. Mais il a émit des gestes une condition absolue : les deux ensemble, par contact visuel, sans pokéball, une seule infirmière et un seul pokémon de soin, et soignés un à la fois pour s'assurer qu'il n'y ait pas de trahison.»

«Ce qui est nettement plus long comme traitement…» Fit remarquer la championne.

«C'était soit ça, soit ils se foutaient en l'air.» Reprit-il le plus sérieusement du monde.

«En parlant de se foutre en l'air, vous y avez été à deux doigts de finir propulsés sur orbite.»

Interloqué sur un fin sourcil dressé, l'agent se remit à sourire en tendant son bras pour laisser pendre sa montre devant lui.

«Ouaip, pas mécontent d'être en vie, Indrick.» Déclara-t-il à l'attention de la montre. «Sinon, comment ça se passe le déménagement ; pas trop fâchés d'avoir été refilés du double de corvée à nôtre place ?»

«Deux heures du matin et toujours incapable de cesser de faire le malin.» Nota une seconde voix plus ferme, mais lasse.

«Bonsoir, madame.» Fit l'agente dans le lit, à la place de son collègue visiblement indisposé à vouloir répondre ; plus pour taquiner.

«Bonsoir Shonai.» Lui rendit-elle plus poliment. «J'aimerais bien vous laisser vous reposer après cette rude journée, surtout à cette heure, mais je me dois de vous mettre au fait des résultats préliminaires de la soirée d'hier.» Elle marqua une pause formelle. «En premier lieu, la capture du leader de la base de Rising Sun n'est pas passée inaperçue pour les services de police, et une escorte spéciale a été dépêchée pour le rapatrier en convoi secret par voie ferrée jusqu'au QG à Féli-Cité ; le relais a été prit dès vôtre arrivée en bordure de la ville. Ensuite, la capture et le convoi exceptionnel des sbires n'a pas été non plus passée inaperçue pour le public et encore moins pour la presse. La version officielle fera état des efforts de la Ligue qui a remplit son devoir avec éclat. Mais officieusement, nous avons reçus les remerciements et les félicitations de cette dernière ; d'ailleurs quelqu'un a insisté pour vous les exprimer en personne.»

Sur ce, une seconde lumière s'éclaira sur le côté de la montre pour souligner ce point. Et une voix sommairement familière s'en fit la présentation.

«Nathaniel, Shonai, Moon Dawn : au nom de toute la Ligue de Sinnoh, et même d'avance pour les autres îles, je vous remercie pour l'aide inestimable que vous nous avez apportés dans la lutte contre Rising Sun, et le rude coup porté par la capture d'un de leurs chefs.»

Le ton était formel, comme il devait le sied protocolairement pour une personne de son statut. Mais, vu qu'il était dans sa nature de détester faire pompeux, il se reprit rapidement.

«A titre personnel : je suis sur le cul. La fondation ne s'est même pas achevée depuis un mois que vous trouvez déjà le moyen de vous jeter la tête la première dans la merde ; contribuer à faire exploser une partie de la montagne, alors que je croyais que seul Barry et Brice pouvaient nous faire ce coup là –ce qui fait que j'ai fait déplacer Lucio pour rien-» Ce dernier émit un bref sourire en relevant la remarque. «Vous réussissez à vous en tirer de justesse, mais vous trouvez quand même le moyen de revenir, à défaut d'avoir des données, avec le type le plus haut gradé de leur organisation sur l'île ; si j'ai bien compris, et pas halluciné, en vous servant en plus d'un de ses propres pokémons…»

Il fit un bref avant de reprendre en riant.

«C'à c'est que j'appelle un début en apothéose !»

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Un petit rire fut émit de la championne en même temps qu'un soupir amusé du maitre psychique.

«Toujours pas couché, Majesté ?» Reprit ce dernier.

«Oh pitié, Lucio, je sais que tu m'en veux encore pour le coup de la baby-sitter, et je m'en excuse. Est-ce que tu pourrais alors faire l'effort d'arrêter d'utiliser ce terme ?»

«Mais maintenant tu comprends pourquoi certains décident de rester champion.» Reprit la championne d'une note amusée. «Bonsoir Louka.»

«'Soir» Se contenta-t-il de dire. «On va switcher les salutations pompeuses d'usage, j'en ai ma dose, pour passer direct à la partie intéressante.» Reprit-il plus sérieux, mais en gardant sa note de décontraction personnelle. «La méga masse de pokéball et de pokémons récupérés des mains des sbires a portée le centre pokémon de Verchamp à saturation côté soin et technicité ; les deux pokémons que vous avez sortis de là ne sont pas les seuls à s'être montrés extrêmement agressifs et belliqueux à l'égard de l'homme, au point que l'arène de Tanguy et Terry sont restés pour épauler les effectifs du centre et s'assurer d'éviter tout risque de débordement. Je suis donc présent par télécom aussi bien pour vous donner les félicitations officieuses de la Ligue que pour participer à l'entente du débriefing au nom de cette dernière. Car il semblerait que vous ayez vu plus loin que n'importe qui d'autre.»

L'agent soupira alors que toutes les têtes, même celles des souris, se tournaient vers lui.

«La version grossièrement résumée, ou détaillée ?» Demanda-t-il sérieusement.

«Aussi détaillée que possible. Pour ce que vous arrivez à vous en souvenir pour l'instant…» Lui rendit la directrice.

Il esquissa un sourire dépité à l'attention de la montre.

«Même crevé, c'est impossible d'oublier ce que j'ai vu.» Renvoya-t-il sans aucune emphase. «Sans mauvais jeu de mot, par association de couleur, je vous garantis que ça va pas être rose.»


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Les minutes qui s'écoulèrent durant le récit de l'agent furent marquées du sceau lourd et imposant du silence d'effroi. La tension qui s'installa dès les premières explications prit les auditeurs dans la pièce par la gorge, sensation qui s'en alla croissante au fur et à mesure qu'il narrait et développait de plus en plus loin les faits et les choses angoissantes qu'il avait vu et entendu ; jusqu'à faire émettre un hoquet de haut-le-cœur de la part de la championne (qui n'avait mangée que très récemment) au passage de la mare de sang, et de l'explication de son changement d'habit. Pour finir par l'interpellation surprise avec le leader de la base dans la salle aux serveurs, l'échange verbal et d'information qui en a résulté, suivit de l'échappée in extremis et de son arrivée dans les bois alentours de la partie A de la route 212.

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Quand il eut finit son rapport, il fallut un moment à ses interlocuteurs pour accuser les conséquences de ses révélations.


«C'est… C'est… Je n'arrive pas à la croire…» Finit par hésiter la championne.

«Moi non plus…» Reprit le maitre depuis la pokémontre, il était certain de l'entendre soupirer longuement à l'écart du micro. «La situation est encore pire que ce que nous imaginions. Avant, même si elles étaient tout aussi criminelles et déterminées d'être certaines que leurs causes étaient justes, les teams conservaient une certaine forme de retenue entre le vol et l'étalage gratuit de la souffrance ; la Team Rocket faisait dans le vol : c'était contre-lucratif pour eux d'abimer la marchandise.»Souligna-t-il de manière crue. « La raison d'un telle retenue tenait principalement au fait que la majorité de leurs effectifs étaient composés de personnes idéalistes qui n'auraient certainement pas acceptées de cautionner ces extrêmes, au risque de devenir les monstres qu'ils cherchaient à détruire ; même les Admins de la team Galaxie avaient leur propres équipes parfaitement dévouées sans avoir eut besoin de recourir à des méthodes de ce genre…»

«Le fait que cette fois-ci le haut gradé de leur organisation sur Sinnoh soit en fait un ancien père de famille d'une petite île isolée de l'archipel Orange, qui cautionne ces méthodes, nous montre à quel point la population commence petit à petit à sombrer dans un désespoir dangereux.» Reprit la directrice. «Le problème des anciennes teams avait toujours été local là où elles se basaient. Mais là, les erreurs accumulées par la Ligue et le Consortium ont instaurées un climat de mépris et de désillusions dans le cœur de la population. Et les affres de l'affaire du Leuphorie Shiny ont poussés cet état instable au point critique auquel fut mené la création de Rising Sun, en se servant des restes des anciennes teams comme symbole d'espoir auquel se rallier ; étendant le problème jusqu'au niveau inter-archipel...»

«Le leader de Rising Sun n'avait pas mentit : c'est bel et bien une rébellion.» Reprit le pilier du conseil 4. «Et si on ne l'endigue pas rapidement : ça va évoluer au stade de guerre civile. Probablement la plus sanglante de toute nôtre histoire.»

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Quand il eut terminé avec ce terrible constat, narré sous la forme d'une prémonition, à nouveau la salle plongea dans un silence angoissant (sachant dans quelle maitrise de type œuvrait la personne l'ayant énoncée, le terme ne pouvait qu'être plus approprié.)


«Mais ça n'arrivera pas. Pas aujourd'hui en tout cas.» Reprit Nathaniel. «Car je n'ai pas finit de rapporter ce que j'ai appris concernant cette journée.

A l'autre bout de la communication, le maitre ne put s'empêcher d'évoquer sa perplexité.

«Pourtant l'essentiel a été dit. Une fois échappés de la base pour atterrir en forêt, tout ce que vous pouviez faire était d'attendre ; vu qu'il n'allait certainement pas tout d'un coup miraculeusement se mettre à table, si ?»


Il avait beau savoir qu'il ne pouvait pas le voir (pas de conversations visuelles pour quelques raisons évidentes de sécurité ; mais pas forcément des plus efficaces), il doutait, voir même gageait d'être sûr que son interlocuteur devait lui sourire au nez. Il avait raison, car ce dernier s'était effectivement mit à sourire alors qu'il se penchait légèrement en avant.


«Me demander pas ce qu'il l'a poussé à ce point ; et je ne l'ai pas obligé à me les dévoiler de force.» Commença-t-il goguenard devant leurs yeux étonnés. «Mais je vous garantis que vous aviez déjà fait gagner cette bataille avant l'attaque sur la base.»


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Sinnoh. Quelque part dans la route 212A. Quelques heures plus tôt.


Alors qu'il installait tout juste le pokémon dans ses bras sur un petit spot aménagé avec de l'herbe, après en avoir sommairement finit avec son prisonnier, l'agent et son partenaire se mirent à rapporter de quoi faire un feu ; aussi bien pour signaler leur position que pour se réchauffer. Mais pour éviter que des pokémons sauvages n'essayent de profiter de l'occasion pour se faire un festin sur leurs os, au moment où ils étaient le plus vulnérables, ils se relayèrent la tâche à intervalle régulière en restant toujours à distance visuelle l'un de l'autre (la première prospection de bois mort fut prise par le Lucario, pendant que son partenaire en profitait pour récupérer les balls du prisonnier et les mettre sous la surveillance étroite du Kadabra ; inutile de prendre des risques.)

Malgré les rapports très stricts qu'il se devait de garder avec lui, l'agent aida quand même l'ex Capitaine à se relever pour lui permettre de s'installer près du feu (toujours sous étroite surveillance.) Pas un mot ne fut prononcé, jusqu'à ce que le jeune homme n'émette une remarque à la vue de sa main qui saignait.


«Et mince, on dirait que ça n'arrête pas de saigner.» Il se tourna sans méchanceté vers le Kadabra qui profitait lui aussi du feu. «J'ai dû vraiment t'irriter tout à l'heure pour que tu empêches ma main de cicatriser. Remarque, je l'ai toujours. Je ne devrais pas trop me plaindre.»


Le pokémon, qui n'avait cessé de regarder le prisonnier de son regard haineux depuis qu'il était installé à proximité du feu, détourna le regard vers l'autre humain en réponse à sa remarque, plus précisément vers sa main.

Alors que ce dernier s'était déjà visuellement attelé à chercher de quoi s'en occuper aux alentours, sans attendre sa réaction, le Kadabra s'était levé lentement pour se diriger neutralement vers lui. L'humain ne nota sa présence que lorsqu'il arriva juste à côté de lui, sans pour autant être surprit ou inquiété, et le vit –sans dire un mot- émettre une très faible lumière sur sa main. La plaie ne se referma pas, mais le sang se coagula à cet endroit pour l'éviter de saigner d'avantage.

L'humain lui rendit un simple remerciement en retour, lui faisant remarquer avec une légère pointe de dérision que son manteau était déjà occupé par quelqu'un l'Evoli et qu'il n'avait rien d'autre à lui offrir en attendant. Le Kadabra ne releva pas, et se contenta de retourner s'assoir à sa place ; cette fois-ci en ignorant le prisonnier.

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Devant ce spectacle, et ne sentant plus le poids herculéen du regard rancunier du pokémon fixé sur lui, ce dernier chercha à profiter de cet instant pour essayer de reprendre là où le jeune homme s'était arrêté.


«… Pourquoi…» Commença-t-il très hésitant en attente de la réaction du pokémon, qui n'en fit rien pour l'instant. «Pourquoi t'a-t-il aidé… ?»


Immédiatement le Kadabra fusilla à nouveau du regard le captif ; ses yeux lui donnant l'impression d'être percé de part en part par des milliers de lames forgées dans les feux de la haine. Et tout aussi rapidement, le captif détourna le regard alors qu'il en abandonnait l'idée de connaitre la réponse.


«Il faut voir ça avec lui ; c'est lui seul qui a décidé de s'occuper de ça.» Lui renvoya-t-il neutralement. «Mais je n'ai pas oublié la question qui te ronges depuis tout à l'heure. Ce n'était juste pas le bon moment pour discuter.»

Il se redressa de sa posture en tailleur pour se débarrasser du sentiment désagréable de fourmillement dû au froid en s'étirant. Puis reporta son attention sur lui.

«Je ne sais pas comment vous vous y prenez pour les conditionner afin de les réduire à l'état de marionnette, et certainement vous non plus vu le constat que je vois. Mais il y'a une chose dont je suis sûr : c'est qu'elle est imparfaite.» Commença-t-il en regardant avec calme le Kadabra, pour lui faire comprendre qu'il ne s'emporte pas. «Lors de la capture et la prise d'otage des membres de l'arène à la maison du fana de tesson, on a pu apprendre deux choses avant de venir vous chercher dans vôtre trou : premièrement : vous aviez utilisés la folie pour les prendre par défaut et les faire se retourner les uns contre les autres, mais sans que ceux de vôtre camp n'en soit pour autant affectés ; deuxio : malgré cela, certains pokémons de l'arène avaient quand même résistés aux effets de la folie et à rester lucide : des pokémons dits «Synthétique» ou Machine. Donc techniquement dotés d'une conscience très différente des autres êtres vivants.» Il marqua une pause. «J'ai pu en tirer une conclusion. Puisque vous ne pouviez rendre fous certains pokémons, alors que d'autres y étant normalement sensibles y résistaient sous conditionnement, c'est que peu importait la méthode : vous ne pouviez pas conditionner un pokémon s'il n'est pas sensible à la folie ; donc un pokémon qui n'a pas de conscience à la base, à proprement parler, pour les convertir.»

Et pour lui épargner de s'attirer à nouveau les foudres du regard du pokémon, il reprit en prévision de ce qu'il allait dire.

«Il y'a deux points faibles quand on veut influencer les gens par la force, aussi bien pokémon qu'humain, mais qui conserve toujours le même principe : soit la personne que vous essayez de convaincre n'en a totalement rien à foutre ; peu importe ce que vous pourriez donc dire ou faire, ce serait comme de parler à un mur. Soit au contraire elle conserve une formidable volonté à garder ses convictions et son indépendance, au point que vous ne pouvez pas non plus la faire plier totalement à vos désirs.» Avança-t-il en passant du prisonnier au Kadabra pour souligner ce qu'il s'apprêtait à dire. «S'il y'a sans doute un type de pokémon qui correspond bien à la seconde catégorie, ce sont les types Psy.»

«Mais… Pourtant, il m'avait été assuré qu'ils étaient aussi contrôlables…»


A peine eut-il prononcé ces mots que le Kadabra se leva en trombe, devant l'homme apeuré qui essaya de reculer pathétiquement de sa position pour vainement chercher à s'éloigner. Mais le jeune homme rappela neutralement au pokémon de ne pas gaspiller ses maigres forces, et l'invita à faire preuve de maitrise de lui avant de se rassoir (sans pour autant cesser de foudroyer le prisonnier du regard ; l'intensité de sa haine ayant encore augmentée)


«Vous vous souvenez de vôtre dissertation sur la rébellion de Sébastian Thor ?» Reprit-il doucement, comme cherchant sans le savoir à permettre au pokémon de mieux se gérer par contraste. «Durant l'âge de l'Apostasie, l'Ecclesiarchie maintenait le peuple sous la peur d'une poigne de fer et le contraignait à se tuer littéralement à la tâche pour ériger des monuments à la gloire de l'église et des cardinaux. Un embargo terrible sur l'eau et la nourriture avait été imposé dans l'idée d'empêcher toute révolte. Ainsi privé d'énergie, le haut cardinal Vandire était lui aussi sûr qu'ainsi jamais le peuple n'aurait la force de se rebeller contre lui… Mais c'était sans compter sur ce qui faisait la même base sur laquelle tenait strictement tout son pouvoir : la foi. Hors la foi ne vient pas de l'eau, la nourriture ou les richesses matérielles, mais de l'esprit.»


Il s'arrêta un instant pour voir passer l'expression de révélation sur le visage de l'ancien capitaine. Comprenant le sens métaphorique qu'il devait en tirer, et baissant la tête de honte en n'arrivant pas à croire qu'il fut resté aussi aveugle face à la même vérité qu'il tentait de révéler depuis le tout début.


«Même brisés, réduits à l'état de brindilles vivante, affaiblis, affamés, désillusionnés et démoralisés ; chacun d'eux conservait en lui cette minuscule particule de volonté, qui faisait d'eux aussi bien des êtres vivant que des individus capable de se relever encore et toujours face à l'adversité. Une minuscule bougie qui, quand elle vient à se rallumer, est capable d'embraser des montagnes ou briller jusqu'au ciel : l'espoir.»

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Un silence religieux s'était imposé alors que l'homme prisonnier relevait finalement toute la valeur de ces propos, et jusqu'à quel point il était tombé en disgrâce. Pendant que les deux autres pokémons regardèrent l'humain en conservant ce même silence (pour une fois sans que ce ne soit dû au sentiment de la fatigue.)


«Vous savez ce qui s'est passé ensuite.» Reprit-il posément. «Tout ce que le peuple avait besoin pour sortir de cet âge de ténèbres était que cette flamme soit ravivée, plus intense que jamais. Même avec ses richesses, la toute puissance de l'armée impériale, ou même sa garde d'élite pontificale : aucun empire ou dogme ne peut se battre et espérer gagner contre son propre peuple. De la même manière que vous ne pouvez pas anéantir la conscience des pokémons définitivement, sans risquer effectivement de tomber sur des marionnettes complètement végétatives et incapable d'effectuer le moindre geste. Et donc de vous retrouver sans rien.»

Il marqua un court instant en regardant le Kadabra, qui lui rendit du sien attentif à ce qu'il allait dire.

«Les Psys sont les plus proches de l'être humain sur ce point, car ils possèdent le même raisonnement que nous quand on vient à être acculé dans un coin : on essaye toujours de rassembler ses ultimes ressources pour les transférer dans l'espoir qu'un jour on s'en sorte. Pour être plus précis, un pokémon Psy doit être capable de rassembler toutes ses forces sous la forme d'un diamant de résolution indestructible qu'il s'efforce ensuite de cacher dans les méandres de son esprit ; un peu comme un lime à la vue des gardes dans une prison avec des barreaux, en attendant que l'occasion se présente. Et le jour où elle se présente, il s'agit de la saisir pour s'échapper au nez et à la barbe des gardes qui vous retienne.» Il se prit à lui sourire amicalement, ce qui étonna le pokémon. «Surtout avec un pokémon qui est à la base capable d'échapper facilement à ses geôliers : un capable d'utiliser Téléport par exemple.»


En d'autres termes, réalisa l'ex capitaine, il n'avait pas perdu à partir du moment où il était entré dans la salle pour les empêcher d'agir, mais en fait depuis le moment où il avait ce pokémon dans son équipe. Il savait pourtant bien que tous les pokémons n'obéissaient pas parfaitement ou ne subissaient pas la folie, mais il ne s'était jamais posé la question «pourquoi» ; Pensant que c'était purement technique et scientifique, et pas aussi simple et évident…

Pourtant, quand on y regarde bien, il avait parfaitement raison : quand un prisonnier se fait capturer, la première chose à laquelle il pense est de s'échapper. Et là repose tout le principe : si le geôlier arrive à convaincre le prisonnier qu'il ne peut plus s'échapper, il brise sa résolution et il ne tentera jamais de s'évader ; pour ne pas gaspiller ses maigres forces bêtement. A l'inverse, s'il conserve cette ferme conviction de pouvoir un jour s'évader, malgré l'aspect matériellement irréaliste de la chose, alors il sera toujours libre de penser et n'hésitera pas un seul instant à utiliser, ou même à créer lui-même la moindre minuscule fissure dans la prison du geôlier pour l'exploiter ; jusqu'à la mort s'il le faut.

C'est ce qui fait l'espoir, qui mène à la vraie révolution.

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Il avait beau être assit, en son for intérieur il était effondré. Parce qu'il se rendait finalement compte que quand on se bat pour une cause, la méthode compte autant que les moyens à mettre en œuvre ; et elle n'a aucune valeur si on en bafoue les même principes par désillusion en se voilant la face. Une mission humanitaire qui se construit sur des cadavres n'est qu'un blasphème ; une loi restrictive votée par un cercle fermé s'appliquant sur des millions de gens au nom de la liberté n'est qu'une dictature ; et une révolution menée envers un système corrompu en bafouant toutes les frontières morales au nom de la justice s'appelle une vengeance…

Il ne pouvait pas se tromper d'avantage : si sa femme et son fils étaient encore en vie, il ne serait surement jamais entré dans Rising Sun, et encore moins allé aussi loin. Et s'il les voyait actuellement, là où il est, les mains couvertes de sang… Il ne pourrait pas les regarder en face.

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«… Quel est vôtre nom…»

Le jeune homme haussa à peine un sourcil.

«Nathaniel Garro.» Finit-il par répondre.

«Je me doute que c'est un nom de code, mais je m'en contenterais…» Dit-il simplement. «Nathaniel… Quel est vôtre vrai but…»


La question pouvait paraitre totalement déplacée, voir même risible quand on savait à quel bord ils appartiennent tous les deux… Du moins appartenait, pour l'un d'entre eux. Ce que le jeune homme avait comprit depuis qu'il en avait finit sur ses explications, et qui l'avait poussé à fournir son faux nom aussi facilement.


«Comme vous l'aviez deviné lors de nôtre précédente discussion : arrêter les responsables de l'affaire de l'attenta à Carmin-Sur-Mer.»

«Mais comment ? Puisque je suis censé avoir bien déduit vôtre rôle et vos rapports avec la Ligue, comment allez-vous faire pour amener le traitre au sein du Consortium devant la justice ?» Reprit-il incompris. «La Ligue est équipée et financée par le Consortium dans sa bonne partie, là où nous sommes financés par des investisseurs et des ressources secrètes venant d'une infime partie du Consortium ; pour être une organisation capable de s'en prendre à eux, il faut être à la fois économiquement indépendant, mais aussi agir en dehors des lois. En d'autres termes, pour agir contre le Consortium selon vos règles, vous êtes obligés d'être et de rester inconnus pour eux ; mais c'est impossible quand on sait qu'à partir du moment où vous chercherez à enquêter sur eux, ils vous trouveront encore plus rapidement !»


Il s'était laissé emporter dans son élan sans rendre compte, ce que le Kadabra fit très vite mine de lui faire remarquer en le foudroyant à nouveau des yeux. Il se renfrogna alors qu'il récupérait un peu plus de son calme. Mais il devait absolument connaitre la réponse : toutes ses méthodes avaient échouées durement, c'était comme s'il n'avait fait que tourner en rond en se persuadant du contraire, puis finalement s'en rendre compte que tellement tard après qu'il n'arrivait plus à réfléchir autrement. S'il ne recevait pas d'explication, ce serait pire comme punition que d'être simplement envoyé en prison pour le restant de ses jours.

En prémisse d'explication, le jeune homme lui sourit tristement.


«Et vous ne vous êtes même pas rendu compte que ces deux parties, la Ligue et vous, étiez manipulés.» Il soupira mollement. «Le Consortium entretien ouvertement et à fond la Ligue, au moment même où vous faites vôtre grand retour grâce aussi au Consortium ; deux organisations se battant pour des raisons différentes, mais toutes deux œuvrant pour un même but ; un même maitre marionnettiste…»


L'ancien capitaine lui afficha un visage décomposé. Une manipulation tellement abominable qu'il ne pouvait pas oser en cauchemarder ; comme s'il haïssait le diable et être certain de lutter contre lui, alors qu'au final il le servait. Il n'avait pas aucun mot pour exprimer son désarroi.


«Vous ne pouviez pas le savoir ; après tout, on a tout fait pour que vous ne remettiez pas en cause ce fait.» Reprit-il avec tact. «L'histoire du traitre dans la Ligue, c'était du pipeau pour être certain que vous n'ayez aucun scrupule envers eux. Il est vrai que je n'ai aucune preuve tangible qu'effectivement le responsable de l'attenta ne viendrait pas de la ligue, mais, honnêtement, vous non plus, n'est-ce pas ?»


Ce qui était la raison principale pour laquelle il affichait ce visage ; par association d'idée, puisqu'il servait le mauvais consortium contre son gré, tout ce qu'ils pouvaient lui avoir dit n'avaient plus aucune valeur à présent. Il se contenta de hocher faiblement la tête.


«Et vous avez encore raison pour la couverture de Moon Dawn, elle est essentielle et doit rester la plus furtive le plus longtemps possible aux yeux du Consortium.» Reprit-il à nouveau. «C'est pour cela que l'on ne va pas s'en prendre directement à eux ; mais à la personne qui sait tout d'eux.»

«Qui ?» Demanda-t-il par automatisme, avant que la réponse –d'une telle évidence qu'il ne pouvait pas y être aveugle cette fois-ci- ne lui apparaisse de lui-même. «Vous voulez dire, le tueur de l'attenta ?»

L'agent lui rendit oui du signe de la tête.

«Si on arrête le tueur de l'attenta, on aura toutes les informations nécessaires pour arrêter les responsables de cette horreur, et mettre un terme un terme final à la corruption.»

L'ancien capitaine hésita à le remettre en cause.

«Et si vous n'y arrivez pas ; si ce tueur est déjà mort et enterré, ou préfère se donner la mort que de vous donner leurs noms… Qu'est-ce que vous ferez ?»

«Alors on s'en prendra à eux directement.»


Il en resta stupéfait ; sa réponse avait été immédiate, sans appel, et sans une once de doute perceptible aussi bien dans sa voix que son regard. Pourtant il savait pertinemment ce que cela pouvait signifier, pour lui et son organisation, de s'en prendre directement au Consortium : cela voulait dire qu'au moment même où ces derniers auront conscience de leurs existences, Rising Sun, les forces de police, les forces armées des archipels, et à long terme même la Ligue deviendront leurs ennemis, vu leur statu illégal. C'était comme s'en prendre au monde pokémon en entier…

C'était mener une révolution.

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Au loin, malgré le bruit persistant du vent soufflant dans le feuillage des arbres, et celui des différents cris de pokémon nocturnes sauvages, des bruits d'agitation et d'activité humaine parvenaient à leurs oreilles ; faisant se relever le Kadabra par réflexe (même si l'humain essayait de le rassurer)


«La Ligue ne cherchera jamais à se rebeller contre nous intentionnellement et fera tout pour nous couvrir, mais il est vrai qu'ils seront quand même amenés un jour à devoir le faire sous la contrainte.» Reprit-il en pensant à l'arrivée de ces derniers. «Mais même avec la Ligue en plus comme ennemi, ça n'empêchera pas qu'un jour on les fasse tomber.»


Encore et toujours cette même assurance déterminée dans son regard… Il ne mentait pas. Pour l'avoir vu continuer dans son ancienne base malgré le risque d'explosion et sachant parfaitement qu'il courait certainement à la mort, mais n'ayant pourtant pas douté un seul instant durant leur face à face : il savait qu'il ne mentait pas.


«Mais c'est vrai que j'aimerais éviter d'avoir à faire à eux…» Continua-t-il plus fatigué. «Après la rude soirée qu'on vient de passer en tant qu'alliés, je mépriserais l'idée d'un jour devoir les affronter.»

«Pas avant longtemps…» Lui fut-il reprit.


L'agent retourna son attention sur le captif, de même que le Kadabra et le Lucario, alors que les bruits de véhicule se rapprochaient d'avantage. Il se renfrognait un peu plus dans sa posture. Mais le regardait d'un air presque… Suppliant.


«Quand j'en avais l'occasion, je me rendais sur nôtre île où l'on habitait, avec ma famille ; c'est une petite île juste en bordure de l'Archipel Orange, appelée Ecumer. Je venais déposer un bouquet d'Asphalyx sur leurs tombes…» Dit-il lentement sur le ton de l'aveu. «Maintenant que je ne pourrais plus le faire… Pourriez-vous leur en déposer un dernier pour moi ? Qu'ils sachent une dernière fois que je ne justifierais plus rien en utilisant leurs noms comme excuse. Que je tiens toujours à eux, même maintenant, et que ça ne changera jamais…»


Il le regardait implorant une dernière faveur pour eux, qu'ils n'aient pas à payer pour ses crimes, sachant pourtant que c'était égoïste. Ce que le Kadabra allait encore une fois lui faire vivement remarquer, si le jeune homme n'était pas intervenu en lui sommant calmement de rien en faire ; Il y avait déjà eu suffisamment de haine et de rancune comme cela pour aujourd'hui.


«Si j'en ai l'occasion.» Déclara-t-il lentement. «Alors oui, je vous le promet.»


Satisfait et soulager de constater qu'il acceptait sa requête avec la même lueur de sincérité qu'il conservait depuis le début, il poussa un profond soupir de soulagement alors qu'il laissait ses muscles se détendre ; animé d'une nouvelle conviction pour la mémoire de ceux qu'il aime.

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Alors que les bruits de véhicules se rapprochaient inexorablement, avec leurs premières lueurs d'activité au loin, il regarda le jeune homme dans les yeux pour lui faire signe d'écouter.


«Vous en constaterez les résultats par vous-même, mais considérez cela comme une minuscule contrepartie pour vôtre promesse…»

Mais avant qu'il ne le laisse aller plus loin, le jeune homme lui fit poliment signe de s'interrompre pour lui demander quelque chose en premier.

«Le nom de vôtre femme et de vôtre fils.»


Il se prit à sourire de dépit malgré lui ; comment comptait-il qu'il se rende sur leurs tombes s'il ne connaissait même pas leurs noms ? Cela l'attristait d'avantage qu'il n'y avait même pas pensé, mais le rendait en même temps heureux de savoir qu'en le corrigeant avant de l'écouter, il savait qu'il lui montrait la ferme intention de tenir ses engagements.


«Éléonore et Finn Moltan…»

«Et vous ?» Demanda-t-il dans la continuité de ne pas venir leur rendre visite au nom d'un anonyme.

«Eric… Eric Moltan…» Lui répondit-il épuisé, mais résolu. «Maintenant écoutez-moi…»



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Sinnoh. Unionpolis. Centre pokémon, présent.


Les gens dans la salle et même ceux n'y étant pas présent faisaient silence pour lui laisser libre court de s'exprimer, et de répéter ce que l'ancien capitaine lui avait avoué.


«Après avoir rassemblés autant de données que possible sur la folie et le conditionnement des pokémons, grâce à l'opération menée à Verchamp, la prochaine action de Rising Sun allait être d'apporter la première pierre à leur édifice : leur déclaration de guerre et de rébellion envers le Consortium. Et pour ce faire, ils avaient besoin d'un coup d'éclat retentissant ; une mise en scène parfaitement exécutée qui, si elle avait réussit, aurait portée un coup mortel à la Ligue.» Il marqua un instant en regardant les deux dresseurs. «C'était le but caché derrière la prise d'otage.»

Le regard tendu et le silence pesant que lui rendait l'audience l'incitait à continuer sans plus s'arrêter.

«En premier lieu, il faut savoir que cette opération a été montée presque impulsivement ; ce qui ne l'a pas empêchée d'être redoutablement bien organisée.» Reprit-il posément. «En se basant sur les évènements de Verchamp et du Grotadmorv, et en préparant le terrain à l'avance avec des équipes de pokémon parfaitement composées : le but était en premier lieu de capturer les effectifs de l'arène envoyés pour inspecter les ruines où à eut lieu l'affrontement avec le Grotadmorv, pour ensuite attirer le champion de la ville ; et même l'ancienne maitresse avec un peu de chance.»

Sans plus s'arrêter ne voulait pas dire qu'il ne pouvait pas se faire interrompre. Aussi, la championne leva la main pour l'interrompre.

«Mais comment pouvaient-ils être sûrs que Cynthia vienne aussi ? Si je n'étais pas venue sur les inquiétudes de Luna et ne les aurait pas informé au sujet du risque présent dans le marais, il y'avait de grandes chances pour qu'elle vienne nous rejoindre à Floraville ; alors comment ça se fait qu'ils étaient aussi sûr de leur coup ?»

Le jeune homme lui rendit un sourire finement dépité.

«De la même manière qu'ils savaient quand tomber sur les effectifs de l'arène : grâce à l'espion.»

Elle arrêta son souffle un faible instant alors qu'elle repensait à ce détail, sans pourtant pouvoir accepter sa réalité.

«Initialement, la sachant en convalescence, l'idée était de profiter de la capture des effectifs de l'arène pour attirer le champion, et profiter de l'instant durant lequel elle était la plus vulnérable pour l'enlever ; en parallèle en s'attaquant aussi à la maitresse des baies.»

La championne vira au pâle en imaginant ce qui se serait passé si cela avait été le cas, tout comme les autres personnes. Mais il n'avait pas finit, et enchaina.

«Mais ça a évolué bien plus rapidement qu'ils ne le croyaient, quand ils virent en même temps que la population que l'ancienne maitresse et son équipe étaient à nouveau en pleine forme ; selon la rumeur grâce à la maitresse des baies. Mais au lieu d'être un problème, cela les arrangeait encore plus. Car au lieu que ça soit eux qui s'en prennent à elle, au risque d'opérer à découvert, c'était elle qui venait à eux, sans qu'on ne les soupçonne directement. Il suffisait juste à l'espion, vu sa position dans la Ligue et les rapports que l'ancienne maitresse entretenait toujours avec eux, qu'il ne profite du moment où elle s'envole vers la ville-fleur pour lui faire parvenir un message privé sur sa pokémontre, l'avertissant de la prise d'otage dans le marais ; et connaissant sa réputation, elle se serait empressée d'apporter son aide à ces dernier, en pensant qu'elle bénéficiait de l'effet de surprise. Alors que c'était complètement l'opposé…»

Ce fut au tour du maitre Psy de lever la main.

«Je vous prie de m'excuser mais, bien que vos explications retiennent toute nôtre attention : serait-il possible d'aller aux faits ?»

«Bien sûr.» Lui rendit-il avec son sourire innocent. «Les faits étaient, dans l'ordre : une fois les effectifs capturés, les champions piégés à leur tour et leurs pokémons rendus fous, de laisser ces derniers délivrer toute leur rage sur les prisonniers pour perpétrer indirectement une hécatombe sur les civils et leurs dresseurs ; puis, une fois ces derniers morts, de les libérer de la cage, avec quelques éléments des teams restés en arrière pour s'occuper de récupérer les pokémons conditionnés, et de se servir des effets révulsant de leur appareil à folie pour les obliger à se ruer vers Verchamp.»

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Un véritable choc les parcourut de tout leur être, visible par un véritable frisson d'effroi qui leur faisait dresser l'épiderme, alors qu'ils saisissaient toute l'horreur de ce qu'il leur révélait. Depuis la première vague de folie pokémon, aussi bien du parc que ceux des marais, la ville a subit des dommages matériels conséquents (même si facilement réparables), mais surtout une peur panique dans la population ; qui accusa d'ailleurs la Ligue d'être responsable de cet évènement pour n'avoir pas su le gérer comme il fallait. Si la ville s'était prise les équipes de champion en guise de seconde vague de folie, sans la protection de ces derniers -car morts de leurs propres griffes et crocs-, et à peine plus d'une semaine après la première… La population aurait perdu définitivement toute confiance dans la Ligue, et ne lui accorderait plus aucune crédibilité pour avoir laissé mourir l'ancienne maitresse sans avoir même levé le moindre petit doigt. Ce sentiment de répression se serait étendu de ville en ville, permettant l'implantation d'un climat d'empathie à l'égard de la Ligue, qui perdrait alors de plus en plus le soutien de la population alors que cette dernière douterait de plus en plus d'eux ; de douter de croire qu'ils eurent finalement un rôle dans l'attenta à Carmin-Sur-Mer…

Et c'est là que des ombres jaillirait Rising Sun, qui s'affirmerait comme le mouvement qui ramènerait la vérité dans les îles ; se dressant ouvertement contre les membres corrompus de la Ligue et du Consortium à l'image des dresseurs qui avaient vaincus les teams à l'époque. Alors que, lentement mais surement, la Ligue s'effondrerait lentement.

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«Vous en tirez une tronche !»


Ils sortirent tous rapidement de leur état en réponse au rire franc qu'émettait l'agent au détriment de leurs angoisses. Cela semblait réellement l'amuser, alors qu'il n'y avait pas de quoi rire. Du moins, pas pour eux. Alors, devant le visage des deux champions qui virèrent de la peur à la colère, il enchaina en leur riant au nez ouvertement.


«Vous avez déjà oubliés ? Je vous avais aussi dit pourtant que vous aviez déjà remportés la victoire sur eux depuis que la prise d'otage à foirée. Parce qu'au lieu d'être des Lucarios des bois affichés en vainqueurs sur une Ligue corrompue, c'est une Ligue réprouvée qui affiche un magnifique coup de filet sur une bande de terroriste ; comme démonstration de sa résolution à vouloir changer et se montrer digne de son rang et de ses aspirations.» Il un esquissa un sourire franchement amusé devant leur réaction. «Et avec la masse de sbires capturés, les pokémons et le traitement qu'ils leur ont fait subir, et déjà les ouvriers libérés qui ont remerciés et la Ligue et critiqués les teams…»

«-Rising Sun s'est prit au contraire le pire revers qu'ils pouvaient craindre…» Continua le maitre depuis la montre. «Ils ont perdus la majorité de leurs effectifs sur l'île, de leurs pokémons, une de leurs principales bases, et le tout avant même de s'être encore dévoilés ; alors que nous, nous avons maitrisé une prise d'otage, empêché Verchamp de subir une nouvelle invasion, trouvé un remède à la folie, et mettre un véritable coup de frein à toute leur organisation sur l'île…»

Un silence s'installa alors que le maitre hésitait à déclarer tout haut ce qu'ils déduisaient tous.

«Ce qui veut dire qu'ils viennent de perdre Sinnoh !»


L'enthousiasme du maitre à cette révélation se propagea intérieurement à tous les autres ; dont les craintes et l'angoisse initiales laissèrent place eu soulagement et à la joie d'avoir remporté une grande victoire. Car c'en était bien une ; peut-être même la victoire décisive qui venait de faire outrageusement pencher la balance en leur faveur… Sans avoir eu besoin de faire appel à une puissance supérieure, pensa Louka.


«Yep, c'est intégralement à la Ligue que l'on doit cette victoire.» Reprit Nathaniel en leur raillant au nez. «Tout ce qu'on a fait en comparaison c'est vous offrir un bonus.»


Mais quel bonus. Ils le savaient, Moon Dawn n'en déméritait pas plus qu'eux. Leur première action fut un formidable coup d'éclat : participer dans la destruction de la base de Rising Sun, et de surcroit capturer et leur livrer l'un de leurs principaux chef ; parvenant même à lui tirer les informations qu'il venait de leur faire partager.


«D'ailleurs, en parlant de bonus…» Reprit-il plus humblement vers sa montre. «Directrice, il me semblait avoir entendu parler d'un break de trois semaine concernant ma belle étoile. Le hic, c'est que sans elle je ne crois pas être en mesure de pouvoir reprendre mes activités sur le terrain ; c'est mon assurance vie après tout…»


S'il y'avait une chose à ne pas douter avec lui, c'est qu'il avait du culot : oser demander à sa boss un congé en tournant aussi ouvertement autour du pot, c'est ce qui s'appelle être gonflé. Mais au vu des évènements, du travail accompli et des efforts fournis (sans parler du fait qu'il fallait s'installer un nouveau QG provisoire), elle pouvait leur permettre cette fantaisie… Mais pas sans une certaine forme de réticence.


«Vous avez des projets personnels en attente ?» Demanda-t-elle sur un ton entre l'innocente curiosité et l'insidieuse manipulation.

«Juste une visite de courtoisie à rendre, pour tenir une promesse ; rien qui n'implique de près ou de loin l'organisation.» Répondit-il honnêtement.

«Accordé.» Lui déclara-t-elle sans autre forme de procès. «L'installation et la mise en activité du nouveau site d'opération provisoire va vous permettre de vous adonner à ce voyage. Mais je vous ordonne formellement d'attendre le rétablissement de vôtre partenaire : hors de question de laisser des agents opérer en solo.» Clarifia-t-elle fermement. «Hawke et Leonid sont stationnés dans la ville en ce qui concerne la répartition des équipes au travers de l'île : ils vous supporteront de loin en attendant que vous soyez à nouveau opérationnel.»

Puis, avant de couper la communication, elle rajouta.

«Au fait : excellent travail.» Et la communication avec eux s'interrompit.

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Nathaniel s'autorisa un sourire devant sa collègue et ses deux amis sur son lit, mais ne rajouta pas un seul mot ; inutile de gâcher l'expression jouissive de stupeur qui passait sur leurs visages avec un malencontreux sarcasme. Elle n'en revenait pas : la directrice rigide comme l'acier qui venait de leur faire un compliment ? Heureusement qu'elle était assise, sinon elle n'aurait pas tenue sur ses jambes.

Mais ce fut le maitre qui interrompit cet instant jubilant pour continuer avec la Ligue.


«Avec le coup terrible qu'ils viennent de se prendre dans les dents, Rising Sun va recoller les morceaux et devoir nous lâcher pendant un bon moment. Et, nom de dieu, on va en profiter.» Déclara-t-il fermement. «Lucio, il faudrait que tu reviennes au QG de la Ligue au plus vite ; après une bonne nuit de sommeil, cela va de soi.» Corrigea-t-il poliment. «Cet espion dans nos rangs est une douleur dans l'arrière-train qui continuera de nous pourrir la vie en leur fournissant des informations sensibles, tant qu'on n'aura pas mit la main sur lui. Et vu que pour accéder aux données cryptées des arènes il faut être sacrément pistonné, c'est que ce traitre n'est pas n'importe qui. Il faut que tu reviennes au plus vite pour que tes Psys le démasquent avant qu'il ne prenne le large. Je peux compter sur toi ?»

Même s'il n'était pas dans la pièce pour le voir, l'élite 4 esquissa un fin sourire en redressant ses lunettes.

«Evidemment. J'ai juste un bref passage à faire à la bibliothèque concernant un livre, et j'arrive immédiatement ; la défaite de Rising Sun sur l'île doit forcément lui être parvenue, et s'occuper de lui au plus vite avant qu'il ne s'enfuit révèle de ma priorité.»

«Génial.» Lui répondit-il plus faiblement, accusant réellement la fatigue.

«Et moi ?» Releva la championne.

«Oh… Désolé Flo, sur le coup je t'ai presque oubliée.» S'excusa-t-il en se forçant à se reprendre. «Comme je l'ai dit, avec leur débâcle, Rising Sun devrait provisoirement nous lâcher les basques, et être trop occupé à réparer pour s'occuper de la maitresse des baies.»

Elle esquisse une légère mimique, elle avait été démasquée directement ; difficile de faire passer discrètement ses inquiétudes quand elle les affichait si ouvertement.

«Mais dans le doute, vu qu'elle habite dans un coin n'étant pas sous la juridiction d'une arène, et que Cynthia et elle viennent tout juste de se poser à Célestia, au prix d'incroyables détours pour semer un éventuel poursuivant : je te demanderais humblement de bien vouloir les rejoindre en prévision d'un retour à ton arène, pour ensuite l'accompagner à sa maison et vérifier que tout est en ordre. Juste pour être sûr.»

Elle ne cacha pas du tout son sourire à cette idée, bien trop contente qu'il lui donne exactement ce qu'elle voulait.

«Ok. Merci Louka !» Déclara-t-elle avant de quitter la salle en trombe.

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Un silence de perplexité s'installa pendant les quelques secondes suivant l'ouverture, les salutations très sommaires, et la fermeture de la porte de la chambre sur le passage rapide de la championne.

«… Elle s'est tirée ?» Commença le maitre perplexe.

«… Affirmatif.» Lui rendit l'agent sur le même ton.

«… Je m'demande si j'ai pas fait une connerie, là…»

«Sauf vôtre respect, je doute que vous puissiez la faire changer d'avis en revenant sur vôtre parole…»

«… Correct.» Lui concéda-t-il, avant de se rappeler de quelque chose. «Ah merde, j'ai complètement oublié de vous le dire, à vous et à la directrice. Mais quel con je fais…»

«Ben allez-y, avant d'oublier à nouveau.» Lui renvoya-t-il aussi encourageant que taquin.

«Marc et Peter nous ont fait savoir qu'ils ont achevés la mise en place des couvertures et des postes de progression pour Moon Dawn dans leurs région ; vous pourrez changer d'identité Sinniehnne, Hoanne et Kantonne n'importe quand à partir de maintenant. Et quelques postes idéaux vous ont été trouvés en prévision de vôtre venue, en attendant que l'organisation prenne plus d'importance ; même si Johto attendra encore un peu.»

«Ah ça c'est cool.» Lui rendit-il avec l'approbation de sa collègue allongée. «Et concernant des nouveaux alliés ; si j'abuse pas trop ?»

«On en a quelques unes potentielle qui n'attendent plus que confirmation de vôtre part.» Lui confirma-t-il. «Bien qu'il y'en a d'autres à qui on a du refuser le poste ; comme Brice et Barry, qui est encore frustré par l'échappée des Admins durant le chaos de la fuite.»

«OUH ! Alors lui on vous le laisse !» Renvoya-t-il en rigolant. «Déjà que la directrice ne supporte qu'à l'extrême limite mes prises de risques, c'est carrément mort de lui demander de faire appel à un kamikaze ; est-ce que vous avez vu l'état de la porte d'entrée de leur base quand on est arrivé ? On aurait dit qu'elles étaient en carton et qu'on les avait défoncé avec un boulet de démolition !»


Le maitre ria en réponse en pensant à ce dernier, quand il avait littéralement entendu péter un câble avec lui via sa pokémontre, vociférant myriades de promesses de douleurs et de sorts funestes qui lui leur réservait dès l'instant où il les croisait à nouveau pour lui avoir pourri sa soirée ; au point qu'il avait du falloir faire appel à Lovis et Brice pour le calmer. Du Barry tout craché.


«Et Brice non plus.» Enchaina-t-il plus réveillé après son rire. «Son statut d'Héritier d'Hoenn le rend indispensable en tant qu'intermédiaire entre nous et vous. Car il n'est ni pleinement affilié à la Ligue, ni ne pleinement pouvoir s'en séparer. De plus on peut tester avec lui certains prototypes de matériels en conditions réelles pour pouvoir ensuite vous en fournir les versions affinée, afin de vous aider dans vôtre enquête ; comme avec vos pokémontres. Et ce, sans attirer l'attention du Consortium.»

«En effet, il nous est plus utile comme ça.» Conclut-il. «Mais si jamais son statu venait à sauter, je ne serait pas mécontent de le savoir parmi nous.»

«En tant que figure célèbre d'Hoenn, de même que Barry pour l'aire de combat, ça risque d'être très dur de les faire intervenir sous couverture.» Contra posément le maitre. «Mais si jamais vous êtes dans la mélasse et qu'ils ne sont pas trop loin, comptez sur eux pour vous sortir du pétrin.»

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La messe ayant été dite, le maitre adressa ses dernières félicitations aux agents et à Lucio pour leur action dans la base, avant de couper la communication en leur souhaitant la bonne nuit. Le pilier du conseil ne tarda pas non plus, et dans les secondes qui suivirent il se dirigea vers la porte pour partir à son tour. Mais au moment où il ouvrait la porte, son regard croisa celui d'une jeune infirmière, tout aussi surprit que lui, alors qu'elle s'apprêtait à entrer. En bon gentleman, le maitre Psy s'écarta pour laisser passer la demoiselle en premier, puis d'adresser un salut courtois avant de s'en aller.

Il fallu attendre de longues secondes la réaction de l'infirmière pour les deux personnes déjà présentes, la voyant comme toujours scotchée à la porte pourtant fermée. Puis finalement le jeune homme se leva alors que sa collègue était sur le point de l'appeler, lui sommant de bien vouloir lui laisser régler ça.

Il s'avança lentement derrière elle. Sournoisement. A pas de loup. Puis, une fois juste derrière elle, il se pencha très lentement pour arriver au niveau de son oreille, sans la brusquer. Puis chuchota.


«Il est célibataire.»


L'infirmière sursauta en se plaquant sur la porte, complètement prise par défaut, alors que le jeune homme qui lui avait fait cette frayeur lui affichait un sourire aussi amusé que sournois. Ses sentiments de frustration et de gêne profonde qu'elle ressentait se contredisaient, alors que le jeune homme cessait d'afficher ce sourire narquois au profit d'un plus pragmatique.


«C'est pour quoi ?»

Remise en situation par sa question, l'infirmière se reprit.

«C'est au sujet des pokémons que vous avez ramenés : ils sont soignés et prêts à sortir.»

«Bien…» Lui rendit-il content pour eux.

Mais l'infirmière était toujours là. Et ne réagissant pas à l'air neutre et incompris qu'il lui renvoyait, il se posa des questions.

«Ben s'ils sont soignés et bons pour sortir, pourquoi est-ce que vous venez me voir ? Vous avez qu'à les relâcher.»

«Le problème, c'est qu'ils ne veulent plus sortir.» Lui répondit-t-elle.

Son interlocuteur lui renvoya une expression tellement neutre qu'elle croyait l'avoir mit sur pause.

«Vous pouvez me la refaire ?» Parvient-il finalement à dire.

«Le mieux serait que vous me suiviez.»

Il jeta un bref regard en arrière vers sa collègue, qui lui rendit de ne pas s'inquiéter pour elle : tant qu'il ne quittait pas le centre c'était bon. Elle n'allait pas bouger de toute façon.

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Guidée par l'infirmière jusqu'au poste de soin numéro 1, Nathaniel attendit que l'infirmière toque à la porte pour entrer à sa suite et y retrouver l'équipe de soin -composée d'une autre infirmière et d'un Leuphorie- aux côté du Kadabra et de l'Evoli assis sur un lit.

Alors que l'infirmière en charge s'apprêtait à lui demander quoi faire avec eux (ne pouvant décemment pas les garder vu le message clair qu'ils leur avaient fait comprendre), les deux pokémons se redressèrent du lit à la simple vue du dernier arrivant pour se diriger vers lui ; devant le trio de soignantes sidéré.

Le jeune homme ne savait pas vraiment quoi penser. Il était sans doute le mieux placé pour connaitre l'étendue de la rage et de la rancune qui couvait en eux à l'égard de la race humaine, surtout après avoir pénétré dans l'endroit où était séquestré l'Evoli et constater de ses yeux l'état pitoyable dans lequel était le Kadabra une fois son bracelet retiré. Il ne voyait vraiment pas pourquoi ils restaient encore là, alors qu'ils avaient visiblement récupérés leurs forces et qu'ils pouvaient s'en aller quand bon leur semblait…


«Vous savez que vous pouvez partir : personne ne vous retient. A commencer par moi.» Commença-t-il à leur attention ; ils l'écoutaient fixement. «Et si vous vous inquiétez qu'un jour les types qui vous ont capturés recommence, à défaut de vous garantir à 100% que cela ne soit pas le cas, je peux vous assurer que ce ne sera plus à Sinnoh sans que la Ligue n'ait son mot à dire. Vous êtes libres.»


Il leur indiquait la porte grande ouverte derrière lui, en s'écartant de leur chemin pour leur souligner ce fait. Ils commencèrent à avancer progressivement vers la sortie, mais toujours en ne cessant pas de le fixer (il ne cillait pas non plus à supporter leurs regards.) Puis s'arrêtèrent juste avant la porte, au même niveau que lui ; devant lui. Et ne bougeaient plus.

Il se tourna par réflexe vers le trio d'infirmière, se demandant s'il n'y avait pas autre chose qu'il ignorait. Ces dernière lui rendirent un unanime refus silencieux d'être mêlés à ça, et qu'elles n'y étaient pour absolument rien dans leur état actuel ; elles les ont juste soignés, rien de plus.

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Alors qu'il était sur le point d'abandonner à chercher de comprendre, il entendit une voix à l'intonation désincarnée comme résonnant dans sa tête.

~Humain, pour déchiffrer les nœuds contradictoires des raisonnements tordus et faire de beaux discours tu es peut-être fort, mais pour faire le constat des évidences devant toi tu es le pire que j'ai vu.~


Nathaniel détourna le regard des pokémons pour chercher l'origine de cette voix dans la salle, en regardant de la tête dans tous les coins en ne sachant pas où chercher. Les infirmières notèrent la réaction du jeune homme avec interlocution, ne comprenant pas où il voulait en venir, ce qui contribua à renforcer son impression d'être largué quand il comprit qu'elles n'avaient rien entendues. Mais il n'était pas fou : il était sûr d'avoir entendu une voix.

Cette certitude se renforça alors qu'il entendit comme un soupir à mi-chemin entre l'exaspération et le dépit résonner dans sa tête.


~Devant.~


Le jeune homme obéit pour se retrouver à nouveau à regarder les deux pokémons, principalement le Kadabra qui voyait ses yeux parcourut d'un fin reflet brillant n'étant pas dû à la lumière. Ils restèrent là à se regarder dans le blanc des yeux pendant quelques instants, s'échangeant une face aussi neutre qu'un portrait abstrait sans «dire» un mot ; rejoint en cela par le trio d'infirmière qui ne savait que penser devant cette scène d'un silence d'une rare intensité. Ce qui donnait lieu à une curieuse atmosphère dans laquelle il semblait que la situation resterait figée tant que personne ne faisait le premier pas.


~Oui, je parle.~ Lui confirma le pokémon en pensée. ~Et j'ai bien employé le mot «parler» que penser.~

«Euh… Je croyais que les pokémons Psy ne s'embêtaient pas avec les problèmes de l'imprécision de la communication verbale, et qu'ils faisaient part directement de ce qu'ils ressentaient pour qu'il n'y ait aucune mauvaise interprétation ?» Lui renvoya-t-il à l'oral.

~Ce que je daignerais expliquer, si nous sortons d'ici pour rejoindre ta «collègue».~ Lui renvoya-t-il en indiquant le trio de soigneuse.


En effet ces dernières le regardait curieusement, à mi-chemin entre se demander si elles ne leur valaient pas être mieux ailleurs ou lui demander poliment de bien vouloir les laisser prendre la direction de la sortie pour les laisser entre eux.


«Euh…» Hésita-t-il à leur attention en cherchant quoi dire d'approprié. «Je crois que l'on va s'en aller, vous devez sûrement avoir plein de chose à faire. Bonne nuit.»


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Alors qu'elle profitait de cet instant de tranquillité pour savourer ses retrouvailles avec ses petites boules de poil (qui avaient manqués tous deux un battement de cœur à l'idée de l'avoir perdue), la porte résonna de trois petits coups pour annoncer la personne voulant entrer, ce qui la tira de ce petit instant de bonheur.

La porte s'ouvrit pour laisser à nouveau entre le jeune homme. Mais lorsque la jeune femme allait lui faire remarquer qu'elle avait trouvée ça plutôt rapide, elle vit un Kadabra et un petit Evoli entrer à sa suite dans la chambre, et s'en retint automatiquement en reconnaissant le duo de pokémon dit «enragés» dont il avait été question plutôt par déduction.


«… Nathaniel ?» Fit-elle simplement en ne sachant pas quoi dire.


Ce dernier lui rendit un haussement d'épaule en guise de réponse. Ce qui ne les avançait pas beaucoup plus. Mais un petit frisson de peur l'a parcourue (qu'elle ne put réprimer) à la vue du Kadabra qui la fixait, elle et les deux pokémons, intensément ; comme s'il voyait à travers elle. Puis elle entendit une voix résonner comme de partout et nulle part autour d'elle.


~Oui. Sa détermination face au danger n'est peut-être pas aussi incroyable que la tienne, mais sa résolution à ne pas risquer la vie d'un autre à sa place est au moins aussi grande ; qu'il s'agisse d'un inconnu ou pas, pokémon ou humain.~

Elle opéra le même manège que le jeune homme avant lui dans la salle de soin ; imitée en cela par ses deux compagnons qui étaient tout aussi largués qu'-elles ne l'était.

~Est-ce si dur d'envisager qu'un pokémon puisse parler vôtre langue au point que vous n'en reconnaissiez même pas un quand il est en face de vous ?~


Elle fixa à son tour le Kadabra d'étonnement, donnant un curieux effet triplé avec les deux souris qui l'imitaient de chaque côté de sa tête. Elle regarda ensuite le jeune homme en pointant du doigt le pokémon.


«Je croyais que-»

«Je sais, et j'ai déjà posé la question.» L'interrompit son collègue. «Il a aussi dit qu'il répondrait une fois ici, en ta présence.»

~Plus par soucis de pouvoir discuter en paix sans que quelqu'un vienne nous interrompre, à cause de cette «particularité».~

Ils firent silence en écoutant le Kadabra s'exprimer ; surtout après avoir noté le ton révulsif avec lequel il avait prononcé le dernier mot.

~C'est vrai que les types Psys, comme vous nous catégorisez, ne s'encombre pas des problèmes liés à l'entretiens d'une discussion orale au risque d'une mauvaise interprétation : quand nous ressentons la haine, nous le faisons savoir intrinsèquement, quand nous ressentons la joie, nous pouvons la partager ouvertement ; à l'inverse nous sommes aussi capable de cacher ces pensées et ces sentiment, comme un mensonge. Comble de la perfection : c'est presque instantané.~

«Mais alors, comment ça se fait ?» Hésita-elle. «Si je comprends bien, et que je trouve la métaphore appropriée, c'est comme si tout d'un coup un Sinnihen se mettait à parler anglais comme à Finmhu, alors qu'il n'en a absolument pas l'utilité.»

~Bonne comparaison.~ Lui renvoya-t-il neutralement. ~Même s'il ne s'agit pas de passer simplement d'une forme de communication à une autre, mais d'un modèle de communication à une autre, le point soulevé de l'utilité est parfaitement approprié.~

Sa «phrase» s'était finie sur une note de rancune profonde parfaitement perceptible ; Ils prirent note de ne plus l'interrompre.

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~Après m'avoir capturé alors que je n'étais qu'un Abra, les humains composant cette chose nommée Rising Sun m'emportèrent jusqu'à leur base, qui ne méritait aucun autre titre qu'enfer.~ Reprit-il sur un accent de rage grondant. ~La première chose que j'y ai ressentit une fois qu'ils me sortirent de ces prisons appelées pokéballs pour me mettre dans une cage, c'était le désespoir dans sa forme la plus pure ; si dense que j'en fus obligé de bloquer toutes mes perceptions mentales pour éviter de m'évanouir.~


Sa rage se mélangeait à la peur, alors qu'ils le voyaient ne pas pouvoir s'empêcher de trembler en repensant à ces évènements encore trop récent. Déjà imaginer ce qu'il pouvait avoir vécu par lui-même relevait de l'absurde, alors ce qu'il devait avoir expérimenté en ressentant en même temps le tourment de tous les autres présents dans la même condition que lui relevait de l'inimaginable.


~A partir de cet instant, j'étais mort.~ Déclara-t-il si froidement que les souris en furent terrifiées. ~Tous les jours, tout le temps, ils passèrent un son horrible qui nous grattait la conscience de son bruit strident, sans nous laisser un seul instant de repos. Je sentais ma raison me quitter alors que je n'arrivais même plus à réfléchir suffisamment pour distinguer la différence entre le haut et le bas. Et les rares fois où le son s'éteignait, et que l'on cherchait à profiter de ces rares moments de répit pour tenter ne serait-ce de se reposer, le son repartait à peine quelques instant plus tard ! Quand nous étions les plus vulnérables !~

Il relevait son regard vers la jeune femme et ses deux souris (car devant lui), d'où s'écoulait des larmes marquées d'une rage et d'une angoisse née des pires tourments.

~J'étais épuisé, à résister désespérément avec mes dernières forces pour ne pas devenir fou et m'oublier ! Et ça n'a servit à rien quand ceux qui cédèrent à cause de leur machine perdirent leur vie dans les pires souffrances ! J'ai entendu leur agonie et ressenti leurs morts comme si c'était la mienne ! De chacun d'entre eux, alors que chaque agonie ressentie par un tuait un autre à sa suite !~ Il céda à sa rage. ~J'AI SENTI LEURS PIRES TERREURS DANS MA TÊTE ALORS QU'ILS MOURRAIENT DANS LA PLUS ABJECTE DES HORREURS, ET QU'ILS CREVAIENT COMME DES DECHETS EN NE SACHANT MÊME PLUS QUI ILS ETAIENT !!! EST-CE QUE VOUS POUVEZ SEULEMENT APPREHENDER CE QUE CELA FAIT DE RESSENTIR LA MORT A CHAQUE INSTANT ?! IMAGINER CE QUE CELA FAIT DE RESSENTIR LEUR OUBLI ET LEUR PEUR COMME SI C'ETAIT LA VÔTRE ETERNELLEMENT ?!~


Les souris terrifiées s'abritaient derrière leur humaine, alors qu'elle-même cherchait à reculer en voyant le Kadabra déverser toute sa rage en pensée et s'avancer vers eux. Mais s'arrêta quand une main à la poigne d'acier lui saisit l'épaule derrière lui. Il se tourna pour voir le pokémon qui s'était occupé de lui retirer le bracelet, le Lucario, l'empêcher de continuer sur cette lancée et l'inciter vivement à se reprendre au plus vite.

Il y avait une bonne raison pour laquelle le Kadabra cédait à sa rage en direction de l'humaine, principalement à cause de ses pokémons ; eux avaient soufferts de sa «possible» disparition, une douleur qu'ils croyaient sincèrement affligeante. Mais en comparaison avec lui, avec ce qu'il avait vu de ses yeux et ressenti de son être, ça n'en valait même pas un millième. Que croyaient-ils vraiment connaitre de la douleur quand ils n'avaient pas l'impression, mais la certitude de tout perdre ; jusqu'au souvenir de vôtre identité ?

Mais ça ne justifiait rien. Comme l'avait fait comprendre l'humain à celui qui l'avait séquestré avant lui, le Lucario le sommait de ne pas retourner sa rage contre ceux qui n'y étaient pour rien en utilisant sa propre douleur comme justification pour imposer sa vision, et dévaloriser la douleur des autres. Car cela le mettrait au même niveau qu'eux. Et ça, il ne pouvait absolument pas l'accepter.

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Une fois assuré qu'il était disposé à faire preuve d'autant de retenue que nécessaire pour continuer dans le calme, le Lucario relâcha sa poigne sur son épaule.

~Je ne pourrais jamais oublier l'enfer que j'ai vécu.~ Déclara-t-il en reprenant sur une subtile note de regret à leur attention. ~J'étais le seul qui restait. Piégé dans un état entre la folie et la raison, alors que je ne savais pas si j'étais mort ou vivant. Mais ça n'importait pas pour eux de savoir si je souffrait ou non. Ils m'ont sortit de ma cage avec leurs visages satisfait pour m'emmener comme un déchet vers un autre endroit…~ Il marqua une pause en se tournant vers le Lucario. ~En désespoir de cause, me sachant condamné dans un ultime instant de lucidité, étant parfaitement conscient que s'ils me refaisaient vivre cette expérience je cèderais à mon tour, j'ai rassemblé un dernier fragment de volonté à me souvenir qui j'étais jusqu'au bout. Puis j'ai cessé de me battre pour mourir rapidement, et espérer que ça soit le cas.~


Le seul qui pouvait supporter avec lui le poids de cette horreur indicible ouvertement était l'Evoli juste à côté de lui, qui affichait point pour point la même expression de rancune et de rage que lui. Cela n'échappa pas à l'humaine et eux souris, qui voyaient que le silence qu'il conservait jusque là était comme la goupille d'une grenade sur le point d'être retirée.


~Une fois certain que je n'étais plus un danger pour eux et un parfait esclave prêt à obéir, ils m'ont exposé dans une salle d'un blanc immaculé dans laquelle trônait une autre de leur machine infernale ; attaché à un lit comme le vôtre avec des sangles. Puis quand ils fermèrent la porte, un autre bruit insupportable se mit à résonner dans la pièce, et m'a forcé à évoluer dans une douleur atroce…~

Il reporta son regard à nouveau vers le trio sur le lit ; un regard d'un désarroi et d'une tristesse qui reflétait la blessure profonde qui lui avait été infligé, et qui saignait encore.

~J'avais si mal que je suppliais intérieurement qu'on me laisse mourir. Mais ça n'était pas leur intention. Ce qu'ils voulaient était obtenir des pokémons Psy obéissants, capable de relayer des directives courte et moyenne portée par télépathie au travers de leur système hiérarchique, sans avoir besoin d'énergie ou de moyen logistique qui pourraient être pris à revers par des systèmes de brouillage.~ Reprit-il à nouveau dans la colère contenue. ~Mais ça n'est pas ainsi que nous marchons : nous relayons et véhiculons les sentiments et les ressentis sous leur forme la plus pure, mais aucunement les nuances de concept liées à la psyché autre que la nôtre ; nous sommes capable de faire comprendre à un humain ou à un pokémon non-Psy qu'il faut chercher à manger en stimulant sa faim, mais nous sommes incapables de leur indiquer un aliment précis. Car cela demande une réelle investigation et effort de nôtre part pour fouiller et trouver dans sa mémoire l'information correspondante, bien plus difficile que vous pouvez l'imaginer ; c'est comme essayer de trouver une goutte de pluie au milieu d'une tempête en pleine Océan.~

«Je n'en avais aucune idée.» L'interrompit-elle en s'excusant avec respect. «Je croyais que les pokémons Psy reconnus comme «pur» pouvaient lire dans l'esprit des gens avec aisance, et que c'était pour cela qu'en capturer un relevait purement et simplement de l'exploit vu qu'ils pouvaient deviner les intentions de ceux qui le chassait ; que c'était même la raison principale pour laquelle dans l'Empire ils étaient considérés comme tabou.»

«Parce qu'en fait, comme ils ressentent les émotions, ça reviens presque au même puisqu'ils savent différencier agresseur et allié.» Avança Nathaniel. «Et aussi que jusqu'ici personne n'avait jamais entendu un de ces derniers le confirmer.»

Le Kadabra confirma d'un signe de tête.

~Parce qu'on ne pouvait pas vous le faire comprendre, de la même manière que l'on n'y trouvait aucun avantage. Mais eux s'en fichaient éperdument de ce qu'on trouvait à dire ou pas !~ Reprit-il avec colère. ~Après m'avoir forcé à évoluer, ils m'ont à nouveau changés d'endroit pour une salle étroite et sombre. Bourrée d'appareils et d'écran de tous les côtés. C'est là qu'ils m'ont mit ce bracelet maudit et m'ont gavé de drogue qui m'ont rendues abruti…~


Il poussait un râle de rage contenu dans sa gorge, le roulant comme le grondement sourd d'une bête sauvage prête à céder à sa soif de destruction à la simple pensée du traitement innommable qui lui avait été infligé. Il regardait le poignet de sa patte où se trouvait encore la marque de cette monstruosité ; gageant l'image d'être prêt à s'arracher le bras s'il avait été encore là.


~J'étais comme une coquille vide, docile et serviable, alors qu'ils passaient en boucle sur tous leurs écrans tout ce que j'avais besoin de savoir pour leur être utile, et remplir le rôle qui devait devenir le mien : toute vôtre grammaire, vos concepts de communication : tout ce que je devais apprendre pour répondre à leurs besoins informatif m'a été implanté de force dans le crâne.~ Il se tourna vers le partenaire du Lucario. ~Et pour éviter que par instinct –nôtre instinct- je ne vienne à revenir à mon modèle de communication, ils m'ont conditionné pour que je sois incapable de pouvoir véhiculer les émotions ! JE SUIS DEVENU COMME UN DE VOS TELEPHONES !~

La déclaration pouvait prêter à sourire, mais le «cri» de rage qui avait explosé dans leurs têtes leur indiquait très clairement que d'y rire en sa présence était synonyme de suicide.

«J'en suis sincèrement désolé pour toi.» Reprit-il navré. «Mais qu'est-ce que ça à voir avec nous ? Sans arrières pensées ou mauvais jeu de mots, on n'est pas des Psys nous.»

~Je veux me venger -On veut se venger. ~Lui répondit-il sur un air dur et froid comme la pierre, rejoint en cela par l'Evoli. ~Nous n'avons pas perdu tout ce que nous avions, ils nous l'ont retiré : nôtre identité, nôtre choix, nôtre vie… Ils nous ont tout prit…~

«Je ne cautionne pas la vengeance, et vous le savez.» Leur rendit-il sur le même air.

~La mauvaise vengeance.~ Le corrigea-t-il. ~Celle de la rage et de la rancune aveugle qui se déverse dans une chaine de haine impossible à briser, et dont on ne sort jamais une fois entrainé dedans. Mais ça n'est pas nôtre but.~ Assura-t-il en tenant fermement son regard. ~Ce que l'on veut c'est anéantir leur résolution. Briser et détruire la raison pour laquelle ils nous ont fait souffrir, nous et tous ceux qui se trouvaient dans le même enfer que nous, et qui n'ont pas eu la chance de s'en sortir. Et réduire en poussière la technologie responsable de nos tourments. Qu'on leur retire l'espoir de leurs croyances comme ils nous ont retiré l'espoir de vivre, et qu'ils n'aient plus rien d'autres que leurs yeux pour pleurer en les obligeant à voir en face le mal qu'ils ont commit ; mais qu'ils restent en vie pour regretter.~

Il marqua un instant pour laisser l'audience accuser ses affirmations.

~Mais pour cela, nous avons besoin de toi.~

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Le jeune homme resta pensif, là où son partenaire se prit à sourire d'un air amusé ; qui ne manqua pas de leur échapper.

«C'est juste que ça lui rappelle la fois où on s'est rencontré.» Précisa-t-il en se mettant finalement à son tour à sourire. «Mais je vais pas vous mentir. Comme vous devez le savoir : je n'ai rien d'un saint non plus. Tout ce que je fais et choisis de faire n'importe que moi. En ce sens, je n'ai strictement rien de fondamentalement différent avec ceux que vous haïssez.» Déclara-t-il franchement. «Êtes-vous vraiment sûr de me vouloir comme dresseur ?»

~Oui.~ Répondit-il simplement, avec l'acquiescement de l'Evoli.

«Alors j'accepte de vous aider à assouvir vôtre vengeance. A une seule condition : promettez-moi, autant qu'à vous, de ne jamais tuer quelqu'un en cédant à la haine.»

Ils se regardèrent, comme hésitant un instant. Puis finalement acceptèrent de nouveau.

«D'accord.» Fit-il un peu plus détendu, avant de se rendre compte d'un détail essentiel. «Au fait, je ne connais pas vos noms.»

~Nous les avons perdu le jour où ils nous ont pris nos vies.~ Lui rendit-il à mi-chemin en le ton neutre et le fataliste. ~Tu es celui qui nous en a offerte une nouvelle, alors c'est à toi que revient la tâche de nous en choisir de nouveaux.~


L'agent Nathaniel hésita quelques instants, n'ayant pas prévu l'éventualité que ça irait jusque là. Il se mit à réfléchir pour en trouver qui leur correspondraient le plus idéalement possible ; reflétant leur passé autant que la résolution de leur futur. Puis sourit en pensant en avoir trouvé de tout trouvés.

Il désigna du regard le Kadabra puis l'Evoli.

«Alcatraz, et Nomad.»

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D'abord intrigués, puis se le répétant lentement en tête, ils finirent par regarder leur nouveau dresseur avec un sentiment qu'ils ne pensaient pas un jour éprouver pour un humain : de l'estime. Deux nouveaux noms aussi lourds de sens qu'il faut être forts pour les porter et les afficher ouvertement. Reflétant l'emprisonnement dans leurs histoires, mais démontrant le désir de liberté y résonnant.


«Au fait.» Reprit-il l'air content en voyant qu'il ne s'était pas trompé dans les noms. «Juste pour faire les présentations dans les règles d'usage : lui c'est Merlin.»

Le Lucario reproduit un signe s'apparentant à celui du «V» de victoire avec ses doigts.

«Et voilà ma partenaire avec qui j'opère en duo, et sans qui tu ne serais pas débarrassé de ton bracelet s'il elle n'avait pas eu la folle idée de me suivre dans mon plan suicidaire ; vu que je ne serais pas entré dans la salle aux serveurs d'où tu t'es téléporté.»

Le Kadabra se tourna vers la jeune femme allongée avec une pointe de remords en pensant à la manière dont il s'était comporté avec elle.

~Je vous prie de m'excuser.~ Lui fit-il simplement.

«Ce n'est rien. Enfin si c'est quelque chose puisque je peux comprendre ta- enfin, vôtre réaction ; même si je ne saurais jamais, et espère sincèrement ne jamais connaitre ce que vous avez pu vivre. Sans vouloir paraitre égoïste ou blessante…»

~Je te l'espère. Parce que tu pourrais ne pas t'en remettre.~ Lui répondit-il sérieusement.

«… C'est possible d'éviter ce genre de sous-entendus ? Parce que ça fait un peu peur…» Lui souriait-elle de façon réticente alors que ses deux souris s'abritaient encore plus derrière elle.


Le jeune homme se mit à rire doucement devant le regard interloqué du Kadabra ; entre connaitre la grammaire et saisir toutes les nuances des phrases à sous-entendus multiple, la marge était trop grosse pour qu'elles puissent lui être inculquées par la force. Ce dernier eut besoin de recourir à certaines des facultés psychiques ayant survécues à son conditionnement pour comprendre que sa phrase pouvait tout aussi bien véhiculer une menace qu'un réel conseil amical.

A défaut de les tuer, il mettrait un malin plaisir à les briser psychiquement en morceau le jour où il les croise de nouveau. Que c'est épuisant de devoir toujours faire attention à ce qu'on dit afin d'être sûr qu'il n'y ait aucune mauvaise interprétation en face ; pas étonnant que les humains se battent si régulièrement entre eux avec un tel handicap.


«Au fait, j'ai oubliée de nous présenter, puisqu'on va travailler ensemble.» Reprit-elle plus sereine en incitant ses deux amis à sortir de son couvert. «Je suis Mikola Shonai, pour le nom de code que nous sommes obligés de conserver, et voici mes amis et partenaires : Théa et Orio.»


Les deux souris firent un timide signe de la patte en direction du Kadabra, mais se ruèrent à nouveau rapidement derrière le dos de leur humaine en croisant le regard terrifiant de ce dernier ; qui pourtant n'avait rien fait. Devant le rire amusé de ses nouveaux partenaires, l'humain et le Lucario.


«Ouais ben c'est pas gagné !» Déclara-t-il gentiment, mais tout de même amusé à leur dépend. «Et pour la scène du publique, moi c'est Nathaniel Garro.»

~C'est entendu, Alice, Gabriel.~ Leur rendit-il innocemment devant leurs regards choqués. ~Pensiez-vous pouvoir cacher une information aussi facile d'accès ? C'est impossible de renier sa propre identité de toutes ses forces vous savez.~

Il leur rendait un regard sérieux en espérant leur faire rappeler ce que représentait ce terme pour lui. Ce qui fut le cas.

~Ne vous inquiétez pas, je serais muet comme une tombe.~ Leur rendit-il presque sur un sourire de dépit en pensant que de toute manière il ne pouvait pas parler. ~Et je préfèrerais encore mourir que de leur dévoiler la moindre information à ce sujet. Car je ne supporterais pas l'idée d'être arrivée à faire ce pour quoi ils m'ont réduit à l'état d'esclave contre ma volonté.~


Vu comment il avait plaidé sa cause depuis le début, il n'y avait aucun besoin de garantie à ce sujet ; pareil pour l'Evoli. Même s'il ne pouvait ni parler à l'oral ou en pensée, l'idée de trahir la chance qui leur offrait était plus abominable encore que de revenir sur leur parole.

Mais globalement, tout avait été dit et concilié, et il se trouvait avec deux nouveaux pokémons parfaitement motivés dans son équipe ; il ne manquait plus qu'une remarque de son mentor pour que cela soit parfait.

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Puis, alors qu'ils s'apprêtaient à quitter la chambre de la jeune femme pour prendre place dans celle d'à côté, Alcatraz se permit de retenir son nouveau dresseur par le pantalon ; geste si exceptionnel qu'il attira immédiatement sur lui toute l'attention (même de l'Evoli.)


~J'aurais une requête personnelle à émettre à mon tour.~ Fit-il hésitant.

«Oui ?» Lui rendit-il interloqué de savoir ce qui pouvait le motiver à faire autant «dans la dentelle»

~Voilà, même si je n'arrive pas à faire confiance à l'être humain –à part vous-, il y a une chose que vous avez fabriqué qui attire mon attention comme une luciole autour d'une source de lumière, et dont j'ai la forte conviction qu'elle pourrait m'aider à améliorer ma concentration ; malgré son aspect dérisoire…~

«Excuse-moi : je rêve ou tu es en train de tourner autour du pot avec moi ?» Lui rendait-il stupéfait. «Vas-y, crache le morceau : tu sais déjà que je passe limite pour un fou suicidaire en me jetant dans un endroit sur le point d'exploser, et de finir enterré en cendres sous une montagne de gravats. En comparaison, tout ce que tu pourras me demander –si je peux y répondre- paraitra bien plus sensé.»

Convaincus par les arguments avancés par son dresseur, cela ne l'empêcha pas de continuer d'émettre des réticences à exprimer sa demande. Mais le fit finalement.

~Serait-il possible d'avoir une cuillère ?~

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Un blanc impressionnant s'installa dans la salle. Qui fut brisé par la seule personne dont on attendait la réponse.


«… Hein ?»


[A suivre]