Decembre, le 22, 2010.
Decembre, le 22, 2010.
17h12.
Lieu : Nid de l'humaine. Je crois qu'elle appelle ça une « chambr ».
Note : Je commence un peu à comprendre le langage de ces créatures, je distingue parfois des mots et parvient à en deviner le sens. Mais leur système de communication ne semble pas assez développé pour me comprendre.
Note : Ces êtres semblent vivre à quatre par tanière, et ont l'air d'avoir une délimitation de l'espace relativement sophistiquée. Chacun semble posséder une pièce où les autres ne semblent pas avoir le droit d'entrer sans permission.
Aujourd'hui, mon humaine m'a libéré dans cette fameuse « chambr ». Voyant que mon spécimen était occupé à faire des choses derrière son écran, j'ai pu entamer mon investigation des lieux afin d'en savoir plus sur le mode de vie de ces créatures. J'ai commencé par regarder autour de moi. Il y avait un lieu sous un truc mou et plat qui m'était caché. Je suis donc allé voir.
C'était plein de poussière. Contrairement au reste de la pièce. J'avais donc découvert le lieu où les humains rangent la poussière !
Un objet attira mon attention. Un truc mou, allongé, en tissu avec une ouverture d'un côté. Un truc rouge et jaune à petit pois. Je le reconnus : c'était une de ces choses que ces créatures bipèdes mettent au bout de leurs pattes arrière. Je ne savais pas qu'on pouvait ranger ça au milieu de la poussière. Remarque vu qu'ils marchaient avec, ils devaient sûrement en ramasser plein...
Note : Le truc mou et plat sert à dormir.
Incroyable ! Les humains n'ont pas de poussière chez eux. Ils la ramassent via ces trucs qu'ils mettent sur leurs pattes arrières et la déversent sous leur couchette ensuite ! Peut-être font-ils ça pour garder leur nid au chaud ?
Malheureusement, je ne pus pas découvrir le pourquoi du comment, car mon spécimen me retira de mon lieu d'observation, en m'adressant un cri ressemblant à « ilfopa'alésouleli ! »
Je décidai alors d'observer le reste du lieu et les objets étranges qui le composait.
Je tentai d'examiner certains de ces objets. L'humaine me laissa faire.
Note : Les humains n'ont aucune notion de défense du territoire.
C'était un truc en forme de bâton tout droit et coloré, avec une pointe au bout. Après observation, je remarquai qu'il y en avait plusieurs, de différentes couleurs. A quoi cela pouvait-il bien servir ?
J'eus beau retourner la chose, essayer de la faire tenir debout, couchée, de les empiler, je ne trouvais pas. Je les reposai alors à leurs places, afin de ne pas perturber les repères visuels de mon sujet d'étude.
Note : Les humains semblent affectionner les objets inutiles.
Je trouvai d'autres objets tout aussi énigmatiques : des livres mous dans lesquels étaient inscrits des codes étranges. Ainsi, les humains communs savaient aussi se servir de livres...Est-ce qu'ils véhiculaient des connaissances scientifiques comme ceux que je possédais ?
A la réflexion, il y avait peu de chances. Les humains ne me semblaient pas assez évolués pour transmettre leurs connaissances de cette façon. Leur système de communication oral sous-développé en était la preuve. Alors de là à leur demander d'avoir un système de communication écrit...
A bien observer le code, ses lignes hésitantes, ses symboles étranges dont aucun ne semblait ressembler à un autre, je théorisai qu'ils n'en étaient qu'aux balbutiements de l'écriture. Quels êtres attardés !
Je trouvai également un autre objet, carré, plastifié, portant une image de mon humaine et des inscriptions dans un code écrit plus régulier.
Ainsi je m'étais trompé... Les humains possédaient un système d'écriture... Il faudrait que je déchiffre ça !
J'examinai ensuite d'autres objets, dont certains que je n'eus aucun mal à identifier : les humains les portaient sur eux pour sortir.
Un objet cependant me posa particulièrement problème. Il était d'une forme indescriptible, mais je crois qu'il s'apparentait à un psykokwak avec un skitty peint sur le crâne, et il faisait couiiiic quand on appuyait dessus.
Il me fallut un moment avant de comprendre que ce truc devait certainement servir à leur faire les dents en s'amusant, un peu à la manière des bébés caninos.
Je portai ensuite mon attention sur des petits objets un peu du même style, en forme de ponyta. Mais lorsque je voulus vérifier s'ils couinaient aussi, l'humaine m'en empêcha.
Son attitude était étrange, mais je n'avais pas intérêt à la rendre agressive si je voulais continuer à l'étudier...
Note : Les humains sont des créatures assez lunatiques. Ils ont un système d'écriture, mais tous ne semblent pas le maîtriser.
18h30.
Lieu : tanière de l'humaine, salle en glace chaude.
Mon spécimen humain a décidé de m'emmener ailleurs dans sa tanière. Elle m'a montré à ce qui semblait être la mère. Il était temps, je commençais à avoir mal aux yeux, avec tout ce rose !
Fort heureusement, le reste de l'habitat est moins psychédélique. Mais sur l'instant, je ne m'en souciais pas, j'avais un échange de communication authentique entre une mère et son petit, il fallait que j'observe ça !
L'échange ne dura pas très longtemps, mais je reconnu quelques mots. « Pokémon », c'étaient ainsi que les humains nous nommaient.
Puis, mon humaine a dit à sa mère : «onfé ungatopourfétélarivédupokemon didionfé ungato » d'un ton particulièrement surexcité. Cette dernière lui a répondu « cétunetrèbonidémachéri lèsmwassin minute ».
Et peu après elles sont allées à la cuisine pour faire un truc bizarre. Évidemment, je les ai suivies.
J'ai alors pu observer la confection d'un de leur repas. Ça ne ressemblait en rien aux baies marron glacées dont les humains semblaient se nourrir l'hiver. La confection semblait suivre un rituel précis et rigoureux.
Mon humaine regardait un bout de papier sur lequel semblait être inscrite la procédure à suivre. Puis elle se mettait à hurler « mamaaaaaaaan ». Après cela, la mère répondait « oui ? Jesuisjustelapalapeinedecrier ». Puis mon humaine demandait un truc qui commençait pas « ouè... » suivit d'un mot différent chaque fois.
Et ça mère répondait systématiquement « ébaregard'dansleplacar », ou une autre séquence sonore contenant le mot « placar ».
Immanquablement, l'humaine allait donc regarder dans diverses boîtes en bois carrées s'ouvrant sur le côté et posées contre les murs de la pièce. Je compris qu'il s'agissait de ce qu'ils appelaient « placar ».
La première fois, l'humaine sortit un paquet de poudre blanche.
La deuxième fois, elle sortit un paquet de poudre blanche.
J'eus du mal à comprendre pourquoi elle sortait la poudre blanche deux fois et les versait dans un genre de verre géant transparent, puis dans un énorme bol orange. Je décidai d'enquêter sur ces poudres. L'une semblait plus cristalline que l'autre. Elle ressemblait à de la neige givrée, l'autre ressemblait plus à de la poudreuse fraîche. Mais aucune des deux ne semblait assez froide pour être de la neige...
Intéressant.
Le troisième truc qu'elle mit dans le récipient fut un genre de truc jaune qu'elle fit fondre au préalable dans un « placar » blanc métallique. Sous mes yeux, elle le versa dans le bol géant.
Il fallait que je goûte ! Il fallait que je sache ce qu'étaient ces choses, que je comprenne pourquoi les humains les mettaient ensemble !
Lentement j'approchai le bout de mon aile pour en prélever un échantillon...
Et c'est là que tout bascula.
L'humaine se jeta sur moi en criant un truc du style : « netouchpassamintenan »!
Ce faisant, elle heurta le pied de la table et me tomba dessus, entrainant dans sa chute le récipient que j'examinai qui nous recouvrit du mélange qu'il contenait. Au moins, je l'avais, mon échantillon...
En le goutant, je fus surpris du goût. C'était sucré, très sucré, texture douce et graisseuse à la fois...
Mais je m'étouffais sur la poudre. Les humains mangeaient vraiment ce genre de chose ?
Leur système alimentaire était vraiment étonnant...
Je me rendis compte en me relevant qu'elle avait sorti des œufs. Je fus alors pris d'un doute atroce. Ils n'allaient pas manger ça quand même ? Mais pourquoi auraient-ils sorti ça dans ce cas ? Allaient-ils en ajouter à leur mixture étrange ?
Mais je n'eus pas le temps d'enquêter sur l'avenir de ces futurs petits, car mon spécimen humain m'entraina dans une autre pièce de la maison.
Cette pièce était différente du reste. Elle était entièrement recouverte de carrés lisses, comme de la glace mais en un peu moins froid.
L'humaine me laissa là, en émettant un genre de « labainoiréla jetelèstelavé ! ». Puis elle me laissa planté là.
Je commençai par faire le tour de la pièce. Il y avait une petite cuve sur un piédestal, et un bassin plus allongé sur le sol. Au dessus de la cuvette surélevée, il y avait un miroir. Il y avait des objets étranges, allongés et plus ou moins creux contenant des liquides aux couleurs vives et aux odeurs différentes de fleurs et de trucs chimiques, posés sur un « placar » à côté du grand bassin. Et à côté de chaque cuve, il y avait un objet métallique argenté. Cela ressemblait à des fontaines miniatures comme j'avais pu en observer dans les villages humains, mais en plus rustique.
Peut-être en était-ce ? Cela justifierait leurs position au dessus des cuves... Je tentai de les manipuler. Pas moyen de les déplacer. Mais certaines parties tournaient... et permettaient de faire venir de l'eau !
Voilà donc la fonction du lieu ! Et la raison pour laquelle elle m'avait amené ici !
C'était la partie de la tanière où l'on pouvait boire !
Note : Même sous-évolués, les humains sont ingénieux. Ils ont intégré un espace où boire à leurs habitats. Mais ils n'ont pas compris qu'il n'y a pas besoin d'avoir autant d'espace juste pour ça...
Bon, ensuite il fallait que je me lave. Alors, même si cela ne se faisait pas de se laver dans un abreuvoir je puisai un peu d'eau pour me la passer sur les plumes. C'est que ça collait cette cochonnerie qu'ils mangeaient !
Ensuite, retour à la « chambr » pour noter mes observations de la journée.
Professeur Celsius Boréal.