Chapitre 4 : Il est temps de lever l'ancre !
- Chuuu ! Raiiiii Chuuuuu !
On me secouait. D'un geste bref, je repoussai cette gêne. Grossière erreur. Une fièvre monta en moi, d'horribles picotements me parcoururent le corps tout entier.
- Ouahhh ! Qu'est-ce que c'est !? Qu'est-ce qui se passe !? Où suis-je !?
Chu' me regardait d'un air innocent. Bien sûr, je savais qu'il ne m'avait pas électrocuté pour rien, une fois de plus. Il était dix heures, et je n'étais toujours pas levée. Quelques semaines s'étaient écoulées depuis ma fameuse rencontre avec ce Pokémon et j'avais enfin purgé mes deux heures de colle. Nous étions dimanche et j'avais rendez-vous avec Emilie, Théo et mon professeur de physique, monsieur Kastler, pour faire une soi-disante "mise au point générale" à dix heures trente devant le lycée. Je me levai alors sans entrain. Pourquoi ne pas avoir fait cette "mise au point" le mercredi après-midi ? Cela aurait arrangé tout le monde.
- Attends moi ici, Chu'. Cache toi sous mon lit si ma mère monte, d'accord ?
- Chuuu !
Un joyeux sourire animait son visage. Je n'étais finalement pas embêtée par sa présence. Au contraire, j'avais enfin quelqu'un, ou quelque chose, à qui parler pendant mes heures d'éternels ennuis. Nous avions appris à nous connaître mieux. Chu' et moi étions devenus de bons amis malgré un très mauvais départ.
Je sortis de ma chambre et me dirigeai vers la salle de bain. Quelqu'un monta. Enfermée dans la salle de bain, je ne sus pas si cette personne était entrée dans ma chambre. En tous cas, elle n'avait pas remarqué la présence de Chu', sinon elle aurait poussé un cri. Quelques minutes s'écoulèrent tranquillement. Je prenais mon temps sous la douche. Tant pis si je faisais attendre les autres.
- Il a l'air de faire bon ce matin, comment fais-je m'habiller ? m'interrogeai-je.
Quittant la salle de bain, je me dirigeai vers ma chambre. J'ouvris la porte et une effroyable vision me brûla la vue. Bien sûr, c'est une façon de parler.
- Natan !? Qu'est-ce que tu fous là !? hurlai-je.
Il était là, mon frère, assis sur mon lit, tranquillement en train de caresser Chu'. Qu'est-ce que j'allais faire ? Que devais-je faire ? J'allais me faire tuer par mon prof et par ma mère ! Sale petite fouine ! Si seulement il avait été intelligent, il aurait pu comprendre. Mais ce n'était pas le cas.
Mon frère était très grand pour son âge. Il m'arrivait déjà au menton alors qu'il n'avait qu'à peine onze ans. De nombreuses personnes pensaient qu'il me ressemblait. Moi je n'espérais pas. Déjà, il était blond alors que moi j'avais les cheveux châtain. Il avait un nez à demi écrasé, "en patate" comme disait ma mère. Seuls ses yeux étaient les mêmes que les miens. Il me sourit idiotement.
- Ne t'en fais pas ! Ton prof aux cheveux blancs m'a tout expliqué. J'embarque avec vous ! me dit-il.
- Quoi !?
Je rêvais. Enfin, j'espérais rêver. Mais il n'y avait rien à faire, même avec une rafale de baffes, je ne me réveillais pas de ce terrible cauchemar. Monsieur Kastler, mais qu'avait-il dans sa tête de physicien ? Un pois chiche !? Révéler toute la vérité à mon frère, c'était comme la révéler au monde entier ! Et puis, qu'est-ce que c'était que cette histoire d'embarquement ?
- Ils t'attendent en bas je te signale ! Comme tu étais en retard, ils sont venus te chercher.
J'enfilai alors un T-shirt et un pull noir simple vite fait et je dévalai les marches des escaliers, manquant à plusieurs reprises de me casser la figure. Je remarquai que ma mère avait laissé un mot écrit sur un gros post-it jaune fluo collé sur l'aquarium. Elle disait qu'elle était partie rendre visite à notre tante, qui n'allait pas très bien, qu'elle me félicitait et qu'elle me souhaitait bon voyage. Elle ajoutait en bas de page : "Prends tout de même soin de ton frère". Je n'y comprenais rien. Avais-je loupé un épisode important de ma vie ? La porte d'entrée s'ouvrit brutalement. Emilie, Théo et monsieur Kastler apparurent. Enfin, surtout Emilie.
- Bon qu'est-ce ' tu fous Germaine !? Magne-toi un peu !
- Si quelqu'un aurait la gentillesse de m'expliquer ce qui se passe... gémis-je.
- Tu n'as pas reçu mon message ? Ni l'e-mail de monsieur Kastler ? On embarque pour une grande expédition en Afrique ! Et ton frère vient aussi ! Il commençait à se douter de quelque chose de toutes façons. m'expliqua Emilie.
Damned. Je rappelle tout de même qu'au départ, c'était censé être une "mise au point". M'enfin bon... J'étais habituée, depuis, à ces incontournables retournements de situation.
- Et qu'est-ce qu'on va faire en Afrique ? Un safari ? Il y a plus important ! J'aurais préféré un voyage au Japon... fis-je, désespérée. Et pour ma mère ? Vous ne lui avez tout de même pas dit... ?
- Rassure toi, Anaïs, j'ai dit à ta mère que vous aviez été sélectionnés pour un voyage scolaire extraordinaire suite à un concours réalisé en classe. Je me suis permis d'inviter ton frère, il sentait la supercherie. Donc ne t'inquiètes pas, j'ai la situation en mains. m'expliqua le professeur.
Oui, je m'inquiétais. D'autant plus que c'était monsieur Kastler qui avait la situation en mains. Qu'allait-il encore nous arriver ? Natan nous rejoignis avec Chu' sur son épaule.
- On y va ? s'impatienta-t-il.
Il commencèrent tous à se mettre en marche vers une belle voiture, plutôt luxueuse, rouge vive. Elle appartenait très certainement à monsieur Kastler.
- Une petite minute !? Et nos affaires ? m'écriai-je.
- Déjà prêtes depuis longtemps ! Maman a tout fait hier pour que tu ne nous mettes pas en retard ! répondit Natan, d'un air qui ô combien m'agaçait.
Nous montâmes à bord du véhicule qui partait en direction du sud. Théo était à l'avant avec le professeur tandis que Natan, Emilie et moi nous entassions à l'arrière, avec Chu' sur mes genoux et Archeomire dans les bras de Natan, qui avait insisté pour le prendre. Quelques heures plus tard, une question qui m'était restée sans réponse me revint à l'esprit. Je me tournai vers Emilie.
- Alors, pourquoi allons-nous là-bas au juste ?
- Pour étudier la météorite d'un peu plus près. Le professeur Kastler pense qu'on pourrait en apprendre beaucoup plus là-bas.
Les yeux d'Emilie pétillaient d'impatience. Elle avait vraiment hâte d'y être. Moi j'aurais préféré rester chez moi, bien tranquille avec Chu'.
Le voyage jusqu'à la mer Méditerranée se déroula sans encombre... ou presque. Nous dûmes nous arrêter quatorze fois parce qu'Emilie avait la nausée, vingt-deux fois parce que Natan avait une envie pressante, six fois pour laisser les Pokémon se dégourdir sans que personne ne les remarque et quelques fois pour manger un peu. Nous avions roulé toute la journée. Le soir, nous nous étions arrêtés à une petite auberge de jeunesse.
- Nous repartirons demain matin à la première heure. Un collègue nous fera traverser la mer à dos de Pokémon, nous informa monsieur Kastler.
- A dos de Pokémon ? s'interrogea Emilie, surprise.
- Oui, le Détroit de Gibraltar étant minutieusement surveillé, il n'est pas prudent de passer la frontière entre l'Espagne et l'Afrique par là en présence de Pokémon, expliqua le professeur. Ne vous en faîtes pas, la traversée est sûre, faites moi confiance.
Je n'avais plus assez de force pour ajouter la moindre parole. J'étais littéralement épuisée. Par bonheur, ma chambre se trouvait non loin de celle de Théo, qui partageait sa chambre avec mon frère. Le pauvre. J'étais remplie de compassion à son égard. Je partageais, quant à moi, ma chambre avec ma meilleure amie, Emilie, sans oublier Chu'.
Nous nous étions mises en pyjama et commencions indépendamment notre lecture du soir, Emilie avec des revues "extraterrestres" et moi avec un roman à l'eau de rose, lorsque les garçons, y compris monsieur Kastler, débarquèrent dans notre chambre. Vous ne pouvez pas imaginer la honte que j'aie eu quand Théo me vit dans mon pyjama blanc et mauve. J'étais devenue écarlate. Je m'empressai de me cacher sous mes couvertures.
- Nan mais ça va pas !? Pas trop gêné d'entrer sans frapper dans une chambre de jeunes filles !? grondai-je.
Emilie était tout simplement morte de rire. Je ne trouvais pas ça drôle du tout. Théo était gêné lui aussi, cela se voyait sur son visage. Il regardait ses pieds tout en bafouillant :
- Je... je suis désolé... ils m'ont forcé... et... je...
- Peu importe ! Montrez-leur professeur ! s'enthousiasma Natan.
Le professeur déposa deux sortes de balles en acier hyper lourdes sur ma table de chevet. Emilie s'empressa de s'incruster dans mon lit pour les examiner de plus près. Elles avaient un engrenage bizarre sur le dessus et semblaient s'ouvrir en leur milieu.
- Je vous présente mes nouveaux prototypes révolutionnaires ! J'ai nommé les "Poké Balls" ! hurla-t-il avec ferveur.
- Et à quoi ça sert ? fis-je d'un ton méprisant, en levant un sourcil.
- A transporter vos Pokémon bien sûr ! Tournez la molette du dessus pour charger la Poké Ball en énergie et dirigez-la vers votre Pokémon afin qu'il rentre dedans ou qu'il en sorte !
J'étais stupéfaite. Comment avait-il réussi un coup pareil ? Il nous expliqua avec patience, pour que Natan puisse comprendre, que les Pokémon avaient en réalité une structure moléculaire très différente de la nôtre. En effet, elle pouvait se remodeler à l'infini. C'est en exploitant cette structure moléculaire spéciale qu'il avait réussi à créer ces fameuses Poké Balls permettant de les enfermer afin de les transporter.
- Je suis sûr que d'autres phénomènes liés à leur structure moléculaire peuvent intervenir ! fit le professeur, plein d'espoir. Mais nous sommes en pleine recherche, moi et mes collègues Japonais, afin d'améliorer ces Poké Balls. Elles sont encore un peu lourdes, malheureusement pour vous. Mais nous prévoyions un nouveau prototype plus léger d'ici une semaine !
Nous allions enfin pouvoir nous déplacer librement sans attirer l'attention. C'était une bonne chose. Monsieur Kastler m'en confia une pour Chu' et donna l'autre à Théo, pour Archeomire. Tous repartir dans leurs chambres respectives. Épuisée par le voyage, je fermai mon livre, invitai Chu' à se blottir contre moi et me couchai après avoir souhaité une bonne nuit à Emilie. Elle dut se coucher peu de temps après moi, puisque je ne l'entendais plus tourner les pages après vingt bonnes minutes.
La nuit fut courte, trop courte à mon goût. Nous attendions sur le quai, dans un vieux port délaissé depuis déjà quelques années. Les hangars étaient complètement salis par la rouille, des bidons vides trainaient un peu partout et il n'y avait pas un chat à l'horizon. Nous étions levés depuis déjà deux longues heures, mais mon esprit venait juste de se reconnecter au monde réel.
- Et qu'est-ce qu'on attend au juste ? lançai-je.
Mes jambes étaient déjà fatiguées de me porter.
- Mon collègue et son Pokémon. Ils ne devraient pas tarder, répondit le professeur en scrutant la mer.
- Supporte ta jeunesse ! me fit Emilie, qui avait visiblement très bien dormi.
Je ne répondis pas. Je fis quelques pas vers l'avant pour inspecter la qualité de l'eau. Comme je m'en doutais, elle était sale et très polluée. Une odeur nauséabonde s'en dégageait. Je fis une grimace et me retournai vivement. Emilie discutait de phénomènes surnaturels avec Natan tandis que Théo observait avec attention Archeomire et Chu', qui s'amusaient à se cacher derrière les bidons et les caisses en bois. Je me joignis à lui en silence. Les battements de mon cœur ne cessaient de s'accélérer.
- C'est marrant de les voir jouer de cette façon, dit-il.
- Oui, Chu' n'a pas souvent l'occasion de s'amuser comme ça à la maison, répondis-je en rougissant.
La discussion s'arrêta là. Aucun de nous deux n'osa ajouter quelque chose. Silencieux, nous observions les deux Pokémon. Tout à coup, Archeomire se cogna contre une petite chose bleue qui se mit à gigoter dans tous les sens. Théo accourut, je le suivis. Le petit pingouin bleu trébucha sur une planche de bois et se mit à pleurnicher.
- Tiiiiiiiplouuuuf !
Il pleurait maintenant à chaudes larmes.
- Il s'est rentré une épine dans le pied ! Regarde ! me fit remarquer Théo. Je vais t'aider, ne t'en fais pas. N'aie pas peur et reste calme, ajouta-t-il d'une voix douce et rassurante.
Il retira doucement l'épine et remit le petit Pokémon sur pied. J'entendis quelqu'un courir et s'arrêter derrière moi.
- Oooooh ! Qu'il est mignon ! s'émerveilla Emilie. Viens par là toi, que je te prennes dans mes bras !
Elle prit le petit pingouin et le serra contre elle. On aurait dit qu'elle allait l'étouffer. Cela semblait ne pas le déranger, il riait et s'agitait joyeusement.
- Raiii ?
- Tu n'as jamais vu ce Pokémon avant Chu' ? lui demandai-je. Il n'a pas l'air méchant.
Chu' grimpa sur ma tête et examina d'en haut le nouveau venu, intrigué.
- Je peux le garder ? Il est si mignon ! Hein que tu veux venir avec moi ? demanda Emilie, de nouveau excitée comme une puce.
- Tiiiiiiiiiiiplouf !
Le Pokémon leva un de ses petits bras et semblait acquiescer.
- Tiplouf, c'est trop mignon ça ! A partir de maintenant on forme une équipe !
Et voilà comment Emilie se retrouvait elle aussi avec un Pokémon à ses côtés. Tiplouf avait l'air aussi enjoué qu'elle. Ça allait encore être le festival, le soir. C'est alors que le professeur Kastler nous appela. Son collègue chercheur était arrivé. Nous nous précipitâmes vers notre "embarcation". Je me souviens être restée bouche bée devant le magnifique spectacle qui s'offrait alors à nous. Un magnifique Pokémon aquatique se dressait devant nous, l'eau paraissait alors plus pure que tout à l'heure. Cette immense tortue d'eau de mer, qui répondait au nom de Lokhlass, me parut tel un Dieu pacifique voguant sur les océans lointains. C'était le genre de créature qui n'apparaissait que dans les légendes orientales et que tout le monde cherchait à rencontrer au moins une fois dans sa vie. Nous étions émerveillés, humains comme Pokémon.
- Alors, vous montez les gosses ?
Un homme à la carrure imposante et revêtu d'une veste de marin se tenait à l'avant du Pokémon. Notre professeur de physique s'était installé à l'arrière comme pour pouvoir nous surveiller pendant le voyage. Nous prîmes place à bord. Chu' ne me lâchait plus, de peur de tomber à l'eau. Tiplouf ne cessait de zigzaguer entre nous. Monsieur Kastler étudia ce petit Pokémon et discuta longuement avec Emilie. Moi je ne disais rien, j'écoutais le bruit de l'eau glisser sous l'imposant corps de Lokhlass. J'étais presque collé à Théo. Je restais immobile, pour ne pas trop me frotter à lui et le gêner d'avantage. Tiplouf s'amusait à envoyer des bulles sur les quelques pauvres mouettes qui passait au dessus nous. Cela faisait bien rire Emilie. L'homme qui "possédait" le Lokhlass nous décrivit le Pokémon comme étant très gentil et très calme. Il l'avait retrouvé blessé sur le rivage, non loin de Marseille, quelques semaines avant le coup de téléphone de monsieur Kastler.
Le soleil commençait à me taper sur le crâne lorsque Théo me fit remarqué que nous approchions du but : on apercevait les plages Africaines au loin.
- Faîtes comme je vous l'ai dit et rentrer vos Pokémon dans leurs Poké Balls. Nous arrivons ! ordonna le professeur.
Une lueur d'excitation brillait dans nos regards...
***
Note de l'auteur : Je tiens à préciser que l'orthographe du prénom "Nathan" est correcte même sans le "h" ce qui donne donc "Natan" dans le texte. Un prénom peut s'écrire de différentes façons. Je l'ai volontairement écrit ainsi en guise de "clin d'œil" à un ami dont le prénom s'orthographie de cette manière.
De plus, vous aurez certainement remarqué que les Poké Balls évoquées ici sont différentes des Poké Balls normales. Certains d'entre vous auront donc remarqués que je tire ces fameuses anciennes Poké Balls du film Pokémon 4 Ever où apparait Celebi. Le dresseur qui vient du passé sort un Reptincel d'une de ces Poké Balls si je me souviens bien. La description est vague et n'est peut-être pas exacte car je la tire de mes souvenirs du film alors ne me tapez pas ! xD
Je profite donc de cette note pour vous souhaitez une bonne journée ou bonne soirée. J'espère que vous avez apprécié ce nouveau chapitre :)
Merci à tous ceux qui lise ma fanfic :D