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La Faucheuse. de T-Tylon



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» Auteur : T-Tylon - Voir le profil
» Créé le 20/02/2011 à 05:41
» Dernière mise à jour le 01/03/2011 à 18:34

» Mots-clés :   Présence d'armes   Sinnoh   Suspense   Terreur

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Estoc.
Sinnoh. Arène de Verchamp, sous-sol.

Jeudi 22 Avril. 20 heures 12 minutes.



Après que les forces de l'ordre en place dans la ville eurent prit le relais de l'escorte menée par l'ancienne maitresse, il fallut faire des pieds et des mains à cette dernière pour se rendre au centre pokémon de la ville en tâchant d'éviter la foule et les journalistes qui tentèrent de les encercler comme des rapaces sur une proie. Heureusement que le groupe d'ouvrier put les tenir en respect en accaparant les caméras : une descente en flamme pour les terroristes et des éloges dignes de ce nom pour la ligue. Ce qui n'était pas vraiment ce qu'ils voulaient, mais ne purent rien faire d'autre que de s'en contenter ; vu que l'ex maitresse et la celle des baies s'étaient éclipsées.

Une fois dans le centre pokémon (après être passée par la porte de derrière), Cynthia en profita pour stocker l'un de ses pokémon afin d'intégrer la ball confiée par Flo dans son équipe (dans laquelle se trouvait Lisa, pour éviter qu'elle ne se retrouve sur une photo ou vidéo par accident). Dans l'ensemble la passation de droit temporaire s'est bien passée, ce qui était tant mieux : moins de temps elles trainaient et mieux c'était.

Néanmoins elle ne pouvait pas quitter la ville comme ça, pas avant d'être passée à l'arène pour essayer de les avertir que toutes leurs communications pouvaient être interceptées par l'espion (car Lovis a fait part de son hypothèse aux personnes de confiance de la ligue, et non pas à sa propre arène.) Mais un problème de taille se posait : dès qu'elles seraient rentrées, les caméras et les micros auront vite fait de relayer l'information à ce dernier. Aussi Luna lui proposa une solution aussi inventive que vieille comme le monde : faire passer l'avertissement dans un message qui serait caché dans la dernière baie qui lui restait, et le donner à la dernière personne susceptible de les trahir par erreur. Le scientifique assurant l'intérim : Jed.

La baie fut placée dans une capsule, sur laquelle le nom fut écrit avec un feutre (Cynthia fut surprise par le nombre de fournitures que la demoiselle avait dans son sac), et ensuite confiée à l'infirmière qui s'était occupée d'elles durant leurs courtes convalescences dans le Centre pour qu'elle l'apporte à l'arène en même temps qu'un petit paquet remplit d'objets de soin ; afin de justifier sa venue comme une «visite de second contrôle» pour voir où en étaient les pokémon de la partie de l'arène revenue du marais.

Cela avait visiblement marché comme prévu. Elles virent l'infirmière rentrer et sortir de l'arène le plus naturellement du monde (cachées et à bonne distance pour éviter d'être repérées ; Luna faisant remarquer que c'étaient elles qu'on pourrait prendre pour des espionnes dans ce contexte, ce qui l'a faite rire) et indiquer qu'elle avait bien livrée commande en s'étirant ouvertement (montrant ainsi subtilement qu'elle n'avait plus rien). Puis l'ancienne maitresse mena la demoiselle des baies à proximité de la sortie est de la ville, dans l'orée des bois entourant la cité marécageuse par le nord –dans un noir qui rendait la marche hasardeuse-, puis fit sortir son Togékiss sur lequel elles montèrent toutes les deux. Ce dernier décolla doucement au travers du feuillage sombre dans l'obscurité de la nuit, faisant à peine remuer les feuilles en masquant son envol, et partit au travers des nuages bas du ciel nuageux ; disparaissant dans la brume du ciel.

--------

Jed, le nouveau boss assurant l'intérim en l'absence remarquée de tous ses collègues qualifiés, fut très surprit lorsque l'infirmière (qui passa «à l'improviste planifiée») vint à lui faire parvenir la capsule baie «cadeau» de la part de la demoiselle baie. Le cadeau en lui-même ne le surprit pas outre-mesure, mais d'apprendre qu'il lui était adressé à lui précisément en guise de «remerciement» l'interpella franchement.

Lorsqu'il l'ouvra, le fait de tomber sur une baie Citrus ne fit qu'amener sa suspicion à un nouveau pallier. Ne prétendant pas surpasser son Boss dans le domaine, Jed se savait suffisamment intelligent pour comprendre que quelque chose ne tournait pas rond et que cette baie «simple» (en comparaisons de ce qu'avait dévoilée sa légataire la dernière fois) portait en elle bien plus qu'un simple remerciement. C'à, et surtout le fait qu'il voyait une trace discrète de coupe au sommet du fruit.

Il déclara à ses collègues qu'il allait prendre sa pose dans la salle de détente à côté de la cafétéria (ce n'était pas un centre opérationnel auto-suffisant pour rien). Mais lorsqu'il s'y rendit l'air de rien pour «déguster son cadeau», il fit en sorte de se trouver dos aux caméras, tout en ne s'installant pas trop loin d'autres collègues aussi en pause pour éviter ironiquement d'attirer l'attention. Cela ne lui plaisait pas de jouer un tel double-jeu avec ses propres collègues, et amis pour certains, mais à quoi servirait-il (s'il devinait juste) de lui faire passer un «message dans la baie» clairement privé si c'était pour qu'il puisse être lu par les caméras ?

Ses doutes se confirmèrent lorsque, en épluchant la baie en commençant par le haut, il trouva rapidement le bout de papier caché à l'intérieur. Il ne lui fallut pas longtemps pour en lire le contenu (vu la taille limite du papier pour qu'il passe incognito dans la baie et qu'il n'interfère pas avec le procédé de dématérialisation) mais surtout encore moins pour en perdre ses couleurs lorsqu'il en saisit toute l'horreur du contenu. Mais il reprit son calme rapidement, pour éviter que le pic de stress qu'il ressente ne le trahisse malgré lui.

Il se mit à réfléchir rapidement, après avoir rangé le bout de papier dans sa blouse de scientifique via un geste «d'erreur innocente» (amener la baie à sa bouche pour la manger, laisser le jus couler et faire une tâche, prendre une serviette pour s'essuyer et profiter de cet instant pour cacher le papier dans la poche supérieur de sa blouse.) En informer ses collègues en commençant par les personnes à qui il faisait confiance ne servirait à rien, les micros de la salle principale capteraient tout, et s'il le faisait en «passant le mot» à l'ancienne, les caméras noteraient son changement de comportement plus rapidement que s'il ne mettait le bout de papier directement sur l'objectif. Mais il ne pouvait pas se contenter de rien faire en attendant les ordres, et laisser toutes leurs informations sensibles être relayées à leurs ennemis aussi gratuitement…

Une idée lui vint à l'esprit, la solution ; surtout la seule issue qu'il trouva au bout de cette réflexion intense… Ou plutôt, la seule personne. Il ne la connaissait que de réputation, mais il savait que le champion lui ferait sans doute même plus confiance qu'à elle qu'à lui. Cette dame au regard de pierre qui occupait temporairement ses quartiers de détente privés en profitant de ses «vacances» suite à son renvoi des forces de police, à qui le champion à donné carte blanche pour aller et venir librement dans l'arène…

Les raisons de sa présence étaient plus vagues que le champion ne le laissait comprendre. Puisqu'elle habitait Verchamp et qu'elle était en vacances, pourquoi «perdre» son temps à «profiter» de l'hospitalité de l'arène ? Néanmoins il savait aussi que poser ce genre de question à la personne concernée viendrait à lui faire face directement… Brrr ; rien que de penser au regard qu'elle pourrait lui jeter, s'il venait à se mêler de quelque chose qui ne le regardait pas, le faisait frémir d'avance.

Mais à l'heure actuelle, il ne voyait personne d'autre qu'elle. Aussi, il prit son courage à deux mains. Se rendit à la petite salle réservée au champion… Et toqua trois petits coups à la porte.

«Entrez.»

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Le scientifique pénétra avec une pointe de malaise dans la salle. La pièce en elle-même n'avait rien d'extraordinaire et il ne redoutait pas d'y entrer, mais la voix qui l'y invita, et surtout le ton autoritaire avec lequel «l'ordre» fut prononcé ne lui fit pas se sentir en confiance ; il savait bien qu'elle n'était pas ici chez elle, qu'il n'était pas son subordonné, et pourtant il «craignait» naturellement le fait de venir à la remettre en cause.

Puis lorsque la porte derrière lui se referma dans un bruit de coulissement ténu, la personne qui se trouvait devant lui reposa une photo dans un cadre à facture plutôt vieille et se retourna pour lui faire face. Une femme à l'apparence physique qui retranscrivait à la perfection son âge honorable et son caractère aussi dur que la pierre. En d'autres circonstances il n'aurait pas cherché à venir lui-même à son encontre, mais là il n'avait pas le choix. La petite salle de détente du champion était la seule qui ne soit ni reliée au système de sécurité ou à celui informatique de l'arène, car sa conception relevait purement et simplement du gros placard qui sert à tout et à rien (en d'autres termes, aucun câble ou principe logistique de l'arène n'est accessible par cette salle, ce qui lui donnerait une importance stratégique nulle. De plus l'arène intercepte toutes les communications allant d'interne en externe, ce qui rendrait une communication clandestine totalement inutile.)


«Qu'y a-t-il ?» Lui demanda-t-elle sur un ton formel. «Lovis étant actuellement occupé par ses devoirs de champion, je me doute que c'est avec moi que vous voulez vous entretenir. Allez-y.»


Plus que mal à l'aise même, vraiment tendu. Il restait debout à se demander s'il n'avait pas fait une boulette dans son raisonnement, tant cette femme lui inspirait l'idée de se retrouver face à un roc. Mais bien que cette dernière ne sache le sujet derrière la raison de la venue du scientifique, elle sut que ça n'était pas en se fixant dans le blanc des yeux que la situation se débloquerait. Aussi elle prit l'initiative de s'assoir, avant de lui proposer de faire de même en indiquant un autre siège.


«Veuillez m'excuser pour ma rudesse et mon manque de politesse, mais il n'est pas évident de se débarrasser de ce genre de réflexe après avoir dirigée un poste de police de plusieurs centaines de personnes pendant si longtemps. Je vous en prie, asseyez-vous.»


La tension qui avait commencée à s'installer disparaissait lentement, le malaise qu'il ressentait depuis le début l'accompagnant dans la foulée. L'expérience lui était totalement inconnue, mais il pouvait se faire une idée de la difficulté et de la nécessité d'être aussi stricte pour mener un commissariat comme celui de Verchamp. Il se rendit compte par la même que c'était sa propre appréhension qui avait contribuée à mettre en place cette atmosphère désagréable, tellement l'information qu'il avait en sa possession était sensible et qu'il craignait de faire une erreur en la lui confiant. Mais il se rappela en même temps qu'il ne serait pas là s'il avait trouvé une autre option.

Alors il cracha le morceau.

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L'ex directrice de police resta de marbre malgré la révélation et les inquiétudes du scientifique quand aux conséquences. Ce calme avec lequel elle prenait la nouvelle le fit à nouveau se sentir mal à l'aise. Mais avant qu'il ne rajoute quoi que ce soit, elle prit les devants en se levant, se dirigeant vers la porte, et le surprit en l'ouvrant pour sortir dans le couloir –devant les deux caméras surveillant l'entrée.

Elle se tourna ensuite vers lui, prête à partir, dans une posture ouverte pour l'inciter à la rejoindre.


«Je vous remercie pour vôtre hospitalité, et d'avoir prit la peine de venir m'informer de la certaine absence de mon beau-frère pour le dîner.» Fit-elle en inclinant légèrement la tête de façon polie. «Je n'ai plus vraiment de raison de rester ici pour l'attendre, et je vais en profiter pour rentrer avant qu'il ne soit trop tard. Mais peut-être pourrais-je vous inviter à prendre un café ?»


Une seconde, elle avait dit «beau-frère» ? Donc la femme qui lui fait face était la directrice du centre de police de la ville et la femme du frère du champion ? Pas étonnant que Lovis lui fasse confiance, et lui de finalement laisser sa tension retomber ; il avait trouvé la bonne personne. Cependant, Jed ne lui avait pas épargné le passage concernant la découverte du message dans la cafétéria, ni les caméras s'y trouvant. Elle lui envoyait une invitation subtile à rentrer dans son jeu pour que la conversation ait l'air crédible sur les vidéos. Il fallait donc qu'il joue son rôle.


«Merci mais je vais devoir refuser. Je viens de grignoter un truc à la cafèt', et j'ai profité de ma pause pour vous en informer. Et comme j'assure l'intérim, je ne peux pas quitter l'arène. Vous m'excuserez si je ne vous raccompagne pas.»

«Je comprends et je vous remercie d'avoir prit sur vôtre temps libre pour m'en avertir. Il ne me reste plus qu'à vous souhaiter une bonne soirée, et potentiellement une bonne nuit.»


Elle s'inclina poliment avant prenant la direction de la sortie, puis de s'arrêter pour refaire face au scientifique qui venait tout juste de sortir de la pièce qui s'arrêta lui aussi, interpelé par ce changement soudain qui le prit par défaut.


«Si je puis me permettre de vous donner un conseil : prenez juste une tasse de café noir pour vous aider à tenir. Le goût est suffisamment amer pour rester éveillé, et le contenu d'une seule tasse est suffisant pour vous éviter d'avaler quantité de caféine ; ce qui vous tiendrait plus énervé qu'éveillé.»

«Merci du conseil. J'y penserais.» Fit-il plus détendu en comprenant que c'était pour renforcer le côté crédible de la scène, avant de rajouter. «Bonne nuit à vous aussi. Et bon retour surtout.»

Et ils repartirent tous deux à leurs occupations.

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Lorsqu'elle leva la tête pour observer le ciel de nuit nuageux, la couleur lui fit penser exactement au même café noir qu'elle avait conseillé au scientifique, et elle prit note de s'en prendre un double lorsqu'elle arriverait à destination ; elle allait en avoir besoin, car enfin elle allait se mettre sérieusement au boulot… Dommage que cela commençait si mal.

Elle prit la direction du district ouest de la ville, comme pour rentrer normalement chez elle. Mais lorsqu'elle tourna au détour d'une avenue pour s'engouffrer dans l'une des rues peu éclairées de la ville, l'obscurité et le noir de ses vêtements la rendirent aussi furtive qu'un serpent et elle en profita pour s'éclipser dans la nuit.

Elle constata avec une pointe de fierté, tout autant que de rassurance, qu'elle n'avait rien perdue de ses capacités de filature et de contre-filature sur le terrain, lorsqu'elle arriva proche de l'entrée arrière d'un des nombreux immeubles du quartier populaire du district ouest –l'équivalent d'une fourmilière en terme d'habitation. Elle pénétra dans ce dernier après s'être assurée de ne pas avoir été suivie et de monter à pied les nombreux étages menant à sa véritable destination (pour éviter de donner bêtement le numéro de l'étage où elle se rendait en l'affichant sur le petit écran informatif de l'ascenseur.)

Puis une fois arrivée au neuvième étage, elle sortit les clefs portant le chiffre de l'appartement de la porte se trouvant devant elle, numéro 904, et ouvrit cette dernière pour rentrer dans un appartement des plus normaux : meubles simples correspondants aux goûts actuels, miroir, télé, ordinateur, et tout ce qu'on pouvait trouver de plus standard dans un résidence secondaire de ce niveau de vie. Plus un grand placard intégré dans le mur.

C'est devant ce dernier qu'elle s'arrêta, après avoir vérifié de partout dans la pièce qu'aucun dispositif d'espionnage ou étranger n'avait été installé. Elle prit les deux poignées ovales et les fit tourner dans un ordre inversé pour chacune d'elle, ce qui ne l'empêcha pas de s'ouvrir normalement. Mais l'étonnant fut qu'au lieu de simplement enlever son manteau pour le ranger à l'intérieur, elle s'y engouffra entièrement dedans avant de refermer derrière elle. Puis elle toqua sur le mur du fond dans un rythme irrégulier espacé dans un contexte ne devant pas dépasser une limite de temps de cinq secondes –code qui changeait quotidiennement- avant que, dans un bruit de métal lourd raclant une surface duveteuse, un accès ne s'ouvre à l'arrière du placard pour donner sur l'appartement voisin : le numéro 905.


«Bienvenue, Catherine, il ne manquait plus que vous.»

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Lorsqu'elle pénétra dans les lieux, et que la personne qui lui avait ouvert replaçait l'armoire en métal pour boucher à nouveau l'accès, elle put voir –avec une pointe de déception- que tout avait été mit en place et qu'ils étaient enfin opérationnels comme elle l'avait demandée : plusieurs ordinateur portables posés en ligne sur la table de la salle à manger, et connectés entre eux grâce à une batterie de petits serveurs puissants reliés en un réseau privé ultra-sécurisé, suivit d'antennes discrètes derrière les fenêtres en guise d'intercepteur et de brouilleur de communication programmés pour réagir à toute tentative d'intrusion externe et pour récupérer les instructions privées de la ligue. Sans compter plusieurs meubles de la pièce convertis pour tout autre chose que leur rôle habituel ; comme une commode contenant plusieurs armes à effets incapacitant en tant qu'armurerie, ou alors les petits rangements de la cuisine servant au stockage et aux soins des pokémon, etc. La vraie planque de la petite organisation secrète qui débute.

L'homme aux fines lunettes, qui avait déplacé l'armoire, nota son air déçu avec une note franche d'étonnement. Tout comme son autre collègue, assise derrière deux ordis avec un fine oreillette-micro sur l'oreille gauche, qui complétait le trio qu'ils formaient pour l'instant. Croyant qu'ils avaient peut-être fautés quelque part, cette dernière prit le risque de s'en assurer.


«Un problème ? On a pourtant vérifié que tout était bien installé.»

Cette dernière réalisa l'inquiétude qu'elle laissait peser sur eux, mais pas pour les bonnes raisons. Elle s'engagea à remettre les choses dans leurs contextes.

«Vôtre mise en œuvre du poste d'opération temporaire est admirable… Mais j'ai bien peur qu'il ne nous faille bientôt tout remballer : cette position n'est plus sûre.»

«A cause de l'espion ?» Avança-t-elle, ce qui obtenu une réelle surprise de la part de la directrice. «Le maitre nous a contacté quand l'héritier a fait état de la prise d'otage. Mais il l'a fait sur nôtre nouveau réseau fantôme, parallèle à celui de la ligue, justement pour le tester en même temps que nous avertir que les criminels étaient de Rising Sun.»

«Il est donc probable que cet espion ne sache encore rien de nous.» Conclut-il.

«Ce n'est pas suffisant. On ne peut pas se contenter d'un «probable» en guise de garantie alors qu'on débute. Par défaut, quand il y'a un doute, mieux vaut l'écarter tout de suite en prenant des mesures qui paraissent excessives plutôt que de ne rien faire et amèrement le regretter plus tard.» Trancha-t-elle calmement. «Contactez Nathaniel et Shonai pour leur dire qu'on remballe et qu'on bouge vers le prochain site, et passez le message aux autres.»

«C'est la que ça coince, madame.» Rajouta-t-il, en espérant que le respectable « madame » pourrait lui éviter ses foudres. «L'héritier a découvert ce qui semblerait être la base d'opération principale de Rising Sun à Sinnoh en même temps que la prise d'otage, ce que le maitre n'a pas manqué de nous faire savoir. Alors Nathaniel et Shonai en ont profité pour se mêler aux renforts de Rivamar afin de participer à l'attaque.»


Plusieurs choses à savoir quand à la sélection d'un endroit dit « public » pour le convertir en base d'opération secrète : avoir une possibilité de fuite optimale et aisée ; qu'il soit placé dans un endroit stratégiquement ni trop caché ni trop visible, afin soit d'éviter d'attirer l'attention, soit avoir trop de monde à surveiller pour repérer les potentiels agresseurs ; éviter les endroits trop récents, ou à l'inverse trop anciens, etc…

Mais surtout : toujours trouver une planque avec une excellente isolation sonore.

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«QUOI ?!»


L'exclamation fit jeter instinctivement l'oreillette de l'agente devant les ordis ; le ton avait était si clair, si fort, et dénué d'absolument toute raclure de gorge, au point qu'elle en ait instantanément cru qu'elle avait mit le son à fond sur les portables.


«S'il vous plait conservez vôtre calme, je vais vous expliquer !» Fit-il en se mettant en avant pour tenter de retenir la potentielle explosion de la directrice. «Quand Louka nous a relayé le message, il a en même temps émit une mise en garde concernant le réseau des arènes par l'informateur qui nous avait aussi fournit les premières informations concernant l'existence de Rising Sun, comme quoi ils avaient trouvés le moyen de l'exploiter d'une façon ou d'une autre et qu'il était peut-être compromis ; ce qui explique pourquoi on n'a pas prit le risque de vous contacter tant que vous étiez dans l'arène.»

«Alors pourquoi sont-ils en train de faire précisément l'inverse en participant à cette attaque qui a été certainement parvenue à l'espion ?! Je croyais que vous étiez des agents sérieux, pas des amateurs qui veulent endosser la cape du super héro à la première occasion !» Finissait-elle par éclater de colère, mais avec retenue pour éviter de mettre à l'épreuve l'isolation de la pièce.

«Parce que si on est repéré ça ne sert à rien de se cacher, et inversement si on ne l'est pas on ne peut pas rater une telle occasion ?» Fit une nouvelle voix.

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La voix en question, d'un ton léger mais respectueux, avait une intonation légèrement synthétique et distante par rapport au reste de la pièce. Comprenant de qui il s'agissait par là, la directrice laissa l'agent pour se rapprocher de la table afin de prendre une micro-oreillette comme celle de l'autre agente.


«Cette décision m'appartenait, Nathaniel.» Cassa-t-elle furieuse.

«Vrai. Comme il est vrai qu'au moment où vous auriez pu la prendre, vous étiez hors d'atteinte dans l'arène.» Fit-il remarquer calmement.


Un instant elle se demanda s'il ne se moquait pas doucement d'elle avec une insidieuse tentative d'insubordination, croyant l'avoir très mal jugé lors de leur première rencontre ; contredire sa Boss n'est clairement pas le meilleur moyen de bien commencer. Mais ce dernier n'attendit pas sa réaction et enchaina.


«Ecoutez, je ne cherche absolument pas à saper vôtre autorité, bien au contraire ; si on n'avait pu vous contacter la question ne se serait même pas posée. Mais quand l'information est tombée on ne pouvait plus entrer dans l'arène pour venir vous chercher. Et quand les renforts de Rivamar sont arrivés plus rapidement que prévu on n'avait que deux solutions : soit on ne bougeait pas en vous attendant et on stagnait toujours dans nôtre enquête ; soit on prenait l'initiative de se mêler à la force d'attaque pour glaner des informations de haut niveau venant directement de Rising Sun. Sachant que dans les deux cas nôtre couverture était probablement éventée, quoi qu'on fasse, autant foncer vu qu'on a rien d'autre.»


Résumé clair et posé, fait en avançant des arguments défendables. Ses appréhensions s'envolèrent aussi rapidement qu'elles s'étaient installées sur le coup de la frustration. Mais, comme s'il la voyait ou lisait dans ses pensées, l'intéressé retourna sa veste de manière moins «courtoise».


«Au pire, si vous pensez qu'on a exagéré, vous pouvez toujours nous ordonner de revenir. On n'aura juste plusieurs dizaines de kilomètres à pied à parcourir dans un marais en pleine nuit.» Proposa-t-il sur une note évidente de sarcasme.


Elle ne savait plus vraiment quoi penser de lui, si ce n'était qu'à partir de cet instant elle décréta machinalement qu'elle tenait là l'exemple et la preuve qu'il y'a toujours une sorte de clown dans quelque organisation que ce soit ; privée, publique, secrète ou elle ne savait quoi d'autre. La manière dont il prenait plaisir à la faire doucement tourner en ridicule ne lui plaisait fondamentalement pas, mais d'un autre côté elle ne pouvait nier qu'il détenait là une occasion en or et qu'il a su la saisir. Elle soupira en sachant qu'elle devait être son rôle en tant que directrice le concernant : tout faire pour tempérer ses ardeurs afin d'éviter un jour que son assurance ne les fasse courir à leur perte ; ce qui voulait dire le supporter.


«Très bien.» Admit-elle sur un soupir ressemblant au ruminement d'un Tauros excédé. «Puisque de toute manière vous en êtes là, autant effectivement aller jusqu'au bout.»


Mais avant que ce dernier puisse se réjouir de l'idée d'avoir réussit à la convaincre (même si elle n'en avait pas la preuve, elle ne lui laisserait pas la chance de savourer ce moment) elle rajouta fermement.


«Mais à partir de maintenant : aucune action inconsidérée. Je prends les rênes de cette opération et vous suivez les instructions à la lettre. Est-ce bien comprit ?»

«Comprit.» Fit-il en même temps que l'autre agente l'accompagnant.

«Bien. Où en êtes-vous concernant cette base ?» Fit-elle en transition directe sur l'action.

«C'à fait un moment qu'on voyage, mais on est toujours pas arrivé. La base est ancrée dans les fins-fonds du marais. Néanmoins on devrait y être bientôt.»

«Quand vous y serez, recontactez-nous. En attendant nous allons commencer à remballer tout le matériel vers le fourgon mobile et quitter cet endroit. Catherine, terminé.»


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Loin de là, enfoncés à plusieurs dizaines de kilomètres dans les étendues marécageuse siégeant au pied Sud-Est de la chaine Couronnée, à bord d'un des aéroglisseurs continuant l'avancée dans un des endroits les plus reculés et inexplorés de l'Île ; c'est avec un certain amusement que l'un de ses occupants continuait de regarder sa montre, malgré le fait que la communication fut coupée depuis plusieurs secondes. Avant de baisser le bras en la replaçant à l'intérieur de la manche de son manteau.


«Je crois qu'elle m'aime bien.» Déclara-t-il sur un petit sourire à l'attention du champion.

«Petit gars, je sais pas d'où tu sors, mais tu devrais faire vachement gaffe quand tu joues avec le feu.» Le reprit-il. «C'est un vrai conseil si tu ne veux pas perdre ta tête un jour.»

«On est déjà en train de la risquer, sans vouloir vous vexer. Mais j'en prends bonne note.»


La femme encagoulée à ses côtés ne put s'empêcher de soupirer, mais un soupir plus stressé que las. L'homme en prit tout aussi rapidement conscience que leurs hôtes, et prit l'initiative d'en connaitre la raison en posant la question avant eux.


«Nerveuse ? Je croyais que les opérations sur le terrain, et plus précisément les descentes dans les planques criminelle étaient ta spécialité ?» Fit-il sur le ton de l'humour.

«Aller au devant de criminel dans leurs propres trous n'a jamais été un problème. Mais aller au devant de sa patronne pour justement faire cette descente…» Elle eut comme un petit frisson. «Je peux me défendre contre des malfrats, mais je préfèrerais d'avoir affaire à elle.»

«Ah c'est sur que si elle apprend que l'idée venait de toi ça risque pas d'être rose ; y'a plus qu'à espérer que ça n'arrive pas.» Fit-il en rigolant légèrement et en se tournant vers le champion. «On peut compter sur vous pour ne rien dire ? Histoire qu'on conserve nos têtes un peu plus longtemps, comme vous avez l'air de vous en préoccuper.»

«Plus sérieusement : qui êtes vous.»


La question proférée par la championne ne se posa par sur le ton formel de l'interrogation, mais bien sur le pragmatique. Interrompu dans son numéro, l'homme ne se laissa pourtant pas démonter négativement. Il continuait d'arborer un fin sourire, mais fit preuve de plus de sérieux.


«Nous sommes Moon Dawn, l'organisation en parallèle à la ligue qui enquête sur l'affaire du Leuphorie Shiny. Le maitre de la Ligue a bien dû vous en parler, non ?»

«Jamais entendu parler. Si ce n'est que la directrice du commissariat de Verchamp avait fait état de la création d'une «possible» organisation avec ces prérogatives.» Répliqua-t-elle. « «Possible», car pour l'instant on n'a reçu aucune confirmation sur le sujet.»


Un instant l'homme lui fit une tête réellement étonnée, perdant même son sourire (plus sur la surprise que de la déception.) Puis il reprit un nouveau sourire, cette fois-ci plus gêné à l'égard de la championne. Cette dernière ne comprenait pas où il voulait en venir, jusqu'à ce qu'il lui montre aimablement de la main son homologue au pilotage du véhicule –qui se sentit tout d'un coup un peu mal.


«Juste à titre d'information, ce qui semble être une petite lacune dans vos relations entre champion, vous veniez justement d'entendre la directrice via ma pokémontre.»


La championne, qui sentait à l'instant poindre en elle le doux sentiment amer de l'humiliation, se tourna lentement, très lentement en direction de la personne la plus directement concernée par cette nouvelle ; qui, s'il n'avait pas l'obligation de regarder devant lui par le principe du pilotage, aurait sans doute voulu détourner le regard.


«Loviiiiiis… ?» Demanda-t-elle d'un petit sourire masquant mal son exaspération.

Pendant un long instant, le bruit du moteur ronflant fut la seule chose qui occupa la dimension sonore dans l'appareil.

«Désolé, j'ai oublié.» Fit-il simplement.

«Oublier ? Tu ne veux plutôt pas carrément dire que tu as omit de nous parler de ce qui était sans doute l'information la plus importante de ces dernières années en ce qui concernait la ligue ?!»


Avant que le champion n'ait l'occasion de se défendre, alors qu'à nouveau la championne était sur le point de perdre son calme, elle s'arrêta d'elle-même en pensant à ce que lui avait dit l'homme qui lui faisait face sur l'aéroglisseur.


«Attendez, comment ça c'est la directrice qu'on vient d'entendre ? Je croyais qu'elle n'apporterait qu'une aide relative depuis son commissariat ? Pourtant vous la présentez comme celle qui vous dirige : comment ça ce fait ?»

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Comprenant que si la championne n'était pas informée pour la fondation de l'organisation, elle ne pouvait pas non plus savoir pour cette dernière et décida de mettre à profit ce «creux» pour tout lui expliquer. Ce qui pourrait en même temps contribuer à instaurer des bases sereines dans leurs rapports pratiques.


«Le mieux serait que je vous explique les choses dans l'ordre dans leur ordre chronologique, comme moi et Shonai en avons été informé.» Commença-t-il. «Quand l'idée de s'attaquer à l'affaire du Leuphorie Shiny a été abordée en privée, il avait été rapidement constaté qu'une enquête menée par des moyens conventionnels n'aboutirait strictement à rien, car le Consortium lui-même était à remettre en doute. Mais ça vous devez en être au courant.»

«Oui, la directrice nous en avait parlée. J'avoue que ça m'a fait un choc d'apprendre d'où cette horreur pouvait venir. Mais je ne comprends pas pourquoi elle en fait directement partie maintenant.»

«J'y viens. Comme la proposition avait été retenue par la majorité des comités de la Ligue, la création de cette organisation ne nécessitait plus élémentairement que de deux choses : la logistique et les effectifs. Pour la logistique il fallait d'abord commencer par débloquer les fonds nécessaires, ce qui demande une paperasse et un temps monstre. Quand aux effectifs… Disons qu'ils ont été recrutés un peu à la va-vite.»

Avant qu'elle ne lui pose la question (que se demandaient d'ailleurs les autres passagers), il enchaina.

«Normalement il était prévu que cette organisation ne voit correctement le jour que dans plusieurs mois ; le temps que les fonds se débloquent, qu'une base d'opération solide soit construite, que la logistique, réseau, informateur, soutien se pose, et qu'une enquête secrète en interne dans les différents services de sécurité puisse permettre d'élaborer une liste de recrue potentielle pour remplir ces fonctions… Bref tout le barzouf de base pour l'organisation secrète qui veut bien débuter, en gros.» Il émit un petit rire.

«Mais si vous êtes là, ça veut dire que ça ne s'est pas passé comme prévu.» Déduit-elle.

«Exact, et à cause de deux problèmes : en premier Verchamp a subit une véritable attaque de la part de Rising Sun, ce qui a très vite mit la pression aussi bien à la Ligue qu'aux services de Police ; et le deuxième fut le meurtre d'un des instigateurs de cette attaque, qui était retenu prisonnier dans une cellule à l'intérieur du poste de police de Verchamp. Ces deux problèmes sont indissociables l'un de l'autre et nous concernaient directement même avant nôtre fondation ; ils sont aussi la raison de nôtre présence et la réponse à vôtre question.»

Alors qu'elle réfléchissait aux explications de l'homme toujours encagoulé, sa collègue reprit en allant à la conclusion par pragmatisme pour éviter de perdre du temps.

«Le tueur qui s'est occupé du prisonnier était sans nul doute le même responsable de l'assassinat marquant de Carmin-sur-Mer, nom de code : La Faucheuse.»

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Une certaine tension envahit le véhicule alors qu'une fois de plus seul le bruit du moteur vint occuper le silence.

«Tu as vraiment l'art de savoir ménager nos hôtes.» La reprit l'homme.

«Si je t'ai interrompue dans ton petit numéro, je t'en prie, continue.» Lui renvoya-t-elle doucement.

Il prit la remarque avec sympathie avant de reprendre.

«Effectivement, tout porte à croire que c'est bien lui -ou elle-, qui en fut responsable.»

«Tout porte à croire ?» Reprit la championne un peu étonnée. «Cela veut dire que vous en êtes pas sûr ?»

«Si nous en sommes sûr, mais paradoxalement à cause du fait qu'il n'y a aucun véritable indice de son passage. Ce sont les conditions dans lesquelles l'homme est mort qui nous permet d'affirmer que c'était bien lui.»

« Et comment est-il mort ?»

La question gêna les deux agents ; Il était évident que ça n'avait été posé sur le réflexe de curiosité de base, en cela ce n'était pas un problème de répondre… Mais c'était la réponse qui posait problème.

«Je veux bien vous répondre, mais j'omettrais les détails en guise de censure si vous ne m'en voulez pas. Parce que ça n'est pas joli à entendre.»

Voyant qu'elle acceptait ses conditions (avec une infime pointe de déception naturelle), il reprit.

«En résumé, l'homme a été retrouvé dans un état qui ne pouvait indiquer que le suicide : il était enfermé, personne n'était rentré à nouveau dans l'espace détention après vôtre départ à part des policiers pour lui apporter la nourriture, les caméras n'indiquent aucune effraction, et le système de sécurité informatique n'a relevé strictement aucune anomalie quelconque. De plus, les moyens mis en œuvre pour sa mort indiquaient clairement qu'ils étaient à sa portée. En d'autres termes : aucune preuve matérielle pouvant éventuellement réfuter la thèse du suicide n'a été trouvée.»

«Alors comment vous êtes sûrs que c'est bien lui ?» Reprit le dresseur d'Hoenn.

L'homme marqua un instant en tournant son attention vers le jeune homme (pratiquement du même âge que lui, mais ne le voyant pas sous sa cagoule)

«Connaissez-vous les trou noirs ?» Fit-il simplement.

«Oui, une belle énigme en astrophysique.» Répondit-il. «C'est un corps céleste d'une masse gravitationnelle si dense qu'il courbe le temps et l'espace tout en aspirant tout ce qui passe à sa portée, même la lumière. D'où le nom trou noir, vu qu'il n'y aucun moyen de le voir.»

«Correct. Mais alors comment fait-on pour savoir qu'il existe, pour prouver son existence ?»

«En observant ses effets sur l'environnement, comme le vent ; on ne voit pas le vent, mais on sait qu'il existe en constatant que l'herbe se meut à son passage.» Répondit-il de nouveau.

« Et bien là c'est pareil.» Reprit-il. «L'absence pure et simple du moindre indice matériel ne nous laisse rien percevoir, mais la mise en scène de sa mort dans de telles conditions de difficulté souligne son passage.»

«Mais qu'est-ce que ça a à voir avec le fait que la directrice vous dirige ?» Fit intervenir la championne.

«Tout.» Répondit-il directement. «Quand la nouvelle du décès du prisonnier est parvenue aux sommets hiérarchique, la directrice a été remerciée de son propre poste sans autre forme de procès. Et tandis que la Ligue se rendit compte que Rising Sun –dont ils venaient tout juste d'apprendre l'existence- allait leur accaparer toute leur attention, surtout avec l'initiative qu'ils venaient de prendre, la fondation de l'organisation s'est faite dans le plus grand empressement. Résultat nous ne sommes que très peu pour l'instant, nôtre logistique est extrêmement réduite et nous sommes un peu éparpillés partout, et seulement sur l'Île de Sinnoh.»

«Mais la directrice a été formidable.» Reprit sa collègue. «A ce moment, avec le peu de moyen à disposition et sous la contrainte de temps qui ne laissait à la Ligue aucun moyen pour en préparer l'organisation, la directrice a su en développer une d'urgence qui convenait parfaitement à nôtre condition limitée de par son expérience dans ce genre de procédé. Sans elle, on pouvait dire tout de suite que l'organisation serait évincée avant même d'avoir vu le jour. C'est donc tout naturellement qu'elle fut mise à nouveau au poste de commandement.»

«Là je la reconnais bien ! A peine virée qu'elle trouve déjà le moyen d'occuper à nouveau l'autorité !» S'exclama le champion d'un rire franc. «Remarque, je vous l'accorde : vous n'auriez pas pu trouver meilleure candidate à ce poste.»

«C'est sûr.» Reprit-il. «De ce fait vous savez aussi pourquoi nous sommes ici. D'après nos conclusions, Rising Sun aurait embauché la Faucheuse pour s'occuper de leur membre prisonnier, donc il y'a un lien direct les reliant. En vous aidant à attaquer cette base et en l'infiltrant, on pourra peut-être tomber sur des informations que l'on pourrait recouper avec d'autres plus tard. Je vais être direct : c'est nôtre baptême du feu tout autant que nôtre seule piste pour le moment.»

«Et vous n'avez rien trouver de mieux pour commencer que de vous attaquer directement à une de leurs bases principales ?» Reprit Brice. «Faites gaffe à Barry dans ce cas, c'est le genre de modèle de raisonnement qu'il respecte par défaut : s'il l'apprend il va vous supplier à genou de l'embaucher, et je vous garantis que vous aurez tout autant à craindre de lui que de vôtre Faucheuse !»

Alors qu'ils étaient sur le point de rire à la remarque, l'intéressé se fit justement valoir.

«J't'entends tu sais ?!» Criait-il presque depuis un autre aéroglisseur qui évoluait en parallèle à plusieurs mètres d'eux. «J't'ai entendu parler de moi et des teams, j'en suis sûr ! Alors écoute-moi bien : ici t'es à Sinnoh ; t'as beau être techniquement un invité de marque, c'est quand même moi qui leur rentrerait dans le lard en premier !»


L'intervention impétueuse du dresseur étonna même Brice. Il s'était mit au devant de l'aéroglisseur, le pied posé sur le rebord dans une pose agressive malgré l'absurde risque de chute que cela représentait ; pointant même du doigt son «rival» (tout ce qui est dresseur et fort lui est considéré comme rival) sans perdre un seul instant l'équilibre.

Le concerné n'allait pas résister à la proposition de compétition lancé par son ami défiant, loin de là.


«Désolé Barry, mais comme on dit : premier arrivé, premier servit ! On tâchera de t'en garder une part lorsque tu arriveras. Si on n'a pas finit bien sûr !»

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A ces mots Lovis sentit comme le besoin de pousser la manœuvre jusqu'au bout. Le voyage était limite chiant et l'envie de passer à l'action se faisait sentir ; d'autant plus que les données affichées par la pokémontre de Brice lui indiquait leur arrivée imminente. De toute façon, que l'espion ait ou pas avertit Rising Sun, ils n'avaient qu'un seul plan d'attaque. Comme dirait justement Cynthia : Blitzkrieg !

Il appuya donc férocement sur le champignon, dont la brusque accélération eut surprit une bonne partie des passagers, en comptant l'agente et la championne. L'homme, quand à lui, resta imperturbable en n'ayant pas perdu l'équilibre un seul instant ; comme ayant anticipé la manœuvre.

Alors que Brice s'accrochait aux côtés du champion, il se retourna en arrière vers l'aéroglisseur de Barry avec lequel il commençait à creuser un écart significatif –sous le regard râleur de ce dernier- et ne se priva pas de pousser le bouchon jusqu'au bout.


«Salut mon pote, à la prochaine !» Fit-il en le saluant d'un signe victorieux de la main et d'un clin d'œil.


Le rival vociféra de courtes insultes à l'égard du jeune homme (dont il apprécia le timbre éloigné comme une douce musique) avant de se tourner vers le pilier du conseil 4 qui conduisait leur aéroglisseur.


«LUCIO : METS LES GAZ !»


Et bien que ce dernier ne s'abaisserait à suivre l'ordre capricieux émit par le jeune impétueux, l'idée d'arriver second à la fête (comme il reconnaissait le terme) lui paraissait encore plus disgracieuse. C'est ainsi que sur un très fin sourire, mais ne cédant pas à l'exagérante démonstration de testostérone du jeune homme, via un geste souple et raffiné, le maitre Psy du conseil 4 mit la machine en branle à pleine vitesse ; rapidement suivit dans la démarche par tous les autres aéroglisseurs.

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Alors que le fin fond du marais était parcourut par le bruit étrange et ronflant des véhicules autoportés qui parcouraient l'étendue boueuse et sombre du feuillage comme tout autant de mauvais esprits apportant leurs promesses de malheur, le champion de Verchamp prit sa montre et activa les communications courte portée qui le reliait à toute la force de frappe.


«On n'y est tout le monde, alors voilà le plan ; et c'est du Louka alors écoutez bien !» Commença-t-il d'une emphase naturelle qui se répandit à toute la force. «Le Kamikaze et l'Héritier pour dégonder la porte et commencer la fiesta, les Champions pour occuper leurs élites et le reste pour occuper la place : Les Eaux sur le physique et les Electriques sur le spécial pour profiter d'la mouille ; Flo et Terry pour couvrir les scientifiques pendant qu'ils rentrent dans leurs bases de données. Par défaut pensez toujours qu'ils sont au courant de l'attaque et qu'ils nous attendent, alors ne vous retenez pas sous peine de finir les quatre fers en l'air !» Il conclu par un encourageant. «Réjouissez-vous les gars : l'heure de la revanche a sonnée !»


Des cris d'approbation venant de tous les véhicules retentirent. Même leurs «têtes de pont», qui avaient été rassemblés sur le même aéroglisseur à l'avant, se laissaient emporter par l'excitation en se disputant les faveurs du premier sang comme deux rivaux de longue date.


«Moi d'abord ! Moi d'abord !» S'exclamait haut et fort le Kamikaze à la frange blonde en se laissant totalement envahir par l'émotion.

«Non môssieur ! Et les autres alors, et les autres ?!» Contrait l'autre dresseur à la frange blanche sur le même ton.

«ZUT LES AUTRES !»

«AH OUAIS ?»

«OUAIS !»


Tandis que la scène donnait l'impression que les deux dresseurs semblaient avoir oubliés leur rôle au profit de l'envie de se jeter dessus l'un sur l'autre, l'homme encagoulée se leva calmement pour aider sa collègue et la championne à se relever –nullement affecté par la vitesse ou la tension palpable dut à n'imminente attaque. Avant de prendre position à l'avant en sortant deux matraques de Police, prêts à sauter du véhicule pour entrer et être parmi les premiers dans la mêlée.

C'est à ce moment là que Florianne nota que l'homme n'avait aucune pokéball à sa ceinture, lorsqu'il sortit les deux bâtons en polymère noir de rangement parallèlement tissés dans son manteau de façon symétrique de chaque côté, là où sa collègue en avait deux.


«Et vos pokémon ?» Demanda-t-elle curieuse, alors qu'elle portait instinctivement sa main aux siennes.


La remarque obtenu l'attention du groupe occupant l'aéroglisseur, faisant même délaisser Brice de sa petite joute orale avec Barry, tandis qu'ils imitaient tous instinctivement la championne en portant la main à leurs balls.

L'intéressé se contenta juste de se retourner lentement vers la jeune femme au bandana, qui se rendit finalement compte de la taille de son interlocuteur alors qu'elle était assise ; la toisant de son regard d'un ambre brillant. Il lui afficha un sourire formel avant de lui répondre sur un air neutre.


«Je n'en ai qu'un, mais je ne le sortirais pas pour ce soir.»


La réponse obtint un réel étonnement de leur part, croyant à une blague. Puis, alors qu'ils furent rappelés à la réalité quand la montre de Brice tilta pour indiquer qu'ils arrivaient incessamment sous peu, sa collègue fit sortir ses deux pokémons –un Posipi et un Negapi- qui lui permit d'attirer leur attention alors que les deus petites souris allèrent se placer sur ses épaules.


«J'éviterais de laisser vos pokémons trop proche de lui si j'étais vous ; vous pourriez être étonnés.»


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Pendant ce temps, à plusieurs centaines de mètres de là, trois sbires en tenues aux tons new age de mauvais goût, mais bien camouflés dans les hauts feuillages de l'arbre dans lequel se trouvait une cabane en guise d'avant poste, vaquaient tant bien que mal à leurs occupations.


«Putain, mais qu'est-ce qu'on se fait chier.» Râla l'un d'entre eux, allongé sur une branche dont le confort relatif ne tenait qu'au sacrifice de sa tenue de camouflage en guise de coussin.

«Arrête de geindre. C'à fait une heure que tu te plains et ça commence à me gonfler.» Le reprit un second, lui aussi assit sur une branche à lire un bouquin.

«Mais c'est mooooort ici, y'a rien d'autre à surveiller que des arbres au travers de cette foutue brume.» Gémit-il de nouveau. «Même s'il y'avait un truc qui pourrait venir vers nous, à part ces putains de moustique qui vont finir un jour par nous bouffer vivant, comment on pourrait les voir dans cette purée de pois ?»

«On n'est pas dénué de moyen, contrairement à ce que tu crois.» Contra la dernière du trio, debout à scruter les environs avec des jumelles peu orthodoxes depuis sa position surélevée, qui laissa sa contemplation pour se tourner vers lui. «Enfin tu le saurais si tu te décidais à remplir ta part dans la surveillance.»

«Je me bouge que quand c'est utile ET intelligent, pas quand ça ne sert à rien d'autre qu'à la figuration.» Argua-t-il en se tournant de l'autre côté.

«Parce que tu crois que ce qu'on fait est de la figuration ?» Le reprit-elle, son mauvais caractère ayant capté totalement son attention.

«Parce qu'on fait autre chose selon toi ?» Recommença-t-il à argumenter. «On n'est que trois sbires, avec une seule paire de jumelle chelou en combinaison avec seulement trois paires d'yeux comme seul outil à nôtre disposition pour scruter une zone couvrant carrément plusieurs hectares de végétation dense, de surcroit voilée par un rideau de brume, et sans aucun pokémon un tant soit peu utile pour nous assister ; comme un Yanma, ou un de ces Mimitoss qui sont pourtant censés abondés dans le coin. Dis-moi : ça ce n'est pas de la figuration ça, pour toi ?»


Elle ne répondit rien, tout comme l'autre compère (plongé dans son livre), et se contenta de repartir dans son rôle de sentinelle en laissant de nouveau le sbire gémir dans son coin. Malgré son caractère assurément exaspérant, ils savaient qu'il avait parfaitement raison ; ils partageaient même son point de vue à vrai dire. Mais ils étaient trop fiers pour le reconnaitre.

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Au même moment, plus en arrière, dans un dédale d'apparence labyrinthique de couloirs creusés dans la roche ; plusieurs personnes aux tenues plus ou moins extravagantes étaient rangées en ligne, une autre juste en avant avec une tenue légèrement plus élaborée indiquant le rang d'Admin dans leur organisation. Ils étaient tous alignés devant une dernière personne, un homme à la barbe courte et la carrure de chêne, qui les toisait comme un professeur toisait ses élèves dans un ensemble vestimentaire d'un blanc immaculé souligné d'un orange d'aube.

Ce dernier faisait lentement les cents pas devant la ligne, passant en revue les sbires de son regard courroucé tout autant que le rapport qu'ils lui ont fait dans son esprit. Tous affichaient un visage si pâle qu'il lui en rappelait son uniforme, ainsi que de ressentir une tension certaine d'avoir annoncés leur échec à leur supérieur. Pourtant la pâleur de leurs visages n'avait rien à voir avec l'éventuelle peur qu'il puisse leur inspirer –plus les blâmes sévères suite à leur échec-, mais un visage maladif comme s'ils avaient passé la journée dans un grand huit sans une seconde d'interruption.

Il s'arrêta devant celle qui commandait la «grappe décomposée» de sbire lui faisant face, une femme qui, bien que son physique élancé ait pu sembler l'en protéger, arborait le même teint maladif que ses subordonnés.


«La mission concernant l'enlèvement de la maitresse des baies est un échec total, ça n'était pas une question.» Commença-t-il à résumer en la fusillant d'un regard aussi neutre que lourd de reproches. «La championne l'a emmenée à Verchamp à quelques minutes prêts où vous pouviez vous en occuper. En prévision de sa possible absence, vous aviez ordre de pénétrer dans sa propriété pour y installer tout le nécessaire de surveillance et de piège pour faciliter sa capture à son retour sans laisser de trace : vous revenez les mains vides, sans la maitresse des baie et sans avoir même installé un seul micro.»

«Monsieur.» Commença-t-elle en réprimant un haut le cœur. «Nous n'étions pas au fait que la maison possédait un système de sécurité redoutablement inhumain.»

« «Une odeur à en vomir rien qu'à la première senteur» ; je vous ai bien entendue la première fois, Admin Umeno.» Trancha-t-il sèchement.

«Sauf vôtre respect, vous n'avez pas idée à quel point…» Alors qu'elle réprimait une nouvelle sensation nauséeuse.

«Comment se fait-il qu'aucun de vos pokémon n'ait pu vous en protéger, ou la supporter en ce qui concerne le Tadmorv d'un de vos hommes.»

«Nous avions approchés la maison sans aucun problème, puis commencer à crocheter la serrure avec un type Psy pour éviter de laisser des traces d'effraction. Mais à peine l'équipe qui s'occupait de la porte eut finit par l'ouvrir, ils s'effondrèrent presque instantanément. L'odeur…» Elle marqua une pause pour déglutir avec une difficulté incroyable. «L'odeur s'est répandue rapidement aux alentours, et aucun de nos pokémon –même l'Ortide faisant équipe avec le Tadmorv- n'y a résisté. Même les Psy n'ont même pas pu s'en protéger grâce à leurs capacités ; une seule bouffée fut suffisante pour qu'il soit incapable de se concentrer.»

«Toute vôtre opération a échouée à cause de cette odeur.» Toujours pas formé sur le ton de la question.

«Monsieur, si j'avais eut à choisir entre embrasser un Smogo et respirer cette odeur : je me serais jetée sur le Smogo sans hésitation.» Fit-elle d'une sérieuse en tentant de le convaincre, ce qui n'était pas gagnée avec son teint maladif.


L'homme nota la remarque sans aucun humour. Il se contenta de se tenir l'interstice du nez et de ses yeux, prenant une profonde inspiration visant à le calmer, suivit d'une très lente expiration qui évacuait sa profonde exaspération dans un son fuyant comme le contenu d'une théière arrivé au point d'ébullition.


«Passez par le centre médical et remettez-y vos pokémon pour contrôle en même temps que de changer de tête, ensuite redirigez-vous vers le centre technique pour y déposer vôtre matériel. Vous êtes consignés dans vos quartiers jusqu'à demain matin 9 :00 jusqu'à nouvel ordre. Rompez.»

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Tandis que les sbires sortaient de la pièce comme tout autant de fantômes retournant lentement dans leurs tombes, seule l'Admin resta ; droite et les mains derrière le dos, résistant aux nausées qui l'assaillaient. L'homme quand à lui s'était rassit dans son fauteuil, sans même prendre la peine de la regarder.


«Vous avez vos ordres.» Rappela le Capitaine d'un geste évident en indiquant la porte.

«Monsieur, et l'Admin Thierry ? On dit qu'il n'est toujours pas revenu, alors que sa tâche aurait dû être finit avant la nôtre selon le planning.»


Pour cette question qui, dans la situation, défiait l'autorité de l'homme de part sa simple évocation, le Capitaine aurait pu directement la rétrograder en guise de punition pour son impertinence. Cependant il n'en fit rien, et resta même d'un silence préoccupant.


«En effet, le manque de réaction de l'Admin Thierry est une autre de nos préoccupations. Sa dernière communication faisait état de la réussite de son opération et du retour de son équipe à la base. Ce qui lui donnait bien longtemps pour revenir du fait que pas un seul pokémon psychique ne composait son équipe et qu'il avait prévu de prendre de nombreux détours pour brouiller les pistes. En ce sens, cela n'a rien d'étonnant qu'il ne soit pas encore présent. Mais pour que lui, ou un autre membre de son équipe n'ait pas actualisé depuis…»

«Un problème rencontré en route, peut-être ?» Avança-t-elle.

«Un problème si gros qu'il en handicaperait jusqu'aux communications de chacun des membres de son équipe ?» Releva-t-il sur le ton qui soulignait l'ineptie de la chose. «Non. En fait, c'est même bien plus inquiétant ; ce silence ressemble trait pour trait à la première partie du plan qu'il avait avancé…»

L'énormité de la chose n'échappa ni à l'Admin ni au Capitaine (même s'il était celui qui l'avait sortit.) Ce dernier se leva automatiquement de sa chaise, posant à nouveau son regard ferme sur l'Admin.

«Changement de plan.» Commença-t-il sur une voix autoritaire. «Vous êtes réassignée à une nouvelle tâche : vous et vôtre équipe allez vous rendre dans le hangar principal avec l'équipe de l'Admin Séraphin et l'Admin Martin, prêts pour une sortie dans le marais en mission de reconnaissance ; L'équipe de l'Admin Martin restera en réserve pour se préparer à intervenir sur toute éventualité. Vous passerez par le centre de ravitaillement pour composer vôtre nouvelle équipe de pokémon parmi ceux en réserve en attendant la réhabilitation de ceux que vous avez utilisés aujourd'hui. Vous avez vos ordres, exécution.»


Une courte approbation suivit d'un salut tout aussi formel, et l'Admin sortit de la pièce à marche rapide. Une fois la porte fermée, l'homme se laissa rassoir dans son fauteuil, l'air pensif.

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Il ouvrit l'un des tiroirs composant son bureau pour en sortir un petit verre en cristal ouvragé et une petite bouteille d'Amasec –un Alcool typique de Finmuh. Il s'en versa un doigt, le sirotant lentement avant de l'avaler d'une traite. Puis de se retourner vers la carte affichée en relief derrière lui représentant l'Ile de Sinnoh, parcourut de quelques points brillant épars… Mais d'une zone ombrée proche de la base qu'il regardait avec une certaine antipathie.

Il reposa son verre un instant pour appuyer sur une touche discrètement situé sur le côté de son bureau, ce qui permit à deux fines tiges de métal de sortir parallèle l'une à l'autre, espacées d'une vingtaine de centimètres devant lui. Elles furent parcourues d'un bref courant statique qui donna l'illusion d'un éclair. Puis une image nette se fit en une 3D holographique, un symbole de soleil levant en guise de fond d'écran.

Le Capitaine appuya sur l'une des touches numérique affichée en relief par l'hologramme, et un bruit court de canal ouvert se fit entendre.


«Salle de contrôle, faites savoir à l'Admin Vincent que lui et son équipe doivent se tenir prêts à être mobilisés à tout moment.»

«Comprit.» Lui fut-il répondu.


Mettre son dernier Admin sur le pied de guerre semblait un surplus de zèle, pourtant il lui apparaissait comme une mesure nécessaire ; pour ne pas dire qu'il la trouvait insuffisante même. Il s'offrit un nouveau verre en s'en retournant à la contemplation de la carte, l'air maussade malgré le goût réconfortant de l'alcool.


«J'ai un sale pressentiment…»

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Au bout du énième passage monotone de ses jumelles à scruter encore et toujours la même scène, la forêt marécageuse voilée par une brume et une obscurité presque complète qui ne lui permettait pas de voir par elle-même à plus de cinq mètres ; la sbire finit par craquer à son tour.


«C'à y est, j'en ai assez.» Déclara-t-elle à haute voix en descendant du point d'observation pour revenir dans l'intérieur de la cabane, afin de profiter du degré de température relativement supérieur à celui de l'extérieur. «Phyléas, remplace-moi.»


Comprenant très bien qu'il était inutile de demander cela à celui qui se plaignait tout le temps, le sbire qui lisait son livre tranquillement le ferma calmement. Avant de prendre les jumelles des mains de sa jeune collègue pour aller occuper sa place sur le promontoire installé dans le feuillage, en emmenant son livre avec lui ; comme il avait été fait remarqué, le niveau d'ennui de leur rôle par la tranquillité de ce dernier lui laissait aisément la possibilité de continuer sa lecture.


«Essaye au moins de faire trois passages avant de replonger dans ton bouquin, histoire de pas flouer mademoiselle et de pousser la figuration jusqu'au bout.»


Phyléas ne releva même pas la remarque de son estimé partenaire (doux euphémisme), mais prit tout de même note des efforts fournis en contrepartie par celle qui était la seule du groupe à avoir assumé son rôle –bien qu'emmerdant- pour l'instant.

Il tint son livre en retrait dans sa main pour commencer à scruter les environs de l'autre, et y trouver (sans étonnement) strictement le même paysage que sa collègue lui laissa dans son objectif… Jusqu'à ce que ses jumelles, qui étaient en fait un petit bijou de technologie, ne lui retranscrive un point marqué d'une lumière stroboscopique qui venait d'entrer dans son champ de vision.

Cette découverte lui fit poser son livre pour prendre les jumelles à deux mains, et le fit pencher un peu plus en avant pour en déterminer la nature. Ses deux partenaires, notant l'aspect fortement inhabituel de la chose, voulurent s'enquirent immédiatement de ce qui pouvait sans nul doute «illuminer» leur nuit –jusque là plus terne que le mot.


«Un problème, t'as repéré un truc ?» Lui demanda l'homme fainéant, mais un poil plus captivé.

«Je sais pas…» Lui répondait-il en réajustant la vision de ses jumelles. «Y'a un point qui vient d'apparaitre en brillant sur l'objectif, mais j'arrive pas à voir précisément ce que c'est…»

«Appuie sur le bouton blanc sur le côté gauche des jumelles, et règle avec la molette du dessus.» L'en informa-t-elle.

L'homme obéit et procéda selon les indications. Mais lorsqu'il appuya sur le bouton en question, le point brillant disparut.

«Alors ?» Questionna-t-elle de nouveau.

«Alors rien.» Répondit-il platement. «J'ai appuyé sur le bouton mais le point a disparut.»

«T'es sûr d'avoir appuyé sur le bouton blanc ?» Fit-elle un brin excédé de voir qu'il n'y en avait visiblement pas un pour rattraper l'autre.


L'homme retira les jumelles de ses yeux pour en observer le côté gauche, et constater la présence de trois boutons se chevauchant malhabilement entre eux ; trois boutons qui lui apparaissaient comme gris, et non blanc.


«Putain, ça pouvait pas être plus compliqué.» Pesta-t-il en allumant la pokémontre à son poignet pour profiter de sa lumière artificielle nettement supérieur à celle de la pauvre lampe qui leur servait d'éclairage rustique.

«Bienvenue dans le monde exaltant de la sentinelle.» Déclara-t-il à nouveau dans un sarcasme évident. «Et dans nôtre prochain épisode consacré à la question «comment se faire chier en forêt sans papier toilette», nous retrouverons-»

«Térence, chut !»

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Coupé au beau milieu de sa tirade par leur collègue féminine, ce dernier nota avec un regain d'intérêt qu'elle ne le sommait pas de se taire pour qu'elle n'ait plus à entendre ses plaintes.


«Ecoutez… Vous n'entendez rien ?» Faisait-elle le doigt tendu pour imposer le silence, tout ne regardant rien de précis.

«Entendre quoi ?» Relevait-il pendant que son collègue tentait toujours de déterminer la vraie couleur du bouton qu'il recherchait.

«Un bruit bizarre… On dirait une sorte de petit bourdonnement…» Expliquait-elle à voix basse comme si cela pouvait l'aider à mieux discerner le bruit.

«Un bourdonnement…» Répéta-t-il déçu. «Y'a que ça dans ce marais : le bourdonnement de ces foutus moustiques.» Déclara-t-il avant de s'allonger de nouveau sur la branche inconfortable et laisser sa jeune collègue à ses désillusions.

«Non, c'est pas un bourdonnement d'insecte…» Rétorqua-t-elle calmement, toujours à écouter en fermant les yeux. «C'est pas fluctuant, c'est continu… Et ça s'amplifie…»


Alors qu'il s'apprêtait une nouvelle fois à l'envoyer paitre, le bruit en question qu'elle lui décrivait finit par parvenir lui aussi à ses oreilles. Il se releva lentement de l'autre côté pour tomber sur le même regard attentif de la jeune femme ; le bourdonnement persistant devenant de plus en plus clair…

Au même moment, leur collègue avait enfin déterminé la nature des trois boutons qui lui avait donnés tant de mal, avec une aigreur certaine et compréhensive : un bouton gris foncé, un gris, et un gris très clair ; c'est bien à croire que le concepteur s'était retenu de ne pas tous les foutre en gris juste pour faire vraiment chier.

Il se releva sur le promontoire en remettant les jumelles devant ses yeux, le doigt posé sur le bon bouton, et réactiva les jumelles avec la fonction «Scope Nocturne» intégrée… Pour ne pas tomber sur un point brillant qui se rapprochait lentement.

Mais des dizaines à toute vitesse.

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La surprise fut telle que Phyléas recula par instinct d'un pas, et perdit l'équilibre pour finir par retomber durement dans la cabane sous les regards surpris des deux autres sbires.

Alors qu'ils s'apprêtaient à l'aider à ce relever, le bourdonnement tenu s'était intensifié au point qu'ils l'entendent clairement comme si un énorme essaim d'Apitrini se dirigeait vers leur position. Le sbire, à l'épaule nouvellement luxée, ignora la douleur pour s'emparer de sa pokémontre et activer la communication d'urgence.


«Hostile en approche ! Je répète : Hostile en-»


La sentinelle Phyléas et ses deux autres partenaires n'eurent pas le temps de confirmer l'avertissement, qu'un énorme jet d'eau percuta leur fragile structure pour la réduire en morceaux ; la violence du choc les fit tomber de l'arbre dans lequel ils étaient dans une chute rendue superficielles par la teneur des sols mous en contrebas. Mais l'impact initial fut suffisant pour les réduire au silence en les faisant sombrer dans l'inconscience.

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Au même instant, dans une salle aux dimensions imposantes dans laquelle allait et venait nombre de personnel de toute spécialité, parcourue de plusieurs petits parcs à véhicule fondamentalement identique aux aéroglisseurs de Verchamp sur le principe, avec deux autres portiques imposants menant à d'autres accès semblable du complexe : presque une centaine de sbire s'étaient juste rassemblés au centre en trois colonnes plus ou moins désordonnées suite à l'appel de leurs Admins respectifs, sur l'ordre du Capitaine de l'Ost.

Pendant que la seule Admin féminine du trio faisait prendre connaissance de leurs nouvelles directives à la centaine de sbire, l'énorme double porte d'entrée blindée de la base commençait à s'ouvrir très lentement dans un glissement lourd de machinerie qui résonnait dans toute la salle ; en prévision de leur sortie imminente.


«-Les aéroglisseurs opèreront par groupe de trois à une dizaine de mètres d'écart maximum entre eux, et à une trentaine de mètres des autres. Ceux de commandement coordonneront le tout depuis le milieu, et-»


Elle fut interrompue quand un son alarmant résonna en lieu et place de tout autre bruit, aussi aigue que grave dans un tempo frénétique qui capta immédiatement toute l'attention. Puis une voix s'éleva et résonna d'un écho synthétique depuis chacun des haut-parleurs placés dans toute la base pour en relayer l'avertissement.


«Attention à tout le personnel, la base est attaquée : Hostiles en approche ! Hostiles en approche ! Ceci n'est pas un exercice ! Que tout le personnel se présente à son poste et se tienne prêts au combat ! Fermeture des portes blindées et mise en route du système de sécurité renforcé ! Je répète : Attention à tout le personnel, la base est attaquée-»


Bien que choquée d'apprendre qu'ils avaient été découverts –sans doute par la ligue-, et pire qu'ils se faisaient déjà attaqués dans leur propre base, l'Admin Umeno usa de sa voix pour remettre dans le rang les sbires qui commençaient à céder au stress de l'état d'alerte.


«VOUS AVEZ ENTENDU LE SIGNAL D'ALARME, ALORS TOUT LEMONDE A SON POSTE ET PREPAREZ-VOUS AU COMBAT !» Hurla-t-elle par-dessus les cris et les directives de derniers instants qui fusaient et résonnaient dans tous les sens, re-captant leur attention aussi vite qu'elle l'avait perdue. «METTEZ-VOUS EN FORMATION DE TENAILLE : L'ESCOUADE MARTIN SUR LA DROITE, CELLE DE SERAPHIN SUR LA GAUCHE, LES MIENS AU CENTRE ; COMME A L'ENTRAINEMENT ! EXECUTION !»

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Dans un bruit pneumatique de porte coulissant qui se noya au milieu de toute cette agitation, le Capitaine Yooku Dhalm pénétra d'un pas ferme dans la pièce de commandement de la base ; les multiples écrans et postes de communication en dévoilant instantanément même pour un être extérieur.


«Situation !» Tonna-t-il d'un ordre ferme.

«Hostile en approche, multiples contacts arrivant par l'Est du marais et se dirigeant droit sur l'accès principal !» Répondit une voix anonyme au milieu du tintamarre de l'alarme.

«Visuel sur l'holo-table !» Ordonna-t-il à nouveau.


Au centre de la pièce, d'apparence lisse et circulaire : une grosse table siégeait tel un piédestal à la couleur du marbre, et s'activa dans un fin crépitement brouillé statique avant d'afficher une image 3D en relief de la partie concernée de l'île entourant la base ; représentant la forêt du marais dans laquelle évoluait à une vitesse alarmante des dizaines de petits points d'un jaune plus vif et brillant que l'or.


«Ou en est-on avec les équipes de sbires ?!»

«Déjà présentes et mises en formation défensive dans le hangar !»

«Bien ! Et la double porte blindée ?!»

«Le processus d'inversion de mécanisme est en cour ; la porte ne se referma pas avant trois minutes !»

Le Capitaine étouffa inutilement un juron qui serait passé inaperçu dans ce vacarme.

«Reléguez le message à la Cour et à la base sur l'île de la nouvelle Lune : La base Echo 1 de Sinnoh est compromise ! Préparez-vous à effacer toute trace de donnée dans les serveurs et à faire la transition de secours pour transférer toutes les ressources mobiles vers le point d'extraction d'urgence : repli général, on n'abandonne la base ! Mais que les escouades de sbires restent en place pour les occuper le plus longtemps possible !» Puis il rajouta sur une note furieuse de colère. «ET QUE QUELQU'UN FASSE TAIRE CETTE ALARME !»

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Au même moment, à une distance qui se réduisait considérablement d'instant en instant : l'aéroglisseur de tête (surnommé le «Bélier» par le champion de Verchamp) prenait la tête de la formation en creusant un écart avec le reste des aéroglisseurs ; ayant été épuré de tout poids superflu pour lui faire gagner le maximum de vitesse. Seuls à leur bord subsistait l'Héritier d'Hoenn, le Kamikaze et le maitre Psy du conseil 4.

L'eau laissait une trace sinueuse sous la vélocité de l'appareil, soulignant ainsi la formidable capacité de rapidité de ce dernier, en même temps que ses passagers en appréciaient les effets euphorique liés aux sentiments du vent qui leur fouettait le visage tout en faisant danser leurs chevelures dans un rythme effréné –demandant même à celui au faux-bonnet de se le retenir pour éviter qu'il ne s'envole.

Finalement les yeux des deux dresseurs se mirent à pétiller vivement, malgré le vent qui asséchait lentement leurs yeux, quand ils aperçurent en même temps au loin une faille droite énorme et éclairée taillée dans la roche. Mais même à cette distance ils pouvaient voir que cette dernière rétrécissait lentement, et un sentiment de frustration puissant jaillit du plus profond du jeune homme à la coiffure bouclée à la simple idée que la fête lui passe sous le nez. Il prit automatiquement l'une de ses pokéball, celle contenant son premier partenaire, avant de faire un signe plus intraitable que complice à l'autre dresseur.


«Ces connards vont tout gâcher s'ils nous empêchent de faire nôtre entrée ; putain que je hais ce genre de salopard ! Brice, un p'tit combo à l'improviste ça te tente ?»

«J'croyais que tu n'acceptais l'aide de personne pour ne pas prendre le risque qu'on te pique la vedette ?» Le nargua-t-il en saisissant pourtant aussi la ball de son premier partenaire.

«Ah mais justement, t'as pas entendu mon idée !» Le railla-t-il en retour.

«J'ai bien envie de te répondre non, juste pour t'apprendre le sens du mot «partage» avant celui «d'humilité».»

«C'est bien toi de me parler d'humilité avec une fausse coiffure de grand-père en guise de perruque !» Répliqua-t-il en riant ouvertement.

«Quoi ?!»

«Messieurs.» Les interrompit Lucio. «La porte se ferme, et je ne crains que nous n'allions nous écraser vulgairement comme des mouches sur un pare-brise si vous ne vous décidez pas dans les prochaines secondes.»


Comprenant qu'il était temps de laisser les mots pour laisser parler les poings, les deux dresseurs se mirent en retrait dans le véhicule avant de faire sortir leurs compagnons à l'élément primaire identique au devant de l'appareil ; dont la vitesse se mit d'un coup à chuter par le soudain apport de leurs poids : un Laggron et un Pingoléon, tout deux ravis de se revoir à nouveau.


«Réjouissez-vous les gars, ce soir c'est buffet à volonté.» Déclara Barry, dont la remarque eut vite fait d'obtenir leur pleine et entière attention. «Seulement y'aura rien si le truc brillant là bas s'éteint, donc faut pas qu'il se ferme : vous êtes prêts à leur faire comprendre qu'il ne faut jamais empêcher des fêtards de s'amuser aux dépends de leurs hôtes ?»

Les deux pokémon sourirent en retour à cette seule perspective, ce qui obtint un sourire identique de la part de leurs dresseurs à leur tour.

«Cool…» Reprit-il d'un sourire aussi espiègle que mauvais. «Alors… Yarrick-» Le Pingoléon se redressa.

«Gidéon- » Reprit en même temps Brice ; le Laggron se mit sur ses deux pattes arrière.

Et les deux amis conclurent en même temps.

«Hydroblast/Giga-Impact !»

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A la seule mention de la double attaque, le pilier du conseil eut le disgracieux mais judicieux réflexe de se renfoncer dans son siège ; s'accrochant même fermement au manche de direction tout autant qu'à son siège. Le Pingoléon s'était immédiatement jeté dans l'eau par devant le véhicule, nageant à une vitesse se calquant sur celle de l'aéroglisseur pendant que le Laggron «chargeait et visait» la cible.

Quand celui-ci vit ses joues se gonfler au maximum de leur capacité, une quantité d'eau impressionnante soumise à une pression absolument affolante à l'intérieur, les deux dresseurs avaient prit avantage de l'instant pour se concerter quand au nom du combo (histoire que cette entrée fracassante laisse une trace indélébile et surtout stylée dans l'histoire !) Ils se tournèrent tous les deux l'air raillant lorsqu'ils se mirent d'accord sur le nom à adopter ; devant un Lucio qui redoutait le pire en s'enfonçant d'avantage dans son siège.


«GIDEON/YARRICK ! COMBO...»


Il laissait la note continuer et s'amplifier en duo, alors que le Pingoléon à l'avant voyait les reflets de son corps commencer à briller d'une lueur latente d'un blanc éclatant, et que le Laggron voyait ses joues rétrécir de plus en plus en atteignant des sommets de pression inégalés sur la terre ferme.


«IMPERIAL FIST !!!»

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Le Pingoléon, dans une manœuvre d'une synchronisation parfaite avec son camarade aquatique, usa de ses ailes et de sa vitesse acquise pour s'éjecter à quelques mètres dans les airs, pendant que ce dernier relâcha toute la puissance de sa terrible attaque d'eau dans un jet monstrueusement puissant, dont le recul contrebalança totalement la vitesse du véhicule lors la première seconde de tir ; réduisant ainsi fortement la vitesse de ce dernier. Mais ça n'avait aucune importance.

Le véritable torrent à la forme d'une énorme lance avait frappé de plein fouet le pokémon à la constitution d'acier –ce qui le protégea du choc initial. Il fut instantanément englobé et emporter par la terrible puissance de l'Hydroblast qui continuait de le propulser à une vitesse terrible qui ne cessait de croitre de seconde en seconde. Tandis que, suivant l'ordre de son propre dresseur, il ne sublime le contrôle de cette même attaque en commençant à tourner sur lui-même ; d'abord lentement, puis de plus en plus vite, alors que sa rotation additionnée à sa forme hydrodynamique et à sa vitesse transformaient ce qui était une énorme lance en une flèche semblant être l'une des pointes du trident de Poséidon.

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Vrillant tel un projectile vengeur à la trajectoire inexorablement verrouillée sur leurs scopes, le Capitaine commençait à ressentir des palpitations à la vue du chiffre représentant la distance de l'objet qui chutait à vitesse grand V. Tout comme dans le hangar où l'information de l'attaque imminente avait été annoncée ; tout le monde retenant son souffle en voyant les portes se refermer lentement dans une tension si intense qu'il était presque possible de la voir.

Puis, presque dans un silence religieux, les deux énormes portes claquèrent d'un son métallique si fort qu'il résonna encore dans la base pendant quelques instants. Une voix annonçant dans le poste de commandement.


«Porte blindées scellées.»


La voix laissa s'échapper un soupir de soulagement, tout comme le reste de la salle et le Capitaine, qui s'autorisa à respirer une bouffée d'air comme les sbires dans le hangar. Car cette porte blindée faisait plus d'un mètre d'épaisseur : Il était techniquement impossible qu'un projectile humain puisse en entamer son impressionnante résistance…

Aucun projectile humain…

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Quittant la table à toute vitesse, dont le compteur indiquait un impact imminent dans les trois prochaines secondes, le Capitaine se rua sur le poste de coms le plus proche pour hurler directement via les communications internes.


«IMPACT !»

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Tournoyant sur lui-même à une vitesse aussi grande que celle de sa propulsion, honorant la nuit et la forêt de sa majestueuse présence en l'illuminant comme une comète baignant un ciel de nuit noir : le glorieux Pingoléon hurla son cri royal de toute sa fierté envers la montagne un million de fois millénaire, dans laquelle il allait y laisser sa marque impériale jusqu'à la fin des temps.


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De toute sa masse, de toute sa vitesse, de toute sa force : le pokémon empereur percuta de plein fouet l'imposante double porte blindée en son point le plus central ; l'acier de sa constitution impériale se mesurant à celui terne et méthodique de l'être humain dans une lutte élémentaire qui se jouait déjà depuis des générations, mais qui s'était toujours finit sur le même résultat :

La victoire de l'Empereur.

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Dans un bruit de détonation titanesque, comme si la montagne elle-même s'effondrait pour abattre son courroux sur les pécheurs qui ont osés souillés la pureté de sa roche, les portes cédèrent dans un bruit lourd de métal tordu et de milliers de rouages brisés qui s'affalèrent de toute leur masse dans un fracas épouvantable de fin du monde ; ouvertes comme des roseaux se pliant à la puissance du vent. Faisant fuir les sbires occupant leurs positions sur les côtés et balayant impitoyablement les aéroglisseurs sortis pour l'expédition ; en en balançant certains qui allèrent s'écraser parmi les rangs de sbires paniqués, et d'autres pulvérisés qui virent leurs morceaux pleuvoir au milieu de leurs lignes comme une pluie de shrapnels.

Leur Némésis prônait au centre de la pièce. Elle continuait son avancée funeste dans la base de ses ennemis de part la vitesse conservée malgré son impact ; hurlant son cri puissant défiant quiconque d'assez fort ou fou pour l'en empêcher. Il captivait une attention totale de la part des humains et des pokémons qui contemplaient celui qui avait percé à lui seul ce qu'ils pensaient être une défense imprenable, le regardant comme l'avatar de leur destruction en personne.

Sa course aérienne continua encore pendant quelques secondes, alors que la gravité et sa perte de vitesse reprenaient le dessus ; au plus grand malheur de l'escouade occupant la position défensive du milieu. A l'image d'un astéroïde s'écrasant sur terre : le Pingloléon déploya ses ailes au maximum dans l'intention d'en punir le plus possible, sachant sa chute proche ; ne cessant son cri puissant qui instaurait la peur dans l'esprit des pauvres malheureux ayant la malédiction de se trouver sur son chemin.

Plusieurs sbires et pokémon d'espèces diverses et variés tombèrent sous la suite de la charge terrible du pokémon empereur, qui parvint enfin à finir sa course dans le mur de roche qui servait de fond au Hangar –creusant même dans celle-ci. Avant qu'une dernière détonation de roches brisées et d'éboulement n'indique clairement la fin de sa percée au travers d'un nuage de poussière sur toute la longueur…

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Des dizaines d'aéroglisseurs éparpillés de partout gisaient inutilisables sur le sol du hangar comme tout autant de décombres parmi lesquelles des sbires et des pokémon de toutes espèces gémissaient ou restaient inconscients aux suites de la catastrophe. Aucune escouade n'avait été épargnée, leurs effectifs salement touchés et leur formation anéantie. Tout ça en une seule attaque, d'un seul pokémon.

Un pokémon, qui décocha la pleine fureur de son poing impérial.

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«A TOUTES LES UNITES : REPLI GENERAL !»


L'ultime signal d'alerte avait été donné, le Capitaine ordonnait la retraite complète de toutes leurs forces dans un vain espoir de sauver ce qui pouvait encore l'être. Mais il était trop tard.

Les sbires tentaient de se remettre à peine de la violence du choc, les plus chanceux s'étant les mieux tirés cherchant à secourir et apporter leur soutien aux blessés, tandis que d'autres prenaient tout bêtement la fuite en s'enfonçant dans l'accès gauche principal du hangar. C'était le branle-le-bas de combat alors que les cris d'instructions et d'ordres proférés par les Admins se perdaient dans le brouhaha plus important de celui des sbires, plongeant la scène dans la confusion la plus totale.

Jusqu'à ce qu'une voix totalement différente des autres, aux tons clairement narcissique mais certainement enjoués, ne s'élève parmi le chaos ambiant d'une joie décuplée.


«TOC-TOC M'SIEURS-DAMES : ON EST VENU POUR LA FIESTA !»

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La masse estropiée de sbire se tourna vers la source de cette fanfaronnade outrageante, et nombre d'entre eux virèrent au blanc le plus pâle qui puisse exister en en reconnaissant la source tout autant que les implications liées à sa présence.

Slalomant entre les décombres des portes et des aéroglisseurs, le sourire éclatant de bonheur par-dessous sa chevelure bouclée à l'avant de l'appareil, secondé par les silhouettes non moins excitées d'un Laggron et d'un jeune homme à la chevelure blanche unique au monde, rejoint enfin par celle élégante du conducteur qui laissa le manche de l'appareil pour sortir un petit livre de poche : La ligue était arrivée.


«Ce soir, dans nôtre base ultra secrète de voleur de pokémon mégalomanes, le thème sera le Disco. Mais que serait une soirée Disco sans une boule Disco ?»

Puis, ne pouvant s'empêcher de rigoler un bon coup, Barry le Kamikaze montra du doigt le plafond au dessus de sa tête –le sourire du sale gamin qui va jouer un mauvais tour sur les lèvres.

«Mesdames et messieurs, je vous prie d'accueillir celui qui va vous mettre dans l'ambiance ce soir !»


Suivant instinctivement –mais stupidement- l'indication de direction suggérée par le dresseur, les sbires levèrent le regard pour trouver une espèce de soucoupe volante bardée d'une ridicule antenne par-dessus le regard mécanique d'un œil cyclopéen. Avant de ne se rendre comptent trop tard de l'énorme piège dans lequel ils venaient de tomber, lorsqu'un autre aéroglisseur venait de pénétrer dans la place ; Le dresseur du pokémon en question aussi situé à l'avant. Le dresseur réputé comme le champion le plus fort de l'Île.


«MAW : FLASH !»

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La pièce sembla s'illuminer comme un plein jour, tandis qu'une bonne partie des sbires et des pokémon furent rendus aveugle par la soudaine augmentation de luminosité ; qui aveugla même le système de surveillance des caméras lorsque la vague d'ondes lumineuse alla saturer leur capacité de filtrage plus qu'elles ne pouvaient en traiter à la fois.

Parmi les personnes qui réchappèrent au choc de lumière, il comptait tous les Admins sans exceptions et une partie réduite des effectifs de chacune de leurs escouades respectives. Ainsi ils furent les seuls à pouvoir se remettre sans séquelle de l'attaque incapacitante du Magnezone, pour découvrir avec horreur que derrière les deux aéroglisseurs qui avaient déjà pénétré dans leur base, il y'en en avait des dizaines.

Le troisième se posant à la suite des deux autres pour compléter la trinité vengeresse, l'homme le plus surement déterminé à déclarer totalement les hostilités dont ils allaient regretter de s'en être pris à sa ville. Car l'homme à la carrure imposante et au masque de catch prit une terrible inspiration avant de crier sa revanche.


«A L'ATTAQUE !!!»


La première vraie bataille entre Rising Sun et la Ligue venait de débuter, alors que dehors, loin dans le ciel dont les nuages s'écartaient, la lune se levait.


[A suivre]


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[Bonus ! (Yep, encore) : La base écho vient de Star Wars, le nom de code de la base rebelle au début de «L'Empire Contre-Attaque» sur la planète arctique «Hoth», dont l'énorme double porte blindée m'a toujours fait une sacrée impression.

Ensuite vient le combo «Impérial Fist». Avant toute chose, il faut savoir que j'ai développé cette idée en pure improvisation au fur et à mesure que j'écrivais le chapitre (ayame euh piûr djéniuss ; narcissique extrême no spotted)

Les Imperial Fists sont l'un des vingt chapitres primogénitor de l'univers de Warhammer 40.000, l'un des neuf qui resta loyaux à l'empereur. Comme tous les autres chapitres, celui-ci touche à un aspect précis de la guerre : celui de l'art du siège. En termes d'édification de forteresse et de prise d'assaut de ces dernières, ce sont les meilleurs dans le domaine (avec les Iron Warriors, qui eux sont renégats) D'ailleurs leur nom reflète leur philosophie en ce qui concerne la guerre qui doit d'être menée au nom de l'Empereur, littéralement : «Les Poings Impériaux» ; ceux qui écrasent les bastions des ennemis de l'humanité du poing blindé de leur primarque : Rogal Dorn.

Et si vous allez visiter la fiche technique de Pingoléon sur le pokédex, vous verrez que la famille à laquelle il appartient est «Empereur». Donc : Empereur + type Acier + base secrète à l'accès blindé = «Impérial Fist» sans le «s», soit : «Le Poing Impérial».]