Deux Mondes un Destin [Fanfic Collective] de Vivinana

Mieux vaut ne rien savoir que beaucoup savoir à moitié !
Friedrich Nietzsche

C'était la nuit, il tombait des cordes sur la mégalopole de Safrania, une ombre passa en courant dans les rues. C'était une jeune fille à la longue chevelure rousse et aux yeux bleus, elle devait avoir dix-sept ou dix-huit ans, vêtue d'un pantalon bleu par-dessus lequel elle avait une jupe foncée, elle avait également une blouse de la même couleur que son pantalon, mais dont une partie de la manche était déchirée. Ses yeux étaient larmoyants, elle semblait avoir peur, très peur, la détresse se lisait dans son regard.

- Quelqu'un ! Aidez-moi !

Elle finit par s'arrêter devant une maison et à tambouriner sur la porte en pleurnichant, suppliant qu'on l'aide. La jeune fille finit à genoux, sa voix continua de s'élever avec toujours les mêmes paroles :

- Aidez-moi… Je vous en supplie…

On aurait dit que ses cordes vocales avaient du mal à vibrer. Après plusieurs minutes, la porte s'ouvrit faiblement ; c'était une dame assez âgée qui avait longuement hésité à se montrer ; ses yeux ridés fixaient la jeune fille. De ses mains tremblantes, celle-ci venait d'attraper la jupe de la dame.

- Pitié, aidez-moi !

La vieille dame regarda de tous les côtés et hésita avant d'ouvrir davantage sa porte, laissant entrer la jeune fille avant de se barricader à nouveau dans l'habitation. A peine la septuagénaire avait-elle accepté de l'accueillir chez elle que l'adolescente sauta dans ses bras.

- Merci ! Merci mille fois ! J'ai eu si peur ! sanglota-t-elle.

Elle fut alors conduite par son hôte jusqu'à un canapé, où celle-ci la fit asseoir, face à elle, avant de lui prendre les mains pour la rassurer ; d'une voix calme et douce, elle lui demanda :

- Raconte-moi donc ce qu'il s'est passé, ma petite…

La jeune fille se mit alors à lui répondre, la voix tremblante :

- Il… Il avait ce… Cet ami de mon père, Lenaïc qu'il s'appelait… Il… Il a une petite sœur un peu plus jeune que moi et… Il m'avait invité chez lui à… A Céladopole… Aux… Aux portes de la ville… Ce… C'était la nuit et… Je… Il….

Elle lâcha alors les mains de la dame pour s'attraper la tête, comme si se remémorer ce souvenir qui paraissait si tragique pour elle était une source de souffrance physique et non uniquement mentale. Doucement, la septuagénaire écarta ses mains, observant sa cadette, elle lui sécha alors ses larmes et lui releva la tête pour mieux voir son visage meurtri ainsi que ses yeux qui ne voulaient plus jamais voir quoique ce soit. Elle vit d'ailleurs de la détresse dans ces derniers, ce qui la poussa à prendre la jeune fille dans ses bras, lui frottant doucement la tête.

- Allons, allons, c'est fini… Tout ça n'est qu'un mauvais souvenir, c'est fini maintenant… Tu vas oublier tout ça, d'accord ?

Elle détacha alors son étreinte pour voir le visage de l'adolescente s'incliner doucement de bas en haut, cette dernière ayant la gorge trop nouée pour pouvoir s'exprimer autrement que par des gestes.

- Comment t'appelles-tu ?

- E… Evangelina, madame… Evangelina Hope…

La dame lui sourit alors d'un air rassurant.

- Evangelina, je suis Helory Hearter, si tu veux rester ici pour la nuit, ça ne me pose pas de problèmes ; voudrais-tu que je contacte tes parents pour…

- Non ! la coupa d'un coup la jeune fille au grand étonnement de Helory. Mon père… Il pourrait en parler à son ami, continua-t-elle, il… Il ne me croirait pas… Je… Il pourrait me demander de rentrer et je… Je…

La septuagénaire prit alors sa cadette dans ses bras et lui frotta la tête afin de la rassurer.

- Ne t'en fais pas, Evangelina, tu pourras rester ici autant que tu veux.

- Je… Est-ce que mon Granivol pourrait rester aussi ? Il… Il m'a aidé à… A m'échapper de… De lui…

Helory libéra la jeune fille de son étreinte, lui souriant amicalement.

- Mimi ? lança une petite voix aigüe venant d'un des côtés du fauteuil.

- A condition que tu acceptes mon Mimitoss ! répondit la vieille dame en riant.

Evangelina se tourna, l'air intriguée, vers l'angle du fauteuil d'où elle avait entendu le « mimi », apercevant un Mimitoss se cachant à moitié derrière le meuble, mais la fixant néanmoins de ses grands yeux rouges et brillants. La jeune fille sortit alors de sous sa blouse un collier avec au centre, une perle brillante ressemblant fortement à une PokéBall. Elle arracha alors cette dernière, laissant le bijou se refermer avant d'appuyer sur le bouton au centre de la sphère rouge et blanche, augmentant ainsi le volume de la PokéBall.

- Montre-toi, Granivol ! déclara-t-elle.

La sphère s'ouvrit alors, laissant s'échapper un filin de lumière écarlate qui, peu à peu, prit une forme de plus en plus distincte ressemblant fortement à celle d'un Granivol.Quand la lueur rougeoyante eût disparu, le pokémon laissa voir ses feuilles d'un vert semblable à celles des arbres, son corps rose rebondit et ses petites pattes qui s'agitèrent vivement. Le pokémon, qui lévitait à quelques centimètres du sol, s'éleva alors vers le visage de sa maîtresse, les yeux brillants et inquiets pour cette dernière.

- Granivol… hésita le pissenlit.

La jeune fille plaça alors sa main sur la tête du Granivol et lui frotta doucement la tête, lui adressant même un petit sourire, bien qu'il semblait quelque peu forcé.

- Tout va bien maintenant, Granivol, ne te fais plus de soucis pour moi, on est sortis de cette galère…

Evangelina fit ensuite les présentations entre le pokémon et son hôte qui semblèrent ravis de se connaître. La vieille dame fit alors de même avec son timide Mimitoss qui accepta assez vite le nouveau pokémon et sa dresseuse.

Plus tard dans la nuit, Evangelina était endormie dans le fauteuil qui avait été transformé en lit provisoire à l'aide de quelques couvertures. A l'étage, Helory dormait à poings fermés. Un murmure. Un bruit de verre qui se casse. Un râle de douleur. Elle n'entendit rien. Un hurlement. Elle s'éveilla en sursaut. Le cri perçant dans la nuit avait fini par avoir raison des bras de Morphée. Sans attendre, la septuagénaire sortit de sa chambre, descendit les escaliers, se dirigea vers le salon. Evangelina se montra dans l'encadrement de la porte, l'air apeurée, la détresse se lisait dans ses yeux océan.

- Ma… Madame Hearter… C'est… C'est horrible…

La vieille dame voulut alors rentrer dans la pièce, mais sa cadette se mit à pleurer.

- Il… Il… commença-t-elle, il voulait juste m'aider… Et il… Il…

Helory prit alors la jeune fille dans ses bras lui frottant doucement le dos avant de demander d'une voix douce et calme :

- Allons… Allons… Raconte-moi ce qu'il se passe…

- C'est… C'est Mimitoss… Il… Il…

La septuagénaire écarquilla les yeux, on aurait cru voir son âme s'échapper de ceux-ci. Elle lâcha alors sa protégée et fonça dans le salon, là, elle y vit Mimitoss. Il était endormi sur le sol, paisiblement, on aurait cru que rien ne pouvait lui arriver de mal ; ses yeux étaient clos, leur couleur s'était déplacée vers l'emplacement de son cœur, laissant suinter un fin liquide rougeâtre. Ce n'était pas dans les bras de Morphée que le petit pokémon venait de s'endormir, mais dans ceux de la faucheuse. Malgré tout, juste à côté de lui, Granivol tentait de réveiller celui qui en très peu de temps était devenu comme son ami, le secouant et poussant de petits « Grani ! ». Alors que ses pattes trempaient dans le sang du Mimitoss, il ne comptait pas abandonner, même s'il savait que c'était inutile. Helory courut jusqu'à ce qui était son pokémon, ne pouvant empêcher alors ses larmes de couler.

- Co… Comment est-ce… Arrivé ?

Evangelina arriva alors dans la pièce et expliqua en bégayant :

- Je… Je suis désolée… Le… L'ami de mon père il… Il est revenu et… Et… Il a pointé un révolver sur moi… Je… J'ai pris peur et… Mimitoss il… Il s'est interposé entre la balle et moi alors… Je… Il est partit mais Mimitoss il… Il…

La vieille dame fit alors signe à la jeune fille afin de lui dire qu'elle n'était en rien responsable du crime qui s'était produit. Helory prit alors le téléphone qui était posé non-loin et partit chercher un annuaire téléphonique en tournant rapidement les pages. Enfin, elle trouva le numéro qu'elle cherchait. Posant le livre, elle commença à taper les chiffres un à un sur le paver numérique d'une main tremblotante. Parfois, la septuagénaire devait décrocher et raccrocher le combiné afin de recommencer à taper complètement le numéro de téléphone. Il fallut à la vieille dame près de cinq minutes afin de terminer et de prendre, pour de bon, le combiné.

- La… La tour pokémon ? demanda faiblement Helory.

Elle expliqua alors d'une même voix, retenant ses sanglots, que son Mimitoss était décédé et qu'elle voulait qu'il soit enterré avec honneur dans la célèbre tour de Lavanville. Une fois le coup de fil passé, elle raccrocha et s'assit sur le fauteuil avant de pencher la tête.

- Evangelina, déclara-t-elle, tu peux aller dormir dans ma chambre si tu veux… Je… Je vais rester ici… Ils arriveront d'ici une petite heure…

La jeune fille hocha la tête et se tourna vers Granivol, celui-ci s'éleva du sol pour se poser sur le fauteuil à côté de Helory, faisant ainsi comprendre à sa dresseuse qu'il resterait à côté de la septuagénaire afin de veiller sur elle.

Helory leva les yeux vers l'horloge, il était deux heures et quart, il ne restait qu'un quart d'heure avant que le personnel de la tour pokémon ne vienne chercher son défunt compagnon. Un hurlement. A l'étage. La voix d'Evangelina. La vieille dame courut vers sa chambre à l'étage, elle ouvrit la porte et découvrit la jeune fille, endormie, elle semblait faire un cauchemar. Un simple cauchemar. La septuagénaire se dirigea vers elle et tenta de la réveiller.

- Evangelina… Evangelina…

L'interpelée ouvrit les yeux d'un coup, faisant sursauter la vieille dame sur le coup.

- Evangelina, ça va ?

Celle-ci fixa alors son hôte droit dans les yeux, d'un regard perçant.

-J'ai vu la mort ! rétorqua-t-elle.

- La… Mort ?

Helory ne comprenait pas de quoi parlait sa cadette, elle demanda alors gentiment :

- Tu as fait un cauchemar ?

Elle ressentit alors une sorte de présence derrière elle, se retournant, elle vit Granivol s'élevant à un mètre du sol, ses yeux étaient devenu noirs et très petits.

-Meta ! hurla-t-il.

Le pokémon retomba alors lourdement sur le sol sous l'apparence d'une forme rose, gélatineuse et indéfinie. C'était un Métamorphe. Une voix froide, voir même glaciale, aussi tranchante qu'une lame s'éleva alors d'où était Evangelina :

- Il parait que vous avez découvert des informations confidentielles qui pourraient mettre en péril la liberté de plusieurs tueurs à gage de la région… Surtout une certaine Sydwin…

La vieille dame se tourna alors vers la jeune fille qui affichait un regard amusé et un sourire moqueur.

- Vous êtes… commença Helory.

- La-dite Sydwin ! C'était crétin de me faire entrer ici, non ? Bah c'est pas grave, allez dire ça aux autres crétins comme vous en Enfer ! Bye bye Helory !

Elle sortit alors en quelques secondes un révolver de sous sa jupe et tira sur la vieille dame qui venait lamentablement de se faire manipuler avant de mourir. Le réveil sur la table de nuit indiqua deux heures et demi, le corps de la septuagénaire retomba lourdement sur le sol. Métamorphe se changea alors en Insécateur et tailla les cheveux de sa dresseuse, puis devint Queulorior afin de teindre ceux-ci. Sydwin sortit alors de la maison, affichant un air neutre ; elle était à présent brune aux cheveux mi-longs. Elle retira ses lentilles, puis tira une petite boîte de sa poche et en sortit une paire de lentille grises. Il ne lui restait plus qu'à connaître sa prochaine victime.