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Dans les profondeurs du Tartare [One-Shot] de MM-Blue



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Informations

» Auteur : MM-Blue - Voir le profil
» Créé le 31/01/2011 à 02:47
» Dernière mise à jour le 23/01/2014 à 00:37

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Allégeance.
Dans la lueur sombre de la nuit,
Caché par l'épaisse fumée,
La lumière écarlate de ses yeux luit,
Ses cornes sont prêtes à transpercer.


Dans les profondeurs du Tartare, la bête veille. Tout son corps le fait souffrir, c'est sa punition pour être venu ici. Il ne l'a pas voulu, on l'a forcé. C'est son destin. Il fait les cents pas devant la grande porte. Il la veille jalousement, son regard est malsain. On le craint, c'est normal : il est l'un des sbires du Diable. Il s'arrête et regarde les alentours. La douleur est intense mais il ne la ressent plus vraiment. L'odeur est affreuse, la vue est horrible mais rien ne le dérange ici: c'est sa maison et il la gardera jusqu'à la fin de ses jours. Il baille puis reprend sa marche.

La faim le tiraille. Il en aperçoit dans la brume au loin. Il les appelle « les Prochains ». Il s'arrête à nouveau et ne peut s'empêcher de baver devant le festin qui se présente à lui. Ils ont tous cette même expression sur leur visage: celle de l'angoisse et la peur. Il adore ça, les regarder se tortiller de douleur. On n'entre pas chez lui sans en payer le prix. Puis la porte s'ouvre et tous sont happés par une force invisible. Derrière la grande entrée, des yeux apparaissent, vides. Certains essayent de sortir, c'est le moment qu'il préfère. Il les laisse arriver jusqu'à une limite raisonnable, il les laisse espérer un moment, puis il se jette sur eux avec un plaisir impur qui se lit sur sa face. Il n'en laisse aucun repartir, il les dévore jusqu'au dernier. Oui, ils étaient « les Prochains » : ses prochains repas.

Dans les profondeurs du Tartare, la bête continue de veiller, inlassablement. Tout son corps lui fait mal, c'est sa punition pour avoir vendu son âme. Il ne le voulait pas, il y a été forcé. Il se sent mieux, le repas était copieux. Il continue sa marche funèbre. Il donne des coups de cornes dans le vide, il se détend comme il le peut. Il pense, beaucoup. Mais il n'a pas le droit de penser donc il arrête. Puis il revient se poster devant sa porte qu'il chérit tant. Et il ne peut s'empêcher de penser : est-il déjà rentré chez lui ? A-t-il déjà passé ces portes ? Il ne s'en souvient pas, tout est très vague. Il continue de marcher, plus rapidement. Il a trop pensé et maintenant, il se sent mal. Plus mal que d'habitude en tout cas. Très vite il se reprend et chasse toutes pensées de son crâne.

La porte s'est ouverte plusieurs fois et plusieurs fois, de ses cornes, il a banni les mauvais, et plusieurs fois, de ses crocs, il leur a infligé les pires souffrances. Sa vie n'est qu'un cercle vicieux sans fin. Mais il continue de marcher, toujours. Il aime respirer les odeurs nauséabondes du Tartare, et aime regarder cette brume si froide. Il aime être chez lui, même si sa vie n'est d'aucune importance. Il aime cette sensation de malaise qui l'habite, cette tristesse persistante qui l'anime et cette force qui le fait vivre.

Dans les profondeurs du Tartare, la bête veillera. Tous son corps n'est plus que souffrance, c'est sa punition pour être venu à la vie. Il n'aurait pas voulu, mais on ne lui a rien demandé. Il se demande parfois pourquoi il est ici. Mais il n'a pas le droit de penser. Il se demande qui sont tous ces gens. Mais il secoue violemment la tête pour ne plus penser à rien. Quelques fois même il se demande qui il est. Il est lui. C'est la seule réponse qu'il s'accorde. Il baille longuement, il ne se permet aucun repos. Il marche continuellement devant cette porte. Elle s'ouvre puis se referme devant lui, elle ne l'accueille pas en elle. Mais il la protège.

La douleur est intense mais plus rien ne le trouble. Plus rien sauf le froid. Il fait horriblement froid. C'est peut-être lui la cause de sa douleur. Ce n'est pas un froid ordinaire, c'est le froid de l'âme. La solitude a fait de lui un être froid, la colère lui a donné un cœur de pierre. Son corps est brûlant, il émet la chaleur de la vie. Mais à l'intérieur, au plus profond, tout est de glace. La douleur a atteint son corps mais aussi son esprit. Telle une statue, il se poste devant cette porte aussi froide que lui. Il est décidé : il ne fera plus un pas.

Dans les profondeurs du Tartare, la bête a veillé. Tout son corps n'était que douleur, c'était sa punition pour avoir été. Il n'avait rien voulu, mais c'était ainsi. Posté devant l'immense entrée, il ne bougeait plus désormais. Et il pensa. Il pensa à ces gens, pourquoi ils étaient tous enfermés ici.

Malsain est l'homme que le Diable s'approprie.

Puis il se demanda ce qu'il faisait ici.

Fière est le gardien que la porte sacrée a choisi.

Et comment est-il arrivé ?

Par le sang qui le traversait.

Et puis, qu'est-il ?

Le cerbère n'était rien sans la mission qui lui avait été confié.

Devant lui, la brume se dissipa. Sans qu'il ne puisse rien contrôler, il se leva et couru aussi vite que ses membres lui permettaient. Lentement, il ferma ses yeux. La douleur disparue peu à peu puis son âme se réchauffa. À cet instant, il se sentit bien. Son corps était devenu léger, une lumière éclatante l'enveloppa.

Dans la lueur sombre de la nuit,
Caché par l'épaisse fumée,
La lumière écarlate de ses yeux luit,
Ses cornes sont prêtes à transpercer.

Ne sachant pas pourquoi,
il est envahi par le froid.
Coeur solitaire dans la pénombre,
Bientôt engloutit par sa propre ombre.

Par le pêché de l'homme,
Il voit le jour sans lumière,
Enchaîné à une vie amère.

Le cerbère sans mission
Ne peut continuer son ascension
Et dans la lumière éternelle
Il devient alors immortel.