La vengeance est un plat qui se mange froid.
« Tu as encore essayé de t'échapper ? Tu es une petite tête dure toi !
- Encore une tentative échouée ! Ne pourrai-je donc jamais sortir d'ici ? pensait le pauvre petit Pijako recroquevillé dans le fond de sa cage.
- Tu connais la punition, mon petit !
- O...Oui monsieur... »
Après toutes ces années passées dans sa petite prison, il avait appris le langage humain.
Une fois la nuit arrivée, l'ornithologue, chez qui il était obligé de passer sa vie, l'enferma dans la cave, comme chaque soir.
« Là, et si tu t'arrêtes de pleurer chaque nuit, je te laisserai peut-être dormir dans le salon, qui sait. » lui dit son maitre avec un petit sourire sadique en coin.
En pleine nuit, le petit Pijako, qui pensait avoir trouvé un plan infaillible, attrapa une petite boîte d'allumettes – il savait comment les utiliser – puis en alluma une. Il attendit que l'alarme incendie sonne mais il se cogna à sa cage, et dans l'élan, elle tomba au sol. Son bac à nourriture tomba en plein sur son aile droite.
« Que se passe-t-il ici ?! hurla l'homme, entrant en sueur dans la cave.
- C'est... C'est la chaudière, elle a fait un bruit énorme et effrayant et ensuite il y a eu un gros nuage de fumée. Aaah, mon... Mon aile... J'ai mal...
- ... Que ressens-tu ?
- J'ai...J'ai très mal, je souffre, aide moi, je t'en prie...
- Tu sais que je t'ai élevé uniquement pour les concours de beauté ?... Mais attends, il n'y a aucun dégât à la chaudière... M'aurais-tu menti ?
- O... Oui... Je l'avoue... J'ai voulu faire croire que la chaudière allait exploser... Mais je n'avais pas prévu ma blessure à l'aile... »
L'homme soupira, prit le petit Pijako en main, sortit avec et alla le déposer au pied d'un arbre dans le parc de la ville.
« Mais pourquoi me laisses-tu ici ?
- Si tu es blessé, tu seras obligatoirement disqualifié du concours...
- Alors tu voudrais que je...
- Adieu, Pijako... »
Voilà la dernière chose qu'a entendu le petit Pokémon avant de voir son maître disparaitre dans la nuit.
Le petit oiseau musical essaya de rejoindre la ville en sautillant, bien que son aile le faisait souffrir.
Pendant son trajet douloureux, un Chaffreux l'interpela :
« Dis donc mon succulent petit ami, tu as l'air d'être mal en point, aurais-tu vécu avec Norbert le profiteur ?
- Norbert le qui ?
- Le profiteur. À ce que je vois, oui. Il m'a élevé quand je n'étais encore qu'une petite Chaglam. Je n'avais jamais connu le goût d'un Rattata avant qu'il ne m'ait abandonnée, uniquement parce que j'avais une entorse à la patte. Il est alors venu me déposer exactement là où tu étais, tu es tenace pour être resté les quatre petites années de ta vie chez lui.
- Co... Comment le sais-tu ?
Je t'observe depuis bien plus longtemps que tu ne le penses.
Au bout d'un long moment de discussion avec le Chaffreux, celui-ci lui proposa de l'amener à son maître actuel. Le Pijako accepta.
Et il eut raison, il passa trois jours chez un vieil homme très gentil, un bon "papy gâteau", mais l'état de son aile ne s'améliorait pas...
« Mon pauvre petit oiseau... J'ai le malheur de t'annoncer que ton aile n'ira pas mieux. Je ne souhaite pas ta mort, mais ce serait le meilleur moyen pour stopper tes souffrances. »
Le Pijako demanda à réfléchir, et finit par accepter. Sans attendre, le vieil homme l'emmena chez le vétérinaire le plus proche, fit piquer le petit oiseau, qui s'endormit, pour ne plus jamais se réveiller.
"Papy gâteau", comme il l'avait appelé, demanda à récupérer le corps du petit Pokémon, et, une fois retourné chez lui, il lui organisa des mini-funérailles dignes d'un humain.
« Repose en paix, mon petit oiseau de bonheur. »
Une larme coula sur sa joue, et Chaffreux poussa des miaulements qui faisaient vaguement penser à un requiem d'adieu.
Une fois rentré dans sa maison, le vieux pensa :
« Encore une victime innocente de mon petit-fils, pourquoi tient-il tant de son père ?... Chaffreux, je voudrais que tu veilles sur mon corps jusqu'à ma mort, ensuite, que tu te donne la tienne, si tu acceptes. »
Le Chaffreux poussa un autre "miaulement-requiem", et le vieil homme avala une boîte entière de somnifères. Ce fut la crise cardiaque.
Hôpital Hope, service senior, chambre 209
« Merci, madame, vous êtes très gentille d'avoir accepté.
- Après tout, c'était une bonne idée, leurs ronronnements calment les problèmes cardiaques. Nous allons laisser votre Chaffreux avec vous, mais vous devez vous reposer pour le moment. »
Le vieille homme acquiesça, mais une fois l'infirmière sortie, il dit à son Chaffreux de faire ce qu'il avait prévu. Le félin accepta après une longue hésitation, et se coucha sur le ventre de son cher maître, chuchotant dans ses pensées les plus profondes :
« Pour toi, mon petit Pijak', et pour vous, mon cher Lucien, vous qui m'avez protégée pendant toutes ces années...
- Fais ce qu'il faut, ma belle, n'aie pas peur, je suis conscient de ce que je te demande, j'ai beau être vieux, je ne suis pas sénile, vas-y. »
Le Chat regarda une dernière fois celui qu'il considérait comme son "papy", le mordit à la gorge, et le vieux Julien mourut, la carotide tranchée. Son félin se donna la mort, avec un attaque requiem, un véritable requiem, rempli de tristesse.
Elle mourut en souriant, elle mourut heureuse, dans un requiem de pleurs.
Un murmure... Murmure qui se transforma en cri, un cri strident, le jeune Norbert leva les yeux et vit une grande ombre passer au-dessus de lui. L'ombre en question était un oiseau énorme, si grand qu'il cachait la lumière du soleil sur toute la ville. Impossible de dire quel oiseau c'était, personne n'avait encore jamais vu une si majestueuse créature d'un blanc immaculé, et cet oiseau fonça sur le jeune Norbert. Au moment du choc, le jeune homme se réveilla en sueur dans son lit :
« Un cauchemar, juste un cauchemar, ce n'était qu'un cauchemar... »
Il essayait de se réconforter lui-même, et il finit par se rendormir.
Mais dans le rêve qui suivit, il se fit mordre le bras par un grand félin à la fourrure arc-en-ciel, et il se réveilla, là aussi, en sueur. Il vit une énorme tache rouge sous sa couverture. Paniqué, il la jeta au sol et, à sa grande stupéfaction, il avais une trace de morsure de félidé, exactement comme dans son rêve.
« C'est impossible ! Non ! Je cauchemarde ! Et pourtant... Aaaah... Je sens bien la douleur...
- Tu ne rêves pas, Norbert, ton sadisme et ton égo devaient te retomber dessus, c'était inévitable. »
Ces mots venaient de nulle part, il avait beau regarder dans tous les coins de la chambre, rien.
« Nous chercher ne servirait à rien, car nous ne sommes présents que dans ton esprit.
- Non, NON !!!! C'EST IMPOSSIBLE ! JE DEVIENS FOU !!! »
Il se recroquevilla sur son lit, la tête entre les genoux, et se mit à marmonner des mots incompréhensibles. Il entendait encore les voix de son cauchemar.
« Ressens-tu la peur se replier de cette manière sur toi ?
- Et la douleur que j'ai ressentie quand ma petite entorse n'a pas été soignée ?
- La dure folie que j'ai dû porter pendant toute ces années ? »
Il ne comprenait plus rien :
« QUI ÊTES-VOUS ? ET QUE ME VOULEZ-VOUS ?
- Nous sommes seulement ceux que tu a déçus, et blessés au cours de ta misérable vie. »
Soudain, il vit apparaître son grand-père, le félin arc-en-ciel et l'oiseau blanc, qui était en réalité un griffon immaculé.
« NON !! » hurla-t-il avant de mourir, foudroyé sur place, lorsque ses côtes sortirent de son abdomen.
Et les trois âmes disparurent dans les cieux, sachant qu'elles pourraient reposer en paix.
[color=darkblue*]...Woaw, c'est bien moi qui ai écrit tout ça ? XD[/color*]