Dijon
Elle était la seule à ne pas dormir, excepté Sylvain, bien sûr. Même Maxime s'était laissé bercer par le ronronnement du moteur certes vétuste, mais parfaitement entretenu par Sylvain. Le van en lui-même devait avoir plusieurs dizaines d'années, mais il semblait comme neuf, en raison du soin que son propriétaire avait pris pour le bichonner régulièrement. La tête posée contre la vitre, Julie observait le paysage défiler doucement. Le ciel, d'un bleu limpide, était, ça et là, parcouru par quelques nuages qui semblaient s'être endormis, eux-aussi. Au loin, la terre semblait se relever d'un coup, sur les bords des ruisseaux, et se recouvrait alors d'arbres et de verdure. En haut de ces collines, on voyait parfois apparaître furtivement le bout d'un clocher. Un peu plus loin, le sol redevenait plat et se perdait en vaste parcelles vertes qui allaient jusqu'à l'horizon.
Il s'en était passé des choses, depuis qu'elle avait rencontré Sylvain. Vivre dans le crime, et vendre ses services au plus offrant, ce n'était pas une vie très...
Mais elle l'avait rencontré. Il l'avait sorti du cyclone dans lequel elle s'était laissé aspirer. La petite délinquance, puis la grosse... et puis l'enroulement dans des bandes organisées, employées parfois par la mafia... La mafia Rocket, par exemple.
Ce souvenir douloureux ne la quittait pas. Elle en avait souvent discuté avec Sylvain. Il l'avait aidée à couper les ponts avec son passé, afin qu'il ne la rattrape plus jamais. Elle semblait forte, mais ne se leurrait pas : elle était comme une statue brisée qu'on a recollée. Le temps avait passé, pourtant. Elle s'était fait de nouveaux amis. De vrais, cette fois-ci, et avait appris d'autres valeurs. Elle ne regrettait pourtant pas entièrement son ancienne vie. Elle avait toujours eu ses propres règles, même dans les moments les plus noirs de son histoire. Oui, certes, Julie avait fait des choses répréhensibles, mais avait toujours eu ses limites. Des lois, humaines, qu'elle s'était fixées, et qui l'avait empêché de plonger, contrairement à certains, dans l'obscurité totale.
Depuis plusieurs années, elle revivait, apprenait à apprécier la vie autrement et ne s'en plaignait pas.
Plongée dans ses réflexions, elle ne se rendit pas compte que le paysage changeait. Une grande route, beaucoup de bâtiments : ils arrivaient à Dijon.
Les autres commencèrent à se réveiller à ce moment là.
-J'ai super faim ! Fit Thomas.
-J'avoue... renchérit Maxime en frottant son ventre.
-Sylvain, tu dois certainement connaître quelqu'un sur Dijon !
-Euh non...
-Quoi ? Dieu ne connait pas une personne dans chaque province française ?
-Non, mais Dieu peut trouver le meilleur resto avec son flair divin !
-Je te fais confiance alors.
Le van se gara quelques instants plus tard dans un tout petit parking, puis nos amis marchèrent vers la vieille ville. La cité médiévale regorgeait de touristes, mais aussi de petits restaurants, et Sylvain en dénicha un qui s'avéra, effectivement, délicieux, et avec un très bon rapport qualité prix.
-Une bonne digestion maintenant, fit Sylvain tandis qu'ils sortaient du restaurant. On est en avance sur notre trajet, on peut rester une bonne heure dans la ville si ça vous dit. Moi je vais faire une petite sieste sur un banc.
-Papi a besoin de se reposer, comme c'est charmant.
-Taisez-vous Julie.
-Tu as besoin de te reposer aussi ma chérie ? Demanda Maxime à Laetitia.
-Non, je suis en super forme ! Allons-nous promener avec Tom et Marie !
-...
Thomas éclata de rire et tapa sur l'épaule de Maxime avant de reculer, conscient qu'il risquait sa vie.
-Alors Maxounet, on vient se promener avec nous ? En amoureuuuuux ?
-Avec plaisir Tominou d'amour, tu nous parleras de l'histoire de Dijon pendant ce temps, Monsieur Bac +1.000.
-Je...
-Ca c'est bien envoyé Maxime, fit Marie en riant.
Les deux couples se promenèrent tranquillement, flânant dans les rues. Marie et Laetitia ayant une forte propension à se diriger vers toutes les boutiques de bébés, en faisant de grand sourires et en discutant à voix basse. Ils marchaient tous ainsi, Tom sifflotait, les bras croisés derrière la tête, l'air vague, lorsque son regard se posa sur ce qu'il n'aurait jamais du voir. Marie s'en rendit compte, mais c'était trop tard.
-Oh non. Maxime, il faut le retenir.
-Quoi ? OH MERDE !
-Je... marmonna Thomas.
-RETIENS LE MAXIME.
-PERSONNE NE PEUT LE RETENIR DANS CE CAS LA !
Trop tard, Tom s'était déjà précipité devant l'entrée de l'arène de Dijon, située en plein coeur d'une place de la ville. Il entra à l'intérieur et regarda sa montre. Il lui restait du temps. Deux trois personnes attendaient à l'accueil, mais elles furent vite réexpédiées : le champion croulait sous les demandes, et il ne prenait plus de challenger de la journée.
-Monsieur, fit l'hôtesse, je ne sais pas si vous avez entendu ce que j'ai dit aux précédantes personnes mais...
Le jeune homme déposa une carte sur le bureau et prit une grosse voix.
-Mademoiselle, vous aurez l'aimabilité de bien vouloir dire au Champion que le Gym Leader de Monche-Ville est venu lui rendre visite.
-Il vient de finir un combat, mais il allait prendre une pause. Il aurait fallu téléphoner avant.
Thomas posa une autre carte sur le bureau, la demoiselle la regarda, puis regarda Tom dans les yeux. Ceux-ci s'ouvrirent grand. Tom continua d'une voix encore plus prononcée.
-Diiiiites-lui que le champion du monde 2007 est là.
-Vous êtes NOUNOURS ?
-Je...
Marie riait aux éclats à quelques pas de là.
-C'est ça quand on veut jouer aux malins.
-Je... je ne vous avais pas reconnu, vous êtes tellement plus beau qu'à la télévision ! On n'avait plus aucune nouvelle de vous. Alors comme ça vous êtes devenu gym leader d'une ville ? C'est fantastique, vous n'avez pas peur de battre tous les pauvres challenger qui...
-Un gym leader se doit d'être accessible Françoise, fit une voix derrière l'hôtesse.
Un homme d'une trentaine d'année venait d'arriver. Les cheveux mi longs, barbe naissante, une chemise blanche, un faux airs de Johny Deep en un peu plus petit.
-Hey, mimi le champion de Dijon, murmura Marie.
-Bonjour, je m'appelle Frank. Vous vouliez me combattre ? Ce serait un honneur, je suis en pause justement.
-Et bien, si ça ne te dérange pas. On va peut-être se tutoyer, entre collègues.
-Oui bien sûr. Allons-y, ne perdons pas de temps !
-Yeah !
Tom se précipita dans l'arène, suivant Frank. Ses amis emboitèrent le pas en soupirant.
-C'est pas possible... Ca va recommencer, soupira Marie.
-Bon, vous... tu as des règles préférées ? Combat en combien de Pokémons ?
-Oh, si on faisait... Deux Pokemons ? Un match total, pas à point