Dresseur malgré tout de Phenicia

Le plus court chemin d'une personne à une autre... c'est un brin de gentillesse.
[Anonyme]


Je n'avais presque pas dormis la nuit suivant la capture de Rattata, il avait été installé dans ma chambre et n'aimait pas vraiment le fait d'être attaché au bout d'une corde qu'il n'avait pas réussi à rompre à cause de ses dents qui étaient assez faibles en raison de son jeune âge. Malgré la fatigue, je m'étais levée à l'aube pour que Daisuke et moi puissions entrainer notre pokémon le plus rapidement possible. Une fois prête à partir, je l'avais détaché du pied de mon lit où sa laisse le retenait afin de l'emmener jusqu'à la route numéro onze à l'est de la ville. Nous avions choisis cette route afin d'être sûr de ne pas croiser Rattatac, la mère de notre petit protégé, sans compté qu'il ne connaissait pas cette route vu qu'il n'avait pas eu le temps de voyager beaucoup.

Daisuke n'avait pas tardé à arriver, portant un sac à dos duquel il sortit une petite boîte cylindrique.

- C'est de la nourriture pokémon, m'expliqua-t-il, c'est ma mère qui me l'a donnée !

Il posa alors son sac et s'accroupis à hauteur de Rattata, approchant doucement sa main, mais le pokémon ne voulais pas se laisser faire, quand il n'évitait pas la main de mon ami, il tentait vainement de le mordre. Daisuke se releva alors, faisant la moue.

- On dirait qu'il ne nous aime pas trop…constata-t-il.

Je tournai la tête négativement pour lui répondre avant de lui demander comme il comptait faire pour entrainer un pokémon qui refusait catégoriquement tout ce qui venait de nous, ce à quoi il me répondit :

- Avec la nourriture, évidemment !

Il ouvrit alors le couvercle de la boîte à nourriture pokémon dévoilant ainsi des sortes de croquettes brunâtres, il en posa une au creux de sa main et s'accroupis à nouveau avant de la présenta au Rattata. Je relâchai légèrement la laisse, permettant au rongeur d'approcher doucement et d'humer le parfum de la croquette, sans attendre, il la dévora alors, l'air satisfait sur le visage. Daisuke passa alors sa main sur la droite de la tête du pokémon qui se laissa caresser. Une fois qu'il eut terminé de manger, Rattata releva les yeux vers son nourrisseur comme s'il lui réclamait à nouveau les croquettes qui semblaient si délicieuses, mais mon ami n'en fit rien, il releva alors les yeux vers moi.

- Je crois qu'on peut le détacher, Mariko.

J'écarquillai les yeux avant de lui lancer :

- Mais…Il va fuir après !

Mais Daisuke fit signe qu'il ne partirait pas, je me penchai à la hauteur du petit pokémon et approcha mes mains de son cou, mais d'un bond, il s'éloigna. Mon ami me présenta alors la boîte de croquette, j'en pris une et la présenta au Rattata, il était beaucoup plus craintif avec moi étant donné que je l'avais gardé en laisse de longues heures et que je l'avais ôté à sa mère.

Il approcha doucement son museau de ma main et huma la croquette avant de l'attraper d'un coup et d'ôter immédiatement sa tête. Je penchai la tête, il ne m'aimait pas, j'en étais à présent certaine.

- T'en fais pas, Mariko, je vais m'occuper de le détacher !

Il détacha alors le pokémon qui, sans étonnement, fuit vers les hautes herbes, bien qu'il semblait ignorer le lieu où il se trouvait. Alors que je voulais courir à sa poursuite, Daisuke tendit son bras devant moi, me faisant comprendre de ne pas bouger, ce qui m'étonna grandement. Il prit alors dans sa main une croquette avant de se pencher, Rattata cessa sa course, relevant la tête, humant une odeur qui semblait lui titiller le nez, il fit alors demi-tour et revient vers nous en marchant. Une fois face à la main de Daisuke, il dévora la croquette puis s'assit, faisant bouger sa queue, impatient.

- Il a compris, m'expliqua mon ami, il sait à présent que tant qu'il restera avec nous, il
n'aura pas faim et ne se perdra pas. Il aura su où était sa mère, il l'aurait rejointe, mais là, ça lui est impossible.

Je souris, approchant doucement ma main du petit pokémon, mais d'un bon, il partit se cacher derrière la jambe de Daisuke, mon sourire disparus, je penchai la tête.

- Savoir ça ne fait pas qu'il m'adore… constatais-je.

Daisuke me rassura alors que l'on recommencerait jusqu'à ce que Rattata m'apprécie. J'ai donc continué pendant au moins une heure à nourrir notre petit protégé, mais sans résultat, il refusait que je le touche, parfois il prenait même la croquette dans sa gueule pour aller la manger près de mon ami pour ne pas avoir à m'approcher. Pendant l'heure qui suivit, nous avions essayé de jouer un peu avec notre pokémon, tentant par la même occasion de lui enseigner les techniques de base que les Rattata apprennent dès leur sortie de l'œuf, généralement par leurs parents, c'est-à-dire les attaques « charge » et « mimi queue », mais c'était surtout Daisuke qui s'en chargeait, notre petit protégé ne voulant m'approcher que lorsque c'était vraiment nécessaire.

Il devait être seize heures lorsque nous décidions de rentrer, mais Rattata ne m'appréciait pas beaucoup plus et le fait que l'on devait lui rendre sa laisse tant haïe n'allait certainement pas arranger les choses, mais pour passer dans Carmin-sur-mer, c'était préférable vu qu'il reconnaîtrait sûrement les plaines de hautes herbes de la route numéro six au Nord de la ville.

En arrivant près de chez Daisuke, celui-ci se tourna vers moi avant de déclarer avec un grand sourire aux lèvres :

- Garde Rattata chez toi aujourd'hui encore, normalement demain maman va amener Altaria à la pension pokémon près d'Azuria pour qu'il progresse un peu, alors là je pourrais le prendre. Avant ça, j'ai un peu trop peur de la rencontre de ces deux-là, surtout que Rattata est très faible…

Je hochai la tête, dans un sens, il n'avait pas tords, je forçai alors tant bien que mal le pokémon à me suivre, il était beaucoup moins docile que lorsque Daisuke était là.
Une fois chez moi, ma mère m'avait proposé de brosser Rattata, mais après quelques coups de brosse à peine, c'était elle qui avait dû s'en charger car il bougeait tellement que ses poils mauves partaient dans tous les sens. Bizarrement, il était assez gentil aussi avec ma mère, à croire qu'il ne détestait que moi sur cette terre, ce qui m'énervait pas mal.

Le reste de la journée et la soirée, il a pu gambader dans toute la maison, ma mère m'avait dit de le relâcher, nous avions juste pris garde à laisser la porte du hall d'entrée fermée à clé pour qu'il ne puisse pas sortir. Le soir, il avait de nouveau sa laisse et était attaché au pied de mon lit, ne voulant toujours pas m'approcher, nous n'avions pas eu d'autres choix pour qu'il ne cherche pas à s'échapper.

Je m'étais réveillée cette nuit-là suite à un petit cri aigu suivant le grondement du tonnerre, en ouvrant les yeux, j'ai été prêt de Rattata, mais il semblait que, finalement, sa corde avait céder, il était sans doute devenu juste assez fort que la ronger assez afin de la faire céder. J'ai tenté de le chercher, mais il n'était dans aucune pièce de la maison, je penchai alors la tête, les larmes commençant à me monter aux yeux. Un nouveau cri retentit dans le salon, de sous le fauteuil, je me penchai alors et aperçût deux points brillant dans la nuit.

- Rattata…

Je lui ai alors tendu la main, lui faisant signe de venir, le petite pokémon tremblait de peur, sans doute à cause de l'orage, il fallait bien avouer qu'il était si petit que c'en était normal. Il resta néanmoins sur place, ne cessant pas de me fixer. Quelques minutes plus tard, un éclair tomba non loin de chez moi, dans un petit cri aigu, Rattata sauta dans mes bras, tout tremblotant, je l'enlaçai alors, comme pour le rassurer et me mit à doucement caresser sa petite tête.

- Ne t'inquiète pas, je suis là, lui murmurais-je comme pour le rassurer.

Je me relevai sans le brusquer et retournai dans ma chambre, le gardant toujours dans mes bras. Une fois sur place, je me glissai dans mon lit, il semblait être calmé.

L'orage cessa presque une demi-heure après, mais Rattata ne bougea pas, relevant ses grands yeux sombres vers moi, l'air intrigué, sans doute ne s'attendait-il pas à ce que je le rassure alors qu'il était mort de peur. Il fit ce qui semblait être un sourire et avança sa tête de ma joue avant de me faire une petite léchouille, comme pour me remercier avant de s'endormir dans mes bras. Je ne tardai pas à faire de même que le petit pokémon, certaine à présent qu'il ne me haïssait plus, qu'il m'avait accepté, peut-être pas comme son dresseur, mais au moins comme son amie.