(Chapitre 2) Soulagement... ou pas !
« En face, deux personnes : c'étaient elles qui allaient choisir le sort que me réservait ma vie. »
Elles étaient assises. C'est le premier détail que j'ai vu. Je ne regardais que devant moi. Je fixais leur front : je n'avais pas la force de les regarder dans les yeux et, de là ou j'étais, ils devaient sûrement avoir l'impression que je regardais leur iris.
La personne à ma gauche était une femme. Grande, fine, voire trop maigre, elle portait une tenue très décontractée. Voire même grotesque pour un lycée aussi réputé pour son code vestimentaire strict. La deuxième personne me tapait plus à l'œil : c'était un homme, blond, costaud, avec un ensemble vert en velours. Une rose se trouvait dans la poche de sa veste. Ce qui rassurait le moins, c'était leurs regards, d'une grande neutralité. Bizarrement, je me sentis plus à l'aise et regarda autour de moi.
La salle était somptueuse. Le jaune, le rouge et le orange étaient les couleurs dominantes de la salle (le vert du costume de l'homme jurait avec le reste de la salle), avec une statue imposante de Sulfura, les ailes déployées, la tête haute et son long bec ouvert. Le bois était la matière qui sortait le plus dans la salle. Du chêne sûrement, je ne m'y connais pas trop en ce qui concerne le bois. Je remarquais aussi que des encens parfumaient l'ensemble de l'A15. Ca sentait la framboise et la poire, fruits de Limieta, une ville qui se trouvait dans le sud de la région.
-Je vous en prie, Monsieur Sonne, asseyez-vous, dit l'un des jurys.
Je n'avais pas fait attention que ma mère était déjà assise, les jambes croisées, me fixant d'un air pas très agréable. Je les regardais, tous les trois, d'un air absent, puis, ayant capté le sens de la phrase, je m'exécutais. L'homme commença à parler :
-Monsieur Sonne, Matt, si je peux me permettre de t'appeler comme ça et de te tutoyer. (Voilà quelqu'un qui comprend ce que je pense des relations entre êtres humains !) Nous avons corrigé tes copies, regarder ton parcours scolaire et plus particulièrement, ta dernière année dans cette école. Nous avons vu que tu avais fait des progrès notables dans la plupart des matières, comme la médecine et le côté pratique en combat. Cependant…
Grand moment de peur, une éternité se passe.
-… Ton examen blanc n'a pas été concluant. Mais ce n'est pas le plus important. Ce qui t'intéresse, ce sont les résultats du vrai examen. Et ça, ça se comprend, on a tous été des étudiants, comme toi. Ou en tout les cas, ceux qui ont eu la chance et le courage d'arriver jusqu'à cet examen final… Tout d'abord, félicitations pour ton parcours, ton sérieux et ton courage. Je vais laisser Odette, ma collègue te donner tes notes.
-Excusez-moi, mais je ne veux pas savoir mes notes maintenant. Ce que je veux juste savoir, c'est si j'ai mon diplôme ou pas !
-Bien sûr ! Je te comprends. Mais nous sommes contraints de le faire, Matt. Que tu le veuilles ou non.
L'homme en vert laissa la place la parole à la dame. Je n'écoutais pas mes notes. Je ne voulais pas de ça. Juste ma moyenne. Cette foutue moyenne !
-… Ce qui te donne, Matt, une moyenne de … Voyons voir…
Encore un suspens, à croire qu'ils le font exprès. Bordel !
-…De … 9,72 de moyenne.
Et voilà… Fini, je vais devoir replonger une année dans les bouquins, les fiches méthodes et les conseils des enseignants… Ma mère avait l'air énormément déçue, et je la comprenais. J'étais son seul enfant et elle aurait été très fière que son fils ait ce fameux diplôme. Elle ne possédait pas le diplôme, donc pas de droit de possession de Pokémon. Comme elle n'était en grand danger, elle n'en avait pas besoin, selon les dirigeants.
-Attends, Matt… je revérifie, on n'est jamais trop prudent. Oui ! J'en étais sûre, je m'étais trompée de ligne. Ta moyenne est de 12, 85. Félicitations Matt !
De la tristesse, je passais, à l'étonnement, puis, à la joie. Je laissais ma joie s'exprimer, tout comme Ambre. Mais je ne réalisais pas que je passais à une autre vie. Celle d'un gars, dix-huit ans à peine, qui rêve de devenir un dresseur légendaire, ou un éleveur reconnu, je ne sais pas trop encore. Contrairement aux études, c'est un parcours que l'on dessine soi-même.
Nous sortions de la salle A15. Nous voulions faire peur à Arthur et à Juliette, en faisant des têtes d'enterrement. La surprise fut réussie et le bonheur fut général. Plus loin, je vis un garçon en pleurs, ce qui me rendit encore plus heureux de la chance que j'avais. Je tombais dans les bras de Juliette, tout en fixant le jeune homme au loin. C'était Antoine Molichet, l'élève qui m'avait fait faire renvoyer plusieurs semaines à cause de rumeurs non fondées pour avoir volé des Pokémon dans les laboratoires. Comme je ne pouvais pas prouver mon innocence, et que des photos retouchées m'accusaient, j'encaissais le coup. J'entendais les cris. Il n'était pas passé loin du diplôme. C'est sur, 9,99, ça fout la haine, mais l'école ne donne pas de point en plus. Ce serait trop facile !
A la sortie, ce n'était plus un Queulorior qui nous attendait, mais bien un enseignant. Il nous dit :
-Tout d'abord, félicitations à vous deux. Vous avez maintenant le droit de posséder vos propres Pokémon, et ce, n'importe quel lieu. Je vais vous accompagner à la salle C20, là où se trouve l'un de vos Pokémon.
Super ! Enfin les choses sérieuses pouvaient commencer.
-De nombreux de Pokémon sont à votre vue. Mais vous ne pourrez en prendre qu'un seul, alors, choisissez bien. Et assez vite, vous ne serez pas les seuls à en avoir un !
Le premier Pokémon que j'aurais ? Je ne sais pas trop encore. Je rêvais d'avoir un Pokémon tel que Dracolosse. Mais je pense que ceux de l'école sont au premier stade. Et trouver un Minidraco relevait plus de la chance que du talent. En tout les cas, ce sera MON premier Pokémon !