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» Auteur : fan-à-tics - Voir le profil
» Créé le 20/11/2010 à 13:05
» Dernière mise à jour le 20/11/2010 à 13:05

» Mots-clés :   Présence de personnages de l'animé   Présence de poké-humains   Présence de shippings

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Film - Le Reine des Dominos (partie 1)
Yosh les gens. Bon, que dire…Enfin le chapitre Film. Il en a fallut du temps ! Et encore, je tiens à dire, que dans l'écriture de la partie nommée la Reine des Dominos, je n'en suis qu'à la moitié de l'écriture, et mon fichier fait déjà 69 pages word. Je vais crever. Je le sens. M'enfin, je ferai de mon mieux pour vous apporter de beaux chapitres !

Celui là, fait 35 pages, donc ayez le temps avant de le lire. Je vous souhaite une bonne lecture, et j'espère qu'il sera à la hauteur de vos espérances, personnellement, je le trouve pas terrible. M'enfin !

N'hésitez pas à commenter, me donner vos avis, vos idées, vos hypothèses, ça me donnera du courage, et ma foi, je crois que j'en ai bien besoin. *regarde sa page word avec dégoût*

Sur ce, je vous le resouhaite, Bonne LECTURE !

FILM – La reine des Dominos (partie 1)

« Il est bien vrai que nous devons penser au bonheur d'autrui ; mais on ne dit pas assez que ce que nous pouvons faire de mieux pour ceux qui nous aiment, c'est encore d'être heureux. »

Un souffle clair s'infiltra docilement par la fenêtre paresseusement ouverte. Porté par la curiosité, il effleura le long bureau ciré, du bout des doigts, et joua avec les aspérités, et les tendres rainures du bois. La bise contourna, oisive, les milles et unes éprouvettes aux éclats dormeurs et à leurs reflets si exagérés, puis taquin, il avisa un calendrier, qui avait sûrement glissé de la table d'appoint par un de ses prédécesseurs, et il s'y posa. Les pages aux cases gribouillées, illustrées par des Pokémons, tournèrent lentement pour se succéder l'une après l'autre.

« 21 février – Appelez Sacha pour prendre des nouvelles – 23 Mettre en place la surveillance et protection des visés – 24 Commencer traitement des bactéries du Rafflésia – 28 non-anniversaire de Lyon – Mars – Appelez Sacha pour explications – 4 Mars – Commander les médicaments pour Daniel – 8 – Conférence avec les prof. S-S-O-C- – 10 Réunion Twilight pour estimer le temps restant »

Soudain, la sonnerie stridente retentit entre les quatre murs, se répercutant le long des bureaux, faisant frémir les écrans d'ordinateurs allumés, réveillant les autres ustensiles, qui pour certains, se mirent à gémir en écho, rappelant la fin de leurs tâches respectives. Et alors, près de la bibliothèque, près du fauteuil renversé, une explosion emportant la montagne de livres gisant à terre, se produisit.

-CHUIIS REVEILLE ! Hurla Régis, un livre encore dans une main, et un autre ouvrage bien en place entre ses épis.

Cela n'interrompit cependant pas le concert privé qu'on lui accordait, mais cela eut au moins l'avantage de faire fuir la bise printanière qui s'était faufilée dans son lieu de travail. Le savant resta quelques secondes de trop dans le potage, entouré de trop de sons pour un cerveau qui –qu'il dise le contraire ou non- venait tout juste d'émerger d'un profond sommeil. Il comprit enfin où il se trouvait, qui il était, et se qu'il fabriquait, grâce à son répondeur, annonçant d'une voix monocorde :

« Bonjour Régis, je ne peux pas vous répondre pour le moment, je me suis surement endormi en travaillant. MAINTENANT REVEILLE TOI ET VA VERIFIER TES FOUTUS BACTERIES MINABLE ! Laissez un message après le bip. Merci. »

Le petit-fils du prof Chen en bondit sur ses pieds, et se colla sa paume sur son front en sifflant un « meeerde ! » très digne. Tout autant que la chute mémorable qui suivit, quand il glissa sur le calendrier oublié au sol. Heureusement, on a la classe, ou on l'a pas, et Régis faisait parti de ceux qui même au pire moment, même réveillé en sursaut, à moitié déshabillé après une nuit très inconfortable par terre avec un angle de livre rentrant dans les reins…Gardait une aura de charme et une chance de cocue. Aussi, se rétama-t-il, la loi de la gravité reste impartiale, mais se retrouva-t-il affalé le long de son fauteuil renversé, presque dans une position digne de PDG. Noctali, observa son maître, de là où elle se trouvait, cachée sur l'étagère la plus basse de la bibliothèque vide.

« Régis ? C'est quoi ce nouveau message d'accueil ? Enfin bref, puisque tu es pas là, je vais répondre à ton dernier message point par point…Merde où est ma liste, ah, merci psykokwack. –Ah mais c'est pas ma liste crétin de canard ! Qu'est-ce que tu as fait de ma liste, si tu l'as bouffée je te préviens je t'étrangle ! »

Le doux timbre aimant d'Ondine ne l'atteignit pas plus que de coutume, il haussa donc un sourcil face à cette agressivité, et décolla de la plante de son pied, une feuille de calendrier, avant de poser l'outils de datation, sur le bureau, à sa place, avec la bonne date, à savoir le 18 Mars. Son ptera, posté sur le porte-manteau, en mode oisillon inoffensif, ouvrit une paupière, et sourit, affichant sa dentition acérée, beaucoup moins mignonne d'un coup. La créature préhistorique s'étira et se dandina jusqu'à une autre pièce devant son dresseur paniqué, fouillant ses tiroirs frénétiquement.

« Bref, de tête, tu voulais savoir…Ce que devenait les autres. Ben, Aurore et Kenny sont à l'arène le temps qu'Aurore soit totalement remise de l'attaque. Sa mère squatte assez régulièrement, et à chaque fois qu'ils veulent faire un concours, ils y vont en groupe avec Flora, Drew et Sacha. »

Régis attrapa une pile de dossiers, qu'il cala sous son aisselle, avant de maugréer 'Y-a intérêt à ce qu'ils risquent plus rien.' Avant de s'agenouiller vers une sorte de mini réfrigérateur.

« Tu peux pas savoir ce que l'arène est encombrée, avec mes sœurs qui sont revenues, et Jackie, ton grand père et Dehlia…C'est un vrai bonheur ! Je suis ironique bien sûre, et tu peux être sûr que si tu mets un pied dans mon arène et que je suis obligée de rajouter un couvert de plus à ma table déjà pleine, tu ne ressortiras pas vivant d'Azuria. »

Oh, ça, il n'en doutait pas une seconde.

« Ondineee ! Max et ma famille sont arrivés, ça ne te dérange pas ? »

La voix chantante de Flora, toujours guillerette fut couverte par un crissement, que Régis identifia comme une forte pression sur le combiné du téléphone. Mais enfin, ça ne le regardait pas.

« Tout ça pour dire que Non. Tu ne viens pas pour essayer de convaincre Sacha de revenir à Twilight, ou pour revenir voir Lyon. Non. Non. NON ! »

Okay, okay, il avait compris la première fois, pas besoin de le répéter autant. Régis frissonna d'appréhension, et il extirpa du bac à glaçon, une solution aqueuse, qu'il versa dans une éprouvette, et plaça dans un microonde. Puis il le ressortit aussitôt en percevant le 'CRAK' du récipient de verre, résistant mal à un chaud/froid si abrupte. Il opta donc pour un bon bain-marie finalement. Pendant que sa potion barbotait gentiment dans une mare à 36° exactement, Ondine, elle, continuait son monologue :

« Bon, sinon, qu'est-ce que tu avais demandé d'autres dans ton message…heu… »

Rien, juste comment allait Sacha, surtout après le savon que lui avait passé son grand-père, à la suite du vol de son pokédex. Il voulait savoir si le brun n'avait rien prévu de stupide comme foncer dans le tas pour aller battre les méchants, mais c'était qu'un détail, hein.

« Bon peu importe, Sacha va bientôt repartir pour Isshuu d'après ce que j'ai compris, Iris a quelques problèmes avec Shooty et un certain Asbel… si tu as besoin de quoi que ce soit là-bas…Appelle-le. –Ondine tu as vu mon pokématooos ?- tonna la voix de Sacha en arrière fond. –Rah mais c'est pas vrai je dois TOUT faire ici ! »

Et sur ce, la tonalité remplaça le cri d'une Ondine excédée. Régis se promit de ne surtout pas aller la voir. Son état était bien trop proche de la fois, où à la ligue Kanto, elle avait brutalisé un adversaire de Sacha, en l'accusant d'être responsable de son absence au combat…S'il se remémorait bien, elle lui avait écarbouillé le pied et manqué d'étrangler ce Ri…Richard ? Un truc dans le genre.

Le savant vit alors sa profonde réflexion s'évaporer, quand, entamant ses gestes habituels par mécanisme, il versa le contenu de la solution aqueuse, sur l'échantillon de cellules qu'il tenait. Le résultat fut pratiquement visible à l'œil nu, en quelques secondes, d'un pourpre violacé, le morceau reprit aussitôt une teinte rose pèche.

Le sang de Régis se stoppa net dans ses veines, et il fut surpris de s'entendre reprendre son souffle après une apnée prolongée, involontaire. Noctali, sentant les pulsations hasardeuses du cœur de son maître, leva une oreille et s'approcha de lui, curieux. Son dresseur fébrile, le visage collé sur un microscope, se tût longuement.

Inquiet, le Pokémon ténèbre gémit et gratta son museau contre sa cuisse, aussi, sursauta-t-il quand le brun s'exclama dans un rire clair :

-J'ai trouvé !

Et qu'il la prit dans ses bras pour la faire tournoyer et la serrer dans ses bras en répétant, libéré :

-J'ai trouvé Noctali : j'ai trouvé !

Puis il se figea, et écarquilla des yeux, tremblotant avant de balbutier, pour lui-même :

-Il faut que je prévienne Duplica…Et..Et Sacha, et Peter…Et…Daniel et…

Il s'empourpra, les yeux brillants.

-Il faut que je prévienne Eléanore.

Et sans rien de plus, il saisit sa cape de voyage, entassa ses recherches dans un fond de valise, avec le précieux produit le rendant si euphorique. Bientôt, Noctali vit Ptera s'envoler en direction du mont Argenté. Avec un soupir, la créature quadrupède rentra dans l'arène de Jadielle, et ferma le verrou du bout de la patte, avant de retourner dormir.

Rafflésia shiney, le nouveau venu, passa non loin d'elle, et le noctali ne put contenir un éternuement à cause des spores flottant dans la pièce et le raie de lumière de cette nouvelle aube.

« « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « «

« Tout va bien, de votre côté ? »

La question étira un sourire sur les lèvres de l'adolescente blonde. Celle-ci observa les alentours, la vaste plaine déserte, la prairie verte s'étendant à perte de vue, ondulant sous la bise, sans se soucier de s'échouer sur les abords du mont couronnés, aux crêtes escarpées, ou de s'engouffrer dans les ruelles d'une ville lointaine. Echouée sur un petit îlot, une simple colline au versant couverte de mousse, avec un unique arbre à son sommet en guise de couvre chef pour offrir de l'ombre à ses invités : elle ne pouvait pas se sentir plus à l'aise et en paix. Elle avisa d'ailleurs le garçon, allongé dans l'herbe fraîche, la visière de sa casquette tombant sur son regard, serein, avec son pikachu assoupi sur le ventre, soulevé par sa respiration régulière.

La jeune femme sourit, et se retourna vers le visiophone public bordant l'unique sentier de la vallée, pour sourire à son interlocuteur, paisible.

-Yep, nous sommes tous bien installés, ne t'inquiète pas Cynthia.

La femme à l'autre bout du fil, fronça les sourcils, soucieuse, comme si les mots de la jeune n'avaient fait qu'accentuer les doutes étreignant son cœur. Elle croisa les bras, et dévisagea sa filleule, la mine grave, son regard gris orageux, à la fois tremblant d'appréhension, et grondant de la menace d'une tempête.

-Ambre, tu es sûre que c'est raisonnable, de rester ici, à découvert ? Tu ne préfères pas retourner chez toi ou rester au Qg ?

Question rhétorique, pour la forme, elle savait parfaitement que ce n'était en rien raisonnable, malheureusement, elle connaissait également la réponse qu'on lui renvoya.

-Non.

Simple son, net, clair, certain. Ambre n'avait pas changé d'expression, toujours la mine rêveuse, comme fixant l'infini, mais son ton ferme ne laissait pas de place au choix : plus jamais, elle cesserait une de ses aventures pour sa marraine, comme lors de son voyage initiatique. Pour une jeune fille aimant la Liberté autant qu'elle, Cynthia s'étonnait de la voir lui concéder si peu de marche de manœuvre. Elle soupira d'exaspération, et d'impuissance : elle qui tenait tous les champions de Sinnoh sous sa coupe, qui se voyait crainte et respectée dans toute cette région, se trouvait incapable de se faire obéit par celle qu'elle considérait presque comme sa propre fille. Cela en devenait risible.

- …Bon…Et que fais-tu alors… ? Souffla-t-elle, fatiguée.

Le visage d'Ambre s'illumina d'une joie latente, de l'excitation patiente et impatiente à la fois de tous projets. Elle joignit les mains l'une contre l'autre à la manière d'une prière, comme pour couvrir ses paroles d'une bénédiction muette, inconsciente, pour les voir un jour se réaliser.

-On essaye de collecter un peu d'Argent pour notre prochain voyage, j'aimerai bien aller à I-sshu..Ish…Ishtruc ! Richie travaille avec les agents Jenny de la ville d'UnionPolis, et moi avec les Rangers du coin. C'est sympa, dans quelques mois, on aura assez de sous pour y aller.

-Tu ne veux pas que je t'avance cet argent ?

Cynthia sentit immédiatement la gaffe, quand sa filleule afficha une fine moue étonnée, presque scandalisée : alors qu'elle rétorquait dans un murmure sans condition :

- Non. C'est notre voyage.

La maîtresse de Sinnoh soupira de nouveau et passa une main harassée sur son front.

-C'est fascinant comme tu ressembles à ton père, dans ta façon de ne jamais rien devoir à personne…
- Peut être, après tout, c'est mon père. C'est lui qui m'a élevée, ce serait étrange que je ressemble à un autre.
-Et cette phrase, est digne de ta mère.

Cynthia baissa le regard, ses doigts se crispant légèrement sur le combiné qu'elle tenait près de son oreille, grimaçant un sourire triste. Ambre leva les yeux, ses lèvres se tordirent quelques secondes, puis elle détourna les yeux avant de déclarer, sans grande conviction, un mensonge réparateur :

-Je pense que ça ressemble plus à Alizée, sur ce point…

La phrase piteuse, eut au moins l'effet d'éloigner le sujet douloureux de la conversation de l'adulte, qui se redressa et lui envoya une œillade reconnaissante.

-Je ne la connais pas assez pour le dire. Mais vous étiez proches, non ? Il me semble que tu jouais souvent avec elle quand tu étais petite.

Ambre se perdit une seconde dans le lointain, et elle se laissa porter par les souvenir. Oui, proche, c'était le mot, la championne de Pokémon Vol, amie de jeux, parfois baby-sitter, elle l'emmenait voler sur le dos de son armure, et à ses réunions de champions d'arène. Si sa mère lui avait appris à aimer les livres et l'imaginaire, et son père lui avait enseigné l'honneur et à ne craindre rien, ni la présence du danger, ni même de la mort, Alizée, Elle, avait été la première à lui donner un morceau de chocolat, et la première à la rapprocher de l'horizon qu'elle n'avait fait qu'admirer de loin depuis sa naissance.

- Tant que nous vivions près de Cimetronelle. Loin des yeux, loin du cœur, comme on dit.

Cynthia ricana peinée, et maugréa un « Une vérité bien douloureuse».

-Tu n'aimerais pas revoir Papa, je veux dire, en face, un jour ?

Ambre regretta immédiatement ce qu'elle venait de dire, et elle se mordit la lèvre inférieure. Bon sang, ce n'était pas malin de lui dire une chose pareille. Comme pour l'enfoncer davantage Léon lui assura la gaffe d'un « Ca c'est sûr, tu as mis les deux pieds dans le plat avec ta subtilité habituelle ».

-Il est inutile de risquer de réveiller de vieux sentiments, je ne ferai que gêner, ton père est tombé amoureux de ta mère depuis longtemps, et réciproquement, je n'ai plus rien à faire entre eux.

La résignation de Cynthia, lasse, faisait peine à voir. Ambre sentit un léger pincement au cœur l'embarrasser.

-Hum, je suppose que l'amour c'est compliqué. Déclara-t-elle rêveuse.
- Tu commences à le savoir, non ? Renvoya la championne avec une grimace compatissante.
- Hum, non pas vraiment, j'ai tendance à faire ce que je veux quand je veux, avec ou sans lui. Je n'aime pas trop me poser de questions tant que je suis bien. Même si sa présence me permet d'aller bien plus loin que je n'en aurais été capable seule et que je me sens vraiment à l'aise et en sécurité qu'avec lui.

Soudain, sur l'écran, une frimousse blafarde s'interposa, les traits tirés, la bouche tordue en un simili de sourire, le regard mordoré épuisé, Peter s'autorisa un :

-Ravi de l'entendre.
-Bonjour Peter. Répliqua par réflexe la blondinette, sans vraiment s'inquiéter de l'apparition.
-Tout va bien de ton côté ? Lança-t-il, soucieux.

Ambre jeta à nouveau un coup d'œil désinvolte autour d'elle, rien n'avait changé depuis le début de la conversation, juste, un grand garçon à la tignasse violette venait de revenir de son entraînement quotidien, et se dirigeait vers une des tentes dressées près du sentier. Décidément ; ils s'inquiétaient tous pour pas grand-chose. Elle comprenait, que le chef de Twilight soit sous pression, surtout, que Cynthia lui avait expliqué qu'il recevait depuis la mort de son frère, chaque semaine, une cassette vidéo, où on admirait les heures d'emprisonnement du petit Harry, par la Team Galaxy, il y avait presque 9 ans de cela. Allié à ça, le fait que le champion Sacha, avait subit une attaque éclair des bandits inconnus, il était normal de craindre pour la filleule de Cynthia, qui avait d'ores et déjà été la cible de ce groupe une fois par le passé.

Mais quand même, ils exagéraient. Ce n'était pas comme si elle allait suivre n'importe qui. Pas si on ne lui proposait pas de chocolat en tout cas.

-Tout va bien. Répéta lentement Ambre avec monotonie, comme elle l'avait hier, et avant-hier, et encore avant, à chacun de leurs appels.
-Tu peux me passer Paul s'il te plait ? Insista Peter avec une moue désolée.

Ambre haussa les épaules avec désinvolture.

-Pas de problème.

Elle laissa le combiné choir, suspendu à son fil, et fit quelques pas en direction de Paul de sa démarche féline sans bruit. Ni une ni deux, le dresseur de Pokémon frôla la crise cardiaque quand elle lui posa la main sur l'épaule. Il la dévisagea, le cœur encore battant, ahuri, et elle lui sourit gentiment, déclarant un innocent : « Peter veut te parler. » Pour repartir aussi sec et s'allonger aux côté de Richie sur l'herbe.

Tandis que l'ancien rival de Sacha sifflait un juron tout en prenant le relais dans la discussion téléphonique, Ambre s'étira et joua avec les mèches folles qui tombaient sur le visage de son petit ami, celui-ci, plus si assoupi que ça, darda un regard tendre vers elle :

-Alors, comme ça, je te permets d'avancer… ?

Il ne put réprimer un rire fier que la blondinette lui imita.

-Et je me sens à l'aise et en sécurité aussi, n'oublie pas. J'irai même jusqu'à dire que je serai prête à m'installer à un endroit fixe pour toi.

Le dresseur de Pokémon s'empourpra brutalement et Ambre en profita pour lui subtiliser son pikachu, Sparky, et pour le caliner gentiment. La souris électrique bailla d'aise. Ambre dévisagea le garçon qu'elle côtoyait, toujours touché par sa déclaration, et elle se demanda une brève seconde si elle avait dit une bêtise. Avait-elle commencé sa phrase par 'Moi je' ? Elle ne se rappelait plus. Ou peut être qu'elle passait pour collante après ce genre de remarque ! Elle s'embrouilla, et Léon, en train de barboter dans une flaque d'eau non loin, lui rétorqua, moqueur : « Ah ça, il n'y a rien de pire que les filles collantes ! ».

Oh non, elle avait trop dit ! C'était stupide de rire ça, quelle andouille, elle passait pour une pauvre cruche amoureuse maintenant !

« Oh mon dieu, heureusement que tu ne te poses pas de questions existentielles souvent toi » Marmonna Léon dans un ricanement.

Ambre devint aussi rouge que les falaises bordant le désert de sa demeure, harassé à chaque instant par le soleil.

-Heu, mais pour le moment on en est pas là, hein ! Se reprit-elle à la va vite, en désespoir de cause. –Pour l'instant, on va Atchu ! ISh… Isshu !

Bien que Richie parut déçu par l'ajout impromptu de sa petite amie, il enchaîna, levant les yeux vers le ciel, le cœur piaffant d'impatience lui aussi.

-Et quand on sera à Ishuu, on sera rivaux !
-Je sais, et j'ai hâte de me mesurer à toi. Sourit Ambre, en serrant avec tendresse Sparky toujours endormi dans ses bras, rassurée que son moment d'égarement amoureux soit si vite oublié.

Richie hocha gravement du chef. Il avait souvent combattu Ambre par le passé, des combats amicaux, et il se remémorait chacun des affrontements comme d'une lutte sans merci. La jeune femme savait se défendre, et si elle n'avait pas encore son niveau, il n'obtenait ses victoires qu'à l'arrachée. Il avait hâte de la retrouver sur un terrain, pour une compétition sérieuse.

-Mais je veux aussi de tester le combat dans le métro, ça doit être excellent, et puis j'aimerai aussi faire la grande roue, là. Et j'espère qu'il y a des Rangers là-bas aussi, c'est super sympa de travailler avec eux…Et puis pourquoi pas tenter un concours pour une fois, j'avoue je n'ai jamais tenté le coup avant, je n'avais pas le temps. Oh ! Mais avant d'aller là-bas, il faut qu'on visite la bibliothèque de Jolieberges, et surtout, qu'on escalade le mont couronné ! Je l'aurais ce foutu mont, j'en verrais le sommet, tu verras ! Tu verras !

Elle lui accorda un regard brillant, et un sourire lumineux, chaque fibre de son corps s'enthousiasmant déjà de ces projets. Richie ne put s'empêcher une petite remarque gentillette pour la taquiner :

- Ne tombe pas dans les pommes comme quand on a visité le temple de glace !

Et comme d'habitude, Ambre ne releva pas, elle se tourna vers lui, et lâcha avec un ton presque trop posé par rapport à ses mots si plein d'entrain et son regard ravi :

-C'était génial, Même s'il faisait si frooid ! Et le patinage sur le lac glacé, c'était tellement bien ! Et le ski, j'avais jamais fait de ski avant ! J'ai bien cru voler à un moment : d'un seul coup, en plein virage, il n'y avait plus de piste sous mes pieds c'était juste…juste…Super.
-C'est parce que tu es vraiment sortie de la piste qu'il n'y avait plus rien sous tes pieds…
-Oh la tête de Paul à ce moment là, j'ai vraiment cru qu'il allait m'étriper !
-Il a failli ordonner à ses Pokémons de te jeter du haut des pistes oui…Je confirme.
-Ah bon ?
-Oui, Mais vu que c'était déjà fait, que t'avais sauté toute seule…Puis tu avais fait ami-ami avec les blizzi du coin, et à chaque fois qu'il tentait quoique ce soit…
-Ah je m'en souviens plus du tout, mais les Blizzi étaient mignons, Et j'ai fait la course avec des Farfurets aussi. Ma momartik s'est faite beaucoup d'amis là-bas je crois.

Richie ricana, se remémorant le visage d'Ambre, rougi par le froid, avec son petit nez mutin rose, qui virevoltait d'un coin à l'autre, envoyant des 'Je saiiis plus tooourneeer' et des 'je vais me scratcheeeer BANZAI' avant d'effectivement, faire un magnifique soleil. Quand les deux garçons l'avaient tirés d'un énième fossé vers lequel elle s'était volontairement –disait Paul- enlisé, elle s'était exclamée, frigorifiée, trempée jusqu'aux os : « J'adore le ski ! » la tête en sang, un sourire jusqu'aux oreilles. Richie se persuadait de plus en plus, qu'Ambre devait aimer l'adrénaline, les chutes, plus que la glisse. Mais il n'allait pas se plaindre, car aller la secourir à chaque fois, l'avait fait énormément rire, et en prime, il avait été bon pour la réchauffer après son malaise. S'ils le pouvaient, Richie se promit de retourner au Ski avec elle.

Les grommellements de Paul dans leurs dos les ramenèrent à la réalité, et ils contemplèrent le jeune garçon de loin, taper du pied avec agacement, les bras croisés, la mine fermée.

-Ca va, ça va j'ai compris, je reste à la surveiller.

De toute évidence ça ne lui plaisait pas du tout. Ambre fit le signe de la victoire à son petit ami. Richie lui, plaignit le concerné, car s'il avait choisi de vivre au rythme de la jeune femme, il pouvait imaginer que ça en agace certains. De plus, il appréciait assez la présence du garçon, même s'il n'approuvait pas sa méthode pour dresser ses Pokémons, comme disait Ambre, ça ne les concernait pas ce genre de chose. Au moins, il avait un compagnon pour s'entraîner et se mesurer en combat.

De l'autre côté, la voix grésillant à l'autre bout du fil, tonna sévèrement :

-N'oublie pas ce qui est arrivé à Jun parce qu'on a pas été assez…

Le faciès de Paul se durcit et il coupa trop brutalement, trop vivement, pour que cela ne cache pas une douleur mal cicatrisée :

-Je sais ce qui lui est arrivé ! Pas besoin de me le rappeler !

Richie connaissait plus ou moins les contours de la plaie. Une histoire tout bête dont il avait eu écho, Paul et Jun avait été envoyé en mission il y avait déjà trois ans, et malheureusement, pris en embuscade, seul l'un d'entre eux, le plus fort, s'en était sorti. Drames qui se multipliaient de plus en plus dans l'organisation et confortait Richie dans son choix de quitter les troupes.

-Je sais que tu n'aimes pas ça, mais… Commença patiemment Peter, diplomate.

Mais Paul resta sourd à reproches. Il savait déjà, pourquoi il se trouvait reléguer à ce poste de garde du corps, ce n'était qu'une punition, une punition pour avoir gardées pour lui des informations importantes sur l'ennemi. Même s'il avait surement sauvé Flora, il n'en restait pas moins, que pour nourrir ses envies belliqueuses, il avait mis en danger quelques personnes, et permit à cette Team de s'emparer du pokédex de Sacha. Tout n'était, évidemment, pas de sa faute, mais il avait une grande part de responsabilité dans cette histoire. (Même s'il persistait à dire que Sacha, de par son incompétence à protéger ses affaires, le dépassait de loin dans ce domaine).

-Enfin, au moins, tu es sûr d'être en première ligne en cas d'attaque comme ça, tu pourras te battre, tout le monde y gagne.

Oui c'était d'ailleurs pour ça qu'il avait accepté le châtiment sans broncher, mais comment aurait-il pu savoir qu'il allait devoir supporter la protection d'une fille qui ne voulait décidément pas être protégée.

-Comprend…Qu'avec ce que cette femme…
-Anastasie.
-Oui, c'est ça…Celle qui m'envoie ces vidéos chaque semaine…On ne peut pas courir de risque. Réappuya Peter, fatigué de jouer les pijako.

Paul siffla de mauvaise foi.

- Va surveiller cette pile électrique aussi ! Elle reste pas en place deux secondes j'en ai…

Il fut coupé brutalement, Régis, encore paré de sa tenue de voyage déboula dans la pièce, les joues rouges, balbutiant des paroles sans reprendre son souffle, et Paul perçut un « Quoi ? Enfin une bonne nouvelle ! » D'un Peter, n'en croyant pas ses oreilles. On lui raccrocha au nez aussitôt.

Ambre dut percevoir la fin de la conversation, car elle se redressa, reposa Sparky sur le sol, et s'étira longuement, tel un félin. Elle envoya une œillade taquine à Richie, porta deux doigts à son front, qu'elle fit glisser jusqu'à ses lèvres et tourna des talons au moment où Paul venait s'asseoir, fulminant, à côté de son petit ami. Celui-ci s'affala, les lèvres pincées, la mine renfrognée, et il cracha en désespoir de cause :

-Rah, c'pas possible… !


Diplomate, et surtout, patient, une vertu que ne possédait guère son alter-ego, Sacha, Richie proposa paisiblement :

-Tu veux qu'on s'entraîne cet après-midi ? Ca peut être sympa, et ça te détendra.
-Je dois surveiller l'autre ! Riposta Paul de mauvaise humeur.

Richie haussa les épaules, sans chercher à approfondir ou même nourrir la fureur de son interlocuteur, pourquoi chercher un conflit vain après tout. Mais de toute évidence, Paul avait besoin de cracher son venin après des semaines à surveiller l'autre comme il l'appelait.

-Je sais pas comment tu fais pour la supporter. Elle pique les fringues qui trainent, elle oscille entre le statut de fille lunaire et pile électrique semant le désastre sur son passage, elle tient pas en place et dans ses crises de chocolat elle est…Elle est…BREF ! Elle sait même pas ce qu'elle veut !

Cette fois, Richie ne put retenir un ricanement amusé, et Paul lui envoya un regard courroucé à l'extrême, comme si de ce simple son, il venait de se moquer de ses problèmes qu'il daignait, lui, lui confier. Heureusement, le châtain expliqua rapidement :

-Ma mère m'a servi la même chose quand elle l'a rencontrée…Mais, ça fait parti de son charme. Le fait, qu'elle ne se laisse pas abattre, qu'elle continue toujours, que rien ne l'arrête…

Paul fronça les sourcils, et persiffla, de mauvaise foi :

-J'arrive pas à comprendre ce qui la motive, elle veut pas devenir la plus forte, ni quoi que ce soit…

Et étrangement, il comprit, que ce qui le dérangeait avant tout, avec Ambre, c'était l'incompréhension perpétuelle, cette incandescence de la volonté qui laissait place à l'évanescence de l'esprit, ce tumulte de deux entités, ne formant qu'un ensemble parfait, aussi explosif parfois, bruyant qu'un feu d'artifice, et pourtant aussi silencieux harmonieux et discret que la nature elle-même.

- Savoir ce qui est dans la tête d'Ambre…Je crois qu'on vit mieux sans le savoir ! Résuma en quelques secondes son interlocuteur, comme ayant saisi le complexe même qui tourmentait l'ancien rival de Sacha.

- Nan, mais sérieux, elle se shoote à quoi pour passer du mode cascadeuse à loque contemplative ?

Il fut étonné de percevoir un simili d'amusement dans son timbre, et il secoua la tête pour le chasser aussitôt : et puis quoi encore. Mais il put à peine esquisser son geste, que Richie répondit, spontanément, naturellement, comme s'il avait détenu la réponse au fond de lui, si évidente, si visible, qu'il n'y avait jamais prêté attention. Tout comme l'air qu'on respire, chaque inspiration que l'on absorbe chaque seconde, action quotidienne, et pourtant miracle de la vie que l'on finit par occulter.

- Au bonheur.

Le champion à la chevelure mauve envoya une expression interloquée dans le vide. Richie, contemplant l'infini horizon, comme un rival que lui seul pouvait considérer, déclara sans embûche ou même hésitation !

-C'est tout ce qu'elle veut, tout ce qu'elle recherche : son bonheur. Et c'est tout ce que j'espère pour elle.

A gerber, voilà, maintenant Paul retrouvait ses mots, cette scène dégoulinante de mièvrerie, de guimauve, avait de quoi horrifier un dentiste. Plus terre à terre, et surtout, prompt à se débarrasser de tout ce sucre horripilant il marmonna, blasé :

-En attendant, ton bonheur, il s'est barré.

Mais maintenant qu'il y songeait, ça l'embêtait aussi, il était censé la surveiller lui, non ? Alors qu'il se redressait en retenant un juron, il croisa le regard serein de Richie, avec son sparky sur l'épaule, qui lui rétorqua sans mouron :

-Oui je sais.

Bon sang, plus il le regardait des fois, et plus il lui rappelait Sacha, et franchement, cela en devenait horripilant, alors si en plus, il prenait les mauvais côtés de l'autre, il risquait de commettre un meurtre. Non en fait, un accident voilà, pendant l'entraînement, ses Pokémons, son torterra, écraserait malencontreusement les deux timbrés. Voilà, il allait commettre un regrettable et tragique –salvateur- accident.

Après une seconde de réflexion, Paul réalisa que ce plan s'entourait d'une myriades de conséquences très peu appréciables, et en désespoir de cause, se massant les paupières, harassé, il grommela, à peine rancunier et accusateur –en toute ironie-

-Et POURQUOI tu ne l'as pas arrêtée ? Pourtant, on m'a pas dit que t'étais du genre calme quand elle disparaissait !
-J'ai su apprendre de mes erreurs…Et on s'est promit une chose après cette aventure…Elle m'a fait notre signe. Avisa Richie dans un haussement d'épaule nonchalant.
-Votre quoi ?

Le chatain posa deux doigt sur son front, soulevant légèrement sa casquette dans ce geste, tapota sa tempe, et fit glisser jusqu'à ses lèvres. Il s'arrêta et expliqua :

-Ca veut dire que je pars en éclaireur, mais qu'on se retrouve bientôt, et qu'à ce moment là, elle aura droit au bisou que j'ai gardé sur le bout de mes doigts.

Navrant de niaiserie -la remake- se chagrina Paul, encore une fois, en proie à un grand moment de solitude, seul à tenir la chandelle. Non définitivement, ce type n'avait pas appris de ses erreurs, il avait juste trouvé un dealer, le même que celui de sa copine.

-Mais t'as toujours pas compris qu'elle était en danger ! S'écria Paul, frôlant la crise de nerf.
-Oh je ne m'en fais pas pour la Team qui la poursuit, à la limite je plains celui qui essaie de la suivre. Elle est assez forte pour survivre seule ; et je suis là, pour la protéger en cas de pépin. Elle n'a qu'à hurler à l'aide et je serai là !

Il côtoyait des personnes timbrées, définitivement, des personnes décalées, qui en plus avaient trop joué aux jeux vidéos ou lu des BD sur des supers héros tous puissants ! Ce type avait le cerveau lobotomisé, totalement encensé par le syndrome du sauveur.

Soudain, Paul discerna un indice dans le lointain, et il constata froidement :

-Je l'ai retrouvée : Je crois que c'est le point jaune là-bas.

Il contempla la falaise escarpée du mont courroné dont les pointes et les pics acérés éventraient les cieux et déchiraient les nuages. Là, loin du sentier aménagé, se débattait un minuscule point jaune pikachu, sûrement se balançant à une hauteur vertigineuse, sans soutien ou aide, tout cela au dessus de ce qui semblait être une ferme agricole, et donc un lieu empli de murets, de fourches et autres objets pointus sur lequel s'embrocher.

-Ah oui, c'est Elle ! Confirma Richie avec un sourire. –Elle avait bien dit qu'elle l'aurait ce foutu mont couronné !

La touche de couleur sur le dégradé de gris et de marron terre dut lâcher prise car il dévala la pente entière et s'écrasa contre le mur entourant les plantations, emmenant avec lui quelques éboulis.

-Ah, elle ne l'a pas eu finalement.

Le soupir de Paul se mêla à celui de Richie, et d'un même geste, ils se mirent à courir en direction de l'accidentée, sans faillir. Le dresseur sévère à la tignasse violette gronda, éreinté déjà :

-Tu pourrais pas la fatiguer un peu plus la nuit, histoire qu'on ait la paix ?!

L'interlocuteur rosit et hoqueta, embarrassé, avant d'exploser de rire, ce qui eut le don de mettre hors de lui son compagnon d'infortune :

-Y-a rien de drôle !

Ce à quoi lui répondit, mystérieux, avec un sourire rêveur Richie :

-Un jour, tu verras, quand tu trouveras la bonne fille pour toi.

Paul dévisagea le garçon qui courrait à ses côtés, interloqué, qui paraissait à la fois détendu et heureux. Du moins jusqu'à ce qu'il voit qu'un fermier –un homme- aidait Ambre à se relever au loin, d'un seul coup, le châtain accéléra avec une mine furieuse et surtout bien décidée à en découdre.

L'image fugace, brumeuse de son frère auprès de Mélina lui monta aux yeux, avec la vivacité sournoise d'un serpent. Il ne put que contempler les similitudes, les expressions, l'air incompréhensiblement heureux qu'affichaient ces êtres abandonnés par leurs rêves et ambitions pour un prétexte aussi futile que l'amour. Et involontairement, ses poings se serrèrent de rage.

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D'un chalet bordant un des sentiers principaux du quartier de Twilight, s'élevait un tempo régulier, suivi de rires tantôt clairs, tantôt gênés, souvent agrémentés de mugissements de Pokémons indignés.
Provenant d'un poste de télé portable, qu'on avait branché à un lecteur dvd, une chanson sur un ton outrageant, de défi, résonnait entre les cris.

" I pick all my skirts to be a little too sexy"

Samantha passa dans le salon d'une démarche fière, et d'un mouvement de hanche proportionné, elle effleura les voilettes de sa jupe pour la faire remonter, dévoilant ainsi ses jambes finement galbées allant se perdre dans l'ombre de l'habit.

Yuki à quelques centimètres de là, se tassa sur sa chaise, et ôta ses lunettes pour les nettoyer avec perplexité, tout ça devant un Capumain ricanant allègrement.

"Just like all of my thoughts they always get a bit naughty"

Eléanore s'avança perchée en amazone sur le dos de son arcanin, et avec une moue coquine, elle ôta comme par magie son soutien-gorge sans enlever son propre t-shirt, ou même dévoiler la moindre parcelle de peau.

Silver en recracha son soda derrière le comptoir de la cuisine, et Gold accusa le coup, de voir son rival, à la face aussi écarlate que sa chevelure, et bien plus encore, quand la gamine pliée en deux de rire, lança son précieux sous vêtement dans les airs dans leur direction. Un éclair noir et incandescent se jeta sur le projectile et le chopa dans sa gueule, avant de s'envoler, grognant, jaloux, prêt à carboniser le moindre garçon qui chercherait à s'approprier ce qui appartenait à sa dresseuse. Ash restait toujours aussi possessif.

"When I'm out with my girls I always play a bit bitchy"

Cristal à son tour fit son entrée et sans précédent elle sauta sur la table basse, en un dérapage contrôlé, du moins c'est ce qu'elle aurait voulu, mais son pied toucha à peine le napperon qu'elle finit sur les roses, emportant avec elle, ses deux compagnons de danse. Hilares.

Gabriel avait eu la bonne intuition de sauver son ordinateur portable en voyant la brune arriver. Nathaniel siffla outrageusement en chopant son fils par le col. La frimousse du cadet, plus qu'amusé par le show semblait signifier plutôt un « je crois que je vais péter les plombs » mais peu importait.

"Can't change the way I am sexy naughty bitchy me"

Les trios filles prirent la pose ensemble avec un sourire radieux commun. Jusqu'à ce que Pilou, en gentille femelle bien irritable, décida que vraiment, elle aurait du participer elle aussi, et électrocuta un peu tout le monde. Hope partit en jappant se cacher sous la table, renversant au passage Silver, Gold et Eléa. La malade s'écrasa sur le dos de Sam qui emporta Yuki avec elle, qui lui s'agrippa à Capumain et au canapé. Cristal en voyant le sofa leur foncer droit dessus se rua vers Gabriel et Nathaniel, ripa sur le tapis, ce qui fit finalement chuter tout le monde. Ash jaloux de voir autant de monde auprès de sa dresseuse, acheva le show d'un beau lance-flamme sur tous les garçons présents.

-Théorie des Dominos. Analysa la voix Eléa, à moitié étouffée sous les poids des autres, le timbre cassé et rauque, comme un fumeur en stade terminal.

Un lourd silence douloureux approuva cette constatation tout à fait objective, puis finalement, les enfants présents explosèrent littéralement de rire, le cœur léger.

-Ca c'est ce qui s'appelle un beau délire ! Argumenta Sam en hurlant un peu plus fort pour couvrir le chant de la mélodie pop.
-Un bon comme il faut ! Ajouta Cristal, rouge.
-Où est mon soutif ?
-Sur la tête de Silver !
-Cours Silver cours !

Ils eurent tout le loisir de voir Gold coller le dit objet à la ceinture du rouquin, et d'admirer celui-ci se lever d'un bond pour éviter la fureur bouillonnante d'un Ash aux naseaux plus que fumants, furieux qu'on ait réussi à lui subtiliser son trésor.

Ignorant les cris d'un garçon qui risquait plus que sa vie dans cette histoire, et à l'occasion, son frère, Sam aida les autres à se relever. Doucement, elle s'installa près de Yuki et ouvrit la bouche et la referma aussitôt quand son prof marmonna :

-C'est vrai que tu portes des jupes trop courtes Sam, tu devrais passer aux pantalons.

La cadette des Guardian se renfrogna et croisa les bras, vexée.

-Comment pouvez-vous dire ça, vous ne pouvez même pas voir correctement ma tenue ! Maugréa Sam.
-Non mais quand tu t'assoies sur mes genoux, c'est facile de louper, avec le peu de tissus qui couvre tes jambes. Répliqua Akira, rouge.

Sam s'empourpra brutalement. Cristal ne put retenir un pouffement et l'enfoncer en ajoutant :

-Porte des shorts comme moi !
-N'empêche que moi j'arrive à parler avec le garçon que j'aime. Ricana sournoisement Sam en retour.
-Qu-Quoi ? répète, je peux aussi ! S'empourpra aussitôt Cristal.
-Pas sans casser quelque chose !
-Tu aimes quelqu'un Sam ? S'enquit Yuki, avec un timbre plus enraillé qu'il ne le voulut.

Bonjour la situation cocasse, entre Cristal qui sifflait des « je peux, quand je veux ! » et Yuki qui cherchait à découvrir l'identité de l'amoureux, extirpant les vers du nez à une Sam embarrassée. Tout ça avec en toile de fond un Silver combattant un dracaufeu shiney avec un farfuret face à un Gold qui ricanait patiemment de son tour. Tout aussi jaloux et rancunier que le Pokémon feu. Une journée habituelle pour le chalet, pour les habitants de leur chalet, en sommes.

Nathaniel, spectateur lointain de ce manège, rigola clairement, et posa une main compatissante sur l'épaule de son fils pour s'exclamer innocemment :

-Dit donc, tu devrais aller jouer avec elle, c'est vraiment triste de te voir toute seule dans ton coin, va donc jouer avec les autres filles Gabrielle !
-Mêle toi des affaires des autres et lâche moi ! Rugit Gabriel aussitôt, écarlate.

Nathaniel fronça les sourcils, et d'une mine de chien battue, il avoua, penaud :

-Je ne peux pas laisser ma petite fille toute seule entre tous ses hommes. A treize ans, on est déjà une femme tu sais, et je ne veux pas payer d'autres pensions !

La frimousse qu'afficha Gabriel à la suite de ces mots, valait son pesant d'or, mitigée entre l'envie d'étrangler son géniteur ou de mourir de honte, là tout de suite, et maintenant.

-Tu as bien eu tes trucs de femmes déjà, n'est-ce pas ?

Rectification, ce fut après cette réplique, que l'expression du petit génie atteignit le summum, autant que le bout de sa patience –limitée à la base- se trouvait déjà excédée depuis que son géniteur squattait. D'un geste brusque, il referma le clapet de son ordinateur portable et s'en alla en tapant des pieds. L'écho d'une porte que l'on claque furieusement les informa de l'endroit où le brun venait de se réfugier ; dans sa chambre.

Nathaniel soupira, et ne camoufla pas son ricanement amusé, qui ne s'envola même pas quand Eléa maugréa à son niveau, avec son timbre d'outre-tombe :
-Vous en avez pas marre de les coller ? Y-a une limite non, ça vous amuse tant que ça de faire chier le monde ?
-Ces mots là devraient être interdis provenant d'une perdante.

Eléa devint écarlate, tout autant que miyu, et synchrones, ils gonflèrent leurs joues vexés, avant d'éructer :

-Quand le challenger perd connaissance avant la fin du match, c'est pas une défaite !
-Mais c'est ni une victoire, ni un match nul. Argua Nathaniel en se curant l'oreille.
-J'aurais ma revanche, et vous allez voir, dès que je serai remise, je vous battrai à plate couture !
-Comme ton Typhlosion a battu mon Noarfrang… ? Provoqua le géniteur de Danny avec un rictus supérieur.

Eléanore se sentit grimacer, les dents grinçantes, refermées sur un panier d'insultes bien servies, mais elle se retint d'extrême justesse avec cette constatation 'ce n'est pas conseillé de se fâcher avec le père de ton petit ami.'

Du moins jusqu'à ce que Miyu lâche sceptique :

« Je ne crois pas que Daniel ou Gabriel t'en tiendraient rigueur. »

Pas faux.

Elle allait se retourner pour envoyer sa réplique cynique, bon sang qu'elle en mourait d'envie de la lui sortir, mais le brun la coupa nette dans son élan, en marmonnant d'une voix mélancolique :

-J'avais son âge, quand mes parents m'ont envoyé en hôpital psychiatrique.

Eléa se rétracta, ses poings se desserrant involontairement. Elle arqua un sourcil, et se figea une seconde, avant de faire une moue sceptique et de cracher :

-Vous m'faites marcher là ?
-Peut être ! Rigola platement Nathaniel avec un sourire lumineux.

Feint, irrémédiablement feint, Eléanore l'avait trop souvent utilisé, cette expression, cette mine de bonheur. Exactement la même qu'elle affichait quand petite, on lui annonçait qu'elle devait passer quelques jours à l'hôpital pour un examen. Peut-être, que toutes les institutions, de ce genre, forçait à s'affubler d'une telle parure pour camoufler la honte, la tristesse, la rancune, envers la norme qu'on désirait leur imposer. Autant physique que mentale.

-Qu'est-ce qui s'est passé ? Bafouilla-t-elle, confuse.

Le géniteur de Daniel hasarda une œillade vers elle, et haussa les épaules avec dédain, comme si cette anecdote n'avait que peu d'importance.

-En soit, rien de bien grave. J'ai toujours eu une voix dans ma tête qui m'embêtait, mais rien de bien dangereux, juste…D'après les médecins, une personnalité trop narcissique et possessive. D'après eux, j'aime les Pokémons plus que les humains pour cette raison, ils n'appartiennent qu'à moi. Barbara aussi n'est qu'à moi, elle n'a personne d'autre que moi. Et pendant toute mon enfance, je me suis demandé ce qui différenciait tant les humains, des Pokémons, c'est vrai. C'est vrai aussi que j'ai souvent voulu en découper quelques uns pour voir, comparer. Et que ça m'est complètement égal qu'ils aient mal.

Eléa sentit son cœur se serrer, et elle fronça les sourcils, essayant d'imaginer comment on pouvait parvenir à une telle conclusion. Elle-même, préférait largement les Pokémons aux humains, plus simples, toujours loyaux et protecteurs. Cependant, elle aimait et admirait une tripotée de gens, plus particulièrement sa famille et ses amis. Jamais elle n'avait désiré qu'une personne souffre, à vrai dire, du moins, pas à son souvenir. Sauf peut être le type qu'elle avait devant elle.

-Puis un jour la voix est devenue omniprésente, jusqu'à m'assourdir complètement.

Nathaniel posa ses mains sur sa poitrine et ses doigts s'entrecroisèrent paisiblement, sans qu'aucune émotion ne défile dans ses prunelles ou ne viennent étirer son rictus de circonstance.

A l'époque, maintenant qu'il y repensait, il était beaucoup plus renfermé et associable, l'asile avait au moins eu cette avantage, il y avait appris ce que la population attendait du citoyen modèle, et comment tous les berner avec une expression, une attitude de façade. Oui, quand il y songeait à tête reposée, il se révélait peut être encore plus dans son monde que Daniel. En un sens normal, il était l'original, le gamin n'était qu'un mini lui, pourri par les gènes de Lyndis.

Il tiqua imperceptiblement avec l'image d'un lui plus jeune, constamment suivi par un grand rouquin aux yeux noirs, toujours rieur, toujours sympathique, envoyant des piques par pur réflexe et ne sachant plus comment s'en sortir après coup. George, le premier mari de Lyndis, et probablement le seul qu'il aurait désigné comme 'ami' dans son enfance. M'enfin, il aurait exagéré, George était plus un gentil petit caninos bien loyal. D'un certain point de vue, l'adolescent si jovial de l'époque, agissait comme un Pokémon, comme son starter, Miaouss. Il n'était qu'à lui. Il ne voyait que lui, et n'admirait que lui. Aussi, quand un matin, alors que le rouquin l'avait suivi dans son errance quotidienne, en pleine cité, et que celui-ci avait malencontreusement titillé l'égo d'une bande de brutes…

Il leur avait défoncé le crâne, à ces racailles qui importunaient son George, tout simplement. Non seulement ces types osaient s'adresser à ce qui lui appartenait, mais en plus, ils avaient osé l'abimer. Bien entendu, il ne les avait pas tués, juste rendu au centuples la pichenette qu'ils avaient infligé à George. Et ça avait suffit pour qu'on le catégorise de violent, de malade, de monstre. Alors qu'il se retenait tellement de fois, se limitait sens cesse pour plaire à chacun. Non vraiment, il détestait, ne pas comprendre cette société.

-Daniel n'est ni possessif, ni narcissique. Souffla Eléa, après un moment, le regard grave.

Nathaniel ricana. Ca, il le savait, il l'avait remarqué. Gabriel, s'il se souvenait bien, lui ressemblait bien plus en ce sens. Petit, le génie détestait prêter le moindre jouet, quitte à détruire son propre bien plutôt que de le confier à un autre. Il s'amusait également aux playmobiles et aux sims, se réjouissant de sa supériorité sur les jeux, incarnant un dieu tyrannique, un dictateur dont les figures virtuelles scandaient le nom. Son premier mot, enfin, le premier mot qu'il avait dit à haute voix, pour prouver qu'il savait lire parfaitement, à deux ans, était aussi « serial killer » s'il se rappelait correctement –A vrai dire il se rappelait surtout de la tête de Lyndis, qui en avait lâché son plat de purée, et était resté bloqué quelques minutes, éberluée- Cependant, Gabriel était encore jeune, Gabriel s'était calmé avec l'âge, il s'était socialisé, et ne parlait pas d'une potentielle voix vrombissant sous son crâne. Contrairement à Daniel.

-Mais il entend des voix, non ? C'est amplement suffisant. Il est instable, ne sait pas où il en est. Je le surveillerai pour éviter que cela lui pète au visage comme pour moi.

Cette compassion, en lui, pour ce gamin, l'étonnait, à vrai dire, il analysait ça plus comme de la curiosité. Après tout, il s'intéressait à ce qu'avait put donner le mélange de ses tripes, et puis, ces gosses lui appartenaient quand même, seulement à moitié, mais ils restaient à lui. Il avait donc le droit d'admirer les dégâts, de contenir la chose ou de la laisser exploser, si l'envie lui prenait. Au début, il y était allé doucement, mais son intérêt avait été piqué, de plus en plus, au fil des rencontres, et cela, depuis l'altercation dans la forêt de Jade. 'ça promet' voilà, ce qu'il avait soufflé à Barbara, et effectivement, il ne s'était pas trompé, son gamin avait suivi ses pas, pour devenir non seulement un dresseur émérite, traversant les dangers comme de rien, mais aussi un homme comme lui.

Nathaniel afficha un sourire manipulateur qui fit frissonner Eléa de part en part. Celle-ci déglutit lentement, et observa l'homme qui se dressait face à lui, sous un tout autre regard. Ses colères, contre Peter, n'était donc qu'une question d'égo ? Tout chez ce type, ne découlait que d'un orgueil trop important, mal placé ? Il jugeait, ne voyait Daniel, qu'à travers le propre rideau de ses souvenirs et de ses expériences, qu'à travers ce qu'il tenait de lui.

Si être parent signifiait cela, alors elle ne désirait jamais d'enfant. C'était trop cruel, de nier l'existence propre d'un être dont on avait participé à la création, pour ne la lier qu'à la sienne.

« Ne l'écoute pas Eléa, ce n'est vraiment…pas comme ça…que je…Tout est tordu chez ce type... » Rassura Miyu doucement.

Ca c'était le moins qu'on puisse dire !

Le père des Kazamatsuri du juger que la conversation n'avait que trop duré, car il croisa les bras, derrière sa nuque, et marmonna, avec un rire gras :

-Enfin, c'est plus marrant de suivre Gabrielle que Daniel ! Elle se fâche bien plus vite !

Ce type devait avoir du gruyère à la place de la cervelle, définitivement, ou alors il faisait simplement exprès d'oublier le genre de son propre fils aussi vite. Ce qui restait une théorie tout à fait cohérente, concernant le bonhomme, on pouvait s'attendre à tout !

Alors qu'Eléanore –lassée d'écouter les continuelles histoires sinistres de ce type - s'apprêtait à attraper l'encolure de Hope pour partir à la chasse et récupérer son soutien-gorge, la porte d'entrée s'ouvrit à la volée. Elle laissa apparaitre un Régis, les joues encore rougies par sa course effrénée, la cape jetée en un méli-mélo immonde par-dessus son épaule, emberlificotée par les vents de son voyage, sa coiffure anarchique, un sillon de bave à moitié effacé sur son menton, probablement vestige d'un sommeil réparateur si proche et lointain à la fois,.

La dresseuse d'Ash s'étonna de voir son expression si comblée, et ses prunelles si brillante malgré son état pitoyable. Elle eut à peine le loisir de discerner Peter dans l'encadrure de la porte, arborant le même genre de moue, malgré son teint blafard d'insomniaque. Le savant se précipita vers son amie d'enfance pour l'étreindre avec force. Ce contact la surprit particulièrement, les jambes ballotantes dans le vide, la dominant de toute sa hauteur, elle se sentait presque disparaitre totalement au creux de ses bras, comme aspirée, comme si, pour la première fois, son ami osait la faire sienne toute entière, la retenir en son sein, pour ne plus la lâcher : jamais.

Taquine, elle ne put s'empêcher un :

-Régis, tu m'écrases la poitrine : ça fait mal.

Et elle se fit éjecter dans les règles de l'art, la frimousse du chercheur s'empourprant joliment, le cœur battant si fort qu'Eléa –ou plutôt Miyu- pouvait l'entendre. Le savant mit quelques minutes à se remettre du choc, et surtout à ignorer les rire de Sam et Cristal derrière son dos, toutes deux étonnées par tant de timidité. Mais seule Eléanore possédait le don de le rendre comme ça, il fallait se rendre à l'évidence.

Découvrant le chercheur bine incapable de bredouiller un mot, Peter le prit en pitié, et s'avança gentiment pour souffler :

-Régis a une superbe nouvelle à annoncer.

Tous les regards se tournèrent ostensiblement vers lui, enfin, presque, Silver se tenait toujours planqué dans la mezannine, débarrassé du soutien-gorge qui causait la colère d'Ash, mais prudent, voire paranoïaque, il était bien décidé à se faire oublier par le Pokémon. Le dragon de feu, lui, le précieux vêtement dans la gueule, bombait le torse tout fier, à peine intéressé par la nouvel, contrairement au reste des humains, et il attendait les félicitations de sa maitresse –car après tout, il venait de rapporter ce qui lui appartenait, l'arrachant à ce voleur de rouquin !-

Le savant sembla se souvenir de sa nouvelle, une fois confronté à toutes ces frimousses qui le dévisageaient, et il afficha un sourire victorieux, supérieur, digne de ses jeunes années, mais alors qu'il ouvrait la bouche pour lâcher l'affaire, il s'arrêta, et constata :

-Daniel n'est pas là ?

Qui fut immédiatement suivi par un :

-Ouah, quelle nouvelle sherlock ! Moqueur de Cristal, qui fut remise en place par un coup de coude de son frère, visant consciencieusement ses côtes. Apparemment, il n'aimait pas la voir imiter Silver, et faire du sarcasme.

Régis, imperturbable par la remarque, détailla, embarrassé, camouflant mal son impatience :

-La nouvelle le concerne aussi, il faut qu'il soit là.
-Il fait la grasse matinée –le veinard-, hier il est allé nager avec ses Pokémons pour reprendre confiance, ça lui a fait beaucoup de bien, mais il était épuisé en revenant. Expliqua Yuki posément.
-Lucas est allé le tirer du lit il y a dix minutes, il ne devrait plus tarder. Compléta Sam.

Régis trépigna, oscillant d'un pied à l'autre, mal à l'aise, tel un gamin, et Samantha soupira :

-Vous voulez qu'on aille les chercher pour que ça aille plus vite ?

Hochement de tête positif. Un gros bébé, voilà comment se comportait le génial petit fils du professeur Chen, la fille adoptive des Joëlle n'en revenait pas. Elle se leva, et sans aucune surprise, Eléa saisit l'encolure de Hope pour la rejoindre, suivi d'une Cristal, trottinante, ravie d'avoir une excuse pour aller chercher son cher « Louka ». Le trajet dans le couloir se fit sans encombre majeure, chacun prit dans ses propres réflexions, l'une s'interrogeant sur la nature de la déclaration de Régis, l'autre sur les agissements puéril du savant, et enfin la dernière, sur la façon dont elle allait aborder le garçon qui lui plaisait sans l'enfoncer dans un mur –encore. C'est donc tout naturel, qu'elles oublièrent de frapper, et ouvrirent la porte de la chambre de Daniel sans se soucier de déranger quelque scène improbable.

…Sauf qu'elles en dérangèrent une, et pas des moindres.

Devant leurs yeux écarquillés, Lucas se tenait au dessus de Danny, affalé sur le lit, une main sous son t-shirt, l'autre descendait consciencieusement le pantalon de son ami d'enfance, pour laisser entrevoir, d'abord les premiers élastiques d'un caleçon, et une parcelle du ventre musclé à la peau basanée du plus petit. Et autant dire que la tête des filles, juste catastrophée, n'était en rien comparable à celle de Lucas, pris sur le fait.

Mais pour comprendre, les raisons de cette scène, il faut retourner quelques minutes en arrière, alors que le concerné, la grande asperge, pénétrait dans la chambre de son camarade, pour le réveiller, car après tout, le réveil affichait presque midi. D'un geste amusé, il avait enjambé les Pokémons assoupis –tout comme leur dresseur- dans les différents couffins trônant au pied du lit, et il s'était approché, pour secoué gentiment Daniel. Ce dernier avait ouvert un œil, mais pour être franc, il aurait très bien put dormir cela n'aurait rien changé. D'un geste mécanique, le kazamatsuri s'était redressé, avait cligné des yeux, dans le brouillard le plus dense, et s'était frotté les paupières, qui menaçaient de se refermer, pour se souder l'une à l'autre dans les secondes.

-Allez Danny ! Avait dit plus fermement Lucas dans un rire. –Habille-toi vite, les filles font un sketch à côté, faut pas rater ça !

Le garçon avait tiré une jambe de sous la couette, puis une autre, aussi vif qu'un zombie. Non à vrai dire, même un zombie aurait montré plus de vivacité, à l'affût d'un cerveau à dévorer, dans l'état dans lequel se trouvait Daniel en cet instant, il n'aurait même pas été étonnant de le voir se manger un mur sur le chemin de la salle de bain. 15 heures de sommeil, et il était toujours à la masse, décidément, les séquelles de sa mauvaise grippe continuait de le suivre. C'est à cet instant, que Lucas avait remarqué un petit détail, qui lui hérissa tous les cheveux sur sa nuque :

-T'as dormi tout habillé ?

Hochement de la tête de Daniel, même si, ce dodelinement pouvait tout aussi bien signifier qu'il venait de se rendormir debout –après tout le gamin s'était déjà endormi en enfilant un pantalon, il y avait quelques années- Et Lucas était même certains que s'il lui lançait un « T'as mangé ton caleçon ? » le gamin répondrait par le même geste.

Cependant, acte encore plus horripilant, Daniel fit un pas, dans vers la sortie, sans se soucier de l'armoire, ou de se changer. C'en fut trop pour son ami et Lucas s'exclama :

-Ah non Daniel change au moins de sous vêtement !

Daniel s'était arrêté, avait dangereusement pivoté pour faire demi-tour, et s'écrouler sur le lit. Avec une mine soucieuse, le petit brun avait empoigné le jean rapiécé qu'il portait, avait ouvert les boutons, et l'avait retiré jusqu'à mi-cuisse, pour ensuite saisir les bouts pendouillant au niveau de ses pieds.

Il avait tiré un bon coup. Ses doigts avait glissé, et ses petits poings étaient partis, pris dans l'élan, en arrière, un beau retour à l'envoyeur. Daniel avait réussi l'exploit de s'assommer en essayant de retirer son pantalon. Lucas soupira, en admirant son meilleur ami, encore tout étonné, cherchant ce qui l'avait si violemment frappé au visage.

-C'est pas vrai ! Maugréa Lucas avant de faire un pas vers lui, et d'empoigner le pantalon rebelle.

Tout se serait dérouler sans encombre, si le grand n'avait pas lui-même eu du fil à retordre avec ce foutu jean. Fronçant les sourcils, Lucas s'était alors placé au dessus de son camarade, pour prendre plus d'appui, et s'était attaqué à la besogne avec plus pugnacité…

Et revenons donc au moment présent, c'est-à-dire, quand les filles avaient ouvert la porte pour admirer la belle scène.

Il y eut comme un blanc dans la conversation.

Lucas eut comme un flash dans sa tête, et il siffla un juron silencieux, réalisant l'ampleur du possible malentendu.

Samantha et Eléanore durent avoir un léger court-circuit, car elles affichaient une expression stoique, avec un regard si halluciné, qu'on aurait put croire qu'elles sortaient de plusieurs nuits blanches consécutives.
Ma foi Cristal se fit la remarque déprimante qu'elle devait être maudite du yaoi…Et Daniel…
Daniel avait encore du Celine Dion coincé dans la tête, et cherchait un éventuel deuxième couplet qu'il avait oublié…Mais ça n'a aucun rapport avec le contexte.

-Je crois qu'on dérange. Finit par déclarer, tel un robot, Samantha, toujours avec cette mine de droguée en pleine crise.
-Je ne savais pas que tu préférais les hommes Louka ! Marmonna Cristal la voix brisée.
-Purée, comment t'as fait pour le déshabiller, moi j'y arrive jamais ! Fit plus terre à terre Eléa, déçue.

Les regards tombèrent sur elle avec encore plus d'ahurissement et elle haussa les épaules :

-Nan mais c'est vrai, Daniel devient écarlate dès que j'essaye moi !
-Je n'ai rien tenté ! Je lui enlevais juste son pantalon ! Se défendit tout émoustillé Lucas.
-Bah oui, on le voit bien. Rétorquèrent platoniquement les jeunes filles, pragmatiques.
-Oui mais pas pour le déshabiller, enfin si pour le déshabiller, mais pas comme ça.

Arquement de sourcil général et Lucas poussa un cri rageur :

-Daniel aide-moi ! Explique-leur !

Pour faire face à un Daniel, qui s'était rendormit aussi sec. Le sale lâche, il l'abandonnait tout seul dans cette situation inconfortable !

-J'aurais du le deviner depuis longtemps, quand j'ai vu la vidéo chez tes parents, c'était évident que tu avais ce genre de penchants. Marmonna Sam avec une mine soucieuse.
-Si tu me dis comment tu as fait pour le déshabiller, j'ordonne seulement à Ash de te brûler le derrière, et tu pourras espérer survivre. Menaça Eléanore, le regard déterminé.
-Je suis désolée Louka de ne pas avoir compris que tu préférais les garçons ! Sanglota Cristal, avec un ton qui lui perça littéralement le cœur.

Après moult explications, quelques dénies, mensonges, et finalement des regards suspicieux, l'histoire finit par se tasser. Eléa colla une baffe à Daniel pour le réveiller, qui finit par se changer, n'ayant aucun souvenir de cet évènement brumeux, et ils finirent par rejoindre tous le salon, dans une ambiance plutôt lourde. Surtout que la dresseuse d'Ash n'en démordait pas, elle voulait savoir par quelle ruse Lucas avait réussi l'exploit de mettre dans le lit Daniel, alors que la grande asperge essayant plutôt de rattraper le coup pour persuader Cristal que, non, il n'était pas gay.

Régis les attendait déjà, assis sur le canapé, touillant frénétiquement sa petite cuillère dans sa tasse de café, à l'origine douteuse, car personne dans le chalet ne buvait de cette mixture –personne ne voulait voir dans quel état cela risquait de plonger certains, plus particulièrement : Akira, Silver, et Cristal.

En les voyant arriver, le savant se dressa sur ses jambes, et Peter eut un sourire derrière son dos, fermant simplement les yeux, serein. L'ancien rival de Sacha ouvrit alors les bras, et commença, d'abord bredouillant, puis ensuite, à mesure qu'il avançait, que ses lèvres s'étiraient joyeusement, que ses joues se coloraient, il ergotait avec de plus en plus d'aplomb :

-Vous vous souvenez du Rafflésia Shiney de Daniel ? Et bien quand j'ai commencé à l'examiner, j'ai analysé ses spores, et comme ils possédaient une forme particulièrement intéressante, je les ai placées en culture, pour les développer, c'est un procédé particulièrement efficace, car les bactéries se développent en grands nombres sous certaines conditions, et donc, sont plus efficaces. Le mois dernier, j'ai également mélangé ses cultures avec diverses décoctions, notamment du souffre, et des contre-poisons, tous réputés contre le venin d'Abo ou autres serpents en tout genre. Ensuite j'ai de nouveau mis en culture la solution, pour que les bactéries fusionnent si je peux dire…Cela n'a pas été facile car…
-Régis ?
-Oui ? Minauda-t-il innocemment.
-Où tu veux en venir ? Abrégea simplement Eléanore avec sa voix de fumeur en stade terminal, blasée.

Le visage du savant s'illumina, et tous les spectateurs se penchèrent vers lui intrigués, alors qu'il déclarait dans un souffle solennel :

« J'ai trouvé un remède pour Eléanore »

Régis, le nez rougi par le froid, le teint s'empourprant à mesure qu'il récupérait de sa tirade, admira interloqué sa foule d'auditeurs. Ses prunelles étincelaient d'excitation, de joie, et probablement d'impatience contenue en lui depuis toutes ces années de frustrations. Il scrutait un indice, une réaction d'un visage à un autre.

Mais le silence se prolongea avec ahurissement, comme si les mots du savant, tellement irréels, au sens si lointain, brumeux, venait de se confondre avec l'air pour s'y dissoudre.

Le petit fils du prof Chen piaffa, se trémoussant l'embarras, le doute s'emparant pour la première fois de lui depuis son réveil ce matin, face à toutes ces expressions interloquées, ne saisissant qu'à peine, effleurant seulement les conséquences de ses paroles.

Mal à l'aise, il se raidit, devant un Peter, étonné, et il rectifia le tir, bafouillant, maladroit :

-Oui, enfin je n'en suis qu'au stade expérimental, hein, il faudra plusieurs mois pour mettre en place ça, mais je vais demander à Duplica –il camoufla un rougissement - pour qu'elle me prête main-forte, avec des cellules de métamorph je devrais pouvoir accélérer le processus et avoir un remède achevé d'ici début mai…Et bien évidemment il y a un risque, il faudra opérer, dans le secret, et l'opération n'est pas à 100% sûre, mais…Mais ça y est, nous avons fait un pas en avant, ce n'est plus qu'une question de…

Il se calma irrémédiablement devant les mines ahuries des enfants, et il acheva sa phrase dans un murmure abattu :

-De détermination…

Peter chercha lui aussi, scandalisé par un tel manque d'enthousiasme, du réconfort dans la foule, une réaction, même la plus petite, et enfin, l'ampleur des mots frappèrent les esprits. Les prunelles de Samantha s'étrécirent et sans crier gare, elle sauta au cou de sa rivale dans une exclamation de joie mémorable. Ce fut le détonateur, l'un après l'autre, les enfants, d'abord Lucas, puis ensuite Cristal…Puis Gabriel, alerté par ce raffut…Tous se jetèrent sur la miraculée, qui ébahie, inerte, presque choquée, se laissa balloter d'un bras à l'autre.

« Tu vas guérir Eléanore ! Tu vas vivre ! »

Cette phrase se scandait autour d'elle, palpitant à ses tempes, tel un roulement de tambour, mélodie faisant accélérer son cœur, sans même qu'elle ne le réalise. Frappée, secouée par une accolade un peu plus forte qu'une autre, elle releva la tête, et croisa le regard de Samantha, étincelant de bonheur, retrouva le sourire paternel d'Akira, remarqua l'expression de soulagement incommensurable de Daniel, et enfin, enfin, les prunelles pleines d'espoir de Miyu.

-Je…vais guérir ? Répéta-t-elle, n'osant trop y croire.

Un nouveau silence s'instaura, durant lequel Régis la fixa, avec confiance, avant d'hocher la tête positivement.

Eléa tressaillit, et dans un réflexe elle porta sa main à ses lèvres pour retenir un cri. Un frisson d'inquiétude lui remontant l'échine serrant sa poitrine telle un étau alors qu'elle battait la mesure d'une mélodie si joyeuse, si puissante, qu'elle en broyait les barreaux de sa cage thoracique de son bourreau.

« Tu vas vivre Eléa ! »

Elle secoua la tête malgré elle, luttant de tout son être contre la vague qui s'intensifiait, grossissait et remontait, affluait en elle. Non, elle ne désirait pas trop y croire, elle ne devait pas trop espérer. Elle se crispa, mais un battement de son cœur reprit en concert cette phrase, pulsant de ce sentiment dégoulinant dans ses veines. Quand avait-il dit, pour l'opération, début Mai ? Avant le 15, avant la date fatidique d'Eléanora ?

« Tu vas vivre ! »

Le contact de Samantha, qui l'étreignait avec conviction, la réchauffa, et elle ses barrières cédèrent. Hagard, elle chercha une preuve, ou une trace d'illusion, mais elle voyait milles et un sourire, elle n'admirait que confiance et espoir, que détermination et raison. Et pourtant, elle en sembla totalement détâché, son cœur refusant de battre au même rythme, comme séparée d'eux par un voile de marbre.

« Tu vas vivre ! »

Et comment ne pas céder à cette injonction, qu'elle avait bannie depuis si longtemps ? Elle qui avait cru avoir emprisonné cet espoir vain, cet utopie il y avait des années, elle la voyait se libérer de ses chaines avec la même vivacité d'antan, l'amertume des doutes occultée par la confiance aveuglée de l'espoir. Elle ne l'ignorait pas, cette force, cette énergie consummante restait néfaste, trompeuse, et inévitablement, revers de douleur, mais en cet instant…En cet unique moment, les cris, les rires de ses amis surclassaient le chant morbide D'Eléanora, reflet de sa fatalité, et pendant cette unique instant, elle désirait y croire.

« Tu vas vivre »

Oh comme elle souhaitait pouvoir se fier, se jeter à corps perdu dans cette déclaration, mais elle tremblait à la simple idée de n'y trouver qu'un leurre cruel, une vaine chimère auréolée d'incandescentes lumière divine pour mieux la plonger aux confins d'un enfer noir. Oh oui, elle désirait y croire plus que tout, mais elle ne pouvait se le permettre.

Saisissant le trouble de son amie d'enfance, Régis s'avança vers elle, et sortit une seringue de sa poche, celle-ci contenait en son ventre de plastique incubateur, un liquide aigre-douce aux reflets d'arc-en-ciel, telle l'essence, or noir contenant l'énergie créatrice et destructrice à la fois. Cette fiole contenait à elle seule espoir et désespoir, vérité et mensonge, vie et mort.

Doucement, tendrement, Régis saisit le bras d'Eléa, celle-ci, récalcitrante, manqua de le rétracter tout contre elle, apeurée, mais d'une œillade sincère, il la dissuada d'un tel geste. L'aiguille pénétra la peau meurtrie des tâches pourpres et mauves de l'héritière des Sarl, juste au dessus de la veine. Il vida un quart de la fiole, et reproduisit le procédé, pour l'autre bras, puis pour les deux jambes.

Les minutes s'égrainèrent silencieusement, pieusement. Les mains se tordant l'une contre l'autre, les doigts se crispant dans un geste de prière involontaire, et finalement, le miracle eut lieu. Faiblement, les marques de la maladie s'estompèrent, d'un violacé compact et profond, elles passèrent à un rose trop brunie.

Alors, quand Régis releva la tête vers elle, pour plonger son regard noir dans ses iris d'émeraudes, les mots jaillirent d'eux même.

Le chant d'Eléanora, s'assourdit dans le lointain pour ne devenir qu'un lent murmure, qu'elle peinant à percevoir sous les bruits de ses amis autour d'elle, remplacé par une simple phrase, une simple évidence.

« Je vais vivre. »

Les yeux d'Eléanore s'emplirent de larmes, et se rendant à peine compte qu'elle usait de ses jambes pour se propulser, elle se jeta dans les bras de son ami d'enfance.

-Merci Régis ! Merci….Sanglota-t-elle, sans même se soucier des flots qu'elle osait montrer, de sa dignité bafouée par la faiblesse. Cela n'avait pas d'importance, cela n'avait plus d'importance.

Régis, ému, observa Daniel, qui lui donna l'absolution d'un signe de tête. Le savant passa alors une main dans le dos de cette enfant qu'il adorait, et fermant les yeux, savourant l'étreinte, il lui murmura, sa propre voix gonflée tant par l'émotion que par la moquerie :

-Tu vois, toi qui me disais d'abandonner, j'ai bien fait de ne pas t'écouter, hein…

Et à sa phrase, redoubla les pleurs d'Eléanore, entrecoupés par ses hoquets de rires, un mélange des deux :

-Pardon ! pardon ! J'aurais du t'écouter ! J'aurais du…
-Chuuut…La rassura Régis patiemment en resserrant sa prise autour des épaules tremblotantes de l'adolescente, comme pour la nicher auprès de lui, lui assurer un abri, un refuge, à nouveau, comme dans leur enfance, comme dans la maladie. –C'est fini maintenant, plus besoin de si.

Un ricanement commun secoua la pièce en même temps qu'Eléanore, et Samantha essuya précipitamment la larme qui lui avait échappé face à la scène.

-Régis, merci…Je t'aime…Si tu savais comme je t'aime ! Souffla Eléanore dans un sanglot, s'enfonçant dans ses bras.

Ni Daniel, ni personne ne sursauta à cette déclaration, même quelques uns surprirent un rictus amusé, presque naturel, qui se transforma en éclat de rire, quand le concerné, Régis, releva la tête, refroidi dans ses ardeurs, pour déclarer déçu :

-Tu me répèteras ça quand tu n'auras plus une voix d'Urusaring, hein…

Et Eléa, le timbre toujours enrouée, se redressa vexée, pour éclater de rire, à son tour les sillons rougies striant ses joues s'asséchant progressivement remplacé par les rires dans la pièce.

Peter afficha une mine réjouie au fond de la salle.

Aussitôt une masse se forma autour de la graciée, un à un, ses amis. Daniel passa un bras autour de la taille de sa petite amie, sans pour autant la ravir à son sauveur, acceptant le partage, le temps de la célébration, et les remarques, les questions filaient, fusaient, toutes plus vives, plus fortes, plus entraînantes que la précédente :

-Et que vas-tu faire une fois guérie ?
-Tu peux de nouveau marcher ?
-Tu n'as plus mal ?

Gold bousculé dans la foule, lui aussi tenant à féliciter Eléa, se figea cependant, ne voyant pas Silver participer à la débauche joyeuse commune, il se retourna, et le trouva là, un peu à l'écart évitant le contact. Et pourtant, pourtant, son visage pâle affichait un sourire lumineux, débordant de soulagement, presque dépourvu du dédain ou de la morgue omniprésents faisant la réputation du rouquin. Juste une expression indéfinissable. Un sourire, que Gold ne lui avait jamais vu. Et il l'adressait à elle, à Eléanore. Une déferlante bouillante lui brûla les entrailles pourtant toujours secouée par l'atmosphère euphorique, et un venin acide de mélancolie, d'inquiétude remonta a trachée.

-Qu'est-ce que tu as Gold ? Lança Cristal à ses côtés, alors qu'elle essayait tant bien que mal de les hisser jusqu'à Eléa.

Le brun sursauta, comme pris en faute, et à la vue de sa sœur, le contemplant avec interrogation, d'Eléa riant aux éclat, enlacée par Sam, Régis et Daniel à la fois, écrasée par les autres, la culpabilité, la honte écrasa, broya ce qui lui restait de viscères.

-Rien. Siffla-t-il plus abruptement qu'il ne l'aurait souhaité.

Ne laissant pas ni le temps, ni à la jalousie, ni à sa sœur de réagir, il se rua vers la concernée et lui envoya une accolade bien senti qui manqua de la pousser droit sur le sol dans une gamelle mémorable.

Mais, Silver n'était pas le seul à admirer la scène de loin, Peter, toujours assis sur le canapé, inonder d'une joie plus calme, sereine, d'un contentement reposant, se leva paisiblement. Il s'éclaircit la gorge pour attirer l'attention et tâcha d'offrir, avenant, à la miraculée :

-Je suis heureux pour toi, Eléanore. Quand…Tu seras totalement remise, je ferai le nécessaire pour que tu puisses reprendre une vie normale, et surtout, pour que tu puisses voir ta famille…Je te le promets.
-Je…Je pourrais voir mon petit frère ? Répéta perdue Eléa.

Peter arqua un sourcil, et haussa les épaules, comme si cela était l'évidence même.

-Eléa ne sera plus obligée de rester auprès de Twilight ?

Cette fois, c'était le ton vibrant de Samantha, qui lui envoya un regard brillant, presque n'osant y croire. Peter hocha simplement du chef, positivement.

De nouveau les rires secouèrent la salle. La jeune enfant des Joëlle, frissonna, son cœur ratant un battement.

Qu'avait-elle fait pour changer le futur, elle l'ignorait, mais son calvaire, leur calvaire, prenait fin, Eléa libérée de Twiligth, ne risquait plus rien, et elle se voyait même soignée. Samantha osa poser ses prunelles sur son amie, et à nouveau son cœur pulsa d'aise dans sa poitrine. Pour la première fois depuis longtemps, le paysage autour d'elle sembla s'illuminer de sérénité et de paix.

Du moins, jusqu'à-ce qu'Ash, ayant du mal à suivre la conversation, mais ayant compris que tout le monde remerciait Régis, n'arrive jusqu'à lui d'un pas gracieux –aussi élégant et voluptueux qu'un domphan dans un magasin de porcelaine. Le dracaufeu shiney toisa l'homme qui osait enlacer sa dresseuse –un de plus- de haut en bas, les naseaux fumants, le regard flamboyant. Puis il ouvrit la gueule, dévoilant ses canines acérées et parfaitement entretenues…Pour laisser tomber son précieux trésor.

Le soutien-gorge d'Eléa tomba dans la paume de Régis, et Ash, fier de son offrande pour remercier le savant, remua frénétiquement la queue, jappant presque pour des caresses de félicitations, les prunelles dilatées attendant sa récompense à lui. Fier du cadeau qu'il venait de donner « au-type-qui-finalement-est-un-copain ».

Hélas, trois fois hélas, quand Régis réalisa ce qu'il tenait –et Eléa l'aida grandement en s'exclamant innocemment « Oh mon soutif ! »- il vira à l'écarlate, puis au bordeaux, et bien vite au bleu. Et il fallut un bon moment pour que le calme ne revienne dans le salon.

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Christopher et Angèle trottinaient gaiement dans l'avenue principale de Twilght, les bras chargés d'immenses cartons et autres emballages roses, fushia, ou d'un blanc argenté étincelant, miroitant tout autant que les prunelles de ses porteurs. Steven et Marc suivaient, un pas derrière, aidant au déchargement de la cargaison. Le champion de Pokémon eau babillait comme un gamin impatient, le second, en costar-cravate, sortait tout juste de réunion, et déjà avec un morceau de carambar coincé au bord des lèvres, se faisait mâchouillé avec entrain. Marion jeta une œillade par-dessus son épaule, et sourit d'aise, elle-même portant –avec l'aide de son rapasdepic- une petite quantité de paquetages.

-Alleeez, dépêchez-vous, on va louper le coche si vous trainez !
-On ne presse pas un malade ! Ergota l'héritier des Devon, à peine taquin.
-Dites, dites, je pourrais faire de la magie ? Gazouilla Chris, lançant des paillettes à tout va.
-Oh, de la magie, vous savez faire quelques tours, moi-même je suis très friand de ce genre de spectacle, j'ai quelques expériences là dedans mais…Commença Marc.
-Non il ne sait pas faire de magie. Coupa Angie, noire.
-Mais si enfin, je sais faire un peu de magie, et de toute façon, je saurais faire preuve de professionnalisme ! Déclara convaincu son compagnon.
-Non, tu ne sais pas faire de magie, Christopher. Appuya avec force et fracas la blonde, n'en démordant pas.

Son expression furieuse fit vaciller les hommes qui s'échangèrent une œillade inquiète, comme craignant de voir l'ex-voleuse bondir droit sur eux, toutes griffes sorties pour planter ses crocs dans leurs carotides.

-Maiiis nooon c'est mon Ange Angie, elle ferait pas quelque chose d'aussi horrible ! Rigola confiant Chrisopher.

Comme pressentant que la grande tige se trompait lourdement, le reste du groupe dit un pas de plus en arrière. Un peu plus loin, sur la place principale, les différents membres de Twilight installaient, à l'aide de leurs Pokémons de gigantesques poteaux en carré. Voyant les autres les rejoindre ils leur assurèrent du lieu de rendez-vous –comme s'ils pouvaient rater le rassemblement- à l'aide de grands gestes. Marion posa les cartons sur le pavé, puis un autre sur l'estrade de fortune que montaient Adrien à l'aide de Lucio.

Un peu plus loin Makanie et Aaron s'engueulaient copieusement devant une Cynthia trouvant certainement l'affrontement –fascinant-

-Mais puisque je te dis que je peux aider !
-Pas dans ton état enfin !
-Tu n'as pas compris Aaron, je veux aider.
-Et qu'est-ce que ça change ?
-Ca change que si tu n'ordonnes pas à ton papillusion de me lâcher pour que je puisse aider les autres je lui arrache d'abord les antennes, et ensuite les ailes et enfin je viendrai te voir pour t'arracher cette foutue mèche qui rebique sur ton crâne qui commence à m'insupporter grave !
-Tu n'oserais pas ! S'offusqua Aaron, tâchant de masque sa terreur.
-Tu veux vraiment y parier ?
-C'est les hormooooneees ! Chantonna amusé Adrien au loin, ravi de son nouveau jeu.

La rouquine se montrait d'une humeur plus qu'exécrable.

Marion tâcha d'ignorer les cris offusqués du couple, priant pour ne jamais subir une telle condition avec Peter, puis sourit à Chris et Angie.

-On installe tout, vous, vous allez les chercher ?

Les deux ex-voleurs ouvrirent grands les yeux, comme ne croyant pas à un tel cadeau, et la cousine de Lucas manqua de se noyer sous le déluge d'étoiles qu'ils lui envoyèrent. Heureusement pour elle, ils partirent plus vite que le son en direction de leur cible, ne laissant derrière eux qu'un nuage de fumé un peu trop pailleté comme sillon.

Cette dernière passa une main sur son front pour essuyer les perles de sueur qui s'accrochaient à sa frange et elle soupira de soulagement : heureusement qu'ils partaient, sinon, elle craignait pour leur surprise. A la suite de cette simple pensée, un des champions présents au Qg cette semaine, Alizée d'Hoenn, se redressa et demanda :

-Je monte tout de suite la tente et je mets les moustiquaires sur la terrasse-dortoir ?
-Oui, je viens t'aider, il faut se dépêcher, après tout, ça fait longtemps que nous n'avions rien à fêter, c'est une occasion parfaite pour remonter le moral de tout le monde ! Enchaîna Marion en accordant un sourire lumineux, solidaire à la jeune femme au loin.

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-Non. Non. Non !

Silver, pour accentuer à nouveau sa négation, pointa ostensiblement du doigt les deux énergumènes face à lui, qui, tout sourire, ne reculaient pas d'un pouce, l'une tenait même le bras du rouquin, les yeux brillants, prête à l'entraîner immédiatement avec elle on ne savait où.

-Roh, t'es pas drôle Silver, allez, laisse-les nous faire une surprise ! Ricana Eléanore.
-Tu ne les connais pas ! Rétorqua aussitôt le fils de Giovanni.
-C'est vilain de rejeter tes parents qui t'aiment. Plaisanta Cristal, avec un rire taquin, visiblement ravie d'embêter l'amoureux de son frère.

Silver lui envoya en retour une œillade noire, tandis que Peter, tapotant le dos d'un Régis se remettant à peine du choc, arqua un sourcil, surprit par la joute. L'ex-bandit toisa le reste de la salle avec suspicion. Entre ceux qui l'observaient en retour, les mains sur les hanches, ceux qui récupéraient leurs affaires pour suivre Christopher et Angèle –comme si la surprise dont les deux bandits parlaient allaient les envoyer aux confins du Sinnoh-Ce qui était tout à fait probable en fait. Après réflexion.

Avec mauvaise foi, il pointa du doigt la petite boîte que les deux grandes asperges gardaient sous le bras, depuis leur arrivée fracassante –en ouvrant la porte à la volée et rétamant Yuki qui se tenait derrière-

-Y-a quoi dans cette caisse… ?

Christopher et Angie se détachèrent de lui, pour observer dubitativement leur trésor, comme s'ils remarquaient enfin sa présence. Puis leurs visages se colorèrent, pour afficher un immense sourire innocent :

-Du Gui !

Silver tiqua, et il ne fut pas le seul. Dans la pièce, plusieurs personnes eurent la même réaction, dont Régis. Si Daniel s'empourpra et envoya une œillade timide à Eléa, qui lui répondit avec entrain, ce furent bien les seuls. Et le cri de Silver sembla être reprit par tous les autres :

-NON !

Le rouquin tourna des talons, et quand Christopher tenta de lui saisir le poignet pour le retenir, d'un rapide pas sur le côté, il l'esquiva. Malheureusement pour lui, Gold s'était mis en travers de son chemin, et lui saisit le bras en profitant de sa surprise.

-Attends !

Mais il n'eut pas le temps d'achever sa phrase, Silver le rejeta d'un violent mouvement de bras, ses prunelles écarquillées mirent quelques secondes avant de reprendre leur ton froid et impassible, et à se détourner. Quelques secondes de trop, quelques secondes embarrassantes, humilantes, qui mirent en rage Gold.

-NON mais qu'est-ce qui te prends à la fin ?! Ca fait des plombes que tu nous évites ! Quoi, on a fait quelque chose de mal ?! C'est ça ? Si tu fais la gueule pour un truc, dit-le nous en face ! S'égosilla-t-il.
-Ce n'est pas…
-Ce n'est pas QUOI Silver ? Pas ce que je crois ? Le coupa son camarade, à bout, le teint rouge de fureur.
-Non. Tenta d'esquiver le rouquin sans oser se tourner vers Gold, mal à l'aise.

La danse d'esquive sembla horripiler ce dernier malheureusement, car celui-ci fit le pas qui le séparait de son coéquipier, saisit sa mâchoire d'un geste sec et l'obligea à se tourner vers lui en hurlant :

-REGARDE MOI AU MOINS QUAND JE TE PARLE !

Silver tressaillit, et il s'empourpra brutalement, plus déstabilisé par la proximité de son associé que par son insolence. En revanche les spectateurs muets de la scène, eux, se redressèrent, indignés par la colère si imprévisible, si injustifiée envers le rouquin. Et si Chris et Angie, emplis d'embarras, balbutièrent des paroles sans queue ni tête, si Akira se gratta la nuque embêté, si Peter pencha la tête sur le côté perdu, Eléa, elle, ne resta pas inerte. Les jambes encore faibles et mal assurées, ankylosée par leur trop longue paralysie, elle tituba jusqu'aux bagarreurs et tomba entre eux, s'accrochant délibérément aux cous de l'un comme de l'autre, causant de ce fait, un rapprochement certains entre les frimousses des deux concernés. Et si elle n'avait pas crié ses mots, surement se seraient-ils perdus dans les méandres de la gêne, couvert spar les battements cœurs furieux des deux garçons :

-Bon Ca suffit ! Vous allez pas vous battre alors que je vais guérir hein !
-Ca y-est, on avait le droit avant à toutes ses phrases du genre 'oh je vais bientôt mourir, alors vos gueules' et maintenant qu'on croyait ça enfin fini, elle renouvelle et sort 'Je vais vire alors vos gueules' ! Ricana ironique Silver, dont la réparti sarcastique se remettait bien plus vite que ses pauvres sentiments malmenés.

Eléa darda sur lui un regard ravi, et un sourire jusqu'aux oreilles, elle approuva :

-Roh, j'ai pas le droit d'en pleurer, j'ai pas le droit d'en rire…Que ça ait au moins d'autres avantages !
-Que tu uses et en abuses.
-Tout à fait, t'as tout pigé ! C'est nouveau ça par contre !

Et elle profita de la réplique de Silver, pour se pencher, plus vers lui et le tenir bien fermement dans son étreinte, délaissant un Gold jaloux d'un côté.

-Lâche-moi ! Grommela le rouquin, à moitié emporté par le poids de la jeune fille, obligé de se redresser pour le supporter tout entier.
-Non ! Et, ça te fait pas plaisir de me voir guérie ? Taquina ironiquement Eléa.
-T'es lourde. Marmonna Silver.
-T'es borné. Allez vient un peu, ça me fera super plaisir ! N'en démordit pas l'héritière Sarl.

Daniel et Régis dans la foule, arquèrent un sourcil ; et Samantha ricana, doutant que les charmes de son amie ne fonctionnent sur son frère. Quelle ne fut pas la surprise quand, Eléa, se penchant vers Silver, lui murmura quelque mots, qui firent rougir ce dernier jusqu'à la racine des cheveux, avant qu'il ne murmure, vaincu :

-Bon d'accord, je viens.
-YEY !

Eléanore manqua d'en tomber à la renverse dans son saut victorieux, et elle se fit rattraper inextrémis par Silver. Chris et Angie ne se le firent pas dire deux fois, et enchantés, les étoiles dans les yeux, récitèrent, tout enjoués :

-Vous allez voir y-a du gui !
-Et des lampions !
-Et des étoiles !
-Et de la musique !
-Et des paillettes !
-Et des magiciens !
-AH NON PAS DE MAGICIENS CHRIS !

Silver se contenta d'un « tch » renfrogné face à la joie de ses anciens subordonnés, et Eléa lui envoya dans un rire :

-Je vais pouvoir t'embêter à volonté maintenant ! C'est cool ça !

Silver arqua un sourcil, posa son pouce sur son front, et dans un rictus énigmatique, il déclara, camouflant mal son amusement :

-Rah, j'en ai déjà mal à la tête.

Reprit par le rire naif d'Eléanore, sous le regard à la fois estomaqué et douloureux de Gold.

Comme un signal de départ, les deux ex-bandits attrapèrent un à un les plus récalcitrants sous les aisselles, et les emportèrent vers leur fameuse surprise, dans un concert de glapissements enthousiastes.
Alors que Peter, Régis et Gabriel se faisaient traîner, voir kidnapper –Nathaniel le poing crispé sur le col de son fils et marchant en rythme avec les deux autres en emportant son enfant qui se débattait en vain, voilà une image que Lucas aurait aimé immortaliser !- d'autres, suivaient en reprenant en chœur des chants sans queue ni tête dont ils ignoraient parfois les paroles mêmes.

Déambulant d'abord dans les chemins tortueux entre les chalets, ils s'engagèrent d'un pas équivoque sur la grande avenue principale du quartier général sans même s'en soucier.

Samantha trottinant à côté de lui, riant avec Eléa, alors que Cristal vadrouillait en rond, asticotant son frère…Daniel qui jetait des regards contemplatifs à la troupe, et aux Pokémons qui suivaient naturellement leur maître…Et Akira qui baillait à s'en décrocher la mâchoire, les doigts refermés sur l'épaule de Sam –comme à son habitude- pour se laisser guider par son élève.

Etrangement, la scène insolite, aussi diverses et tumultueuse qu'elle était, apparut comme d'une évidence harmonieuse aux yeux de tous. Un quotidien, qui, miraculé après tant d'années d'anxiété et d'appréhension, allait finalement persister.

Ce fut peut être à cause de cette constatation embaumant son cœur, que Lucas ne fut même agacé de retrouver sa cousine, au bout de l'allée, les attendant avec un sourire aux lèvres. Il la trouva même, -fait rare- plutôt jolie.

Marion sourit à son cousin, et à Chris et Angie, les remerciant d'un mouvement de la tête humble, puis elle se dirigea gentiment vers Peter, avant de ramener une de ses mèches blondes derrière son oreille, d'un rose aussi soutenu que celui colorant ses pommettes.

-Heu…nous avons pensé, que…Cela détendrait tout le monde de fêter l'évènement. Commença-t-elle doucement.

D'un geste, elle ouvrit le bras et montra une estrade construite à la va vite, entourée de lampions flottant simplement dans les airs sous l'effet d'un choc mental de plusieurs Pokémons, semblant particulièrement s'amuser de leurs jeux de lumières. Dans un coin, à l'abri sous le préau qui se formait grâce au balcon d'un chalet résidentiel, se tenait un matériel informatique, diffusant –pour le moment- une musique aussi faible qu'un murmure.

Plusieurs personnes disposaient déjà sur troncs et ronds de granits –servant habituellement de sièges aux membres de twilight le long de cette route- des boissons et autres petits apéritifs de supermarché qui devaient s'impatienter d'être dévorer vu l'état déplorable de leurs emballages…

Un « ooh » émerveillé franchi la bouche de plusieurs enfants, qui comme eux, avaient été amenés ici et assistaient à la surprise de taille, un peu plus loin.

Marion remit de nouveau une mèche imaginaire derrière son oreille, et supplia du regard un Peter, statufié par l'attention, une moue d'appréhension étirant ses traits.

-C'est-à-dire que…balbutia Peter, raide.

Il sembla peser ses mots, et referma la bouche, avant de la rouvrir, pour darder une œillade grave à sa petite amie :

-Tu penses sincèrement que c'est le moment… ? Murmura-t-il gauche.
-Combien de fois, avons-nous l'occasion de célébrer une vie ? Envoya Steven dans un rire, en passant derrière lui, et piochant sans vergogne dans un paquet de réglisse avant de repartir à l'œuvre.
-Et puis, ça détendra tout le monde ! Rétorqua Adrien, qui s'occupait d'allumer toujours plus de Lampions et de les jeter dans les airs pour que Morgane ne les fasse léviter dans un rire.
-Sauf si la principale concernée trouve ça indécent, évidemment ! Ajouta Cynthia.

Les regards obliquèrent vers Eléanore, brillants, pleins d'attentes. Comment refuser à pareille demande ? La jeune fille haussa des épaules, et dans un rire elle s'écria :

-Bah qu'est-ce qu'on attend pour faire la fête, le déluge !

Puis pour saisir les poignets de Daniel, Sam et Lucas, pour leur faire signe de se jeter sur la piste de danse.
Régis partit aussitôt à la poursuite de son amie d'enfance pour lui recommander la prudence, et bientôt, un véritable troupeau les suivit, la musique s'éleva, occultant les tensions.

Marion rit, simplement, et elle observa Peter de loin, stoïque, qui paraissait encore hésiter. Elle s'avança vers lui, prit ses mains dans les siennes, et leva la tête vers lui, pour lui offrir son expression la plus encourageante.

-Je…ne crois pas que ma place est ici. Je devrai chercher une solution pour…
-Chut Peter. Ordonna Marion avec autorité.

Le maître Dragon se pétrifia, surpris, mais surtout, comme pris en faute, et son regard se détourna pour se poser sur la plaque commémorative en l'honneur de Yoann, trônant à quelques mètres du lieu de fête, comme un spectateur de pierre, à la présence immuable. Pourtant, la cousine de Lucas reprit bien vite sa mine avenante.

-Peter, si tu restes le regard vissé sur le passé, tu ne pourras pas voir le présent, et tu n'auras pas d'avenir…C'est toi qui m'a appris ça, lors de notre rencontre à l'air de Survie, tu te souviens ?
-Quel est le rapp…
-Il faut savoir se détendre Peter. Il faut savoir mettre pied à terre, pour reprendre son souffle. Il faut savoir délester un peu de son fardeau, pour parcourir les derniers mètres.

Lance se tût, et il détourna de nouveau les yeux, peu convaincus, l'esprit encore ailleurs. Mais la blonde lui caressa tendrement la joue pour l'obliger à voir la fête.

A contempler Christopher et Angèle qui essayaient de montrer comment danser à des jeunots, à admirer un groupe de gamins écouter avec entrain les histoires d'Akira et d'autres champions d'arènes, les frimousses abasourdies et émerveillée, a scruter la foule, pour y discerner chaque sourire, chaque rictus, chaque rire, chaque expression de la joie.

Doucement, un sourire monta aux lèvres du champion de dragons, et il se détendit, rendant les armes.

-Seulement cette fois. Concéda-t-il, avant de laisser Marion l'entraîner sur la piste pour danser avec lui, s'attendrissant de sa mine juste, pour cette unique exception, comblée.

Eléanore elle, loin de ce genre de considération, savourait la liberté de ses nouvelles jambes, et même si elle sentait ses membres encore raides et durs, parfois partant dans le mauvais sens comme disloqué, rebelles contre ses ordres, criant à la fuite dans un pic de douleurs, ils fonctionnaient. Elle se tenait sur ses deux jambes, sans l'aide de personne. Mieux, à côté d'elle, elle tirait ses camarades dans ses errances d'un coin à l'autre de la piste, au grès de ses envies.

-C'est trop Génial ! Sourit-elle, les yeux illuminés d'étoiles.
-J'ai entendu là bas Lucio et Adrien dire qu'on allaient tous dormir à la belle étoile sur la terrasse…Analysa Daniel en levant le nez, à la recherche de la dite terrasse.

Il ne tarda pas à dénicher, le lieu, d'où pendaient pensivement plusieurs paires de jambes aux propriétaires songeurs, contemplant les cieux, parfois Humains, mais aussi Pokémons. A sa plus grande surprise, ses créatures sortirent d'elle-même des sphères accrochées à sa ceinture, et sautillèrent –pour Bravery, et Flobio du moins- pour demander à aller jouer. Eléa perçut l'invitation, et saisit ses propres pokéballs.

-Génial, vous avez raison, autant les sortir eux aussi !

D'un geste, Typhlosion –Torch-, Evoli, Pikachu –Pilou-, rejoignirent Hope et Ash, déjà se régalant de la nourriture qui osait être à portée de museau. Bientôt Lucas et Sam les imitèrent, Brasegali, Gardevoir, Hoshi, Farfuret, Libegon, Pharamp,…Toute la clique finit dehors et partit dans tous les coins s'amuser.

-Je vais prendre des photos de la fête ! Informa simplement Daniel, avec un regard aussi étoilé que celui de sa petite amie, avant de disparaître dans la foule également.
-Il pourrait rester pour profiter avec toi ! S'indigna Sam, en posant ses mains sur ses hanches, faussement fâchée.
-Bah pourquoi, s'il veut prendre des photos ! Rétorqua Eléa dans un haussement d'épaule.

Samantha la toisa, bouche bée, et dans un soupir se massa le front.

-Décidément ! Ricana-t-elle, toujours abasourdie par les piques de simplicités de sa camarade.

Alors qu'elle s'asseyait sur le rebord de l'estrade, Lucas vint la rejoindre, tandis qu'Eléa, refusant de s'asseoir une seule seconde, les observa quelques secondes, hésitante, presque avec défi, puis se décida à tenter de faire l'équilibre et de marcher sur les mains. Elle n'avait décidément pas perdu ses réflexes malgré les années car elle y parvint presque du premier coup et ricana.

-Hey, hey donc, Eléa, ce sera un peu comme un nouveau départ, quand tu seras guérie ! Tu vas marquer la chose comment, hein ? Tu veux faire quoi en premier ? Déclara soudain Lucas, en s'étirant d'aise.

Eléanore s'écrasa lamentablement sur le sol, et se laissa rouler dans la terre, avant d'observer le ciel l'air songeuse. Le regard perdu, une moue pensive gonflant ses joues.

-Hum…

Les deux amis la contemplèrent ébahi, et elle haussa les épaules en montrant un sourire radieux.

-J'ai du mal à réaliser je crois ! Ricana-t-elle. –C'est juste bizarre.

Sam et Lucas écarquillèrent des yeux. Mais Eléanore resta pensive sans leur prêter attention, le monde autour paraissait presque se dilater sous un voile de brume, à mesure sur ses entrailles, ses propres sentiments se faisaient de plus en plus flous. Plus elle s'interrogeait sur ce qu'elle vivait, plus les interrogations s'enfilaient. En un sens, elle comprenait un peu Daniel en cet instant, elle ne se jetait que rarement dans l'analyse de son propre être, car trop douloureux. Cependant, alors qu'enfin, elle pouvait s'y plonger à cœur perdu sans redouter l'amer désespoir qui s'y fondait, dans son nid de fatalité, elle se réalisait plus démunie et perdue encore que dans la certitude de sa propre fin. Une constation à la fois dérangeante, paradoxale, déboussolant, et brillante d'espoir.

-En fait je sais pas trop encore ce que ça signifie, à part que je vais vivre…Et je sais pas trop encore ce que je vais faire…Pour l'instant…J'ai juste…Je suis juste heureuse je crois, j'ai le cœur trop gonflé et le cerveau trop remplis pour réaliser pour le moment.
-Bah, c'est pas compliqué, je vais t'aider ! S'enchanta Sam avec un sourire. -Tu pourrais peut être conclure avec Daniel ?

A la remarque Lucas sursauta et s'empourpra brutalement, laissant échapper un cri de surprise. Et Eléanore ne put empêcher un rictus amusé, taquin d'étirer ses lèvres, avant de lancer, joueuse :

-C'est une possibilité, mais il faudra m'aider à le violer, t'as déjà le truc, en plus Lucas, vu ce que tu as fait tout à l'heure !

Et à son plus grand bonheur, la remarque eut l'effet escompté, le grand brun paniqua littéralement, bafouillant et cherchant ses mots, brassant l'air à l'aide de grands gestes comme pour chasser l'atmosphère gênante et trompeuse, qu'il percevait injustement accusatrice.

-P-Puisque je vous dis que ! Que ! Bredouilla-t-il, les oreilles fumantes, les joues en feus, et les yeux louchant à force de scruter une réponse invisible qui se situait sur le bout de sa langue.

-Oui, oui on sait, tu l'aidais à mettre son pantalon ! Répéta Sam, mesquine.

Lucas saisit la perche à deux mains comme un noyé se serait jeté sur une bouée de sauvetage, et dans un souffle il expira, soulagé :

-Exactement, parce qu'il…
-Bien sûr c'est la faute du poulet aussi ! Railla Eléa, lui retirant sa bouée avec un sourire mutin, sadique.

Lucas se retrouva totalement immergé, retombant tête la première dans cette mer imaginaire qu'on nommait honte, tandis qu'à quelques mètres de là, le Brasergali de Sam sursautait, et piaillait tristement, accusé d'il ne savait quoi encore. Silver lui-même, aux oreilles trainantes, vit son sourcil droit tiquer nerveusement. Cette anecdote allait le suivre jusque dans la tombe, surtout maintenant qu'Eléa allait vivre, plus aucun doute là dessus, il le sentait.

Heureusement pour Lui, ou eux, Sam ne gardait aucun souvenir de cet évènement et hasarda, penchant la tête un « Hein ? » signifiant qu'elle venait de louper la blague.

-NAAAH CA n'A AUCUNE IMPORTANCE ! Précipita Lucas à renfort à nouveau de grands gestes démesuré, essayant de couvrir les explications d'une Eléa engagée.
-Mais enfin qu'est-ce qui…
-Bah en fait c'est pas compliqué, c'est quand vous êtiez bourrés –et que ce stupide nathaniel n'a pas voulu me filer de bière- et ben…
-ET SI TU TE COUPAIS LES CHEVEUX ?

Le cri du meilleur ami de Sam, dans un dernier élan désespéré, parvint à couper le sifflet à Eléanore et à imposer le silence entre les deux filles, qui lui envoyèrent des œillades perdues. LE garçon s'empourpra :

-B-Bah Oui, comme la dernière fois, pendant ce concours, c'était un peu comme un nouveau départ ?

Samantha se détendit imperceptiblement, saisissant qu'on ne parlait pas d'elle, et admira la jolie teinte rosée qui colora les joues d'Eléanore en proie au souvenir.
-C'é-C-c'était pas exactement pour ça… -Elle passa mécaniquement ses doigts dans sa tignasses, se remémorant encore la douceur et la tendresse de Daniel, aux gestes si précautionneux tandis qu'il la sauvait des caméras, mais elle secoua la tête pour reprendre sur un autre ton : -Puis tant qu'à faire, j'préférai vaincre ma peur des serpents et des chevaux pour battre Trax !

Samantha grimaça à l'idée que sa rivale puisse perdre une de ses seules faiblesses, et vaincre enfin son autre bête noire, Trax le dresseur fan de serpent. Mais elle se ravisa et assura son point de vue avec un sourire quant au possible passage chez un hypothétique coiffeur :

- Bonne idée ça, mais Eléa, ne te coupe pas de nouveau les cheveux !

Malheureusement, et étrangement, Eléa sursauta, et prit sa mine vexée avant de maugréer, avec mauvaise foi, plus par pur esprit de contradiction, de rebelle, que par réel désir :

-Et pourquoi pas ? C'est lourd de s'en occuper chaque matin !

Et cette fois ce fut au tour de Sam de s'enflammer, bondissant sur ses pieds :

- Quoi ? C'est moi qui m'en occupe ! Moi et Daniel ! T'as rien à faire !

Premier pas belliqueux auquel répondit aussitôt Eléa en se dressant à son tour. Et Lucas fut frappé de plein fouet par le changement, comme un choc compressant son cœur pour en extraire les souvenirs les plus jeunes de leurs relations, déversant le jus aigre doux des premiers jours. Alors qu'au début de leurs aventures, Samantha manquait de quelques centimètres par rapport à Eléa, elle la surplombait à présent totalement, et si elle ne possédait toujours pas des formes aussi féminines et envoûtantes que la Sarl, la finesse de ses traits, comparés à la rondeur innocente digne des enfants de sa rivale, compensant largement ses mensurations un peu moins bien répartie par la nature. A présent, Eléa devait lever les yeux pour défier Sam du regard, manquant d'au moins trois bons centimètres. En revanche, elle avait troqué sa tignasse indomptablement fourchue et terne pour une belle chevelure, entretenue, et des vêtements plus féminins, -bien que toujours adapté au pantalon- alors que la sœur de Silver elle, arborait un ensemble de voyage, usé, rapiécé, servant pour les entraînements réguliers, dont la seule touche de coquetterie résidait en sa jupe courte, qui ne servait à rien car elle couvrait un caleçon moulant. D'Eléa d'ailleurs si sa mémoire ne lui faisait pas défaut.

-…Mais qu'est-ce que ça de l'importance, c'est que des cheveux !

Le cri d'Eléa ramena au présent le garçon, qui tira avec lui, des méandres du passé, une constatation évident :

- Maintenant que j'y pense, je ne t'ai jamais vu te couper les cheveux Sam, jamais.

Samantha tressaillit imperceptiblement, pendant qu'Eléa, reprenait en cœur, oubliant la bataille qui avait menacé de gronder l'instant précédent.

- Ils sont super long maintenant les siens, tu verrais quand on prend un bain, ils lui arrivent aux genoux quand elle les dénoue, une vraie plaie !

Lucas préféra éviter d'imaginer cette image de Sam et Eléa prenant un bain toutes les deux, l'image dérangeait légèrement son esprit, et il ne désirait courir aucun risque d'idées déplacées. Même si rien qu'en se restreignant, il en faisait déjà, inévitablement.

Le brun s'empourpra méchamment devant les filles silencieuses. Sam affichant un regard terne et morne, pour la première fois depuis la nouvelle, comme perdue dans ses songes, la mine renfrognée. Eléanore capta son attitude lointaine et elle lui attrapa l'épaule comme pour la retenir auprès d'eux, avant de réengager :

-Et toi ça te dirait pas de les couper, tes cheveux, une fois ?

La dresseuse de Brasergali lui renvoya un sourire faible, à peine cynique.
-Comment échapper à la conversation sur ta guérison, d'Eléanore Sarl.

Eléa haussa les épaules sans se soucier qu'elle emploie son nom complet, et célébrant le proverbe au pied de la lettre, elle renvoya aussitôt, sans montrer la moindre émotion :

-Oh t'es comme ton frère toi, t'as la trouille de les couper si ça se trouve !
- Eléa !

Le cri indigné sonna dans le vide et sa meilleure amie dansa d'un pied à l'autre sans se soucier de la réprimande, lui tirant la langue, bien le seule être à avoir le droit de souligner le lien de parenté entre Sam et Silver sans se faire aussitôt pulvériser. Lucas se demandait parfois quel genre de pouvoir de protection entourait la gamine pour survivre aux regards noirs de la cadette des Guardian. Pourtant, cette fois, Samantha ne fit qu'écouler un regard lourd de reproche, parsemé de tristesse.

Eléa se figea, et elle dévisagea son amie, ébahi, avant de gonfler la joue irrité et de répliquer :

-Roh c'est bon, c'est bon, j'vais le voir lui, et l'embêter !

Pour partir d'un pas faussement agacé. La mine de Sam valait tous les remerciements du monde. Et Eléa camoufla un sourire de fierté pour avoir compris le message muet. En revanche, Lucas, moins perspicace, ou plutôt, à la curiosité plus tenace qu'Eléanore, plus indiscrète et moins insouciante, lui fit murmurer, brisant le silence solennel sous lequel s'abritait la dresseuse :

- Pourquoi…
-T'as vu comment elle esquive ta question ?

Le tremblement de Sam ne lui échappa pas.

-Comme toi là ! Gronda-t-il en fronçant les sourcils.

La frimousse de Sam se décomposa, perdant confiance et couleurs, et elle baissa automatiquement des yeux, caressant mécaniquement sa chevelure soyeuse encadrant son crâne et sa gorge gracieusement. Lucas détourna timidement des yeux à son tour, le cœur lourd.

- Eléa saura toujours ce qu'elle veut faire, je m'inquiète pas…
-Ca c'est clair. Ricana amèrement Sam.
-En revanche moi, je ne saurai jamais sauf si tu veux bien me le dire…

Le regret implicite secoua l'atmosphère, comme si elle avait reçut un coup de fouet cinglant, imprimant sa marque dans la chair rouge, maculée de sang de douleur. Sam releva les yeux, malheureuse alors que Lucas continuait, penaud, la voix enraillée malgré lui :

-Tu sais, si tu veux pas m'en parler, c'est pas grave, je ne t'en veux pas, après tout c'est Eléa ta meilleure amie pas moi…Et je suis un garçon, je vaux pas la comparaison c'est clair…j'dois même pas atteindre ses cheville dans le classement donc je c'est pas un drame si je sais pas… pourquoi tu veux pas te couper les cheveux.

La future championne d'arène secoua vivement du chef en négation et bafouilla :

-Ce n'est pas pour ça, pas à cause de toi, c'est juste que c'est…C'est une raison stupide.
-Ah ? Promis je rigole pas. Se ragaillardit le garçon, qui abandonna son rôle de pauvre malheureux –décidément, le brun mentait, il savait jouer, c'était un bon acteur, il le payerait.

Mais l'agacement de s'être faite bernée s'évapora quand Lucas fit le signe de la croix sur son cœur comme pour jurer un silence éternel. Et elle pouffa, avant de caresser de nouveau, comme un grigri rassurant, une de ses mèches et de contempler ses pieds pendant le long de l'estrade.

- En fait, c'est stupide…Mais quand tu es venu chez moi, tu as vu sur les clichés…J'ai toujours les cheveux courts sur les photos de quand j'étais petite.
-C'est vrai, que tu as longtemps gardé les cheveux courts…Concéda le brun d'un hochement de tête.
-C'est stupide…Mais je les ai gardés jusqu'à ma première année en spécialisation de champion d'arène, quand Yuki est devenu mon professeur principal. C'est vraiment stupide comme raison…
-Oui, ça j'ai fini par comprendre, tu peux envoyer la sauce, j'ai saisi que c'était stupide. S'impatienta le garçon avec un sourire compatissant.

Samantha ricana nerveusement et bafouilla, incertaine :

- Tu sais, Armand n'était pas le seul à m'embêter quand j'étais gamine. J'avais deux ans de plus, j'avais réussi un concours d'entrée particulièrement dur, et comme ma mère n'avait pas les moyens, même avec une bourse, de m'envoyer là-bas, je restais dans l'école public…Beaucoup de gamins trouvaient que j'étais une madame-je-sais-tout. Et je ne sais pas, en conséquence, je devais le payer en un sens.

Lucas se raidit, le souvenir de plusieurs jeux cruels des gamins d'Azuria dans la cours de récrée s'imprimant à sa rétine, même s'il n'avait jamais du en subir lui-même, il entendait encore les suppliques désespérés et les sanglots des enfants tourmentés, ne comprenant pas le pourquoi de leur sort.

-Sam… Souffla-t-il, éperdu, réalisant comme le abo sournois se cachant sous le sillon des cicatrices enfantines de sa camarade.

Pourtant, impassible, le regard porté sur le vide, comme admirant la petite fillette qu'elle était, celle du passé, droit dans les yeux, avec pitié et désolant, souvenir définitivement perdu et qu'elle avait toujours tenté de rendre invisible aux yeux de tous, alors que les siens ne pouvaient y échapper.

-J'ai eu le droit à plein de choses. Le cartable qu'on jette dans les toilettes, la tête qu'on enfonce dans le lavabo jusqu'à ce qu'on perde connaissance, être abandonnée dans les douches, qu'on allume derrière. Avec Armand, ils tournaient autour de moi comme s'ils jouaient, et me donnait des coups de pieds, des coups de poings, me volaient mon carnet, mes clefs… Une fois, y-en a une qui s'est amusée à me faire manger des cacahuètes, jusqu'à ce que je me mette à étouffer, je suis gravement allergique, et si Yuki n'était pas intervenu, j'aurais put y passer.

-Mais tu n'as rien fait ? S'insurgea le brun, frémissant d'une colère vaine.
-Je n'allais pas changer pour eux ! Je n'avais rien fait pour mériter cela ! Et puis qu'est-ce que j'aurais put dire, cela n'aurait fait qu'aggraver la situation, en plus d'intello, je serai devenue une rapporteuse. S'indigna sur le même ton de reproche Sam, donnant un coup de poing dans une table invisible.
- Mais…Tu sais…
-Du coup j'avais pas d'amis. Maintenant, je sais que j'avais peut être un peu tort. Mais ils étaient tous mes ennemis, tous les mêmes à mes yeux, qu'ils participent ou non, ils décidaient d'ignorer et de ne pas m'aider. Je n'avais pas d'amis. Je n'en voulais pas. Continua indifférente aux protestations la jeune fille.
- Oh, tu sais, j'avais pas des masses de copains non plus quand j'étais petit. A part Daniel… ! Je traînais pas trop avec les gens. Tu sais quoi, j'trainais tellement avec Danny, que sa maîtresse m'a fait participer au spectacle de fin d'année ! Daniel jouais La belle au bois Dormant quand elle dormait –parce que c'était bien tout ce qu'il pouvait faire devant un public : s'allonger dans un lit et rester immobile, les yeux fermés à trembler-…Et moi j'ai fini par jouer au prince parce que personne voulait l'embrasser !

Sam envoya alors un regard oblique et ébahi et souffla, stupéfaite :

-Donc en fait vous concluiez bien dans la chambre !

Qui fit tomber Lucas à la renverse, avant qu'il ne se redresse, presque bleu, au bord de l'axphyxie tant il s'époumona en hurlant : NE DEFORME PAS CE QUE JE DIS !

Et à sa plus grande surprise, Sam, qu'il croyait au plus bas, éclata de rire, pour lui relancer :

-Je ne déforme pas. Ca a du être marrant comme scène.

Auquel Lucas répondit blasé :

- La mère de Daniel a tout filmé, tu pourras lui demander.

Sam ricana faiblement, ce qui encouragea Lucas à poursuivre :

- Bref, tout ça, pour dire, que tu sais, c'est toujours difficile de se faire des amis. C'est pas comme si, c'était évident. On juge forcément les gens, y-a des gens qui nous attirent et d'autres pas. C'est pas comme s'il suffisait de s'asseoir à côté d'un type qu'on aime bien, et de balancer « copain ? » pour que ça marche.
-Je m'en doute.
- Daniel il l'a fait à 7 ans…

Sam manqua de s'étrangler et écarquiller des yeux, ébahie.

-Ah ouais ?
-Ouais, et le gamin lui a renvoyé « Crétin » en pleine face. Informa platoniquement le brun.
-Ca fait mal ça.
-Tu l'as dis…Daniel est resté en mode gobe-mouche pendant pas mal de temps. –Puis il sembla se remémorer la raison de la discussion, et se reprit, moins sûr de lui- Enfin…je veux dire…on a jamais vécu ce que tu as vécu, mais…j'peux comprendre un peu.

A sa plus grande surprise, Sam rit, mais les sons qui s'échappaient de sa gorge empâtée sonnèrent de manière morbide, glauque, effrayante. Un rire qu'il aurait plutôt imaginé sortir des lèvres de Silver, si jamais le rouquin savait rire –et rien que ça, Lucas en doutait.- Pourtant, si la réaction lui parut négative, Samantha se contenta de ramener ses jambes contre sa poitrine, en position fœtale, et de marmonner, avec un timbre monocorde, sans émotion.

-Leur grand jeu, pendant toute ma primaire, c'était de coller des chewing-gum dans mes cheveux, pendant les cours, ou quand elles me coinçaient dans les toilettes, dans une rue, à la sortie… Quand j'ai eu Poussifeu, et qu'ils me protégeaient des coups pendant les pauses, elles le faisaient pendant les cours. Le seul moyen que j'avais pour éviter ça, c'était de me couper les cheveux. Toujours. Dès qu'ils dépassaient une certaine taille, elles recommençaient. C'était un cercle vicieux, absolument insupportable.


Lucas envoya une œillade désemparée à son amie, il esquissa un mouvement pour passer son bras autour de son dos pour la rassurer, mais se ravisa quand Samantha ajouta, la gorge sèche :

-Et ça m'énervait, tu peux pas savoir ! Alors, le jour où elles sont parties dans une autre section, quand elles ont suivie une autre voie que la spécialisation champion d'arène. Je me suis dit, là cette fois, Sam, tu peux avoir les cheveux longs ! Tu sais pas jusqu'à quand ça durera, mais c'est un nouveau départ, t'as gagné, t'as été plus forte, plus patiente, qu'elles, et maintenant…Maintenant t'as le droit d'avoir les cheveux longs, tu en profites !

Elle ferma les poings avec conviction, prête à les brandir pour souligner sa détermination, envoyant une œillade flamboyante à l'invisible. Ce qu'elle n'osa pas dire en revanche, c'était qu'à la même époque, une rumeur circulait selon laquelle Akira Yuki préférait les filles aux cheveux longs. Elle sursauta, prise dans le souvenir, quand Lucas pris tendrement une de ses longues mèches de cheveux, et la caressa pensivement, avant de lui murmurer :

-Ca te va vachement bien, les cheveux longs.

Samantha rosit timidement, et souffla, chaudement, débordant de gratitude un simple : « merci. »

-Mais je pense que les cheveux courts t'iraient bien aussi.

Samantha se figea, et dévisagea le garçon, étonnée. Voyant sa mine interloquée, le brun plongea ses iris verte dans les siennes et affirma, sans défaillir :

-Parce que c'est toi.

Le silence s'instaura entre eux, et contrairement à ce qu'elle crut, Samantha ne ressentit pas le besoin de contredire, ou de bouder. Elle ne trouvait plus les mots, tout à coup, un simple merci, lui parut si dérisoire, comparé à ce que ces simples mots, cette unique phrase, produisait en elle. Mélange de soulagement et un écho de confiance, bouillit, pulsa dans ses veines, alors qu'elle réalisait. La fillette qu'elle avait été durant toute son enfance, le fantôme pâle, translucide, qui la toisait depuis le début de la discussion, sembla se confondre avec le décor sous ses yeux. Combien avait-elle changé depuis cette époque triste, qu'elle tâchait d'enterrer à chaque instant de sa vie ? Elle n'était plus la petite terrorisée, mais fière, n'osant ni se défendre, ni avouer ses souillures. Elle n'était plus l'esseulée livrée à elle-même, seule dans ses livres, ses regrets et ses échecs. Lucas venait de lui prouver, ces jours sombres s'étaient achevé à l'instant même où elle avait permis à des personnes telles que lui ou Eléanore de pénétrer son univers. De vrais amis.

Les relents de leur rencontre à tous les deux embauma son cœur et elle soupira gravement, avant d'envoyer une œillade désolée à l'adolescent qui se tenait à côté d'elle sans oser la toucher ou l'étreindre plus que de raison, embarrassé.

-Tu sais, des fois j'aimerai vraiment pouvoir dire à mon cœur, de t'aimer toi. Ce serait tellement plus simple. Parce que tu es un garçon tellement gentil Lucas, tellement accessible. Tu es loyal, réconfortant. J'aimerai vraiment arriver à t'aimer. Murmura-t-elle faiblement.

Lucas la contempla pensivement, une expression indescriptible étirant ses traits, à tel point qu'elle ne parvint pas à savoir si elle y lisait de la résignation, de la tristesse, ou simplement un constat évident, qui grandissait depuis si longtemps en lui, qu'il avait cessé de le faire souffrir.

-Mais tu ne peux pas. C'est Yuki que t'aime. Avoua le garçon avec un rictus serein.

Samantha retint un pouffement similaire, déçue par sa propre détermination dans ce domaine. Mais, quoi qu'elle tentait, quand bien même elle tâchait de se convaincre du contraire, ses sentiments demeuraient immuables, cinglants, striant sa poitrine. Pourtant, le professeur, le prince qu'elle avait cru entrevoir à cette époque, la sauvant de ses dragons, était depuis bien longtemps descendu de son fier destrier pour se parer de défauts, se couronner d'échecs et s'asseoir sur ce fait, inchangeable.

-Je suis désolée, j'ai beau lui dire d'arrêter de se faire du mal, il est têtu. Il est aussi borné que la gamine que j'étais à cette époque. Concéda-t-elle impuissante.
-Bah, c'est pas comme si j'étais amoureux de toi. J'te préfère comme mon amie. Ma meilleure amie.

Lucas haussa des épaules, et s'allongea sur l'estrade pour contempler le ciel au dessus d'eux, commençant à se gonfler de nuages gris. Mais son sourire ne le quitta pas.

-C'est pas Daniel ? Hasarda Samantha.
- Un mec peut pas avoir deux meilleurs amis ? J'ai mon meilleur ami mec, et ma meilleure amie fille ! Fit faussement outré le jeune homme.
-L'amitié entre un garçon et une fille t'y crois ? Douta la femme.
-Bah, oui, puisqu'il y a nous. On a déjà essayé, non. On sait ce que ça marchera pas autrement.

Parfois, Lucas pouvait déblatérer des phrases dignes de la naïveté et de la simplicité d'Eléanore. Peut-être était-ce cela, la première pierre du rempart infranchissable de leur amitié.

-T'as pas tort. C'est pour ça que t'es mon meilleur ami aussi, je crois. Finit-elle par céder.
-Parce que j'ai pas tort ? Et puis c'est pas Eléa… ?
- Je te retourne ce que tu m'as dit tout à l'heure ! Une fille ne peut pas avoir un meilleur ami mec et une fille

Ils éclatèrent de rire tous les deux, et Lucas observa pensivement la jeune fille à ses côtés.

-A quoi penses-tu ?
- J'me disais…Que toi et Eléa…Vous êtiez vraiment différentes. Lâcha le garçon sans détour.
- Ah ça…Tu te souviens au début, comme on s'engueulait ? Ricana Sam, ravie.
- Oh ça, mais vous le faites toujours !
-Mais moins !
-Ouais bof !
- Roh, quelle mauvaise foi !
-Tu parles.

Un nouveau rire les sépara.

-Mais on a bien grandies depuis…Rappela la dresseuse de Brasergali.
-Oui, c'est impressionnant même. Admit le brun.
-Qui aurait pu imaginer ça au début ?
- Pas moi !
- On est si différente ! Elle est riche, j'suis orpheline, fille d'un bandit sanguinaire. Elle a eu une enfance dorée, j'me suis battue pour la mienne. Elle est irréfléchie, et moi c'est le contraire, je pense trop, à tel point que j'agis moins vite qu'elle. Dit Sam à mesure qu'elle
-Et Pourtant…Vous vous opposez, et vous vous complétez, c'est incroyable, c'est dans vos différences que finalement, vous vous ressemblez !
-Et tous ces matchs nuls. Comme si à jamais, on devait rester sur un même pied d'égalité. Pour chaque victoire arrachée, il y a une défaite qui suit.
-Tu crois aux âmes sœurs, Sam ? Le dialogue de sourd s'acheva sur un regard rêveur de Lucas, qui accentua les accords graves de sa question.

Samantha se figea, et avec un sourire, s'appuyant sur ses bras tout en se penchant en arrière pour observer le ciel sans étoile, elle compromit, incapable de trouver en cette croyance son véritable avis.

-Je crois en beaucoup de choses.
- …Moi je pense, que ça existe. Et je crois, que vous l'êtes l'une pour l'autre. Pas dans le sens d'amoureux. Mais, dans l'autre.

Samantha contempla Lucas, qui lui renvoya son œillade, ses profondes prunelles vertes brillant d'une certitude inébranlable qui fit tressaillir la jeune femme, ébranlant ses propres convictions.

- Comme toi et Daniel en quelques sortes, jamais l'un sans l'autre. Renvoya-t-elle par réflexe, déstabilisée plus qu'elle ne l'avouait.

Mais à sa phrase, Lucas ferma simplement les paupières, et déclara sans l'ombre d'un doute :

-Voilà. Il n'y a pas beaucoup de choses dont je suis sûr à mon propos, mais ça, il n'y a aucun doute là-dessus.

Les deux amis se jaugèrent une seconde, méditant sur les paroles dans un silence, seulement décoré des échos de joies des autres danseurs, et de leurs joie festive.

-C'est quand même un peu puéril comme façon de penser. Le Ensemble pour toujours, et meilleurs amis jusqu'à la fin. Railla doucement Sam au bout d'un moment, réaliste.
-Peut être…Mais est-ce que tu te vois sans elle, toi ? Est-ce que tu vois ta vie sans elle ?
Samantha sentit à cette simple mention son cœur se compresser dans un étau douloureux, et elle trembla, les images de la vision qui l'avait hantée toutes ces années aussi fraiche qu'au premier instant, aussi douloureuse et désespérante. L'impuissance, à son apogée, le vide total, peut être parce qu'elle n'avait jamais pu contempler la suite de cette scène, mais Sam se sentait incapable de voir par-delà cette tragédie, tout se floutait, devenait aussi noir, une abysse ténébreuse, suffocante, qui aurait acceuillit son futur désemparé.

Automatiquement, elle hocha négativement de la tête, ses lèvres trop sèches pour proférer de telles mots, admettre une telle hypothèse alors qu'enfin, elle s'en voyait délivrer.

- On est plus des enfants…Commença Lucas, gentiment. -On a bien grandi…Mais on croit toujours aux choses de gamins.
- Tu te souviens de ce que tu m'as dit, quand on s'est rencontré, sur la maturité… ? Bredouilla Sam, mal à l'aise.

Lucas fouilla dans sa mémoire, mais il dut lancer, hagard, désolé :

-Pas vraiment…
- Être Adulte, ce n'est pas seulement agir en tant que tel…C'est être en paix avec soi-même. Récita Sam en fermant les paupières, revoyant encore les traits de son ami plus jeune, devant un feu de camp, au milieu de la forêt de Jade.

Lucas sembla voir où elle désirait en venir, et eut un sourire complice.

-Même si c'est une pensée de gamine, le ensemble pour toujours, les âmes sœurs, les meilleurs amies et tout ça…Je trouve ça évident, je crois même que c'est ce qu'il y a de plus harmonieux et logique dans mon cœur en ce moment.

Les deux amis échangèrent une œillade, en communion, puis se tournèrent vers la foule qui les entourait, dansant, chantant, parfois les deux à la fois, et Lucas ne put réprimer, en ouvrant les bras vers eux :

-Félicitatiooons, nous sommes officiellement adultes !

Samantha tapa faiblement le crâne de Lucas, désespérée de voir un moment si touchant ruiné par sa plaisanterie, et le garçon gémit en se massant la nuque.

-Ma parole, tu te prends pour Eléa ou Cristal d'un coup ? Maugréa-t-il.

Le visage de Sam s'illumina alors, et elle s'exclama brusquement :

-Oh, d'ailleurs, faut que je te parle d'un truc, j'ai une idée pour Eléa !

D'un geste elle se pencha vers lui et murmura quelques mots à son oreille, sa chevelure dévala en cascade sur l'épaule du garçon absorbé par le secret, hochant progressivement du chef, captivé, puis elle se retira, ses mèches soyeuses suivant son mouvement gracieusement avant d'être jetées d'un mouvement sec en arrière par la jeune femme.

- Tu crois que c'est possible… ?

Lucas resta une seconde inerte, songeur, puis un sourire étira ses lèvres, et il expliqua simplement :

- Va falloir convaincre tout le monde et Gabriel mais…
- Pour Eléa…Reprit son amie.
-Ca devrait pouvoir se faire ! Finirent-ils en duo.

Aussitôt, le garçon se remit sur ses jambes et se fraya un chemin dans la foule, pour s'y dissoudre totalement. Au dessus de leurs têtes, le ciel gris se chargea d'humidité.

Pendant ce temps, Eléa oscillait, les jambes encore frêles, d'un groupe à un autre, cherchant Daniel ou Silver. Esquivant parfois des danseurs, reculant pour contempler le cœur gros des enfants qui quémandaient des histoires à leurs idoles, leur demandant autographes et démonstrations par là-même, elle soupira. Depuis dix minutes qu'elle avait quitté Sam et Lucas, et rien, la cacophonie de la fête l'entourait, l'assourdissait complètement, brouillants es repères. Elle ne savait déjà plus vers où elle se dirigeait, et avait été aveuglée par quelques flashs d'appareil photo indiscernables dans la foule, ou les lumières que faisaient tournoyer les Pokémons psy. Elle ne parvenait même plus à percevoir Miyu, pourtant si liée à elle, dans la masse grouillante.

Soudain, une main lui saisit l'épaule, et Eléa retint un hurlement strident, mais le visage avenant de Steven ; le fils héritier de la Devon, apparut devant elle pour chasser le doute. Ce dernier en costume, comme à son habitude, deux verres tenant adroitement dans chacune de ses mains, lui sourit :

- Oh, coucou petite, alors, il parait que c'est toi qu'on fête… ?
-Hein ? H-heu, oui. Répondit simplement Eléanore, dans le doute, le bruit bourdonnant à ses oreilles et empêchant de percevoir l'intégralité de la phrase qu'on lui avait lancé.
-Tu te souviens de moi ? Demanda l'homme d'affaire.
-Ouep, j'oublie pas les prénoms si facilement. –Cette fois, la jeune dresseuse s'était concentrée pour ne pas louper un seul mot- Puis je vous avais déjà entraperçus avant Twilight. Dans une des soirées de mon père…Votre père est sympa, même si je préférais votre mère, elle m'offrait des sucreries en cachette.

Steven arqua un sourcil, et lui renvoya une œillade malheureuse.

-Oui, ma mère manque à beaucoup de monde. Mumura-t-il si doucement que la jeune fille n'entendit rien de cette remarque. Puis il reprit une mine joyeuse, et relança, plus fort cette fois -En tout cas merci d'être un prétexte parfait !

Il montra Peter qui dansait contre Marion, se serrant l'un contre l'autre tendrement, un peu à l'écart mais sur la piste de danse, à l'aide d'un des rares doigts encore disponibles entre toutes ces coupes de champagne et ses verres de bières.

-Il avait besoin de se détendre. Avec l'approche de la mort de Yoann qui approche en plus de celle de Harry qui vient de…Enfin tu vois. Ajouta le chef d'entreprise.

Le dit prétexte tiqua, et son orgueil se gonfla d'un jet, tout comme sa joue, alors qu'elle marmonnait, avec défi :

-Hey, faut pas croire, on fête ça pour moi, si j'en ai envie !

Steven s'arrêta, comprenant qu'il venait de vexer la gamine, et il se rattrapa aussitôt en affichant son expression toute commerciale pour attirer la sympathie du client.

- Ah-ah, tu as bien raison. Allez ne boude pas, tu es moins mignonne comme ça ! Je me souviens de ta bouille d'ange quand tu étais encore haute comme ça, avec ta robe de Dentelle ! –Il mima une taille minuscule d'un enfant lui parvenant à peine aux genoux, ce qui renfrogna un peu plus Eléa et manqua de le faire tomber avec son précieux chargement- Allez tient, trinquons en ton honneur alors ! Et rien que pour toi !

Il lui enfila dans les mains un verre débordant d'un liquide ambré et adressa un clin d'œil complice à la gamine. Eléa put à peine réaliser qu'elle tenait de la bière, que le champion d'Hoenn sursauta, scrutant la foule amusé, pris la main dans le sac.

- Mince, voilà Marc, tiens prend la mienne, faut pas qu'il me voit avec !

En une seconde, Eléa se retrouva les bras chargés d'alcool, les yeux ronds, et Steven se redressa, tapotant sur l'épaule de la première personne qu'il croisa pour feindre une conversation avec lui. Ce type était trop fort.

-Oh, mais je vous connais vous ! C'est vous qui avez aidé monsieur Gold ! Chantonna Chris des étincelles dans les yeux, ainsi appelé, alors qu'il dansait bizarrement avec Angie.

Mais il n'avait pas de bol.

Alors que Pierre Rochard se trouvait d'ores et déjà ensevelis sous les babillements des deux ex-bandits en blanc, le maître de la ligue d'Hoenn, vêtu de son habituelle tenue extravagante barriolée, et de sa cape à dentelles, s'approcha d'eux.

- Steve…Commença Marc.

Steven n'attendit pas une seconde de plus pour échapper à la pression qu'exerçait chris et Angie, et il se jeta vers son amant pour lui prendre le poignée, et lâcher un imparable :

- Hé, on va danser ?

LA proposition agrémentée d'un clin d'œil coquin fit rougir le champion qui se laissa entraîner sans même un regard de reproche pour Eléa et l'alcool qu'elle tenait. La jeune dresseuse les vit bientôt partir en slow sur la piste, et fermer les yeux amoureusement pour se laisser bercer par le rythme. La jeune fille elle-même chercha à s'évader, se fondre dans la mélodie, et se surprit à n'entendre le chant d'Eléanora, à présent à peine plus fort qu'un murmure dans le lointain. Elle rouvrit les paupières, avec une mine ravie, observa de nouveau le couple, haussa des épaules, puis avala une première gorgée du liquide ambrée en reprenant ses recherches.

Elle finirait bien par retrouver Silver ou Gold. Et ma foi, si elle dénichait Gold, Silver ne serait jamais loin.


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Voilà, c'est la fin du chapitre. Normalement je voulais couper après la graaande discussion sur Silver, mais ça aurait agrandit le chapitre à 49 pages word, ce qui faisait beaucoup. Et puis comme ça, j'ai de l'avance sur l'écriture du prochain.

Allez, comme c'est le dénouement je vous donne un avant-goût de la suite !

Au prochain chapitre : Des moments Gold/Silver – Eléa/Silver – Sam/Yuki – Louka/Cristal – Eléa/Daniel, un chapitre de grandes discussions pour que tous les personnages mettent leurs relations au clair, ou au contraire, les rendent encore plus brumeuse !


Voici la citation de la prochaine partie : « Le bonheur, c'est quand le temps s'arrête. »

Et également les titres de toutes les parties de ce film :

-La Reine des Dominos (Que vous suivez actuellement)
-Quand le Destin se mêle au sort des Hommes…(Un arc de transition)
-Il ne connait ni Pitié, ni Justice. (Le dénouement en lui-même, qui je pense vous surprendra grandement, par la mort d'une personne auquel vous ne vous attendez sûrement pas. Au total, il y 3 morts)
-Epilogue (Quelle originalité n'est-ce pas ?)