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La Faucheuse. de T-Tylon



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» Auteur : T-Tylon - Voir le profil
» Créé le 26/10/2010 à 20:45
» Dernière mise à jour le 15/12/2010 à 19:24

» Mots-clés :   Présence d'armes   Sinnoh   Suspense   Terreur

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Coercition.
(Quatrième partie)



Sinnoh. Extrême Sud-Ouest de la route 212 B, à proximité de la côte.

Dimanche 11 Avril. 16 heures 55 minutes.



Le choc fut terrible : L'onde se propagea dans son corps, sa prison vola en éclat, l'arbre implosa sous la pression du coup, et il fut projeté loin derrière dans une détonation fracassante ; emportant avec lui les restes du tronc. Il vola ainsi sur plusieurs dizaines de mètre plus loin pour atterrir sur la plage reliant l'océan aux marais, indemne. Sauf son avatar qui disparut définitivement sous la puissance du dernier assaut, combiné avec le laser glace du serpent.

Son dernier réflexe lui fut salvateur. Pendant qu'il suintait son plus poison le plus corrosif pour s'échapper, il rassembla tous les autres qui composaient sa constitution dans l'Acidarmure la plus dense qu'il ait jamais créée de toute sa vie. Ce faisant, il put « survivre » au choc qui l'aurait certainement fait éclater comme une bulle de bubble-gum. Mais la manœuvre eut un prix terrible : elle draina les maigres forces qui lui restaient dans son corps, le laissant ainsi à la merci des ses agresseurs.

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Il avait cherché cet endroit depuis des lustres, souffrant comme personne de devoir subir la faim qui le tenaillait sans pouvoir l'assouvir. De devoir se cacher du monde et rester dans les fins fonds boueux du marais. De devoir fuir les autres pokémon et les rangers qui s'acharnaient à l'empêcher de sévir. Il avait sacrifié tellement de sa propre personne à essayer de survivre en créant de nouvelle zone de putréfaction, en tentant d'attaquer les habitants pour se repaitre de leurs cadavres qu'il aurait putréfiés. De suer corps et âme pour trouver le lieu de son salut. Il avait même tenté une dernière tentative de capture à proximité de la ville humaine, pour ne serait-ce que tenter de calmer sa faim… Mais ils s'enfuirent tous à sa vue et à son odeur lorsqu'il dut être obligé d'arrêter son camouflage, le privant une nouvelle fois d'une chance de se nourrir. Mais cette dernière action lui permit de sentir à nouveau cette délicate odeur plus clairement.

En se camouflant à l'odeur et au poison, il ne pouvait plus sentir cette même odeur, ni celle du marais d'ailleurs, n'ayant d'autres choix que d'errer ainsi en espérant que la chance lui sourit. Et enfin elle se manifestait. Il « nageait » à pleine vitesse en direction de l'endroit en question, et il tomba sur une maison humaine qui empestait le même effluve que lors de son arrivée. Les réjouissances ne furent que de courte durée, car cette dernière était envahit par de nombreux humains et pokémon, dont certains qui lui poseraient d'énorme problèmes. Il ne pouvait plus se permettre d'attendre, de perdre du temps et de l'énergie à les affronter, et surtout de risquer de finir capturé ; il avait bien trop souffert pour çà. Il n'hésita pas et attaqua en premier, bombardant ses victimes et la maison d'une vague de détritus qui les prit tous par surprise ; commençant même à dissoudre l'habitation.

Il aurait aimé s'arrêter un bref moment pour se repaitre d'eux, ayant enfin réussi à avoir des proies. Mais d'un autre côté il ne devait plus s'arrêter, et se rappelait que nombre d'humains, qui ressemblaient à deux d'entre eux, se rendaient rapidement sur les lieux où il créait ses fosses de mort en en interdisant l'accès. Il ne faudrait donc pas longtemps avant que d'autres se ramènent vers lui, et il n'aurait pas le temps de festoyer. Il prit donc à nouveau son mal en patience, et se rua en direction de la plage en se fiant à cette odeur.


Et maintenant qu'il avait enfin trouvé cet endroit, qu'il était à portée de son bonheur, qu'il pouvait déjà sentir le goût putréfié se répandre dans sa bouche nécrosée… Il devait se rendre à l'évidence : il ne pourrait jamais y goûter. Chaque fois qu'il y était presque, quelque chose se mettait en travers de sa route. Peut importe à quel point il essayait, ça ne servait à rien si le monde entier en a après lui.

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Il concentra ses derniers efforts à trouver une échappatoire, à contrecœur. Il pleurait même des larmes empoisonnées de rage et d'impuissance de devoir faire une croix dessus, et de se rappeler à quel point il avait été bien dans sa fosse d'égout dans le manoir. Il regrettait amèrement d'avoir été aussi avide de nouvelle sensation, et de ne pas avoir simplement continué à profiter de sa vie de pacha. D'avoir été aussi arrogant pour penser traverser ces terres sans problème, et d'avoir souffert mille tourments en guise de punition… Et comme si cela ne suffisait pas, voilà qu'il devait maintenant rebrousser chemin à quelque mètres de son but…

… Pourquoi être arrivé aussi loin pour devoir fuir… Pourquoi…


Son malheur ne semblait pas s'arrêter là : Ses agresseurs sortirent à leur tour de la forêt pour s'aligner en face de lui dans un demi-cercle concentrique autour de lui, le mettant dos à l'océan. Il tourna la tête de droite à gauche pour trouver une issue désespérément, mais il n'y avait que du sable à perte de vue, et à peine quelques petits récifs qui venaient briser cette monotonie ; ainsi que les restes du tronc d'arbre l'ayant accompagné dans sa chute… Il était cerné, dans une impasse. Il n'avait aucun couvert, plus d'avatar, et presque plus de force… Et il était sous sa véritable forme en face d'eux, sans aucune chance de victoire.

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De leur côté, le groupe de Cynthia pouvait enfin voir la véritable apparence du responsable de l'état pitoyable dans lequel était la forêt ; avec une certaine mine de pitié à son égard.

Il était petit, ne faisant même pas un mètre de diamètre. Il était affaiblit, ce qui se voyait à la façon qu'il avait de se déplacer sur le sol sablonneux de la plage comme un tétraplégique ; rampant sur le sol en avançant de ses deux bras. Il avait épuisé ses réserves à tenter de fuir et de leur résister durant les derniers assauts, n'étant même plus capable de dissoudre le sable qui se mélangeait à son corps, et qui l'irritait dans son malheur. Il poussait de faibles râles étouffés par le bruit des vagues sous le vent de la mer, alors qu'il reculait comme il pouvait vers les restes du tronc d'arbre qui s'était écrasé quelques mètres plus loin que lui, se retournant de façon lente et maladroite de temps en temps pour voir surveiller ses agresseurs ; ces derniers qui ne virent dans son regard que le désespoir d'une bête sachant qu'elle allait être envoyée à l'abattoir.


Un bref instant, la ranger avait savourée le fait d'avoir fait subir et faire souffrir cette horreur pour ce qu'elle avait fait à ses amis… Et là, elle ne ressentait plus rien d'autre à l'égard du pokémon poison que de la pitié. Il était pitoyable, faible, et dorénavant sans aucune défense, complètement à leur merci. Elle voyait son regard apeuré et entendait ses cris terrifiés comme les autres, et cela lui fit quelque chose.

Mais d'un autre côté, elle se demandait ce que ce dernier pouvait bien avoir pensé lorsque ses victimes étaient tout aussi désespérées que lui, alors qu'elles mourraient lentement devant ses yeux dans une souffrance innommable. Elle se rappelait des visages torturés et défigurés de ses amis par son poison, les ayant presque perdus devant ses yeux. Et elle ressentit à nouveau la rage de ce moment, celle de l'impuissance. Mais elle ne pouvait pas haïr un pokémon pour s'être comporté comme il le devait, comme son instinct lui ordonnait de le faire. Alors sa rage confronta sa pitié, et le résulta fut que le spectacle du Grotadmorv ne lui faisait plus ni chaud ni froid.


Elle s'avança donc lentement en direction de ce dernier, toujours sur le dos de Cricket, chacun de ses pas marquant une trace de sable profonde à laquelle le Grotadmorv reculait en poussant des cris de plus en plus apeurés, faisant signe du bras au reste du groupe de rester en retrait.


« Vous êtes sure de vous ? » Lui demanda l'ex maitresse sur sa Carchacrok, le Magneti lévitant à ses côtés.

« Regardez-le… »


Elle ne s'était même pas retournée pour lui faire face correctement, se contentant toujours de fixer le pokémon du regard pour appuyer sa réponse. L'ex maitresse ne répliqua pas, se contentant de regarder le pauvre petit Grotadmorv paniqué qui regardait de droite à gauche désespérément, raccroché à l'illusion qu'il puisse trouver une sortie.


« … Je n'aurais pas crû que vôtre plan puisse se révéler aussi efficace… » Reprit-elle. « … Si j'avais su, je n'aurais pas eut à expliquer le capstick à Luna… »


Elle avait dit cela sur un ton neutre à la limite du dépité, dépliant sa propre baguette et « armant » son propre appareil pour mettre un point final à tout cela. Elle s'approcha encore plus du Grotadmorv d'un pas lent et sourd, ce qui avait pour effet d'augmenter sa panique au fur et à mesure qu'elle s'approchait de lui.


Elle se devait de reconnaitre qu'elle avait sous-estimée l'ancienne maitresse au vu du résultat… Non, en fait elle n'avait aucune idée de sa vraie puissance ; ce qu'elle venait de leur montrer n'étant qu'une petite partie de ce qu'elle savait faire.

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Elle avait ralentie avec sa Carchacrok à quelques kilomètres de l'arrivée, en leur hurlant de continuer sans se retourner. Ses pokémon lui obéirent sans discuter, malgré le fait que la ranger n'ait pas saisit la finalité derrière cette « arrêt », et ils continuèrent derrière elle à toute vitesse.

Puis ils entendirent et virent le golem de vase droit devant, qui dépassait la cime des arbres de par sa taille, et elle prit l'initiative de l'attaquer en première. Les deux autres pokémon arrivèrent un peu plus tard, mais firent un travail d'équipe remarquable pour lui permettre d'affaiblir le pokémon poison avant la capture. Mais il arrivait toujours à s'en remettre, même si c'était difficilement, et elle avait commencée à paniquer à la vue du Grotadmorv reprenant une taille imposante. Mais la championne de Vestigion lui fit comprendre de ne pas s'en faire, car tout se passait comme prévu. Il leur fallait juste l'empêcher d'accéder aux ruines en l'attaquant de plus belle. De nouvelles attaques combinées volèrent sur lui, le forçant à rester à couvert de l'arbre, et le laser glace de la Milobellus vint l'immobiliser définitivement en gelant son avatar.

Elle soupira de soulagement, l'espace d'un moment, en comprenant que toutes ces attaques avaient été portées dans l'idée de briser sa défense, de le forcer à tenter de la reformer en fabriquant à nouveau ses principaux matériaux, et de retourner ce même système contre lui. Un plan brillant, il fallait l'admettre.

Mais il ne s'avouait toujours pas vaincu, et gardait toujours un as dans sa manche. Lorsqu'elle vit que le pokémon allait réussir à fuir sa prison de glace, elle ne savait pas quoi faire, car à cause de cette même glace, et de l'arbre auquel il était prisonnier, elle ne pouvait pas lancer son capstick. Et s'il s'échappait : tout cela aura été fait en vain. Mais elle n'eut pas le temps de penser à ce dernier détail que la championne hurla son signal à la l'ancienne maitresse de l'ile, qui se faisait attendre, et entendit une détonation puissante vibrer jusqu'ici.

Tout comme le Grotadmorv, elle ne put distinguer la nature de l'origine de ce bruit, que quand celle-ci percuta la prison de glace et le pokémon la retenant, la faisant imploser sous le choc, et emportant même le tronc derrière lui lorsque ce dernier fut littéralement explosé comme un fruit trop mûr.

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Elle était estomaquée par la vitesse et la puissance du coup, ne l'ayant même pas « vu » à proprement parler, tellement la vélocité surpassait sa capacité d'acuité visuelle dynamique. Et lorsqu'elle reconnut les auteurs de cette véritable percée éclair, elle resta stoïque de stupéfaction. L'instant d'après cela lui passa, quand l'ex maitresse se tourna vers eux pour leur dire que ce n'était pas finit tant qu'il était encore en liberté, et elle put finalement comprendre la véritable nature de son plan, si simple et pourtant si brillant : Affaiblir le Grotadmorv, le forcer à entrer dans un état suffisamment liquide pour que le laser glace puisse le geler et, une fois ces deux dernières étapes franchies, donner le signal pour permettre à la Carchacrok de faire comprendre à cette forêt la définition du terme « supersonique » dans le dictionnaire ; la dragonne jouant le rôle de brise-glace, et le Magneti dans sa gueule le rôle de bélier.


Elle se rendit compte à quel point l'écart était grand entre leurs compétences respectives. Car si elle paraissait si détendue à chaque fois qu'elle faisait face à un problème, ce n'était pas dû à son attitude arrogante, mais bel et bien à ses compétences et à son expérience, ainsi qu'aux liens qu'elle entretenait avec ses amis… Elle avait encore beaucoup de chemin à faire sur la voie des rangers.


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Le Grotadmorv ne voyait aucune issue. Il se savait piéger et à leur merci. Il reconnut les vêtements de l'humaine qui l'approchait comme étant presque identique à ceux qu'il avait attaqué, et il fit une association d'idée qui l'amena à la vraie terreur : elle venait pour se venger, et il allait mourir pour çà.

Il poussait des cris de plus en plus fort à l'attention de cette dernière, la suppliant de ne pas l'approchée, de le laisser vivre. Mais elle ne comprenait pas un traitre mot de ce qui paraissait être pour elle des râles de peur, et continuait d'avancer avec ce regard neutre dans sa direction qui le faisait paniquer de plus belle.

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Il se rappelait d'avoir vécu dans les égouts en compagnie d'autres petits Tadmorv qui l'avaient adopté comme chef, lui offrant l'impression d'avoir une vraie famille même s'ils n'étaient que 2 en dehors de lui. Ils coulaient des jours paisibles à se repaitre des ordures du manoir, et ces deux derniers finirent même par fusionner pour devenir un autre Grotadmorv. Il était tout content d'avoir un autre Grotadmorv avec lequel il pouvait jouer dans les ordures et les eaux croupies, jusqu'au jour où le cauchemar arriva.


Les humains firent siphonner la fosse via un produit « hygiénique » censé nettoyer l'endroit de toute trace de pourriture, sur ordre du maitre des lieux. La vague de produit leur arriva en plein dessus et il l'encaissa sans problème, riant même d'un rire caverneux étouffé par les glaires à cette tentative inutile. Il se tourna vers son camarade pour lui dire quelque chose du genre :
« Ouah j'ai peur ! Regardez ce soit disant produit qui fait disparaitre la crasse ! Hey, et si on leur renvoyait la pareille ? »
Mais il ne trouva personne pour lui répondre, son ami avait tout simplement disparut. Il pensa qu'il avait fuit devant le « danger », apeuré par l'idée de se faire « nettoyer », et le laissant seul en s'enfuyant comme un lâche. Il n'arrivait pas à se faire à cette idée, et pesta de rage de constater qu'il n'était vraiment plus là après avoir chercher dans le moindre recoin de la fosse pendant des jours. Il était certains que son ami l'avait abandonné. Tant pis, car maintenant : toute la fosse était sienne !

… Mais cette solitude le pesait. A quoi servait d'être dans un tel Eden d'ordure si l'on ne peut pas en profiter avec quelqu'un ? Il s'aventura donc de plus en plus loin dans les égouts à la recherche de son ami, tentant désespérément de le retrouver. Il finit par arriver à la bouche de sortie menant vers l'air « libre » en direction de la forêt, et sentit cette délicieuse odeur lui titiller les narines. L'instant d'après il oublia son ami, dont il pensait qu'il l'avait trahit, pour suivre cette odeur ; un nouveau but animant ses journées… Et l'enfer en résultant.

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Il finissait par remettre en cause la raison de la disparition de son ami, alors qu'il s'apprêtait lui-même à disparaitre. Il se rappelait de la douleur du marais la première fois, comment il avait faillit être dissout dans ces eaux salement propre… Mais il avait survécu. Il se rappela s'être regardé dans une flaque d'eau propre avant de la corrompre définitivement, et d'y avoir vu son reflet vert qui tranchait avec celui mauve de son ancien compagnon. Il cru dur comme fer que c'était la raison pour laquelle il s'était enfuit, parce qu'il était hideux à voir selon lui…


Mais maintenant il faisait quelque chose que la majorité de ses semblables ne savaient même pas faire : réfléchir sérieusement. Et il se trouvait être bon dans le domaine.

Les humains du manoir et ceux des marais se comportaient de la même manière en face de la saleté et de la putréfaction : nettoyage. Et le marais s'était révélé être dangereux pour lui, mais il avait trouvé un moyen d'y résister. Mais est-ce que son ami aurait pu aussi le faire ? Est-ce que sa couleur et la toxicité de ses poisons n'étaient pas la raison pour laquelle il pouvait avoir résisté ? Et si son ami ne l'avait jamais trahi, mais était mort à côté de lui sans l'avoir vu ? Et cette humaine qui se rapprochait de lui avec un appareil semblable à celui de ses pairs qui pouvait le capturer, et le condamner à la peine capitale.

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Il en était certains. Elle ne l'écoutait pas, et continuait d'avancer malgré ses cris. Elle restait sourde à ses ordres avec ce regard neutre qui lui disait qu'elle n'avait cure de son existence. Elle portait les mêmes habits que ceux qu'il avait attaqués, et reconnut l'un des pokémon de ces rangers qu'il avait aussi pris par surprise ! Ils voulaient se venger ! Il allait mourir ! Il allait mourir ! Il allait mourir alors qu'il ne voulait que se nourrir et ne plus être seul ! Et elle se rapprochait encore de lui, alors qu'il ne pouvait pas reculer d'avantage dans l'eau de mer ; cette même eau de mer qui le faisait souffrir et qui était encore plus dangereuse que le marais ! Elle allait le jeter dedans ! Il allait mourir ! Il allait mourir ! Il allait mourir !


MOURIR !


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« MOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOORV !!!!! »


Il craqua à cette perspective dans un cri tonitruant raclé par les glaires de sa gueule qui s'était ouverte de façon béante, surprenant totalement ses adversaires par la puissance de l'intonation qui résonna à des kilomètres de là.

Il ne leur laissa pas le temps de réagir et se précipita sur les reste du tronc d'arbre en mettant strictement toutes ses dernières forces à le manger, lui donnant l'image d'avaler une banane verte avec la peau. C'était répugnant de devoir consommer quelque chose d'aussi « frais », mais il n'avait pas le choix : c'était çà ou mourir.

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De leur côté, Sarah et Cricket furent si surpris par la puissance du cri qu'ils reculèrent instinctivement, tout comme ses alliés. L'ex-maitresse cria à l'attention générale quand elle vit ce que préparait le Grotadmorv.


« Il tente de consommer l'arbre pour reprendre des forces, Arrêtez-le ! »


Trop tard. A l'image du glouton préférant avaler son repas d'un trait au risque de le vomir plutôt que de le laisser à autrui, le Grotadmorv englouti les restes de l'arbre dans un bruit d'acide terrifiant qui le liquéfiait rapidement, et le pokémon poison commençait à récupérer une taille plus que problématique pour le groupe.

Commençant à paniquer à son tour à cette vue, la ranger commença à crier en direction de la personne sur la serpente.


« Luna, le capstick, MAINTENANT ! » Alors qu'elle pointait le sien en direction du Grotadmorv.


Mais celui-ci ne lui laissant pas le temps de lancer son appareil. Il n'hésita pas une seconde à sacrifier une partie des quelques forces qu'il venait de récupérer en exultant un puissant jet de fumée toxique opaque de sa bouche qui vint recouvrir violement le terrain, engloutissant ses adversaires et lui dedans.


« NE RESPIREZ PAS ET SORTEZ DE LA ! » Hurla l'ex maitresse en évitant de reprendre son souffle. « HAPPY : VENT ARRIERE ! »


Ce dernier obéit après s'être envolé pour éviter l'attaque, tout comme son homologue métallique. Ils bâtèrent des ailes à l'unisson, et dégagèrent-en un rien de temps le nuage de fumée toxique qui saturait la zone, pour y redécouvrir tous les protagonistes de la scène… A part le Grotadmorv et Hana qui avaient disparut.


« HANA, LUNA ! » Commença a hurlé l'ex maitresse. Et elle fut répondue par un jet d'eau venant de la forêt un peu plus loin.


Ils prirent la direction indiquée par la serpente à toute vitesse, cette dernière qui en lâchait le plus souvent possible pour actualiser leur position dans les airs. Mais il n'y avait pas de doute concernant l'endroit où ils devaient se rendre : les ruines.

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Rhélys fonçait à nouveau à pleine vitesse avec Cynthia sur son dos qui s'accrochait comme elle pouvait. Malgré ses recommandations, elle avait inhalée un peu du poison contenue dans l'air, et elle commençait à éprouver des vertiges et des problèmes de concentration. Elle se mordit la lèvre jusqu'au sang, la douleur lui permettant de rester la plus concentrée possible. Mais elle s'était mordue pour une autre raison : sa négligence. Elle savait que les animaux acculés et désespérés étaient les plus dangereux, parce qu'ils n'ont plus rien à perdre, et le shiny était encore plus dangereux ! Pourquoi elle n'avait pas réagit cette évidence qui lui crevait les yeux ?! Peut-être à cause du regard pitoyable du pokémon ? Merde ! « Ne jamais se fier aux apparences. » C'est pourtant la règle de base du combat en général ! Comment a-t-elle fait pour l'oublier ?


Mais plus important pour l'instant, sa Millobelus retenait le Grotadmorv comme elle le pouvait. Mais sans sa dresseuse pour la diriger, et toujours avec une passagère à protéger de surcroit, la tâche se révélait ardue. Il fallait donc se reprendre rapidement, et de dépêcher de lui apporter de l'aide.


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Un peu plus loin, à un peu plus d'une dizaine de mètres des ruines, la Milobellus menait un combat désespéré contre le Grotadmorv qui se battait avec l'énergie du désespoir ; l'humaine s'accrochant toujours désespérément à ses cheveux, ce qui entravait lourdement ses mouvements. Esquives et maintiens à distance était devenus ses tactiques primordiales durant cet affrontement, tout en essayant difficilement d'empêcher le pokémon poison d'approcher d'avantage de son but.

Ce dernier n'était pas dupe, malgré son état déchainé, il voyait bien que son adversaire peinait tout le mal du monde à le retenir avec ce poids contraignant sur son dos, et que maintenir une telle pression n'était pas à son avantage. Il avait l'avantage tant que les autres ne revenaient pas, il fallait en profiter.


De nouvelles volées de petits détritus volèrent en direction du serpent, ou plus précisément vers la personne qu'elle portait. Le Grotadmorv changeait sa tactique : attaquer l'humaine via une projection de faible détritus pour le serpent, mais qui serait toujours mortelle pour l'humaine ; optant pour la quantité au lieu de la qualité.

Cette tactique s'avéra payante, vu que la Milobellus lui concédait du terrain pour éviter que sa passagère ne soit touchée. Mais cette dernière n'avait pas dit son dernier mot, ni abattue ses dernières cartes : Elle lui renvoya plusieurs salve de pistolets à o pour le gêner au maximum, la pluie n'étant pas déjà suffisante pour lui. Il poussa un râle de colère contenue, et riposta au travers d'un nouveau nuage toxique qu'il laissait planer délibérément derrière lui pour l'empêcher de la suivre…

Mais elle avait aussi anticipé ce coup, fidèle à son statut de pokémon d'élite ; il les aurait une fois avec ce coup, mais pas deux. Elle riposta à son tour en gonflant ses joues, et lâcha un puissant souffle froid, qui vint dégager le nuage toxique et frapper de plein fouet son adversaire, ce qui l'entravait presque autant que le précédent laser glace.


Mais lui aussi ne se ferait plus avoir une seconde fois par ce genre de tactique. Ayant expérimenté leurs effets au travers du Dracochoc de la dragonne, il ne se laisserait plus piégé sans réagir. Il se condensa à nouveau légèrement, et la fine pellicule de glace qui le recouvrait s'évapora en quelques secondes ; il avait gardé un quart des maigres forces qu'il récupéra pour générer un poison anti-gel qui pallierait à ce genre de situation.

Son adversaire ne put en croire ses yeux, et tenta à nouveau de lui barrer la route au travers d'un puissant Hydrocanon qui contrastait avec ses précédentes attaques plus faibles ; démontrant à quel point la situation était désespérée pour cette dernière.

Là encore le Grotadmorv ne fut point aveugle à ce détail, qui lui regonfla le moral sur le coup et accru sa détermination. Il imagina immédiatement un plan en tête pour se débarrasser définitivement de cette gêneuse, et s'arrêta un bref instant pour se prendre l'attaque aquatique de plein fouet. Cette dernière déracina même certains arbres des environs de par sa puissance, tellement la Milobellus ne pouvait se permettre de se retenir.


Une fois l'attaque dissipée et la vision du champ de bataille rétablie, la serpente put constater les effets de son coup sur son adversaire avec une pointe de soulagement : il était divisé de volume par deux au moins, et remuait faiblement à proximité du trou dans lequel était enraciné l'arbre le plus proche avant son attaque. Mais il bougeait encore, cela signifiait qu'il avait encore des forces.

La Milobellus se rappelait instinctivement l'erreur fatale qu'ils avaient faite sur la plage en l'ayant sous-estimé gravement, il ne fallait absolument pas recommencer. Et pour cela il fallait prendre l'initiative quand elle se présentait, comme sa dresseuse lui avait enseignée.


Mais elle hésita un faible instant à cause de sa passagère ; et s'il arrivait quelque chose d'imprévus ? Et si le Grotadmorv lui tendait un piège ? Elle trouvait qu'il s'était prit cette attaque avec un peu trop de facilité, mais d'un autre côté se reconnaissait avoir une très bonne visée. Elle pouvait toujours jouer la carte de la prudence en continuant de l'arroser d'attaque à distance, mais elle savait qu'elle devait s'approcher pour être sûre et certaine qu'il était hors d'état de nuire… Seulement elle était à court de force, sa course et ses précédentes manœuvres, avec l'humaine sur son dos, l'a laissait essoufflée ; contrairement à son adversaire qui c'était refait une santé, même si ce n'était qu'un palliatif. Si elle n'en profitait pas maintenant, elle n'aurait pas d'autres occasions.

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Elle s'élança d'un coup, en essayant d'être la plus rapide possible avec sa passagère sur elle, prête à lâcher un laser glace qui finirait de le mettre K.O ; frapper vite et fort d'un seul coup, ne lui laissant pas le temps de réagir. Elle misait tout là-dessus.

Elle arriva rapidement sur ses « restes » en sautant par-dessus –pour éviter une hypothétique contre-attaque surprise et avoir le meilleur angle de tir- et relâcha son attaque qui arriva en plein sur la cible, la gelant totalement sur le coup dans une explosion de fumée blanche. Elle se rattrapa adroitement quelques mètres plus loin dans une démarche de ressort, encore plus agile et précise qu'un Groret, dans le seul but de ne pas perdre sa partenaire du moment ; cette dernière qui ne s'était contentée que de maintenir sa prise le plus fermement possible pour ne pas tomber.

Elle prit un petit moment de repos pour récupérer son souffle, puis se dirigea lentement et prudemment vers sa victime, toujours enfermée dans ce linceul de fumée blanche qui se dissipait lentement sous l'effet de la pluie. Elle glissait doucement en direction du trou, ses sens toujours en alerte malgré sa fatigue. Mais lorsqu'elle arriva au niveau du trou, elle ne vit dans la prison de glace qu'un amas de terre et d'eaux boueuse aux couleurs du Grotadmorv.


« DERRIERE ! »


L'humaine l'avertit à l'ultime moment du danger, son ennemi se trouvant être juste dans son dos et sur le point de relâcher un attaque, et elle eut le réflexe salvateur d'esquiver un Ecras'face toxique qui visait sa partenaire. Malheureusement la manœuvre fit perdre l'équilibre à celle-ci qui s'écrasa dans la boue, sous le regard paniqué de la Milobellus qui voyait le Grotadmorv la charger en priorité ; car c'était elle qui possédait tous les soins du groupe.

Dans un dernier effort, la Milobellus prit à nouveau la pose d'un ressort et s'élança pour s'interposer entre eux deux. Elle fut cette fois-ci touchée par le second Ecras'face du Grotadmorv, dont la puissance et la toxicité extrême du coup commençait à écailler sa peau, la faisant hurler de douleur en se tordant dans tous les sens.

C'était ce que le Grotadmorv attendait : Il avait sacrifié la moitié des forces qui lui restait dans ce clone pour leurrer la serpente et se mettre à couvert dans la vase grâce à sa perte de « poids ». Et celle-ci fut prise au piège par son véritable coup de poker.

Ce duel ne dura tout au plus qu'une vingtaine de seconde, mais il savait que les autres n'allaient pas tarder à arriver. Et que dès qu'ils seraient là : il sera réellement mort. Il laissa donc ses deux adversaires livrées à elles-mêmes et à son poison, et se redirigea vers les ruines avec la rage du désespoir.


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[*1]


Il pénétra dans les restes de cette espèce de cabane aux meubles bizarres –dont il n'en avait rien à foutre- et disséqua sans considération tout ce qui gênait sa quête effrénée : Tables, armoires et autres petites commodes de bois finirent dissoute par ses acides au fur et à mesure qu'il remuait ciel et terre dans cette ruine qui empestait intégralement de cette odeur enivrante.

Il entendait les humaines revenir, à cause leurs cris et ceux de leurs pokémon, et cette information le fit paniquer et stresser de plus belle ! Il cherchait et recherchait frénétiquement sa seule chance de survie, quitte à dissoudre les environs. Puis, alors qu'en ayant dissout un autre meuble, celui-ci révélant par la même une trappe menant à un sous-sol, une goutte de son acide commença à creuser le bois de cette même entrée, et finit par percer un trou… Et là, une véritable tempête olfactive fut relâchée dans les lieux.


Le Grotadmorv s'arrêta un instant tellement l'odeur était… Transcendantale… Il était littéralement en transe alors que ces effluves macabres entraient alimenter le feu de son âme putréfié. Puis le choc de la survie et du souvenir d'une expérience similaire le reconduit à la réalité : MANGER MAINTENANT !

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Il se rua sans autres formes de procès à l'intérieur de cette cave pour y découvrir un véritable graal de décrépitude : des petites montagnes noires de chair de fruit putréfiée et de crasse mélangées à la poussière et à la sciure du bois rongée par la moisissure, et les vers qui pataugeaient dans les humeurs décrépites des fruits ulcérés…

Malgré l'urgence de la situation, malgré l'énorme appétit de son ventre nécrosé qui hurlait d'une douleur sans nom à la vue de cette merveille, il ne put s'empêcher d'avancer lentement, religieusement, en direction de son salut de corruption.

Il finit par « s'agenouiller » devant l'amas au centre de la pièce –le plus pourrit et décrépit d'entre eux tous- et il huma lentement et longuement cette émanation divine qui lui faisait tourner la tête. Et il se laissa enfin tomber dedans. Se vautrant et se laissant engloutir « vivant » par le tas putréfié qui vira en soupe biologique par le contact avec ses acides, se laissant ainsi lentement consommer.

Une toute nouvelle sensation naquit en lui : il sentit ses forces lui revenir, et même décupler, au fur et à mesure que les baies oubliées par l'histoire pénétraient et fusionnaient avec sa chair putride. Il se sentait revivre… Non… Il se sentait RENAITRE ! Vite, se repaitre des autres !

Il continua ainsi jusqu'à ce que la place fut vidée de toute substance parodique de mort, à part lui-même, et esquissa un large et malsain sourire décadent de satisfaction et de revanche… L'heure de la vengeance avait sonnée.

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Il sortit ainsi lentement par l'entrée de la cave, mais trois fois plus gros qu'au départ : Ses mains accrochaient les lattes du plancher alentour, et le dissolvaient presque immédiatement sous l'effet de sa poigne, tandis que son corps exsudait un tout nouveau poison issu des mélanges entres les différentes denrées pourries dont il s'était régalé.

Il entrouvrit la gueule pour émettre un lourd et sourd murmure de jouissance à cet état, et les émanations mortelles qui en sortirent sous la forme d'une fine fumée transparente liquéfièrent presque instantanément les quelques vestiges de toit qui subsistait ; passant même à travers pour toucher les reste de l'arbre, qui finit par mourir immédiatement aux endroits où elles entraient en contact avec lui. Il était dans un état de plénitude unique au monde, se confortant dans sa toute nouvelle force. Cette fois-ci, il le savait : personne ne pouvait plus l'arrêter. Il entreprit de sortir de ce merveilleux lieu, et de finalement assouvir son second désir qui animait sa mortelle existence d'un feu ardent décrépit.


Mais, au dernier moment, quelque chose capta son entière attention. Il tourna la tête pour voir ce qui avait attisé instinctivement son intérêt, à un tel point qu'il en retarde sa vengeance, pour trouver une autre trappe révélée par son dernier passage, mais qui n'avait pas été « ouverte » par ses acides.

Il jubila d'un sentiment indescriptible à la perspective que d'autres trésors puissent l'attendre en ces lieux, qu'il puisse encore expérimenter une véritable extase de déliquescence et, surtout, la jouissance de l'exaltation de sa puissance… Il n'attendit pas d'avantage. Il se rua sur cette dernière avec la sauvagerie primale du cupide assoiffé et intarissable, au détriment de toute prudence ; la peur l'ayant quittée au moment où ses forces revinrent plus grandes et développées que jamais.

Il liquéfia la trappe instantanément, à partir du moment où celle-ci prit contact directement avec sa langue répugnante, ce dernier ne pouvant plus réprimer le sentiment décadent de gloutonnerie qui prenait le pas sur sa nature dépravée. Il pénétra dans la seconde cave à toute vitesse, malgré le fait qu'il ne sente aucune odeur de pourriture, ce qui ne l'interpella pas. Il dissout, sans le savoir, un fin fil presque invisible sur son passage qui activa un mécanisme dans un bruit mécanique –qu'il nota cette fois-ci-, et une formidable fumée opaque de couleur rose clair envahit les lieux dans une détonation de bois craqué.


Le pokémon hurla à plein poumon quand la substance qui composait cette fumée se mit à attaquer ces derniers, à sa gorge, à sa langue, et l'aveuglait de par son irritabilité. Ses yeux ! Il ne voyait plus ! Et cette douleur ! Par l'enfer, quelle douleur épouvantable ! Même le Dracochoc du Carchacrok était d'une douceur comme le coton en comparaison ! PAR PITIE : FAITES CESSER CETTE DOULEUR !!!

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Il hurlait de plus belle en tentant de retrouver la sortie en battant des bras dans une furie aveugle non-contrôlée, faisant dissoudre et s'effondrer des pans entiers du sol et des ruines sous ses coups. Il hurlait et hurlait encore, alors qu'il tentait d'ouvrir les yeux pour voir où il se dirigeait, mais rien à faire : à chaque fois qu'il ouvrait les yeux, la douleur devenait de plus en plus puissante et cuisante.

Mais par le purgatoire : qu'est-ce donc que cette saloperie qui lui brûle le corps de l'intérieur ?! Il était un pokémon poison parmi les plus redoutables du monde, la composition de son corps étant désormais capable de transformer en eau croupie celle de tout un lac ; mais pourtant il se sentait rongé de l'intérieur, comme… Dissout ?! Par cette fumée ?! Il existe un poison au monde capable de le mettre dans cet état, et ce malgré sa toute nouvelle force ?! Il a traversé et affronté tant de chose pour CA ?! POUR FINIR DISSOUT PAR UN POISON PLUS NOCIF QUE LUI ?!

Il poussa le cri de rage le plus puissant que son espèce toute entière n'a jamais eu l'occasion de crier dans toute son histoire, d'une intonation rauque et forte qui faisait trembler les fondations des lieux et qui résonnait à plusieurs dizaines de kilomètres de là ; mêlant la douleur de sa rage, de sa colère, de sa tristesse, et celle de son âme malchanceuse maudissant la création entière à celle de sa douleur.

Il défonça le sol et le plancher dans une charge empoisonnée qui liquéfia sans discrimination bois, pierre et terre dans un éclat d'acide et de matière répugnante. Il se trouva dehors pour faire face à ses agresseurs dans un ultime affrontement, prêt à se battre jusqu'à son dernier souffle de condamné.


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[*2]


« Hana ! Ne t'inquiète pas, ça va aller ! Je vais te soigner ! »

« MIIIIII ! »


Malgré ses tentatives de réconfort, la Milobellus souffrait d'une douleur comme elle n'en avait jamais ressentie jusqu'à maintenant. Elle se tordait dans tous les sens sans pouvoir s'arrêter au fur et à mesure que sa chair meurtrie et mise à nue entrait au contact de la boue et de la pluie, la faisant hurler d'avantage.

C'était si douloureux et horrible qu'elle s'acharnait encore à utiliser ses capacités de régénération pour la cinquième fois consécutive, alors qu'elle savait déjà qu'au bout de la deuxième, toujours sans résultat, que c'était inutile. Mais elle s'accrochait désespérément à l'illusion qu'elle puisse se soigner elle-même, que cette douleur puisse s'arrêter. Et elle hurlait encore et encore à en perdre la voix ; le Grotadmorv n'avait pas lésiné sur les moyens avec elle, n'ayant plus rien à perdre.

Luna sortait l'une des deux dernière capsule qui lui restait de son sac emboué, en tira la dose via la seringue, et s'approcha de la pokémon qui n'arrêtait pas de se tortiller, lui rendant la tâche impossible.


« Hana ! Hana, écoute-moi : il faut que tu arrêtes de bouger ! Si je te pique au mauvais endroit, tu pourrais en mourir ! »


Et cela ne fit que la paniquer encore plus. Elle hurlait d'avantage, alors que la douleur devenait de plus en plus puissante. Et elle devenait plus puissante au fur et à mesure que l'eau de la pluie touchait ses muscles et nerfs mis à nus. Même son anneau hydro ne servait à rien ! Ses soins, ses régénérations, et même sa rune-protect, qu'elle invoqua sur elle-même au moment où le Grotadmorv expectora son nuage de gaz toxique, ne pouvait rien faire pour contrer son tourment ! Et comme si cela ne suffisait pas : plus elle utilisait ses capacités, et plus elle souffrait !


« HANA !!! »


La serpente reconnut la voix de sa dresseuse derrière l'intonation paniquée du cri, et sentit la douleur diminuer un très faible instant à la perspective qu'elle soit à ses côtés. Mais cette dernière revint à le charge encore plus cuisante, et l'a fit hurler de plus belle d'un cri déchirant à l'image de l'état de sa peau ; pleurant toutes les larmes de son corps tellement cela était insupportable, et de savoir qu'elle n'y pouvait vraiment rien au bout de sa huitième tentative de régénération. Et le pire dans son malheur qui ne voulait cesser, était que le fait que pleurer la faisait encore plus souffrir.

Et comme si ça ne suffisait pas, elle voyait sa dresseuse qui -une fois descendue de Rhélys et qui se rapprocha d'elle en courant- s'effondra à ses côtés en respirant rapidement ; la stressant encore plus dans ce cercle vicieux sans fin.


« Cynthia ?! »


La maitresse des baies tourna immédiatement son attention sur cette dernière, tout comme les autres qui avaient finit par les rejoindre.

La situation ne faisait qu'empirer de minute en minute : d'abord le Grotadmorv qui reprend des forces après avoir été acculé, puis Hana qui se trouve dans un état critique, et enfin la meilleure dresseuse de leur groupe qui n'est pas loin derrière. Mais pire que tout : le Grotadmorv avait atteint les ruines… Le cauchemar ne faisait que commencer.

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Flo et Lisa s'empressèrent d'arriver à leurs côtés, avec la ranger qui était déjà sur l'ancienne maitresse pour analyser son état ; tâtant son pouls après l'avoir directement allongée sur le dos.


« Qu'est-ce qu'elle a, qu'est-ce qui lui arrive ?! »

« Bradycardie à moins de 50 bpm et hyperventilation : son cœur bât trop lentement et elle respire trop vite ! Il faut calmer sa respiration, ou elle va nous faire un arrêt cardiaque dans les deux prochaines minutes ! »

« Mais qu'est-ce qu'on peut faire ?! »

« J'en sais rien ! Et je peux pas lui donner un stimulant avec ce poison qui continue de courir dans ses veines ! » Répondit-elle en paniquant. « Je croyais que nos anti-poisons nous protégeaient de ce genre de situation ! »

« Mais je ne sais pas ! » Répondit Luna. « J'avais pourtant dit que c'était la première fois que je faisais une telle décoction, et que je n'étais pas sûre du résultat ! »

« MIIIIIIIIIIIIIIIIIII !!! »


Et la serpente hurlait de plus belle. S'égosillant sous la douleur et cédant à la panique de savoir sa dresseuse sur le pallier de la mort juste à côté d'elle. Elle sentait la pluie lui frapper ses muscles, la vase s'infiltrer dans ses chairs mutilées et ses nerfs lui retransmettre la douleur au travers de son corps dans une décharge continuelle d'électricité, qui lui donnait l'impression que chacun de ses battements de cœur était un coup de poignard.

Elle hurlait. Elle pleurait et hurlait à en perdre la voix, ses cris déchirants étant à peine étouffés par la pluie. Par pitié : que quelqu'un la sorte de ce cauchemar ! Elle ferait n'importe quoi pour cela ! Tout ce que voudrait la personne qui répondrait à sa supplique ; si seulement la douleur s'arrêtait et que sa dresseuse s'en sortait !

Et son tourment se transmettait au groupe qui cédait à la panique à son tour, incapable de réagir posément à cette situation.


« Luna, tes deux dernières doses peuvent les sortir d'affaire ?! »

« Mais il faudrait qu'Hana arrête de bouger pour cela ! Et on peut pas la touchée, ça risque d'aggraver encore plus son état ! »

« Mais comment veux-tu la soigner sans la toucher !? »

« Je sais pas ! JE SAIS PAS ! »

« « Mais qu'est-ce qu'on peut faire ?! MAIS QU'EST-CE QU'ON PEUT FAIRE ?! » S'époumonait la championne.

~ Je peux essayer quelque chose !~

« Quoi ?! Qu'est-ce que tu peux faire ?! »

~ Luna m'a dit que je pouvais entrer dans les rêves des autres êtres vivants ! Je peux la calmer !~

« C'est inconsidéré ! On ne sait pas ce qui peut se passer, et ça pourrait être dangereux ! » Répliquait Flo.

« On n'a pas le choix ! » Répliqua Luna. « C'est la seule option qu'il nous reste ! Si elle se calme pas : elle va mourir ! Et Lisa ne craint rien de ce poison ! »

« T'en sais rien ! Cette horreur les a atteintes, alors qu'elles étaient protégées par tes vaccins ! »

« Parce que c'est un shiny, et que mes baies n'étaient que des versions normales ! Mais elle est aussi une shiny, spectre en plus ! »

« On n'a pas le choix de toute façon ! C'est soit çà, soit elle meurt ! » Reprit la ranger. « Luna : ton super antipoison est toujours effectif sur un humain ?! »

« J'en sais rien ! Normalement oui, malgré tout ce temps écoulé ! »

« Alors donne-moi la dernière dose que je lui injecte ! Et tu te prépareras à faire de même avec Hana ! »


La jeune femme acquiesça, et se précipita sur son sac recouvert de boue pour chercher la seconde capsule, la sortir… Et restée figée d'effroi sur place. La ranger la rappelant à l'ordre.


« Vite Luna, son cœur va lâcher d'un instant à l'autre ! »

« … Oh non… ! »

« LUNA ! » S'impatientait la ranger qui enjambait l'ancienne maitresse, et commençait à lui fournir un massage cardiaque vigoureux pour aider son cœur à battre.

« … La capsule… Elle est cassée ! »

« QUOI ?! » Hurlaient-elles en même temps.

« La capsule est cassée, et l'antipoison s'est répandu dans mon sac ! » Criait-elle en retour, en tenant les restes de cette dernière dans sa main devant eux.

« NON ! NON, NON, NON ! C'est pas possible ! C'est un CAUCHEMAR ! » Hurlait Flo.

~ On peut partager cette dose pour leur donner en même temps !~ Espéra la petite spectre.

« Non… Malheureusement non ! Y'en a assez que pour une seule utilisation ! Si on partage : la dose ne sera pas suffisante, et elles mourront toues les deux ! » Finit-elle par craquer.

~Mais… Mais c'est pas possible ! Elles ne peuvent pas mourir ici, pas maintenant !~

« Y'en a assez que pour une seule… »


La voix de la ranger mourut dans sa gorge à la prononciation de ces mots, dont la signification lourde de sens n'échappa pas au reste du groupe. Elle était brisée intérieurement de devoir en arriver là. De se rendre compte que cela avait été de sa faute, et de ne pas avoir prise en considération les conseils de celle qui se trouvait entre ses jambes.

Mais surtout, elle était anéantie par le terrible constat qui s'offrait à elle : son incompétence allait condamnée les marais, les pokémon, un site historique de grande valeur, et la vie de personnes sous sa responsabilité… Dont elle devait décider laquelle d'entre elle allait vivre, ou mourir.

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« NON ! On ne peut pas décider de choisir d'en sauver une et de condamner l'autre ! On n'en a pas le droit ! » Criait Flo, craquant à son tour en n'acceptant par l'horreur de la situation.

« Mais elles vont mourir toutes les deux ! » Répliqua Luna.

« NON ! Y'A FORCEMENT UN MOYEN ! »

« NON Y'EN A PAS ! »

« SI Y'EN A UN ! »

« Y'EN A PAS ! EST-CE QUE TU M'ECOUTES, BORDEL DE MERDE ?! JE TE HURLE QU'IL N'Y EN A PAS !!! » Répliqua la ranger, avant de s'effondrer psychologiquement en sanglot.
« Y'en a pas, y'a aucun autre moyen… ! On doit choisir que l'une d'entre-elles vive et que l'autre meurt… ! »

« NON ! » Répliqua encore Florianne. « TU NOUS DEMANDES DE CHOISIR D'EN SACRIFIEE UNE ! ON PEUT PAS FAIRE CA ! »

« Ha… Na… »


Leur échange verbal fut interrompu par le très faible bruit émit par l'ancienne maitresse, ayant rassemblée toute sa volonté à prononcer ce mot.


« Cynthia ! »


La championne de Vestigion se jeta à genoux à ses côtés, laissant la vase et la l'eau s'infiltré dans les bas de ses vêtements sans en avoir rien à foutre.


« Ha… Na… Poké… Mon… Antido… Plus effi… Chance de sur… »

« Non ! Non, j'peux pas faire çà ! » Criait-elle en retour en ayant compris sa phrase. « Tu peux pas me demander de te laisser mourir ! »

« Lisa… Je suis… Désolée… » Commença-t-elle faiblement. « … Endors-là… Soignez-là… »

« MIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII !!!! »


Sa petite fleur hurla de nouveau, mais cette fois-ci d'horreur et d'effroi en comprenant ce que sa dresseuse voulait accomplir : lui sauver la vie au prix de la sienne.

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Tout son corps fut parcourut d'un choc encore plus puissant que la douleur, celui de la peur : la peur profonde et terrible de voir mourir quelqu'un qu'on aime plus que tout devant soit. Et le pire était qu'elle voulait qu'elle n'en soit pas témoin, qu'elle dorme et ne soit pas consciente pendant qu'elle mourrait pour elle.

C'était au dessus de ses forces. Malgré la douleur qui l'embrasait, malgré la vase et la pluie qui la torturait, malgré le poison qui la rongeait : la perspective de voir sa dresseuse offrir sa vie devant elle la fit se relevée de toutes ses forces ; Ses muscles meurtris et ses nerfs rongés frottant sol et eau pour lui permettre d'avancer. Bravant par la même la définition du mot « impossible » en surpassant sa douleur. Et en s'écroulant juste à côté d'elle au niveau de sa tête, son regard exorbité confronté à celui toujours aussi détendu de l'ancienne maitresse.

Cette dernière lui adressa un fin sourire en tournant faiblement la tête dans sa direction, pour la regarder au travers de sa vision qui commençait à se brouiller, et voir ses yeux ruisseler abondamment de larmes mélangées à la pluie et à un peu de son sang, exorbités et effrayés comme jamais auparavant.


« Ca va aller… Hana… Ca va aller… » Lui murmurait-elle faiblement. « Il faut juste… Que tu… Dormes… »

« MIIII ! » Répondit-elle en secouant frénétiquement de la tête négativement, ce mouvement lui faisant vriller à nouveau une douleur horrible dans le cerveau.


Les autres restaient silencieux à ne pas interférer dans cette scène, dont la principale actrice s'apprêtait à jouer son tout dernier acte. Ses autres pokémon pleuraient de rage, d'impuissance et de désespoir sans pouvoir rien faire. Happy avait arrêté de sourire, perdant définitivement ce dernier à cette vue qui lui brisait le cœur, et Rhélys, qui malgré le fait qu'elle restait stoïque comme il devait le sied à une pokémon de son rang, était véritablement brisée intérieurement ; comme si tout son monde s'effondrait sous elle.

C'était impossible de regarder la vérité en face. Leur dresseuse ne pouvait pas mourir ici, pas maintenant ! Pas après tout ce temps à voyager ensemble ! Après avoir affronté tellement de chose, tellement de gens : des criminels, des dresseurs, la ligue au grand complet, pour finalement arriver au sommet ! D'avoir vécu et appris tant de chose au cours de leur voyage ! Ca ne peut pas finir maintenant !

Mais elle était à la limite de l'inconscience, son cœur n'arrivant plus à pomper suffisamment de sang assez rapidement pour irriguer correctement son cerveau. Elle haletait comme un Medhyena après un marathon. S'efforçant de former des mots tangibles pour exprimer ses pensées, et souffrant chaque bouffée d'air comme un ballon sur le point d'éclater ; tout son corps étant entré dans un état tétanique et aussi rigide que de la pierre.

Les seules parties qui conservaient encore une faible possibilité d'action étaient sa bouche et ses yeux. Ces derniers étaient mis clos, papillonnant frénétiquement sans qu'elle puisse y faire quoi que ce soit, et sa bouche était sèche et ses lèvres presque blanches, alarmant d'avantage la ranger qui sentit son pouls encore diminuer.

Mais malgré son état elle continuait de sourire envers sa petite fleur.


« C'es… Bon… Dors… »

« MIIII ! »


Elle refusait catégoriquement. C'était la première fois qu'elle refusait d'obéir à l'un de ses ordres depuis des lustres, mais elle ne se résignerait jamais à faire ce qu'elle lui demandait. Elle criait des sons plaintifs à ses côtés, continuant de défier son regard et son autorité jusqu'au bout.

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Elle n'avait été qu'une faible Barpau quand elles se rencontrèrent pour la première fois. Pataugeant lamentablement à l'intérieur d'un sac plastique, à la sortie d'une canalisation d'égout se jetant dans le fleuve en amont d'Unionpolis.


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Seule et rejetée par son apparence hideuse et sa constitution misérable, ses nageoires encore plus abimés que celle de ses compères dès la naissance ; faisant d'elle une véritable paria, même pour son espèce. Elle avait été expulsée par ses pairs dans la rivière se situant juste un peu au nord de la route 208, celle reliant Uniopolis à Charbourg par le Mont Couronné, et s'était laissée faite emporter par le courant du fleuve sans pouvoir réagir, ses nageoires l'incapacitant dans le domaine.

Dans son malheur : elle était si misérable que même les pokémon affamés l'ignorèrent ; Ces derniers préférant encore perdre du temps à chasser une proie digne de ce nom pour assouvir leurs besoins élémentaires. Elle finit par chuter dans la cascade reliant la rivière au fleuve. Et continua ainsi à dériver tel un morceau de bois mort pendant plusieurs jours, qui lui parurent être une éternité.

Affamée et fatiguée d'avoir été ballotée dans tous les sens, elle finit par échouer sur un bord de gravier sablonneux à proximité de la demeure du premier maitre des baies de l'ile (ayant déménagé depuis.) Et finit par être recueillie par un pêcheur itinérant ; frustré de ne pas avoir eut de prise, et qui ne voulait pas rentrer chez lui les mains vide.

Il ouvrit son bac à poisson, remplit d'eau et vierge de toute prise, prit la Barpau –avec une moue de dépit et de dégout à sa vue-, la fit rentrée dedans, referma le couvercle, et repartit chez lui.

L'espace d'un seul instant, elle crut que son calvaire allait finir. Peu importe s'il la mangeait, tant qu'elle ne souffrait plus de son malheur. Mais lorsqu'il arriva chez lui, et qu'il montra sa prise à sa femme et ses enfants, ces derniers réprouvèrent ardemment le pokémon. Ils critiquèrent son attitude qui l'a conduit à faire ce choix stupide, et sa femme l'incita vivement à s'en débarrasser au plus vite ; tout en le rassurant qu'elle avait fait les courses, et que le diner serait quoiqu'il arrive assuré.

Le pécheur, dépité, finit par obtempérer aux ordres de son épouse. Il ouvrit à nouveau son bac pour en faire sortir le pokémon, et la rejeter dans le fleuve… Mais, pécheur dans l'âme, ne put se résoudre à simplement la rejeter comme un vulgaire déchet. Il prit un sac plastique opaque de couleur blanche (le seul qu'il avait sous la main) qu'il remplit d'eau pour y mettre le Barpau, l'installa soigneusement dedans, et il se dirigea ensuite vers le fleuve.

Malheureusement pour lui, il faisait nuit à l'heure où il se rendait à l'endroit où il l'avait trouvée. Il glissa malencontreusement sur une pierre instable dans le sol sablonneux, et perdit le pokémon dans l'élan que cela entraina ; cette dernière atterrissant à quelques mètre de là dans des rejets de détritus à la sortie d'un canal d'égout. Le sac commença à perdre son eau, crevé par un débris de plastique acéré qui manqua à son corps de quelques centimètres.

Le pécheur chercha le pokémon, sans la moindre bonne volonté à l'ouvrage, et finit par abandonner au bout d'à peine deux minutes. Sachant pertinemment que cela ne servait à rien dans une telle obscurité.

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Elle était désormais seule, au milieu des déchets, dans ce sac qui se vidait de l'eau précieuse comme tel le sablier qui représentait sa vie. Elle remuait frénétiquement dans tous les sens pour s'échapper, pour essayer d'ouvrir une brèche en frottant sa prison contre le bout de plastique. Mais elle était trop affamée pour ne faire autre chose que de misérables petites trempettes, qui n'aboutissaient à rien d'autre qu'à lui faire faire du surplace.

L'eau s'écoulait et s'écoulait encore. Et finalement elle en fut à court. La mort touche tout le monde sans exception. Et aujourd'hui, en cette soirée, c'était son tour. Elle s'en fichait, personne ne voulait d'elle de toute façon. Rejetée par sa famille, rejetée par ses prédateurs, rejetée par les humains, et même rejetée par l'eau… Sa vie ne valait rien, et cela ne lui faisait ni chaud ni froid de mourir ; sachant pertinemment que personne ne la pleurera.

Mais elle souffrait quand même. Elle souffrait de ne pas sentir l'eau irriguéer ses branchies, et ses faibles poumons, atrophiés depuis la naissance, ne lui permettait pas de survivre dans cet environnement ; d'autant plus que le sac plastique l'étouffait en même temps.

Elle se savait mourir dans cet endroit qui résumait à la perfection l'idée qu'elle se faisait d'elle-même : un déchet dans un tas d'ordure. Elle allait mourir à l'abri des regards, de la vue du monde, lamentablement, pitoyablement dans ce sac plastique ; comme tout déchet qui se respecte. Mais elle pleurait en même temps, ne pouvant pas s'en empêcher.

Pourquoi elle était née ? A quoi ça servait pour elle de naitre si c'était pour en arriver là ? Mais elle savait qu'elle n'aurait jamais la réponse. Alors elle se contenta de continuer de remuer faiblement, désespérément, de lutter jusqu'au bout en perdant ses dernière forces, n'ayant jamais totalement acceptée le fait qu'elle devait mourir dans un monde si injuste. Mais s'y résignant finalement…

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Puis elle sentit son corps être soulevé, le nœud qui composait son « toit » se faire ouvrir par quelqu'un, et être ensuite jetée dans l'eau du fleuve un peu plus loin.

Elle ne vit pas qui l'avait libérée de cette prison, et sauvée de cette mort, du moins pour l'instant. Mais elle n'hésita pas à aspirer toute l'eau alentour pour respirer et se sentir revivre l'instant suivant ; clapant de tout son corps dans l'élément corrompu par les déchets pour se forcer à respirer.

Une fois revigorée. Elle sortit la tête de l'eau pour voir qui l'avait sauvée, et vit un autre humain – accompagné par une silhouette légèrement plus petite qu'elle qui la regardait attentivement depuis le bord.

Elle ne la voyait pas bien à cause de l'obscurité, mais elle se doutait qu'elle n'avait pas à faire à quelqu'un d'ordinaire. Elle se rapprocha donc faiblement et difficilement en direction du bord, et put finalement voir l'identité de son sauveur : cheveux mi-long d'un jaune qui se reflétait à la lumière de la lune, dans lesquels se trouvait une sorte de cosse noire avec une ligne jaune, toute de noire vêtue. Cette humaine possédait aussi une ceinture à laquelle était accrochée quelques boules de couleur différentes. Et la silhouette l'accompagnant étant une sorte de reptile bleu à la forme élancée.

Même en ayant été rejetée par les siens, elle avait quand même appris quelques rudiments du monde. Elle avait entendu parler d'une classe particulière de prédateur qui chassait sans tuer, préférant capturer à la place : on appelait çà des dresseurs humains.


Elle fit la moue la plus triste qu'elle n'ait jamais faite jusqu'à maintenant en ayant reconnut sa « sauveuse ». C'était la pire des choses qui pouvait lui arriver : être capturée et continuer à vivre l'enfer de son existence pour le restant de ses jours. Mais pourquoi se fait-il qu'elle soit là ?

L'humaine saisit l'interrogation qui pointait dans son regard, et lui répondit.


« J'étais sur le chemin de la ville quand j'ai croisée la route d'un pécheur. Ce dernier soupirait d'avoir perdu un poisson, et de devoir l'abandonner dans l'obscurité par ce qu'il ne pouvait pas le chercher. C'est lui qui m'a dit où tu pouvais te trouver lorsque je lui l'ai demandée. »


Mais vu qu'il n'était pas là, elle lui cachait le fait que c'était principalement par ce qu'il n'en avait rien à faire au final. De toute façon sa réponse importait peu. La seule question qu'elle se posa était « pourquoi l'avoir sauvée, vu que de toute façon même elle n'en voudrait pas ? » Mais elle ne pouvait prétendre à savoir à quoi pensait l'humaine, et conclut fatalement qu'il n'y avait que deux issues possible au final : Soit elle la trouvait repoussante comme tous les autres et la rejetait dans le fleuve, ce qui reviendrait quoiqu'il arrive à la condamner, soit elle l'a capturait et l'enfermait comme l'autre pécheur, la traitant comme une prisonnière jusqu'à la fin de sa vie.

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Elle pleurait de plus belle de comprendre que ça ne servait à rien d'autre qu'à la faire souffrir, larmoyante de se résigner à accepter le fait qu'elle n'était née que pour cela : souffrir. Son existence n'était que souffrance, et on ne lui accorderait jamais autre chose. Elle était faible et hideuse, était incapable de respirer hors de l'eau comme le reste de son espèce et, comble du malheur, était incapable de nager…

Elle émettait de petits sons plaintifs déchirant de désespoir. Même si l'humaine ne le comprenait pas, elle lui adressait une supplique : celle de la tuer rapidement et froidement. Qu'au moins, pour une fois dans sa vie, elle ne ressente pas la douleur.


« Bien, maintenant que je me suis assurée que tu a l'air plus vivante qu'il y'a deux minutes : que dirais-tu de rejoindre mon équipe ? »


… Ses pires cauchemars devenaient réalité, comme si les tourments de son existence n'étaient pas suffisants, que, peut importe à quel point elle souffrait, ce n'était jamais suffisant… On ne lui accorderait jamais le salut, c'était finit… Mais, d'un autre côté, elle reconnaissait être légèrement soulagée d'entendre quelqu'un lui porter de l'intérêt, même si ce n'était qu'en tant qu'objet… Elle ne dit rien du tout, restant immobile, donnant l'impression d'avoir à faire à un poisson avarié dénué de vie. Et laissa l'humaine continuer.


« En fait j'aurais besoin d'un pokémon eau pour nôtre équipe, et tu ferais parfaitement l'affaire si tu veux bien. »


Elle ne réagissait pas. Ses nageoires n'arrivaient même pas à lui servir ne serait-ce que de gouvernail pour la diriger, et cette humaine arguait qu'elle aurait besoin d'elle… C'était comme dire à un aveugle qu'on aurait besoin de lui pour la lecture, ou un sourd pour écouter. C'était cruel pour elle d'entendre çà, la torturant encore plus sans qu'elle ne puisse rien faire pour riposter. Elle était au fin fond du gouffre, et se résigna finalement à accepter sa condition… Ca ne servait à rien de lutter.


« Pour tes nageoires, ce sera pas un problème. Ma grand-mère a de quoi réparer çà. Et après tu pourras nager sans problème dans l'eau. Par contre il faudrait que tu manges, sinon tu va tomber dans les pommes. »


Elle sortit une pochette en plastique grise de son sac devant elle, et la déchira pour en extraire quelques petits carrés de chocolat. Elle s'approcha du pokémon toujours immobile dans l'eau croupie –n'ayant plus la volonté de rien faire-, l'a saisit délicatement de sa main au niveau de sa mâchoire, et brisa un petit carré avant de le lui mettre dans la bouche.

Elle s'était laissé faire sans aucune résistance, n'ayant plus aucune volonté à opposer à qui que ce soit. Mais le goût du chocolat qui se répandait dans sa bouche attisait son appétit, malgré l'eau croupie. Elle gigotait faiblement alors que son corps réclamait davantage, ne s'étant pas nourrit depuis des jours. L'humaine sourit d'un petit air content en la voyant revenir à la vie, et s'empressait de lui casser d'autre carrés de chocolats qui venaient finir dans sa bouche ; le goût sucré et riche la ramenant à la vie.

C'était bon, vraiment bon. Elle ne se souvenait pas avoir mangé quelque chose d'aussi bon depuis aussi longtemps qu'elle se souvienne. Elle en voulait plus, bien plus. Elle gigotait encore plus fort dans l'eau, provoquant des petits éclats qui vinrent éclabousser l'humaine ; la faim l'ayant rattrapée et elle n'ayant plus la volonté de s'y opposer.

Un instant elle se trouva pathétique de réagir ainsi –même si elle savait que c'était légitime-, et cru que l'humaine n'en pensait pas moins. Elle l'éclaboussait d'eau impropre en se comportant comme une sauvage et ne serait pas étonnée si cette dernière arrêtait de la nourrir, excédée par son comportement misérable.

Mais l'humaine riait au contraire de la voir réagir ainsi. Amusée et ravie de la voir aussi énergique, plutôt qu'à la limite du cadavérique comme il en était deux minutes avant.

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Une fois temporairement rassasiée –et l'humaine copieusement mouillée-, cette dernière retenta sa proposition envers le poisson.


« Qu'est-ce que tu en dis ? Bon d'abords on s'arrêtera au centre pokémon de la ville pour te faire un examen en profondeur, et que j'en profite pour prendre un douche ! » Fit-elle en riant. « Ce ne sera pas pour tout de suite, mais je te promet que tu pourras à nouveau nager. » Puis elle la regarda dans les yeux gentiment.
« Alors, tu veux bien devenir nôtre nouvelle camarade ? »


Même pas dans ses rêves les plus fous, ou ses pires cauchemars, elle n'a jamais osée rêver ou halluciner d'entendre ces mots, étant persuadée que jamais ils ne lui seraient adressés. Elle n'y croyait pas, vraiment pas un seul moment que quelqu'un daigne lui jeter un regard, même l'espace d'un instant. Elle était tombée sur des prédateurs qui ne lui portaient même pas le moindre intérêt, la laissant continuer de dériver comme si elle était transparente.

Mais elle… Elle l'avait sauvée, elle l'avait nourrit, elle l'acceptait telle qu'elle était sans tenir compte de son état, lui proposait de la guérir, et lui demandait même de la rejoindre sans une once d'hésitation ?

Elle relâchait à nouveau quelques larmes, mais cette-fois ci d'un sentiment qu'elle ne pensait plus jamais connaitre : des larmes de joie. Mais elle se reprit aussitôt en se rappelant que, même si elle la soignait, elle n'en valait pas la peine ; Elle était trop faible et ne serait qu'une gêne pour elle.

Lourdement dépitée de savoir qu'elle ne pourrait pas rembourser la dette qu'elle venait de contracter envers elle, ses larmes de joie se retransformèrent en larmes de tristesse. Car elle savait qu'elle ne pourrait pas la rejoindre ; La nature y avait veillée sur ce point, et elle avait toujours le dernier mot.

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« Au fait, je ne me suis pas présentée. C'est un peu idiot de te proposer de rejoindre nôtre équipe si tu ne connais même pas mon nom, pas vrai ? » Reprit-elle d'un petit rire d'auto dérision.
« Moi c'est Cynthia. Et la petite timide là-bas, c'est Rhélys. Elle est légèrement taciturne envers les nouveaux venus, mais elle est très gentille. » Puis elle se tourna à nouveau vers la Barpau.
« Je me doute que tu dois avoir un nom. Mais, étant donné que je ne comprends pas le pokémon, ça te dérange si je t'en trouve un ? »

Elle n'en croyait pas son ouïe. Mais l'humaine… Cynthia ne lui laissa pas le temps de réfléchir à ce sujet qu'elle lui en trouva un tout désigné.

« Qu'est-ce que tu pense de « Hana » ? C'est court et super simple à retenir. Et, dans nôtre langage, ça veut dire « Réjouissante Fleur Gracieuse ». Ca t'irait parfaitement je trouve. »


Elle était tétanisée. Elle était si hideuse, que même ses parents ne lui avaient pas donné de nom. Même ses éventuels ennemis rechignaient à daigner lui accorder de l'attention, et d'autant plus perdre du temps à mettre un nom sur elle. Elle avait vécue aussi anonymement que l'eau qui l'a faisait dériver au gré de ses courants. Une souffrance de plus parmi tant d'autres.

… Et là… Quelqu'un la considérait comme digne d'attention… Comme utile… Ne doutant pas un seul instant d'elle malgré sa nature misérable… Et lui avait même donné un nom, magnifique en plus… Elle voulait vraiment d'elle… ?


« Tu n'es pas obligée de répondre tout de suite, je ne te force à rien. Mais j'aimerais quand même t'amener au centre le plus proche, au moins pour cette nuit. D'accord Hana ? »


Elle l'appelait déjà par ce nom, confirmant le fait qu'il était sien pour de bon ? Elle… Elle voulait… Elle voulait… Vraiment… D'elle ?

Elle versa de nouvelles larmes en la regardant sourire sans gêne, sans remords, sans dégout ni mépris à son égard. Elle ne la gênait pas le moins du monde. Son apparence ne la répugnait pas, et le fait qu'elle soit handicapée n'entrait même pas en ligne de compte. Elle n'avait pas de mot pour décrire çà… Elle… Elle… Elle est… Elle est…

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Son corps commença à s'illuminer dans l'eau croupie, reflétant sans peine à la surface au travers de son opacité. Son corps commença à grandir et s'affiner. Ses nageoires commençaient à disparaitre, à part celle de sa queue au bout de ce qui semblait se transformer en une longue queue serpentine. Les écailles de sa peau se détachaient par endroit pour laisser place à une nouvelle forme de peau, fine et complète comme un tissu. Et, pour finir, sa nageoire dorsale « s'allongea » au niveau de son front, puis se scinda en deux parties sujettes à deux nouvelles transformations distinctes.

La première formait une excroissance cornique sur sa tête, nuançant d'avantage son allure serpentine. Et la deuxième transformation vit le reste de sa nageoire se métamorphoser en de longues trainées de fines écailles ; lui donnant une toute nouvelle chevelure sous la forme de deux longue tresses lisse qui lui tombait le long du corps de chaque côté, surlignées par deux sourcils aux allures de fines courbes par-dessus ses yeux d'un beau rouge affiné.

La transformation s'acheva finalement lorsque la lumière cessa d'irradier de son corps, et par la même d'aveugler la dresseuse, pour laisser désormais à la place une magnifique Milobellus totalement surprise et dépassée par la situation ; et dont elle posait le regard totalement déboussolé sur elle-même, incapable de comprendre ce qui lui arrivait.

Elle pouvait respirer calmement sans problème, même hors de l'eau. Ses nageoires s'étaient transformées et elle ne souffrait plus à cause des anciennes, la douleur avait disparue totalement. Elle se sentait enfin… Bien…

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« Euh… Je prends çà pour un oui ? » Reprit Cynthia à son attention, tout aussi soufflée qu'elle ne l'était d'avoir assistée à sa conversion vers sa nouvelle forme.


Elle reposa son regard sur celui de la dresseuse, dont elle était sure qu'elle était responsable de sa nouvelle forme. Elle pleura de nouvelles larmes de ses nouveaux yeux, dénués de cécité partielle comme avant, et se jeta littéralement sur elle ; qui, totalement surprise par sa réaction, ne put encaisser la pokémon correctement, et finit par tomber par terre dans un éclat d'eau, s'entrainant mutuellement dans leur chute.

Elle frottait sa tête vigoureusement contre la sienne en émettant une sorte de mix entre un roucoulement et un ronronnement, ne trouvant pas d'autres moyens pour exprimer sa joie et sa gratitude. Sa fine et douce peau écailleuse se frottait contre l'épiderme de la dresseuse, et cela en résultait un sentiment de chatouille pour cette dernière, qui tentait tant bien que mal de la repousser poliment au travers de ses rires.

Rhélys intervint alors pour les séparer l'une de l'autre via ses puissants bras de Carmache, et indiqua par la même à la nouvelle Milobellus la taille et surtout le poids qu'elle venait d'acquérir quand elle l'incita à se tourner pour voir par elle-même.

Elle se tourna pour voir ce qu'elle n'avait pas vu au travers de l'eau : une longue, très longue queue d'écailles de couleur bleue et rouges qui reflétaient des nuances d'autres couleurs. Elle reporta son attention sur la « petite » dragonne avec un nouveau choc de surprise en constatant qu'elle la regardait de haut, étant plus grande qu'elle.

Cynthia se releva avec l'aide de sa Carmache, et sortit une sorte de petit appareil bizarre de son sac qu'elle pointa en direction de la Milobellus.


« Ne t'inquiète pas, ce n'est pas dangereux. C'est un pokédex, et il va me permettre d'éclaircir ce mystère. Parce que je suis quand même assez troublée par ta nouvelle forme, alors qu'il n'y a même pas 5 minutes tu étais encore toute petite. » Et elle activa l'appareil.

#Milobellus. Pokémon Eau Tendre. Les Milobellus font partie des pokémon les plus rares du monde, et en sont considérés comme les plus beau. De nombreuses œuvres philosophiques font la représentation de ce pokémon comme étant la quintessence de l'art naturel, et il fut dépeint en de très nombreuses toiles de maitre à ce titre. C'est aussi l'un des pokémon les plus durs à faire évoluer depuis leur pré-évolution que représente Barpau, car son processus d'évolution en est parmi les plus atypiques et les plus obscurs qui soient ; A tel point que capturer un Milobellus est moins compliqué que d'en faire évoluer un depuis un Barpau. Ce qui explique que ce dernier fasse partie des pokémon les moins recherchés au monde.
Aussi une vieille légende prétendrait que si quelqu'un amenait un Barpau à l'exaltation en Milobellus, cette même personne était assurée de voir son nom entré dans l'histoire.#


« … Ah carrément… » Reprit l'humaine d'un air entre l'étonnement et le désabusé.


De son côté, la Milobellus n'en revenait pas de ce que l'appareil disait ; Elle parmi les plus rares et les plus beaux pokémon du monde ? Elle qui n'était qu'un rebus de son espèce il y'a encore quelques minutes ? Mais elle devait reconnaitre qu'elle se sentait… Bien. Libérée de ce poids qui lui pesait sur le corps à cause de son ancienne constitution maudite. Et elle la lui devait… Elle lui devait tout.

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Elle tenta à nouveau de se rapprochée d'elle, mais fut à nouveau interceptée dans sa manœuvre par la Carmache qui la sommait de patienter encore un peu. Cynthia reprenant.


« Je ne veux pas t'empêcher d'approcher… Mais mon pokédex m'indique que tu as pris un sacré poids, sans vouloir te vexer. » Fit-elle d'un petit rire. « Tu fais plus de 160 kilos selon lui. Et, à titre d'information, tu n'en faisais que 7 tout à l'heure. »


Elle ne comprenait rien aux valeurs utilisées par Cynthia, mais n'était pas suffisamment bête pour ne pas comprendre qu'elle était devenue bien plus lourde sous cette forme ; le sillon qu'elle laissait derrière elle lui donnant un gros indice au passage.

Alors, de façon plus lente et retenue, en inclinant sa tête pour être en dessous du niveau des leurs, elle s'avança dans sa direction, et elle frotta lentement sa tête sur sa main libre.


« Honnêtement… Je ne savais pas que tu nous réservais une telle surprise… Je ne savais même pas ce qu'était un Milobellus jusqu'à ce que mon pokédex me le dise. »
Commença-t-elle en caressant sa tête.
« Mais ça n'empêche rien au fait que je te voudrais toujours dans nôtre équipe… Non, en fait c'est idiot ce que je viens de dire. Y'en a qui tuerait maintenant pour toi. »
Elle s'arrêta un bref moment de la caresser pour la regarder dans les yeux.
« Alors… Ce serait possible de t'avoir dans nôtre équipe, s'il te plait ? »


Sous-entendus que, maintenant qu'elle était devenue ainsi, elle pouvait se payer le luxe de l'envoyer baladée ? Alors que c'est grâce à elle qu'elle est libérée de ses tourments ? La question ne se posait même pas. Elle voulut la lui faire comprendre comme tout à l'heure, mais se souvint qu'elle risquait de l'écraser de son nouveau poids. Alors, en désespoir de cause, elle ramenait lentement sa tête depuis sa main jusqu'à la sienne, toujours en se frottant à elle, et une fois arrivée au niveau de son menton, refit ce bruit mixé de ronronnement en passant sous son menton ; la faisant rire au passage.

Plus elle frottait sa surface lisse et douce sur sa peau, et plus cette dernière la démangeait de chatouille. Et plus elle était chatouillée, et plus elle incitait la serpente à arrêter en tentant de la repousser gentiment de ses mains. Malheureusement ses mains glissaient sur la surface écailleuse de la serpente, ce qui la caressait, et qui donc l'incitait à « roncouler » d'avantage et continuer de se frotter à elle.

La dresseuse voulut faire signe à sa Carmache de l'aider dans ce dilemme assez comique, mais elle s'arrêta en sentant un liquide tiède lui couler sur la peau. Elle prit lentement de ses deux mains la tête de la serpente pour voir son regard, et y vit des larmes couler abondamment depuis ses yeux mis clos.

Elle passa l'un de ses doigts sous son œil gauche pour sécher une larme, et la Milobellus répondit en frottant lentement sa tête dans le creux de sa main


« … Je crois que je peux prendre çà pour un oui… »

Elle émit un petit bruit à son attention en continuant de se frotter à elle. Puis cette dernière termina avec une phrase qu'elle retiendrait toute sa vie.

« … Bienvenue chez toi, Hana… » Et elle l'enlaça.

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Depuis leur rencontre, elle avait retrouvée le goût de vivre. Elle avait goutée aux plaisirs de la joie d'avoir des camarades, d'avoir pu goûter au chocolat, d'avoir voyagée aux quatre coins de l'ile et même plus loin encore.

Elle avait vécue des choses qu'elle n'aurait jamais imaginées dans ses hallucinations les plus folles. Suscitant l'admiration et l'intérêt de ses adversaires même en plein combat, là où avant elle était rejetée comme la pire des choses au monde ; sa dresseuse ayant même reçue de proposition de somme ahurissante en échange de la serpente.

Mais elle les déclinait toutes immédiatement sans la moindre exception et sans le moindre remord. Ces dernières n'arrêtaient pourtant pas de revenir à la charge, plus grosses et plus alléchantes à chaque fois, grandissant de concert avec sa réputation de dresseuse émérite.

Les gens commençaient à parler d'une dresseuse surpuissante qui collectionnait les badges à une vitesse incroyable, à la tête d'une équipe de pokémon rarissimes. Et la rumeur voulait qu'elle était richissime en en ayant revendus certains. Mais une autre rumeur arguait qu'elle refusait catégoriquement de se séparer du moindre d'entre eux, même pour tout l'or du monde.

Ce dernier détail n'allait pas sans conséquences. Bientôt, de nombreuses personnes furent vite attirées par cette jeune femme un peu trop arrogante à leurs yeux. Elle subit de nombreuses agressions et tentatives de vol au cours de son voyage, et elle les repoussait systématiquement avec toute son équipe qui devenait de plus en plus fort à chaque fois ; Hana expérimentant au passage le plaisir du combat, et de combattre pour quelqu'un, se surpassant à chaque fois…

… Et ses efforts combinés avec les siens les amenèrent jusqu'au sommet duquel leurs noms et le sien seraient gravés à jamais dans l'histoire à tout jamais.

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Et pour la petite anecdote : le pécheur revint par la suite pour savoir où en était la jeune dresseuse avec le poisson, et fut sidéré de la voir revenir avec un énorme serpent aux couleurs magnifiques qui ne la quittait pas d'une semelle. Quand il lui demanda ce qui était advenu du Barpau, elle lui répondit qu'il allait très bien en frottant la tête de la serpente et que la pèche avait été bonne pour elle. Elle conseilla à ce dernier –fortement dépité- que la prochaine fois qu'il avait une prise : il ne devrait peut-être pas faire la fine bouche dessus.


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[*2]


Elle lui devait tout, absolument tout : sa rencontre, son évolution, son bonheur retrouvé, la joie de vivre et d'exister aussi. Elle lui devait sa vie en entière le jour où elle l'a faite renaitre. Et maintenant elle lui demandait de la laisser mourir pour elle… Elle ne pouvait pas accepter. Tout ! Elle ferait n'importe quoi d'autre ! Mais tout sauf çà… Par pitié…

Elle voulait hurler de tout son cœur pour lui dire à quel point elle lui devait tout, et qu'elle ne pouvait pas se sacrifier pour elle. Elle aurait vendue son âme pour pouvoir parler en langue humaine juste pour cet instant, plongée dans les profondeurs abyssales du désespoir. Elle voulait donner sa vie pour elle à la place, préférant mourir dans cette douleur que de la voir périr sous ses yeux…

Mais voyait dans son regard qu'elle n'avait pas l'intention de la laisser faire. Pour elle : sa petite fleur était plus importante que sa vie, ce qui était tristement réciproque. Un paradoxe terriblement douloureux qui leur faisait perdre du temps dans l'hésitation que cela entrainait. Et le temps était clairement ce qui leur faisait le plus défaut.

L'ancienne maitresse jeta un dernier regard à la serpente et à la ranger, un regard ferme et déterminé qui ne laissait place à aucune tergiversation. Elle remua les lèvres une dernières fois pour former son dernier ordre : « Hana… Ou rien… » Et elle ferma les yeux.


« Syncope ! Elle va nous lâcher ! » S'exclama d'horreur la ranger.


La Milobellus restait interdite. Elle entendait les mots, mais n'arrivait pas à réagir. Elle entendait le monde autour de lui entrer en effervescence, mais elle restait immobile. Elle avait le regard exorbité sur sa dresseuse, la voyant inanimée, les yeux fermés. Et elle ressentit le choc le plus puissant et horrible de toute son existence la traverser de tout son être.

Elle se redressa de toute sa hauteur et se tendit totalement sur toute la longueur, comme si la corde d'un arc était bandée à la vitesse de l'éclair. La douleur la rattrapa plus puissante que jamais, lui faisant vriller les tympans, la langue, les yeux, le nez… Chaque partie de son corps lui apparaissait comme une torture à elle toute seule. Et elle s'effondra dans la vase sujette à des spasmes violents, l'écume aux lèvres, son état venant d'atteindre l'ultime pallier de dégradation.

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Et pour tous les autres, c'était la panique : les pokémon de Cynthia hurlaient d'effroi et de tristesse en les voyant telles quelles, se précipitant aux côtés de cette dernière en poussant des cris pour la réveiller. L'Airmure et le Magneti restaient interdit, incapable de bouger un seul instant. Flo lâchait des profondes larmes horrifiées en restant toujours debout. Lisa avait le regard à la limite du vide : elle avait déjà vu quelqu'un mourir devant elle, et ça recommençait à peine moins de trois jours plus tard… Et la maitresse des baies tenait le seul espoir qui lui restait pour l'une, ou pour l'autre…

La ranger était toujours au dessus de Cynthia, se sentant paralysée à tel point qu'elle ne pouvait pas lever le petit doigt.


« … Qu'est-ce que je peux faire… Qu'est-ce que je dois faire… » Dit-elle d'une voix ténue et cassée.


= Se calmer et réfléchir correctement pour commencer, mais il est hors de question de poser cette remarque telle quelle. Faisons constat de la situation :

Cynthia empoisonnée par inhalation, donc gaz volatile de faible concentration. Hana est lourdement atteinte par un poison liquide de très forte concentration. Au niveau de la rentabilité et de l'efficacité du contrepoison, Cynthia a parfaitement raison : il est tout désigné pour Hana.

La ranger dit avoir été formée pour faire face à des crises cardiaques, et donner ainsi les premiers soins dans ce genre de situation en attendant les secours. Mais elle reconnait ne pas avoir été formée contre les bradycardies qui sont sensiblement opposées aux tachycardies habituelles d'une crise cardiaque, à savoir : un rythme élevé au dessus de la normal, contre un rythme cardiaque plus faible que la normal.

Cela démontre que c'est encore une débutante inexpérimentée : Une tachycardie tout comme une bradycardie sont toutes les deux des troubles du rythme cardiaque, et sont soumise au même traitement préventif qu'elle doit certainement avoir sur elle : atropine.

La tactique employée par le Grotadmorv était de créer une ouverture. Pour ce faire, il lui fallait absolument être sûr que les pokémon s'écartent de son chemin. S'il avait lâché une autre buée noire, nous serions tous rester en position. Mais s'il lâchait un gros nuage empoisonné, dont la toxicité était limitée en fonction de la taille de ce dernier –la quantité au détriment de la qualité-, il s'assurait qu'on l'évite.

Cela signifie que ce poison ne doit pas être aussi dangereux que celui que subit Hana, et que l'atropine a toutes ses chances pour marcher. Une dose entière mettrait normalement très longtemps avant de voir ses effets se dissiper… Alors, en prenant en compte ce poison, et en me basant sur ses symptômes : elle devrait la maintenir en vie encore pour dix minutes.

Cela impliquerait de devoir la rapatrier au plus vite à la ville. Mais avec Hana dans cet état, et sans le matériel de secours adapté identique à celui de Xavier : c'est l'impasse. Cela implique donc une seule question pour moi :

Qui est la plus rentable à sauver ?

A court terme : sauver la serpente pourrait nous donner un avantage face au pokémon, ne serait-ce que pour fuir en emportant le corps de Cynthia… Mais à long terme, c'est une puissante relation de moins pour moi.

A long terme : sauver l'ancienne maitresse me vaudrait des éloges de la part du monde pokémon, mais cette dernière serait si choquée par la mort de sa « petite fleur » qu'elle ne lui pardonnerait probablement jamais. Et de toute façon elle serait incapable de mener correctement ses pokémon au combat à court terme, tout en voyant le cadavre en décomposition de sa Milobellus.

Une seule dose, une seule vie… Quels peuvent être les autres facteurs à prendre en compte, pour établir le meilleur choix en termes de rentabilité ?

Cynthia = dresseuse, mais n'est pas une combattante ; Hana = Pokémon eau de niveau puissant + capacité spéciale avantageuse si altération de statut. Même si l'antipoison coule dans ses veines, elle conserverait cette capacité active encore pour un bon moment.

A long terme : Grotadmorv boosté + marais = catastrophe écologique. A très long terme : catastrophe écologique + caractère hypocrite naturel de l'être humain = trouver un responsable = cataloguer les personnes ayant jouées un rôle dans l'histoire = plus de 97% de chance que sa tête se retrouve placardée sur le net et les archipels à la vue de tous.

A court terme : affrontement du Grotadmorv avec une team avide de vengeance suite à la mort de l'ancienne maitresse + écartement du danger de catastrophe écologique = paradoxe d'échec/victoire qui lui permettrait d'être d'avantage connue sans que son visage ne soit affiché à chaque coin de rue ; les gens se devant de respecter le « deuil » qu'elle devrait faire…

Morte, l'ancienne maitresse est plus rentable que vivante comparée à la Milobellus. Le choix est fait.=



[ A suivre… Est-ce que je fais chier à rajouter çà à chaque fois, ou non ? Parce que, si vous voulez, j'peux tout aussi bien laisser un gros blanc comme dans le chapitre précédant ; Vous faisant ressentir un sentiment de manque direct en scrollant d'la souris XD

MOUHAHAHAHA ! Quel sadique, je m'aime <| :3]

PS : au cas où vous ne l'auriez pas comprit, les balises [*] servent à indiquer quand plusieurs actions ce déroulent en parallèle sur la même ligne temporelle ; et bien évidemment, le chiffre sert à indiquer à quel actions appartient ce parallèle.

Ceci vous permettra d'éviter de vous faire larguer, et en même temps rendre la lecture plus fluide. J'espère que ça vous plaira ! Signé : le connard d'auteur qui vous tient par les poké[BIP] :D ]