World of TeM : Tome 13 : Le Seigneur des brumes de CaliKen

Dans le van, l'ambiance était au beau fixe. La route défilait tranquillement et Sylvain avait mis une petite musique à la guitare sèche à la fois entraînante et calme. Maxime regardait nerveusement Léa, prêt à intervenir en cas de choc dans le van ou de malaise de la part de sa petite femme. Mais celle-ci était on ne peut plus en forme, en train de discuter avec Camélia, riant parfois aux éclats. Tom s'était endormi et Marie lisait, tandis que Julie écoutait de la musique dans son baladeur. Sylvain était crispé, contrairement à son habitude, espérant que le voyage de sa soeur s'écourte au plus vite.

-Et c'est comme ça que j'ai été élu maire adjointe de cette charmante bourgade ! Termina Camélia en riant.
-Cette histoire est incroyable ! Répondit Laetitia.
-N'est-ce pas ? On a eu de grands projets à l'époque pour ce petit village. On y allait souvent avec nos parents.
-On les a jamais vu vos parents d'ailleurs, fit Marie en lachant son livre et en se retournant.
-Sylvain m'en a très peu parlé, ajouta Thomas.
-Hey, tu dormais pas toi ! Critiqua Sylvain.
-En cotoyant des gens comme toi et Marie, j'ai appris à dormir d'un oeil, fit Tom sans ouvrir les yeux.
-Oh, et bien Papa et Maman vivent en Charente Maritime, dans une petite maison pas loin de l'Océan. On va les voir chaque été avec Sissi.

Tom éclata de rire.
-Sissi ! SISSI !
-...
-Hey Sylvain, je savais pas que mon ancien coach était une impératrice ! SISSI !
-Vous ne connaissez pas la légende de ce surnom hein ? Continua Camélia.
-ILS NE VEULENT PAS LA CONNAITRE !

Mais apparemment, tout le monde avait envie de connaître, et même Maxime éclata de rire lorsqu'il appris que, pour s'amuser, Camélia déguisait son grand frère en princesse jusqu'à ses dix ans. Sylvain voulut allumer une clope mais Julie l'arrêta en pointant Laetitia du doigt. Il était hors de question de fumer avec une femme enceinte à bord. Mais peu à peu, il se résigna et commença à bien rigoler avec ses passagers. L'ambiance était au beau fixe et le petit van filait le long de petites routes, en prenant son temps. A l'approche de Montargis, Camélia ouvrit de grands yeux.

-C'est là, C'EST LA SISSI ! La maison en brique rouge, l'église en ravalement, c'est la ville de mon rêve. Je vais faire une rencontre impromptue ici.
-T... t'en es sûre ?
-Content de te débarasser de moi hein ?
-Euh...
-Je te taquine ! Tu peux me déposer au prochain carrefour !
-Si tu veux.
-Allez, je vous fais un bisous à tous, et profitez bien de vos vacances !

Elle passa une main sur le ventre de Laetitia

-Surtout vous deux, continua-t-elle en souriant gentiment.

Sylvain la laissa descendre, elle s'approcha de lui de l'autre côté de la porte du van.

-Hey, tu fais attention à toi hein !
-Mais oui, cette ville est magnifique. Je sens de très bonnes énergies ici.
-Energie ou pas, fais attention. Tu restes ma petite soeur chérie, fit-il à voix basse.
-T'es choupinou. Allez, bon voyage à vous ! Dit-elle d'une voix énergique
-Salut Camélia, répondirent-ils tous en choeur.

Dans un bruit sourd, le van redémarra et partit au loin. Penché sur son volant, Sylvain regardait la route fixement.

-C'est dingue ça, fit Tom, les bras croisés derrière la tête. T'es le mec cool par excellence, toujours calme et pondéré, aucune situation ne t'échappe... A part ta soeur !
-Hmmmmph... Chacun possède ses faiblesses.
-Les êtres vivants oui, rétorqua Marie, mais toi, on pourrait penser que tu échappes à cette règle.
-C'est d'autant plus surprenant que tu n'es pas du genre à en avoir, des faiblesses, rajouta Julie, en soulevant un sourcil inquisiteur.

Sylvain fronça les sourcils et se raidit un peu sur son volant.

-Vous délirez complètement. Tout le monde a ses faiblesses.

Thomas ne put s'empêcher de ricaner. Il avança sa tête pour se retrouver au niveau de Sylvain et Julie, à l'avant du véhicule.

-Tu mens mal coach. Tu sais très bien que tu es l'être parfait. Tu brilles parmi les étoiles tel un astre éternellement lumineux. Tu es l'alpha et l'oméga, tu es la pépite d'or au milieu de l'océan de boue. Oh, Sylvain, si j'étais une femme je...
-Tu serais une honte pour toutes les autres, grogna Marie en l'écrasant du pied contre la portière.
-Hmmpghpghhhhh
-Au moins, trancha froidement Maxime, y en a qui sont du genre à n'avoir que des faiblesses.

Les deux bouts de lèvres de Tom, qui dépassaient de la chaussure de Marie, tentèrent d'articuler un mot.

-Mignable...

Sylvain, qui avait arrêté quelques instants son van devant un feu rouge, se retourna. Sa main gauche tenait toujours le volant, sa droite tapotait la plage avant, entièrement vide. Aucun GPS n'était là pour le guider, et sa carte de France était rangée dans la boîte à gant.

-A part Thomas, tout le monde va bien ? J'ai prévu une pause déjeuner dans deux heures. Nous devrions arriver à Dijon à ce moment là.
-Prendre des petites routes, c'est un peu plus long, mais c'est bien plus sympa, s'extasia Laetitia en observant le paysage défiler à la fenêtre.
-Et surtout n'hésite pas à me dire quand tu veux faire un arrêt, rajouta Sylvain en fronçant un peu les sourcils.
-Je ne suis pas en sucre.
-Non, tu es en sainte, fit Maxime.
-Beau jeu de mot, siffla Sylvain.
-Un jeu de mot ?
-Rendors-toi Thomas...

Marie l'écrasa un peu plus contre la portière.