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Je voudrais pas... de dragibus57



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» Auteur : dragibus57 - Voir le profil
» Créé le 03/10/2010 à 09:41
» Dernière mise à jour le 03/10/2010 à 09:41

» Mots-clés :   Johto   Kanto   Policier   Présence de personnages du jeu vidéo   Sinnoh

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Avant d'avoir tâté

- De l'huile de Kabuto ? Mais d'où vous tenez ça ?
L'infirmière Joëlle s'était montrée plus que réticente à parler du sujet. Elle avait d'abord joué les ignorantes. Mais, quand Nathalie lui eut décrit les rushes qu'elle avait visionnés, elle ne put pas nier.

Le fait que Nath se soit présentée en tant que journaliste y était pour quelque chose.
Elle n'avait en fin de compte pas eu trop le choix, ne voyant pas comment justifier d'une autre manière sa démarche et ses questions. Elle avait donc décidé de jouer franc-jeu –jusqu'à un certain point en tout cas – et avait expliqué l'affaire depuis le début, des vols de fossiles jusqu'à sa visite à Féli-Télé.

L'infirmière Joëlle et elle se trouvaient à présent assises à l'arrière du Centre Pokémon autour d'une tasse de thé et d'une assiette de petits fours.
- Vous pensez donc que quelqu'un cherche à exploiter l'huile de Kabuto ?
- Oui, je ne vois pas pourquoi on en aurait besoin en si grand nombre sinon… répondit Nathalie d'un air dubitatif.
- Ces trafiquants font fausse route… A mon avis, cette huile n'existe pas ! Ce n'est qu'une rumeur…

Voyant l'air surpris de la journaliste, la jolie rousse poursuivit :
- Je n'ai pas eu le temps de terminer l'étude des Kabuto avant que leur île ne soit détruite, mais d'après ce que j'ai pu en voir, ils ne sécrètent aucune substance particulière. Et puis si c'était le cas, ça se saurait ! Depuis le temps que les gens en élèvent, on en aurait retrouvé des traces …

L'argument était plein de bon sens. Nath n'y avait même pas pensé ! Mais énoncé de cette manière, un peu crûment, il lui fit l'effet d'un coup de poing à l'estomac. La déception dut se lire sur son visage, car l'infirmière se pencha légèrement vers elle et lui demanda sans préambule :
- Pourquoi tenez-vous tant à trouver cette fameuse huile ? Et n'essayez pas de me répéter que c'est dans le cadre d'un reportage ou d'une enquête. Vous avez une autre raison. Plus… personnelle. Je me trompe ?

Les yeux bleus de Joëlle fouillaient ceux de Nathalie, qui ne put soutenir son regard et dut baisser les siens. Comme un aveu.
Elle se reprit rapidement, maudissant son instant de faiblesse, et répliqua d'un ton cassant :
- J'ai effectivement mes raisons. Mais comme vous le dites si bien, elles sont personnelles et ne regardent que moi.
- Ne soyez pas si agressive. Vous ne gagnerez rien à vous retrancher derrière une armure. Vous ne faites qu'éloigner les autres de vous. Encore un peu plus… Vous devriez au contraire vous ouvrir et parler de votre maladie…

Nathalie était stupéfaite de la perspicacité de l'infirmière ! En quelques minutes de conversation, elle venait de la cerner comme personne auparavant.
- Mais qu'est-ce qui vous fait croire que je suis malade ? demanda-t-elle, encore sur la défensive.
- C'est mon métier… J'ai tout de suite remarqué votre façon de vous déplacer, avec cette légère hésitation à poser le pied, caractéristique des gens qui n'ont plus toutes leurs sensations. Le thé était bouillant. Vous n'avez même pas tiqué en prenant la tasse, à peine tressailli après la première gorgée. Vous avez la sclérose en plaques et vous ne voulez pas que ça se sache.

Aucune trace de cette compassion un peu forcée ou de cette gêne humiliante que peuvent avoir certaines personnes lorsque vous leur annoncez que vous avez un cancer et qui se composent une mine de circonstance parce qu'elles ne savent pas comment réagir…
Le ton était posé, ferme, mais sans être froid. Le constat d'une professionnelle de la santé.

Les yeux de la journaliste s'embuèrent. C'en était un peu trop en si peu de temps.
- J'ai remarqué ce matin, en visionnant les rushes, que ma vision périphérique commençait à rétrécir. Le nerf optique est touché… Alors j'ai pensé naïvement, je le reconnais, que l'huile de Kabuto pourrait me guérir…
- Mais vous courez après une chimère… Cette huile miracle n'existe pas. Le seul moyen de lutter contre la maladie, c'est de vous ménager et d'être entourée par vos proches. Au lieu de ça, vous partez en vadrouille dans tout le pays et refusez toute tentative d'approche de la part des autres. Rentrez chez vous, vous en avez assez fait.

Nathalie ne répondit pas tout de suite, le temps de se redonner une contenance.
Elle savait bien au fond que l'infirmière avait raison… Mais il est des situations où, même lorsqu'on vous met le nez sur l'évidence, quelque chose en vous refuse de l'admettre. Une sorte de fierté mal placée, le refus de l'échec, la honte d'avoir tort ou, comme dans son cas, ce fichu espoir rivé au creux de ses tripes.

Elle était décidée à soutirer le moindre détail à l'infirmière, d'une manière ou d'une autre. Elle aborda donc la question sous un autre angle :
- Il reste malgré tout le problème des Kabuto, ils sont en danger ! En ce moment même, quelqu'un est peut-être en train de les forcer à produire une huile qu'ils sont incapables de fabriquer…
- Possible, mais ceci est du ressort de la police, pas du vôtre.

Nathalie joua sa dernière carte. Elle sortit son Smartphone de son grand sac et fit mine d'y chercher un numéro :
- Dans ce cas, il faut qu'on contacte le lieutenant Mahdid de la police de Céladopole. C'est lui qui est chargé de l'affaire. Je le connais personnellement, je lui ai communiqué certains renseignements que j'avais récoltés pour mon article…
Demi-mensonge… ou demi-vérité…
- Oui, mettez-le au courant de ce que vous avez découvert. C'est ce qu'il y a de mieux à faire pour tenter de sauver les Kabuto, approuva Joëlle.

La journaliste porta le téléphone à son oreille et mima une conversation avec le policier.
- … Oui, de l'huile de Kabuto… Ce serait le mobile des vols apparemment… Non, l'île a été détruite et les Kabuto sont partis ailleurs… Non, aucune idée de l'endroit où ils sont allés… Mais il y a urgence à trouver les trafiquants… Ah, ça je ne sais pas… Non, je n'ai pas d'infos sur leur planque, désolée…
- Euh… Je ne sais pas si ça peut être utile… la coupa Joëlle en chuchotant, mais dites-lui que le seul spécimen de Kabuto vivant a été découvert aux Ruines d'Alpha…

Enfin ! Il était temps, Nathalie ne savait plus trop comment faire durer sa conversation imaginaire.
Elle « transmit » au Lieutenant Mahdid et raccrocha.
- Il va aller y faire un tour, mentit-elle. Et il vous remercie du renseignement.
Et moi aussi d'ailleurs…

Elle prit congé de l'infirmière et retourna à Johto.

L'après-midi était déjà bien entamée quand elle atterrit pour la seconde fois à proximité des Ruines d'Alpha.
Elle considéra le site avec un œil différent. Cette fois-ci, elle ne cherchait pas une personne, mais des Pokémon. Chen avait effectivement expliqué qu'on avait retrouvé un spécimen de Kabuto vivant, elle s'en souvenait maintenant, mais il n'avait pas précisé où. Joëlle pensait que c'était ici.

Son raisonnement était le suivant : une colonie avait pu se reconstituer dans les Ruines ; ou alors les rescapés de l'Ile avaient pu trouver refuge ici. Ce qui expliquerait pourquoi on trouvait si facilement leurs fossiles.
Du coup, le lieu devait prodigieusement intéresser les trafiquants, ils n'avaient pas pu ignorer une telle aubaine…
Il se pouvait même que ce soit leur QG…

Elle repensait en particulier au scientifique si peu aimable qui l'avait accueilli pour la première fois… Et à ce Otto-quelque-chose sur qui elle était tombé dans l'entrée du souterrain… Ce n'était peut-être pas un pervers après tout… Ces individus faisaient peut-être partie de l'organisation… Et dire qu'elle leur avait parlé ! Qu'elle avait été si près du but !
Il fallait qu'elle se montre très prudente à présent. Ils avaient déjà prouvé qu'ils ne reculaient devant rien pour obtenir ce qu'ils voulaient. Elle prit donc une Pokéball dans chaque main et fit marcher Lucario derrière elle.

Les Ruines étaient désertes à cette heure-ci. Le soleil commençait à décliner et allongeait l'ombre des assemblages de pierres sur le sol inégal.
Elle avançait à petits pas prudents, un peu au hasard, guettant le moindre bruit, le moindre mouvement suspect. Elle inspecta ainsi chaque construction. Sans aucun résultat.

Soudain Lucario lui toucha l'épaule. Il avait détecté une présence.
Là ! Il pointa son doigt en direction de l'un des deux bâtiments fermés qu'elle avait déjà remarqués lors de sa première visite. Celui qui était le plus au sud, dont l'entrée n'était accessible qu'en surfant sur la petite étendue d'eau. Elle s'en approcha et en fit le tour.
Impossible pour elle d'accéder par la porte. De toute façon, elle était fermée.

Le loup bleu l'entraîna alors vers un amas de rochers sur la gauche et la regarda avec insistance.
- Tu as senti quelque chose ? Tu crois qu'on peut rentrer par là ? chuchota-t-elle.
Le Pokémon acquiesça.
- Mais Luca', je ne peux pas déplacer ces blocs ! Même Macho' n'a pas la Force de le faire…
Le Lucario n'en continua pas moins à désigner obstinément un rocher en particulier.

Nathalie se pencha et l'examina attentivement. Elle finit par découvrir des éraflures sur le sol. De fines stries causées par un frottement répété. On pouvait donc bien le déplacer ! Elle passa ses mains sur la surface du rocher, mais ne sentit rien…
Là, c'était là ! Elle avait trouvé ! Une petite saillie à la base. Elle pressa dessus et le bloc glissa sur le côté, découvrant un escalier aux marches de pierre.
Tout en se disant qu'elle était complètement inconsciente, elle s'engagea dans le passage étroit et sombre.