Commencons par le commencement !
Encore dix minutes. Dix longues minutes. La jeune fille contemplait sa montre-bracelet, sertie de faux diamants. Elle ne suivait pas le long discours monotone de sa professeur, sur l'évolution.
Elle poussa son énième soupir depuis le début du cours. Sa voisine lui donna un coup de coude.
-Tu ferais mieux d'être un peu plus discrète, Lyka, où tu vas écoper d'heures sup' ! Lui souffla-elle
Lykarale dévisagea sa voisine, qui n'était autre que sa sœur. Takie n'était pas bien plus intéressée par ses études que sa jumelle, mais elle savait « s'ennuyer discrètement ». Elle était belle, les cheveux très longs, raides, de couleur noire. De magnifique reflets rouges et des yeux de la même couleur lui donnaient un air fantastique. Son teint pâle comme celui d'un vampire accentuait son côté inquiétant.
Quand elle y pensait, Lykarale remarquait qu'elles ne se ressemblaient pas du tout. Toujours affublée de ses deux chignons, ses cheveux de couleur verte étaient coupés en un carré flou, et deux longues mèches flottaient à partir de ses chignons. Des rubans noirs liaient ses macarons.
La peau bien plus mate que celle de sa jumelle, les yeux roses brillants, non vraiment elle ne ressemblait pas du tout à Takie.
Takie et Lykarale avait deux autres soeurs. L'une plus jeune et l'autre était leur triplette. Celle-ci se trouvait tout au fond de la pièce. Elle avait toujours eu un sale caractère, distante et désagréable. Elle avait les cheveux blonds toujours attachés en chignon. Les traits de son visage parfaitement dessinés, fins. Elle faisait bien plus âgée que ses jumelles. C'était proprement dit, une peste.
Eledys leva la main bien haut, non pas pour répondre à la question qui venait d'être posée par l'institutrice, mais pour jouer son rôle … de peste !
-Madame ! Je crois bien que ... mes soeurs ne suivent pas votre cours, dit-elle sur un ton parfaitement assuré, accentuant les mots « mes soeurs »par une pointe de dégout.
La professeur ouvrit des yeux ronds. Aussi ronds que ceux des accusés, qui venaient de retenir un hoquet de surprise. Takie, au tempérament bien plus trempé que sa voisine, se retourna en furie et foudroya d'un regard assassin la « caf'teuse ». Celle-ci lui décocha un sourire, tout ce qu'il y a de plus ironique. Lykarale incita sa soeur à se retourner et posa son regard calme sur leur institutrice, madame Filite .
-Bien alors, qu'elle est la question que je viens de poser ? Demanda celle-ci, une fois l'effet de surprise dissipé, afin de vérifier la crédibilité des propos de le jeune effrontée.
« Et bien c'est : qu'elle est la question que je viens de poser ? » songea Lykarale en son fort intérieur. Mais elle se retint. Elle avait un autre plan.
-Alors ? Questionna Madame Filite au bout de quelques secondes, rien à me dire ?
-Si ! Bien sûr que si ! Malheureusement, ce n'est pas la réponse que vous attendiez, commença la jeune fille, comme nous ne sommes pas en possession de cette réponse, je propose que ce soit Eledys qui nous la donne, elle qui a suivi le cours, ajouta t-elle, un sourire narquois aux lèvres, savourant le regard paniqué de sa triplette.
*
Deux jeunes filles étaient appuyées contre le portail vert de l'école primaire. Elle attendaient vraisemblablement son ouverture. C'était une grande école où beaucoup d'élèves y étaient instruits. La cour de récréation était équipé en conséquence. De grands portiques trônaient fièrement à des endroits précis de la cour que les enfant connaissaient par cœur. Derrière l'école se trouvaient une large porte de fer qui abritait les vélos et autres moyens de déplacement qu'avaient utilisés les élèves. Le vent soufflait doucement ce jour là. Les cheveux des jeunes filles flottaient allègrement à son rythme.
-Merci au fait, souffla l'une d'entre elle à l'intention de la deuxième, tu as bien rattrapé le coup !
-Bah c'était rien tu sais. Mais c'est vrai que, heureusement que je suis là pour aider ma sœur sans défense, répondit l'autre avec un sourire aux lèvres. Et elle éclata de rire.
A ce moment là, la sonnerie de l'école retentit. Un flots d'élèves se déversa dans la cour. Certains se précipitèrent vers le garage, d'autres vers le portail pour aller rejoindre leurs parents qui les attendaient de l'autre côté. Parmi eux, une jeune fille aux longs cheveux magnifiquement bleus, noués par une pince à leur extrémité. Sa peau était claire, bien que pas autant que celle de Takie. Ses yeux bleus turquoises, aussi profonds qu'un lac la rendait mystérieuse. Elle afficha un sourire et se dirigea vers les jeunes filles dès qu'elle les vit. Arrivée à leur hauteur elle se hissa sur la pointe des pieds pour embrasser ses sœurs sur les joues.
Elle se mit à raconter sa journée aux jeunes filles qui l'écoutaient attentivement. Après, ce seront à elles de parler. Dancan avait l'habitude de ne discuter qu'avec deux des triplettes. L'autre était déjà rentrée depuis longtemps à la maison ce moquant éperdument des affaires des autres. Le trio marqua un temps d'arrêt devant le passage piétons. Elles traversèrent en faisant signes aux voitures qui les laissaient passer. De nouveau sur le trottoir, Dancan s'arrêta, et fixa tour à tour Lykarale et Taki.
-Qui a t-il ? S'informa l'une d'elle.
-Je voudrais vous montrer quelque chose. Mais pas ici.
Elle leur fit signe de la suivre et s'engagea dans un ruelle étroite. Un tas de poubelles était entassé au fond du cul-de-sac. Les chats de gouttières qui les fouillaient à la recherche d'une quelconque carcasse à se mettre sous la dents décampèrent à l'approche des jeunes filles.
La plus jeune balaya les murs sales et en ruines des yeux afin de s'assurer que personne ne les épiait. Une fois satisfaite, elle posa son cartable sur le sol crasseux. Elle l'ouvrit, farfouilla jusqu'à en sortie une balle. Elle était rouge et blanche. Il y avait un bouton au milieu. La petite fille appuya dessus et lança l'objet en l'air. Avant qu'elle ne retombe à ses pieds, elle s'ouvrit et un faisceau lumineux jaillit quelques secondes. Lorsqu'il disparu, un étrange animal était au milieu de nous. C'était un crocodile bleu. Sa crête elle, était rouge. Il était debout sur ces deux pieds et fixait le groupe, l'air jovial.
-C'est Mamie qui me les a donnés ce matin. Expliqua Dancan.
-Les ? Tu veux dire qu'il y en a d'autre ? Demanda Takie, intriguée
En guise de réponse, la petite fille sortit deux autre balles semblables à la première et en donna une à chacune de ses soeurs.
-Il y en a aussi une pour Eledys mais je voulais vous les donner d'abord.
Les deux jeunes filles examinèrent la balle, puis imitèrent leur petite sœur et pressèrent le bouton en la lançant dans les airs. Elles tournoyèrent et firent de même que la précédente. Le petit groupe retint sa respiration, sans savoir dans quoi ces petites balles aller les menées.