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Je voudrais pas... de dragibus57



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» Auteur : dragibus57 - Voir le profil
» Créé le 11/09/2010 à 11:25
» Dernière mise à jour le 11/09/2010 à 11:25

» Mots-clés :   Johto   Kanto   Policier   Présence de personnages du jeu vidéo   Sinnoh

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Je voudrais pas finir

Nath était affalée sur le seuil de son appartement, un peu sonnée, et des ondes de douleur remontaient depuis sa cheville jusqu'au genou.

Elle ne comprenait pas bien comment elle s'était retrouvée là. Elle avait dû se prendre les pieds dans le paillasson et avait chuté de tout son poids.
Ou plutôt si. Elle savait très bien pourquoi c'était arrivé : elle n'avait tout simplement pas senti le paillasson sous ses pieds.
Parce que depuis six mois, elle n'avait plus de sensations dans les orteils.
Parce que depuis une semaine, elle était en pleine poussée.

Il y a deux ans, quand les premiers symptômes étaient apparus, elle avait d'abord cru que la fatigue inhabituelle et les fourmillements qu'elle ressentait au bout des doigts étaient dus à une mauvaise circulation du sang. Mais son médecin n'avait rien trouvé dans ce sens. Il l'avait alors orienté vers un neurologue qui lui avait fait subir une série d'examens à base d'impulsions électriques. Finalement, après avoir passé un scanner et une IRM, le verdict était tombé. Sans appel.

Elle était atteinte de sclérose en plaques.

Sur le coup, elle avait cru que le monde s'effondrait autour d'elle.
Elle avait beaucoup pleuré. Et longtemps. Puis elle s'était reprise, en bonne célibattante qu'elle était, et avait envisagé l'avenir sous un angle différent.
La première action de sa « nouvelle vie », comme elle aimait ironiquement l'appeler, avait été de se documenter sur la maladie. On lutte mieux contre un adversaire qu'on connaît.

Nath avait donc appris que la sclérose en plaque touchait le système nerveux central, c'est-à-dire le cerveau, les nerfs optiques et la moelle épinière, et qu'elle altérait la transmission des influx nerveux. Lorsque la gaine qui entoure les fibres nerveuses était enflammée, son cerveau ne pouvait plus recevoir ni transmettre correctement les informations provenant de son environnement.

Mais ces poussées inflammatoires ne duraient qu'un certain temps - qui pouvait quand même passer de quelques jours à plusieurs mois. Durant les périodes de rémission, la gaine du nerf se réparait quelque peu, mais n'avait pas le temps de cicatriser correctement. Du coup, les lésions finissaient par être définitives et la maladie devenait progressivement invalidante.

Autrement dit, ça signifiait qu'elle perdrait peu à peu son autonomie et finirait dans un fauteuil roulant, sans plus pouvoir contrôler sa vessie ni ses intestins.

Voilà pourquoi, entre autres, Nath trébuchait si fréquemment ces derniers temps…

La douleur de sa cheville était si forte qu'elle n'arrivait pas à retenir ses larmes. Elles coulaient le long de ses joues en laissant deux sillons plus clairs dans le fond de teint.
Mimi était là, ronronnant et frottant sa tête contre le dos de sa maîtresse.
- Oui, tu es un bon Miaouss... Moi aussi je t'aime...
Elle tenta de se relever, mais il lui manquait l'appui de sa jambe blessée et la force de ses poignets. Au prix d'un gros effort, elle rampa vers son sac qui avait été projeté un peu plus loin et en sortit l'une de ses Pokéball.
- Allez Macho', à toi de jouer ! dit-elle en la lançant sur le sol.

Une fois jailli de sa Ball, Machopeur n'eut pas besoin qu'on lui explique ce qu'il avait à faire. Ce n'était pas la première fois qu'il venait ainsi en aide à sa dresseuse. Il s'agenouilla et passant ses énormes bras autour de ses épaules et sous ses cuisses, il la souleva sans aucun effort. Puis il déposa délicatement son précieux fardeau sur l'un des fauteuils club du salon.
- Ah Macho', merci mon grand, tu es mon sauveur ! Une fois de plus... dit-elle en le regardant affectueusement.

Après avoir examiné sa cheville sous toutes les coutures, Nath en conclut qu'il n'y avait rien de cassé. Probablement une entorse bénigne, mais qui allait l'handicaper encore davantage pendant quelques jours.

Elle demanda à Lucario de lui faire un pansement alcoolisé et de lui apporter l'attelle et les béquilles qu'elle gardait toujours à portée de main. Le Pokémon s'empressa autour d'elle et, avec des gestes dignes d'un infirmier, eut tôt fait de lui bander la cheville.
- Hey Luca' ! Tu deviens un vrai pro ! Tu commences à avoir l'habitude, hein ?
Lucario la regarda d'un air navré. Il avait beaucoup de mal à comprendre que sa maîtresse puisse plaisanter sur un sujet pareil.
Et là, Nathalie éclata en sanglots.

Saloperie de SEP ! Pourquoi moi ? Qu'est-ce que je vais devenir ? Un légume baveux dans un centre de soins longue durée, avec deux poches de pisse et de merde de chaque côté du lit ? Jamais ! Plutôt crever !!

Elle avait déjà perdu la quasi-totalité des sensations au bout de ses doigts et de ses orteils. Ce qui faisait qu'elle se brûlait, se coupait ou se cognait sans s'en apercevoir.
C'est par là que tout avait commencé, mais petit à petit, d'autres parties de son corps avaient été touchées et s'engourdissaient de plus en plus souvent. Ces jours-ci, tandis qu'elle se maquillait, c'est sur son visage qu'elle avait remarqué une diminution de la sensibilité.

Elle n'avait pas spécialement constaté de troubles de la vue, de la parole ou de la mémoire. Mais ça viendrait forcément. C'était inéluctable. Car à ce jour, il n'existait pas encore de traitement pour guérir la sclérose en plaques.

Tout ce que les médecins pouvaient faire, c'était ralentir la fréquence des poussées et soulager les inflammations.
Mais le traitement était lourd, avec des effets secondaires parfois difficiles à supporter : apathie, nausées, vomissements, prise de poids…

Puisque certaines de ses sensations avaient disparu, elle devait prendre pas mal de précautions.
Inspecter régulièrement ses extrémités, à la recherche de petits bobos qu'elle se serait faits involontairement et qui risquaient de s'infecter s'ils n'étaient pas soignés.
« Comme les lépreux ! » avait-elle pensé sur le coup…
Prendre garde à ne pas se mordre l'intérieur des joues.
Faire contrôler régulièrement sa dentition.
Généralement, les gens n'aiment pas avoir mal. Nathalie aurait beaucoup donné pour pouvoir encore « souffrir » d'une rage de dents.

Le neurologue lui avait également conseillé de diminuer les facteurs de stress et de se simplifier la vie.
En clair, il voulait la mettre en longue maladie.
Elle n'avait même pas réfléchi, elle avait bondi de son siège. C'était hors de question ! Elle voulait rester active le plus longtemps possible. Voir du pays, rencontrer des gens, accomplir tout ce qu'elle n'avait pas pu faire jusque-là.
Dans ce cas, avait dit le médecin, elle devait se ménager d'une façon ou d'une autre, afin de rester valide et autonome le plus longtemps possible.

Nathalie avait donc mûrement pensé à la façon de gérer dorénavant sa vie.
Elle voulait à la fois vivre des situations extrêmes avant d'être clouée dans un fauteuil roulant, tout en s'économisant pour pouvoir « durer » un maximum.
C'est pour cette raison qu'elle avait décidé de s'entourer d'une équipe Pokémon de choc. C'était la deuxième action de « sa nouvelle vie ».

Machopeur, le gros costaud, était là pour porter tout ce qui était lourd - ses courses, ses meubles, elle-même... - et d'une manière générale, pour faire tous les travaux qui demandaient un tant soit peu d'effort physique.
Dracolosse était son jet-privé-de-luxe-confort-et-sécurité-garantis.
Lucario était son secrétaire, son ami, son confident et accessoirement son garde du corps.
Miaouss était son vieux chat de célibataire.

Au bout d'un moment, elle renifla un bon coup et sécha ses larmes. La crise était passée. Ça lui arrivait encore de temps en temps, mais de moins en moins souvent quand même. Elle s'habituait.
Lucario avait passé ses bras autour de ses épaules et posé sa tête velue contre la sienne. Elle caressa le poil doux et soyeux du museau et lui fit un gros bisou sur la joue.
- Ne t'inquiète pas mon Luca', ça va mieux. Grâce à vous tous.

Ces derniers mots lui firent remonter le fil des souvenirs, dix-huit mois auparavant, quand elle avait galéré comme une malade – elle adorait l'auto-dérision- pour constituer son équipe.