Zouna de Nora

Angélina frappa la tuile qui se brisa, son second état d'esprit avait aidé à sa concentration malgré que certains problèmes lui trottent dans la tête. C'était samedi matin, le temps était radieux bien qu'il ait plut pendant la nuit. Comme chaque matinée, Angélina faisait son entraînement intensif d'art martial. Cette fille était une dure à cuire, elle pratiquait quatre art de combat différent dans lesquels elle était ceinture noire, le Taekwondo, le Vovinam Viêt Vo Dao, l'Ensei-Ken et l'Aïkido. Elle possédait une taille svelte, des cheveux noirs corbeau coupés courts et coiffés en tout sens, des yeux d'un vert émeraude. Angélina cessa son entraînement et ordonna à ses pokémon d'en faire de même. Sa mère sortit sur la terrasse et l'appela à tue-tête.
- Angie ! (c'était son surnom) On a appelé pour toi, quelqu'un veut te voir à l'usine désaffectée dans une heure.
- T'a-t-il dit son nom ? Demanda Angélina.
- Non, il ne s'est pas présenté.
Angélina gardait un regard vide, symbolisant une concentration farouche. Sa mère repartit dans la maison.
- L'usine désaffectée... Personne n'y ait allé depuis des années, c'est un endroit décrépis et sale, personne... elle se tourna vers ses pokémon qui avaient le même air réfléchi... nous irons là-bas, avec la plus grande discrétion.
Elle alla revêtir un vêtement qui pouvait se fondre dans le décor, bien qu'elle soit toujours visible cet habit lui donnait l'air inexistant. Angélina partit, armée de quatre pokéball et de son sabre.
Grâce à son agilité hors du commun, Angélina parvint rapidement à l'usine qui se situait au nord de la ville. Elle ne découvrit aucunes formes de vie dedans, il n'y avait strictement personne. Elle fouilla l'endroit d'un coup d'oeil, tendit l'oreille et éveilla son
sixième sens capable de sentir les personnes en approche. Des pas résonnèrent dans la grande usine, quelqu'un arriva derrière elle et l'interpella.
- Eh toi !
Angélina fit un bond de deux mètres et, dans son élan, tira son sabre du fourreau qu'elle pointa sous le menton de son interlocuteur. A son grand étonnement, c'était une fille, mais pas n'importe laquelle...
- Léane ? Fit-elle dans un murmure à peine audible.
- Je vois que tu n'a pas perdu une occasion de t'entraîner au sabre. Dit la prénommée Léane, menacée d'une pointe aiguisée.
Angélina se hâta de ranger son arme et prit Léane dans ses bras. Cette fille était une très vieille amie d'enfance, toutes deux avaient été dans la même classe pendant plusieurs années jusqu'à ce que le père de Léane décide de déménager en Bulgarie et toutes deux ne se sont plus donné de nouvelles.
- Ca fait tellement longtemps ! S'exclama Angélina. Je suis si heureuse !
- Et moi donc ! Répliqua Léane en lui souriant de toutes ses dents. Tu m'as tellement manqué, si je m'attendais à te revoir aujourd'hui !
- D'ailleurs, comment se fait-il que tu sois ici ? Demanda Angélina plus sérieuse.
- Tu sais, depuis quelques temps, je m'intéresse beaucoup à l'esthétique pokémon, on m'a envoyé une lettre pour m'inviter à rencontrer un grand professionnel du métier ici... voilà ce que je découvre.
Elle donna un petit coup dans une canette de bière vide. Léane était, pour n'importe quel garçon, l'idéal féminin. Elle atteignait la quinzaine, possédait de longs cheveux bruns, soyeux, un visage fin et ovale, de magnifiques yeux en amande couleur cognac, une
taille svelte et élancée, des formes avantageuses, une bouche rose et pulpeuse. A neuf ans, des garçons de trois à quatre ans de plus qu'elle, venaient lui offrir des fleurs et des chocolats. A la St-Valentin, elle recevait des dizaines et des dizaines de lettres,
tellement qu'elle ne les ouvraient jamais.
- Et toi, pourquoi es-tu ici ?
- Quelqu'un a téléphoné chez moi. Répondit Angélina, soudainement aux augets. Il méa donné rendez-vous ici... Sinon, que deviens-tu ?
- Je commence un apprentissage d'esthéticienne en Bulgarie. Ca marche très bien là-bas. Dans un an, je pourrais débuter une carrière solo, d'après ce que m'a dit mon professeur.
- Quand tu étais petite, tu voulais être maître pokémon. Je me souviens. Fit Angélina avec un petit rire.
- Toi, quand tu étais petite tu voulais devenir infirmière, franchement je vois mal une infirmière s'amener avec un couteau dans sa poche. Rigola Léane. De plus, je parie que tu n'es toujours pas d'accord pour porter des jupes ou des robes.
- Qu'est-ce que ça peut faire, je ne veux plus être infirmière. Pour le moment, je ne suis qu'une simple lycéenne adepte d'art martiaux. Au fait, tu sors toujours avec ton Patrick ?
- Quoi ?! Avec lui c'est finit depuis des lustres ! En ce moment, je corresponds sur le net en anglais avec un américain qui habite à Chicago. On s'est envoyé nos photos et... on a craqué l'un pour l'autre et depuis deux semaines je vis le bonheur parfait ! Mais il y a toujours cet idiot d'srod qui ne me colle comme un chien !
- Tu sors encore avec deux mecs à la fois, pas vrai ? Soupira tristement Angie.
Léane haussa les épaules sans laisser paraître la moindre trace de culpabilité.
- Isrod embrasse trop bien pour que je le plaque et cette petite histoire sur internet c'est follement amusant ! Tout ça n'est pas nouveau pour toi, en secondaire, je sortais avec Arnaud, Kévin et Florent !
- Oui, mais eux ils le savaient. Rectifia la samouraï.
- Justement ! Fit Léane en se frottant les mains. C'est beaucoup plus excitant quand ils ne sont pas au courant.
La porte de l'usine claqua, faisant trembler les murs.
Léane poussa un petit cri de stupeur et Angélina agrippa la poignée de son sabre.
- Qui est là ?
Pas de réponse. Elle s'en serait doutée. Angélina lâcha le manche de son épée et attrapa une de ses pokéball qu'elle lança, un Sablaireau en sortit. Elle lui ordonna de creuser un tunnel et de trouver le fautif de tout ce vacarme. Le pokémon creusa le ciment
et plongea sous terre. Les deux filles restèrent immobiles, attendant que l'animal remonte en surface.
- Tu crois que...
- Chut ! Trancha Angie d'une voix sèche. Il arrive.
Sablaireau sortit de terre en poussant un cri incompréhensible. Puis deux personnes entrèrent en jeu, au bout de la salle, Angélina ne pouvait voir leurs visages. Elle se contenta de sortir son sabre et dire d'un ton menaçant en le brandissant.
- Vous, là ! Est-ce vous qui vous amusez à nous effrayer ?
Les deux formes ne bougèrent pas et restèrent silencieuses. Elle fonça droit devant, comme une vague qui avait accumulé de la puissance sur des kilomètres et des kilomètres, cette technique était très dur à réaliser, généralement, Angélina annihilait tout les
ennemis sur son passage mais là, elle s'arrêta net, le souffle coupé...
- Arrête ! Angélina !
Elle avait cessé à temps, la lame touchait presque le visage d'un des deux garçons qui se trouvait face à elle. Angélina les reconnut de suite, et, sous l'effet de surprise elle fut désarmée.
- Yanis ? Jalil ?
Léane s'approchait à grands pas pour voir ce qu'il se passait, elle ne parut pas trop étonnée de revoir les deux garçons, de très bons amis à elles.
- Vous êtes là, vous aussi ? C'est incroyable !
- Tu aurais put nous taillader, cette fois, Angie. Dit Yanis avec un sourire ravageur. On a bien faillit y rester.
- Content de remarquer que tu as toujours une bonne technique mais la prochaine fois, teste-la sur un de tes mannequins. Souffla Jalil en remontant ses lunettes sur son nez.
Jalil et Yanis étaient différent en bien des points. Yanis était le genre de gars hilare, toujours joyeux, dédramatisant les situations les plus embarrassantes et mignon par-dessus tout, sportif mais pas très brillant. Quant à Jalil, c'est L'intello de service, il en a tous les caractéristiques et il les remplit tous. Lunettes trop grandes pour lui, cheveux sales (tellement quil bosse, il n'a pas le temps de se les
laver) muscles inexistants comme un mollusque et un corps frêle et maigre. Tout le monde l'appelle Obi-Wan Kenobi, parce qu'il a la même coupe de cheveux et qu'il est un grand fana de Star Wars. A part ces petits détails, Angélina le considérait vraiment comme un grand ami.
- Ca alors ! S'exclama Yanis. Tu es revenue Léane... il la regarda de haut en bas... tu as grandit, dis donc... je ne t'imaginais pas aussi...
- Aussi quoi ? Coupa-t-elle avec un clin d'oeil aguicheur.
Mais Yanis ne termina pas sa phrase car Jalil prit la parole.
- Que faîtes-vous ici ? Surtout toi qui étais en Bulgarie, un beau jour tu décides de revenir nous voir ?
- Ce n'est pas ça du tout. Fit Léane. Je n'ai pas décidé de revenir ici, on m'a invité.
- En réalité, nous avons tous été convié ici et je suppose par la même personne, cependant, il faut savoir qui et surtout pourquoi. Réfléchit Angélina.
Les trois autres se lancèrent des regards douteux alors qu'elle rappelait Sablaireau qui flairait le sol dans sa pokéball.
- Quelqu'un nous a peut-être tendu un piège, il faut sortir de là et se réfugier dans un endroit où il y a beaucoup de monde !
- Arrête de faire le bébé, Jalil. Lança Yanis avec un rire sarcastique. On ne sait même pas qui est cette personne !
- Et je suppose qu'on ne va pas tarder à le découvrir. Fit Léane d'une voix faible.
- Oh ! On se calme, on n'est pas dans un film hollywoodien.
La porte claqua à nouveau et un frisson parcourut l'échine d'Angélina. Jamais, elle ne se laisserait dominer par ses peurs. Les trois autres restèrent silencieux, comme des tombes, on aurait dit que quelqu'un avait baissé le volume. Une autre personne était là, dans l'usine, mais il était dur de savoir où exactement. Angélina ordonna le silence et se concentra mais sa peur envahissait chaque pli de son cerveau et de son corps.
- Il y a quelqu'un... Je le sens.
- Merci, on le savait. Ricana Yanis.
- Chut ! Clama Jalil.
Des pas retentirent, l'échos de ses pas se répercuta contre les parois et résonna puissamment dans leur chair. Tous, saisirent une de leur pokéball accroché à leur ceinture. Celle d'Angélina était entièrement noire, c'était son oncle qui lui avait fabriqué et dedans se trouvait son pokémon le plus fort, un très bon atout. Une voix, belle mais toute aussi dure que son possesseur se fit percevoir.
- Vous ?