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Je voudrais pas... de dragibus57



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Informations

» Auteur : dragibus57 - Voir le profil
» Créé le 03/09/2010 à 12:47
» Dernière mise à jour le 03/09/2010 à 12:48

» Mots-clés :   Johto   Kanto   Policier   Présence de personnages du jeu vidéo   Sinnoh

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Je voudrais pas crever

Gus Swenson sortit de la gare de Safrania et prit la direction du sud.
Il courbait les épaules et baissait la tête, tentant de dissimuler le plus possible son visage. Sa haute taille le faisait déjà suffisamment remarquer à son goût, il ne tenait pas à ce qu'on se souvienne en plus de sa tête.

Dans le même ordre d'idée, il se félicitait d'avoir choisi le train plutôt qu'un autre moyen de transport. Au moins la volumineuse valise qu'il traînait passait-elle inaperçue au milieu de la foule des voyageurs, eux aussi munis de bagages.
Et ce qu'il transportait devait rester à l'abri des regards.

Il tourna à droite dans une rue. Sa destination n'était plus qu'à quelques pâtés de maisons.
Les sens en alerte, Gus Swenson guettait tout ce qui pouvait lui paraître inhabituel. Il compta vingt-cinq pas, puis s'arrêta et pivota sur lui-même. Là, il fit mine de vouloir traverser la rue en regardant à gauche et à droite. Apparemment, pas le moindre détail anormal. Rassuré, il revint sur ses pas et s'engouffra sans frapper dans une petite maison banale, identique à ses voisines.

A l'intérieur, il garda une main dans sa poche, serrée autour d'une Pokéball.
Gus n'aimait pas grand monde, mais même dans le cas contraire, il n'aurait pas aimé Raymond Buissard, le propriétaire. Ce n'était qu'un petit homme fuyant et insipide, au visage étroit, aux épaules tombantes et aux yeux en perpétuel mouvement.

Celui-ci était justement en train de manger à la table de son salon quand il vit la porte s'ouvrir à toute volée. De saisissement, il en laissa tomber sa fourchette. Puis en reconnaissant son visiteur, il se raidit et commença à transpirer abondamment tout en affichant un sourire forcé.
Ce qui n'échappa pas à Gus. Que Buissard le craigne allait considérablement lui faciliter la tâche.
- Tiens, Gus !
Swenson tourna le verrou de la porte et se dirigea vers la table :
- T'es seul ?
- Oui , il n'y a que moi ici… Je ne t'attendais pas. Tu n'avais pas dit…
- Ferme-la et écoute ! J'ai quelque chose pour toi. Quelque chose de très spécial…
Il ouvrit sa valise et en extirpa un gros paquet enveloppé de papier journal. Pas un instant il ne quitta Buissard du regard.

Quand il en dévoila enfin le contenu au petit receleur, celui-ci resta bouche bée, les yeux écarquillés.
C'était des ossements de Pokémon, visiblement très anciens. Fossilisés. Donc préhistoriques.
- Bon sang, Gus ! Mais d'où ça vient ?
- T'occupe. Trouve-moi simplement un acheteur. Et vite !

Car Swenson n'avait pas le temps d'attendre. Il y allait de sa vie.

Au cours des six derniers mois, il avait connu une série noire au jeu. On lui avait refilé de vieux tuyaux crevés sur plusieurs courses du Pokéathlon et lui, comme un con, il avait parié un max dessus. Et il avait perdu, naturellement.

Gus n'était pas un enfant de chœur, mais durant sa longue carrière de délinquant, il n'avait encore jamais eu affaire au genre de types qui lui réclamaient du fric. Pendant toute sa vie, il avait été craint. Son imposante carrure y était pour quelque chose.
Mais aujourd'hui, pour la première fois, il découvrait ce que c'était que la peur. Ces types-là étaient différents de ceux qu'il avait connus jusqu'à présent.
Ils allaient le tuer s'il ne trouvait pas rapidement du fric.

Du coup, il avait sauté sur l'occasion quand on lui avait proposé le casse du musée. Simple, pas trop risqué et pas mal payé. Il avait ainsi pu gagner un délai grâce à l'avance qu'il avait reçue, mais c'était loin d'être suffisant pour solder sa dette et se débarrasser des types qui lui collaient aux fesses.
Bien sûr, son commanditaire lui avait clairement ordonné de ne pas essayer de vendre la moindre pièce du butin… Mais Gus était pris à la gorge : il avait besoin d'argent, et il en avait besoin tout de suite !

Le petit homme paraissait sur le point d'avoir une attaque :
- Non, mais… Écoute-moi, Gus, ce n'est pas possible ! C'est beaucoup trop risqué ! Ces ossements sont dans tous les catalogues de musée, ils sont connus dans toute la région, c'est évident qu'ils ont été volés et…
Le colosse fourra brusquement sa Ball sous le nez du receleur et en fit jaillir un Colossinge menaçant :
- Je me fous de tes catalogues, gronda-t-il. Y a des gens qui collectionnent ce genre de trucs et toi tu sais où les trouver.

Le Pokémon fixait Buissard en grognant de façon inquiétante et celui-ci, tétanisé, ne parvenait plus à sortir un mot.
- Dépêche-toi, fit Swenson, j'ai un mal fou à le contrôler…
- Mais personne ne voudra de ta marchandise! finit par articuler le receleur.
- Me prends pas pour un demeuré ! Tu sais très bien qu'il y a des types qui voudront ces ossements justement parce qu'ils ont été volés. Des cinglés qui sont prêts à payer une fortune rien que pour les enfermer dans leur coffre. Alors tout ce que t'as à faire, c'est de m'en trouver un, et vite ! Et n'essaie même pas de m'avoir sur le prix.

Changeant soudain d'attitude, Gus rappela son Colossinge et recula légèrement :
- Je te donnerai dix pour cent de la somme, ajouta-t-il. On crache pas sur dix pour cent d'une fortune, hein ?
D'abord le bâton, ensuite la carotte. Le meilleur moyen de se concilier quelqu'un. Il avait appris ça chez les flics. A ses dépens...

Buissard déglutit péniblement. Il se frotta la nuque et sortit de sa poche un mouchoir douteux pour s'essuyer le visage. Ses yeux balayaient la pièce. Son esprit était en train de reconsidérer sa position. Il dressait déjà mentalement une liste de clients potentiels.
- Je vais passer quelques coups de fil, finit-il par dire. Laisse-moi la semaine.
- T'as l'après-midi, pas plus, siffla le colosse, menaçant.
- Ok, ok… Reviens ce soir, à dix-huit heures. Je ne te promets rien, mais je vais faire de mon mieux…

Gus récupéra les ossements et les remballa dans leur papier journal. Puis il remit le tout dans sa valise.
- Ce soir six heures, jeta-t-il au receleur.
Il lui grimaça un dernier sourire, carnassier, avant de claquer la porte.

Le gangster reprit le chemin de la gare, mais sa journée n'était pas tout à fait terminée.
Il devait encore livrer le reste de la camelote à son commanditaire.