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Je voudrais pas... de dragibus57



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Informations

» Auteur : dragibus57 - Voir le profil
» Créé le 28/08/2010 à 13:15
» Dernière mise à jour le 28/08/2010 à 13:26

» Mots-clés :   Johto   Kanto   Policier   Présence de personnages du jeu vidéo   Sinnoh

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Avant d'avoir connu
Nath se réveilla en sursaut, le cœur au bord des lèvres, sa chemise de nuit trempée de sueur. Elle jeta un rapide coup d'œil au radio-réveil : 2h53 ! Sa main tâtonna maladroitement la table de chevet pour atteindre la lampe Touch et l'effleura deux fois.

La chambre était tapissée de blanc et de rose, avec un mur couvert de stickers dessinant un bouquet. Un dressing imposant occupait le fond, face à la fenêtre tendue de voilages rayés assortis à la tapisserie. Ça et là, des bouquins, des vêtements et des petits flocons de poils de chats jonchaient le sol.

Nath se redressa et sortit l'une après l'autre ses jambes du lit, les ancrant solidement sur le parquet. Le malaise ne passait pas. La nausée se faisait au contraire de plus en plus pressante. N'y tenant plus, elle se leva et se dirigea vers les toilettes, les mains plaquées contre les murs du couloir pour garder son équilibre.

C'est là que Lucario la trouva quelques minutes plus tard, agenouillée devant le WC et secouée de spasmes, les doigts crispés sur la lunette et la tête dans la cuvette. Il lui frotta doucement le dos, jusqu'à ce qu'elle se redresse, puis lui tendit une serviette éponge humide. Elle s'essuya le visage et le remercia d'un sourire las.

Il la releva doucement en la prenant sous les aisselles et la conduisit sur le canapé du salon. Il s'éclipsa vers la cuisine et revint avec un verre d'eau dans une main et une éponge dans l'autre.
- Laisse, dit-elle, je veux pas que tu nettoies mon vomi. Je ferai ça demain. Tu peux juste m'apporter mes médicaments s'il te plaît ?
Elle farfouilla dans le carton à chaussures que lui tendait le Pokémon et enfourna deux gélules qu'elle fit passer avec une gorgée d'eau.

Puis elle appuya sa tête sur le canapé et se massa longuement les yeux.
Saloperie ! Chaque nuit c'était le même cirque ! Les suées, les vertiges, la séance de prière devant les chiottes ! Elle en avait vraiment marre…
- Ça se calme… reprit-elle au bout d'un moment, tu peux aller te recoucher, ça ira maintenant, j'arriverai à me débrouiller toute seule.

Un feulement discret se fit entendre et une boule jaune et hirsute sauta sur ses genoux.
- Mimi ! C'est pas le moment !
Le vieux Miaouss fit la sourde oreille et se lova confortablement sur les cuisses accueillantes. Nath n'eut pas le cœur de le chasser. Elle le gratta longuement entre les deux oreilles, son endroit préféré.

Longtemps après, elle regagna précautionneusement son lit et s'endormit aussitôt, assommée par les médicaments.

Plus tard, beaucoup plus tard, ce furent les premières mesures du Dies Irae de Mozart qui la sortirent d'un sommeil lourd et brumeux. Le portable tournait doucement sur la table de chevet, au rythme des vibrations. Avant de l'empoigner, une pensée fugace la traversa : prévoir de changer cette stupide sonnerie morbide !
- allô ?
- Mademoiselle Letellier ?
- … Ben voui…
- C'est Borg, votre directeur… ……..Allô ? Je ne vous entends pas !
- (soupir) Oui, je vous écoute…
- Hum, je sens que je vous réveille…Vous deviez pourtant être là pour le briefing de 8h, et il est plus de 9h !
- C'est bon, pas la peine de s'énerver… J'ai passé une mauvaise nuit…
- Je vous rappelle qu'on a tous une vie, mademoiselle. Je vous prie de bien vouloir venir rapidement, j'ai un travail un peu spécial pour vous.
- Quel genre ?
- Je vous mets sur une affaire…
- … Quelle affaire ?
- Un problème au Musée d'Argenta. Je vous en dirai plus de vive-voix… si vous venez, naturellement…
- (nouveau soupir) … Ok, j'arrive…

Elle songea un instant à rester au lit, à s'enfouir sous la couette pour ne plus jamais en ressortir, à s'enfoncer profondément dans le matelas, à se laisser couler, comme un navire, vers les abimes du néant…
Les miaulements répétitifs de Mimi la sortirent de sa langueur et de son délire.
Hey ! Mais qu'est-ce qui m'arrive ? Allez ma vieille, secoue-toi ! C'est pas le moment de flancher !

Elle finit par émerger du lit et se dirigea vers la cuisine où elle prépara son p'tit déj habituel : café noir et fort, tartines de Nutella et cocktail de médicaments. Mimi, quant à lui, eut droit à sa tranche de rosbif matinale.

Attablée à son bureau, elle consulta son courriel et les dernières infos de la nuit tout en trempant son pain grillé dans le mug.
Rien de bien nouveau : toujours les mêmes guerres aux mêmes endroits, toujours les mêmes catastrophes dites naturelles, toujours les mêmes chamailleries politiques entre les décideurs de ce monde… Bref, la Terre ne s'était pas vraiment arrêtée de tourner pendant son sommeil…
Et aucune trace d'un quelconque problème sur Argenta…

Vint le délicat moment de la toilette.
Pas de bain ce matin, pas le temps. Une douche suffirait. Elle entra dans la cabine, fit couler l'eau en testant la température du bout des doigts, puis dirigea le jet sur elle. La brûlure de l'eau bouillante lui fit faire un bond en arrière et lâcher un chapelet de grossièretés. Elle régla à nouveau la température, en prenant soin cette fois de la vérifier avec l'intérieur du bras.
Faudra vraiment que j'achète un robinet thermostatique, je peux pas continuer à m'ébouillanter comme ça à chaque fois !

Elle passa ensuite un long moment devant son dressing, à réfléchir à la tenue qu'elle allait porter aujourd'hui. Les kilos qu'elle prenait régulièrement depuis un certain temps l'avaient obligée à modifier sa garde-robe. Elle opta finalement pour un pantalon noir et fluide sous une longue tunique soyeuse à motifs géométriques et colorés, chargée de dissimuler ses formes généreuses. Elle compléta le tout avec un collier de grosses perles en bois noir, descendant jusqu'au creux du décolleté.

Le maquillage lui posa davantage de difficultés. Elle dut s'y reprendre à deux fois pour souligner ses yeux d'un léger trait de khôl. Ses doigts gourds ne lui permettaient plus la rapidité et la précision d'autrefois. Idem pour le rouge à lèvres. Le tube lui échappa des mains et l'extrémité du bâton s'écrasa légèrement dans le lavabo.
Elle soupira d'agacement, mais n'en continua pas moins à dessiner patiemment le contour de ses lèvres.

Nath se regarda enfin dans le miroir mural du couloir. L'image qu'il lui renvoyait n'était certes pas celle qu'elle aurait voulu voir, mais elle était néanmoins satisfaisante compte tenu des circonstances : une femme de 39 ans (Dieu qu'elle appréhendait le passage à la dizaine supérieure !), grande (1m78), forte (mais bien proportionnée), dont le décolleté appétissant faisait se retourner plus d'hommes qu'on ne l'aurait cru…

Le visage fin, aux cernes discrètement maquillés, était encadré de cheveux courts, tirant sur le roux. La coupe déstructurée, savamment décoiffée et méchée au gel, donnait un coup de jeune aux traits fatigués. Les yeux presque verts ressortissaient sous le khôl et le mascara.

Nathalie mettait un point d'honneur à soigner son apparence. Elle s'habillait avec goût et savait se mettre en valeur.
L'ensemble avait beaucoup d'allure et un succès certain auprès de la gente masculine. Contrairement à l'idée que véhiculaient certaines images de mannequins dans les magazines féminins…

Quand elle fut enfin prête, le vieux Miaouss vint se frotter à ses jambes en miaulant plaintivement :
- Mimi, arrête, tu vas me faire tomber ! Tu sais bien que je ne peux pas te prendre avec moi… Tu as une mission de la plus haute importance, dit-elle en lui agitant un doigt sous les moustaches, tu dois garder la maison !

Elle lui flatta une dernière fois les oreilles, attrapa son sac à main – un vrai sac de fille, énorme, rempli de trucs à la fois inutiles et pas vraiment indispensables – et quitta son appartement en direction de la Tour Radio de Doublonville.