Chapitre 4 : Réseaux souterrains
Chapitre 4 : Sombres Souterrains.
Cela faisait une semaine que la demi-finale du tournoi de Dofuri des temps chauds était finie, et désormais, les blessés étaient soignés, les fatigués reposés…
Rebe connaissait la ville comme sa poche, bien qu'elle aimerait avoir le temps de visiter la bibliothèque, l'arène et la salle de vente pokémon. Mais Emeric ne semblait pas être de cet avis, et c'est ainsi qu'il entra dans le dortoir féminin de l'équipe en début d'après-midi, après avoir toqué deux fois à la porte.
-Ah, Ayole, tu étais là ! Je te cherchais ! Il faut aller récupérer les gains du tournoi au château, on en profitera pour t'inscrire, tu viens ?
-M'inscrire ? A quoi donc ? s'étonna-t-elle.
-Hé bien, aux registres de la ville, évidement ! Il faut bien que tu sois inscrite, maintenant que tu vis ici ! Le seigneur te fournira une bourse remplie de conjs ! Même si on n'a pas tendance à se servir tellement de cette monnaie, ici, soupira l'homme.
-D'accord, je veux bien, mais cette monnaie, comment est-elle ? C'est que je n'en ai jamais vu, moi…Je ne suis pas d'ici, s'excusa-t-elle avec un sourire contrit.
-C'est vrai. Les conjs sont en fait des genres de petites billes. Attends, je crois que j'en ai quelques-uns uns dans mes poches, dit-il en farfouillant dans ces dernières, Voilà ! C'est ça !
Rebe, Ayole de son nom Aestraylien, observa les trois petites billes argentées cerclées de métal qu'Emeric tenait serrées entre ses doigts.
-Je peux voir ? demanda la jeune fille, curieuse.
-Oui, oui, tiens. Et comme tu viens au château, il faudrait que tu t'habilles mieux que ces habits que tu portes, enfin même si c'est moi qui te les ais donnés, hé hé ! continua-t-il après avoir déposé les billes dans la paume de la bakeno… Ouah, mais tu sens pas la rosélia ! Il faut aussi que je t'emmène aux bains ! Et puis…
-Ouaaaah ! Le coupa Rebe.
-Wowowo ! Qu'est ce qu'il y a ?
-Ca vole ? ! Les conjs, là…Ils volent !
-Ben, oui, le métal qui les enserrent vient du champ de pierres -volantes- mais n'exagère pas : elles ne volent que de quelques centimètres, donc ça volette, en effet... Tu viens alors ? Sourit-t-il, amusé.
-Heu… Oui, oui, lui répondit Ayole éberluée par la monnaie flottante.
-Tu sais, il y a aussi –en plus des conjs de Mégara-, les eleras d'Hambrey, les loks d'Estanidolar, et les imetas, que l'on trouve en petite quantité un peu partout, personne ne sait d'où ils viennent ! Tu auras le temps de voir toutes ces monnaies, ne t'inquiète pas, héhé !
Ils traversèrent la vieille ville de bonne allure, Ayole devant même quelques fois courir pour rattraper son aîné d'une dizaine d'année. Les bains, étaient en réalité une sorte de grand établissement, avec à sa droite un petit jardin entouré de colonnades, possédant en son centre une mare, où tombait l'eau de pluie grâce à une brèche disposée (volontairement) dans la toiture. Ayole était vraiment fascinée par ce genre d'architecture, en vrai touriste qu'elle était mais Emeric n'y accordait que peu d'attention, pour cause d'y être allé maintes fois, lui, et la jeune fille n'avait en vérité que le temps de regarder tout cela d'un coup d'œil empressé avant de le rejoindre.
Ils entrèrent tour à tour dans plusieurs salles, se rejoignant entre elles par de larges couloirs. Le décor était plutôt simple : les murs étaient en pierre recouverte d'un mélange granuleux et décorés seulement par quelques tableaux représentants des pokémons. Cette allée était parsemée de fines tables où étaient posés des vases ornés de motifs variés.
Plus ils avançaient, plus la vapeur chaude envahissait l'air lourd et stagnant. Songer qu'Emeric l'emmenait aux bains, c'était…assez gênant en soi tout de même. Il ne faudrait quand même pas qu'il y est d'autres personnes dans les bains…Ni que ce soit un bain mixte !
Ah ! Ils étaient arrivés au bout de cet interminable réseau de couloirs, dévoilant un bureau rustique, avec derrière…Une vieille femme ? Enfin, on ne voyait quasiment plus à un mètre devant soi à cause de la vapeur, plus épaisse que jamais.
-Elinda ? Elinda ? Elinnndaaa ?! appela Emeric, le sourire d'un enfant qui va commettre une bêtise aux lèvres.
-...JE NE SUIS PAS SOURDE ! Tu ne me laisse même pas le temps de répondre qui plus est ! répondit la femme, qui était en réalité très jeune, put remarquer Ayole avec un sourire en coin. La vapeur était trompeuse...
-Hé…Héhéhé ! Tu n'as pas changé depuis la dernière fois que l'on s'est vu, Eli' !
-Je ne pense pas que j'aurais eu le temps de changer de caractère en trois jours, idiot.
-Mais je parlais du physique ! Ta peau aurait pût encore se décomposer vu l'humidité ambiante! C'est pas très bon pour ta pauvre peau, tu sav...
-Je vais te…TUEER ! Le coupa la dénommée Elinda qui s'était plainte naguère que l'humidité était mauvaise pour la peau.
-Trop tard ! On va aux bains, c'est personnel, à part si te veux me rejoindre, ma douce ! cria Emeric, tout sourire, en emmenant Ayole vers les bains rapidement.
Ah, heu... C'était gênant que son chef d'équipe la tienne ainsi par la main... Mais lui faire remarquer serait encore pire, au vu qu'il avait eu cette réaction... Hum, instinctivement ?
C'est vrai qu'il avait tout de même le comportement d'un gamin, quant il n'était pas en match. Sinon, il avait une relation des plus étrange avec la gérante des bains... Celle-ci qui s'égosillait contre Emeric d'ailleurs, en vain, car les deux jeunes gens ne l'entendait déjà plus. Mais c'était plutôt marrant en soi.
-Hé hé... Bon Ayole, je te laisse là, les bains des filles sont à droite ! J'aurais bien aimé rester mais... Elinda va me tomber dessus sinon, hé ! Ha ! J'ai oublié : c'est ma sœur de lait ! Sinon, on se retrouve dans environ une heure devant l'établissement, d'accord ? Je fileee ! Rigola-t-il tandis que la jeune gérante arrivait.
Mais qu'il était immature ! C'était impossible ! Bon... Elle n'avait plus qu'à se laver désormais.
Mais dès qu'elle commença à se diriger vers l'endroit indiqué par son « chef », Elinda lui attrapa le bras.
-Salut ! J'ai pas eu le temps de me présenter à cause de l'autre, mais je tiens à le faire. Je m'appelle Elinda, et je suis la responsable de ces bains en l'absence de ma mère. Tu es la nouvelle bakeno talentueuse, c'est cela ?
Tiens ? Elle n'était donc pas la gérante ? ...Bon, il fallait bien lui répondre, même si Rebe ne s'en sentait pas le cœur. Car même en habitant désormais sur l'île, ses anciennes valeurs ressortaient de temps en temps. Puis elle détestait le sourire écœurant de cette femme.
-...Et moi, Ayole, dit-elle en résistant à l'envie de lui demander des informations sur Emeric et elle. Ho là, elle n'était pas jalouse, loin de là même ! Disons que seulement, elle préférait ne pas paraître... sympathique à tout le monde. Pourquoi la population était si gentille à son égard seulement parce qu'elle était bakeno ? Elle ne se faisait pas d'illusion à ce sujet, si elle ne jouait pas au Dofuri et avait participé au combat contre le mao adverse –par pure chance-, elle n'aurait pas droit à tant d'égards! Mais de l'autre côté, elle était assez... Perdue dans cette nouvelle existence.
-Hi, hi! C'est un honneur d'accueillir dans notre établissement une grande figure de Dofuri ! fit-elle avec un sourire vendeur.
-Hum... Ouais. Et Emeric ?
-Lui ? Ahahah ! Il est trop gamin pour faire partie des membres d'exception, mais sinon, rajouta-t-elle avec toujours ce sourire crispé essayant de paraître complice, il ferait parti des plus grands parmi eux!!
-Mmhmh. Où puis-je me laver ? Ca m'arrangerait de savoir, vu que je suis dans un établissement... Exprès, non ?
-Ah ! Oui ! Désolée, désolée ! Je vais te faire visiter, puis je te laisserai. Quand tu auras fini, tu viendras me voir et je t'enverrai des masseuses ! D'accord ?
-Oui pour tout...
-OUIIII! Viens ! La coupa la fille, que Rebe trouvait de plus en plus irritante.
-JE DISAIS : Oui pour tout SAUF les massages ! Ce n'est pas la peine.
-Ah... Je te les fais gratuits, et en plus te donne un soin spécial du corps !
- JE. N'EN. VEUX. PAS, articula exagérément Rebe devant la fille –qui remarqua-t-elle devait faire cinq centimètres de moins qu'elle malgré ses années de plus- et qui ne semblait rien comprendre à ce qu'elle disait.
Mais la jeune fille qui s'occupait des bains s'arrêta, à la grande joie de Rebe, baissa la tête et lui fit un signe- suis-moi ! - en la menant en travers des couloirs remplis de vapeurs chaudes.
Mmh... Elle y était peut-être allée un peu fort envers elle ? Bof... Tant pis. Elle n'avait qu'à pas l'énerver.
-C'est là !! D'abord ; oui, je t'explique car tu ne connais pas, ajouta-t-elle avec un sourire... malsain ? , Donc, d'abord t'as le vestiaire, puis la salle de transpiration, le bain chaud, tiède et après froid. Je ne vais pas te dire les noms en latin, la Grande Langue, de toutes façons tu ne comprendrais pas.
Mauvais mots. Surtout le grand sous-entendu très discret qu'elle était inculte. Rebe se retourna et lui fit un sourire moqueur.
-Ton vestiaire ; l'apodyterium. La salle de transpiration, sudatorium ; bain chaud, caldarium ; tiède, tepidarium ; et froid frigidarium. J'y vais. Une inculte comme moi devrait pouvoir se débrouiller seule, non ?
La fille de la gérante la regardait les deux yeux grands ouverts. Cette fille avait parlé la Grande Langue, langue utilisé par les Grands tout de même! L'apprentissage en était réservé aux érudits et personnages hauts placés! Et puis, c'était vrai que la salle de transpiration se nommait sudatorium ? Elle irait demander à sa mère dès qu'elle reviendrait, c'est elle qui lui avait appris ces quelques mots, faisant partie d'une confrérie d'érudits dans sa jeunesse.
Hein... Mais ! Cette fille s'était moquée d'elle ? Oui, c'était exactement ça ! Et elle ne s'en était pas rendue compte ! MINCE, alors, quelle idiote !
De son côté, Ayole continuait dans les couloirs. En fait, à partir du moment où elle avait remarqué que c'était comme les thermes de l'Antiquité de son monde, c'était devenu assez facile de se repérer.
Yep, le vestiaire –apodyterium- était là. Elle commença à se déshabiller, puis observa ses coudes et tibia. Et non… Les quelques bleus et blessures qu'elle s'était fait au Dofuri n'avaient toujours pas disparu. Elle soupira et fit quelques gestes d'assouplissements qu'elle avait elle-même mis au point. C'était tout de même drôlement agréable. Puis la jeune fille rentra dans une pièce embrumée.
Mais bientôt la jeune fille put apercevoir le décor à travers les vapeurs l'entourant. Une petite salle entourée d'un couloir de colonnes, qui n'étaient pas sans rappeler les grecques de l'Antiquité du « monde » de Rebe. Au milieu se tenait une grande bassine d'eau, assez grande et profonde pour contenir 5 personnes. Ayole plongea la main dedans, avant de la retirer aussitôt.
« D'abord la salle de transpiration ? Ici, c'est de l'eau glacée ! »
Mais il fallait bien se mettre à l'évidence : C'était la salle d'eau froide, le frigidarium, et non la salle de transpiration, contrairement à ce qu'avait dit la pseudo-gérante des bains.
Bah ! Pas grave ! Elle s'assit sur un des deux bancs de bois foncé, gonflé par l'humidité ambiante, un peu à l'écart dans la salle. C'était plus clame et elle pouvait ainsi profiter des bouffées d'air glacé mais vivifiant sans pour autant se mettre de l'eau gelée sur son corps. Brrr... Juste cette idée suffisait à la glacer.
Le mentali se frotta à ses pieds.
- Ouaah ! Que fait-tu là ?? Dit-elle en serrant sa serviette de bain -distribuée dans les vestiaires - contre sa maigre poitrine.
L' « animal » -elle avait encore du mal... Un pokémon.- aux yeux bleu lagon la fixa et posa une patte veloutée sur ses genoux en guise de réponse. Une mimique du pokémon soleil la décida.
- Pour... Parce que tu m'aimes bien ? demanda l'humaine d'un ton enfantin, presque curieuse. Tu veux bien que je sois ta… maîtresse ?
Hum... Ce n'était pas exactement ça... Comment l'expliquer ? Elle était... Curieuse pour une humaine... ou Différente ?
Il avait bien une hypothèse en tête pour cela, mais il ne voulait pas embêter sa maîtresse. Elle avait suffisamment de... soucis comme cela. Extérieurs comme intérieurs. Elle avait une âme... Troublée. Mais cette fille –sa maîtresse- aux yeux noisette avec des éclats de pupilles noirs...
Non. Ce n'était pas ça. C'était impossible.
Sinon, pour revenir à sa question. Il ne s'était pas attaché à elle. Ce n'était qu'une... Humaine. Une pauvre et simple humaine. Mais alors pourquoi cette impression, ce pressentiment ? Non …Kraîl Elle avait ce petit quelque chose dont il n'arrivait pas à mettre la patte dessus, et qui faisait qu'il s'attachait à elle…Même s'il ne le voulait pas- mais en son for intérieur, il le voulait bien – et elle s'occupait bien de lui, même si elle avait tendance à quelques fois l'oublier... Comme s'il n'existait pas. Comme si elle venait d'un endroit où il n'y avait pas de pokémon, impossible de toutes façons ! Mais ça ne durait pas, grand merci à Arceus. Mais il y avait autre chose…Qu'il ne saurait désigner non plus.
Il s'appuya sur les genoux laissés à découverts d'Ayole, dont il lécha la joue de sa langue râpeuse la faisant sourire. Puis elle détourna la tête... perdue au loin dans ses pensées... tellement loin... Il avait... touché une corde sensible ? Pourtant la jeune fille ne semblait pas triste... Juste... Un peu perdue.
Quand elle se retourna quelques secondes plus tard, Rebe avait toujours ce sourire aux lèvres, mais dans une version plus amusée. Elle avait reprit ses esprits.
« Allez Yeux Bleus, ici c'est pour les femmes, va m'attendre dehors. Tu peux faire un détour aux bains masculins ! »
Le félin émit un ronronnement mi-amusé mi-irrité. Il fit un tour autour du banc, avant d'aller se poster devant la porte à l'insu de la jeune fille.
Mouais. Au vu qu'il y avait un assassin qui rôdait, autant assurer la sécurité de sa maîtresse ; et puis elle avait besoin d'être seule, pas besoin d'avoir vu son regard pour le savoir. S'il y avait une des villageoises, il n'aurait qu'à grogner, et là, il pouvait être sur qu'elle ne reviendrait pas tant que sa protégée était ici. Han-han. Ca lui plaisait bien comme plan. Il s'immobilisa dans une posture de sphinx égyptien.
Ces humains tout de même... Pff...
Bon.
Rebe faisait le point de sa tête. L'atmosphère froide autour d'elle était encline à faire cela, ainsi que le calme ambiant.
D'abord, le lilypad s'était percé, faute à une épave –de bateau sûrement- qui flottait. Le trou étant formé, cela a crée une sorte d'aspiration qui l'avait emporté dans l'eau, et elle s'était réveillé, quelques jours plus tard sur une île ou son seul repère était un panneau en bois indiquant la direction des mines, de Mégara, et d'une autre chose dont elle ne se rappelait plus.
Peu de personnes avaient dû remarquer sa disparition, et auquel cas, cela n'aurait pas lancé de recherches, ses parents se foutait bien d'elle ; une erreur due aux 99% - et non 100 - de fiabilité d'un préservatif – enfin, c'est ce qu'ils avaient bien voulu lui dire, mais elle suspectait fortement que ce soit pour une raison... autre- et ne lanceraient eux non plus des recherches, la perte de leur progéniture leur fera à coup sûr un petit peu de publicité, leurs affaires devraient mieux marcher... Donc, une fois sur l'île elle avait continué de marcher une fois dans la capitale, elle s'était fait capturer par un homme avec des pokémons – surprise totale, pour ainsi dire- lui rappelant le temps où elle connaissait tout des pokémons. En échange d'une poignée de imetas, jugeant qu'elle avait un certain potentiel pour le Dofuri, Emeric l'avait récupérée, fait passer un test ou elle été devenue bakeno. Elle avait joué un match où son équipe avait gagné. Ok. Ca, c'était clair.
Mais des questions restaient, et elles n'étaient pas avec une réponse joyeuse forcement :
Pourquoi tout le monde parlait français, sa langue... paternelle (sa mère était anglaise, mais habitait aux États-Unis avec elle) ? Pourquoi Emeric et Abyssa, la vendeuse, avaient tant d'attention à son égard ? Ce n'était pas à cause de la victoire, contrairement aux autres...
Pourquoi personne ne s'était demandé d'où elle venait ?
C'était bizarre, et assez inquiétant. La seule personne à laquelle elle pouvait se fier sûrement- elle le sentait - était son mentali. Et autant être suspicieuse sans nuls remords par ces temps, car il y avait un assassin qui rôdait, et d'ailleurs, comme elle l'avait appris hier, par le biais d'une annonce sur la place, il avait tué une deuxième fois (la jeune fille n'était pas assez optimiste pour dire une seconde fois) un des hommes de l'équipe d'Emeric. Et elle savait exactement qui c'était, elle l'avait vu combattre à ses côtés un moment. Sa bouche au rictus rieur qui ne s'ouvrirait plus jamais... Enfin, heureusement qu'elle ne le connaissait pas tant que ça, sinon cela aurait été plus dur pour elle.
Elle soupira. Chaque question aurait sa réponse en temps voulu. Pour l'instant, autant profiter de l'instant présent ; d'ailleurs des frissons commençaient à apparaître sur ses longues jambes, qu'elles n'aimaient pas tellement de fait qu'elles étaient assez masculines, dans le sens de la musculature et de la longueur.
Elle fit le tour des salles, se baignant dans la salle tiède, partant vite de la chaude et enfin flâna dans le sudatorium, empli de vapeurs chaudes. Emeric devait l'attendre, aussi elle se hâta ; mais a la sortie nulle trace d'Emeric, mais son mentali se colla immédiatement a elle. Pffff... Et puis, il n'était pas là, elle n'allait pas l'attendre comme une idiote ! Ayole promena ses yeux dans la rue où débouchaient les bains –les « thermes »-. Juste des maisons, et des maisons, et encore des maisons à perte de vue. Elle émit un râle de gorge, se décourageant.
« Meentaliii !! Entraînons-nous ! »
Elle secoua la tête à son mentali. En fait, il n'y avait pas que des maisons ici. Une petite échoppe, assez crasseuse, avait attirée son attention. Elle y entra prudemment. D'immenses étagères se dressaient contre les murs tordus, remplies de fioles, potions, boîtes. Mais aucune trace d'un vendeur potentiel. Elle fureta un peu partout, curiosité naturelle, découvrit des attrapes rêves aux plumes multicolores, des bijoux aux crocs suspendues sur le fin fil, des pâtes graisseuses recouvertes d'un film de poussière oubliées au fond d'un placard, un bouquet des plantes appelées cheveux d'anges en raisons de leur couleur argentée et de leur toucher doux. Une main glacée se posa sur son épaule. Elle sursauta, manquant de faire tomber l'étagère, puis se dégagea abruptement.
- Que me vaut la visite d'une demoiselle si jeune, rhûr? dit la silhouette ratatinée, sèche, enveloppées dans une cape noire d'une voix grave, dérangeante, semblable à deux cailloux que quelqu'un frotterait l'un contre l'autre.
- Heu…Je regardais seulement… Votre boutique me paraissait… attirante ? dit d'une voix blanche la jeune fille, fronçant le nez face au son rauque qu'il produisait en fin de phrase.
- Hakh, hack, attirante ? dit-il dans une inquiétante parodie de rire. Bien peu de personnes disent cela. Tu as du temps, il me semble rhûr… Voudras-tu me faire l'honneur de boire du câlao avec moi ?
Bien que la jeune fille voulut bien découvrir ce qu'était le câlao, l'effrayant aspect de …l'homme ? La fit hésiter.
- Ne t'inquiètes pas, rhûûr… Je ne vais pas te goûter !
- D'accord, acquiesça-t-elle regardant avec aplomb et curiosité ce singulier personnage.
Elle le suivit, accompagné du mentali tout aussi curieux que sa maîtresse, voir plus. Le personnage était étonnamment vif mal gré son aspect de « très vieux ».
- Assieds-toi là, dit-il en lui désignant une chaise, une fois l'avoir emmenée dans une pièce en aparté de la boutique.
Et avec des gestes rapides et précis, il se mit à préparer ce curieux breuvage qu'était le câlao. Une fois chauffé, il posa la tasse rustique devant la jeune fille. Un aspect de ce bonhomme le rendait semblable à un nain du seigneur des anneaux, en plus inquiétant, et en oubliant le côté joyeux.
Pendant qu'elle buvait la boisson a base d'herbes, le « vendeur » la regardait, son regard semblant pouvoir dévoiler tout ses secrets.
Mais quand elle allait demander qu'elle était la raison de ce regard, il prit la parole de sa voix dérangeante :
-Je vais te réciter un texte ancien…Un genre de chanson rhûûr ; je ne sais si cela te sera profitable ou correspondra, mais si un jour rhûur, tu t'en rendais compte, tu viendrais me chercher n'est ce pas ? Car je ne peux pas parcourir de grande distance à cause de ces rhumatismes, rhûur.
Voyant qu'il guettait une affirmation, Ayole se hâta d'acquiescer. Il sourit, remarqua-t-elle au peu que l'on pouvait voir de lui sous sa grande capuche. Et il récita, d'une voix presque rajeunie et sans borgorymes :
- File la nuit...
Traverse les terres...
Le temps n'attendait jamais naguère
Et le cavalier allait sous la pluie
Cherchant à protéger les Gardiens
De l'Aestrayl, les sept ancestraux.
[Le doux et rutilant gardien de l'eau
Chacune de ses écailles sont un coquillage, Manh Tien
Sophistiqué et gracieux, dompteur des airs
Faisant briller l'astre solaire, Ariinui
Verdoyant et sombre, des forêts protecteur & alangui
Adoré des enfants, créateur de terres fertiles, Henere
Influence les pensées mortelles, Seigneurie aux milles flammes
Des vengeances et de l'amour, Terumi
Calme et si gentil, trompeur est l'endormi.
Seigneur des voleurs Egan, le Maître des âmes
Tel l'éclair dominant le ciel, il regarde l'horizon perché au cieux
L'électrique et survolté, le devin Erendel
Elle connaît chaque mystère de la création, la belle
Salylibe silencieusement regarde le monde des vivants, telle un dieu]
Mais le chevalier mourut au combat
Et alors prend garde, voyageur, au réveil des Endormis Gardiens.
Seules plusieurs destinées pourront encore arrêter ce mal ancien.
Le chaos régnera, l'ordre, qui sait si il se rétablira ?
Car ils ne seront jamais plus ce qu'ils étaient, seront habités d'un mal sans remèdes
Enino kumoe, dort sans regret la vie continuera encore a l'aube, sans intermèdes.
- Et n'oublie pas, Lieuse de Destin, la nuit cache l'aspect le moins reluisant des choses comme il peut cacher les embusqués. Et l'Aestrayl est baigné d'obscurité, rhûur.
Au revoir, jeune demoiselle, hâck, hâck, rit-il, j'espère que le poème t'a plu. A l'origine, c'était une comptine pour enfant, pour leur apprendre les noms des Gardiens.
Et il partit dans l'arrière boutique, ayant décidé que la conversation était terminée. Après avoir déposé la tasse dans un évier rudimentaire, Ayole sortit, songeuse.
Ce bonhomme était trop bizarre ! Comment voulait-il qu'une comptine pour enfant se réalise ?
Le mentali avait observé l'homme parler. Non, ce n'était pas un humain, c'était un de ceux que l'on appelaient heks. Un sorcier, une sorcière, aucun des deux, de fait, c'était un être asexué.
Ah ! Il se souvenait ! Oui, dans ce village lointain où il était demeuré un moment, jadis- d'ailleurs, cela n'était pas le village auquel il était resté durant le plus de temps, de tous ? - il y en avait un. Tout le monde le craignait, les enfants les plus jeune jouaient à tirer le granhyena par la queue- qui mettrait donc le pied sur le pas de porte de la vieille bicoque de l'heks ? Qui lui lancerait la boule de neige remplie de gravillon ? - Mais ils le craignait tout de même, on changeait de rue quand il était dans la même que soi, on racontait aux plus jeunes que s'ils n'étaient pas sage, le vieil heks viendrait, et quelques folles rumeurs racontaient qu'il maudissait les gens qu'il n'appréciait guère en mettant un tadmorv gigantesque sous le plancher, et si avant le lever du soleil on ne l'ôtait pas, la maladie frapperait chaque habitant de la maison.
Mais que voulait celui-là à, sa maîtresse ? ...Cela ne présager rien de bon, et si on lisait au travers de ses paroles, on pouvait observer qu'il prédisait un drame... Rien de plus…
Rien de bon dans tout cela, rien de bon…De plus, la vieille chose rabougrie avait parlé de maîtresse comme, hum, comme une personne qui avait une prophétie presque …Enfin bon, il ne se faisait sûrement que des illusions.
Après tout, il y avait un assassin qui rôdait…Et l'asexuée chose avait peut-être juste dit cela pour prévenir la maîtresse…Rah là là, et puis, qu'importe.
Il fit part de son savoir -maigre, mais si cela pouvait être utile- à sa maîtresse. Enfin, juste ce qu'il savait de l'heks, pas le reste, non non non, il ne faudrait pas l'inquiéter pour rien. Et puis, c'est assez gênant.
Ayole était à peu près habituée à ses échanges de paroles mentales qui duraient depuis le match de Dofuri, même si c'était le mentali qui était maître de ceux-ci. Elle seule, elle n'y arrivait pas, ou produisait un son, qui ne devait pas être guère agréable, vu que le mentali lui grognait immédiatement d'arrêter. Mais c'était plus agréable de communiquer ainsi : c'était silencieux et –surprise ! - en sa langue. Le mentali, avait d'ailleurs une "voix" assez agréable malgré le fait que l'on avait l'impression qu'il mâchait de la viande quand il parlait.
Elle hocha la tête quand il lui apprit ce qu'était, selon ses mots, la vieille-chose-rabougrie.
Puis, prise d'une inspiration soudaine elle demanda, à voix haute, puisque qu'elle était dans l'incapacité de le faire par transmission mentale :
- Au fait, tu ne m'as pas dit si tu avais un quelconque nom ? Mentali, c'est pas très original, il faut dire…
« Tu devrait faire des efforts et t'entraîner pour communiquer en pensée! Ce n'est pas du tout discret ainsi… Sur un champ de bataille, l'ennemi saurait toutes les manœuvres que tu me demanderais de faire! Et j'ai bien un nom, mais c'est en langue pokémon. »
- Et alors?
« Je ne pense pas que tu arrives à le prononcer. «
- Essaie toujours, sac de puces.
« Bon, on dit : Endaeleh…Et qu'est ce que sont des…"puces"? »
- Hum…Rien du tout. Tu n'as pas une traduction en ma langue pour ton nom? Sourit-elle.
« Héhé, je te l'avais pourtant dit. Hum…Attends, je réfléchis pour la traduction… Je pense que tu pourrais dire…Azkê. »
- …? Azkê. C'est spécial. C'est plus court aussi!
« Tu peux continuer à m'appeler mentali, cela ne me dérange pas. Je peux t'appeler Humaine, dit-il, légèrement cynique. »
- Non, non, ça me plaît bien Azkê. Vraiment. Si ça te va… ça me va.
« Ca marche, Humaine, dit-il, avec un grand sourire dévoilant deux crocs acérés. »
Azkê…Ce nom roulait bien en bouche. Ca allait bien au mentali. Bon… Emeric mettait vraiment du temps à arriver. Elle rangea sa besace, faisant le tri de ses affaires; il y avait là une vieille montre ayant pris l'eau, quelques babioles, diverses baies, une écharpe pour…Azkê, que la marchande lui avait donnée. Comment s'appelait-elle déjà? Abyssa.
Puis, au bout de longues minutes, Emeric arriva. La jeune fille le regarda d'un œil accusateur.
- C'est bon, pas besoin de me regarder comme ça ! dit-il en prenant un air faussement indigné, puis d'un ton plus joyeux : J'ai réussi a prendre un rendez-vous, on n'aura pas besoin d'attendre, mais maintenant il faut se dépêcher d'y aller ! Allez hop, hop, hop, cours!
- Dit un retardataire... C'est bon, j'arrive.
Les deux humains et le pokémon se mirent à marcher à grandes foulées vers le nord-est de la ville. Après les centre-ville, se dressaient des maisons plus insalubres, allant jusqu'à la simple cabane de bois ; des magasins douteux firent leur apparition, la jeune fille eut même le temps de voir sur l'un d'eux des cornes et têtes de... Cerfrousse, puis des crocs, fourrures et autres qu'elle ne réussi pas à identifier. Mais aucun habitant. Emeric saisit la question qu'elle n'eut pas le temps de formuler et y répondit.
- Les habitants de ses quartiers de viennent ici que durant les temps rouge et blancs, ils sont dans des huttes plus au nord le reste du temps. Allez, vite on doit être au château avant qu'un demi-sablier royal s'écoule !
Hum... les temps rouge et les temps blancs, elle avait compris ; l'automne, l'hiver, mais un demi-sablier royal !? De nouveau, Emeric répondit à la question non formulée.
- C'est une unité de temps, jeune étrangère ! Ca veut dire qu'il faut aller vite.
Bientôt, les bâtiments s'effacèrent pour laisser place à quelques maigres buissons. Puis, une muraille de pierres d'environ cinq mètres de hauteur se dressa devant eux, avec en son centre une barrière de métal grossière, mais semblant résistante tout de même, gardée par deux gardes habillés d'uniformes... spéciaux. Des bottes allants jusqu'aux genoux recouvertes de quelques plaques métallisés bleues, que l'on retrouvaient aux épaules et poignets, un pantalon blanc crème, où était attaché à hauteur de cuisse une bande de cuir soutenant une lourde épée, puis une veste à manche courte d'une matière que la jeune fille ne reconnaissait pas, et pour finir, une cape rubis coupée dans une riche étoffe, attachée par le devant grâce à une fibule argentée, et descendant jusqu'au mi-mollet. Les deux gardes- car s'en étaient- ressemblaient ainsi plus à des aventuriers qu'à des guerriers.
Ils saluèrent les deux arrivants d'un rapide hochement de tête. Derrière la muraille, une épaisse et dense forêt régnait en maître, surplombant un chemin sableux qui restait sans végétation, ce qui semblait un miracle. Au bout de longues minutes du monde de Rebe, de sablier de l'Aestrayl, la jeune fille réussit à apercevoir derrière la cime des arbres touffus un château. Un château de dalles blanches, aux allures d'un conte de fée moyenâgeux se dressant devant le soleil qui déclinait peu à peu.
Après avoir monté une volée de marches, et puis encore d'autres, ils parvinrent devant un portail, d'une autre magnificence que celui de l'entrée du parc-forêt. Un garde leur demanda de s'annoncer, ce que fit spontanément Emeric:
- Emeric de Grâas, maô, fils d'Uineer.
Ah…Que dire? Il ne fallait pas être repérée, même si cela semblait improbable. Ayole…D'où? Fille de qui? Tant pis.
- Ayole de …d'Oeonae, bakeno, fille de personne, improvisa-t-elle puis, avec un sourire contrit: Je suis orpheline.
- Oeonae? Connaît pas. C'est où? Lui cracha le garde en se penchant sur elle.
- Je suis étrangère - Elle est étrangère, dirent en même temps Emeric et Ayole, qui eurent un sourire complice.
- Et ça? Dit le garde en désignant Azkê le mentali.
- Ca, ça a un nom, non mais, il se prend pour qui cet ivrogne ? envoya le chat mauve à Ayole qui se mordit la langue pour s'empêcher de rire nerveusement.
- C'est un pokémon, un mentali, articula-t-elle comme pour un enfant, puis devant la mine envieuse du désigné ivrogne : MON pokémon.
- Muaiiis. Bon, passez avant que j'change d'avis, finit-il par grommeler.
Les deux soupirèrent d'aise. Ce n'était pas trop tôt ! Ils se hâtèrent d'avancer dans les innombrables couloirs et salles du château, qui était soigné, quoique ancien.
« Au fait, c'est quoi se mensonge de l'île Oenoae ? Tu lui aurais dit Domaine Blé d'or, ça lui aurait fait le même effet ! Tu es paranoïaque au dernier degré ou quoi ? ! »
- D'abord, c'est une île légendaire de mon monde et c'est Oeonae. Ensuite, c'est quoi cette manie d'espionner toute mes pensées ? ! chuchota Rebe pour qu'Emeric ne l'entende pas –Azkê ne voulait pas que quiconque sache qu'il « parlait »- mais elle était tout de même vexée qu'il espionne ses pensées intimes.
« Et tu crois que c'est voulu! ? Tu penses tellement fort que n'importe qui ou quoi qui lit dans les pensées pourrait t'entendre à deux kilomètres à la ronde. Tu crois que ça me réjouit de ne pas réussir à m'endormir parce que la demoiselle pense sur tous les toits à Qui pourrait donc être les assassins? »
Ayole s'apprêta à lui répondre vertement, mais vu qu'Emeric se retourna, elle tourna la tête vivement et gratifia le mentali d'un regard noir.
-A partir de maintenant, il ne faut plus faire de bruit ni de maladresses, on va entrer dans la salle du trône. Le seigneur s'occupe personnellement du tournoi de Dofuri, donc une bévue, et je peux te dire que l'on est discrédités immédiatement! Donc, silence, et pour les saluts, tu n'as qu'à faire exactement les mêmes gestes que moi, lui enjoignit l'homme blond, le regard sévère mais néanmoins démenti par un léger sourire aux commissures des lèvres. Il souriait tout le temps.
La jeune fille acquiesça d'un air décidé. Elle n'était plus une gamine tout de même.
Malgré l'opulence des lieux, le château gardait un aspect austère, qui ne fut démenti que dans la salle dite du trône où arrivèrent Ayole et Emeric : un savant assemblage de dalles de métaux et pierres de toutes provenances et couleurs s'étendaient sous leurs pieds, d'imposants murs de dalles blanches décorés de quelques toiles peintes et draperies rouge andrinople, se dressant à des hauteurs semblants impossible pour la taille du château, jusqu'à la voûte, où était suspendues des lanternes vétustes pour Rebe, avec plusieurs dizaines de bougies déjà bien entamées à l'intérieur, mais surtout, imposante, une grande cage dorée suspendue au milieu du plafond par une simple chaînette du même métal que la cage elle-même, faisant douter chacun sur la sûreté de se tenir dessous. Mais elle était vide, cette cage de deux immenses mètres carrés, et sa petite porte d'entrée était entrouverte, comme une funeste invitation a être emprisonné dedans.
Puis, au fond de la pièce immense, se dressait le trône, majestueux sous la lumière du soleil qui déclinait mais toujours rayonnant de milles feux sur les joyaux incrustés dans le bois sombre qui tenait le tissu du siège seigneurial, d'un rouge andrinople pareil à celui des tapisseries aux murs.
Mais le plus impressionnant était tout de même le seigneur lui-même, assis avec une nonchalance feinte sur ce trône. Grand, d'une forte corpulence, drapé dans une cape rouge également, il les fixait d'un regard d'acier. Son visage avait des traits taillés à la serpe, un nez aquilin, une bouche fine lui donnant un air pincé, des cheveux de jais lui retombant sur la nuque, et était marbré de cicatrices de combat.
Ayole ne put s'empêcher de le comparer à un vieil aigle, ayant tout de même encore toute sa puissance.
Puis le seigneur de Mégara, la capitale d'Aestrayl prit la parole d'une voix grave et profonde.
-Que me vaut donc ta visite, Emeric' kanshee? Je suppose que ce n'est pas rapport au Dofuri pour une fois, car tu n'aurais pas emmené cette fille avec toi…Me la présentera-tu ?
-Bien entendu, répondit-il de cet air qui ne pouvait cacher que les deux hommes se connaissaient depuis longtemps.
Il fit signe à Ayole de s'agenouiller, avec un seul genoux à terre, ce qu'elle fit tout en restant perplexe. Etant la fille d'une des personne les plus connues de son monde, on pouvait affirmer sans prendre de risques que c'était la première fois qu'elle s'agenouillait devant quelqu'un, et que d'ordinaire c'était le contraire qui se produisait. Il la présenta brièvement, reprenant les termes que la jeune fille avaient utilisés auprès du garde.
Puis il annonça l'objet de sa visite :
-Comme vous l'avez deviné, je ne suis pas venu ici pour le Dofuri. Hum… Je vais me permettre de vous faire une demande, il fit une pause dans son discours, comme pour guetter l'approbation du seigneur, puis continua : je voudrais que cette jeune fille ici présente ai la citoyenneté de la seigneurie Mégaraise.
-Ha…Emeric, je crains fort de ne pouvoir accéder à ta demande. Tu sais tout comme moi qu'en ce moment les temps sont troublés, de tous les angles possibles. Des disputes éclatent à tous les coins de l'île et on raconte des choses étranges… Même cette jeune fille que tu me présente comme naufragée me paraît, à vrai dire, fort étrange…
- Je SUIS naufragée, il ne me présente pas que comme, je le suis, répliqua Rebe, incapable de supporter plus longtemps le silence qu'elle gardait en d'autres circonstances.
Emeric vira au blanc, arborant une mine qui semblait dire : "Je-ne-la-connaît-pas", tandis que le seigneur arbora un petit sourire, qui fit bizarrement contraste avec ses yeux fatigués.
-Hum… C'est vrai que j'ai tendance à être trop suspicieux ces derniers temps… Mais il ne s'agit pas que de cela. Car, comme je l'ai dit tout a l'heure, les temps sont fort troubles, et je ne peux me permettre de te donner la citoyenneté Mégaraise d'abord pour ta propre sécurité.
-Ma…sécurité?
-Ha, ah ha, d'accord, je ne peux plus douter sur la véracité des propos d'Emeric si tu ne connais pas cela! S'exclama l'homme drapé de rouge andrinople.
-Ha, je comprend ce que vous voulez dire, seigneur, prit la parole Emeric qui vint aussitôt à la rescousse d'Ayole : Si nous devrions être en guerre, tu serais de notre camp sans même savoir les enjeux et contre qui tu te bats, en somme tu pourrait te battre contre des gens avec qui tu serais complètement d'accords sur le mode de pensée. De plus, avec les meurtres des membres de l'équipe, cela leur permettrait d'avoir des renseignements sur toi facilement car il faut compléter une fiche pour être Mégarais, qui est consultable aux archives.
Mais, seigneur, elle risque de se faire agresser par des gens qui la croirait non appartenant à notre troupe, pour le Dofuri!
-Comme elle n'aurait pas le signe de notre seigneurie, la liuter? Ce collier incrusté de métal ne lui sera pas remis c'est vrai, mais…Nous allons lui faire un papier. Non, cela est trop fragile… J'ai une autre idée. Nous allons simplement mettre l'emblème de Mégara, les conjs, sur la bourse remplie de conjs que je lui remettrais!
Le seigneur fit signe à un "domestique" qui se hâta de lui apporter l'objet demandé.
-Je me rappelai bien que j'avais une bourse comme celle-ci… Elle est bleu nuit, pas rouge comme les autres, et je ne sais en quelle occasion je l'avais faite…Mais c'est à toi.
Il la jeta à Ayole, qui l'attrapa au vol, et la rangea dans sa pochette, reconnaissante.
-D'accord, Mon Seigneur. Et grand merci pour nous avoir accordé votre attention, approuva Emeric.
-Ah, ah, ah ! Ce n'est que trop rien, Emeric'kanshee et je n'ai pas exaucé parfaitement ton désir, ha ! Mais tiens, je pense que tu étais venu pour cela également, rajouta-t-il avec un clin d'œil, Aliuna'kashel !
Le seigneur fit signe à un nouveau domestique, qui donna les gains de la demi-finale au maô ; chef d'équipe également.
Après un grand inclinement d'Emeric dont le front touchait presque le carrelage, et une pathétique imitation de Rebecca, qui faillit quant à elle tomber, les deux compères sortirent de la salle, suivis de près par Azkê, resté silencieux dans son coin mais n'ayant pas perdu miette de la conversation.
Après de nombreuses bifurcations, Emeric lui annonça non sans humour :
- Bon, enino kumœ, à partir de maintenant, c'est Mission secrète !Tu me suis, on évite tout les gardes !
-Okay ! Sourit-elle avant lâcher la question qui lui brûlait la langue : Au fait c'est quoi tout ces termes que vous utilisez, là ? Genre, Aliunakachel ou comme ça ?
-Ha ! Tu ne sais pas ? Alors déjà, c'est Aliuna'kashel, ça pourrait se traduire par… Bon vent, façon non croyante de dire « que Arceus veille sur toi. » Apres, ce langage, c'est la langue primaire de l'île ! On n'en a conservé que peu de mots, mais souvent, quant les habitants parlent, ils mélangent un peu des deux. Mais la plupart du temps, ils s'adaptent à l'intéressé, et pour toi qui fait bien étrangère, je pense pas que beaucoup de monde te dira lanyah –bonjour- ! Tu suis ?
-Oui. J'ai a peu près compris.
Mais il vaut mieux que j'apprenne pour ne pas avoir la méfiance des gens du fait que je sois étrangère, c'est ça ?
Azkê acquiesça a la question formulée –plutôt inconsciemment- en pensée. Emeric de son côté, avançait à la James Bond dans les couloirs. Après quelques bonnes minutes de marches et course-poursuite – Ah ! Un garde veut nous tuer, courons !- ils finirent par arriver devant une porte qui dévoila un vieil escalier s'enfonçant dans les profondeurs.
-Heu …Emeric, on va où là ?
-Secret ! sourit-il, ce qui dévoila des dents blanches.
-C'est pas une réponse ça …
Il lui fit un clin d'œil avant de s'engager dans les marches humides et instables de l'escalier.
Mais les bruits de pas de gardes qui n'avaient pas appréciés que les deux jeunes gens les sèment finirent par décider la jeune fille qui fut bien obligée de fermer la lourde porte, difficilement, car elle était imbibée de l'humidité ambiante, les plongeant du même coup dans les ténèbres.
Une main sur chaque murs qui enfermaient l'exigu escalier, elles descendit précautionneusement l'escalier, par miracle sans tomber, jusqu'à arriver dans une salle qui à l'image de l'escalier, était humide, froide et petite.
Emeric l'y attendait, frais et souriant, ayant à coup sûr l'habitude de passer par là, accompagné d'Azkê dont l'agilité féline de sa famille était connue. Après un regard noir d'Ayole qu'il ne sembla pas remarquer, un sourire éternel à la bouche, le maô aux cheveux clairs ouvrit une porte –qui n'était qu'un pan de mur sur gongs- qu'elle n'avait pas remarqué dans le noir les environnant.
Ayole retint une exclamation de surprise devant le spectacle qui s'étendait devant ses eux : Dans des dizaines de galeries éclairées par des torches suspendues aux murs, se dressaient divers stands, échoppes plus ou moins douteuses, dans un coin des hommes discutaient autour d'une boisson, dans un autre un marchand d'armes attirait le client… Et tout ça dans une atmosphère lourde, chaud et enfumée à la fois désagréable et tellement attirante.
« Le goût du danger, très chère », observa le pokémon mauve.
Mais la jeune fille n'eut pas le temps de regarder plus longtemps cette galerie, qu'Emeric, exaspéré que la jeune fille joue à la touriste, lui fit signe de le suivre.
Et c'est dans un dédale presque pire que celui de la Maison – l'endroit où Emeric logeait son équipe, fourni par le seigneur – que l'entraîna son aîné, en véritable connaisseur. Soudain, au détour d'un chemin particulièrement bondé de personnes ce qui est dû à la présence d'une taverne, une main jaillit devant le visage d'Emeric, qu'il bloqua avant même qu'elle le frôle.
- Hey-hey. C'était bien ici le rendez-vous nan ?
- Ah ! Edan, je te cherchais. …Tu me feras l'honneur de te montrer au lieu de rester derrière ce mur ?
- Pour cela, il faudra déjà que tu me lâches la main. Je sais que tu meures d'envie de me toucher, mais a ce point là, c'en est exaspérant ; puis la voix rajouta, vu qu'Emeric et Ayole rougissaient : Rôh, tu n'as pas changé, toujours pas de sens de l'humour.
En se disant, il vint se positionner face à eux : Le visage haut, les traits fins, il avait la moitié gauche du visage recouverte d'un tatouage de fins entrelacs bleus, et ses yeux avait un quelque chose d'étrange. De son poignet à son avant-bras, un morceau de cuir l'enserrait.
Il devait avoir dans les 25 temps blancs (hiver).
Rebecca jeta un regard interrogateur à Emeric, qui en se tournant vers elle dit :
- Heu… Oui, Ayole, je te présente Edan, il t'entraînera jusqu'à la finale.
- Jusqu'à la finale ?! Ö publicité mensongère ! Tu m'avais dit deux aubes.
-Hum… Je pense que tu est assez bien payé pour faire les sept aubes ;ce n'est même pas une floraison.
-Ah...Je me plis à tes arguments.
Ayole frémit : « Et Emeric va se débarrasser de moi comme ça, en me faisant entraîner avec un parfait inconnu de surcroît louche ?! »
« Hé bien, moi je dirais que oui. Et puis je te dis de faire attention à cet Edan qui ne pense qu'a lui, de plus, il pense trop fort ! …Waw, ce qu'il dit de toi ! »
« Tu dis cela pour me faire râler, c'est ça ? » répondit Ayole à son mentali.
« Tant pis, ô Maîtresse je vous répète ses propos à vous qui m'accusez de vous faire râler : Et moi qui croyait entraîner une jolie fille ! Il a dit.
- Ah, là là, Emeric, moi qui croyait entraîner une jolie fille ! Je me retrouve avec une mioche…
« Oh, enfin un humain qui dit ce qu'il pense ! Au fait, bravo Ayole, tu sais parler par pensée maintenant… »commenta Azkê tandis que sa maîtresse devenait verte et peinait à garder un sourire hypocrite.
-Bon, il faut que je parte maintenant. J'ai été content de te revoir, Dan ! Et heu… Ayole, a dans sept aubes…Conclut Emeric en se retirant précipitamment.
-Non, mais tu sais quand partir toi!!! lui lança Edan a la volée, mi-figue mi-raisin .
Une minute de silence tendu entre les deux personnages passa. Puis…
- Kraîl ! Bon, viens toi. Il faut aller à Estanidolar, alors remue-toi un peu, la mioche.
Subir ou pas ? D'un côté, Ayole n'avait rien à perdre, il n'y avait personne pour lui dire quoi faire. De l'autre côté cet Edan était «adulte », de dix-quinze centimètres de plus qu'elle, et plus musclé. Et il avait de l'argent à gagner pour l'entraîner. Mais insupportable.
- D'abord vous ne m'appelez pas ainsi, ok ? Après c'est vous qui ne bougez pas d'ici, car moi je suis sensée vous suivre.
- Ouh, mais c'est qu'elle s'énerve la mioche. Alors…Tu me suis, on va emprunter des souterrains et déboucher a la surface, vers les bas quartiers, après on traverse les marais et le désert et on arrive à Estodinolar, où on s'entraîne. Si tu te bouges on y met deux crépuscules. Ca te va ? De toute façon tu n'as pas le choix, ricana-t-il de sa voix douce-rauque.
Nan, mais c'était vrai quoi, il devrait s'occuper de cette fille qu'il ne connaissait pas le moins du monde et qui ne ferait que le retarder. Une véritable épine dans le pied ! De plus son mentali le dévisageait …Argh ! C'était agaçant au possible…
***
A l'opposé d'Estanidolar, qui était à l'est, se trouvait Hambrey, 3ème plus grande et dernière ville de l'Aestrayl, entourée de champs, et au relief si plat à l'ouest qu'on pouvait y voir la mer quand le temps était dégagé.
Et ces plaines et champs étaient bruités par le chant des cricziks, le ahanement des paysans retournant la terre sous le soleil de plomb. Mais dès que l'on s'approchait de la ville, résonnaient bientôt les sons des verres que l'on trinque dans les bars, l'eau sale projetée par la fenêtre des ménagères, les plumes grattants le papier, et puis la musique des bals du château, dominant l'ensemble.
Mais une chose troubla ce calme, cette monotonie. Une chose qui ne pouvait arriver innocemment.
La jeune fille courrait, cheveux au vent, mais ce n'était pas pour le plaisir, ça non ! Il fallait courir, toujours plus loin, toujours plus vite, pour sauver sa vie. Son cœur battait tellement fort dans sa poitrine qu'elle ne s'étonnerait pas que cela explose. Vite, vite ! Elle trébucha, les larmes aux yeux, le souffle court, sur une pierre, mais se releva aussitôt, sa robe couverte de terre meuble.
Mais pourquoi donc Il voulait la tuer ? Pourquoi elle ? Elle gémit, continuant sa course effrénée malgré ses pieds en sang.
Un observateur attentif aurait pu voir un point s'agrandir en l'air, grandir jusqu'à former un homme, vêtu comme un paysan, mais des habits neufs qu'il s'était récemment procurés, un fantôme nommé ectoplasma derrière lui.
Et la jeune fille, courant pourtant, sentit deux bras forts l'enserrer à la taille, et une haleine fétide lui souffler quelques mots à l'oreille.
- AAAAAaaaaaah ! cria-t-elle de toutes les maigres forces qu'il lui restaient.
Mais un troisième protagoniste fit son apparition, se dirigeant tranquillement vers le « futur » assassin et la jeune fille aux yeux verts qu'il tenait.
-C'est fou comme les gens sont bruyants… souffla-t-il en se passant un main dans ses cheveux blancs, puis s'adressant à l'homme : Lâche-la.
L'homme se tourna vers lui, surpris, mais se contrôla rapidement :
- Et pourquoi je m'arrêterais, gamin ? dit-il en léchant d'une façon obscène le cou de la jeune fille, qu'il découperait sous peu.
-En garde, dit simplement le jeune homme, d'un calme inouï.
L'assassin haussa les sourcils, puis jeta la fille à l'ectoplasma. Deux lames recourbées sortirent de ses habits. Le garçon, qui devait avoir dans les vingt ans, avait quand a lui une épée épaisse dans son dos.
Les deux se regardèrent dans les yeux, puis le plus âgé des deux sauta faisant décrire un arc de cercle à ses lames. Celui aux cheveux blancs recula simplement pour l'éviter, dégainant en même temps sa gigantesque épée.
En y mettant la force de ses deux mains, il frappa les armes de son adversaire avec une vitesse incroyable, les projetant en l'air.
Puis, sans perdre une seule seconde devant son rival désarmé, il prit sa lame à la façon d'une lance et la planta dans son ventre.
-Ta première erreur sera d'avoir fait du bruit. La deuxième d'avoir voulu répandre du sang sur ces terres. La troisième… Que je sois dans les parages, sourit-il à l'agonisant.
Puis il se tourna vers le fantôme, qui disparut, son maître mort. La jeune fille était évanouie, ce qu'il arrangea avec une claque.
- Il est mort. Tu es libre.
Puis, après avoir vérifié qu'elle n'avait rien, il mit le corps de l'homme sur l'arbre, où il lui enleva l'épée du ventre.
Pas beaucoup de sang sur la terre au moins.
Puis il revint sur ses pas.
-T'as pas perdu la main, toi dis donc ! dit un personnage, en haut d'un (autre) arbre, les cheveux roux en bataille.
-Ils faisaient du bruit.
-T'es trop silencieux, toi, Spireo.
Spireo –car c'était bien lui- leva les yeux au ciel avant de reprendre la parole :
- Tu sais ce que c'est alors ?
-Mmh ? De quoi ?... ah ! Le livre ! J'ai rien vu de tel… C'est vraiment un journal de bord, mais cet auteur ne me dit rien. Je pense que c'est un colon, mais qui sait s'il est encore vivant ?!
-Tu ne changeras jamais… toujours aucun ordre dans tes paroles…
- Parce que tu crois que toi tu es mieux avec cette obsession du silence ? Puis, ce livre tu l'as bien trouvé au bord de la plage, dans la grotte du lanzanné ?
- Oui, dans cette grotte. Je ne vois pas comment toi, tu peux supporter tout ces bruits.
- Qu'est ce que je disais…Il n'y a que toi pour ne pas supporter le moindre bruit. Mmh ? Au fait, tu as une admiratrice, Reo'.
Les deux jeunes gens se retournèrent vers la jeune fille que Spireo avait sauvée tout à l'heure, et qui avançait vers eux. Elle eut un mouvement de surprise, sûrement parce que voir un jeune homme aux cheveux blancs –une épée encore ensanglantée dans le dos- et un roux – perché un livre aux mains dans un arbre- à côté était pour le moins… bizarre.
-Hum… Je m'appelle Etini ; je voulais vous dire merci pour m'avoir sauvée … rougit-elle.
-De rien.
*gros silence*
- Allez Spireo, tu pourrais être plus chevalier servant ! s'exclama le roux Imke, Allez demoiselle, laissez-moi vous raccompagner chez vous…OU préférez-vous peut-être prendre un calaô bien chaud pour vous remettre de vos émotions ?
- Heu…Non merci, fit-elle avec un sourire gêné, puis elle se retourna vers Spireo, comme si elle voulait parler.
-Tu veux lui parler ? Vas-y, hein, moi je suis TRES discret… Et lui ne parle jamais !
-Ah, Heu…hésita-t-elle, Hum…Vous vous appelez Spireo, c'est bien cela ? Hé bien Spireo, je voudrais vous invitez chez moi pour vous témoigner ma reconnaissance !
Elle ne comprenait vraiment pas comment ce garçon aux cheveux blancs si serviable et gentil pouvait être ami avec un garçon roux aux cheveux en bataille comme l'autre là ! Leur seul point commun était une chevelure étrange.
Spireo s'apprêtait à refuser, mais Imke le devança :
-Oui, on vient !! S'exclama-t-il, ne semblant pas comprendre –ou faisant exprès- que la jeune fille n'invitait que Spireo.
Il tira Spireo tandis que la jeune fille les guidait jusqu'à Hambrey, puis dans une coquette demeure au toit de chaume.
Elle les fit asseoir – pour Spireo, de façon forcée, à demi par Imke, à demi par Etini- et leur servit de l'agonand, boisson faite à partir de fleurs et nectars légèrement fermentés.
Puis, elle entreprit de raconter sa vie, ce qui découragea Imke de continuer ses avances.
Mais soudain, plus de trois sabliers plus tard, au moment où elle racontait pourquoi elle était poursuivie, les deux dressèrent l'oreille.
- Alors en fait, hé ben , j'allais acheter des légumes, puis en marchant sur les chemins, de plus en plus souvent je voyais le même homme dans les parages, au même stand que moi, dans la même rue, chez le même coiffeur… Il me dévisageait comme… Comme quand on reconnaît quelqu'un mais on ne se rappelle plus qui cela était. Je commençais a avoir peur, quand il m'a attrapée par l'épaule et m'a dit : « Je t'ai enfin retrouvée petite bakeno noire. Je leur avais bien dit que tu étais partie vers Hambrey. Je vais avoir une prime, mais pour cela je vais de voir te tuer, toi et les autres de l'équipe. Ne bouge pas. » Et il est parti. Moi, je me suis enfuie à toute vitesse, vers les champs, parce que c'était juste devant, en fait. Puis après j'ai réussi à m'enfuir une autre fois parce que même si je cours plus vite que toutes celles de mon groupe, il m'a rattrapé avec la téléport d'un de ses pokémons. Puis vous connaissez la suite. Vous croyez qu'il me confondait avec une fille des équipes d'Hambrey ? Pourtant, y'a pas d'équipe de Dofuri noire…
Imke jeta un coup d'œil à Spireo. Si ce n'était pas une équipe de sa ville Hambrey, alors c'était une de Mégara ou Estanidolar. Mais vu la tête de son camarade, c'était celle de la capitale.
Une fois avoir pris congé de la fille, ils sortirent. C'était déjà le crépuscule et Spireo restait pensif.
Donc, cet homme faisait parti des assassins qui avaient déjà tués deux membres de l'équipe. Car c'était bel et bien, selon les dires de cette fille, une association d'assassins. Et il a pris cette fille pour la bakeno de notre équipe… Car c'est vrai qu'elles ont à peu près la même taille et les mêmes cheveux, mais le reste…N'était vraiment pas ressemblant. De plus, l'homme n'était pas discret et amateur, en jeu d'armes comme en filature puisque même sa propre proie l'avait repéré. Bizarre...
Il se dirigeait vers une saillie rocheuse, qui le gardait à l'abri des intempéries pour la nuit. Le lendemain, il irait vers Mégara, après avoir troqué quelques baies et légumes, puisque de toute façon, Hambrey était réputée pour cela. Il irait parler lui-même à Emeric, car il n'avait pas de roucool voyageur, et même s'il en avait, il ne prendrait pas ce risque sachant les assassins rôdant.
Imke le suivait de près, aussi bruyant qu'agaçant, comme à son habitude.
-Donne-moi une bonne raison pour toi de me suivre pas à pas à chaque fois que je viens pour mon grand malheur aux alentours d'Hambrey.
-Parce qu'il faut bien quelqu'un pour te surveiller, allons ! Et puis, je pense que je me suis habitué à tes ronchonnements !
-Pfff…
Spireo sortit une couverture pliée en vingt d'une de ses poches, et entreprit de la déplier.
-Ahon ! Mais je rêve ! Tu dors comme ça, sans manger !? Moi je vais chasser avec mon arc ! Je suis très fort à l'arc !! dit-il (cria-t-il plutôt) en s'éloignant.
Enfin un peu plus de silence…Même si les pokémons faisaient du bruit, agaçants qu'ils étaient…Son kraboss, au moins ne faisait pas de bruit, et encore moins dans sa pokéball. Les autres de ses pokémons étaient restés à la Maison. Les balls étaient trop rares et chères pour en avoir une pour tout ses pokémons…De plus les balls –du moins celles d'Emeric, les autres il ne savait pas- ne marchaient que sur les pokémons déjà dressés.
Il était tôt, mais autant dormir et espérer qu'Imke ne ferait pas de bêtises, demain une longue journée de marche s'annonçait.
Il s'endormit, son visage angulaire baigné dans la lumière orange du soleil couchant.
Et se réveilla le lendemain aux premières lueurs de l'aube. Il faudra qu'il cherche un autre abri, pour la prochaine fois qu'il viendrait ici : c'était trop illuminé par les reflets solaires.
Il jeta un coup d'œil à Imke, qui dormait, la bouche ouverte, ses cheveux roux embrasés par le soleil, et qui avait dormi à côté de lui. Il laissa son épée contre la roche, mis sa cape, accessoire indispensable, et partit faire quelques achats de vivres.
Imke saurait où le trouver.
Plus tard…
-On court à Mégara. Tout de suite.
-Hein ? Hé ho, on 'a pas des pokémons sauvages aux fesses, quand même…bailla Imke, encore tout endormi.
-Presque.
Le jeune homme roux se retourna, tandis que Spireo fixait son épée dans le dos, et ramassait les quelques affaires qu'ils avaient. Puis, au bout d'une minute, Imke s'exclama :
-Ha ! Ta demoiselle sauvée te poursuit maintenant ? Et toi tu la fuis? dit-il sur le ton d'une constatation nombre de fois répété (ce qui était vrai ).
-Pendant deux sabliers, elle m'a retenu. Je n'ai réussi à la semer qu'après qu'elle m'ai demandé de venir chez elle quinze fois. On y va.
-Je crois qu'alors, il faut couriir !!Elle nous rattrape ta dulcinée !s'exclama Imke en s'ébrouant comme un jeune chiot.
-Folken…souffla Spireo.
Imke courut loin devant en vrai gamin qu'il était, tandis que Spireo marchait plus dignement avec de grandes enjambées, déprimé que cette fille se pâme devant lui et le suivait partout depuis qu'il avait occis celui qui voulait la tuer. Argh.
-Direction les tréfonds de la forêt, les mines et … MEGARA !!! hurla le roux, en toute discrétion dans la course-poursuite Etini/Spireo.