L'Ombre de la Vengeance
Les loubards s'éloignaient de Vlad, ricanant, satisfaits de l'accomplissement de leur méfait. Ils l'avaient bien remis en place, ce petit con. La bagarre fut de courte durée, un contre cinq c'est facile. Mais c'est qu'ils sont courageux ces petits gangs de jeunes, avec leurs lames bien cachées. Eux aussi ils sont cachés, attendant la moindre petite personne plus faible qu'eux pour se faire du fric. Puis un jour ils se font pincer par quelque autorité supérieure, vont au commissariat où ils se tapent un bon gros savon dont ils n'ont rien à foutre. Puis ils sont libérés quelques heures plus tard et, ayant bien la rage du fait qu'ils soient resté là à glander pendant plusieurs heures, ils recommencent. C'est un interminable cercle vicieux ne pouvant être brisé que par une personne plus forte qu'eux, une personne qui leur met une bonne branlée à la baston comme ils disent...
Vlad était donc là, assis sur le sol, saignant du nez et de l'arcade sourcilière, à moitié évanoui. Il se moquait éperdument de la douleur ou de l'argent qu'il avait perdu -on lui appliquerait des soins et l'État n'a que faire de 200 ou 300 poké$ de perdus, ils le rembourseraient- mais par dessus tout il voulait se venger de ce groupe de chacals malfaisants. Il savait que ce sentiment serait dissipé après quelques heures, mais s'était plus fort que lui, cette rage qui montait en lui. C'était tout le temps la même chose : il bouillonnait intérieurement, des envies de meurtres lui venaient à l'esprit, il tremblait de rage, mais rien ne sortait. Il ne voulait pas provoquer de conflit, cela ne l'intéressait pas. Alors que la plupart des gens expriment leurs idées et leurs pensées quel qu'en soit le prix, même si cela peut provoquer des larmes ou une effusion de sang, pour garder leur petit terrain de pouvoir, de "liberté", pour que personne n'empiète sur leur sacro-sainte main mise sur ce qu'ils pouvaient contrôler, lui il les gardais pour lui. C'était là la principale raison qui le poussait à ne pas aimer l'humain. Mais comme je l'ai dit dans le précédent chapitre, Vlad n'est pas misanthrope, il se garde de l'être, ne veut pas l'être mais on a beau dire ce que l'on veut, on ne peut complètement cacher sa vraie nature, ce qui l' amenait à s'éloigner des autres.
Quelques heures plus tard, alors que les membres du "gang" qui avait tabassé un pauvre malheureux près de la mairie de Céladopole s'étaient séparés, une silhouette suivait discrètement l'un des membres, vous savez, celui qui a l'anneau dans le nez. L'ombre le suivit jusque chez lui, s'introduit dans sa demeure et pendant son sommeil... Le lendemain, sa mère voulut le réveiller, mais constata avec une grande douleur, une peine insoutenable accompagnée de cris, de hurlements de pleurs, qu'elle ne pourrait plus jamais le réveiller. C'était une mauvaise graine, certes, mais on ne renie pas son fils. Et voir celui-ci étripé et pendu par l'intestin grêle à son lustre de chambre avait ravivé la flamme de la tristesse en son âme. Mais la tristesse amène à la peur, la peur amène à la colère, la colère amène à la haine, mais la haine pure, celle que l'on peut le plus facilement assimiler à l'amour, ne mène à rien. La femme se pendit à côté du cadavre de son fils. Cet évènement ne marqua que peu les esprits lents des habitants de Céladopole, eux même trop occupés à s'occuper de leur bout de vie.
Cela faisait quatre jours que Vlad était resté à l'hôpital. Ses blessures étant plus profondes qu'on ne l'aurait imaginé, des soins plus intensifs que ceux prévus avaient été nécessaires. Nous étions alors en milieu d'après midi quand il appela son père.
- Papa, c'est ton fils.
Et il lui expliqua ce qui s'était passé. Son père lui répondit que ce n'était pas bien grave, et qu'il devait prendre son temps pour être complètement rétabli. Cela semblait faux dans sa voix, et Vlad comprit que son père était agacé de ce contretemps.
- Au fait, j'ai une question à te poser. Quand j'aurais retrouvé ce que je cherche -il ne prononçait pas le mot "Mewtwo" car une infirmière se trouvait près de lui- comment ferais-je pour le capturer ?
Il marqua une pause puis repris :
- On ne m'a parlé que de la recherche de ma "cible". Personne ne m'as dit comment l'intercepter et comment la maîtriser, on a jamais mentionné cela.
- Écoute, Vlad, lui répondit alors son père d'une voix feignant le calme, tu n'as pas à t'inquiéter pour cela. Tout te seras clairement expliqué en temps voulu.
- Non, pas de faux mystère s'il te plaît. Je veux savoir en quoi consiste ma quête, je sais bien que ce genre de discours que tu me tiens ne m'apprends rien, tu me caches des choses et cela n'est pas bien pour la suite des évènements.
- ... Vlad, reste calme. Dis toi simplement que tu ne fis même pas partie de l'Organisation Scientifique de Kanto. Tu n'as rien à réclamer, car tu ne bénéficies pas de la confiances des dirigeants.
- Mais, je suis ton fils, tu me connais, lui répliqua sèchement le jeune homme
Son père raccrocha alors. Pas la peine d'essayer de le rappeler il n'apprendrais rien de plus.
Il se leva alors, mais l'infirmière lui dit de se recoucher. Il s'exécuta. Une douleur au dos se faisait encore sentir. Il regarda la jeune femme qui veillait sur lui. Elle était belle dans sa petite tenue d'infirmière. Son esprit divagua rapidement vers des pensées obscènes que je vous passerais volontiers (après tout, vous avez votre imagination pour ça). Puis, fatigué, il posa sa tête sur l'oreiller et s'endormit rapidement.
Il sortit de l'hôpital deux jours plus tard, frais et dispos. Plus décidé que jamais à retrouver Mewtwo, il se mit en route vers le Centre Pokémon, sans savoir qu'il allait encore peiner pour arriver là-bas.