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» Auteur : fan-à-tics - Voir le profil
» Créé le 12/08/2010 à 00:25
» Dernière mise à jour le 12/08/2010 à 00:25

» Mots-clés :   Présence de personnages de l'animé   Présence de poké-humains   Présence de shippings

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Episode 56 : Joyeuse excursion en Enfer !

OURF !

*va mourir*

Purée, j'en pouvais plus de ce chapitre. Mais je voulais finir tout en ne dépassant pas le découpage de mon shéma narratif. Je veux qu'il n'y ai plus que 4 chapitres ! JE VEUX et j'y ARRIVERAI même si j'écris par tranche de quarante pages, comme là ! D'ailleurs, quand j'entamerai la dernière partie de l'histoire, c'est-à-dire le dénouement, vous verrez que la désignation « épisode » avant le titre se transformera en « Film ».

Je tiens à remercier Dragonna, Kanon, et mixy pour leurs encouragements et leurs aides, pour le chapitre, parce que sinon, je n'aurai pas réussi.

Sachez que l'effet humoristique est voulu, je voulais du léger parce que le tragique, vous allez en souper.

Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture.

Maintenant, les prévisions pour le tome 2, comme promis, je mets les 5 premières vu que je les ai oubliées les dernières fois.

-Les notions de Vie et de Mort seront bouleversées tout au long de la série.
-Le mot « Destin » prend enfin du sens dans le titre.
-Contrairement à ce que vous croyez, cette révélation globale du mot « Destin » ne concerne pas que les héroïnes.
-On retrouvera tous les personnages du tome 1, sans exception.
-De nouveaux personnages vont apparaître, mais ils vous resteront tout de même familiers.
-La dernière partie du tome risque de vous filer des sueurs froides.
-Les thèmes principaux de ce tome sont « Liberté – Bien – Mal – Dictature – Paradoxe »
-Les personnages seront divisés entre eux, et s'opposeront souvent.


Chapitre 56 – Joyeuse excursion en enfer !


Il est des évènements qui sont imprévisibles, insoupçonnables, et probablement, sont-ce les plus douloureux.

Malgré la masse, la foule incroyable que déplaça Twilight pour les recherches, elles se heurtèrent au mur de l'infini, à l'horizon insurmontable, à Mère Nature incarnée : l'océan. Et la centaine de dresseurs si dévoués, si sérieux, se trouvèrent bien pale en comparaison des éléments, si indifférente à l'humanité.

Eléanore sur le dos de Ash, accompagnée de Lucas, scrutaient la tâche bleue s'étendant sur des milliers de kilomètres, le cœur battant d'espoir, le cerveau vrombissant de crainte.

Le Libegon de Sam tenta une approche vers eux, et ils secouèrent la tête de concert, pour signifier leurs résultats négatifs. La brune siffla, et léviathor émergea du liquide dans une écume blanche, moussante, rejetant litres et litres d'eaux, sans nouvelle également. Akira sur son staross, bien attaché à lui par une corde solide, nouée par Samantha elle-même, continuait vainement ses plongées intempestives, sans prendre une prise.

Le millobellus de Lucas serpentait, trouant les vagues et surfant sur l'écume, sans lever la tête, telle l'étoile guidant dans l'immensité des cieux, qu'ils ne parvenaient décidément pas à dénicher.

Les adolescents levèrent les yeux vers le ciel gris, annonciateur de tempête, puis analysèrent le lointain avec impuissance.

Devant eux, sifflant comme le vent du nord, grondant, menaçant, déboula cristal, chevauchant suicune. D'un bond, le chien céruléen, à la crinière d'azure parcouru l'onde aussi doux que la bise, et puissante que la tornade. L'écho d'un cri monta à leurs oreilles, dont la provenance se dissipa, n'abandonnant que cercles auréolé de lumière le long de son chemin aqueux.

« L'ouragan qui a frappé Oliville le mois dernier a dérivé jusqu'ici, Il y a eu une tornade en haute mer, je vais voir les décombres. »

Et pendant une seconde, un blizzard glacé s'abattit comme un étau dans leurs poitrines.

La dresseuse elle, filant sur le souffle marin avec son pokémon de brume, ne laissa pas l'amertume ou l'inquiétude s'installer. Elle passa devant un Silver sur son aligatueur avec son Léviathor rouge non loin, appelant ses congénères d'un draco-rage.

Aaron, plus de personnes qu'elle n'en avait jamais vu, s'affairait, et pourtant, cela ne suffisait même pas pour couvrir l'immense surface s'étendant sous leurs pieds. Volants, nageant, usant même de subterfuges étranges pour participer, elle croisa même Makanie, sur le dos de son écrémeuh.

L'envie la prit de faire demi-tour instantanément, mais son frère la prit en pleine fuite et lui lança une œillade courroucée, assis sur le dos de son Tartard, trempé jusqu'aux os.

Cristal se pinça les lèvres, honteusement, et demanda à Suicune de rallier plus rapidement ce qui subsistait, après une tornade morte dans l'œuf, un peu plus en haute mer, d'après les gardes-côtes qu'avaient contactés Chris et Angie.

Elle y dénicha Gabriel, déjà en place, fouillant les décombres de ce qui semblait avoir été un bateau, terrifié, blanc comme un linge, manquant de déraper de la carapace de son tortank tant ses gestes paraissaient fébriles.

« Pas noyé, s'il te plait Daniel…Non, pas noyé, pas comme ça… » Susurrait-il en effleurant les remous faiblement.

Un wailord trônait au milieu de cette ruine, bullant sans complexe. Sur un pan de sa nageoire, quelques personnes tenaient conférence, avec ce qui paraissait être, des rescapés, emmitouflés dans leurs couvertures. Dans un saut, Cristal atterrit sur l'être des profondeurs et son suicune continua son chemin, hâtif.

Elle avisa le jeune homme à la peau mât, éternuant bruyamment, permettant ainsi à ses mèches perlées de s'entrechoquées en écho, et y reconnut les traits familiers de Shagi, malgré le carré de la mâchoire et son teint blême. Ces iris noirs aux reflets violacés, que l'inconnu posa sur elle, confirmèrent ses hypothèses.
Il partageait sa couverture chauffante, avec une jeune femme aux cheveux bleus, courts, qui lui rappelait définitivement une soirée arrosée il y avait bien longtemps, mais impossible de se remémorer plus.

Arisa, car c'était elle, malgré sa tignasse bien courte, à la garçonne, frissonna et se maintint son bras droit, bandés, mis dans une écharpe de fortune, dont l'atèle, mal coupée, couina nerveusement avant de se fendre.

Marc derrière elle, posa ses mains sur ses épaules, compatissantes, devant un Peter, pétrifié.

Cristal vit la jeune femme lever lentement la tête vers son frère aîné, et son regard ka frappa toute entière.

Parce qu'elle avait arboré le même. Avant, lors de cette attente insoutenable où elle craignait qu'on ne lui retire son frère, après l'attaque de Carmin sur mer. Elle ne lisait plus rien dans ces prunelles, juste un vide, une préparation à l'enfer, une résignation horripilante. Cristal sut en cet instant, que la douleur purulente de ce bras brisé ; qu'elle tenait en écharpe, et serrait convulsivement, elle la préférait à celle acide, intérieure, envahissante qui inondait son être. Le reflet chaotique de l'espoir passa sur ses iris, et c'était un nouveau spasme qui striait, élargissait sa plaie invisible.

-Combien de temps peut tenir Daniel, Marc, avec sur lui, seulement un Goboue et un ramoloss ? Siffla Peter, pâle, anormalement mou.

Le champion eau ferma les yeux, tristement, et avoua dans un murmure :

-S'il est entraîné régulièrement à la nage, que ses pokémons sont bien dressé, s'il ne porte personne, qu'il se ménage, et qu'il nage intelligemment avec ses pokémons, je dirais 24 heures.
-Et avec quelqu'un, qui ne peut pas nager ? Marmonna Marion morose, derrière Peter.

Cette fois Marc fronça les sourcils avec peine, et ses yeux se plissèrent jusqu'à engloutir des larmes invisibles.

-Pas plus d'une dizaine d'heures.

Sursaut presque imperceptible de Peter, donc la mèche camouflait mal ses iris mordorées, vides.
Et un rire moqueur, sadique échappa à Arisa.

-Dix heures ? Dix heures ?

Nouveau ricanement brisé, et roulement de tête, doigts qui se fichent dans la chaire jusqu'au sang et une simple plainte harassée :

-Mais Harry et Daniel y sont depuis 20 heures Marc !

Sanglot transformé en rictus, et nouveau constat ironique :

-C'est pas assez…10 heures. C'est pas assez. Tu peux pas faire mieux ? Tu…

Toux rauque et hoquet malhabile, Arisa se crispa, se recroquevilla lamentablement, les prunelles irrémédiablement sèches.

-On n' a pas le temps. On n'a pas eu le temps. 10 heures…Y-a 10 heures… On était bloqué dans cette tornade. Y-a dix heures…je…Je dois chercher…je dois trouver…Papa, et Sandra…Et Maman…Je…-Je…

Shagi observa tristement la femme à ses côtés, et soudain, Arisa s'arrêta, comme une boîte à musique rencontrant un obstacle, dont les rouages bien huilées se fendent, la mélopée grésillante, dérangeante de détresse se stoppa nette, pour ne plus souffler qu'une note, le regard s'éteignant.

-Pourquoi j'ai lâché sa main ?

L'altaria de Shagi, se posa derrière eux, exténué, ses pattes s'emberlificotèrent dans ses ailes, et plusieurs pokéballs, encore humides d'eau dans laquelle elles avaient stagnées des heures, roulèrent. Un Roigada et un pikachu méchés en descendirent, et s'écroulèrent dans des gémissements épuisés.

Un draco rose, s'extirpa de sa prison de métal et serpenta jusqu'à sa maîtresse, tandis que l'oiseau bleu, aux ailes nuageuses, dressa son encolure vers son propre maître tout en roulant quelques octaves mélancoliques.

Une berceuse, le pokémon chanta une mélodie pour les rassurer.

Une dent de la boîte à musique céda tandis qu'on la forçait à marcher, alors qu'elle ne demandait qu'à cesser d'être.

-MAIS TAIS-TOI !

Shagi fixa son pokémon, qui se prostra instinctivement, poussant un gémissement, ne saisissant pas ce qu'il avait bien pu faire de mal. L'irisien debout, se raidit, sa mâchoire se serra et un sourire malheureux étira ses lèvres.

-Tais-toi…Bafouilla-t-il dans un souffle. –Tu comprends pas bon sang ? Tu crois que j'ai toujours 8 ans ! Tu n'as pas le droit de chanter cette musique ! Tu n'as pas le droit tu entends ! Pas maintenant ! P-Pas comme ça ! Pas quand Harry…Pas…

Il tituba légèrement, oscilla, puis se recroquevilla, il étreignit mécaniquement Arisa. L'oiseau bleu claqua du bec, honteusement.

Peter ne prononça pas un mot, il tourna sèchement des talons et arracha les pokéballs à sa ceinture. Cinq dragons pourfendirent les flots.

Cristal remarqua alors pour la première fois, une femme, blondinette à la peau basanée et aux yeux verts cerclé d'or. Sa longue chevelure solaire, noués en trois catogans lâches, bouclés, oscillèrent avec le vent tandis qu'elle fronçait les sourcils. Cristal remarqua Ritchie derrière elle, un ancien membre de twilight. Les vêtements en haillons, couverts d'égratignures, lui et l'étrangère échangèrent tout de même une œillade éloquente

-Nos pokémons aussi, sont trop épuisés, mais si quelqu'un nous prête un pokémon eau, nous…Commencèrent-ils de concert.
-Et un peu de choco-
-Ambre !
-Mais j'ai faim !

Leurs vaines tentatives sonnèrent dans le vide, et aussitôt, Peter les coupa d'une voix spectrale, dépourvue de tout espoir :

-Non, vous aussi, restez ici le Wailord de Steven va vous ramener sur la berge. Vous êtes trop fatigués pour être efficaces, et je ne chercherai pas d'autres…Enfants…Perdus en mer.

Son visage se ferma.

-Marc, viens avec moi. Marion, reste avec eux. Surveille-les.

Il ajouta plus faiblement, suppliant :

-Protège-les.

La cousine de Lucas hocha la tête, penaude, et elle se tourna vers les enfants, sans force ni courage.

Peter observa l'océan infini face à lui, et ses iris vibrèrent, scrutèrent l'horizon pour s'y perdre, se noyant dans les doutes. Et une voix, insinuante, langoureuse et acide s'insinua en lui, léchant ses blessures béantes pour en raviver les flammes :

« Concentre-toi, et tu pourras peut-être le repérer. Après tout vous avez le même sang. »

Il inspira profondément face à la réplique mentale de Salomée. Ses paroles de plus en plus décousues, incohérentes l'agacèrent.

« Sans vouloir t'offenser, si j'en avais été un jour capable, il y a longtemps que je l'aurais fait. »
« Tu n'en es pas à proprement parler, capable. Mais je le suis. Enfin, nous le sommes. Avant, nous le pensions mort, avant, le champ de notre recherche était le monde entier, là, il ne s'agit que d'un océan. »

Peter observa ce qu'elle désignait par cette négation hautaine, impuissant face à ce mur, ce roulement chaque jour plus important qui le submergeait de toutes parts. Où qu'il pose ses prunelles mordorées, il ne voyait que de l'eau, ce liquide vicieux, capable de vie, et de mort.

« Peter, écoute moi, le sang d'Eléanora coule dans tes veines, tes yeux d'or en sont la preuve vivante. Et même si sa part est tellement infime, tellement diluée qu'il est impossible qu'il influence ton salut ou tes compétences, il demeure un pont entre nous, un pont entre moi, et de ce fait, un pont entre moi, et Harry. »

Peter s'affaissa et sa vision se ferma, refusant d'admirer cette force qui engloutissait son cadet et un enfant innocent, un de plus sous sa garde, alors que la femme à l'origine de Twilight délirait sans crainte ni empressement.

« C'est pour cette raison, je pense, que quand j'ai invoqué le pouvoir des Guardian, il y a 19 ans, faute de me donner un Guardian, ils m'ont envoyé Gold, un des héritiers d'Eléanora. Le monde des Gijinka n'appartient qu'aux gijinka. De la même manière qu'un gijinka ne peut être éradiqué que par un autre gijinka, je ne peux parler et influencer ainsi, mentalement, que ceux ayant un peu de sang de Gijinka. Même infime, cela suffit. Allez Peter, songe à Harry, concentre-toi et j'arriverai peut être à le repérer à travers toi »
« Salomée… »
« Oui ? »

L'image de Shagi et d'Altaria lui brûla la rétine.

« Tais-toi. »

Peter se prit la tête dans une main, juste las, et quand le timbre si familier, si proche de la folie elle-même, disparut, il fit un pas en avant, et sauta à l'eau, chevauchant un de ses draco, pour aider les recherches.

Mais son cœur, lourd comme du plomb, semblait l'attirer au fond de l'abysse.

Cristal vit le chef de Twilight partir à la dérive, après ce long instant de mutisme, et elle observa tour à tour les rescapés de cet incident tragique, incapable de comprendre les tenants et les aboutissantes de cette histoire. Et à l'instar de ce paysage dévastée, où les restes du bâteau émiettés aux grès des courants, ne laissaient plus entrevoir, ni même imaginer aux spectateurs son aspect d'antan, elle ne pouvait saisir l'entièreté de cet évènement. A sa vue ne s'affichait que les pauvres acteurs éclopés d'un théâtre funeste.

Malheureusement, pour intégrer, ce qui avait put se produire, la picèe macabre qui s'était joué, ce qui amenait à ce drame, cette catastrophe, obligeant même Peter à participer aux recherches, il lui manquait une pièce du puzzle, un lien.

Une simple banalité qui avait pris sa marque 4 jours plus tôt.

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Dans les vertes prairies bordant le sentier vers Joliberges, en ce matin de février, rien ne laissait présager un quelconque drame. Les étourmis pépiaient gaiement, et si, quelques habitants mouraient d'envie de prendre leurs fusils à pompe pour les faire taire, c'était bien là, la seule humeur à caractère néfaste parcourant ces plaines.

Quoique.

- Cette fois, ça suffit, arrête ton cinéma ! Déjà ta paranoïa est assez flippante, mais là, quand même, tu EXAGERES !

Ritchie, dresseur de son état, les bras croisés, la mine renfrognée, souffla sur une mèche folle dépassant de sa sempiternelle casquette, avec mauvaise humeur. La raison de cette mimique si peu coutumière à la frimousse du jeune homme de 23 ans, si gentil et attentionné ? Une jeune femme, gisant, à un mètre de lui, couchée sur un rondin de bois, dans une pose théâtralement tragique. Sparky, les oreilles dressées, contemplait lui, l'origine de l'agacement de son dresseur, avec un œil mi sceptique, mi amusé.

La chose –car on ne pouvait désigner cet amas de chaire empaqueté et face contre terre autrement- leva un bras tremblant, vers les cieux, et avec majestée, dignité, et surtout, comme un héros de guerre se sacrifiant pour la patrie, elle marmonna :

-Continue sans moi, je suis trop exténuée pour bouger.

Là dose fut pleine pour Ritchie qui éructa, crispé, tendu comme un arc, à bout :

-Ambre !

La concernée leva la tête dans une moue abattue. Car oui, c'était bien elle, et si Ritchie n'avait guère changé, depuis trois années, elle, en revanche, avait permis à sa chevelure de repousser, et l'avait nouée en trois fins catogans au niveau de sa nuque, sous ses mèches toujours anarchiques. Celle-ci en contraste avec le haut de son crâne couvert d'épis, tombaient jusqu'à son dos, en de belles boucles bien dessinées. A sa tenue outrageante du désert, adapatée pour les temps chauds, elle avait préféré un ensemble toujours aussi court, mais assorti à celui de son petit ami, et avait donc une belle casquette fichée sur sa tête harassée.

Celle-ci, pas intimidée pour un sous, continua son cinéma, d'un air de plus en plus faiblard, digne d'un agonisant, et se laissa choir, flasque sur son support, comme dépourvue de toute force.

-Je….peux…plus…Faim…Chocolat…Manque…

Ritchie s'empourpra vivement et ses sourcils se froncèrent méchamment. Avec fureur, il réajusta son couvre chef sur sa tignasse et tourna des talons en déclarant d'une voix ferme, déterminée.

- oh, c'est bon, j'te laisse là, j'te préviens ! Cette fois tu ne m'auras pas !

Pas de réponse, Sparky ne bougea pas d'un pouce, tout comme Ambre. Il toisa la masse qui inerte, paraissait vouloir s'enraciner sur place, pour devenir un cacaotier et vivre en autarcie. Mais qu'est-ce qu'il racontait lui encore ! La blonde, l'enfonça davantage, et se prenant encore pour un drame dont l'héroïne meurt lamentablement pour le monde et ses amis, elle souffla avec franchise, les larmes aux yeux.

-Oui, comme ça, un de nous deux survivra au moins…

Non, non, et non, il ne l'écouterait pas. Pas plus tard qu'il y avait une heure, elle était dans un état tel, qu'elle l'accusait de lui cacher du chocolat clandestinement, et semblait sur le point de le mordre pour le faire céder. Elle exagérait !

-CETTE FOIS JE M'EN VAIS POUR DE VRAI ! JE T'ABANDONNE ICI JE TE PREVIENS !

Il fit quelques pas en avant, et se retourna avec suspicion. Ambre sortit ses baladeurs et avec sarcasme et Ironie, monta le volume à fond. Bientôt un opéra lancinant retentit sur scène pour accompagner l'agonie de l'héroïne principale.

-Je vais VRAIMENT Partir !

Ritchie repartit de bon train, encore quelques pas, rouge de colère. On ne mourrait quand même pas parce qu'on avait pas ingurgité de chocolat depuis trois jours !

Nouveau coup d'œil en arrière, Ambre toujours immobile, Sparky dubitatif.

- Et si tu t'enterres vivante, je ne t'aiderai pas à sortir comme la dernière fois ! Hurla-t-il avec mauvaise foi.
-Et un jour des gens verrons ma carcasse rongée par les verres, et ils sauront que la pauvre fille que je suis, est morte de faim dans cette rue perdue à Sinnoh. Renvoya l'irving le regard vitreux.

Il ne manquait plus que la neige. Ritchie fit demi-tour, avec un cri exaspéré, puis il s'accroupit au niveau d'une Ambre, toujours prostrée dans son rôle.

-Morte par crise de manque de chocolat, faut pas exagérer quand même ! Souffla-t-il doucement, très pragmatique, voire même moqueur.

Il saisit un bâton qui traînait et tapota le « corps » espérant le bouger un peu. Celle-ci ne cilla pas le moins du monde, docile, presque molle, elle OSCILLA.

Un sourire mesquin étira les lèvres de Ritchie, qui passa une main sous le t-shirt de sa petite amie, caressant son dos de manière sensuelle et provocatrice, tout en susurrant :

-Tu sais que te voir aussi conciliante peut me donner des idées vraiment pas nettes ?
-Je donnerai ma vie pour un bout de chocolat. Qu'un garçon passe avec et je suis son esclave.

Le garçon sursauta, tiquant méchamment. Un doute s'insinua en lui.

-N'importe quoi, tu le mordras comme le dernier ! Rugit-il aussitôt.

Sa compagne ne répondit pas à cela, et cette fois, le doute chassa tout l'agacement rongeant Ritchie, qui reprit, d'un ton hasardeux, quasi suppliant :

-Ambre ? Tu le feras pas, hein ? Hein ?

Toujours rien à part un grommellement discontinu incompréhensible. Pire, regard éloquent de la jeune fille, celui d'une morte vivante. Cette fois, un frisson remonta le long de l'échine de Ritchie et ses cheveux se raidirent sur sa nuque. D'un bond il se remit sur ses jambes, bafouillant, paniqué !

-Bon je vais chercher du chocolat, ne bouge pas. Ne suit PERSONNE, tu entends ! PERSONNE ! Même s'il a du chocolat !

Avant de partir aussi vite qu'un miaouss pourchassant un pikachu. Sparky observa son maître disparaître dans le sous-bois menant à Joliberges, tout en rajoutant un « PERSONNE ! » et il soupira. Quand il tourna la tête pour surveiller la « conjointe » de son dresseur, il ne rencontra plus rien.

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Gold sur le dos de Tartard, prit une profonde inspiration, et retint son souffle, les poumons gonflés à bloc. Le pokémon poisson plongea aussitôt, et s'insinua dans les profondeurs du liquide aqueux.

Le cadet des Heart, battant des pieds, les prunelles grandes ouvertes, scruta la pénombre des flots, d'un monde engloutis depuis des milliers d'années, en vain. Sa gorge se compressa et dans un hoquet, il tâcha de remonter vers les serpentins lumineux au dessus de lui, vers la surface. Il tendit les bras, et aspira une goulée bien trop tôt. Quand Tartard lui permit de recouvrer le monde extérieur il toussa, les poumons pleins, une furieuse envie de vomir, incapable d'arrêter le réflexe de son organisme pour chasser cette eau de son système respiratoire.

Un frisson lui remonta l'échine, et il plaqua une main sur sa mâchoire. Tremblants. Ses doigts fripées glissèrent, raclèrent sa peau dans une contraction trop vive.

Sa respiration déjà chaotique, devint erratique comme folle. Vision fugace, souvenir douloureux, dans les cellules grises d'Opales. Il se remémora sans peine la panique, la terreur rongeant le ventre, mais bien vite, le touché humide, les lambeaux de chair restant collé à la paume, les lèvres bleuies du noyé que lui et Sam avaient déniché là bas occultèrent tout le reste.

Il se força à secouer la tête, à chasser les images. Les yeux vitreux qui fixent l'infini avec une résignation aussi désespérante que cet océan s'étendant à l'infini, emportant leur ami avec lui.

Cristal passa à côté de lui, de nouveau sur Suicune, il la vit s'arrêter, les pattes graciles de son pokémons s'enfonçant à peine dans l'onde sur laquelle il flottait. Elle fixa les environs, serra les dents dans un gémissement, à la fois exaspéré et vibrant de crainte. Puis mouvement du coup, paume qui écrase les rares larmes s'écoulant sur ses joues, telles des mouches, des parasites indésirables, avant de repartir aussi sec.

Gold se crispa, et ses poings convulsèrent, s'agrippèrent à son pokémon en sifflant un juron.

C'était pas le moment d'abandonner. D'un claquement de langue, il ordonna à son pokémon de reprendre les recherches, et cette fois, il tomba nez à nez avec Silver, sur son Aligatueur et accompagné de son léviathor.

Le rouquin et le brun s'entreregardèrent, puis le fils de Giovanni détourna la tête, embarrassé, annonçant d'une voix triste :

-J-Je prends le côté Est.
-Je te suis. Répondit automatiquement le dresseur de capumain.

Silver se figea aussitôt, et rétorqua un peu plus fort qu'il ne l'aurait voulu :

-Non !

Gold écarquilla des yeux, et Silver se mordit la lèvre inférieure.

-T-On a pas besoin de deux personnes dans un même secteur, va à-à un autre endroit, il faut s-se disperser si on veut le retrouver.

Sur ce, il l'abandonna là, pantois, rejeté sans en comprendre la raison.

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Daniel baillait, en ce matin de février, bien tranquillement dans sa cachette pour épier un nid de Pokémons, de rafflésia pour être exacte, il sentait la torpeur du quotidien l'envahir, voire l'endormir. Monotone, il redressa son appareil photo sur son trépied, et réajusta l'objectif, pour prendre quelques clichés. Il retourna sur l'écran du menu pour examiner le paysage, à la recherche d'une couleur différente dans cet amas de rouge, blanc et violet.

Il œuvrait toujours de cette façon, pour être certain de ne pas louper quoique ce soit, après avoir repérer un lieu où s'agglutinait une espèce particulière, il espionnait, traquait, cherchant le shiney. La photographie permettait de lui conférer plus qu'un instant pour repérer sa cible.

En piochant dans ses données, il dénicha un tout jeune cliché, du mois dernier, où Il enlaçait tendrement Eléanore, entre un Lucas et une Cristal, tout sourire. Il remarqua le blanc, entre le groupe et la cadette Heart, qui la poussait presque hors de cadrage, comme si un élément manquait, mais il n'y prêta que peu d'attention. Il soupira, son esprit dérivant légèrement jusqu'à ses amis.

L'image d'une vieille photographie aux poses similaires, dans un recoin de sa mémoire, lui fit prendre conscience à quel point ils avaient tous changé, depuis les 4 ans qu'ils se connaissaient. Il passa maladroitement une main dans ses cheveux, toujours courts à la manière de celle de son père, grâce aux interventions régulières de ce type dans sa vie, et il grimaça. Toujours la même chose, les autres avançaient, mais lui stagnait au même point. Il détestait ça définitivement.

De plus, Eléa refusait toujours de dévoiler sa mise en couple aux autres, et avec Lucas qui commençait à se sentir mal à l'aise en présence de Cristal, et lui demandait de l'aide, ça ne l'arrangeait pas. Trop souvent, l'envie de lui donner des exemples personnels, avec sa petite amie, le prenait. Au final, il enfonçait plus le brun qu'il n'éclairait son esprit. Déjà, la dernière fois, il y avait une semaine, il n'avait pas su quoi répondre. Le timbre tout ému et confus de son camarade d'enfance résonna à ses oreilles comme les heurtant pour la première fois.

« Mais c'est super bizarre, tu comprends, j'ai jamais ressenti ça comme ça ! J-J'veux dire, habituellement je fais la cours, je trouve au moins la fille que je courtise, jolie. Mais là, je…je sais pas, Cristal n'est pas Belle. Mais elle a…Elle a du charme tu vois, et ça me dérange ! Elle te ressemble vachement en plus, toujours un peu décalée, dans les extrêmes, jamais au milieu, qui cache ses émotions, ça bouillonne, bouillonne dans sa tête, et du coup ça bouillonne, bouillonne dans la mienne aussi, tu vois ? A-Avec elle, je me sens bien…J'j'ai pas l'impression d'être avec une fille, d'avoir un jouer un rôle…Un peu comme avec S –et là Daniel avouait qu'il ne se souvenait plus du reste de la conversation ».

Le jeune homme de bientôt seize ans, soupira d'impuissance. Il allait devoir le rappeler, avec un peu de chance, il pourrait lui sortir le discours qu'il avait préparé, et qui en vérité, ressemblait beaucoup au discours que lui avait tenu Elza, trois ans auparavant. Bien entendu, l'idée même de lui répondre ça, ne lui était parvenu à l'esprit, qu'une fois le pokénav raccroché, comme toujours : un train de retard.

Brusquement un feulement, comme un bruit, un mouvement dans le feuillage le tira de ses songes, il pointa instantanément la caméra dans cette direction, mais ce ne fut pas un Pokémon qui en sortit, ou en tout cas, si il se révélait en être un, ce n'était pas une espèce qu'il connaissait, donc répertoriée.

La bête, face à lui, couverte de feuillage et d'éraflure, tendit un simili de paume vers lui.


C'était peut être un cheniti mutant.

Le monstre croassa :

-Tu as du chocolat sur toi, je le sens, donne tout de suite !

Daniel pencha la tête sur le côté. Un Cheniti parlant. Soit. Un réflexe lui échappa pourtant :

-Quand on est poli, on utilise s'il-te-plait !

Grondement inhumain, et son opposant se jeta sur lui avec la vivacité d'un fauve. Daniel eut le flash d'une des nombreuses scènes familiales, et plus précisément, du nombre de fois où Alice l'avait fait dégager de son domaine privée – sa chambre- en lui envoyant tout ce qui lui passait sous la main. Instinctivement, il évita de quelques petits pas sur le côté. La bête ne se déstabilisa pas, et transformant son déséquilibre en pivot, elle lui envoya un coup de pied retourné.

Daniel plaça ses avant-bras en protection et tint bon. Son ennemi se cabra pour repartir dans un salto arrière et tenta de lui faucher les jambes. Daniel sauta aussitôt et s'accrocha à la branche d'un arbre.

Son sang-froid lui rappela alors, que le troupeau qu'il surveillait depuis des lustres, se tenait juste dans son dos, et qu'ils risquaient apeurés par le chahut, de s'enfuir. Ni une, ni deux, il banda ses muscles pour plonger dans la direction opposée. Il atterrit volontairement sur sa cheville saine, et roula, cabriola pour ne pas être emporté, contrôlant son élan.

Ses Pokémons, Goboue, Riolu, et Ramoloss s'extirpèrent de leurs pokéballs pour protéger leurs maîtres, mais sortant du néant, un immense roigada se dressa en réponse, le regard hautain, débordant de puissance.

Le kazamatsuri grimaça, et évita de justesse une autre prise de son opposant décidément bien belliqueux. Ni une, ni deux, le garçon s'empara de ses épées de bois, accrochées à son dos, toujours reliées à leurs fourreaux par un câble invisible, de nylon.

L'étranger se pétrifia à la vue des armes.

Daniel se permit d'expirer de soulagement, sans se décrisper pour autant, et il osa analyser la situation de son équipe Pokémon. Grave erreur, son inattention permit à l'inconnu de brandir à son tour, deux petits poignards, dans une pose d'escrime à deux lames. Sauf que la chose, elle, avait de vraies armes en acier.

Le shiney hunter arqua un sourcil, et il se mordit la joue avec désespoir. Il n'avait pas de bol.

Cette expression marqua le début d'un nouvel assaut, et Daniel ne put s'en sortir que grâce à ses réflexes hérités d'une vie de campagnards, dans une famille nombreuse. Pas sur le côté, le même qu'il exécutait pour éviter les Pokémons qui rentraient dans l'enclos trop vivement. Pirouette, comme quand ses frères et sœurs passaient dans le couloir en même temps que lui, pressés. Flip arrière, accrochage à un arbre, imaginant Fred qui se cassait encore la figure du premier étage avec une bonne dizaine de plats fragiles.

Il ignorait lui-même qu'il possédait à force un tel don, tel un capumain.

Seulement voilà, il finit bien par rater un mouvement. Mauvais appuis, comme on dit, il estima sa cheville faible, plus résistante qu'elle ne se révélait être. Il le savait pourtant, en trois ans, il se l'était déboîté trois fois, mais dans toute la froideur de l'affrontement, il testait son endurance.

Il trébucha violemment contre une racine, se cogna le dos contre un tronc, et gémit en se massant le dos, lâchant immédiatement, comme se croyant dans son salon, avec sa famille :

-Pouce je me suis fait mal !

Et au plus grand étonnement de tous, l'inconnu cessa tout mouvement dangereux, pire, il rengaina ses armes et s'accroupit près de Daniel. Le garçon dévisagea son ennemi du moment, et discerna un visage sous la cape de feuilles, de mousses et de boue. Une frimousse humaine, pire, féminine. Celle-ci capta son regard inquisiteur, et elle sourit niaisement :

-Coucou, moi c'est Ambre ! J'espère que je t'ai pas fait trop mal.

Sans même demander la permission, elle nicha sa main dans une des poches arrières du jean de Daniel, et en dépêtra une énorme tablette de chocolat au lait qu'il conservait pour son goûter. L'inconnu déshabilla son emballage d'aluminium, et mordit dedans avidement, lâchant en même temps qu'un râle d'extase :

-Je suis là, juste pour ça !

Un peu plus loin, en fond, Ramoloss pencha la tête devant Roigada, au garde à vous, semblant ricaner. Ambre se figea, comme percevant un conseil invisible, et ses prunelles verte prairies cerclées d'or s'illuminèrent.

-Suis-je bête, quelle impolie je fais ! Se réprimanda-t-elle en se tapotant le crâne comme punition.

Elle tendit alors la tablette vers Daniel et lança joyeusement, présentant la gourmandise précédemment volée avec générosité :

-Tu en veux un bout peut être ?

Daniel fronça un sourcil, puis répondit à son sourire avec naïveté, oubliant déjà qu'elle lui proposait sans vergogne d'avoir un bout de ce qui lui appartenait déjà à l'origine, et même, que cette fille venait de l'attaquer violemment, avec de belles armes aiguisées, dans des mouvements d'escrimes parfaitement maîtrisés.

-Je veux bien, merci !

Pendant ce temps, Ritchie revenait à l'endroit où il avait abandonné Ambre, les bras chargé de sucreries, achetée à la va-vite dans la première supérette. Il n'y retrouva qu'un Sparky tout frétillant et paniqué.

-Alors, comme ça, tu chassais les shiney ? C'est comment, j'ai jamais tenté ça. J'ai fait du pokéathlon à Jotho, des concours à Hoenn, et des combats évidemment, mais jamais ça. C'est amusant ?

Ambre et Daniel semblaient avoir sympathisés sans autre formes de procès. Ramoloss sur les genoux de l'un, Roigada utilisé en chaise par sa dresseuse de l'autre, ils discutaient de la pluie et du beau temps.

-Hum, bah c'est reposant on va dire, et ça m'oblige à aller dans des endroits incroyables en fait.
-Oh, c'est pour ça que tu es en mode déguisement de survie ! Constata Ambre.

Daniel analysa sa tenue, dans les teintes sombres, du genre camouflage, mais il estimait que la jeune femme face à lui, se situait un cran au-dessus avec cette boue, où avait-elle donc traîné ? Et depuis combien de lieu avait-elle senti l'odeur suave de sa gâterie favorite ?

-Tu fais comment pour chasser un shiney, au juste ?
-Oh, et bien j'ai ce qu'on nomme un pokéradar, qui me permet de situer à peu près où se cachent les troupeaux de Pokémons. En fait, il analyse les environs et désigne l'endroit où il sent un gros regroupement de chaleurs. Ensuite, je me trouve une planque, sous le vent, pour que les Pokémons ne sentent pas ma présence, et j'attends. En règle général, il y a toujours un shiney dans les meutes, il est juste craintif et ne sort pas beaucoup, il faut le dénicher.
-Et ça peut prendre combien de temps, la traque et tout ça ?
-Bah, là ça dépend, j'y suis depuis une semaine.
-Ouha, ça commence à faire long, quand même !
-Un peu.

Mouvement arrière, Ambre et Daniel se turent d'un coup, et d'un buisson, un pikachu méché surgit, avant de s'ébrouer bruyamment. Aussi vite, un homme le suivit, et poussa un rugissement épuisé, respirant par à-coup. La blondinette face au Kazamatsuri lança alors le plus naturellement du monde :

-Coucou Ritchie !

Et elle récupéra Sparky au creux de ses bras en le cajolant joyeusement. Son dresseur, en revanche, plus en froid, admira la scène, à savoir, sa petite amie papotant avec un autre homme, dans son dos, et ceux, en pleine forme, contrairement à quand il l'avait quitté il n'y avait pas plus d'un quart d'heure. Ses joues s'empourprèrent d'effronterie :

-Je t'avais dit de ne pas bouger Ambre ! Gronda-t-il piteusement.
-Mais il avait du chocolat ! bredouilla la blondinette, affligée.

Un roc chuta sur le crâne de Ritchie avec la violence de la jalousie. Si jeune, et déjà cocu, et pour quoi ? Parce qu'il n'avait pas de chocolat lui. Pour un peu, il en pleurerait tellement cela devenait pathétique.

Il envoya alors une œillade noire à un Daniel, qui bien sûr, ne trouva rien de mieux à faire, comme salut, que de lui sourire avec bonne fois, son expression de gamin shooté favorite ornant ses traits.

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Ils n'y arriveraient jamais, c'était humainement impossible.

Comment affronter une telle immensité, eux pauvres humains minuscules ?

Samantha se crispa sur son léviathor, et elle trembla de crainte.

Elle ne saisissait pas. Pourtant, Daniel était présent dans sa vision du futur. Avait-elle réussi à changer l'avenir, au prix de sa vie ? Qu'est-ce qu'elle avait bien put faire au juste ? Qu'est-ce qui méritait qu'un de ses camarades disparaissent ainsi, en pleine mer ?

Bon, elle ne pouvait plus nommer Daniel parmi ses camarades, puisqu'il l'oubliait sans cesse, mais elle, en revanche, ne parvenait pas à effacer les mois passés ensemble, à voyager. L'idée même d'avoir sauvé la vie d'Eléa au détriment de la sienne lui était insoutenable.

Ce…Ce n'était pas ce qu'elle voulait !

Le relent, le reflux d'une vague manqua de la renverser de son siège, et elle se rattrapa à une corne de son pokémon au dernier moment, les bras enlacés, serrant convulsivement le soutien qui l'empêchait de basculer, de plonger et de s'enfoncer dans l'abime.

Son gosier s'obstrua.

Combien de bestioles peuplaient cette mer ? Proliféraient, libres, à l'affût d'un repas ? Et cet océan solitaire lui-même, traître, pouvait-il la dévorer aussi facilement ?

L'odeur âcre de la chaire en décomposition, du noyé qu'ils avaient repêché chez Opale empli ses narines et elle se plaqua la main sur le visage tout en fermant convulsivement les yeux.

Brusquement, une chose émergea du liquide aqueux, l'écume moussante, sonore, chassa toutes les autres pensées parasites, y compris le visage de macchabé de ses souvenirs, aux traits si ressemblants à ceux de Daniel en cet instant.

Staross et son joyau scintillant revint de son voyage sous-marin. Sans son dresseur sur le dos.

Le cœur de Sam rata un battement, et tout son être se glaça, alors qu'elle se tenait si fermement à son léviathor quelques minutes plus tôt, elle sauta immédiatement dans la vague et nagea à toute vitesse vers le pokémon étoile, cherchant, tâtant sa peau écaillée à la recherche de la corde qu'elle avait noué un peu plus tôt dans la matinée. Ses doigts ripèrent sur les liens puis s'y écorchèrent tant elle banda ses muscles pour hisser le poids à son bout.

Akira émergea dans une suffocation ébahie, il fit quelques mouvements de mouches avant de se jeter littéralement sur son élève comme à une bouée.

-Bouwaaah ! Souffla-t-il amorphe.
-Espèce d'andouille ! Rugit aussitôt Sam dont la respiration avait cessé à l'instant même où son enseignant n'était pas réapparu. –Vous croyez sincèrement que c'est le moment de vous noyer vous aussi ?
-Je voulais chercher d'une autre façon, vu que ce n'est pas avec mon excellent vue que l'on va le trouver. Maugréa Akira de mauvaise foi, encore un peu secoué.
-Et Comment vous auriez fait pour remonter, vous ne savez pas nager !
-Oui, en effet, j'ai constaté la faille sous l'eau Sam, mais merci quand même.
-Vous êtes vraiment un… !...Un !

Elle l'éclaboussa royalement, et se jeta à cou en frissonnant. Akira grimaça, accroché à Staross, embarrassé par cette proximité, mais d'un bras il l'enserra et la tint tout contre lui.

-Allez, Il faut retrouver le petit.

Et Ils battirent doucement des jambes pour avancer, toujours, droit devant, puisqu'ils n'y avaient rien d'autres à faire. A part continuer, et prier.

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La conversation entre les nouveaux meilleurs amis du monde, partageant leur passion pour le chocolat, débuta sur une très mauvaise entente, et à vrai dire, Ambre, à l'origine du surnom du groupe, se leurrait un peu.

-Hum, donc, tu cherches des shineys, c'est ça ? Siffla Ritchie, Stoïque, dardant une œillade meurtrière sur son rival en amour.
-Oui, c'est cool, hein ? Aggrava la blondinette innocemment alors que Daniel, rouge, n'aimant toujours pas être le centre d'attention, se grattait nerveusement la joue.
-Ouais, c'est cool. Marmonna le dresseur de manière lugubre.

Lucas aurait été présent, qu'il en aurait eu des frissons tant l'ambiance tournait à l'orage, cependant, avec de tels acteurs, aussi décalés par rapport à la réalité, personne ne s'en offusqua. Pire, les principaux concernés attisaient de plus en plus le brasier, titillant la foudre.

Se rendaient-ils seulement compte, à quel point leurs dialogues ensembles n'avaient aucun sens ? Ils se parlaient l'un l'autre, et répondait, avec une incohérence totalement dans leurs mondes.

-Alors, tu vois, j'me suis dit, c'est sympa le rodéo, pourquoi pas essayer ? Bah, les tauros, c'est vachement vigoureux !
-Dans ma ferme, nous avons des évolis, des wattouats, des mystherbes…Et aussi des tauros, des écrémeuh…
-Un fois j'ai aussi chevauché un Cerfrousse, mais il m'a hypnotisée !

Ritchie serra les poings.

-Je me demande si on peut escalader le mont couronné sans cordage.
-J'ai croisé un groupe de tarinorme la dernière fois, et ils m'ont volés mes fourchettes avec leurs habitudes électromagnétiques, c'est pire que des magnetons ces bêtes là.

Non, dans le monde d'Ambre. Ce gamin pouvait marcher les mêmes sentiers imaginaires, cette dimension parallèle, inaccessible.

-Oh !

Ambre se tourna vivement, comme happée, appelée par un invisible, et elle déclara sans préavis, sans doute également :

-Un shiney.

Daniel ne se le fit pas dire deux fois, il se remit sur ses jambes et sortit d'une de ses poches tout un jeu de pokéballs diverses et variées. Sans un bruit, lui et Ambre s'approchèrent du lieu de planque, donnant sur le nid de Rafflésia, et une constatation confirma aussitôt :

-Oui, tu as raison, il est là.

Ambre eut alors un geste qui hérissa les poils de Ritchie, elle prit la main de Daniel, celle qui portait ses pokéballs, et quémanda adorablement :

-Je peux essayer ?

Daniel lui sourit en retour, et posa une main sur son épaule avant de répondre :

-Bien sûr je te montre.

Et ils sautèrent aussitôt, ensemble, vers le nid, abandonnant un Ritchie Fulminant, qui à l'instar de son starter Sparky, se mettait à lancer des éclairs également.

« Ôte tes sales pattes d'elle ! Ôte tes sales pattes d'elle ! Ôte tes sales pattes d'elle ! Ôte tes sales pattes d'elle ! Ôte tes sales pattes d'elle ! Ôte tes sales pattes d'elle ! Ôte tes sales pattes d'elle ! Ôte tes sales pattes d'elle ! »

Sans plus attendre il se redressa et se jeta à leurs poursuites. Sa mâchoire se crispa quand il vit les deux concernés dans la mêlée, se tenant ostensiblement la main. Il en mordit sa casquette de jalousie.

-Alors, le plus important, c'est de séparer le shiney du reste du groupe. Informait neutre, Danny, en contrebas.

Ambre acquiesça, et d'un geste, elle ordonna à Roigada de dresser des barrières psychiques entre eux. Daniel l'aida avec son ramoloss et les deux mollusques roses s'entreregardèrent avec complicité.

Il lui fallait un ramoloss. Un roigada ou un flagadoss, peu importe.
Sparky soupira de consternation devant son dresseur.

-Bien, maintenant, il faut l'affaiblir, exactement comme on le fait avec des Pokémons normaux. Il n'a pas un niveau très important, donc, il ne faut pas exagérer.
-Je n'ai pas de Pokémons faibles sur moi ! Se lamenta Ambre, dégoûtée.
-Je te prête Bravery, mon Riolu. Demande-lui une faux-charge, ça devrait suffire. La rassura aussitôt le brun.

Ambre malhabile, suivit les ordres, et le rafflésia aux pétales orangés, se prit vite une estoc radicale. La créature plante vacilla.

-Bien maintenant, tu as le choix, soit tu l'affaiblis d'autant plus, avec un problème de statut, si tu peux avec un Pokémon. Par exemple Hypnose de mon ramoloss, soit tu lances une pokéball. Y-a le choix, tu peux envoyer une faiblo ball, vu le niveau, un rapide ball, vu le temps du match, voire même une mass ball, car les rafflésia sont assez lourds, mais ce qui marche le mieux avec les shineys, se sont les honor ball. L'informa platoniquement Daniel.

Ambre opina du chef, et elle saisit une des sphères immaculées avant de la lancer de toutes ses forces.
Le balle heurta la créature et l'aspira goulument sans lui laisser la moindre chance. La jeune femme resta immobile, cessant même de respirer, pendant plusieurs secondes, puis, progressivement, une rougeur colora son teint basanée, en même temps qu'un immense sourire et une lueur de satisfaction ornèrent sa frimousse comblée.

-Ouah ! j'ai eu un Shiney !

Elle se précipita vers le bien et sautilla gaiement.

-Comment va-t-on t'appeler toi ? Hum, luciolla ? Non, hum…S'émoustilla-t-elle devant les garçons. Puis elle sursauta, et s'empressa à renfort de grands gestes de s'exclamer, un sourire fendant sa frimousse ravissante d'une oreille l'autre :

-Ritchie ! Ritchie tu as vu ça ? C'était super, tu devrais essayer ! Regarde ! Regarde ! Un shiney ? Tu en avais déjà vu toi ? C'est super ! J'en avais jamais vu !

Le garçon tout à sa rancœur, frissonna d'étonnement, et la gaieté, l'entrain de sa petite amie l'emporta comme une bise fraiche en plein cagnard. Son cœur rata irrémédiablement un battement, et il fit une embardée sauvage. Ambre confia sans plus attendre le Pokémon à Daniel, et se jeta au cou de son amant pour lui communiquer sa joie.

Ritchie se sentit alors profondément stupide pour sa réaction outrancière à l'égard du shiney hunter, et surtout, d'avoir douté d'Ambre.

Il allait s'excuser auprès de l'adolescent aux yeux vairons, quand il remarqua la démarche raide de celui-ci, et plus que tout, son regard rivé sur l'orée du sous-bois, dont il ne restait plus aucune trace des rafflésia –ayant fuis sans autre avertissement-

Ritchie discerna alors la silhouette boiteuse d'un autre homme, et le murmure presque inaudible du nouvel ami d'Ambre lui désigna l'identité de cet étranger en un souffle ébahi :

-Harry…

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Makanie se crispa un peu plus sur son écrémeuh, et chercha frénétiquement un cahot, une anormalité dans le doux roulis des vagues. Son pokémon sentit le désespoir de sa dresseuse et son abandon progressif, et elle leva le museau vers elle dans une plainte désolée.

-Daniel ? Harry ? ho…Bafouilla-t-elle en désespoir de cause.

Toujours rien, un clapotis s'échoua sur les sabots de la vache nageant à contre courant, dans un bruissement cacophonique tant il supplantait le silence si craint par la jeune femme. La rousse se contracta nerveusement et une exclamation lancinante lui racla la gorge.

-Daniel ! Harry ! Quelqu'un !

Les sons lui arrachèrent les cordes vocales, à mesure qu'elle poussait sa propre voix, plus haut, plus fort. Mais aucune réponse. Un hoquet lui échappa, et son nouveau hurlement s'englua à son palet alors qu'elle expirait dans une lamentation impuissante :

-N'importe qui…

Mais l'écho de la mer couvrait toutes ses demandes, toutes ses suppliques, pour ne lui renvoyer qu'une mélodie vide, un même paysage déserté.

-Makanie...

Sursaut, deux mains qui agrippèrent ses épaules, et la frimousse mal à l'aise d'Aaron, porté par son Yanméga. Le maître du conseil de sinnoh opina du chef avec compassion.

-C'est Fini Makanie…Arrête, tu te fais du mal.

La rouquine tressaillit, et contempla son petit ami avec misère, sa mâchoire se comprima sur un sanglot, et elle secoua négativement le crâne, faiblement, comme n'osant y croire.

-Non. Non c'est pas fini…Je peux encore…

Les deux bras enserrèrent sa taille et la soulevèrent comme une plume dans les airs. La sensation du liquide ruisselant le long de ses jambes flasques, suintant de ses vêtements sembla réveiller l'amie de Shagi qui se débattit, battit des pieds avec incompréhension.

-N-No…Aaron…non ! c'est ma faute ! C'est ma faute s'ils sont…Je veux aider ! Aaron…
-Makanie ce n'est pas bon pour toi, et si tu…
-DANIEL ! DANIEL ! HARRY !

Les cris de Makanie se noyèrent dans l'immensité de la mer. Elle avait beau tendre le bras, vers ce parterre infini, cette eau limpide aux reflets obscurs, camouflant les tréfonds de son être, les trésors cachés et les fous ayant tenté de la dompter, rien ne fonctionnait. Aucune réponse ne pointait.

-Pourquoi tu m'as écouté Andouille ! P-Pourquoi tu m'as écouté ! Comment…Comment t'as fait pour…Pour… Hoqueta la jeune femme.

Aaron raffermit sa prise sur elle avec douleur, une expression peinée, luttant contre les pleurs, secouant ses traits.

-Lâche moi Aaron ! Lâche moi ! Je veux aider ! Je…Je… ! FOUTUE MER ! REND LES MOI ! REND LES MOI !

Ses plaintes, s'échouaient lamentablement contre le roulis des flots, tel une faible bicoque, un naufragé perdu, malgré ses efforts, malgré la force du dernier effort, emplissant de tremolos son timbre rauque.

-C'est pas ce que je voulais ! Merde ! C'est pas ce que je voulais ! Harry ! Daniel ! Vous deviez revenir tous des deux !

Les larmes roulèrent sur ses joues, pour venir emplir cet océan de quelques gouttes salées, quelques infimes douleurs dans un univers, si insignifiant, si ignifiant qu'elles étaient, elles emportèrent avec elle ses derniers espoirs, abandonnèrent leur porteuse, vide de volonté et emplie de honte de culpabilité. De simples gouttelettes alourdissant son fardeau, engloutissant davantage encore ceux qu'elle avait elle-même poussé vers le fond.

La respiration de la rouquine se bloqua, dans un reniflement en suspend, elle contempla une dernière fois la mer, ses pupilles scrutant, fouillant ses remous indifférents, toujours les mêmes, encore et encore, sans eux, sans eux.

Pour une dernière plainte déchirée.

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-Tu as vu qui ?

Aussitôt après l'apparition fugace, telle un spectre, de cet étranger, Daniel s'était rué sur son pokénav et avait appelé un numéro inconnu. Il ne paraissait ni bouleversé, ni même inquiet, juste pressé. Etrangement, son visage ne marquait aucune émotion, contrairement à ses actes précipités et à la voix féminines, suraigüe, qui lui avait répondu.

-J'-J'ai vu Harry en fait. Mais je voulais parler à Lucas… …Bredouilla l'adolescent. –Je dois faire quoi ? Appeler les renforts ?
-Non, ça prendrait trop de temps pour te joindre ! –Coupa aussitôt le timbre familier aux oreilles de Ritchie, sans qu'il ne parvienne à y mettre un nom –il ignorait même que de l'autre côté, Makanie stressait, en plein milieu du salon, en proie à un dilemme, dont elle choisit la mauvaise option-
-Essaye de le raisonner, tu sais, genre mwahahaha, je suis un psychopathe comme toi, alors suis moi, et vlan tu l'assommes par derrière et tu le ramènes ! Souffla empressée la jeune femme.
- Mwahaha…ha ? Répéta hébété Daniel après un moment de réflexion.
-Oui, un bon rire diabolique pour que vos ressemblances vous lient bien ! Un ptit coup de crème de « je te comprends » et c'est dans la poche, tu vois le genre ? Répliqua Makanie.
-Heu…

Non de toute évidence, il ne voyait pas.

- Pense comme ton père, dis à Harry ce qu'il veut entendre et ramène le par tous les moyens, je te le demande, tu es vraiment le seul sur qui je peux compter là ! Précisa avec désespoir la rouquine.
-C-Comme-mon père ?

Cette fois, l'adolescent afficha une moue dégoûtée et Ambre en pouffa.

-Ah je te laisse Lucas revient ! S'exclama la voix.

Et sans plus attendre, le pokénac émit une tonalité régulière, signe que l'on lui avait raccroché au nez. Le jeune garçon contempla son pokénav, impuissant, dubitatif, et il murmura peiné :

-…Mais je voulais parler à Lucas…

D'autres que Daniel, auraient probablement refusé cette demande, cette supplique de Makanie, par peur du danger, ou même par orgueil, mais pas lui. Tout simplement docile de nature, il y lisait un ordre induit, et si tout son être aurait du se tordre devant l'alerte rouge, la terreur, il n'en fut rien. Daniel n'entendit aucune alarme, pas même qu'il ne se vexa pour la confirmation qui précisait qu'on le prenait pour un psychopathe insensible. –Ce qui en un sens devait être vrai puisqu'il ne se paralysait pas d'anxiété à l'idée de suivre un criminel ayant déjà tué. Non, non, le seul vrai soucis de l'adolescent en cet instant, était qu'il ignorait comment procéder pour jouer le rôle qu'on lui confiait si vivement.

Un élan de pitié, et surtout, le sens de la justice innée en Ritchie, résonna au fond de lui, et il regretta son geste, ses paroles, aussitôt qu'elles franchirent ses lèvres :

-Besoin d'aide ?

L'adolescent leur lança une œillade désœuvrée, implorante, et il souffla :

-L'un de vous sait faire un rire machiavélique ?
-Moi je sais !

Sans plus attendre, Ambre se positionna juste en face du garçon, et lui tritura les joues avec professionnalisme, sérieuse comme pas deux, tout en lâchant :

-Tu étires les lèvres jusqu'à en avoir mal, tu inspire un bon coup, et tu rigole de façon bruyante, en espérant pas gober de mouche !

Daniel pencha la tête sur le côté, et posa ses mains sur les joues d'Ambres pour les étirer comme elle le décrivait, tâchant d'imaginer un peu l'expression qu'il allait devoir arborer. S'en suivit, une longue, trèèès longue, séance où Ritchie ruina littéralement sa casquette.

Il interrompit comme il put, en rappelant au concerné, qu'il devait apparemment suivre ce « Harry » s'il ne voulait pas le perdre.

-Vous venez avec moi ? Balbutia Daniel, ahuris, presque heureux.
-Evidemment enfin ! S'emporta aussitôt Ambre. – Ritchie et moi, nous filons comme le vent, deux justiciers pour ainsi dire ! En plus tu m'as aidé pour le shiney, donc je te dois un service !

Sourire entendu, auquel Daniel, mit quelques minutes à répondre, visiblement enchanté. Et Aussitôt la jalousie comme l'imagination de Ritchie s'enflamma.

« Je sais à quoi tu penses ! N'y pense même pas ! Ambre ne parlait pas de ce genre de service ! C'est ma mienne, tu comprends ? N'y songe même pas ! je sais à quoi tu penses et je te l'interdis ! »

Et en vérité, Ritchie se trompait lourdement, loin de toute envie ou désir à l'encontre de la blonde, et s'il avait vraiment lu les pensées de Daniel, cela aurait plutôt donné quelque chose comme ça :

« LAiiiissseeez moooooi danssseeeer ! Du celine Dion, ça fait pas terrible quand même pour rire diabolique ! Comment il faisait robotnick ? Pum chica poum chica poum ! je déteste numa numa yey, faut rabattre l'aile de l'avion dès qu'ils ouvrent la bouche. Si j'écris sur le sable, ça s'effacera non ? NYARK NYAERK NYARK ! ...non toujours pas, faut demander à Eléa, elle y arrive mieux....DEliiiiiiveeer ussss...J'passe au maria carreeyyy...Laissezzz moioiii tranquuilleeeeeuuuh"

Mais enfin, dans ces conditions, commença alors une lente ; et fatigante filature de trois jours qui les mena à une grotte sur les berges de l'île de Fer, non loin de la ville.

Bien entendu, Ambre ne précisa pas à Daniel, qu'elle reconnaissait bien le garçon qu'ils avaient entraperçu, et qu'elle avait une tête, en le filant, un tout autre but.

La traque échoua sur un éperon rocheux, la seule trace de civilisation ou d'installation se révéla être une sorte d'antenne maigrelette, malmenée par les vents marins. Indétectable si on considérait sa taille, et vu sa position.

Harry, après un voyage tranquille, gara un petit voilier dans un lagon discret. Le groupe, caché à la poupe de l'embarcation, le vit pénétrer dans un bâtiment presque digne des troglodytes, où une porte de titane à battant dénonçait sa volonté de rester secrète. Le jeune bandit bidouilla l'interphone, et lança d'une voix neutre :

-La nouvelle planque est sûre et toute la cargaison est arrivée à son port. Mixylia de Twilight ne semble pas avoir remarqué notre présence à Rivamar, et un piège l'attend si elle se montre trop curieuse.

Pas de réponse, mais un bip mécanique, et Harry put entrer dans le flanc de la montagne, disparaissant de leur champ de vision.

-Ton ami est vraiment bizarre. Il magouille des choses pas claires. Marmonna Ritchie après un moment de contemplation muette.
-Ce n'est pas à proprement parler, mon ami, en fait.
-Bon, les gars, on le suit, oui, ou non ?
-Attends Ambre ! Il va falloir être très prudent, on entre dans la gueule du loup on dirait, c'est dangereux.

Trop tard, la blondinette se tenait déjà sur le seuil de la demeure, et d'une mouvement naïf, elle poussa le battant de ce qui l'entravait, celui-ci s'ouvrit sans aucune difficulté.

-Ouah ! La porte est ouverte, t'as vu Ritchie ! En fait, moi aussi je peux jouer les justiciers, c'est super simple ! S'enthousiasma l'Irving.
-Super, je le savais ! Répliqua Daniel.

Il savait quoi au juste ?

Roigada, Léon, opina de la tête avec exaspération, à côté de Ritchie et ramoloss émit une exclamation étonnée tout cela devant un Ritchie, et bien, pour être courtois, simplement sur le cul.

Ambre sans même se soucier des convenances, fit un pas dans le repaire de gredins, et poussa un sifflement admiratif. L'installation rustique dégageait pourtant une aura de puissance assez impressionnante. Des tunnels sophistiqués paraissaient parcourir la terre et la dompter à sa guise, des plaques de métaux tenant les murs bien droits et en place.

Leurs démarches se répercutèrent dans les couloirs bruyamment au grand désarroi de Ritchie :

-C'est pas possible, je vois aucune caméra, ni rien ! Comment…On ets tombés sur des brigands à la gomme !
-Mais non, c'est juste que nous sommes trop forts pour eux ! Lança avec Sarcasme Ambre, toute guillerette.
-Ca a l'air de t'amuser cette histoire, constata Daniel, minuscule à côté de la blondinette, pourtant déjà pas grande atteignant le mètre 64 avec peine.
-Et comment ! C'est la première fois que je m'infiltre dans un repaire de voleurs ! Mes personnages font ça tous le temps dans mes histoires, je vais enfin savoir ce que ça fait !
-Ce n'est pas si simple Ambre, ne t'emporte pas trop non plus…Modéra son compagnon justement. –Cette planque est anormalement déserte quand même !
- Jaloux Ritchie ? Allez, t'en fait pas, je suis ravie de le faire avec toi !

Sans ajouter rien de plus, elle se nicha à son bras, et s'exclama avec gravité :

-Comme bonnie and Clyde ! On va faire un couple de justiciers de malheur !
-Bonnie et Clyde sont des voleurs…Précisa le rouquin.

Sa camarade ne l'écouta pas, et brancha à fond ses écouteurs, bientôt, une mélodie d'ambiance, résonna dans tout le lieu, le thème évidement avec l'ironie d'Ambre, fut Mission impossible. Et celle –ci, emportée par l'imagination, son casque bruyant, lui défonçant les tympans, vissé sur sa tête, écrivit quelques mots sur un carnet de brouillon.

-Sympa la musique d'ambiance ! Ca nous met bien dans l'atmosphère ! Analysa Daniel, sympathique.

Sans se détacher de ses notes ou de sa musique, Ambre mit une troisième flèche à son arc et relança :

- Ouais, c'est toujours cool d'avoir de la musique, surtout dans les moments comme ça, ça donne un rythme dans les combats et les situations effrénées, tu vois le genre ?
-Oh, je vois, et donc ça devient un peu comme une danse !

Ritchie se demanda une brève seconde s'ils étaient vraiment sérieux.

-Bah oui, en plus si l'ennemi entend, il va peut être se mettre à danser aussi !
-Mais si tu fais un faux pas et que tu lui marches sur le pied ?
-Tu seras mauvais danseur mais bon batailleur ?
Le dresseur de Sparky regarda son Pokémon avec dépit, et soupira profondément tandis que ses coéquipiers tentaient de théoriser l'impossible avec une mine bien grave. Et avec tout ça, l'ennemi ne les repérait toujours pas…Cela en devenait…Comique.

-Mwahahaha !
-Ouah, tu y étais presque avec ton rire machiavélique là !

Ou pathétique, cela dépendait des points de vues.

Alors que Ritchie se demandait vraiment dans quel trou paumé de gangsters à l'ouest ils avaient pu tomber, un bruit le fit sursauter. Instinctivement, il tira Ambre en arrière, derrière lui, pour la protéger et sa main se crispa sur sa pokéball. Il vit Daniel imiter son geste avec assurance, comme ayant lui aussi l'habitude dans ce genre de situation.

Ritchie sentit une perle de sueur glisser le long de son dos, alors que des pas se rapprochaient inexorablement d'eux, réguliers. Deux ombres s'étendirent à l'autre bout du couloir.

Sparky hérissa ses poils et ses joues crépitèrent, prêtes, tandis que Ramoloss et Roigada se tendaient, à l'affût. Le bruit se fit plus rapide, moins lointain, moins espacés. Les silhouettes se dessinèrent plus sûrement elles atteignaient presque leurs champs de visions.

Soudain, deux adultes déboulèrent dans le couloir, en position d'attaque, pokéballs brandies. Un jeune à la peau basanée, aux cheveux longs, mêchés, perlés, et de sa compagne, une femme au pull rouge, aux cheveux bleus outremer, courts, retenu en deux barrettes perlés, avec un petit air mutin.

Les combattants se tendirent comme des arcs, mais alors qu'ils s'apprêtaient à se jeter l'un sur l'autre, Daniel fit deux gestes du doigt, les pupilles écarquillés, et ramoloss figea toute la troupe en plein élan.

Un silence entravé se bloqua dans plusieurs gorges, prisonnières, et finalement Shagi, d'abord, reconnut Daniel en face de lui. Mais il ne fut pas le premier à parler, étrangement, ce fut sa compagne, Arisa, qui poussa une exclamation surprise :

-AH ! Mais je te reconnais toi !

Elle pointa ostensiblement Daniel, du doigt.

-Le modèle réduit du mec au regard de pervers !

Daniel remercia le ciel d'être soutenu par le choc mental de ramoloss, sinon, il aurait ployé sous l'ampleur du choc.

-Oh, mais toi aussi je te reconnais ! Enchaîna de suite Arisa, cette fois en se tournant vers Ambre.

En revanche Ambre, elle, pencha la tête sur le côté, n'ayant pas la mémoire des noms, ni des visages apparemment. Ritchie soupira mais Arisa, insista :

-Mais, si c'est moi Arisa, tu te souviens ?

Silence de la concernée, non, visiblement, toujours pas.

-Heu, vous savez, Ambre a la mémoire très sélective, elle est incapable parfois de se souvenir de certains membres de sa propre famille, donc ne le prenez pas…Commença Ritchie doucement, sentant venir l'escarmouche.
-Voyage initiatique, on s'est croisé à Oliville, tu voulais aller à irisia, mais aucun Pokémon pour surfer, alors je t'ai accompagné ! Continua la dracologue sans en démordre.

Le visage D'ambre s'illumina, et si elle n'avait pas été piégée dans un choc mental, elle se serait probablement tapée le poing contre sa paume ouverte en signe de compréhension.

-Ah ouiii ! Tu es la fille avec qui j'ai fait du surf sur des léviathors sauvages ! C'était rigolo, je me souviens bien !

Daniel arqua un sourcil, et il se gratta la joue, étonné.

« Je sais à quoi tu penses, tu te demandes qui est cette fille, hein ? » Songea Ritchie aussitôt.

Encore tout faux, ses pensées actuelles ressemblaient plutôt à ça :

« J'ai envie de faire pipi, c'est con ça, j'aurais prendre mes précautions avant. Doum da di douuu, i do i do love you, how do you…Pourquoi j'ai toujours des chansons pourries coincées dans la tête hein ? J'pourrai pas avoir du nickelback ou du rascal flatts pour une fois ? Tiens, ils ont une tache sur le plafond. Oh, ça se transforme en fissure, je me demande où ça va…Mwhaahahahaha, j'y pense shagi est super doué pour les rires, il pourrait peut être m'apprendre ! En plsu je dois parler à Harry, j'suis censé lui dire quoi, j'le connais pas ! Eléa me manque… »

Dommage.

« Mais en fait j'ai une technique pour me rassurer là-dessus ! Ambre est une fille tout à fait normale, un peu bizarre, mais c'est ma petite amie, ma meilleure amie, et je l'aime ! Elle a toute sa tête et pense exactement comme tout le monde ! »

Encore à moitié raté, chez Ambre, cela donnait des trucs tout aussi bizarres :

« Ah oui, je me souviens, c'était après mon ascenscion de la tour carillon…A moins que ce soit après le phare ? En tout cas l'un des deux. Ah non, j'ai fait du rodéo au ranch lonlon aussi. Et puis, j'ai voulu aller à irisia quand moi déjà ? Il me semble que je suis atterrie à Jotho par hasard…Mais comment déjà ? Je crois que c'était lors d'un blank choco…Mes idées sont floues…Ah si je me souviens avoir donné un coup de pied à un mec, un arbitre là…Il m'aurait expatrié à Jotho pour un petit coup de pied dans les bijoux de familles ? »

Mais laissons donc Ritchie avec ce qu'il le rassure, hein, ça vaut mieux.

-Oh, qu'est-ce qu'on s'est éclaté, surtout quand ils essayaient de se débarrasser de nous, les léviathor ! Rigola clairement Arisa.
-Oui, ils ont presque réussi avec la draco-rage, tu as atterri où, toi ?

« Ambre est une fille tout à fait normale, c'est mon amie, ma petite amie, elle est un peu folle sur les bords, mais je l'aime »

-A Doublon, ça m'a pas mal retardé ! Et toi ?
-Bah, à irisia.
-Quel pot !
-hum…J'aurais bien aimé atterrir à Mauville, pour voir si ça tangue vraiment en haut de la tour chétiflor.

« Ambre est une fille tout à fait normale, c'est mon amie, ma petite amie, elle est un peu folle sur les bords, mais je l'aime »

-là-bas, tu as du croiser Shagi, non ?
-Hum !

Retour au point d'interrogation majuscule chez Ambre, qui pencha la tête, pensive.

- Shagi ? Lança joyeusement Arisa, visiblement ravie de trouver une amie dans ce repaire de bandits.

D'ailleurs qu'est-ce qu'ils foutaient là ? Cette question passa une demi seconde dans le rideau confus de songes de Daniel puis elle s'évanouit dans la nature aussi sec. Shagi quant à lui, détourna la tête, essayant de cacher ses sueurs froides face à la question de son amie d'enfance.

L'expression d'Arisa devint aussitôt menaçante et elle gronda :

- Shagi ? Tu te souviens de mon amie, n'est-ce pas ?

Pour le coup, même Daniel aurait été prêt à dire qu'il se souvenait de n'importe qui.

« Ambre est une fille tout à ait normale, c'est mon amie, ma petite amie, elle est un peu folle sur les bords, mais je l'aime. Et elle a des amies tout à fait normales, aussi. Qui sont folles, comme sa cousine Sary. Un peu décalée, comme Sarah et bizarre comme cette fille…Mais Normales. Nor-ma-leuh…N'est-ce pas Sparky ? »

Le pikachu mêché, gémit, effrayé.

-Non, il me dit rien. – Lâcha Ambre, songeuse, mais franche. - A Irisia, j'ai été accueillie par une famille, c'était peut être la sienne, mais franchement ça me dit rien. Le nom de famille, c'éyait un truc en rapport avec la musique, ou je sais pas quoi…Cloche, heu…Clef de sol…Hum…

Un murmure terrifié sonna dans le couloir.

-Capella…

Les visages se posèrent sur Shagin interrogateurs. L'irisien, blême ; marmonna, comme face à ses pires cauchemars :

-Cette fille est un monstre, elle a été acceuillie par la famille Capella et a sympathisé avec eux ! Elle s'est même battue avec la fille aînée, alors que même moi, je m'approche pas à moins d'un mètre d'elle !

« Ambre est une fille tout à fait normale, c'est mon amie, ma petite amie, elle est un peu folle sur les bords, mais je l'aime » Se répéta de plus en plus perdu Ritchie.

Nouvelle illumination chez Ambre qui s'exclame, ravie :

- Ah ouiiii ! Y-avait de sjumeaux, ils m'ont appris à me servir d'une tronçonneuse, ils étaient marrants ! Et la fille, je crois qu'on a voulu voir un peu notre force…J'ai fini avec un bras dans le plâtre ! Ahaha !

« Ambre est une fille tout à fait normale, c'est mon amie, ma petite amie, elle est un peu folle sur les bords, mais je l'aime…Ambre est…Ambre je… »

-Un démon, d'un côté avec la fille capella aux cheveux noirs comme des serpent, et la blonde là, avec les mèches qui se tortillaient sous la puissance de leur aura, on ne voyait même pas les coups qui pleuvaient, c'était affreux, la terre a tremblé ce jour là ! Enchaîna Shagi exagérément, tremblant comme une feuille malgré les entraves psychiques.
-T'as pas l'impression d'exagérer là ? grogna Arisa, platonique.

« Ambre me fait peur » Se lamenta Ritchie dans son coin.

C'est à ce moment précis que Daniel jugea opportun pour faire un magnifique rire machiavélique comme dans les dessins animés il inspira profondément, gonfla la poitrine et lança :

-WHAHAHAHA !

Qui fut suivi d'un silence de circonstance.

- Non ? Hasarda-t-il, penaud.

Hochement de tête négatif. Daniel qui baisse la tête, embêté.

Enfin, la voix de la raison, un sujet important, enfin fondamental, sonna, et ce fut Arisa qui mit les cartes sur la table :

-Mais qu'est-ce que vous foutez ici au juste ? Nous ça fait un mois qu'on espionne cette cachette et qu'on espionne Harry et on a enfin trouvé une opportunité pour infiltrer…
-On est passé par la porte d'entrée, tout simplement. Rit Ambre.
-C'était ouvert ! Précisa Daniel.


Et vu la tête qu'affichèrent ce certain Shagi et cette Arisa, tout simplement dégoûtés, Ritchie se demanda s'il ne fallait pas mieux reprendre la conversation de tout à l'heure.

-WHAHAHAHA !

Encore un silence et regards vers Daniel qui baissa la tête et murmura tristement :

-Toujours pas ?

Nouveau hochement de tête négatif. Et ils étaient toujours suspendus par le psyko de ramoloss.

Cette fois c'était officiel, Ritchie en était certain, il se trouvait dans un asile.

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Tortank renifla bruyamment l'embrun salé effleurant l'horizon, puis d'un mouvement de queue, il changea de cap dans un feulement presque inaudible.

Ce simple son fit tout même frissonner Gabriel assis sur sa carapace. Celui-ci se pencha en avant, et sa main ripa sur la surface lisse de la tortue de mer. Il finit dans l'eau jusqu'au coude et poussa un cri paniqué avant de se rattraper de toutes ses forces aux aspérités de la coque protectrice de son pokémon. Ses ongles parfaitement manucurés grincèrent sur la paroi organique et il plissa les yeux jusqu'à en avoir mal.

-T-Tu le s-sais probablement pas, tortank…-Commença-t-il d'un ton branlant, qui cherchait à se rassurer lui-même, rien que par sa propre présence.

Le starter eau de Kanto dressa une de ses oreilles et jeta une œillade inquiète au petit être qui hoquetait sur son dos, le ventre plaqué sur ce qu'il devait prendre pour une terre ferme, un abri.

-J-Je suis sûr que D-Daniel ne t'a pas confié à m-moi par hasard…I-Il se souvenait que quand j'étais petit…P-pendant une visite au zoo, ma s-sœur Fred m'avait fait tombé dans l'enclos des tortues qu'elle voulait me m-montrer…

Il ricana sans joie.

-J'j'aurai pu me noyer...M-Mais chez n-nous on sait nag-nager avant de marcher…Et j-j-ai passé des heures dans le bassin à j-jouer avec les pokémons comme toi. L-Les gardiens du zoo n'osaient pas venir me chercher parce qu'ils avaient peur que les pokémons comme les attaque…Et C-C'est Daniel qui est venu m-me chercher en bas…E-Et moi je lui ai tiré l-les cheveux parce que je voulais rester avec les pokémons tortues…je…

Sa voix s'enrailla.

-C'est toujours Daniel qui venait me chercher…

Ses poings se serrèrent jusqu'à en blanchir ses phalanges.

-I-Il peut pas mourir noyé….Hein Tortank…I-Il peut pas…c'est trop horrible comme m-mort ?

Le pokémon tortue, pour toute réponse, jappa tristement.

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La situation fut mise au clair bien plus tard. Dans le repaire de bandits, libérés des liens mentaux de ramoloss, se frottant à Roigada avec vanité, le groupe de dresseurs trouvèrent un coin tranquille pour s'expliquer avant de repartir à la chasse.

Arisa leur développa simplement qu'ils avaient passé les trois dernières années à épier Harry, et chercher une ouverture pour le ramener avec eux. Ils étaient alors tombés sur cet endroit, étrange, qui semblait être sa cachette principale.

-Un signal part régulièrement de là, mais à cause du taux de fer de cette île, il est impossible de le capter sans savoir exactement sa fréquence, c'est très malin. Et dangereux, on ne sait toujours pas le but de ce signal…Précisa Shagi.
-En revanche, nous savons qu'à chaque fois qu'il émet, une catastrophe naturelle se produit, comme la mer gelée à Hoenn. Enchaîna Arisa, les bras croisés, soucieuse.
-Et dernièrement, ils sont en plein déménagement, nous avons vu le gros des troupes quitter les lieux en emportant beaucoup d'œufs et de machines. L'activité ici a beaucoup diminué aussi, donc nous pensions tenir notre chance. Conclut l'irisien, une méchante ride barrant l'arête de son nez sous les réminiscences.
-Ah tu vois Ambre : je t'avais bien dit que c'était vide ! Se ragaillardit Ritchie, heureux d'avoir raison, ou plutôt de se raccrocher à une logique dans cet univers de plus en plus distordu sur lequel il évoluait.

Ambre, pas mauvaise joueuse pour deux sous, approuva joyeusement :

-Autant pour moi, tu t'y connais bien en repaire de méchants, tu pourras m'aider pour mes histoires, moi j'suis pas une pro !

Le dresseur de sparky ignora comment il devait prendre le compliment.

-Mwahaha !
-Qu'est-ce qu'il a lui, à toujours rire ? Souffla Arisa en pointant un Daniel – qui se prenait un nouveau vent-

Ambre et Ritchie répondirent d'un même ton, blasés :

-Entraînement au rire démoniaque !

Shagi siffla perfide, moqueur :

-Ouah, C'est pas encore ça, Daniel, hein…

Daniel piqua du nez, pourtant, cette fois, il l'avait bien aimé son rire, il se forçait à imiter son père…Décidément, il ne saisissait pas le truc. Il commençait même à se demander si le plan du rire machiavélique allait vraiment marcher face à Harry…

-WHAHAHAHA !
-Ouais, là il est bien mieux ton rire ! S'exclama Ambre devant un Daniel, la bouche close, silencieux.
-C'est pas moi cette fois. Murmura-t-il.
-Oh mon dieu cette entrée en scène est d'un cliché si c'est un ennemi ! Siffla Arisa avec mépris.
-Non, fausse alerte c'est moi, j'voulais voir si j'avais rien perdu. Avisa Shagi décontracté.

Coup de latte sur le haut du crâne, et rires de l'assistance alors que l'irisien beuglait de moins en moins discret à sa coéquipière, exaspérée :

-Mais t'es qu'une brute décidément !
-Je confirme.

Cette fois par contre, Arisa se dressa directement sur ses jambes en un bond, et se retourna, pokéballs levée, y compris Shagi, les prunelles écarquillées. Le reste du groupe les imitèrent avec anxiété, cherchant dans la pénombre l'origine de ce timbre.

Daniel plissa des yeux, doucement, de longues bulles crépitèrent sur le mur du fond, d'immenses cloques noirâtres léchèrent l'enduit, dans une bruit de bouillon insoutenable, comme si un invisible s'amusait à brûler sous pression le métal des parois. Pourtant, l'ombre grossit, prenant une ampleur humaine, pullulante, se regroupant bout par bout, bientôt un visage se dessina, s'extirpa de cette masse ténébreuse, des vers de l'obscurité. Quelques éclairs parcoururent la surface des volutes qui glissèrent, suintèrent par tous les pores de la peau du jeune homme qui apparaissait progressivement. De larges sillons noirâtres roulèrent, chutèrent au sol dans un son de succion insoutenable.

Les prunelles mordorées d'Harry, tellement dilatée à présent que son regard n'avait plus rien d'humain, brillèrent d'un éclat morbide. Ses lèvres s'étirèrent largement pour dévoiler une dentition, de plus en plus semblable au pokémon qui le hantait. Son motisma d'ailleurs, après avoir transporté ainsi son dresseur, ricana nerveusement, osant montrer un pan de son être en dehors de son cocon.

-JE crois que tu vas avoir du mal à le dépasser pour les rires de psychopathes…Marmonna doucement Shagi à Daniel, refroidit à cette apparition.

Daniel fit la moue et se gratta la joue avec honte.

En effet cela s'annonçait plutôt dur.

D'un autre côté, Ambre poussant des « ho » étonné, tapotait tâtait le mur d'où l'adolescent s'était extirpé, cherchant à comprendre ce phénomène. La blondinette se redressa, observa longuement Harry, toujours immobile, qui la fixa en retour, silencieux.

Et d'un seul coup elle se jeta contre le mur.

Bien entendu elle ricocha.

Blessée, se tenant le nez elle bafouilla, secouée :

-Mais pourquoi ça marche pas avec moi ?

La scène rappela à Daniel, une autre, ô combien familière. Il croyait Ambre stupide, non, il avait compris que cette fille aimait juste tout tenter, comme une certaine personne de ses connaissances. Ritchie alla récupérer sa petite amie traumatisée, grommelant des « c'est pas juste » et l'ambiance put redevenir sérieuse.

Si Arisa avait eu l'occasion de voir son frère de loin, l'affronter de face, contempler les dégâts du temps sur cet être qu'elle avait tenu dans ses bras au commencement de ses jours, se révélait être une épreuve bien plus douloureuse qu'elle ne l'aurait crut.

-H-Harry…Bafouilla-t-elle abasourdie.

Son cadet darda sur elle un regard mordoré absolument laconique, presque méprisant d'indifférence. Shagi derrière elle, posa sa paume sur la cicatrice de sa dernière rencontre avec lui, et grimaça tristement.

-B-Bon sang que tu es pâle…

L'irisien redressa la tête lentement vers son ami, et la contempla avec compassion, les perles au bout de ses mèches tintant tel un glas. La femme qui avait toujours été un modèle pour lui, qui lui avait appris à mentir, à ne jamais abandonner, se tenait là, devant ses yeux, le teint pâle, le regard empli d'affection et de détresse à la fois.

-T…Tu manges au moins ? Bredouilla-t-elle, hagarde.

Harry ne bougea pas d'un pouce, il la toisa avec cette même expression, absolument insoutenable. Arisa fit un pas vers lui.

-R-Regarde dans quel état tu es…Dès que je suis plus là pour te surveiller…tu continues ton entraînement ?…Tu es vraiment pas possible, tu es tout maigre, plus aucune muscle, après tous les efforts que j'ai fait pour t'aider, tu t'es…tu t'es vu ? Ricana-t-elle rauquement, faussement.

Shagi saisit le poignet d'Arisa avant qu'elle ne s'approche davantage, déjà, dans l'aura noire entourant le cadet des Lances résonnaient d'éclairs bleutés. Arisa tourna la tête vers son ami, et se pinça les lèvres :

-Il est juste là…Croassa-t-elle. –Cette fois…
-Moi aussi j'ai voulu croire à ce mensonge, j'ai vraiment voulu croire que cet Harry était celui que j'avais connu.

Sa prise se compressa sur la plaie indélébile qui striait son ventre et il avoua penaud :

-Ca ne m'a apporté que des malheurs Arisa…
-Il est sous hypnose, dans un cauchemar éveillé.

Le regard Arisa coula sur celui ineffable, indéfectible d'Ambre. La blonde, le visage étrangement grave, soutint cette œillade désespérée sérieusement, et murmura doucement, un faible sourire effleurant ses lèvres tristes, alors qu'elle serrait la main de Ritchie dans la sienne :

-C'est une sensation étrange, à la fois conscient et inconscient. Toutes les choses que l'on refoule chaque jour de son existence ressortent avec une rancune qui nous étonne.

Ses paupières se fermèrent sur ses iris vertes prairies cerclées d'or, et ses cils s'entremêlèrent, sans compassion, ni jugement, à l'instar de la justice.

-C'est comme une gigantesque Valse, où notre partenaire nous guide sur les notes d'une mélodie tragique. La tête tourne, les jambes se perdent dans les pas, et on ne peut que suivre paresseusement notre partenaire nous entraînant on ne sait où, nous faisant virevolter à son grès, sans qu'on ne parvienne à montrer la moindre résistance : enivré.

Ritchie passa un bras autour des épaules d'Ambre et ne la lâcha plus, les émotions de ce souvenir funeste tournant, encensant son crâne.

-Mais c'est toujours lui, en dessous ? C'est toujours lui !

Arisa se raidit et tourna des talons.

-Allez Harry ! Montre-nous que…Montre-moi…
-C'est tout ce que tu as à dire ?

Les mots résonnèrent, froids, dans le couloir et paralysa de stupeur Arisa.

-P-p…
-C'est vraiment tout ce qui te rassure ? Tu sais Arisa, j'ai tué des gens sans hésitation. Et tu veux quand même récupérer ton frère ?
-J…

Un rire de dément s'échappa du rictus malveillant du cadet des Lance devant l'air blafard de son aînée. Un hoquet de vainqueur, aux accents exaspéré, et aux relents d'une peine ignorée, tournée en dérision, la sienne comme celle dont il poignardait le cœur avec un simple son.

Daniel se mordit la lèvre. Oui, ça c'était un beau rire machiavélique.

-Tu te fiches pas mal de ce que je ressens, hein ? Tout ce que tu veux c'est me ramener, parce que ça fait « bien ». Tu te fiches de me traîner dans la boue, de me renvoyer plus bas que terre, dans un endroit où plus rien ne m'attends. En fait, tu veux juste que tout soit en ordre, à sa place. Egoïstement.

Il leva ostensiblement du menton, plongeant ses iris d'or dans ses jumelles d'émeraudes, avec vanité et supériorité.

-J'ai tort Arisa ? Tout ce que tu fais, c'est toujours pour toi, non ?
-Non ! C'est faux, quand tu as dit que tu voulais devenir pokéathlète, c'est…c'est moi qui t'ai entraîné, et je…
-Tu voulais te prouver à toi-même, qu'on pouvait échapper au destin que t'imposait cette stupide famille.
-Arrête de délirer, j'ai toujours voulu être dracologue, c'est toi et uniquement toi qui…
-Tu en es certaine ? Dans ce cas, pourquoi mets-tu tant de hargne à te battre, toujours, pour quoi que ce soit ?

Arisa vacilla sous le choc.

-Peut être qu'Arisa se bat trop fort, prend tout trop à cœur. Mais toi Harry, tu ne te bats jamais.

Le ton impitoyable de Shagi sonna, tandis que l'irisien levait les yeux vers son ami, ni triomphant, ni défait.
Cette fois en revanche, Harry montra un semblant d'émotion. Arisa, sentant la main de shagi sur son épaule, reprit peu à peu des couleurs, lui jetant une œillade déboussolée.

-Tu prends toujours sa défense. Souffla l'adolescent possédé, avec rancune.
-Tu te trouves toujours des excuses. Un jour c'est ta famille, un autre c'est ta blessure, après c'est moi. Peut être serait-il temps de reconnaitre que tu es en parti responsable de ce qui t'arrive ? Siffla le maître d'Altaria sans même hausser le ton.
-LA FERME !

Harry envoya un violent coup dans l'air, et une onde de choc vrombit, Ritchie plaqua aussitôt Ambre contre un mur alors que Sparky aspirait l'electricité ambiante pour les protéger tous les deux. La foudre frôla le visage de Daniel lui laissant une estafilade engourdie sous l'œil gauche. Cet acte sembla secouer Arisa, lovée dans les bras d'un Shagi, derrière son carchakrok, ayant absorbé le plus gros du choc.

-Je t'avais dit que ce n'était plus le même…Rigola ironiquement l'irisien à ses côtés avec résignation.

Il lui sourit doucement :

-Dis, je croyais que tu voulais lui foutre une gifle, pour lui remettre les idées à l'endroit ? Qu'est-ce que tu nous fais avec un mélodrame pareil ?

La sœur de cœur de Peter tressaillit, et elle se pinça les joues, les sourcils froncés sous le poids des regrets.

-Tu te ramollis Arisa, on croirait Peter, tu espérais sincèrement pouvoir le raisonner ? Les idéaux pacifistes de Peter te ramolissent le cerveau ou quoi ?

Roigada et ramoloss de leurs côtés, sursautèrent et grondèrent de mécontentement face au verbe employé par l'irisien. Toujours les mêmes préjugés !

En revanche, cette dernière pique acheva de réveiller Arisa qui siffla par réflexe un « Tu te fous de moi ? ». Shagi afficha un petit rire, et se remit sur ses jambes, tout en félicitant son pokémon pour son intervention, d'une accolade dans le dos.

-Harry…Commença-t-il.

Le jeune cadet des Lances lui envoya une œillade meurtrière.

-Je ne sais pas ce qui t'a changé à ce point. Et te dire que je te pardonne pour ce que tu as fait, que je crois qu'on peut te ramener, que je peux faire phi de tout ce que tu as fait – il se raidit imperceptiblement et lâcha en un souffle – Serait le plus gros mensonge de mon existence.

Il ricana.

-Mais, j'ai la mauvaise habitude de vouloir croire aux mensonges que j'entends…J'aimerai juste comprendre une chose…

Il observa son ami d'enfance avec pitié et crainte à la fois :

-Pourquoi es-tu venu me voir à Irisia, après ta disparition, pourquoi moi en particulier ? Etais-tu déjà possédé ? Qu'est-ce qui a changé ce jour là, pour que d'un jour à l'autre tu me proposes de te rejoindre, puis le lendemain que tu tentes de me tuer ? Qu'est-ce qui t'as pris ?
- Ce qui m'a pris ? Répéta songeur le jeune garçon estropié.

Il parut en pleine réflexion, pendant une seconde, puis envoya un regard empli de folie à Shagi en retour :

-Ce qui m'a PRIS ? S'exclama-t-il. -Je vais te le dire, j'ai tout fait pour être ton ami, et plus, mais toi, tu ne parlais que d'elle ! Elle et toujours ELLE ! J'étais invisible, même quand je t'ai invité à me rejoindre, quand je t'ai proposé de me suivre, pour faire un nouveau monde, un monde où la famille cesserai de nous empoisonner l'existence, un monde pour les pokémons…Tu ne parlais encore que d'elle ! J'étais invisible comme toujours ! Eructa le cadet des Lances, le visage rouge de fureur, le cou palpitant.

La réplique assomma Shagi dont les yeux s'arrondirent de stupeur.

-Tu sais ce qu' ELLE te dit l'autre ? Traite moi autrement, qui t'as entraîné des heures pour t'aider à réaliser ton rêve : moi ! Et toi tout ce que tu trouves à faire c'est flasher sur le seul mec que je vise ?

Cette fois Arisa fit face à son frère avec un véritable brasier irradiant au fin fond de ses prunelles et Shagi en eut un haut le cœur. Flasher, sur qui ?

-Tu n'es qu'une brute Arisa, une insensible ! Je ne comprends pas comment il peut faire autant attention à toi !
-Peut être que si tu avais des nichons, il aurait daigné te jeter un coup d'oeil ! Tu sais bien comment il est enfin !

Shagi et Harry s'empourprèrent confusément.

-Tu peux parler, toi t'as que les nichons de féminin ! Renvoya aussitôt son frère, fulminant.
- Quoi ?

Le grondement furieux, digne des dragons terrifiants dans les contes pour enfin, fit trembler Ritchie sur place. Et pour couronner le tout, Shagi, par pure habitude de la répartie, répliqua aussitôt, se raccrochant au seul élément tangible, auquel il comprenait quelque chose dans cette dispute puérile :

-Je confirme : avec ta nouvelle coupe ! Pire : on dirait un lutin !

Il se mordit la langue immédiatement et manqua de hurler d'exaspération. Qu'est-ce qu'il racontait au juste ? C'était pas le moment.

- MWAHAHAHAH !

Un silence interrompit la scène de retrouvaille en famille qui tournait à l'orage, et plusieurs visages obliquèrent vers un Daniel qui rougit aussitôt et murmura d'une voix penaude :

-C'est toujours pas le moment approprié, c'est ça ?
-Non pas vraiment, mais c'est un très beau rire ! L'informa Ambre platoniquement.
-Oh merci. Sourit le Kazamatsuri.

Ritchie se pinça pour vérifier qu'il était bien éveillé. Non mais c'est vrai, entre d'un côté, les autres qui se disputaient avec un ennemi qui désirait les tuer, comme des gamins, et de l'autre…qui faisait il ne savait pas trop quoi en fait…Ca commençait à être lourd !

-ANDOUILLES !

Un bruit de gong stria l'air et Arisa se massa le poing, encore fumant après un…un…

-Un tekken punch bien servi ! Analysa Ambre.

Bref, un magnifique coup de poing sur la tête d'Harry et de Shagi.

-Joli coup! Complimenta Daniel aussitôt.
-Merci!
-Aucun sens de l'humour…Commenta l'irisien sonné.
-T'es vraiment qu'une BRUTASSE ! S'égosilla Harry, rouge.
-Bah Ritchie, où vas-tu ? Demanda Ambre en retenant son petit ami par le col.

Partir, loin, loin très loin pour retrouver la réalité, bien vrai, où il comprenait les réactions des méchants. Avec un peu de chance, la sortie de secours serait, elle aussi, ouverte.

-Vous ne changerez jamais, décidément. Toi Arisa, ou toi Shagi…Vous ne me comprenez jamais. Vous ne voulez jamais comprendre !

Harry serra les poings, et Motsima réagit promptement, l'entourant d'éclairs protecteurs. Sa sœur et son ami d'enfance reculèrent pour éviter l'électrocution de justesse. Ambre tiqua méchamment. Et Daniel se gratta la joue, embêté.

-Mais vous rigolerez moins. Vous rigolerez moins quand notre plan se mettra en place. Tu aurais mieux fait de mourir gentiment la dernière fois Shagi, ça t'aurait évité bien des soucis.

Le frère des Lance se releva en titubant, et épousseta son genou atrophié sans grimace.

-Quand nous parviendrons à trouver un moyen de contrôler Arcéus, quand nous abolirons ce monde pourris pour remettre en place l'ère Saharienne, l'ère des Gijinkas…

Cette fois Ambre se raidit.

-Je ne souffrirai plus.

Harry se tût, étonné, et il se tourna vers celui qui venait de compléter sa phrase, pour admirer un Daniel, le visage baissé, droit comme un i. Le Kazamatsuri mâcha ses mots dans sa bouche, avec appréhension, doute, puis se laissa porter par la voix, celle qui grossissait toujours en lui, celle qu'il connaissait par cœur, qu'il l'avait toujours habité, jeté dans les confins du réalisme en piétinant ses rêves d'enfants. Une voix qu'il détestait pour toutes ces vérités qu'il refoulait et qu'elle lui renvoyait.

-C'est ça, ton but ?

Il fit un pas en avant, hésitant, puis se construisit un visage froid et dur sans même le remarquer. Son timbre se fit plus sûr, d'une octave plus grave, plus charismatique, affirmant ses propos.

-A l'époque Saharienne, sous l'ère des Gijinka, presque tous les hommes étaient devenus des êtres mi humains, mi pokémons. Ils sacrifiaient leurs esclaves, puis les bourgeois, puis les nobles, et pour finir, même la famille impériale, pour lutter. Au final, tous les êtres vivants se trouvaient sur un même pied d'égalité. Il n'y avait plus vraiment de famille, plus de logique humaine, et sans cette guerre, débutée par les hommes, ce monde aurait été en paix.

Harry fronça les sourcils.

-C'est vrai, quand on y pense, un monde de pokémon, serait plus aisé. Plus simple, pas de combat. Seulement guidé par un instinct commun, peut être même par un Destin. Ce serait tellement plus simple, si les hommes étaient tous soumis à une loi universelle. Après tout, on s'en fiche d'être contraints, tant qu'on ne souffre pas, tant qu'on a la paix.

Daniel leva les yeux, un regard froid et effrayant, alors que son discours se fit plus proche, plus paradoxalement empathique.

-Ils ne veulent pas comprendre. Qu'est-ce que j'ai fait au juste pour qu'ils me regardent comme ça ? Je n'ai pas l'avenir du monde sur mes épaules, je n'y suis pour rien si je suis ce que je suis. Pourquoi ne cesse-t-il jamais de me comparer à lui ? A attendre tout ça de moi ? Parce que j'appartiens à cette famille, parce que je suis stupidement né là, je devrai leur obéir, renier ce que je suis ? Je n'ai rien demandé. J'aurais préféré ne jamais venir au monde si c'est pour une vie pareille. Et dès que je me bats, dès que j'essaye de déroger à cette règle induite, ils me regardent de nouveau, comme si…Comme si…Tout leur avenir dépendait de moi. Je n'ai rien demandé. Jamais rien.

Cette fois Harry blanchit et Daniel se figea, tel un le serpent, il lui tendit la main, un sourire tentant, crispant ses traits :

-C'est simple non. Il suffit de changer la règle du jeu. Un autre monde, une autre loi.

Le geste déstabilisa Harry, l'espace d'une seconde, et Mostima, y voyant là comme l'acceptation de son maître, arrêta sa protection électrique.

Il n'en fallut pas plus. Ambre se glissa derrière le bandit et l'assomma d'un coup précis et sec. Le jeune homme retomba flasque, face contre terre contre le sol, sans comprendre devant des spectateurs abasourdis.

- C'est plus simple non ? Ah ça me démangeait de faire ça depuis trois ans !

Puis elle fronça les sourcils, et envoya une claque retentissante à Daniel qui tituba sous le coup. Celui-ci abandonna son masque et la fixa, étonné.

-Mais qu'est-ce que j'ai fait ? Bafouilla-t-il penaud.
-Rien. Tu as même super bien joué, tu lui as bien renvoyé dans la gorge sa stupide expression « personne peut me comprendre ». C'était vraiment bien joué ! Argumenta Ambre.

Daniel arqua un sourcil, perdu, et la blondinette rigola doucement, gênée :

-Mais ton expression était vraiment flippante, alors j'ai pas pu m'en empêcher…

Les autres se turent, juste atterrés. Puis soudain, Shagi se pencha vers son ami d'enfance inconscient, et souffla :

-Bon et bien, on fait quoi de lui ?
-On aurait du commencer par là, et l'assommer tout de suite. Commenta Arisa, visiblement vexée de ne pas avoir été celle qui avait porté le coup de grâce.
-Ca n'arrange pas son état, ça retarde juste l'échéance en même temps. Le même cirque risque de recommencer à son réveil…Marmonna Daniel.
-Oui mais comme ça, on ne fait pas ça au milieu du territoire ennemi ! Envoya avec raison Ritchie.

Ambre hocha du chef. Bien sûr, elle avait simplement voulu se défouler, profitant d'une ouverture dans la garde de son opposant, mais c'est vrai que dit comme ça, elle avait pas mal aidé finalement !

Shagi se porta volontaire pour porter Harry, qu'il posa comme un sac à patate sur son épaule tant il lui parut léger. Motisma, toujours dans le corps du porteur, mais en l'absence d'ordre, ne réagit pas, et il grésilla, un peu perdu parmi tous ces inconnus.

-Bon, la sortie alors ? Conclut Arisa.

D'un pas rapide, ils se précipitèrent vers la berge par laquelle, l'irisien et son amie s'étaient infiltrés. Et en pleine course, Ritchie remonta jusqu'à Daniel et lui lança un regard curieux :

-Comment as-tu fait, pour sortir un discours pareil ? Tu le connaissais bien ? Son histoire ? C'était impressionnant, on aurait vraiment dit que tu le comprenais.

Daniel fit la moue, et il balbutia doucement, rouge :

-Pa-pas vraiment, je ne le connaissais pas, c'est pour ça que je n'ai pas utilisé de noms, juste des termes universels…Mais…J'ai pensé que, vu que c'est le frère de Peter le dracologue, il avait du grandir dans une ambiance familiale assez particulière, comme la mienne.
-En tout cas…C'était impressionnant, et bien pensé. Analysa le dresseur de Sparky, perplexe.-Un vrai psychopathe, même si c'est pas encore tout à fait ça, pour le rire !

Daniel resta silencieux, les prunelles vissées sur le sol passant sous ses pieds.

Pendant une seconde, une brève seconde, il avait eu réellement l'impression d'être un autre, un garçon, un Daniel, qui lui, aurait écouté sa voix intérieure, sa rancune. Il avait cru naïvement, rencontrer un de ceux qu'il aurait pu devenir. Un homme froid distant, qui se souciait peu de la liberté des autres, à la condition de ne plus souffrir. Une personne prête à tout, même du pire.

Il fronça les sourcils, et ses poings se serrèrent d'appréhension.

Brusquement, une exclamation détourna ses pensées de ce possible autre, pour se nicher sur le trio qui leur barrait la route avec stupéfaction. Une grande gigue, aux cheveux magenta, un androgyne à la tignasse violine et un miaouss, étrangement parlant.

-Qui êtes vous, que faites-vous ici ? Lança la première.
-Nous sommes peut être que des sbires, mais on nous a confié la surveillance de ces quartiers, vous ne passerez pas ! Ajouta le second.
-Miaouss oui ! On se fera pas virer une troisième fois !

Ritchie afficha alors un rictus soulagé, proche de l'état nirvanesque, et d'une voix légère il chantonna :

-Je les connais eux ! Ils sont pour moi !

Le trio, jessie, James, et Miaouss, anciennement de la Team Rocket, tiquèrent.

-Attend une seconde….Commença Jessie.

Ritchie leva le bras.

-Je le reconnais ! Continua James.

Sparky bondit de l'épaule de son maître.

-C'est le sosie du morveuuux ! Paniqua Miaouss.

Un fatal-foudre plus tard, le célèbre trio s'envolait dans un concert d'explosion, de nouveaux partis pour explorer les cieux, et dans la parfaite courbe de leurs chutes, ils croisèrent rapidement un Sacha, en partance pour Azuria, ébahis.

De son côté, Ritchie était aux anges. Il avait enfin trouvé de vrais bandits comme à la bonne vieille école. Il en désespérait.

-Hey, Ambre, voilà de vrais…
-Plus tard Ritchie il faut ouvrir la porte, elle est fermée. La coupa aussitôt sa petite amie, qui triturait la poignée de la porte de titane.

Normalement cette constatation en aurait déprimé plus d'un, mais Ritchie en eu le cœur qui bondit de joie.
Le monde tournait enfin correctement !

-Par ici, il y a une salle de contrôle ! Les Informèrent Arisa, en pointant une salle du doigt.

Ils pénétrèrent dans une pièce bourrée d'ordinateurs clignotants et bipant, avec des étables, des panneaux de contrôle aux boutons multicolores. Un vrai cliché. Cette fois, Ritchie se sentit chez lui.

-Bon, j'ouvre les tables de contrôle et je disjoncte le tout, ne touchez à ri-Débuta-t-il doucement, ayant foi en ses connaissances informatiques et électriques.
-C'est toujours le bouton rouge qui fait quelque chose !

Clac, trop tard. Ambre venait de lui désobéir avec son habituel sourire.

Une voix rauque, magnétique parcourut alors le Qg.

« Système d'autodestruction, enclenché »

Et le cri qui suivit, aussi rapide que le frisson ayant hérissé tous les poils de son corps, répondit en concert, furieux :

-Qu'est-ce que t'as fait !?
-Bah en même temps, le bouton rouge peut ne pas avoir une action positive à chaque fois, j'ai juste dit qu'il faisait toujours quelque chose ! Rétorqua Ambre, pas stressée pour deux sous, ni même désolée.
-Qui irait faire un bouton qui sert à rien aussi ?! Nargua Shagi, sarcastique.
-Bah le même qui laisse ses stylos qui ne marchent plus dans le bac à crayon ! Renvoya Arisa en fixant l'irisien, avec défi.

Les filles se claquèrent la main, complice, en bonne copine.

Mais bon sang, se rendaient-elles seulement compte que tout allait exploser bientôt, avec eux avec s'ils ne sortaient pas de là vite fait ?

-Essayons le bouton bleu puisque le rouge ne marche pas ! Enchaîna Ambre.

De toute évidence : non.

« Machine météo enclenchée : problème, manque d'œufs pokémons légendaires. Erreur. Erreur. Erreur. »

La voix mécanique s'enraya.

-Mon Papa aussi a marché sur une machine météo quand on habitait Cimetronelle. Lança toute fière la jeune Ambre, ravie.
-AMBRE !
-Oui ?

Ritchie, abandonna la lutte. Avec elle, rien à faire. A force d'appuyer sur un peu tout ce qu'ils trouvaient, la porte finit bien par s'ouvrir, et ils sortirent à toute vitesse. Ce n'était pas très conventionnel, mais l'important restait, qu'ils se trouvaient enfin dehors.

-De l'AiiiiiiiR ! Dansa la blondinette. – j'ai vraiment cru mourir là dedans c'est pas possible, je déteste être enfermée comme ça ! Soupira-t-elle.

Silence, on passa sur cette réflexion pour le moins étrange de la part de la fille qui avait le moins stresser de tout le groupe, et ils se ruèrent vers le bateau abandonné par Harry dans la crypte.

-Shagi, tu navigues ! Ordonna Aussitôt Arisa, une fois à bord, en posant son frère sur le pont et en l'attachant au mât du voilier.
-Quoi ? Pourquoi moi ?
-Parce que t'es fils de marin hé banane !
-Et toi alors, C'est pas parce que t'es fille de dracologue que t'as des écailles et une dentition acérée !
-Si tu ne te mets pas tout de suite à la barre de ce foutu bateau et que tu ne démarres pas, tu jugeras toi-même de mes crocs !
-Je peux essayer de conduire le bateau ? J'en ai jamais fait !
-C'est bon d'accord je conduis ! Je conduis ! Tout mais pas l'autre démon !
-Merci Ambre !
-Donc je ne conduis pas ?
-Pas cette fois, non.

Et ça repartait…

D'un côté, au large, le ciel commençait déjà à s'assombrir, et dans leurs dos, un Qg de bandits menaçait d'exploser à tout instant. Ritchie soupira.

« Ca tombe toujours sur moi ce genre de trucs ».
« « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « «

Les yeux entrouverts, et le souffle interrompu, il sentait ses membres lourds, extrêmement lourds l'entraîner vers le fond. La sensation habituelle de flottement si agréable et sereine l'abandonnait peu à peu. Laissant place à un engourdissement général, paralysant, abrutissant, absolument insurmontable.

Ces zébrures d'ors et d'argents dansantes au dessus de lui, s'embrassant l'une l'autre, pour s'unir, comme dans une valse aux accords silencieux, se reflétaient dans ses prunelles, déjà voilée. Et le doux remous qui le portait, qui l'enivrait, apaisait son être, prenait des aspects de béton, lourd.

Il tendit la main vers l'en dehors, l'astre solaire miroitant au loin, et ses doigts effleurèrent ses rayons de leurs bouts calleux. Jamais il n'avait été si proche de ces cieux indomptables. Un rictus ironique effleura ses lèvres bleuies par le froid. On pouvait même dire, qu'en un sens, il y ondoyait déjà. Le ciel outremer ne se reflétait-il pas dans la mer ? Ne se baignait-il pas avec lui, en cet instant même ?

Oui, et tous ces blancs, qui parsemaient sa vision, troublait sa vue, n'était-ce pas des nuages cotonneux ? L'onde et son poing se referma sur un vide froid, un léger courant indomptable. Il recracha une goulée d'oxygène, et une large colonne de bulles s'éleva au dessus de lui, transcendant dans un jet lumineux alors que lui dérivait vers l'obscurité.

Sa vision se brouilla, et les teintes de son bras se mélangèrent aux remous, à la couleur éphémère, de plus en plus opaque de son linceul, pour lui appartenir, se fondre avec lui. Quelques mèches noirâtres, telles des algues jouèrent près de son visage, glissant sur ses joues d'une caresse rassurante, à mesure que les doux éclats de son monde se diluaient, s'éloignaient.

Jamais il n'aurait songé un seul instant, que pour monter au paradis, il fallait d'abord descendre, si profondément.

On le hissait, tant bien que mal, on tirait sur son col, pour le faire revenir à la surface, on attendrissait le courant d'une vague auréole rosée, autour de lui, mais la main crispée à sa chemise, plus forte, emprise tétanisée, l'entraînait plus profondément encore, plus sûrement, plus fatalement à chaque fois. Ses jambes oscillaient dans un vent insondable, dans un remous, une vigueur inexistante.

Sa poitrine se compressa, se bloqua, et son visage se détendit lentement.

Il ne ressentait même plus le baiser glacial de l'eau, ni le chatouillis des embruns secouant, parant son corps d'une illusoire lutte.

Et ce silence, ce silence éternel, dont il ignorait les bienfaits depuis des années.

Tout ralentissait, même sa chute, au fond de l'abysse, tout se taisait autour de lui, la lumière qui le quittait dans une myriade de bulles, dans une palette, un courant d'aquarelle multicolore. Juste une absence, totale. De son, de sensation. Enfin.

Daniel ferma les yeux et lâcha docilement prise avec une pensée ironique.

L'élément qu'il chérissait le plus, l'univers immuable de l'onde, voilà, là où lui, enfant docile et moue, allait périr. Lui qui avait toujours suivi la masse, le flux et le reflux, d'un pas trop peu rapide pour l'extérieur, l'adolescent perdu dans la cascade de ses pensées perpétuelles, il allait mourir noyé.

Dans le monde qui lui correspondait le plus, dans son univers.

Ses prunelles sourirent là où ses lèvres inertes, paralysées par l'agonie, ne pouvaient plus.

Pourtant, un éclat d'or et d'argent l'aveugla. Son collier oscillant dans les vagues, tangua amoureusement, une braguette rouillée et une tige de contre plaqué se balancèrent paresseusement.

Lucas, Eléa.

Et quand ses muscles endoloris hurlèrent, quand ses poumons supplièrent grâce, quand le liquide glacial lui rongea chaque parcelle de peau, le souvenir de ses trésors lui conféra le courage dont il manquait cruellement.
« « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « «

Une longue colonne de fumée s'échappait de l'île de fer, grondante, suffocante. Et cette noirceur à laquelle ils tournaient le dos, semblait nourrir celles des cieux, dont les grognements sourds, étouffés, se rapprochaient, menaçants.

Une déferlante particulièrement puissante fit tanguer leur embarcation dans un mugissement communicatif, qui se répercuta en écho jusqu'à l'horizon, accompagné d'un panier d'éclairs. Une fine bruine glaciale clapota méchamment sur le pont, puis s'abattit comme des milliards de petites aiguilles acérées s'infiltrant dans les vêtements, dans la peau des pauvres rescapés.

-Tout ça c'est ta faute Ambre ! Pourquoi a-t-il fallu que tu appuies sur tout les boutons de cette foutue console ! Marmonna Ritchie en glissant pour une énième fois sur le bois ciré de la poupe.

Shagi face à lui, ayant enfilé un ciré à la hâte, tentait de toutes ses forces de redresser la barre, qui partait irrémédiablement vers la gauche, comme la roue déchaînée d'un carrosse conduit par un fou. Le jeune dresseur au pikachu se jeta à son aide et ficha ses pieds bien en place contre des caisses vissés au sol, pour prendre tout l'appui sur ses genoux. Dans un gémissement éreinté, ils parvinrent à virer de bord tant bien que mal. Derrière lui, Daniel, ventre contre terre, marmonnait maladivement, retenant un haut-le-cœur à chaque instant.


Et dans le concert de pluie, entre le rugissement de la tempête, les dégueulis du shiney hunter, et la mélodie tonitruante de la pluie, Shagi lui envoya une œillade inquiète, avant de lancer :

-Il faut juste qu'on arrive à Joliberges ! Juste à Joliberges, et on sera sauf. Hurla l'irisien pour se donner du courage, alors que la barre repartait, crissant de folie, pour les emporter vers le large. -Altaria-Draco défaites moi ces foutues voiles !

Ritchie fronça des sourcils, et hocha gravement de la tête.

Les pokémons piaillèrent, luttant contre les bourrasques infernales et la pluie battante, pour détacher les immenses toiles qui se bombaient d'un sens à l'autre, transmettant la violence des vents contraires, imprévisibles. Ambre, pieds nus, accroché au mât, à un mètre du sol, s'acharnait sur les nœuds, les cordages grinçant à chaque coup.

La voile se gonfla brutalement dans un hurlement, et le choc l'envoya valser, elle se rattrapa aux liens, qui rompirent aussi sec. Le tissu s'envola, enfin libéré de ses entraves et il disparu dans les nuages grisonnants et le tourbillon de l'orage. Ritchie hurla. Le bateau emporté par l'élan de sa voilette plongea dans une vague déferlante.

Pendant une seconde, ce ne fut que froid et violence. Ritchie ricocha et son dos heurta contre la rambarde ? Étonnamment, comme un roulement, une mécanique bien rodé, la barque après s'être enfoncée, remonta, proue en avant, et l'eau s'évacua aussitôt du pont, abandonnant les marins en herbes, crachotants, hoquetant.

Daniel échoué lui aussi contre une des caisses de l'embarcation, indigne enfant d'azuria, en eut le teint verdâtre. Shagi, une main crispée sur la barre, et l'autre sur son draco qui l'avait retenu de faire un plongeon. Ritchie sentit le poids familier de sparky sur son ventre, inquiet, et aussitôt, toute douleur le quitta, il bondit sur ses jambes, manquant de glisser et s'exclama paniqué, scrutant la mer affamée :

-AMBRE !

Et à son cri désespéré, répondit une voix absolument enchantée :

-OUAH ! TROP GENIAL !

De la blondinette pendue la tête en bas, le pied coincé dans le bastingage, son salut.

-C'est comme faire du « Catamarrant », tu sens vraiment toutes les vagues sur ce filet ! Je comprends pourquoi c'est la contraction du mot catastrophe et marrant ! Constata la jeune femme, toujours suspendue, le crâne suspendu au dessus de l'océan déchaîné.

« C'est toi la catastrophe. »

Léon le roigada soupira synchrone avec Ritchie. Tandis que le regard de Shagi s'illumina.

-C'est ça ! Sortez tous vos pokémons, et attachez vous au mât, avec des vagues de cette taille, on risque tous de passer par-dessus bord, il faut faire comme la lourdingue !

La concernée d'ailleurs, se rétama majestueusement sur le sol en extirpant sa jambe de l'emprise des cordes.

-Compris ! Je vais prévenir Arisa et Harry ! Lança-t-elle aussitôt.

Ritchie la vie se redresser, pour s'en aller d'un pas dansant, très peu gêné par les roulements de plus en plus brusque du sol, et il grimaça avant de la suivre d'un pas hésitant vers l'abri, la cabine du voilier.

L'intérieur de l'embarcation, aurait put illustrer n'importe quelle scène d'apocalypse, avec chaque meuble renversé, et l'eau s'infiltrant, collant aux murs avec une odeur de sel insoutenable, écœurante. L'espace d'une seconde Ritchie, pourtant pas sensible au mal de mer, eut envie de rejoindre Daniel pour rendre son repas.

Arisa, elle, cherchait frénétiquement dans une trappe, le matériel pour ce genre d'intempérie, trempée de la tête au pied, une bosse ornant son front, quand elle les vit arriver, elle les foudroya sur place d'un regard furieux.

-ALLEZ DIRE AU PETIT CON QUI NAVIGUE DE PENSER A MOI LA PROCHAINE FOIS QU'IL VIRE DE BORD ! JE ME SUIS PRIS LA TABLE EN PLEINE TETE ! S'IL RECOMMENCE IL CHERCHERA SON MATOS TOUT SEUL ! Rugit-elle rouge.
-TU SAIS CE QU'IL TE DIT LE PETIT CON ? Tonna une voix en dehors.
-IL DIT RIEN PARCE QUE SINON IL VA PLUS AVOIR DE DENT ! Renvoya aussitôt Arisa.

Ritchie observa la joute d'un œil abstrait, avant de s'inviter dans la trappe pour chercher les différentes cordes, et transmettre le message du « capitaine ». Pendant de temps, Ambre, ayant déjà oublié sa mission, contemplait Harry, ligoté dans un coin. Motisma grésillant, lui, frétillait avec inquiétude, sans oser quitter son porteur, ni le réveiller.

-Tu es un pokémon étrange toi. On dirait que ta seule raison de vivre est de posséder quelque chose. Constata Ambre doucement, vers le pokémon.

La créature électrique ricana gentiment, fier et la jeune blondinette s'assombrit tristement :

-Est-ce que tu te rends seulement compte, de tout le mal que tu fais à ton dresseur comme ça ?

Cette fois Motsima pencha la tête sur le côté, et tourna sur lui-même, à la manière d'un enfant voulant dévier la conversation, désirant montrer ses autres talents, sans comprendre ce pourquoi on le réprimandait.

Doucement, Harry gémit, et papillonna des paupières, hagard. Il eut un sursaut, et chercha frénétiquement, fouilla le paysage, déstabilisé. Ambre lui offrit son radieux sourire.

-Coucou toi, bien dormi ? Tu te souviens de moi ?

Oui comme la fille qui l'avait assommé quelques heures plus tôt.

Arisa et Ritchie, têtes dans le cambouis, colmataient une fuite impromptue dans la coque.

-Tu es aussi peu causant que dans mes souvenirs ! M'enfin t'étais pas méchant non plus dans mes souvenirs, c'est grâce à toi que j'ai rien eu. Donc merci ! Je voulais te le dire aussi. En plus du fait que t'es lourd à toujours te plaindre. Ajouta la blondinette innocemment.

Harry se tût, les souvenirs flous, la mine renfrognée.

Il ne se remémorait pas le moins du monde avoir interdis à ses subordonnés de faire le moindre mal à la fille des Irving, ni même lui avoir apporté chacun de ses repas, ou encore avoir bavardé avec elle. Pourtant, il l'avait bien fait.

-Pour te remercier, je vais…Commença Ambre, songeuse, tout en sortant une plaquette de chocolat de sa poche. Elle examina son dernier bien sous toutes les coutures, seul rescapé des trentes tablettes que Ritchie avait acheté en urgence pendant sa crise, trois jours auparavant. Elle fit la moue, et lui passa le quart de son trésor.

Harry écarquilla des yeux, et elle lui enfourna le chocolat dans sa bouche, sans ménagement.

-Mâche bien et savoure, le chocolat c'est un antidépresseur naturel, un euphorisant, et même un aphrodisiaque, c'est que du bon ! Comme ça, ptetre que t'arrêtera de te plaindre une seconde ! Rigola sereinement la jeune femme, accroupie face à lui, l'air totalement dans son monde.

Ile cadet des Lance eut le vague flash, la fugace vision d'avoir croisé dans ses prisons, une jeune femme identique à celle qu'il avait en face de lui, et de lui avoir passé un peu de chocolat en cachette.

-Oh, et pour motisma aussi, bien évidemment ! Ajouta Ambre et cassant, partageant de nouveau sa tablette.

Les deux prisonniers mâchèrent, dubitatif ce qu'on leur offrait, et la frimousse de leur géölière changea radicalement. Avec le même sourire lumineux, elle leur lança une œillade aussi froide que la glace, et lâcha chantonnant :

- Allez on sert les dents pendant que Léon te chasse les mauvais effets de la cohabitation de Motisma !

Sursaut, frisson qui remonte le long de la colonne et un ordre intransigeant :

-Léon. Psyko.

Choc, Harry poussa un hurlement et tout son corps se cambra, alors que Motisma, grimaçant, partit se cacher au tréfonds de son nid, apeuré. Deux têtes s'extirpèrent de la trappe.

-Qu'est-ce que t'as fait à mon frère ?! S'égosilla Arisa, blanche, alors qu'Harry, cessait de hurler, pour laisser sa tête rouler sur son flanc, respirant bruyamment, le regard vague.

Ambre se tourna vers la jeune fille et lâcha sérieusement :

- Je déteste les gens qui se plaignent.

Un silence ébahi s'installa, seulement entrecoupé par l'orage tonitruant à l'extérieur. Sentant Arisa prête à hurler, surtout quand Harry ferma douloureusement les yeux et gémit, Ritchie intervint

-Non, ne vous en faites pas, elle a juste amoindri la puissance du Pokémon qui le hante avec Léon, pour que le véritable Harry se réveille de son cauchemar, comme il y a trois ans avec elle et un ectoplasma ! N'est-ce pas Ambre ?

Arisa se décrispa imperceptiblement, tandis qu'Ambre songeuse, s'exclamait, surprise :

-Ah oui, c'est vrai que ça fait ça aussi !

Nouveau silence, et Ritchie ricana nerveusement, jusqu'à ce qu'Arisa, bredouille, inquiète :

-Mais c'est pas dangereux pour lui ? Je veux dire…
-Normalement, il faudrait quand même lui ôter le spectre du corps. Examina Ritchie.
-Mais Motisma n'a pas l'air méchant, il est tout jeune, et ne fait que réagir aux impulsions du cauchemar éveillé D'Harry, je suis certaine qu'il n'a même pas conscience qu'il cause tous ces désagréments à son dresseur. Annonça Ambre d'une voix impliquée, irréfutable.

-Huh.

Harry eut une plainte douloureuse derrière eux, et son teint blafard, devitn presque translucide. Puis doucement, ses paupières s'ouvrirent, pour laisser entrevoir des iris mordorées, à peine dilatées, juste légèrement floues, ensommeillées.

Il leva le nez, et bafouilla, perdu, quand la frimousse désolée de sa sœur entra dans son champ de vision :

-Risa ?

La concerné eut un hoquet attendri et elle porta la main à sa bouche pour retenir son sanglot, son rire, les larmes aux yeux, le cœur gonflé d'allégresse par ce surnom. Pourtant, son cadet, ne paraissait pas plus réveillé qu'un ronflex après sa sieste digestive, il portait un regard lointain à tout ce qu'il voyait, émergeant lentement. Mais ça lui suffisait, elle l'enlaça tendrement et souffla, le gosier enraillé :

-Je suis là HaryHéry…On peut dire que tu nous as fait peur…

L'adolescent dans ses bras tressaillit mollement, et marmonna la voix pâteuse un :

-J'ai vachement faim…Et j'ai mal à la tête.

Ritchie retint Ambre de lui envoyer une belle droite, pour oser encore se plaindre dans un moment pareil. Et Arisa rit euphoriquement :

-Mais tu es là. C'est l'important. Tu m'as manquée, tu ne peux pas imaginer à quel point !

Les prunelles solaire du garçon dérivèrent sur cette sœur qui l'enlaçait, déboussolée, puis il sourit timidement avant de répondre à l'étreinte.

Soudain, un cri provenant de l'extérieur interrompit la scène.

-SORTEZ VITE DE LA ET VENEZ VOUS ATTACHER AU MAT ! Hurla un Shagi, son timbre prenant un accent totalement terrifié.

Arisa passa un bras autour de la taille de son frère, pour l'aider à se relever, et elle ne subit aucun choc électrique de la part de Motisma, terré au fond de son nid, affaibli. D'un pas cadencé, les adolescents s'extirpèrent de la cabine avec le matériel, les cordes, inquiets.

Et là, ils la virent.

A la surface de l'eau, tourbillonnante, bouillonnante à l'horizon, se dressait, mugissant, rugissant, une colonne de vent, une bourrasque joignant ciel et mer, une tornade. La brise, les vagues, tout paraissait converger vers elle, irrésistiblement. Et leur pauvre embarcation, simple feuille dans le cyclone, allait percuter le mur de puissance, de toute ses forces, de toute sa vitesse.

-On a vraiment du appuyer sur un mauvais bouton. Maugréa Ritchie dans un souffle ébahi.
-Trop cool. Contredit Ambre, des étoiles dans les yeux.

Harry, perdu, sa jambe blessée comme disloquée sous son propre poids, leva la tête, et observa la chose qui les aspirait sans la voir. Contrairement à Arisa.

-MAIS QU'EST-CE QUE T'ATTENDS POUR VIRER DE BORD !
-PARCE QUE TU CROIS QUE JE FONCE SUR CE TRUC VOLONTAIREMENT ?

Puis l'irisien écarquilla des yeux en remarquant Harry appuyé contre sa sœur. La barre lui glissa des mains et le bateau fit une embardée.

Un jet d'eau glaciale emporta violemment Arisa et son frère sous ses yeux.

Ritchie se jeta sur Ambre et Sparky pour les retenir et ils s'écrasèrent contre le mât, sans l'intervention de roigada alliée à celle du ramoloss de Daniel, s'occupant déjà de son dresseur malade, ils auraient traversé la rambarde de sécurité.

De nouveau, un roulis, et l'eau qui émerge, évacue le pont, et les adolescents aspirèrent une bonne goulée d'air tout en recrachant une bonne gerbe d'eau. Pour laisser apparaître une Arisa, sauvagement retenue par son draco shiney.

-Arisa ! Hurla Shagi.

La barre ricocha de nouveau, cette fois dans l'autre sens, et une des poignées heurta violemment la tempe du capitaine de fortune, qui roula le long du pont, en même temps que le bateau tanguait dans le sens inverse.

Arisa suspendue au dessus du vide, tenant fermement la main de son frère, sentit l'embarcation basculer, plus qu'elle ne vit la déferlante s'écraser de tout son poids sur la coque, sur elle.

Elle eut la brève impression d'être balayée de nouveau, qu'un marteau, une enclume entière lui tomba sur le bras et le « Crac » de l'ossature, cédant sous la pression, elle n'eut pas besoin de l'entendre. Harry se colla contre le mur, et Motisma paniqué émergea de l'organisme, frétillant, détestant l'eau à laquelle on l'exposait.

L'adolescent voyant cette créature, ce pokémon s'extirper de son ventre, comme si de rien n'était, hurla de terreur.

-Qu'est-ce que… !

Et là le flash, Motisma plongea ses iris azurée désolée dans celle de son dresseur, et tout lui revint, avec plus de violence, de douleur que cette masse d'eau essayant de l'anéantir une seconde plus tôt. Harry écarquilla des prunelles, et sa respiration se bloqua dans son gosier.

La vision des centaines de pokémons, qu'il adorait, coulèrent devant son regard, maltraités dans les prisons de la Team, Hélios en usant comme de vulgaires machines, et surtout, surtout, celle du garçon, chutant, ployant son l'attaque prescience qu'il avait froidement ordonné. Toute son innocence vola en éclat.

Arisa, la mâchoire serrée, les dents plantées dans sa lèvre pour retenir un cri de douleur, resserra sa prise sur son frère, alors que celui-là même se tortillait se débattait contre ses propres démons. Un mouvement sec, et son membre sain toucha celui blessé.

-HARYHERY CALME TOI OU TU ME FERAS CINQUANTE FOIS LE TOUR D'ETERNARA ! Rugit-elle par réflexe.

Le garçon se figea de stupeur, et il se tourna tremblotant vers sa sœur dans un hoquet, le regard empli de larmes.

-C'est moi qui ait fait ça ?

Draco tira de toutes ses forces sur sa dresseuse pour la ramener à bord, et Arisa se fit happer en arrière. Et comme une glissade, comme un simple accident, leurs mains se détachèrent l'une de l'autre. Alors qu'elle s'éleva, Harry chuta.

Un coup de tonnerre, un éclair, et Motsima s'extirpa du corps du garçon avant même qu'il ne se fasse engloutir par la mer. Le pokémon s'envola vers les cieux et parcouru les nuages grisâtres, fuyant en direction du nord, de Rohdes, sans autre formes de procès.

Arisa atterrit sur le pont, et dans un cri paniqué, se rua de nouveau vers la rambarde, avant de se faire arrêter par un Shagi, déterminé. La jeune femme se retourna et lui asséna une claque retentissante par réflexe, mais il tint bon, assurant sa prise.

-HARRY EST TOMBE SHAGI ! LACHE MOI ! LACHE MOI JE VAIS LE CHERCHER ! S'égosilla-t-elle. –IL NE PEUT PAS NAGER AVEC SA JAMBE !
-NON !

La réplique froide de l'irisien la tétanisa, et elle sentit à peine une cordelette se nouer autour de sa taille, pour faire un noeud identique à celui assurant Ambre, Ritchie et lui de rester sur l'embarcation. Dans le vent mugissant, la chaotique tempête d'éclair et de pluie, elle fut la seule à entendre le murmure, le sanglot étouffé de son ami, au creux de son oreille :

-Je ne te perdrai pas toi.

Puis tout c'était renversé, devant eux, passa Daniel avec son ramoloss sur le dos, le garçon le regard indescriptible, passa un pied par-dessus la rambarde, et plongea dans la mer.

Un nouveau hurlement, Ritchie retint Ambre de faire de même, et la seconde suivante, de l'autre côté, La frimousse de Daniel ressortit des flots, accompagnée de la chevelure azurée d'Harry. Avant qu'une nouvelle vague ne les emporte, accompagnée de l'auréole rosée du choc mental de ramoloss.

Les adolescents hurlèrent, se penchèrent, tous les pokémons dehors, prêts à porter secours à leurs camarades, mais un ronronnement assourdissant leur fit tourner la tête.

Les vents de la Tornade, immense colonne déformée, aux proportions grotesques, à la perspective écrasante, se dressa face à eux, dans toute sa puissance impitoyable. Et par réflexe, par instinct, les ordres plurent, plus fortement, plus promptement que celle qui leur glaçait les os depuis des heures.

Les protections des pokémons psy, les ouragans des dragons, se heurtèrent au bras de mer nature et les engloutirent goulument.

A partir de là, tout devint flou, incohérent. Juste des traits, partout, des vagues qui emportent, soulèvent, et ensuite écrasent au sol, des jets de lumières comme des nuages noirs suffocant, opaques. Et la tête qui tourne, tourne, jusqu'au bord de l'implosion. Et enfin, après un temps interminable, de hurlements, de coups, de souffles coupés, le silence, le plus totale. L'éclairci.

Ambre, plaqué au sol, à moitié assommé, entrouvrit les yeux, et contempla le ciel bleu, empli de nuage, simple rond, entrevu du paradis. Un simple ange azuré aux ailes immaculés, cotonneuse, entouré par les murs démoniaques, noirs, gris. L'œil du cyclone.

Ritchie à ses côtés, gémit, sans que les sons n'atteigne sa petite amie, et celle-ci, le regard rivé vers l'au-delà, afficha un sourire étrange, en annonçant, plus à elle, à une quelconque puissance omnisciente qui trainerait là, une pointe de défi dans la voix :

-Un jour je toucherai les nuages.

Et là, le deuxième choc, l'embarcation se heurtant, se disloquant presque totalement sans l'intervention des pokémons, en entrant dans l'autre falaise, l'autre rempart de bourrasques de cyclone. Et pour les adolescents, tout s'acheva là, ils perdirent connaissance. Là, après avoir vaincu la fureur de la nature, le regard rivé sur la teinte céruléenne perçant enfin la grisaille de leur enfer.

En revanche, pour les autres garçons, ceux ballotés, emportés par les flots, protégé par la seule force du psychisme de Ramoloss et l'aide limitée du Goboue de Daniel, le calvaire continua. Une longue descente aux enfers de dix-huit heures.
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Eléa grelotta, sur le dos de Ash, serrant convulsivement le médaillon ornant son cou. Les gémissements de ses pokémons, pour la rassurer ne l'atteignait pas, de même que les vains raisonnements tordus de Miyu, essayant tant bien que mal de la consoler.

Rien, plus rien n'existait d'autre, qu'elle, et cet immense par terre bleu ayant englouti son ami.

Sa prise se serra de nouveau sur son bien, et son souffle s'enraya. Tandis que l'écho de leur dernière scène ensemble, emplit son ouïe pour couvrir les plaintes et les condoléances, la murant dans le souvenir.

« Mon petit frère m'a envoyé un cadeau Daniel. Mais ce sont des boucles d'oreilles et je n'ai pas les oreilles percées. »

Elle ferma les yeux et se crispa plus encore sur l'emblème ornant son coup, la tige de métal contre plaqué, aux reflets d'or.

« Tiens, comme ça, je mets une boucle d'oreille en pendentif, juste à côté de mon trésor avec Lucas. Comme ça, je porte à mon cou, un souvenir des deux personnes auxquelles je tiens le plus ! Ca te va Eléa ? »

Elle ravala un sanglot et s'obligea à river de nouveau ses yeux sur la mer indifférente.

« D'accord Daniel, moi je porte la jumelle, l'autre boucle d'oreille, aussi en pendentif. Comme ça ; on sera un peu lié ! »

Soudain, éclat, étincelle dans l'outremer uniforme, et Eléa se braqua :

-Là ! IL EST LA !

Lucas sursauta derrière elle, et sans se soucier des distances, de la hauteur, il plongea. Son corps se fit aspirer, gober, sans éclaboussure, sans même écume, il disparut dans les flots. Pendant de longues secondes, Eléa scruta le tapis céruléen, Ash piqua, tournoya tel un vautour, autour de sa proie, pendant des secondes interminables.

Puis enfin, Lucas remonta, et aspira une grande bouffée d'air, Hoshi, le Millobellus se rua vers son maître, et le regard de l'adolescent, croisa celui de son pokémon, et d'Eléanore, vibrant d'inquiétude et d'espoir en lequel ils ne désiraient pas se fier de peur d'en mourir de chagrin.

Et Lucas sourit enfin, en remontant la frimousse suffocante, toussant de Daniel, blafard.

Le cœur d'Eléa rata un battement.

Le Kazamatsuri s'accrocha au cou de son ami d'enfance, épuisé, sans lâcher sa prise.

Le sang d'Eléa se glaça.

Il tenait encore fermement, un garçon, aux yeux mordorés, fixant l'invisible, vers lequel son esprit s'en était allé, abandonnant son corps meurtris pour la dernière fois, noyé.

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Lorsque Daniel avait plongé, plus par réflexe que par conscience véritable du danger, dont il était dépourvu de toute manière, il n'avait pas imaginé les conséquences. Il avait vu le schéma du sauvetage, s'imprimer dans son crâne, avec un remarquable sang froid, il avait ordonné à ramoloss de le couvrir d'un choc mental pour qu'il ne subisse pas les humeurs des courants, et il avait sorti Goboue de sa pokéball.

Le pokémon poisson avec sa naegoire dorsale avait rapidement repéré Harry, dérivant, et en trois mouvements, Daniel avait passé un bras à sa taille, et avait remonté à la surface. Le cadet des Lance avait toussé, la respiration rauque, incapable de prendre sa respiration, les lèvres déjà bleues, et ses ongles s'étaient fiché dans le bras de son sauveur dans un appel à l'aide désespéré.

Et là, Harry avait regardé Daniel, étonné, et surpris à la fois, bien vivant, et il avait sourit timidement, tristement.

« C'est tout ce que je mérite »

L'espace d'une seconde, Daniel lut au plus profond de son regard, avec toute l'objectivité, toute la clarté dont il était capable, son sens de l'analyse aiguisé et absolument impitoyable.

Ce garçon avait trahi ce qu'il était, tous ses principes. Il avait piétiné tout ce en quoi il croyait, tout ce qui fondait son être.

Et devant cet humain, cet enfant s'étouffant, qui avait blessé tout ceux qu'il aimait, tous les idéaux parsemant son enfance, perverti ses rêves les plus innocents, Daniel murmura, buvant la tasse du même coup :

-Ils te pardonneront.

Les pupilles mordorées d'Harry s'étaient illuminées, puis apaisées, et enfin, il avait fermé les yeux.

Puis ensuite, la tempête les avait surpris. Daniel avait protégé du mieux qu'il pouvait le corps disloqué du garçon, il avait nagé, des heures, et des heures, portant le garçon inconscient sur son dos. Jusqu'à épuisement, tâchant de se reposer grâce à ses pokémons pour s'économiser, essayant de résister aux éléments.

Jusqu'à ce que ses muscles, criants de douleurs, ne cessent tout simplement de fonctionner, il avança.

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Eléanore resserra sa prise sur un Daniel grelottant, emmitouflé dans une couverture chauffante. Lucas lui-même se joignit à elle, et Gabriel, retenant un sanglot soulagé.

Sur la plage, où tous les membres de Twilight s'étaient rassemblés dès l'annonce du sauvetage, le silence régnait, seulement entrecoupés de pleurs, de rires nerveux.

Samantha enlaçait Yuki, tout en contemplant les retrouvailles de loin, justes, non désirée, pas à sa place.
Cristal, auprès de son frère, chercha sa main comme soutien, et trouva celle de Silver à la place.

Gabriel en voyant son aîné, arrivé sur le rivage, blême, frissonnant d'hypothermie, porté par un Lucas inquiet, s'était jeté sur lui, laissant écouler des larmes de soulagement, rivalisant d'ingéniosité avec le diable pour le couvrir d'insultes et de reproches.

Pourtant, Daniel n'ouvrit pas la bouche, quand on lui demanda s'il avait mal quelque part, quand on soigna sa griffure à la joue, puis une nouvelle à la tempe, il ne bougea pas d'un pouce, inerte, le regard dans le vague. Il s'accrochait juste à Eléanore et Lucas, le poing ferme et tremblant comme une feuille.

« Etat de choc, ne vous en faites pas. » Expliqua simplement Aaron dans un soupir de soulagement, aux adolescents, après quelques minutes d'examen.

-Danny, ça va ? Tenta Eléa, le timbre chevrotant d'inquiétude, devant son petit ami, qui contemplait l'horizon sans ciller.

Ses pokémons, ramoloss et Goboue, exténués à ses côtés, gémirent de désolation. Et Eléa sentit, lut au fond d'eux, ces heures infernales, à lutter contre les éléments, à tirer leur dresseur à bout de force, à chaque fois qu'il cédait, que l'eau l'attirait en son sein, pour le condamner.

Doucement, elle passa une main sur son visage, contourna les traits de sa mâchoire, et l'embrassa.

Elle ne se souciait pas des yeux écarquillés de stupéfaction de Lucas, ou encore des adultes présents. Préserver le secret de leur relation lui apparut aussitôt bien dérisoire, comparée à la bataille acharnée contre les éléments qu'il avait livré, juste pour survivre. La proximité de leur mentalité en cet instant, ou peut être le geste simple, empli de tendresse après tout cette indifférence, cette cruauté de la mer dans laquelle il avait baigné, fit enfin bouger Daniel.

Il tressaillit, et ses mains serrèrent convulsivement le t-shirt d'Eléanore, avec désespoir. Ses tremblements augmentèrent, comme des spasmes, et il se nicha avec plus de crainte encore contre elle, bafouillant hasardeux :

-H-harry…Est-ce que…

Il se raidit.

Lucas baissa la tête, coupable, honteux. Et il envoya une œillade derrière lui, là où sur la plage, gisait le cadavre de Harry, entouré par ses proches.

-I-Il était déjà mort quand nous sommes arrivés Daniel. Bafouilla le brun.

L'aîné des Kazamatsuri eut un sursaut, et il chercha à se remettre sur ses jambes. Ses genoux ployèrent, il ricocha, se redressa, puis se leva enfin, titubant, vacillant. Eléanore accompagna son mouvement, et Daniel bredouilla :

-M-m-mais il était- il m'a-a p-p-parlé…il était…
-Daniel.

Gabriel serra la main de son frère, en confirmant d'une voix durement réaliste et désolée :

-Il est mort depuis au moins 12 heures.

Et cette fois ; le teint blême de Daniel, se crispa, cireux. Ses prunelles vibrantes de fatigue et d'incompréhension. Lucas ouvrait presque entendre les pensées s'entrechoquer dans le crâne de son ami, terrifié. Qui connaissait, pour la première fois peut être, la véritable peur. Mais si l'ami d'enfance de Daniel osait entrevoir le chao de l'esprit qui chamboulait son camarade, il était bien loin de la réalité.

« J'ai nagé avec un cadavre ! Faut que tu te calmes ! J'ai nagé avec un homme mort ! T'es censé être un psychopathe en devenir ! J'ai essayé de sauver un mec mort alors qu'il m'entraînait vers le fond. J'aurais pu crever ! Ca devrait pas te chambouler ! Crever comme un chien ! -Daniel, ça va, tu es tout pâle ?-Qu'est-ce que tu t'en fous après tout tu le connaissais pas, ça n'a pas d'importance ! C'est ça la peur ? Est-ce qu'il a eu peur comme ça , lui aussi, comme toi, là tu flippes ? –Daniel, tu te sens bien ? - Il avait une famille, comme toi ! Tu es ! Silence ! Tu es ! Silence ! Comme lui ! C'est con la mort hein ? Ca fait quoi à ton avis ? A ton avis, c'était des algues ce que tu sentais dans ton dos ou… ! Est-ce qu'on est tous fait pareil ? J'aurais pu mourir ! Dans le silence enfin ! Noyé ! Silence ! Noyé ! Pense à une chanson ! Tu as failli abandonner ! Le monde imaginaire ! Silence ! Lâche prise ! SILENCE !»

Et dans le fracas, dans la cacophonie des échos de ses pensées, un son strident crissa, vrilla ses tympans. Daniel ferma des yeux sous la douleur, et enfin, le silence.

La vision fugace de lui, s'emmitouflant enfin dans le fond de son lit, sous la couette, aux côtés de ses pokémons, serrant la main d'Eléanore, lui vint, et le doux apaisement, le même silence qu'il avait tant espéré, tant savouré au seuil de la mort.

Ce ne fut que quand les murmures étouffés de la panique autour de lui, lui parvint, qu'il comprit qu'il venait tout simplement de faire un malaise.

Le vacarme qui s'éleva dans son dos, tira Peter de la contemplation morbide du cadavre de son frère. Lentement, il détourna le regard, refusant d'accepter, de voir comme la dernière image, dernière expression d'Harry, ce demi sourire soulagé, ces pupilles mordorées, jumelles aux siennes, fixant l'infini.

Steven et Marc, essayaient peut être de réparer les dégâts, de donner un aspect plus supportable au cadavre, en remettant ses membres brisés droits, mais il s'en fichait à vrai dire.

Il ne comprenait pas. Il accusait le choc. Sans le saisir. Makanie avait beau pleuré contre Aaron, Marc se pincer les lèvres jusqu'au sang, Steven serrer les poings, il ne réagissait pas.

La panique dans son dos devint assourdissante, et il remarqua Daniel à terre, le visage blême, entouré par les autres, et il manqua de se ruer vers lui pour l'aider. Mais ses jambes ne bougèrent pas. Il fut incapable de quitter son cadet, de l'abandonner.

Et une pensée stupide assaillit son esprit :

« Que devait-il faire ? »

Harry comptait sur lui, il dépendait de lui, c'était son frère.

Il était mort.

Daniel revenait de loin, d'un véritable enfer, il n'avait que 16 ans, il ne mesurait qu'un mètre 56…C'était un gamin, un gamin encore un gamin.
Mais Harry était son frère !

Il oscilla, vacilla, tituba.

« Qui dois-je sauver ? »

Il se raidit tout entier, et mit un genou à terre, ployant sous les responsabilités, sous sa raison et ses sentiments.

« Daniel est vivant. Daniel est vivant encore. Harry est. Harry est… »

Ses ongles se fichèrent dans le sable avec impuissance. Et il craqua.

« Tu n'es capable de sauver personne. »

Il se recroquevilla sur lui-même, avec honte.

« C'est terminé. C'est terminé, et tu n'as sauvé personne. Tu n'as servi à rien. Tu n'as même pas été capable de sauver ton propre frère, et tu n'aideras même pas ce gosse. »

Une larme roula sur sa joue, et un rictus abominable lui échappa, un ricanement nerveux, moqueur, incompréhensible. Il ne savait même pas ce qui le rendait si euphorique, alors que sa poitrine le faisait souffrir à en crever, mais il ne pouvait pas arrêter le rire, les spasmes de le secouer, et cette pensée, tournant, et retournant.

« Maintenant, au moins, tout est terminé. »

Shagi observa Peter, céder à la pression, alors que tous les adultes présents, censés, encore en état se précipitaient vers Daniel, et il tourna des talons.

Il déambula quelques secondes sur la plage, croisa Ambre auprès d'un Ritchie, un peu perdu dans ce bazar sans nom, et enfin s'arrêta. Devant lui, Arisa, debout, tremblante, lui envoya, avec un semblant d'espérance, avec un sourire crispé, forcé, comme elle mettait toute son énergie à se persuader que le pire n'était pas arrivé :

-A-a-Alors ? Bredouilla-t-elle.

Shagi déglutit péniblement, puis, avec une lenteur, une résignation qu'il détesta, il fit un non de la tête.

La frimousse d'Arisa se décomposa, ses joues se gonflèrent, sous le choc, et enfin, enfin, céda.

Elle avait perdu, désespérément perdu, et de sa plus grande défaite, elle ne parvenait pas à se relever. Dorénavant, sa famille était brisée. Ses efforts, ses espoirs depuis plus de 10 ans, se disloquaient, vains.

Elle s'était juste battue, de toutes ses forces, de toute sa volonté, pour rien, et elle avait tout perdu.

-Hu…

Une plainte lui échappa, pitoyable, elle porta une main à ses lèvres, pour éviter de vomir, et titubante, elle se dirigea vers Shagi, contre lequel elle se colla, puis explosa en sanglots. L'irisien posa une main sur sa chevelure, et y nicha son propre visage, pour y cacher ses propres échecs.

Mais le doux roulis, des vagues, de la mer, assourdit les pleurs et les cris. Impitoyable.