Solitude et vengeance.
Il faisait nuit sur le bois près du lac Savoir. Une nuit de silence, de mort et d'agonie dans ce temps présent. Malgré les conditions météorologiques déplorables, une ombre avançait, inlassable, toujours près de ses Pokémons qu'il était quasiment impossible d'entrevoir à l'exception d'un Tyranocif fier et droit. Mon Tyranocif… qui malgré ses nombreuses blessures continuait à regarder les sapins enneigés d'un air vague et mélancolique, trait pour trait celui que j'avais quand je me rappelais sa capture en ce même lieu toujours recouvert d'une neige épaisse et glacée qui plaisait tant à Noctunoir qui, quant à lui, préféraient passer son temps à envoyer d'un air amusé certains de ces flocons sur Scorvol, mais celui-ci se contentait d'expédier nonchalamment de petits Séisme qui brisaient les masses blanches et froides, ce qui gênait mon Pokémon Mainpince.
Cette ombre à l'allure meurtrière, c'était moi. Ces Pokémons, c'étaient également les miens. Ce danger de mort… il se cachait à l'intérieur de l'un de nous, mais qui ? Et par quel moyen aurais-je pu le sauver, si personne ne percevait cette menace ?
Nous continuions donc d'avancer à travers ces ténèbres glacées dans l'espoir de trouver un endroit ou pouvoir apaiser nos jambes meurtries, lorsqu'au détour d'une de ces haies fantomatiques, il se trouvait une créature qui ne pouvait pas exister, qui n'était ni Pokémon ni humain, mais je restai comme pétrifié, immobile à la vue de ce qui chevauchait l'ignoble chose qui semblait être une grosse araignée faite d'un brouillard épais et ténébreux.
Je reconnus, masqué par les longs jets de feu follet que projetait le repoussant arachnide qui continuait de nous fixer de ses yeux rouges tout en crachant de longs jets de venin et en dardant sa langue fourchue comme celle d'un Arbok, des cheveux longs et noirs, des yeux de la même couleur obscure qui affichait un regard voilé, hanté, un visage émacié sur lequel était tracé une longue entaille qui était en fait la bouche du sinistre personnage.
C'était donc Ozarès, le spectre perché en haut de cette créature repoussante. Celui-là même qui avait tenté de nous tuer. Celui encore dont le frère avait voulu éradiquer Motisma. Ce fantôme qui avait tant tenté de détruire le monde revenait. Et cette-fois ci, il fallait combattre pour la vie… Qui serait le survivant de cette effroyable bataille ?
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Le combat débuta et malgré le fait que Heatran avait failli se retrouver englué dans une des toiles jetées par l'imposant monstre dont les longues chélicères empoisonnées frémissaient de plaisir devant la proie qui s'offrait à ses yeux, Tyranocif attrapa sans frémir un long sapin pointu et en enfonça la cime dans la tête de l'araignée, seul organe matériel dont cet être inconnu était pourvu et qui enfonçait dans le sol un long dard meurtrier d'une longueur approximative de cinquante centimètres puis me fixa de ses petits yeux rouges avant de repasser à la charge. Avec une rapidité surprenante, il se prépara à enfoncer ses crocs dans ma chair mais Tyranocif le stoppa juste à temps à l'aide d'un Coup d'Jus qui frappa le monstre d'ombre frappa de plein fouet et l'immobilisa pendant quelques instants. Rassemblant mes forces, j'attrapai une stalactite et le plantai dans la tête du monstrueux arachnide qui émit un hurlement de douleur pendant que du sang jaillissait de toutes parts, puis il se cabra avec fureur en agitant son sinistre aiguillon. Tyranocif se trouvait près de cette mortelle pointe qui l'empala soudain sur son ventre bleu tandis que, dans le même temps, l'effroyable araignée géante explosait dans des volutes de fumée pourpre.
Après que cette aura sombre fut passée, des larmes glacées coulèrent sur mes joues alors que, rejoint par les autres tout aussi ébranlés que moi, je contemplais ce qui restait de mon Tyranocif… un cadavre ensanglanté, tenant dans ses griffes un long pieu de glace et transpercé en plein cœur par un dard d'arachnide géante.
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Il était minuit lorsque dans un rayon de lune apparut la silhouette ténébreuse d'un Noctunoir. Le Pokémon à l'air pour le moins apeurant semblait avoir aperçu mon signal, car il se hâta vers moi pour recevoir les instructions suivant l'attaque.
-Va te poster où tu sais… L'autre ne verra rien tellement sa mort sera subite… dis-je avec un glacial sourire aux lèvres à mon ami nocturne qui, immédiatement, partit vers la porte en bois d'une maison de pierre à l'aspect délabré avant de se dématérialiser pour franchir une porte de bois dont le loquet à moitié brisé semblait représenter un Drattak en pleine action. Le spectre effrayant lança alors un Feu Follet sur la porte qui partit en morceaux en jonchant le sol de débris de bois. Après la suppression de cet obstacle, je me remis en route.
De toute évidence, la proie s'était aperçue qu'un intrus rôdait dans sa maison. Il prit son Shuriken en main et avança prudemment, mais Chapignon surgit en assénant un Mitra-Poing à l'homme qui s'écroula en sang. Sans autre solution que la fuite, à moitié aveuglé, celui-ci tituba alors désespérément vers la porte de derrière. Scorvol tenta de lui barrer la route vers un hypothétique salut, mais soudain, un Rhinastoc surgit de l'ombre et dévasta la moitié du cottage d'un coup de sa terrible queue. Sans plus attendre, je faisais de grands gestes avec ma faux de sorte à attirer l'attention du rhinocéros. La bête rocheuse agita ses griffes dans le but de m'empaler, mais je fis un rapide saut sur le côté tandis que Scorvol volait en lançant des Séisme sur le monstre de pierre. Le scorpion volant savait pertinemment que cela aurait une grande efficacité contre Rhinastoc, et il eut raison. Le Pokémon Perceur semble en proie à une rage démente et portait de furieux coups au hasard que le Pokémon Mystique se contentait d'esquiver facilement, tandis que je me glissais derrière lui en brandissant ma faux qui frappa la queue dont la massue retomba dans un craquement sinistre sur la tête découverte de son propriétaire. Le chemin dégagé, nous nous mîmes en route pour retrouver notre cible initiale.
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Hagard, courant à travers la forêt enneigée, Shazonar sentait que sa fin était proche et il sentait que son errance ne servirait qu'à retarder son meurtre. Car je n'avais plus qu'une chose en tête : venger mon Pokémon Armure, peu m'importaient les conséquences et ma vengeance était à portée de main, si proche que je sentais que je ne serais plus alourdi par ce fardeau. J'aurais rendu les derniers honneurs à mon Pokémon Grifacérée, et je savais que cela lui aurait plu de voir que me souvenais encore et toujours de ce regard perçant, cet air légèrement sournois et rusé qui s'affichait avec grâce sur son visage sombre…
Ce dernier souvenir de lui m'anima d'une démence bestiale. Mes yeux brillant d'une lueur rougeoyante, je dictai les ordres à mes Pokémons.
-Bon, il va falloir se répartir pour le piéger. Noctunoir, tu lanceras des Poings élémentaires depuis le dos de Scorvol. Heatran sera à côté de Chapignon pour se cacher derrière un banc de neige et lancer les Telluriforce et autres Canon Graines, quand à Aquali, tu viens avec moi !
Tout s'enchaîna très rapidement. Scorvol s'envola et descendit en piqué pour prendre Noctunoir sur son dos jusqu'à ce que le scorpion du désert ne soit plus qu'un point noir faiblement éclairé par les lueurs blafardes de la lune. Heatran tapa des ses pieds de lave sur le sol alors que Chapignon marchait devant le Pokémon Caldeira. Je fis alors signe à la sirène de me suivre.
Tout se déroula comme prévu. Scorvol finit par apercevoir Shazonar courant à travers le bois, errant comme un aveugle. Il se hâta de trouver Chapignon et Heatran qu'il informa très brièvement avant de repartir par la voie des airs.
-Il s'enfuit par le Sud-est, poursuivez-le. Ce ne sera plus long…
Le monstre de feu, satisfait de ces précieux renseignements, reprit sa route alors que Chapignon se préparait à lancer ses Canon Graines meurtriers.
Lorsque Scorvol revint vers moi, le Pokémon à l'unique œil de braise toujours sur son dos, je compris que le moment était venu. J'allais repartir lorsqu'un homme terrorisé surgit, apparemment pétrifié à la vue d'un buisson mouvant. Je vis aussitôt qui se cachait derrière l'enchevêtrement de feuilles, car tout le monde savait que Magnezone adorait jouer avec la nourriture avant de la manger. Avec un sourire glaçant, je m'approchais doucement de ma proie terrorisée. Le fixer du regard d'une telle manière me procurait une agréable sensation de vengeance, car je savais que je pourrais ainsi rendre un dernier hommage à Tyranocif.
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Tentant le tout pour le tout, Shazonar tenta de sortir se son manteau noir un Shuriken tranchant, mais il n'en eut pas le temps. En effet, Scorvol fondit en piqué, ses yeux fixant le regard apeuré de Shazonar et attrapa dans ses pinces l'arme, en prenant au passage le soin d'écorcher la main de mon ennemi pendant que Noctunoir le frappait grâce à ses Poinglaces que tous savaient surpuissant. Heatran lança alors une Telluriforce qui créa des sables mouvants dans lequel notre proie commune s'enlisa, et après que Chapignon le bombarde de Canon Graines , Shazonar commençait à s'embourber considérablement dans le piège tendu par mon rusé monstre de feu qui continuait à projeter des Déflagrations sur Shazonar. Mais alors que l'ennemi s'enbourbait jusqu'aux épaules, je me rendis compte que je serais obligé de m'enliser moi aussi. Prêt à sentir les griffes froides de la mort se refermer sur moi, je m'élançai mais Aquali utilisa sa fidèle puissance cachée pour couper en morceaux un arbre qui tomba sur le sol et fila vers le perfide entonnoir. Je m'accrochai au tronc déraciné et sautai avant de brandir ma faux et de trancher le visage osseux du dernier survivant parmi le conseil d' Ozarès. A mon grand soulagement, le piège marécageux s'estompa et tandis qu' Heatran approchait , je contemplai avec satisfaction le corps sans vie de Shazonar alors qu'une pensée traversait mon esprit:
Je l'avais fait, j'avais vengé le plus cher ami que je n'ai jamais eu de ma vie. Tyranocif… si tu m'entends, du monde des morts, sache que tu es libre de reposer en paix, je t'ai vengé. Je l'ai fait.
Je me relevai, mais une apparition surgit soudain pour prendre la forme du dinosaure de ténèbres que j'aimais tant. Le spectre, sans prononcer un quelconque mot, tendit dans un léger bruissement sa griffe vers la sortie de la forêt. Décidant de lui obéir, je me mis en marche, suivant le corps immatériel qui continuait de flotter à quelques centimètres au-dessus de la neige maculée de sang.
A suivre…