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Moi, Raichu de Mytitoune



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Informations

» Auteur : Mytitoune - Voir le profil
» Créé le 18/11/2006 à 17:23
» Dernière mise à jour le 18/11/2006 à 17:23

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Que la chasse commence !
Autour de moi, il n'y a plus personne et un rictus mauvais fend mon museau à ce constat. Qu'ils courent encore, qu'ils courent toujours… pour une fois que ce n'est pas moi… Moi, je ne fuirais plus. Je ne m'enfuirais plus face aux dangers ni aux humains, dorénavant ce sera à eux de courir. Les rôles seront inversés ! Pourquoi tentait d'échapper à un être plus faible que sois ? Je secoue la tête puis avance doucement laissant sur le sol des empreintes ensanglantées tandis que derrière moi le liquide vital continue de jaillire du corps sans vie. Un bruissement attire mon attention et je fais volte face. Une ombre se dessine sous moi prenant peu à peu la forme de l'adversaire qui me tombe dessus. Assez ! Je voudrais hurler. J'en ai assez, je suis fatigué, blessé et je n'aurais sûrement pas la force de tuer encore ! J'évite la créature qui atterrit avec agilité. Je la regarde, c'est une Raichu. Elle sent bon… tellement que je voudrais fermer les paupière et me laisser envahir par ce délicat parfum. Je me reprends prestement.
Je lui demande sèchement ce qu'elle veut. Elle dit faire partie du clan dont je viens d'assassiner le leader. Je l'informe que je m'en fou, que son identité m'indiffère et que ce n'était pas ça ma question. Elle sourit. C'est bien les femelles, ça ! Y a pas plus bizarre qu'une femelle… Elle m'apprend alors que le Raichu que j'ai exterminé était son frère. Elle m'a répondu d'une voix douce, presque caressante qui me surprend un peu, elle devrait m'en vouloir pourtant…
Je comprends soudainement que son expression amicale n'est qu'un leurre et qu'elle me hait du plus profond de son être. Moi, … ça me laisse indifférent, je suis habitué à ce qu'on éprouve pour moi ce sentiment… Je ne bouge toujours pas et mon manque totale de réaction élargit son sourire hypocrite. Je la questionne sur ses intentions et, perplexe je l'entends me proposer de devenir le chef de clan… Je sais pas quoi dire. Pas parce que j'hésite mais parce que cette situation me semble bien incongrue. Je finis par lui répondre que nan, qu'elle est folle. Elle acquiesce d'un mouvement de la tête sans se départir de sa mine qui commence sérieusement à m'horripiler, j'ai terriblement envie de lui faire ravaler son expression trop souriante qui me perturbe plus que je ne veux bien le reconnaître ! Elle avance d'un pas vers moi et je sens aussitôt mes joues se charger d'électricité… Cet acte instinctif de protection… je ne le connais que trop bien… Toujours prêt au combat, toujours à l'affût d'une agression potentielle… Même là, devant cette femelle qui ne serait même pas capable de me frôler, je reste sur mes gardes…
Bientôt elle m'explique qu'elle est juste le porte-parole de son groupe et que telle est la volonté de celui-ci. Ils veulent que je remplace le défunt… Quelle bonne blague ! C'est tout simplement hors de question ! Je suis comme un torrent, fière, libre, insaisissable, je suis mon seul maître et il n'est pas envisageable pour moi de devoir me brider, … d'avoir en charge une bande de souris inutiles et faibles…Oui, si faibles !
Je pousse un sifflement méprisant et je la sens se raidir. Elle meurt d'envie de m'attaquer, je le vois bien pourtant elle ne bouge pas et ça… ça je le comprends pas… Si j'étais dans sa position, mon interlocuteur ne serait plus de ce monde depuis longtemps déjà…
Elle se laisse insulter, laisse son clan se faire humilier, son propre frère se fait rabaisser même dans la mort, …
N'a t'elle donc aucun honneur, aucun volonté ou bien est-ce seulement un manque cruel de courage ? … Dans un sens, elle m'intrigue…
Moi, je n'arrive pas à résister à mes pulsions, ça doit faire partie de mon caractère…
Je suis mal à l'aise, je veux partir… Je l'aime pas… et visiblement c'est réciproque. J'exige qu'elle s'en aille mais elle ne bouge pas. Je crois qu'elle me nargue et je ne peux qu'admettre qu'elle est bien audacieuse d'oser me défier de la sorte après la scène à laquelle elle vient d'assister…audacieuse ou inconsciente, au choix… Je voudrais la chasser mais je peux pas… C'est une femelle et elle ne m'a pas attaqué. Je m'en prends pas aux femelles, enfin… si elles se tiennent tranquilles… Et, elle… elle ne bouge pas, elle en a pas besoin. Son immobilité parle pour elle et est plus dérangeante que si elle m'avait chargé… Je fais volte-face. Je veux plus la voir, elle me trouble et je n'aime pas cette sensation pourtant… pourtant elle m'interpelle, me conseil de rester au moins pour la nuit. Je la dévisage, impassible sans pouvoir empêcher le dédain de briller dans mes pupilles noires. Elle dit que son clan m'admire et qu'après ma victoire il a décidé de m'accorder sa protection et un terrier confortable pour la nuit… Comme si j'avais besoin d'être protéger… C'est risible toutefois je ne ris pas…je n'en est pas la moindre envie ! Elle rajoute avec amertume que c'est le terrier de son frère qui m'a été réservé et que c'est un honneur pour quiconque y pénètre.
Je sais qu'il serait judicieux de rester et de pouvoir ainsi me reposer à l'abri… cette nuit, juste cette nuit… Je souffre encore de mon dernier combat et je ne serais peut être pas en état de devoir lutter encore comme je l'ai fais un peu plus tôt… Cette idée ne m'enchante pas mais la voix de la raison est la plus forte. Avec lassitude, je hoche la tête et la suis en silence. Nous n'avançons pas bien longtemps, cinq minutes, peut être un peu plus, peut être un peu moins. Je ne saurais le dire, mon état me fait perdre la notion du temps…
Nous arrivons enfin dans un endroit dégagé où s'occupes plusieurs de mes semblables… qui ne sont d'ailleurs pas si semblable que ça… Ils me scrutent, entre inquiétude et respect. Mon poil se hérisse automatiquement et ma posture se fait menaçante. Je suis désorienté et soucieux. Je ne me sens pas à l'abris, loin de là !
La voix de la Raichu qui me précède me fait sursauter, celle-ci à perdu son timbre mielleux qui m'irritait tant. Elle me rassure en m'assurant qu'ils ne me feront aucun mal et que je suis en sûreté. Je lui réponds avec arrogance, que je n'en doutais pas et que je suis de taille à les affronter tous s'ils m'y forcent. Elle ne répond pas mais son regard me paraît triste, comme mélancolique. Elle me fait un geste pour m'inciter à la suivre et je m'exécute docilement. Elle m'entraîne un peu à l'écart. L'endroit est calme… il me plaît bien. Ce sera bien suffisant pour une nuit… Je repense un instant au foyer que j'ai abandonné malgré moi… Je repousse violemment ces regrets perfides… Ils ne nous font jamais avancer et ne sont là que pour nous freiner, entraver nos pensées et nous empêcher de regarder vers le futur. Mais quel futur… Quel futur puis-je espérer ? Non, je refuse de me projeter dans l'avenir… Vivre l'instant présent, c'est ma devise. De toute façon, je n'ai pas le choix, si je dirige ma vision vers le lendemain je n'y vois qu'obscurité et solitude… et le passé n'est guère plus réjouissant…
Le pokémon électrique s'est arrêté pour désigner mon refuge provisoire. J'y pénètre sans lui jeter le moindre regard mais je sens ses prunelles me fixer de leur lueur glaciale et accusatrice que je ne peux soutenir…

L'endroit est relativement confortable mais ce n'est, certes, pas le grand luxe. Depuis deux heures je suis rouler en boule attendant un sommeil fuyant… aussi fuyant que mes souvenirs d'enfance. J'ignore pourquoi mais la présence de ce clan a fait ressurgir en moi des images floues que je cherche ardemment à décrypter… Mes yeux voilés d'une sorte de nostalgie sont grands ouverts, scrutant le mur comme s'il était la clef, la réponse à tous mes problèmes…
Je n'ai pas froid, je n'ai plus peur désormais des bruits qui me parviennent et qui sont provoqués par mes congénères… Je ne suis pas totalement détendu non plus… mais cela fait longtemps que le silence est ma seule compagnie et ce changement radical ne me déplaît pas… Dehors la lune est haute dans le ciel… Je l'imagine plus que je ne la vois…
J'ai faim… Je m'en rends compte seulement maintenant… En venant ici j'ai remarqué un terrain idéal pour la chasse… Ça va me détendre et avec un peu de chance je pourrais m'épuiser suffisamment pour m'endormir quelques heures… Je dors si mal en ce moment que je ferais n'importe quoi pour prendre un peu de repos… Je m'étire autant que l'étroitesse de la galerie me le permet puis m'élance vers la lumière.
L'air frais m'enivre bientôt et je me dirige d'un pas vif vers le dernier paysage que verra ma proie. Je ne sais pas encore à quel pokémon je vais m'en prendre… Peut-être un Rattata… Depuis ma première chasse j'ai une préférence pour cette espèce… les Axoloto et les Fouinette sont appétissants aussi et plus facile à duper…
Je me place en position d'attente, dans une immobilité de pierre, dissimulait pas les hautes herbes… Ce soir je tuerais le premier être à passer devant moi…je verrais bien, je ne suis pas pressé…
Un léger bruissement attire mon attention et je fais pivoter mes oreilles dans l'espoir de déterminer la provenance de ce son si familier… Un pokémon maladroit aura sans doute écraser par inadvertance une brindille… Il apprendra à ses dépends à quel point le monde est cruel… Mais ce soir je serais clément … je ne ferais pas souffrir cette misérable créature que j'identifie grâce à son odeur si particulière. C'est un Spinda je n'aurais put rêver plus simple… Ce sera rapide… Approche, viens vers moi petit monstre nocturne, … avance encore…
Mon corps se tend, prêt à surgir tel un diable de ma boîte, alors qu'avec insouciance, le pokémon, inconscient du danger qui le guette, se dirige joyeusement vers sa sombre destinée, qu'il s'élance gaiement vers la Mort… Je décide qui doit vivre ou mourir… Oui, c'est moi qui décide qui doit vivre ou mourir…