Fuite et liberté
Il faisait assez sombre, dans le couloir. Satori et Hirota avançaient à pas de loup dans un couloir, et finirent par arriver face à une grande baie vitrée. La neige tombait à gros flocons, dehors, et la lune faisait ressortir leur blancheur immaculée. Cependant, quelque chose turlupinait les deux gijinkas. D'après ce que Hirota avait dit, ils avaient été capturés au même moment de l'année, et ils avaient passé environ un mois dans ce « laboratoire », donc logiquement, s'ils étaient restés un mois dans les tubes pour leur fusion, ils ne devraient plus être en hiver, mais au printemps ! Ce qui voulait dire qu'ils étaient resté beaucoup plus longtemps dans cet endroit.
Hirota tira son amie de sa réflexion en l'amenant devant une pièce fermé par une porte blindée. Satori posa sa main sur la serrure qui eut un léger déclic avant de s'ouvrir sans bruit. Dans la chambre se trouvaient leurs anciens compagnons, à savoir Akane, Keisuke, Kinji et Mizuhiro. Les deux gijinkas réveillèrent les endormis en leur faisant signe de se taire. Finalement, la petite troupe repartit sans bruit, dans le laboratoire endormi. Mizuhiro prit la tête du groupe et le mena à une autre porte, qu'elle ouvrit de la même manière que Satori l'avait fait un peu auparavant, et ils furent accueillis à bras ouverts par un Akira fraichement évolué, le sourire au lèvres, Ichiro, Danaïd et Tsubasa. Satori se demanda comment ils avaient été mis au courant mais cela attendrait. Akira les entraina à sa suite, dans les couloirs sinueux, et il semblait s'y repérer parfaitement. Soudain, ils se retrouvèrent face à face avec Yume, en chemise de nuit, une lampe de poche à la main. Danaïd eut les yeux brillant quelques secondes, puis elle se jeta dans ses bras en pleurant. La gijinka aux ailes bleues ne semblait pas comprendre pourquoi et resta sans bouger à dévisager la petite. Ichiro finit par les séparer et jeta un regard implorant à Yume.
- S'il te plait, dis-moi que tu te souviens de nous… Reviens avec nous, on va partir d'ici, on sera enfin libres !
- Mais… Je ne vous connais pas, et mon père m'a dit de ne jamais partir avec des inconnus. Mon frère et moi sommes libres, parce que nous avons été obéissants !
- Ton frère et… commença Akira. Ah, je vois… Ils t'ont dit qu'Eichi était ton frère ? Je vais te dire la vérité. Tu es une orpheline, comme nous tous. On n'a eu aucune trace de ta famille.
- Tu ne te souviens pas ? demanda Danaïd, les larmes aux yeux. Le jour où je suis arrivée à l'orphelinat, je pleurais tout le temps, personne ne venait me réconforter… Tu t'es approchée de moi, et tu m'as donné un mouchoir, tu m'as fait un câlin…
- Et la fois où tu étais tellement fatiguée que tu t'étais endormie dans ton assiette ? Dit Ichiro avec un petit rire.
Les yeux de Yume s'écarquillèrent et elle plaqua ses mains sur ses oreilles, l'air désemparée.
- Non ! Vous mentez ! Je… Je… balbutia la jeune fille.
- On ne ment pas, murmura Mizuhiro en posant sa main sur l'épaule de la jeune fille.
Yume poussa un cri et commença à se débattre. Kinji s'approcha d'elle et la frappa à la nuque, ce qui eut pour effet de l'assommer. La gijinka s'écroula par terre, et Kinji la hissa sur son dos avant de se retourner vers les autres.
- Elle a du réveiller un tas de gens, déclara le jeune homme, on ferait bien de se dépêcher.
À ces mots, le groupe se mit à courir à toute vitesse dans le couloir, jusqu'à ce qu'une porte s'ouvre violemment, manquant d'assommer Tsubasa. Eichi en sortit, en pyjama, et serra des poings en voyant l'état de Yume.
- Qu'est-ce que vous lui avez fait ???
Tsubasa se mit en garde juste devant le groupe.
- Partez devant, je vous rejoins avec le dragueur de service quand j'en aurais fini avec lui, dit-elle d'un ton glacial.
- Mais… Comment tu vas faire ??? Tu n'es pas une gijinka, dit Akira, un peu inquiet.
- Je vais t'apprendre un truc, l'intello, je n'ai pas besoin d'un quelconque pouvoir pour le mettre à terre, répliqua la jeune fille avec un sourire.
Akira soupira, et lâcha un bref « bonne chance » avant de s'élancer dans le couloir. Tsubasa eut un petit rire avant de se précipiter vers Eichi, de lui assener un coup de poing dans le ventre, et de lui faire une balayette pour le faire basculer.
- Alors, dragueur, ça te fait quoi de te faire battre une fois de plus par moi ? Déclara la jeune fille avant de s'asseoir sur lui et de lui plaquer les mains contre le sol.
Pour toute réponse, Eichi se mit à rougir violemment en fixant la poitrine de Tsubasa. Celle-ci lui flanqua une gifle.
- Espèce de pervers !!! dit-elle en multipliant les gifles.
Soudain, elle sentit une douleur à l'arrière de son cou et commença à voir trouble. Eichi se dégagea et la jeune fille s'endormit, une seringue plantée dans la nuque.
La troupe s'arrêta devant une gigantesque porte blindée. Ils étaient cernés, complètement. Enfin, c'était ce que croyaient les gardes qui à présent, fonçaient sur eux. Soudain, Satori, Mizuhiro, Kinji et Akira fermèrent les yeux, et la porte immense sortit de ses gonds, vola au-dessus des gardes et leur retomba dessus. Un vent glacial se mit à souffler, et le groupe disparut brutalement : Akira les avait téléportés à un endroit qu'ils connaissaient bien.
L'orphelinat était encore plus délabré qu'avant, comme si cela faisait des années qu'il avait été abandonné. Mizuhiro prit une grande inspiration et sourit, les larmes aux yeux.
- Cet endroit n'a jamais senti aussi bon, murmura-t-elle.
- C'est le parfum de la liberté, déclara Keisuke avec un petit rire.
- Alors comme ça, c'est de là que tu viens, Satori ? demanda Hirota en observant les lieux.
- Oui, c'est ici, dit la gijinka doucement.
- Mais… Mais tu parles !!! s'exclamèrent les autres en cœur.
- Oui… Mais pour Tsubasa, on va faire comment ?
- Ils l'ont capturée, déclara Akira. Je l'ai senti. On y reviendra plus tard pour la récupérer avec Eichi.
- Il faudra aussi qu'on offre une sépulture décente à tous ceux qui sont morts, soupira Ichiro en laissant s'échapper quelques larmes : il ne s'était toujours pas remis de la mort de Mei.
- Bon, sur ce, tout le monde au lit ! s'exclama Mizuhiro. Euh… Comment tu t'appelles ?
- Hirota, répondit l'intéressé. Ah, je vois ! Tu voudrais que je fasses un feu, non ?
- T'as tout compris !
- C'est pas la peine, déclara le jeune homme, je peux monter ma température interne jusqu'à faire bruler ce qui me touche !
- On n'aura qu'à dormir tous dans la même pièce, conclut Satori.
- Et moi j'aurais bien envie de prendre un bain, déclara Kinji.
- Déjà, pour l'eau, y'a pas de problème, dit Keisuke. Après, pour chauffer, on va avoir besoin de toi, Hirota !
Tsubasa était assise sur une chaise, les mains attachées dans le dos. Son corps était encore un peu engourdi, mais un poing percutant violemment sa joue lui rendit ses esprits.
- Où ils sont partis ??? hurla Eichi dans son oreille.
- Wow, du calme… murmura la jeune fille. Attends, ils sont partis ?
- Réponds à ma question ! hurla de nouveau le gijinka avant d'envoyer un nouveau coup de poing dans le visage de Tsubasa.
L'adolescente eut le cerveau embrumé quelques instants, puis tout devint noir autour d'elle. D'un seul coup, elle se retrouva face à Mizuhiro et Akira.
- Tu vas bien ? demanda la gijinka de Gardevoir.
- A part une joue défoncée, oui, murmura la jeune fille.
- Tu penses tenir le coup jusqu'à demain ? interrogea à son tour Akira.
- Bien sûr que oui ! Fit l'adolescente avec un grand sourire. Après un minimum de sommeil, y'aura plus rien !
- Fais attention à toi, dit Mizuhiro alors que tout se brouillait.