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Smirnoff R. 3 de Domino



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» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 04/07/2010 à 13:43
» Dernière mise à jour le 04/07/2010 à 22:56

» Mots-clés :   Action   Drame   Humour   Romance

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178 - Naissance d'un Monstre
« Si jeunes, quand j'y pense, ingénus, sans défense
Devant les errances du temps de l'innocence…
Qui vole en éclats … »

(Françoise Hardy, Le Temps de l'Innocence)

« La GUERRE... est le seul moyen de trancher les choses. Le seul moyen de voir au travers de tout un chacun. »
(Johannsen Suzuki dans « Alea Jacta Est »



Ambroisie ferma la porte de bois précieux qui ornait la chambre.

-Cette femme dort enfin… Elle est profondément traumatisée, elle a des soubresauts dans son sommeil… C'est horrible ce qu'elle a dû subir. Mais elle dort.

Nathan plissa les yeux. Tout un petit monde était assis dans le salon de Kalindra. Le service à thé était assuré par des majordomes. On pouvait compter Winnie Lindsay, Patsy Gumblow, Nigel Bonelly, Astor Benz, mais également Samuel Baroun-Banks dans un fauteuil roulant en compagnie de Mister Love-Pin, alias Brice Tramer. Derek Pentwell, Béhémoth et Ushi-Oni étaient là également. Rhumann Stockwell dégustait un brandy en compagnie de Gia et Ursula. Egalement présents, Daniel et sa femme Clarissa, pendant que leurs enfants jouaient dans une autre pièce. Ambroisie vint s'asseoir à côté de Samuel.

-Nous… sommes tous réunis ici sous l'impulsion de Samuel, admit Kalindra. Monsieur Baroun-Banks a tenu à ce que nous clarifions tous les choses.

Layton, aux côtés de Nathan, était impressionné par toutes ces têtes connues du gouvernement. Il y avait dans cette pièce de quoi faire sauter Poképolis.

-Fufufu ! Ca fait plaisir de voir que tout le monde est dans la même pièce sans se battre. Bien, nous devons d'abord déplorer avec grands pleurs la mort tragique de Melodivio Veveldini et de Terpsichore son secrétaire. Visiblement Suzuki n'avait pas besoin de s'encombrer. Le Conseil des Quatre va devoir procéder à de nouvelles élections, c'est regrettable…
-C'est de ça que vous vouliez nous parler ?! S'étonna Nigel.
-Mais non, mais non mon bon Nigel, ne soyez pas idiot voyons.

Le vieil homme noir soupira, prit une infusion et regarda tout le monde.

-Ah lala ! Je vous aime tous ! On devrait se faire ça plus souvent !
-Pourquoi j'ai besoin d'être là ? Demanda surtout Nathan.

Samuel le regarda.

-Parce que l'histoire de Suzuki vous concerne un peu.

Nathan plissa les yeux.

-Moi ?
-Et votre jeune ami aussi.
-Moi ? S'étonna Layton.
-Oui oui. Fufufufu ! Touss ! Fufu… Bien… Par où je commence… Mes sources peut-être. Il n'y a pas de bibliographie pour la simple et bonne raison que je suis né esclave de la famille de Suzuki.

Kalindra savait cela. Nigel s'en avéra plus surpris.

-Vraiment ?
-C'était commun, il y a une centaine d'années… marmonna Astor. Les familles bourgeoises comme celles de Suzuki n'aimaient pas se salir les mains aux champs ni aux travaux de maison.
-Néanmoins je pense que les notes des précédents secrétaires du gouvernement de Hoenn nous seront très utiles pour que je vous explique en détail la vie de Suzuki…
-Ca va prendre des heures… marmonna Patsy, lassé.
-Néanmoins ça n'est pas indigne d'intérêt… Tout commence dans la grande demeure des Suzuki, il y a fort, fort longtemps… Presque cent-dix ans…

***

-Poussez ! Poussez, Lucinda !

La jeune femme était en plein effort sur le lit. Elle poussait de toutes ses forces alors que les sages-femmes s'affairaient. Dehors, un grand notable, le chef du congrès, nul autre que Venceslas Suzuki, Deuxième du nom puisque son frère aîné était mort dans leur jeunesse, attendait en faisant les cent pas, observé par un étrange vieillard.

-Il va naître, Venceslas… Tu dois y croire… en ton futur garçon…

Le fils regarda le père, Johannsen Suzuki premier du nom, fondateur de la grande dynastie.

-Après six filles…
-Cinq filles.
-Cinq filles pardon… après cinq filles… C'est… forcément un peu difficile d'y croire…
-Tu as eu un frère et dix sœurs, souviens-toi.

Venceslas hocha la tête.

-C'est gentil de me soutenir, grand-père.
-Ca n'est pas gentil, c'est pour le bien de la dynastie. Un jour, l'un d'entre nous accomplira un grand destin.

Venceslas hocha de nouveau la tête.

-Le destin des Suzuki est de renverser le monde et de le faire trembler.
-C'EST UN GARCON !

L'infirmière sortit avec le bébé que la mère avait à peine eu le temps de voir. Johannsen Suzuki premier s'illumina. Venceslas prit le nourrisson gazouillant.

-Un fils… enfin…
-La loi de primogéniture et de masculinité repose sur lui.
-Johannsen Suzuki troisième du nom… Mon fils !
-Votre épouse…
-MARIANNE ! RENTRE ! ELLE PERD DU SANG !
-Quoi ?!!

L'infirmière retourna dans la chambre. Johannsen Suzuki et son grand-père quittèrent les lieux sans plus de procès avec l'enfant.


***

-C'était une période où il fallait des bottes à clous et un bon sens du coup de pied dans la gueule pour survivre. Fufufufufu !

Tout le monde sembla plutôt d'accord.

-Je continue. Johannsen a donc grandi avec des dizaines de mères différentes, son père ne se satisfaisant jamais d'une seule femme, mais ces coucheries ne vous intéressent ni ne vous concernent.
-Dommage… soupira Ushi-Oni.
-Heureusement que vous êtes gentil avec les enfants sinon je vous prendrais vraiment pour un détraqué… marmonna Clarissa.
-Je peux continuer ? Grommela Samuel.

***

-Voilà, maintenant reproduis la séquence.

Aux côtés de la jeune femme, le jeune Johannsen Suzuki, six ans, jouait une petite mélodie au piano de la maisonnée. A l'époque, c'était un jeune enfant blond beau comme un cœur, dont le visage n'inspirait qu'innocence et quiétude, habillé dans de très sages habits bourgeois. On frappa contre un mur. Johannsen regarda son père Venceslas qui venait de taper ainsi. Il ferma le piano et prit la jeune femme par le bras.

-Je ne partage pas mes appartements avec vous pour que vous sympathisiez avec l'héritier de l'empire familial !!
-Pardon…
-Dehors, souillon !

Il la jeta dehors sans plus d'épisode. Johannsen regarda son père.

-Tu n'es pas fait pour un art aussi trivial que la musique ! Seule la politique importe !! Les Suzuki règnent sur Poképolis. Leur influence est considérable et tu seras un jour de ceux qui contrôlent les ficelles ! Ne perds pas ton temps ainsi !

***

-Tiens !

La seule distraction de Johannsen, c'était la jeune voisine, une fille qui avait un an de plus que lui.

Elle lui donna une fleur. Il la regarda.

-Mets-là dans un livre, elle sèchera et deviendra très jolie !


***

Patsy, Astor, Nigel et Nathan regardaient Samuel, éberlués.

-Mais ça sert à rien, ces conneries que vous nous racontez, là !! Grommela Nigel.
-Tu m'étonnes, autant lire un des bouquins d'Ushi-Oni ! Soupira Astor.
-C'est pas aussi romantique… rétorqua le principal intéressé.
-Ca manque de baston, cette histoire… marmonna Ursula.
-Mais attendez enfin ! Grommela Samuel.
-Le maître aime à ménager ses effets… marmonna Brice.
-Bon.

***

-Merci… répondit timidement Johannsen.
-C'est quoi déjà ton nom ?
-Johannsen… Johannsen Suzuki.
-D'accord. Moi c'est Annabelle. Annabelle Gallhager !


***

Tout le monde était abasourdi.

-QUOI ?
-SERIEUX ?
-HEIN ?

Samuel ricana.

-Fufufu vous verriez vos têtes ! Fufufu ! Voilà, voilà. Le grand amour de la vie de Suzuki est Annabelle Gallhager.
-Mais alors y'a une vieille de 110 ans qui quelque part contrôle les ficelles de Gallhager ?! Geignit Nathan.

Samuel secoua la tête. Layton soupira.

-Genre une femme à la tête de Gallhager…
-Je pense que Suzuki voulait vraiment nous faire assassiner et a utilisé le nom de son grand amour en guise de nom de code. Mais c'est bien l'ancêtre de Joseph, Jethro, Esteban et tous les membres de la famille Gallhager. Je continue.

***

Johannsen regarda le Chamallot que son grand-père lui offrait dans un cérémonial des plus pompeux. Toute la ville était là, y compris Annabelle.

-A partir de maintenant, Toi, Johannsen Suzuki, troisième du nom, tu es l'héritier de tout ce que représente notre famille. Ta vie nous appartient.

Et étrangement, Johannsen, ça ne l'embêtait pas.

Autant précédemment nous avons pu voir des personnages luttant contre leur destin, tel Dexter, Jethro et Cynthia, ou même encore Roland qui luttait pour ne pas devenir comme son père, autant Johannsen avait décidé d'accepter totalement et d'embrasser à bras le corps cette destinée qu'on lui imposait.

Ce qui explique qu'il vécut si longtemps.


***

-Ensuite il y a ces évènements de la Guerre des dix-huit jours que je ne relaterais pas…
-Comment ça ? Je sais pas ça moi ! Geignit Nathan.
-Johannsen s'est fait kidnapper par un hurluberlu qui était entré dans le Palais des quatre congrès par inadvertance, et… la loge de Johannsen a explosé.

Nathan plissa les yeux. Samuel soupira.

-Ce Kidnapping lui a incidemment sauvé la vie.
-Ah ! Mais qui a fait sauter sa loge ?
-On n'en sait rien, à vrai dire, on a toujours pensé que c'était les uns, les autres… Jamais eu aucune réponse véritable ! Fufufufu !

***

Il faudrait que Samuel ait pu être là pendant le buffet après la cérémonie de remise du Chamallot à Suzuki.

-Félicitations pour ton Pokémon, Johann.
-Merci, Annabelle…
-Tu es très bien habillé !

Le jeune homme rougit.

-Merci… Ta robe est très jolie aussi…
-N'exagère pas, ce sont mes habits du dimanche…

Le gamin hocha la tête. Il ne remarquait pas le regard inquisiteur d'un homme à quelques pas d'ici. Il s'adressa à une servante.

-Excusez-moi, est-ce bien le jeune Johannsen Suzuki ?
-… oui…

L'homme avait une moustache et des favoris couleur blé. Il s'avança vers Johannsen à travers la foule. Annabelle s'éloigna de Johannsen qui la regardait, un sourire béat sur les lèvres.

-Jeune homme ?
-… Oui ?
-Permets-moi de me présenter. Oscar Price. Enchanté de te rencontrer !
-… bonjour monsieur Price.
-Dis-moi, assistes-tu déjà à toutes les réunions du Congrès que donne ton père ?
-Oh oui bien sûr monsieur, et un jour j'espère être un orateur aussi doué que lui !

Oscar hocha la tête et se frotta la moustache.

-Fort bien… Fort, fort bien. Merci jeune homme.
-De rien monsieur… ?


***

-Donc Johannsen se fait kidnapper et échappe miraculeusement à cet attentat donné par on-ne-sait-qui, sûrement par des pouilleux jaloux ou des terroristes gouvernementaux à la petite semelle. Bref…
-C'est une affaire qui n'a toujours pas été réglée, surveillez votre langage… grommela Derek.
-Je t'en prie, Pentwell, ne fais pas ton innocent… souffla Rhumann.
-Ca suffit vous deux. L'heure n'est absolument pas à ça ! Cria Kalindra.

Les deux hommes se turent. Samuel soupira.

-Et surtout : Bordel ça fait 101 ans, il y a plus que prescription. D'autant que le principal intéressé nous a quitté. Paix à son sphincter. Fufufufufu !
-Samuel… geignit Ambroise.
-Pardon. Alors… Oui. Ce n'est pas tant l'évènement en lui-même, mais ses conséquences en interne qui vont chambouler le jeune homme…

***

-COMMENT CA A PU ARRIVER ? C'EST ABSURDE ! RIDICULE ! TROUVEZ-MOI LES RESPONSABLES !! PAR L'ENFER JE TUERAIS CELUI QUE JE VERRAIS LES BRAS NON OCCUPES PAR CETTE AFFAIRE INTOLERABLE !!!

Johannsen était dans un coin, en train de sangloter. Personne ne s'occupait de lui. Tout le monde cherchait le responsable. Son père passait à côté de lui sans le voir. Là, Suzuki apprit la négligeable importance du genre humain. Bout de viande, tout n'est que bout de viande, sans importance, sans relief, sans goût.


***

-Ca veut dire qu'il ne va plus fréquenter Annabelle ? S'étonna Nathan.
-C'est plus complexe que cela… marmonna Samuel.

***

Suzuki a 11 ans.

Il a grandi avec cette idée en tête que l'humanité est un ensemble de petites choses sans importances appelées êtres.

-Ca va, Johann ? Sourit Annabelle, accoudée à la barrière qui séparait leurs maisons.

Elle lui demandait toujours si ça allait. Elle était la seule, d'ailleurs.

Une femme trainait chez Suzuki depuis quelques temps. Une de celles qui fréquentaient son père de façon étrange.

Elles étaient vides, interchangeables.

La façon dont le père traitait les femmes était symptomatique : Suzuki s'en imprégnait totalement.

-Ca va.
-Tu as l'air tellement mal depuis les évènements du Congrès…
-Je compte toujours devenir orateur là-bas, ou qui sait, Sage Résident.
-Tu pourrais faire autre chose aussi, quelque chose qui te rende heureux !
-Pourquoi aller à l'encontre du destin ? De ses rêves, de ses aspirations ? Pourquoi vouloir changer l'inéluctable ?

Annabelle haussa les sourcils.

-Je ne savais pas que ça te faisait autant envie.
-L'importance, l'envergure, ce sont des choses qui méritent qu'on s'y attardent.
-Tu parles comme un adulte !

Johannsen regarda Annabelle qui souriait. Il tordit sa bouche jusqu'à provoquer à son visage un effet similaire bien que bancal.


***

-Ca tourne à l'eau de rose… je vais vomir ! Marmonna Ursula.
-Que nenni, belle Ursula…

Rhumann, Ushi-Oni, Astor, Derek, Nigel et Patsy tirèrent la langue.

-Que nenni, car voyez-vous, cette histoire romantique que je mets tant d'emphase à raconter va être la pierre angulaire de la haine actuelle de Suzuki. Non content d'avoir été laissé pour compte après un évènement traumatisant - on a quand même essayé de le tuer étant enfant - il allait connaître l'échec amoureux le plus terrifiant et le plus classé secret-défense de tout Poképolis.
-Attendez…

Winnie Lindsay avait les larmes aux yeux. Elle avait perdu son Maître de Conseil et un ami secrétaire dans cette histoire, ainsi qu'un aîné pour lequel elle avait un minimum de respect.

-… Vous êtes sûr que cela doit sortir ? Vraiment ? Je veux dire ce pauvre vieux est mort, on ne peut pas laisser un vieillard reposer en paix avec ses secrets ?
-Un vieillard qui a tué des milliers de personnes à cause de sa guerre de merde…

Tout le monde regarda Astor.

-Et qui a osé faire croire que les agents avaient mis en place une déportation massive vers Hoenn. Même si ce type a forniqué avec un cadavre, je veux savoir quand même. Rien que pour garder le souvenir le plus misérable de ce gros tas de merde.

Winnie baissa la tête, soutenue par Patsy.

-C'était très inconvenant… grommela Patsy.
-C'est vrai. Et c'est minable qu'une fillette avec un tel potentiel se soit rangée du côté d'un monstre pareil.
-Le reste du temps, quand il ne pense pas guerre, c'est un leader très correct, il a assuré toutes ses sessions du congrès, grâce à lui, Hoenn a été prospère pendant plusieurs années, c'est devenu un havre de paix, vous êtes injuste, Astor…
-ET MAINTENANT ???

Winnie se figea. Astor était furieux.

-Savez-vous, mademoiselle, combien de citoyens de Kanto sont morts ? Combien ce matin seulement j'ai reçu de rapports m'annonçant des morts toutes plus tragiques les unes que les autres ? Vous savez que nous avons été sauvés de la mort par deux courageuses jeunes femmes qui ont désamorcé le cœur d'une bombe à fission qui allait ravager Kanto ? Vous savez que les camps de travail implantés par Suzuki ont été de vrais repères à abus et que nous voyons arriver des centaines de traumatisés ? Vous avez conscience que des centaines de jeunes gens sont morts dans des attaques toutes plus insensées les unes que les autres ?

Winnie baissa la tête. Nathan plissa les yeux, attristé par l'énumération. Astor grommela.

-Alors ne portez pas ce monstre aux nues. Il mérite tout juste de finir en litière pour Insolourdo.
-Astor… marmonna Nigel.
-Que je sache, la situation n'est pas rose à Sinnoh non plus !!
-Certes, pour autant je n'accable pas un agent innocent.

Astor hocha la tête.

-Ton amertume est compréhensible et louable. Mais Winnie n'y est pour rien.
-V… Vous ne savez pas ce que c'est que de respecter un leader de sa stature ! C'en devient du fanatisme. Même quand il a essayé de me tuer je continuais à le vouvoyer et à l'appeler Maître…

Elle fondit en larmes. Samuel soupira.

-Nous devrions faire une petite pause.

***

-Je ne peux pas croire que Gallhager ait des liens familiaux avec Suzuki… soupira Layton.

Nathan allait même plus loin.

-Gallhager avait des liens précis avec le gouvernement… qui a organisé le massacre de l'herbe rouge…
-Gallhager n'a jamais été inquiété par le gouvernement non plus… rappela Layton.

Nathan plissa les yeux.

-Dexter… Dexter a travaillé pour Gallhager… puis a été à l'encontre de… Pentwell, je dois voir Pentwell !

Nathan et Layton se dirigèrent vers Pentwell. Nathan sentait qu'il y avait quelque chose de pas net.

-Derek !

Lequel regarda Nathan et détourna les yeux.

-Han non, pas le pote du gamin que j'ai zigouillé…
-Si, c'est lui !

Layton plissa les yeux. Nathan parlait calmement, sans haine.

-Vous pourriez me confirmer que Gallhager et cie a bien un lien avec le gouvernement ?
-Tu l'as entendu, je n'ai rien pour le dénier. Si les Gallhager étaient liés à Suzuki, y'a une bonne raison…
-Quel genre de lien ?
-Je sais pas, probablement… une immunité, de ce que ça semble…
-… Dexter était soumis à cette immunité sous Gallhager, hm ?
-Ca se peut… C'était à Sinnoh, me semble t-il, qu'il a tué Esteban… marmonna Derek.

Nathan hocha la tête et réalisa.

-… en le tuant… il… a creusé sa propre tombe…

Derek haussa les épaules.

-C'est sûr qu'une fois Esteban mort…

Nathan regarda Derek qui sembla conscient d'avoir gaffé.

-… je ne vous ai jamais dit que Dexter avait tué Esteban Gallhager…
-…j'ai… déduit, c'était lui ou…

Nathan plissa les yeux. Derek soupira.

-Ok, c'est un mandat d'arrêt interrégional qui avait été lancé sur lui, sur le moment. Il y a échappé en se réfugiant en psychiatrie, mais l'attaque du stade a été le déclic. En retournant chercher mes Pokémon, j'ai reçu un appel du comité de Sinnoh qui… m'ont spécifié expressément de me débarrasser de Dexter Stone.

Nathan plissa les yeux.

-… je suis désolé mon grand.

Nathan acquiesça.

-Ok… ok.
-C'était rien de stupidement dirigé, au moins, enfin…

Derek soupira.

-Tu parles, va justifier un crime… Je suis impardonnable. Faut que j'aille voir Astor, tu m'excuses…

Nathan se retourna vers Layton.

-Bon, bah je suis fixé.
-Ouah… C'est… si… difficile d'assumer ce genre d'actes ? Je voyais pas ça comme ça…
-Tu n'as jamais tué avant, hein, Layton ?
-Bah nan…
-Alors arrête de faire comme si ce serait facile. Arracher une vie c'est aussi difficile à faire qu'à vivre, et qu'à porter aussi… Donner la mort requiert d'être assez fort pour en payer le tribut.

Layton hocha la tête.

-Je devrais quitter Gallhager et cie ?

Nathan sourit.

-Je pense qu'après tout ça, ça va être la débâcle… J'ai entendu Kalindra et Rhumann parler d'enfermer tous les membres de la famille Suzuki par mesure préventive…
-Dur ! Ricana Layton.
-Ouais… Ecoute… ça te dirait que je te fasse vivre avec moi et ma femme ?

Layton s'étonna.

-S… Sérieux ?
-Tu irais où, sinon à Gallhager ? Franchement ! Viens chez nous !
-… ouais… ouais, pas faux… C'est une proposition un peu brusque, vous voulez pas en parler à votre femme ?
-Elle sera d'accord, je pense qu'on est prêt à former une sorte de famille, ça nous apportera le changement dont on parlait avant la guerre.

Layton sembla au bord des larmes. Nathan plissa les yeux.

-Fais gaffe c'est pas sûr, elle peut refuser hein !
-Quand même, c'est gentil de me proposer…
-On verra ça quand je la reverrais.
-Hm !
-L'histoire recommence ! Cria Ursula.

Tout le monde se réunit autour de Samuel. Lequel ricana.

-J'aimerais qu'ils soient aussi attentifs au congrès quand je préside. Bref… Sautons le pas jusqu'à la date où le rapprochement fut fatal…

***

Suzuki a quatorze ans.

C'est son anniversaire, et comme chaque anniversaire, il est tout juste félicité par son père.

-Fils, c'est une année de plus dans la vie, crois-en ton grand-père, chaque année est une bénédiction. Puisses-tu dépasser la centaine.
-Mes remerciements, père.

Un rapport père-fils froid mais maîtrisé. Il n'y avait pas d'amour, juste une certaine condescendance l'un envers l'autre sans plus.

Les esclaves noires des champs étaient fascinées par la romance de la barrière. Johannsen pouvait encore difficilement mettre des mots dessus mais Annabelle, elle, avait bien conscience de ce qui se passait.

-Bon anniversaire, Johannsen ! Tu deviens un grand jeune homme.
-Merci.
-J'ai un cadeau pour toi.
-Ah oui ?
-Rejoins-moi à la grange dans… une heure.
-Je crains de ne pas pouvoir, je suis obligé à mes travaux préparatoires à la politique.

Elle sourit. Malgré sa robe bien sage et l'apparence de ses intentions, elle n'était pas le genre à s'allonger pour n'importe qui et avait vraiment choisi Johannsen avec mesure et soin.

-Et maintenant ?
-Cela prendra du temps ?
-Que tu es bête… Allons-y !

Il la suivit jusqu'à une grange qui était hors des deux propriétés. Cette grange abandonnée était le terrain des resquilleurs et des turlupinades du voisinage. Ils grimpèrent dans un endroit bien dissimulé. Le sage et bien coiffé Johannsen se trouvait à côté de la sage mais moins prude Annabelle.

-Je t'aime vraiment beaucoup, Johannsen.
-… Il nait en moi un sentiment qui pareillement m'attache à vous.
-Voudrais-tu… m'embrasser ?
-Vous… Pardi, Annabelle, cela… est profondément inconvenant, nous sommes camarades…

Elle l'embrassa. Un long baiser caramel et crème comme seuls savent en donner les jeunes filles de quinze étés. Johannsen sembla sorti d'un songe, car ce genre de baiser était de ceux qui éveillaient à une longue vie d'amour et de regards entrelacés comme le lait et le miel.

-… cela était… agréable…
-Johannsen, je pense souvent à toi, à nous…
-…

Il se permit de l'embrasser sur la bouche à son tour. Ils s'allongèrent dans le foin.


***

-C'est un rapide… marmonna Ushi-Oni.
-Oh la ferme, j'ai envie de dégueuler mes boyaux… grogna Ursula.
-C'est TROP MIGNON ! Sourirent Gia, Kalindra, Clarissa et Winnie.
-On parle d'un homme qui a causé une guerre, mesdames… soupira Béhémoth.
-Un peu de tenue les filles… grommela Rhumann.

Samuel continua.

-Le pauvre Johannsen allait se heurter à un fatum (Destin en latin, ndla) bien funeste, sans même s'en rendre compte…

***

-Où étais-tu, Johannsen ?

Johannsen rajusta son nœud papillon.

-Notre chère voisine, la jeune Annabelle, souhaitait m'offrir un présent.
-Ah… Pour… quel évènement précis ?
-La célébration de mes quatorze années, père.
-Oh. Quel genre de cadeau ?

Johannsen mentit pour la première fois à son père. Non, il ne lui dirait pas qu'ils s'étaient embrassés dans la grange, et qu'il avait même commis l'outrecuidance suprême de la toucher à des endroits que la décence ne permettait pas.

-Nous nous sommes promis d'être de bons amis pour la vie entière.
-Oh. Fort bien. Même si son amitié n'apportera rien à ton enseignement.
-J'en suis conscient, père.
-Ne passe pas trop de temps à te faire des amis. Les amis ne servent à rien d'autre qu'à nous distraire de la vraie finalité de notre existence : La bonne gestion de la patrie.

Johannsen hocha la tête. Nul désaccord avec son père. Il se doutait qu'un jour, lui, Johannsen Suzuki Troisième du Nom, serait capable de faire à sa guise et donc de vivre cette passion qui naissait en lui à la mesure de ce qu'elle pouvait fleurir.

***

Le temps passait et les rendez-vous dans la grange se multipliaient.

Aucun des deux n'était très inventif et cela se limitaient à de simples baisers. Chacun évoluait vers une puberté toujours plus vive et le fait de gagner des années n'allait rien arranger. Lorsque Suzuki eut seize ans, il sentit grandir en lui des envies qui dépassaient son entendement et sa logique infaillible de jeune homme rationnel.

-Annabelle…
-Johannsen, que…

Il commençait à la déshabiller avec gourmandise, ce qui étonna Annabelle.

-Johannsen !!
-Je vous prie de pardonner ma verve, Annabelle, mais vos chairs me fascinent, j'ai comme une envie d'être contre vous et plus encore…
-Oh, Johannsen…

Ils apprirent alors l'amour, une nuit, dans cette même grange. Johannsen agissait de façon profondément incorrecte, comme un animal, mais dieu que c'était bon. Ils vivaient là dans le péché le plus immonde, dans l'assurance d'un enfer promis, mais qu'importe : Tous deux s'étaient trouvés plus que de raison. Johannsen s'immisçait en Annabelle du mieux qu'il pouvait, avançant avec célérité dans ses chairs. La jeune femme était fort bien développée pour son âge, mais Johannsen n'aurait su dire s'il préférait d'elle ses seins blancs, son ventre mou et chaud ou ses hanches de porcelaine. Blotti contre elle, l'arme lancée au grand galop de l'invasion de son être, il se laissait aller à tout ce que son corps pouvait désirer de plaisir, de stupre et de luxure interdite.


***

Toute l'assemblée était médusée par ce récit d'un érotisme terrible.

-OUAH… marmonna soudain Layton.
-Continue ! Souffla Derek.

Daniel frappa son père à la tête.

-Obsédé !! Devant ma femme en plus !! Grommela le père de famille.
-Il faut avouer que c'est romantique ! S'enjoua Clarissa.
-Je crois que ma rate vient d'exploser… soupira Ursula.
-USHI-ONI, SORTEZ CETTE MAIN DE VOTRE…

Lequel sortit simplement un cigare. Nigel se ravisa.

-Pardon !
-C'est pas l'envie qui m'en manque mais on est en public…
-………….

Samuel soupira.

-Bref, continuons… Vint le moment critique.

***

Les repas entre Johannsen et son père Venceslas étaient très calmes. Les servantes avaient observé le ballet entre Johannsen et Annabelle. Et le regard rêveur de Johannsen était plus qu'explicite.

« Ah, Annabelle, qu'il me tarde d'explorer de nouveau les méandres de votre con de mon vit vaillant, et d'asperger ainsi de foutre les bords brûlants de votre intimité si sensible… »

-Eh bien Johannsen, est-ce l'Histoire Politique qui vous met tant en joie de si bon midi ?
-… Non, père, je suis… en train de tomber amoureux fou, je crois.
-Vraiment ? C'est une grande nouvelle. Qui est l'heureuse élue ?

Johannsen s'étonna.

-Cela ne vous choque point ?
-J'ai commencé plus tôt que vous, Johannsen !
-Oh… Eh bien… Il est peut-être malvenu de dénoncer celle qui hante ainsi mon cœur…
-L'amour est une fadaise quelque peu insignifiante mais dites toujours.
-Il s'agit d'Annabelle Gallhager.

Le père sembla surpris au point que ses couverts heurtèrent les bords de l'assiette.

-… Vraiment ?
-Oui, père… pardonnez-moi si ce choix vous incommode…
-C'est un fait, cela m'incommode.
-En quoi donc, vous pries-je ?

Et là, Venceslas se mit à marmonner très simplement :

-Il s'agit… d'un rebut, avant votre naissance, j'ai eu une fille avec votre mère, mais je voulais un fils, moi, c'est tout, alors j'étais tant aigri de frustration et de colère qu'elle a fini à l'église, mais j'ai appris plus tard qu'elle avait été recueillie par - pur hasard fort amusant, vous en conviendrez - la voisine, Madame De Gallhager ! Il serait…

Le père commença à pouffer de rire devant un Johannsen blême.

-Il serait bien ridicule que vous soyez amoureux de votre propre grande sœur ! Ohoho !

Johannsen brûla de l'intérieur. Venceslas ricana doucement, puis le rire cessa. Johannsen était tétanisé. Venceslas comprit.

-… oh seigneur… qu'avez-vous fait ?
-…
-C'est embarrassant, vous avez pu la mettre enceinte… marmonna en toute simplicité et surtout avec un calme et une sorte de dédain écrasant le propre père de Johannsen.

Johannsen ne put s'empêcher de vomir au sol.

-Oh ! Servante, venez nettoyer ! C'est répugnant, reprenez-vous, Johannsen ! C'est inconvenant pour le pédigrée familial, c'est tout. Moi quand j'avais conquis ma cousine, j'avais au moins fait bien attention d'aller par les voies qui ne donnaient pas d'enfant ! Enfin bref… Makila ! Libérez Heatran, nous avons une maison à incendier !

Le cœur de Johannsen se serra, se brisa, se macéra en miettes.


***

Stupéfaction et dégoût général. Gia était particulièrement choquée.

-P… POURQUOI RACONTER CA AVEC AUTANT DE POESIE POUR ENSUITE LACHER UNE TELLE BOMBE ?? C'EST ATROCE !
-Même moi je suis dégoûté ! Geignit Ushi-Oni.
-CONFLIT INTERIEUR !!! YOUPI !! HAAAA !!! MAMBO, JE REVIS ! Dansait Ursula.

Samuel ricana.

-Je ne suis pas mécontent de mon effet. Toujours est-il que Johannsen dut vivre avec cet acte toute sa vie. Une fois que son père, usant de l'Heatran familial, fit un bel autodafé de la maison d'Annabelle, qui périt donc dans les flammes de l'histoire - on voit d'où vient la poisse perpétuelle de cette famille… - cependant évidemment ses parents survécurent en ayant tout perdu, notamment leur fille adoptive. Ils furent chassés et s'établirent ailleurs où le scandale ne les atteindrait pas.
-Monsieur Suzuki a été déniaisé par sa sœur, c'est immonde ! Geignit Winnie.
-Mais c'est la vie ! Sourit Samuel.

Tout le monde le regarda. L'aîné noir se ravisa.

-Pardon, pardon ! Je continue.

***

Johannsen développa dès lors un mépris fulgurant pour l'humanité. Il traversait la vie en étant très respectueux des lois, mais uniquement celles de sa famille. Il fréquentait des femmes mais uniquement pour son propre plaisir, non plus pour le leur. En outre, il prononça des discours vibrants au Congrès, en lieu et place de son père qui le regardait avec fierté.

Le Premier du Nom vint à mourir. L'enterrement fut un gigantesque évènement national sans émotion. Johannsen se contentait de regarder, accompagné de son Camerupt, aux côtés de son père.

Johannsen n'éprouvait aucune rancœur contre son père qui lui avait montré la voie. Afin d'être un meilleur bras de la justice, Suzuki devint une force de la nature et pratiqua la règle du feu par le feu.

Chaque début de guerre était stoppé instantanément. Si quelqu'un osait déclarer la guerre à Poképolis ou dans Poképolis, Suzuki intervenait personnellement. La seule attaque Eruption de son Camerupt était un enfer et il était presque impossible d'en réchapper. Suzuki avait gagné une réputation de tueur de guerre mais également d'amoureux de la guerre. Entre 22 et 37 ans, il ne fit que cela.

La longue période de paix qui avait suivi son envie insatiable de stopper les guerres lui causa certes une grande nostalgie, mais lui permit aussi de se concentrer sur le travail et les affaires courantes. Hoenn devint la région la mieux gérée des quatre de Poképolis grâce à un travail acharné de Suzuki. Et surtout, il prit le temps de faire des enfants. Jusqu'à l'âge de 89 ans, il vécut de travail et d'eau fraiche. Il eut même à connaître d'affaires locales importantes durant cette période.

-Quoi ?!

Johannsen haussa ses lunettes.

-Le démineur est mort dans la manœuvre…
-Reprenez depuis le début…
-Eh bien, une bombe avait été posée devant le Building Devon… Ils ont envoyé un de leurs meilleurs éléments, mais… la bombe a sauté avec lui !
-… Que démontre le rapport d'expertise ? Souligna Suzuki.
-Eh bien d'après le témoignage du patron, le démineur en question, Erwan Smirnoff, agissait par habitude à mains nues… Et il a utilisé des outils cette fois-ci, sur impulsion de son patron.

Suzuki soupira.

-C'est absurde. Enfermez-moi cet âne.
-Pardon ?
-Le chef de la police de Hoenn, enfermez-moi cet âne bâté ! Pourquoi changer les habitudes d'employés qui travaillent bien ? Pour qu'ils se fassent tuer ?! Vous enverrez une lettre d'excuses à la famille que je vérifierais et retoucherais, puis vous la réécrirez selon mes indications et je la signerais de ma main. Mettez Plymouth en prison et remplacez-le par quelqu'un qui n'a pas le cerveau d'un Kokiyas.
-B… Bien monsieur…

***

C'est ainsi que Coralie Smirnoff avait reçu une belle lettre d'excuse qui la toucha beaucoup et qu'elle garda dans un tiroir de son étude jusqu'à la fin de sa vie. Personne ne la trouva jamais, y compris ceux à qui le meuble avait été vendu après la mort de la matriarche.

***

Vers la fin de sa vie, il avait perdu nombre de ses proches, son père était mort, la plupart de ses servantes étaient parties ou remplacées. Du fait de problèmes de santé, il s'économisait et se déplaçait en fauteuil, mais il continuait à assister aux sessions du Congrès.

D'aucun disaient que sa santé mentale allait en déclinant. Néanmoins la légende Suzuki était réelle, et tout le monde, du fait de ses parents et de ses exploits de stoppeur de guerre, respectait sa parole.


***

Derek, Rhumann et Kalindra regardaient Samuel qui soupira

-Et c'était vrai. Il y a eu des rapports indiquant un comportement violent, guerrier, des crises de colère régulières, un état mental perturbé par une jeunesse désœuvrée…

Pause de Samuel Baroun-Banks

-Mais… C'est là… que le bât blesse.

***

-Ahum…

Terpsichore entra dans le bureau de Melodivio.

-Ahum ! Secrétaire, puis-je savoir ce qui ne vous fais taire ?
-Maître, un… nouveau rapport médical… au sujet de Suzuki.

Melodivio sembla garder le silence.

-Maître ?
-… Ahmmm… C'est embarrassant… Je ne peux pas accabler Suzuki. C'est quand même grâce à lui que Hoenn est en paix actuellement.
-Maître, il est écrit qu'à terme, Suzuki pourrait… en quelque sorte, devenir fou furieux…
-Et du fond de son fauteuil tu le penses capable de faire du mal à qui que ce soit ? Ahumhumhumhum ! Allons, Terpsichore. Allons. Etouffe ça.
-Oh maître je n'aime pas étouffer des affaires !!
-Ahum-hum ! Ce n'est pas une affaire c'est un rapport de médecins. Hm ?

Terpsichore hocha la tête. Melodivio reçut un appel.

-Ahum ? Kalindra ? Une réunion des quatre conseils ? Incident à la Ligue Pokémon ? Comme c'est singulier…


***

Rhumann se retint de rire.

-Il… étouffait les rapports médicaux, et au final il s'est fait tuer par celui qu'il protégeait ?! C'est trop fort !
-Il y a autre chose de trop fort…

Tous regardèrent Nathan.

-Vous riez de Melodivio parce qu'il couvrait Suzuki, mais… et vous ? Vous n'avez rien fait pour l'arrêter. Votre intervention durant cette guerre a été minime.

Gêne générale des membres. Daniel s'avança.

-Je peux répondre à ça.
-Ah ?
-Hm. Imagine, Nathan, que… quelqu'un que tu respectes infiniment, comme une idole, s'avance pour se lancer dans une bataille stupide.

Clarissa plissa les yeux.

-Tu vas lui dire : « Non, non, n'y allez pas ! » Mais… Tu ne vas pas l'arrêter. Parce que… au fond de toi, tu sais que cette personne a tort d'y aller, mais tu respectes son choix, aussi stupide soit-il.

Clarissa hocha la tête et tapota l'épaule de Daniel. Nathan plissa les yeux et repensa à Dexter.

-… Je comprends.
-Sache que nous participerons activement à la reconstruction et que toutes les familles seront indemnisées… marmonna Derek, tout en sachant très bien que sa remarque était idiote.

Nathan acquiesça. Kalindra commença à pleurer.

-Il a raison, nous… avons été lâches…

Tous baissèrent la tête.

-Si on s'y était tous mis on aurait pu l'arrêter !
-Tu sais bien que non… marmonna Nigel.

Astor s'étonna. « Nigel tutoie son Maître de Conseil ?! »

-Je me sens tellement responsable !
-Kalindra… marmonna Nigel.

Elle s'éloigna, trop atteinte. Nigel vint la rejoindre. Samuel regarda tout le monde.

-Pour ceux qui se posent la question, ils comptent se marier !

Tout le monde acquiesça mollement comme si cette bonne nouvelle était terriblement secondaire. Winnie soupira.

-Que va-t-on faire de la dépouille de Suzuki ?

Samuel sourit.

-Ca t'intéresse, hein ?
-Bah… Oui…
-Il sera enterré de façon discrète mais avec les honneurs militaires minimum. Toutefois aux yeux du public… Il finira - paradoxalement - comme un criminel de guerre.

Winnie ferma lourdement les yeux.

***

Un de ses derniers grands faits d'arme fut la promotion de la plus jeune Agent du Gouvernement, Winnie Lindsay. Il s'était adressé à la salle en ces termes.

-Gageons que cette jeune femme saura être le fleuron de la police de notre patrie et qu'elle sera suivie comme un exemple parmi tous ses confrères. N'oublions jamais : La jeunesse… est importante, car c'est elle, la matière première des conflits futurs. Bravo à vous mademoiselle Lindsay, bon courage parmi les grands.

Winnie le remercia de son discours.

-C'est un honneur de travailler pour vous !
-Vous êtes bien délicate, jeune fille, ne vous faites pas manger par les autres agents !


***

-Et maintenant il est mort… soupira Winnie, déconfite.
-Il a quand même tué Melodivio et Terpsichore… souffla Béhémoth.
-Oui, certes… Certes… admit Winnie.
-Euh… quelque chose m'échappe… marmonna Gia.

Samuel la regarda.

-Nous savons pourquoi Suzuki était aussi ignoble - c'est désormais amplement justifié et pitié que personne ne revienne dessus - néanmoins… Pourquoi cette guerre ?!

Samuel soupira.

-C'est là que ça devient désopilant.

Tout le monde le regarda. Samuel regarda tout le monde, l'air terriblement sérieux et lâcha une dernière bombe :

-Il se savait condamné. Les médecins lui donnaient un à trois ans… Il voulait finir en beauté. C'est-ce que concluent les derniers rapports de Terpsichore…

Derek, Béhémoth, Astor, Ushi-Oni, Daniel et Clarissa semblaient assommés par une telle nouvelle.

Rhumann poussa un grognement de frustration. Gia secoua la tête et s'assied, sous le choc. Ursula lui tapota l'épaule pour la rassurer. Patsy serra Winnie contre lui, laquelle posa sa tête sur son épaule, éteinte.

Kalindra sembla soudainement moins joyeuse. Ambroisie avait la tête basse en signe de recueillement. Samuel soupira, plus très enjoué par ces histoires. Brice Tramer poussa un soupir de résignation. Nigel renonça à l'eau minérale et but un grand verre de brandy.

Nathan et Layton se regardèrent.

-Bon, bah je vais pouvoir rentrer voir mes amis. Tu viens, Layton…
-Hm…
-Oh, jeune homme…

Nathan regarda Samuel qui agita les mains. Nathan hocha la tête.

-Rien de ce que j'ai entendu ici ne ressortira. Promis.

Tout le monde dans la pièce sembla se faire la même remarque. Nathan s'arrêta.

-Je suis bête, moi, il faut que je reste pour Madame Heine !
-Monsieur Nathan quand même… soupira Layton.
-Appelle-moi Nathan.
-Ok… Nathan… sourit Layton.

***
***
***

N'aurions-nous point oublié quelque chose ?

Ah, mais si évidemment !

Je pense que tout le monde, et c'est bien normal, a été quelque peu dépité de ne pas voir en direct la scène de la mort de Suzuki.

Il est temps que cette scène précise vous soit montrée dans son intégralité. Avant que ça ne finisse dans les bonus du DVD. Ce serait fâcheux quand même.

Voici donc… La mort de Suzuki.

***

-Oui… Oui eh bien écoute c'est le travail ! Moi aussi j'aimerais te rejoindre ma chérie… Je t'aime. Si, j'te jure que je t'aime ! Crois-moi… Oh chérie…

Thomas Stottlemeyer soupira et se planta devant la porte du centre de contrôle de Suzuki.

« J'en ai marre de ce boulot… Et cette invasion des mercenaires de Trafalgar ne nous arrange pas du tout… »

Il entra et soupira sous l'odeur atroce. Il regarda Suzuki qui était vert de rage.

-Ma bombe M ! Ma belle bombe M, cette sale petite garce l'a mutilée ! Ma précieuse bombe M !!
-Great Lord, je viens vous faire mon rapport…
-Tu crois que j'ai le temps pour ton minable torchon alors que ma belle guerre est fichue à cause d'une idiote avec un Ursaring ! Un Ursaring, pfff !!

Thomas soupira, excédé.

-Mon pauvre Thomas, vous ne vivez que dans vos rapports, et chaque jour ils sont plus mauvais les uns que les autres. Reconvertissez-vous dans le…
-…jardinage… marmonna Thomas en même temps que le vieux.
-C'est bien ! Vous comprenez de mieux en mieux.
-Hm…
-Il faut croire que la putain qui vous sert de fiancée doit probablement ajouter à votre jugeote.

Thomas tiqua de l'œil.

-Je vous demande pardon ?!!
-J'ai des caméras partout. Vous batifolez ici. Ca m'est insupportable, je ne supporte pas le batifolage.
-Euh… M…
-Votre salaire sera diminué de moitié. Du vent et revenez quand vous saurez écrire un bon rapport.
-… Mais… Mais…
-Du vent !

Thomas ne bougea pas et resta figé. Suzuki tourna sa vieille tête vers lui.

-M'as-tu bien entendu au moins, petite larve sourde ?
-… Je vous ai ENTENDU, SAC A MERDE !!!

Suzuki haussa les sourcils.

-TU M'AS BIEN ENTENDU, TETE DE CUL ! C'EST COMME CA QUE TOUT LE MONDE TE TRAITE ICI ! J'EN AI MARRE !!!

Thomas balança ses papiers à la gueule de son chef, stupéfait.

-VA TE FAIRE FOUTRE TOI ET TA BOMBE DE MERDE !!! TU SAIS QUOI ? TU PEUX TE LA CARER OU JE PENSE TA BOMBE A LA CON ! JE DEMISSIONNE ! JE DEMISSIONNE ET TU PEUX ALLER TE FAIRE METTRE, VIEUX CON !

Les collaborateurs de Suzuki étaient abasourdis par le ton de Thomas qui parlait à Suzuki comme personne n'avait jamais osé lui parler, du moins personne n'était vivant pour le raconter.

L'onde de choc de la Bombe M passa, mais elle était faible à cause de la structure antiatomique de la pièce. Cependant elle fut suffisante pour provoquer la crise de Suzuki.

-Uuuuuh… Uuuuuh…
-Quoi ? QUOI ? TU VEUX TE PLAINDRE EN PLUS ??? VA TE FAIRE FOUTRE JE SUIS PLUS TON PETIT CHIEN MAINTENANT…

Thomas regarda Suzuki s'étouffer. Les collaborateurs dans la pièce le virent aussi. Le vieil homme tendit le bras vers Thomas, la larme à l'œil. Thomas ne fit pas un mouvement en direction de son maître. Pire : Il rit.

-Vous n'en avez jamais rien eu à foutre de vos semblables, vous considérez les hommes comme des cas à gérer et MAINTENANT, il faudrait que je vous sauve la vie ?

Suzuki mourut. Thomas souffla de soulagement.

-Il est mort !
-AAAAAAAAAAH !
-ENFIN !
-SORTONS D'ICI, CETTE ODEUR RONGE MA CHEMISE !
-BON SANG !
-Annoncez la fin de la guerre, vite !!
-Quelle horreur, c'était long, des siècles, j'ai eu l'impression !!
-Je vais pouvoir retrouver ma famille !!

Thomas partit froidement à la rencontre des mercenaires pour leur annoncer que leur présence était inutile en ces lieux. Et Suzuki resta seul dans le centre de commandement, mort, seul et aimé de personne. Nul ne put dire pour qui était sa dernière pensée...




... à sa sœur, peut-être ?!