Le crépuscule de l'espoir de junkolusa

Thème d'ambiance: http://www.youtube.com/watch?v=qC2q3uSNaws


Ses membres éparpillés au sol comportaient toujours certaines pierres. La déesse ressentait en elle le lien spirituel toujours intact avec ces trésors qui étaient partie intégrante de son âme. Les pierres et les morceaux de chair prirent une consistance liquide qui rampa vers le corps principal. Une fois les huit joyaux réunis la même masse, la déesse décida de jouer son dernier atout.
-Vous croyez que c'est terminé ?
Les huit gemmes entourées de cette pâte violette et visqueuse fusionnèrent en une seule sphère quasi parfaite. Cette nouvelle pierre de plus d'un mètre de diamètre était certes incomplète mais elle émit une lumière flamboyante comparable à celle d'une étoile. Le pouvoir divin était la chose la plus belle et la plus terrible qu'on ait pu voir.

Cet orbe fut submergé par les restes physiques de l'ABSOLUE. Elle se métamorphosa en une créature dont l'horreur est indescriptible. Elle se voulait à la fois meilleure que le paradis et pire que l'enfer. Le résultat était cette aberration, insulte à la vie qui montrait ce que pourrait créer la déesse lorsqu'elle aurait accompli sa renaissance. Rien ne saurait la limiter dans ses manipulations génétiques, aucune loi naturelle ou morale ne pourra s'opposer à la puissance de son imagination !
Cette forme extrême était pourpre, tenant au sol sur quatre pattes. Deux d'entre elles finissaient par quatre doigts et des griffes tranchantes alors que les deux autres étaient visqueuses et informes tel le pied de quelque limace. Les quatre membres se rejoignaient en corps allongé dont la poitrine était recouverte de fourrure blanche. Le reste était recouvert d'écailles minuscules et parfaitement bien agencées.

Deux immenses bras rouges terminés par des mains sortaient de ce corps. Les épaules étaient couvertes de coquille dure d'ou partait quatre paires de membres dans des directions aléatoires. Ces appendices n'étaient pas symétriques, on y trouvait pêle-mêle des tentacules de céphalopode, des pinces et des formes absolument introuvables sur cette planète. La déesse avait transformé son corps en une arme offensive inégalée.
Cependant, ce corps ne la satisfaisait pas encore, il lui semblait qu'il manquait quelque chose pour être encore plus monstrueuse. Déjà que l'asymétrie à tendance à être repoussante, il lui fallait un symbole de son état divin. Des ailes !
Six nouveaux membres surgirent de l'épine dorsale du monstre. Deux étaient des membranes de peau tendues par des pieux tels celles d'un Nosferalto, une aile était recouverte de plumes immaculées et les trois autres étaient des volutes d'énergie informes qui se mouvaient aléatoirement en dégageant des lumières fugitives. L'ensemble était incroyable, l'effet éphémère des éclats lumineux était un spectacle fugace et à ne pas manquer.

L'ombre fit surgir une tête surplombant l'ensemble de son corps. Son visage originel était soutenu par un réseau de quatre artères enchevêtrées. Un second visage apparut au niveau des hanches, celui ci était monté sur un long cou mais il n'avait pas d'yeux, les paupières coupées ne laissaient voir que deux trous rouges.
La fourrure de la poitrine s'ouvrit, laissant apparaître un creux dans lequel était logé la sphère lumineuse. La lumière déclina avant que les poils de platine ne se referment sur l'orbe. La divinité était une caricature de tout ce qui se trouvait sur ce monde, mais bientôt ce serait l'univers qui serait une grossière parodie de ce qu'elle était actuellement.
-La vie n'a pas de visages car elle à tous les visages. Voici mon avatar ultime.

Malgré son aspect tellement fascinant et si repoussant à la fois, les deux amants ne voyaient que l'aspect négatif de l'être ultime, sans s'apercevoir que la vraie beauté transcende l'image perçue. Un être capable de voir les rayonnements ultraviolets, infrarouges, les ondes radio et tous les rayonnements existants aurait était stupéfait. Il aurait vu que l'ABSOLUE était plus magnifique que tout, elle était d'une splendeur à couper le souffle. Mais hélas, personne sauf Arceus ne pourrait voir cet être si parfait, la véritable beauté est inaccessible au commun des mortels.

L'ABSOLUE sentait de vagues fourmillements dans le bas de son corps, la chasseuse s'acharnait à tenter de percer la couche supérieure de l'épiderme des jambes. Inutile de s'en soucier, il lui faudrait des heures pour atteindre la chair à ce train là. Les attaques du félin étaient plus des nuisances que des menaces, une simple boule de chair projetée suffisait à les contrer. Même une attaque qui traversait les défenses de la déesse s'écrasait sur la chair élastique sans causer aucun dégât.
Le félin continuait à utiliser son attaque Dard-Nuée, mais les épines irritantes étaient bloquées, des milliers d'organes apparurent dans le derme de la déesse, chacun sécrétant du poison et générant des pointes toxiques utilisées pour riposter contre les dards.

La déesse sentit alors une blessure provenant de l'un de ses membres inférieurs. La chasseuse venait de transpercer la membrane osseuse qui protégeait la chair tendre. Le parasite ne la gênerait plus longtemps, elle serait écrasée du pied, ses différents membres frappaient le sol, des lames fusaient hors de la chair et la tête montée sur le bassin essayait de happer la chasseuse dès qu'elle passait à proximité.
L'ABSOLUE ne cherchait qu'une chose : broyer son ennemie. Elle n'avait même pas fait attention au félin qui lui grimpait dessus. Elle ne perçut sa présence que tardivement mais elle n'allait pas le laisser gagner si facilement. Sa peau se distendait, se liquéfiait, aucun point d'appui ne permettait l'escalade de la déesse. Voltali ne lâchait pas prise, alors des tentacules pourpres gorgés de venin s'agitaient mais le félin mobilisait toutes ses ressources en des gestes désespérés.

Un violent tressaillement parcourut l'immense corps de la déesse. Elle venait de ressentir un sentiment de manque, comme si elle était incomplète, mutilée. C'était le cas, Voltali venait de mordre l'aile reptilienne, tranchant les muscles et les tendons qui la rattachaient au corps principal. La déesse avait un corps si étrange que la chair se régénérait rapidement et que personne n'aurait interrompu le processus de régénération en temps normal. La raison était que la viande avait un goût horriblement amer, écœurant dont le moindre contact avec la langue suffisait à vous faire rendre le contenu de votre estomac.
Malgré le goût, le chat surpassa son appréhension et cisailla l'os, tranchant le dernier lien du membre ailé qui s'écrasa au sol en un bruit peu ragoûtant. La bouillie de cellules se cristallisa vite en une couche de microcristaux violacés.

Pendant que le félin arrachait une aile, la chasseuse avait tranché l'énorme muscle visqueux servant de pied à l'aberration. Comment ces êtres si insignifiants parvenaient ils à la mettre dans cet état ? Ils n'avaient qu'une pierre alors pourquoi prenaient ils tant de risques ? Quelle est cette flamme qui les motive et les pousse à risquer jusqu'à leur vie ? Ils se battaient non seulement pour eux mêmes, mais pour le monde qui met ses espoirs en ces deux amants. C'est absolument incompréhensible, ils se battent sans demander de récompense, comme si le seul salaire qu'ils désiraient était le bonheur.
La déesse qui avait toujours trouvé une raison à tout les actes sentit tout ses jugements s'effondrer les uns à la suite des autres. Pourquoi ?
Ce seul mot suffisait à la bouleverser, à lui donner envie de les supplier de lui fournir la réponse. Mais elle ne s'abaissera pas à supplier ces idiots incapables de voir la véritable beauté qu'elle était et qui s'amusaient à la mutiler. Ils allaient devoir affronter la vraie puissance.
-Vous êtes plus forts que je ne le croyais, mais ça ne sert à rien. J'ai désormais assez de puissance pour effacer cet univers.

La déesse s'éleva, battant calmement des ailes, mis à part le moignon cicatrisé qui dénaturait son corps. La sphère de pouvoir brilla, émettant une froide lueur bleutée.
-Le temps et l'espace sont à moi … Big Bang.
Cette attaque avait un nom qui la caractérisait imparfaitement. Il s'agissait non pas de créer un univers nouveau à travers une explosion phénoménale, mais de le détruire d'abord. L'ABSOLUE voulait absorber en elle même toute la matière et toute l'énergie pour la fusionner dans la sphère. Une fois le néant absolu régnant partout et pour l'éternité, la déesse comptait relâcher toute l'énergie d'un seul coup. Par cet acte, elle bâtirait un nouvel univers à sa guise et elle serait partout. Son corps serait tout et son âme permettrait de modeler son nouveau terrain de jeu comme bon lui semblerait. Elle aurait ainsi atteint le stade ultime d'être divin. Mais, si elle découvrait d'autres univers, nul doute qu'elle ne voudrait les dominer également.

Même si son plan n'était pas encore réalisable puisqu'il lui manquait un seul fragment, l'effondrement de l'espace se mettait en place. Tout était devenu noir, ne subsistait que des milliards d'étoiles, d'astres passant avant de finir dans un trou noir qui émettait parfois un flash de lumière. Le soleil, la lune et des milliers de corps célestes glissaient dans toutes les directions mais finiraient lentement par glisser dans ce puits sans fond.
Un éclair violet déchira le ciel, preuve que Palkia faisait le maximum pour retarder l'effondrement de son œuvre. Il ne viendra pas l'arrêter, il est trop occupé et ne compte pas aider Arceus à gérer son problème, encore faudrait il que l'Alpha soit en mesure de faire quelque chose, endormi ou il était, il ne ressent pas le danger et lorsqu'il comprendrait … il sera trop tard, car le néant c'est tout.