Chapitre unique
Mon public, je lui doit tout. Y comprit mon histoire.
J'étais un Machoc. J'étais boxeur. Dans le monde ou je vivais, peu de Pokémons étaient aptes à boxer, ce qui expliquait que ce sport ne s'était jamais réellement développé. Cependant, cela n'empêchait pas la boxe d'être un sport complet où prenaient part de nombreux Pokémons combat. Comme moi. Depuis ma plus tendre enfance, je baignais dans ce milieu. Dans mon milieu.
Mes débuts furent difficiles. Bien que je fus formé pour boxer des mon plus jeune âge comme un Ponyta l'est à courir, j'étais encore très jeune lorsque j'apparus pour la première fois sur un ring. Je n'étais pas encore formé. Mes muscles commençaient juste à se développer, et je n'avais aucune expérience du combat, à part à l'entrainement. Mon adversaire, un Kicklee, rompu à l'art du combat, me mit rapidement à terre. Tout c'était passé en un éclair. Ce jour là, je m'en souvient comme si c'était hier. Et pourtant, il me parait tellement vague...
Je perdais match sur match, et j'accumulais les défaites. Personne ne pensait qu'un jour, ce petit Machoc deviendrait un grand boxeur. Pourtant, j'étais fermement décidé à y arriver.
Je me mis a remporter ça et là quelques victoires dans des foires. Ma puissance augmentait en même temps que ma force, mon expérience augmentait en même temps que ma croissance. Je multipliais les matchs, et ma notoriété augmentais en même temps. Peu à peu, je grimpais les échelons vers la victoire et vers le but que je m'étais fixé.
Je deviendrais un grand boxeur.
Un jour, j'arrivais enfin au sommet de l'échelle. J'étais connu de tous, j'avais grandit, forci, ma musculature s'était développé, mon regard s'était aiguisé, et je connaissait à présent tout sur l'art de la boxe. Ce jour là, c'était la première fois que je me trouvais sur ce ring, entouré de spectateurs particulièrement agité. Si je parvenais à mettre mon adversaire à terre, je serai le maître du ring, le plus grand boxeur de l'année, le champion en titre. En face de moi, Colossinge. Actuel champion. Grand, fort, déterminé. Je savais que le combat serai acharné, que je n'avais que peu de chance d'enlever la victoire à un adversaire aussi coriace. Mais l'expérience m'avait apprise depuis fort longtemps que, dans un match, tout peu arriver.
Un son de cloche. Un regard haineux. Crochet du droit. Crochet du gauche. Le combat s'éternisait, et aucun de nous ne semblait prendre le dessus. La fatigue se faisait sentir. Les forces déclinaient. Et notre public redoublait d'ardeur, encourageant son champion. Soudain, il glissa. Malchance impardonnable. Chute, uppercut, plaquage. J'avais remporté la victoire. J'étais le champion. Exténué, je me mis a genoux. Grosse erreur. Colossinge se releva avec peine, bouillant de rage. Crochet du droit, crochet du gauche, le cri d'une foule indignée. Et puis plus rien. Je me réveillais sur un lit d'hôpital. Mon public, fou de rage devant un tel manque de sportivité, m'avaient, selon le médecin, sauvé la vie. Multiples fractures, épuisement complet, une de mes côtes cassées avait endommagé mon poumon droit, sans toute fois le percer. Plusieurs années de soin pour un rétablissement complet. Adieu ma passion, adieu la boxe. Mais au moins, j'étais vivant.
Mon public, je lui dois tout. Y comprit la vie.
Quelques années plus tard, mon retour sur le ring. Contre tout attente. Tout à recommencer depuis le début. Réflexes à réapprendre, expérience à retrouver, muscles à redévelopper.
J'enchaînais de nouveau les défaites, ponctuées cependant de quelques victoires. Le public m'avait oublié depuis longtemps et ne me pensaient pas capable de reprendre du mordant et de renouveler mes exploits. Je gravis cependant de nouveau les mêmes échelons, retrouvant mon assurance d'antan, et contre toute attente, me retrouvais de nouveau au sommet de l'échelle. Ce même ring, mais des spectateurs bien plus violents, bien plus agités. Un Tygnon. Puissant, rapide, taillé pour la boxe. Sculpté dans la pierre avec une précision parfaite. Il avait conquis les spectateurs. C'était le champion. C'était LEUR champion. Jamais ils n'accepteraient sa défaite. Ou alors, à quel prix ?
Un son de cloche. Un regard haineux. Crochet du droit. Crochet du gauche. Le combat s'éternisait, et aucun de nous semblait prendre le dessus. La fatigue se faisait sentir. Les forces déclinaient. Impression de déjà vu. Mauvais pressentiment. Distraction. Uppercut. Je roulais dans les cordes. Un cri de victoire, un silence soudain. Je retrouvais des forces. Le sang affluait dans mes veines. Une lumière aveuglante. Évolution. Puis plus rien. Machopeur. Plus grand, plus fort, plus adroit. Plus endurant aussi. Reprise du combat. Crochet du droit. Crochet du gauche. Un adversaire épuisé, qui ne faisait désormais plus le poids contre son adversaire, rudement en difficulté quelques instant plus tôt. Uppercut. Victoire par K.O. Soulagement. Épuisement. Hurlement haineux. Les spectateurs, ivres de rage, déboulèrent en masse sur le ring. Aucun ne supportait la perte de leur champion. Crochet du droit. Crochet du gauche. Ils étaient trop nombreux. Rien ne pourrait les arrêter. Une dernière image. Cette masse hurlante et déchainée, me rouant de coup.
Mon public, je lui doit tout. y comprit la mort.