173 - Vie de Blond
« Je t'explose, je te désintègre, je te détruis toi et ta petite famille de merde. Je te prends encore UNE FOIS à la toucher de quelque façon que ce soit et tu peux dire adieu à la tranquillité parce que je te lâcherais pas, je te démonterais complètement et j'enterrerais les morceaux de ta vie de merde aux quatre coins de ce putain de monde. COMPRIS ? »
(Roland, en toute gentillesse, à Ted dans « L'enfer, enfin partie 2 » )
« Peu importe le flacon si c'est éphémère
Mais pourvu que le charme opère... »
(Etienne Daho - Les liens d'Eros)
Finn et le groupe étaient autour d'un feu sur la plage. Lily faisait à manger dans une marmite improvisée.
-Elle est prête, cette soupe ?
-Ca va hein ! C'est pas comme si vous l'aimiez !
Pandora, Mitch et Ferb agitèrent la tête, pas d'accord. Finn soupira.
-Bah voyons, tu sais cuisiner, et après ?
-C'est très utile, il parait, pour garder un homme à la maison !
-Ouais bah c'est ton seul atout à première vue…
-Vous la recrachez pas non plus, ma soupe, alors fermez votre claque-merde ! Grommela Lily.
Finn soupira en secouant la tête.
-Quelle chieuse…
-J'ai entendu !
Pandora regarda Mitch et Ferb qui haussèrent les épaules. Lily servit la soupe dans des bols.
-Bon appétit… Et vous… je sais pas !
Finn regarda Lily, blasé.
-T'es pas en position de déconner !
-Si on peut plus rire…
Lily servit de la soupe à Finn qui la prit indifféremment. Lily se servit enfin et s'assit avec les autres.
-Le plan pour demain… sluuuurp… C'est de continuer à démarcher les autres troupes. Le coup du canular de Poil de Carotte a bien marché, mais j'ai le pressentiment que ça va amener… sluuuurp, d'autres troupes plus déterminées à exterminer les dissidentes. En bref on provoquerait des morts, on deviendrait des meurtriers indirects, et même si la dénomination est super cool… sluuuurp, c'est le genre de trucs qui vous emmènent en prison. Bref on devrait réfléchir à un moyen de repérer les troupes néfastes. Même si à terme ça me déplait… sluuuuuuuuuurp… de jouer les pères-la-paix alors que je suis militaire de carrière.
Les quatre le regardaient, silencieux. C'est Ferb qui osa :
-… on peut la refaire sans Sluuuurp ?
-Tu peux arrêter de manger tes crottes de nez et de te curer les oreilles pendant que tu manges ? Enfin désolé si c'est un truc religieux dans ta famille mais bon…
-Hmph…
-C'est pas ma faute si cette soupe est pas trop dégueulasse.
Lily leva les yeux. « C'est toujours mieux que les engueulades avec Roland… »
Elle se recroquevilla. « Il me manque… je me demande si David va bien… Peut-être qu'il est mort aussi… »
Lily secoua la tête. « Pense pas à ça, ma vieille. Pense pas à la mort. »
-Demain on aura du pain sur la planche, un peu comme aujourd'hui mais en pire !
-Ouaiiiis… marmonna ironiquement Lily.
***
Ca sentait mauvais pour Léopold.
Il était en permanence dehors - ça le changeait de la chaîne de montage - surveillé par Romuald, à porter des caisses et des sacs. C'était épuisant d'autant qu'il faisait très lourd. Pénélope l'observait parfois par la fenêtre, prise de terribles remords.
-Tu souffres, hein ?
Léopold regarda Romuald qui semblait prendre un malin plaisir à observer le blond.
-…
-Tu en chies, mon pauvre.
-… tant que mes Pokémon n'en souffrent pas, eux.
Romuald haussa un sourcil.
-Ce sont mes alliés, mes amis. Moi ça n'a pas d'importance, c'est si vous les obligiez, eux, à porter des charges si lourdes, que je serais vraiment malheureux.
Romuald sourit.
-Vraiment ? Sors-les.
Léopold regarda Romuald, étonné.
-V… Non ! Vous n'oseriez pas…
-Allez !
-Les pauvres bêtes !
Romuald avança vers Léopold qui frémit.
-Tu crois que tu peux jouer avec moi ? Tu crois que tu peux jouer avec mes nerfs ?
-…
-Je t'ai au creux de ma main, sombre tâche, si je veux je peux même t'exterminer comme un vulgaire cafard, ta vie ne tient qu'à un fil.
-… J'aurais dû mettre plus de sucre roux dans ces obus !
Romuald frappa Léopold d'un coup de cravache.
-Sac…
Second coup, au retour.
-…à…
Troisième coup.
-…MERDE !!! NE ME REPARLE PLUS JAMAIS SUR CE TON !
-va chier…
Romuald releva Léopold et le fit s'appuyer contre un poteau. Il se serra contre lui, ce que Léopold fut loin d'apprécier.
-Fais bien attention à toi, Finsbury. Fais bien attention à ce que je ne m'attaque pas à toi non plus physiquement, non plus moralement mais… intimement.
-Eloigne-toi, gros dégueulasse…
-Avoue que tu aimes ça… Avoue que tu en rêves… On a tes dossiers, Finsbury… Alors comme ça on est marié, hm ?
-…
Léopold ne répondit plus rien, ne voulant rien lâcher.
-Sors tes Pokémon, et qu'ils portent les mêmes charges que toi. Et là tu vas vraiment souffrir.
-… bien, monsieur.
-C'est bien, ça. Bon garçon. Je garde ta viande molle pour plus tard.
Romuald lécha avec délectation l'oreille de Léopold qui frémit de terreur. Il s'éloigna ensuite. Léopold poussa un énorme soupir de soulagement et sortit ses Pokémon.
« C'est pas passé loin… Mais j'ai eu de la chance. »
Pénélope observait par la fenêtre, horrifiée.
***
-Oh mon Dieu, oh mon Dieu !!
-Ca va, Pénélope…
-Dire que tout est de ma faute !
Elle le soignait dans les chambres, sanglotant devant un Léopold blasé.
-Je te demande pardon, Léo !!
-Mais non tout va bien, je préfère qu'il me fasse ça à moi qu'à toi.
Pénélope allait encore pleurer.
-Dire qu'il aurait pu te…
-Qu'il essaie pour voir, il va être surpris du voyage… grommela Léopold.
-Oh seigneur !! Dire que je devrais être à ta place !!
-J'ai promis à Frank.
Pénélope regarda Léopold qui haussa les épaules.
-J'ai fait une promesse !
-T… Tu nous connaissais depuis à peine un mois !
-Je m'attache vite !
-… Tu es trop gentil, Léopold, beaucoup trop, ça va te jouer des tours.
-Je suis aussi très débrouillard, rassure-toi.
Pénélope regarda Léopold, malheureuse pour lui. Léopold regarda son alliance.
-Je dois croire en ça, et je dois aussi te protéger parce que Frank me l'a demandé.
Pénélope baissa la tête en se mordillant les lèvres.
-Rien de tout cela n'est de ta faute, Penny. Tout va bien se passer.
Elle acquiesça, peu certaine.
***
-C'est un ordre qui vient d'un commandeur ! Alors vous arrêtez cette déportation à la con ou je vous fais radier ! Comment ça, Astor Benz ? Astor Benz me lèche les pieds, général de seconde zone ! Eh ouais !
Rachel coupa la communication et soupira.
-DES FOUS CE SONT TOUS DES FOUS !
Derrière elle, en cage, Boring ricana.
-Empêcher l'impossible, c'est une belle utopie…
-La ferme. Si je n'essaie pas, je ne pourrais plus dormir tranquille. Allô ? Troupe 0054 ? Quels ordres avez-vous reçu ? Demi-tour, grosse buse ! C'est un canular de Verveine Radio ! Comment ça le message était un e-mail gouvernemental ? Pas du tout ! Je suis commandeur !! Si, si, c'est un vrai grade !!
Boring éclata de rire. Karima lui balança le contenu d'une cruche remplie d'eau.
-Ah ! Garce de mulâtre !!
-Vos insultes racistes je m'en moque. Arrêtez de rire.
-Oui eh bien si vous aviez un peu de jugeote, vous verriez que cet ordre est des plus stupides !… C'est pas parce que ça vient d'un type qui est passé à la télévision que c'est vrai !… à la radio ? Bon, bah il crie fort dans un micro mais ça va pas plus loin !…… COMMENT CA C'EST EXACTEMENT CE QUE JE SUIS EN TRAIN DE FAIRE ?
Rachel raccrocha et soupira, la tête entre ses mains.
-J'espère que je ne donne pas des envies de meurtre supplémentaires à ces types… J'espère que quelqu'un réagit… J'espère que quelques personnes se soulèvent…
-… Rachel c'est justement ce que j'étais venue te dire !
Rachel se tourna vers Karima qui lui tendit un message.
« Viva la resistancia, appel reçu, la Lady de la troupe 4465 est avec toi et se dresse contre les déporteurs pourris, toutes mes amitiés, M.Gold. »
Rachel plissa les yeux.
« M.Gold ?! Mar… Oh mon… »
***
-Feuill'Magik !!
La Roserade écarta le général.
-Misérable catin !
Marigold, dans une magnifique djellaba bleue, affrontait le général face à elle alors que le Steelix de Stacy Linderson maintenait fermé le stade qu'ils comptaient faire déporter. Les autres généraux étaient tenus en joue par Lenny, Edgar et Omar.
-J'ai peur de leur tirer dessus par inadvertance ! Geignit Lenny.
-Contente-toi de les tenir en joue ! Marmonna Edgar.
Les généraux n'étaient pas rassurés, Lenny manipulant son arme avec une certaine désinvolture.
-C'est quoi ce cran ?
-Le… cran de sureté… Tu ne l'avais pas retiré ?! S'étonna Edgar.
-Bah non !
Les généraux commencèrent à paniquer.
-Si ça se trouve depuis tout à l'heure j'aurais pu leur tirer mille fois dessus ! Ricana le nageur.
-Ouais ! Ricana Edgar, jaune.
Les généraux regardaient Omar qui hocha la tête.
-Oui, moi je suis arabe donc je sais m'en servir !
-…
Omar arma son fusil et visa les généraux.
-De plus à ce que j'ai cru comprendre, ma famille est dans ce stade, alors je suis d'autant moins retenu !
-Du calme, Omar ! Marmonna Edgar.
-Ouais, en plus t'as même pas ton cran de sûreté ! Souffla Lenny.
Lila et Gilles recrutaient les soldats des troupes démantelées.
-Et voilà ! On a au moins vingt nouvelles recrues !
-J'aurais jamais cru que cette guerre serait aussi cool… marmonna Gilles.
-J'dirais pas ça mais quand on a un but autre que « Conquérir le monde », c'est clair que ça fait plaisir ! Sourit Lila.
-Ce serait bien qu'on trouve le stade où Stuart a été confiné… marmonna Gilles.
-Hm…
Marigold procéda à l'immobilisation des généraux.
-Ces fils fondront dans huit heures, ce qui nous laisse amplement le temps de nous éloigner. Ne tentez rien de stupide, on le remarquera très vite.
-Misérable rebelle !! Vous vous exposez à une condamnation totale de la part des instances gouvernantes !
Le bavard se prit un coup de pied en pleine face. Marigold haussa les sourcils et regarda Richard qui fronça les sourcils en regardant celui qui avait trop parlé.
-QUELLES instances gouvernantes ? Les mêmes qui autorisent ce bordel ? A mon avis elles ne condamneront rien du tout !!
-…
-Eh ouais, pauvre type ! On décolle, Marigold !
-Reçu, mais avant cela, il faudrait appeler les autres régions…
-Je m'en charge… Nathalie… Nathalie ? C'est Richard Lewis ! Comment ça va à Johto ?
***
Nathalie Kane mangeait un burrito en observant ses alliés neutraliser des généraux en colère. Ils se trouvaient à proximité de Rosalia.
-C'est pas la joie mais en tant que femme mariée j'apprécie de pouvoir manger un burrito en portant un treillis. Je ne suis plus seulement grosse, je suis aussi tout à fait mettable en tant que lesbienne !
« Tu es encore plus marrante que dans notre jeunesse… »
-Tout va bien.
La fille d'Allan Personne, Cécile, usait de son Akwakwak pour emprisonner les généraux dans des sphères d'eau.
-Situation stabilisée, Madame Kane !
-Super… M'appelle pas madame, ça me fait sentir grosse, lesbienne et vieille !
-Pardon !
-Norton !! Séisme !!!
L'attaque neutralisa les généraux fuyards et les soldats trop impliqués. Adam Merridew observa les misérables qui le fuyaient.
-Hahaha ! Je me sens plus puissant chaque seconde !
-ATTENTION ADAM ! Grommela Nathalie en mangeant son burrito.
-Quoi…
Un type allait étrangler Adam en l'attrapant par derrière.
-STRADIVARI, TAILLADE !
Un Melokrik dansa et frappa avec adresse l'agresseur d'Adam qui s'écroula. Adam se tourna vers Jasper qui rajusta son chapeau.
-J'ai toujours la main !
-Et vous êtes moins bavard qu'avant, c'est un avantage… Nathalie, euh je crois que…
-… Vous devriez…
Nathalie se tourna vers les généraux qu'elle avait laissé sous la neige de Blizzaroi. Ils étaient frigorifiés.
-Ah merde fallait pas les zigouiller ?
-MAIS NAN ! Grommela Adam.
-Fallait le dire !!
***
-Tout est Ok, mademoiselle Marigold ! Nous avons bien reçu les ordres de votre frère et c'est avec plaisir que nous les suivrons !
« Je suis contente d'entendre ça ! »
Jules Chamfort dirigeait la révolte Sinnohite. Il avait bien grandi - même s'il avait toujours la même tête d'intello.
-Double Fouet Liane !!
Deux Vortente frappaient les Pokémon des généraux. Areski Marston soupira.
-Vous me rappelez mon gendre, même air d'abruti ! Ca m'énerve !
-Inutile de le prendre aussi personnellement… marmonna Jules.
-Tranche-Nuit !
Le Moufflair fonçait au travers des généraux ennemis. Les soldats étaient paniqués. Un des généraux balança un Dracaufeu.
-CREVE, CHAROGNE ! A LA GLOIRE DE SUZUKIIIII !
La femme sourit.
-Suzuki ? C'est lui la nouvelle terreur ? TONNERRE !
L'Elekable de la femme plaqua Dracaufeu au sol et le grilla complètement. Le général s'étonna et regarda la femme qui gloussait.
-La vraie terreur n'est pas d'être au service de Suzuki mais d'avoir été au service de Jethro Gallhager !
Jupiter, la seule, l'unique Justine Piterio, envoya un Etouraptor pour ramener le général à ses compagnons apeurés.
-C'est ça, réunissez-vous donc, bande d'abrutis… Vous agglutiner, c'est tout ce que vous pouvez faire !
-ALLEZ !
Jules se tourna vers Andrew et Penny qui boutaient les généraux jusqu'au cercle qu'ils formaient.
-Bien fait pour vous ! Grogna Penny, accompagnée de son Magirêve.
-A tous les coups, vous êtes des jeunes désœuvrés qui avez choisi la carrière militaire parce que c'était ça ou pointer au chômage toute votre vie… C'est minable !
Et une troupe de généraux démoralisés par Andrew, une. Penny le regarda.
-Heureusement qu'on a laissé les enfants chez ta tante, au Portugal !
-Après ça, on ira y passer des vacances !
-Bonne idée !
Jules soupira, blasé. « Sont devenus chiants, ces deux là depuis qu'ils sont en couple… »
-Et comme je suis le champion de Verchamps, vous avez la garantie que nous sommes un groupe sain dénué d'intentions idiotes !
Les soldats acquiescèrent. Lovis tendit un pouce levé à Jules qui le lui rendit.
« Monsieur Smirnoff aurait été si fier de mes choix tactiques !! » sourit Jules, fier de lui.
***
Monsieur Smirnoff était très fier. Mais certainement pas de ses choix. Il regardait les gens autour. Il commença à manger sa ration quotidienne avec calme et méthode.
-J'peux en avoir ?!
Une femme tendait les mains pour avoir à manger. Etienne lui donna quelque chose. La femme partit en souriant. Norbert arriva en marchant sur une béquille. Etienne le regarda, surpris.
-Hey.
-S… Salut Etienne.
-Content de vous voir en vie.
-J'ai encore mal, mais je vais bien. Au moins je vais bien…
Norbert s'assied. Etienne le regarda.
-Si vous me sortez un discours « J'ai vu dans la lumière que… », je vous assomme !
-Nan, nan… Je sais que vous et Linda aviez vos raisons pour ne pas venir à l'enterrement de Roland.
Etienne hocha la tête. Norbert regarda son air sombre.
-A une époque c'est vous qui me souteniez, qui étiez mon roc. J'attendais nos conversations avec impatience. Vous avez réglé tellement de choses dans ma vie…
-Norbert, je vous aime beaucoup mais là j'ai besoin d'être seul.
Norbert hocha la tête.
-Le moins que vous puissiez faire c'est de rester parmi nous.
Etienne haussa un sourcil.
-Vous m'avez dit ça quand j'ai eu mes soucis à l'académie. Linus venait de me sauver, vous êtes venu me voir pour en discuter et vous excuser d'avoir été indirectement à l'origine de mes problèmes…
-Norbert, c'est vieux tout ça, je ne suis plus le même homme…
-Si, vous l'êtes, Etienne. Quand je vous regarde, je vois le même homme rempli de tendresse pour ses semblables. Vous avez changé ma vie et pour ça je ne vous oublierais jamais.
-… et cette déclaration sert à…
-REPARLEZ A LINDA JE VOUS EN SUPPLIE !
Etienne regarda Norbert, médusé. Plus loin, les autres observaient.
-Eh merde, il chiale ! Mais c'est pas vrai, pourquoi on a envoyé super lavette faire ça ?! Grommela Jonathan.
-Je pensais qu'Etienne serait plus cool avec un boiteux… marmonna Estelle.
-Même Kate est plus virile que lui ! Souffla Linus.
-Je vous remercie pour le compliment, monsieur « Chez moi on porte des jupes ridicules et on joue de la cornemuse » ! Grommela Kate.
-Arrêtez bande d'ignorants ! Rien n'est plus choupinet qu'un Norbert en larmes ! Souffla Lionel, ému.
Etienne haussa les sourcils.
-Non !
-Non ? Pourquoi ?
-Enfin Norbert, elle a couché avec mon meilleur ami ! Je ne peux pas lui reparler comme ça !
-Mais enfin ça date d'avant la naissance de la grand-mère d'Arceus, Etienne ! Grandissez un peu !
-C'est à moi que vous dites ça ? Vous avez presque soixante balais et vous ressemblez encore à un gamin !
-Eh ouais c'est ça de prendre soin de soi en faisant du sport !
-Mouais…
-Toujours est-il que ça ne peut plus durer cette histoire idiote, il est temps que ça finisse ! Allez lui parler et pardonnez-lui.
-Impossible. Roland avait raison sur toute la ligne, il fallait qu'on ait une conversation… on l'a eue.
Norbert comprit où était le problème.
-Roland… C'est à cause de Roland que vous êtes aussi déprimé !
-J'ai vu à la télé qu'un enfant qui meurt, ça vous déprime un peu gravement, quoi…
-J…je sais ça, mais les propos de Roland ne doivent pas vous influencer comme ça !
-Norbert, imaginez que vous n'ayez jamais écouté Léopold de votre vie ! Imaginez que vous ayez l'impression d'avoir tout raté avec lui ! Au point… de ne pas pleurer à sa mort !
-V… Vous… avez juste eu une réaction digne !
-Non, Norbert. J'étais soulagé. J'étais soulagé que Roland soit mort. Un père ne devrait jamais ressentir ça.
Norbert regarda Etienne très sérieusement.
-Vous pouvez encore vous rattraper.
-… et comment ?!
-Je pense qu'au fond de lui, Roland voulait que vous soyez heureux avec Linda.
-Bah voyons…
-Maintenant que tout est clarifié, ça ne peut que repartir sur de bonnes bases.
-Vous vous entendez parler, Norbert ?!!
Norbert hocha la tête.
-Je m'entends parler. Vous et Linda ça peut se briser et se recommencer à volonté.
-Hm… Je serais plutôt du genre à n'imaginer aucun avenir…
-Etienne, il y a toujours un avenir, croyez-moi.
Etienne regarda Norbert qui regardait vers l'horizon avec un air très sérieux.
-… on est dans un stade clos, Norbert, y'a pas d'horizon…
-Je sais, je sais. Mais je le cherche attentivement !
-… c'est débile.
-Non, c'est ça la vie. On cherche un horizon là où il n'y en a peut-être pas. Vous devez reparler à Linda, même s'il n'y a pas d'horizon pour vous deux.
Etienne soupira face à un Norbert triomphant.
***
Kyle soignait les patients du mieux qu'il pouvait dans son état. David le couvait du regard, très inquiet pour son petit ami à présent borgne. Lui-même semblait batailler intérieurement avec la chose.
« Bon, il a perdu un œil, et après ?… sa vision ne sera plus jamais la même, il aura honte chaque fois que je le regarderais dans les yeux… C'est à moi de lui faire sentir qu'il n'a pas à avoir honte. Kyle m'aime avec mes cicatrices, je dois l'aimer avec les siennes. Mais pourquoi ça me perturbe autant ? Il est blessé, il a souffert, il en souffre peut-être encore… Hier j'ai voulu qu'on fasse l'amour il a refusé… Peut-être qu'il ne se sent plus désirable… peut-être qu'il n'a plus envie, qu'il se sent trop laid… »
Kyle approcha de David.
-Tu aurais des bétabloquants ?
-… euh oui… Voilà.
-Merci.
-Kyle ?
-Hm ?
-… je t'aime et tu es très beau !
Kyle regarda David de son œil unique.
-… Tu m'excuseras d'avoir du mal à jeter un coup d'œil sur toi parce que tu as l'air un peu perturbé…
-Kyle…
-Il faut dire que pour repérer les cas sociaux j'ai l'œil et le bon…
-Kyyyyyle !!!
-Ca va, fais pas la tête, bon pied bon œil !
-…
Kyle regarda David et lui adressa un sourire.
-Ca va, Dave. Ca ne me perturbe pas.
-… moi ça me perturbe un peu.
-J'avais cru comprendre. Ca ira mieux quand… j'aurais un œil de verre !
-Oh beurk Kyle !!
-Va bien falloir, j'vais pas la jouer Polyphème toute ma vie !
-… ok, là c'est plus marrant !
-Tu déconnes, ça me donne un potentiel de blagues énorme !
-T… tu es ironique ou…
-Pas du tout. Disons que je préfère bien le prendre.
David se mordilla les lèvres. Kyle soupira.
-… parce que tu te fais déjà assez de souci pour nous deux à la fois.
-… Hm…
Le téléphone de l'hôpital sonna. Une fille prit le combiné.
-David Smirnoff ?
-Oui !
David roula jusqu'au téléphone que la fille lui passa.
-Merci… Allô ?
« Mec ? C'est toi ? »
-Qui est à l'appareil ?
« C'est moi, Samuel, ton ancien collègue. J'étais à l'enterrement de ton frère. »
-Ah oui…
« Ecoute, on est au poste 23 près de Lavanville, y'aurait moyen que vous nous fassiez parvenir en masse du matériel stérile ? »
-Quoi ? Mais Samuel, le ravitaillement arrive demain pour tous les postes, non ? Vous pouvez attendre !
« Ca c'est toi qui le dit ! La situation craint ici ! »
-Vous aussi vos patients font des morts instantanées ?
« … Nan, on a juste une infection qui se balade et qui provoque des problèmes post-op… Pourquoi, vous avez des morts subites ? »
David haussa les sourcils.
« Vous êtes les premiers à m'en parler, David ! J'ai appelé les autres centres qui peuvent pas trop me livrer, mais j'aurais voulu un échantillon de matériel pour… »
David n'écoutait plus. Il chuchota au téléphone.
-Samuel !
« Hm ?! »
-… Je crois que nous ne sommes pas dans des hôpitaux… J'ai le sentiment que nous sommes dans des labos… que… nous… sommes en quelque sorte des… agents actifs dans l'avancement d'expériences bactériologiques !
« T'as lu trop de bouquins de science-fiction ! J'peux avoir mon matos alors ?! David ?! Eh ! »
David raccrocha et regarda tout le monde. Certains Pokémon arrivaient avec une banale blessure et subissaient l'étrange mort immédiate en arrivant ici. David frémit.
« Bon sang… Bon sang… Bon sang… Que feraient Papa, maman, Roland ou Lily dans une telle situation ?!! »
***
Claire était épuisée.
Toutes ses ressources passaient dans Nell. Elle avait récupéré du lait sur des Ecremeuh sauvages, récupéré des langes dans des villes abandonnées, ainsi que des vivres. Elle n'était pas fière d'elle mais elle cherchait toujours activement Malcolm. Yanmega revint d'une reconnaissance en secouant la tête.
-Hm… On va aller voir par là… Je rêve d'une douche, pourquoi ont-ils coupé l'eau… Suis-je bête sinon les maisons auraient été squattées…
Claire tenait fermement Nell contre elle. Elle avait peur que quelqu'un s'en prenne à sa fille. Plus qu'à elle-même.
« Si Malcolm était là, je pense que Nell aurait été moins en sécurité… C'est idiot de ma part de penser ça, mais si j'étais à la place de Malcolm je ne pourrais pas rester sagement dans une troupe sur un champ de bataille… Parce que s'il me cherchait aussi, on se serait retrouvés depuis longtemps… »
***
Léopold continuait les harassantes journées de travail, cette fois accompagné par ses Pokémon. Lesquels se livraient à cette activité avec effort et courage, sans rechigner.
Le problème de Léopold venait de ses réserves de croquettes Pro-Stase. Il réservait tout à Mime Junior, en rations millimétrées. A force d'être dehors et de faire de l'exercice, son Obalie, cependant, évolua en Phogleur. Léopold le regarda, attristé. Le Pokémon regarda son maître en hochant la tête. « Je vais bien. » Et Léopold s'en trouva encouragé. La pauvre Pénélope accumulait la culpabilité. Léopold se faisait régulièrement martyriser par Romuald qui semblait y prendre un plaisir sadique. Tout le monde avait remarqué un fait étrange : Quand Léopold se faisait battre ou agresser, ses Pokémon continuaient le travail sans rien dire.
***
-Vous allez par là, moi et blondasse on va de ce côté. On se rejoint devant ce rocher bizarre. Simple mission de reconnaissance, bataille en cas d'extrême urgence, vous avez des armes au cas où mais évitez de vous entretuer, ça me ferait de la paperasse.
Mitch, Ferb et Pandora hochèrent la tête.
-Schtroumpfette, je te charge de les surveiller.
-J'vais essayer… soupira la gothique, pas rassurée.
Le groupe se sépara. Lily regarda Finn, surprise.
-Quoi ?
-Vous vouliez qu'on soit seuls ou je rêve ?
-Tu rêves et laisse-moi te dire que tes fantasmes sont pourris.
-Ok, j'ai rien dit…
Finn regarda la mer. Il avait remarqué quelque chose.
-C'est quoi de l'autre côté de cette mer ? Demanda Lily.
Finn soupira.
-Le reste du monde. C'est l'océan.
-Ah…
-Ouais.
-…
-…
-… Vous avez de la famille ?
-T'as pensé à mettre des tampons ce matin ?
-Oui, d'ailleurs je me sens toute fraiche !
Finn regarda Lily avec de gros yeux.
-Quoi, j'essaie de faire la conversation, vous me rembarrez !
-J'te rembarre pas j'évite les sujets personnels ou embarrassants.
-La famille c'est personnel ou embarrassant ?
-Les deux.
-Oh, désolée, dans ce cas.
-Toi aussi ça t'embarrasse, la famille, alors ça fait deux.
-Voyons… Mon père est un professeur émérite, le professeur Etienne Smirnoff, fils d'Erwan Smirnoff, donc…
-Hm.
-Ma mère est une ancienne prof d'histoire qui a fini femme au foyer à s'occuper de nous. J'avais deux frères, je n'en ai plus qu'un. Mon frère David est un rayon de soleil, c'est un garçon timide mais super gentil…
-En même temps on est rarement timide et méchant…
-Mon autre frère était timide et méchant… Enfin on l'a découvert timide quand il est sorti avec une fille.
-Quelle vie passionnante…
-Je sais mais vous ne voulez pas raconter la votre.
-Tu peux me tutoyer, ça m'embête pas.
-Je ne tutoie que les gens que je respecte ou que je ne connais pas, je vous respecte peu et je vous connais modérément au vu du peu d'infos que vous me laissez.
-C'est du propre… Wow…
-Quoi ? Oh…
Un bateau échoué à quelques mètres de la côte. Lily et Finn approchèrent du rivage pour voir au loin la carcasse fumante.
-Ouah… Mais qu'est-ce qui s'est passé ?!
-Bah apparemment y'a un bateau qu'a été attaqué, figure-toi ! C'est pas un Léviator qui se fume un pétard là-bas au loin !
-Je suis blonde mais pas STUPIDE !
-Mais ça n'a pas de sens, y'a pas d'ennemi de l'autre côté, c'est juste l'océan. Ce bâtiment de guerre n'aurait jamais dû être attaqué comme ça… Eh merde, faut que j'aille voir. Au cas où y'ait des survivants.
-Z'êtes marrant, comment on…
Finn sortit un Milobellus. Lily resta choquée sur le moment.
-Tu peux grimper sur ton Békipan si ça t'embête pas, Milo n'aime pas transporter deux personnes à la fois…
-…….M… Milo…. Mais…
-Quoi ? Oui, Milo, c'est un mâle !
-UN MALE ? MAIS NON ! Un Milobellus c'est censé être que femelle !!
-Jamais de la vie, t'as vu jouer ça où ?!
-Mais c'est un Pokémon de fille !!
-Va dire ça à tous les crétins qui pensaient aussi ça et qui se sont fait exploser par son Hydrocanon… C'est une terreur, mon Milobellus, et mon Pokémon préféré par ailleurs.
-… Vous êtes TROP BIZARRE comme mec !! Un Muciole, un Riolu et maintenant un Milobellus !
Finn leva les yeux au ciel et sortit un Cadoizo. Lily grimaça.
-J'ai lui, aussi. Plutôt sympa comme Pokémon.
Finn rappela le Pokémon qui commençait à saluer son maître d'un garde à vous. Lily plissa les yeux.
-Je suis désolée mais ça m'intrigue, comment un type avec un caractère comme le votre… a des Pokémon comme ça ?!
-Tu juges les gens à leurs Pokémon ?
-Non, non, c'est pas ce que je veux dire, moi-même j'ai un Rattatac, c'est pas un Pokémon très féminin, c'est clair, et mon frère David a un Corayon !
-Eh bah alors ?!
-Oui mais il est homosexuel donc à la limite ça prend sens…
Finn regarda Lily, pas très convaincu voire intrigué.
-… mouais, je crois que t'es aussi étroite d'esprit que le détroit de Gibraltar…
-Le quoi ?!
-On y va, si y'a des survivants, ils doivent déjà être en train de crever à cause de tes simagrées.
-Je fais pas de simagrées !
Finn se mit debout sur le dos de son Milobellus qui emprunta la mer. Lily soupira.
« Je voulais juste en savoir plus… J'aime pas les garçons comme ça qui se donnent un air mystérieux. »
Elle monta sur Békipan et suivit Finn.
***
Kyle regardait David, stupéfait.
-Wow… Je croyais que se faire retirer un œil blessé c'était un truc extrême mais là David tu surpasses tout…
-Mon Corayon a été sujet à leurs expériences, j'aimerais juste voir comment Blyth réagirait si je lui en parlais !
-Si elle est bien avec eux, tu risques un peu de te faire exploser la gueule !
-…
-Laisse, David. On fait notre boulot, c'est tout.
-Et si nos Pokémon étaient touchés par ces expériences ? Kyle !
-David, laisse trainer !
David regarda Kyle, stupéfait.
-… tu savais…
-Quoi ?
-Enfin Kyle, tu ne me demanderais jamais de laisser trainer si… Oh mon DIEU c'est pour ça que tu ne veux plus qu'on fasse quoi que ce soit au lit ?!
-C'est absurde, Dave, tu t'entends parler ?!!
-Mais si ça prend sens !! Tu sens bien que quelque chose ne va pas ici alors tu fais en sorte que tout paraisse presque normal…
Kyle saisit les épaules de David et se mit à son niveau. Kyle avait l'air énervé mais très conscient de ce qu'il faisait.
-David, nous sommes en SECURITE ici, nous avons le gite et le couvert, et avec ta situation on ne pourrait pas être mieux ! Tu sais ce qui se passe dehors ? J'ai écouté la radio avec Blyth dans le sous-sol, ils déportent les civils jusqu'à Hoenn ! Tu sais combien ça me ferait mal de te savoir déporté ? TU SAIS ???
David regarda Kyle et recula, se détachant de son étreinte.
-Je sais. Mais… Je refuse de participer aux actes de la même engeance qui déporte. Au risque de te déplaire… je vais parler à Blyth.
-Si tu fais ça, je romps.
David regarda Kyle, surpris.
-QUOI ?
-David, je veux qu'on reste ici. On est bien, on est en sûreté !
-… t… mais… Mais Kyle ça n'est qu'un poste de soins de guerre ! Cette femme, on ne la reverra pas après tout ça !! Tu te rends compte des proportions que ça prend !
-Blyth veille sur nous, David. Qu'elle fasse des expériences, après, ça ne me concerne pas.
David regarda Kyle, terrassé par l'impact de ses mots.
-… ok, je dirais rien…
-Merci David. Je suis désolé que ça heurte à ce point tes convictions.
-… Je suppose que… je dois t'écouter.
-J'agis pour notre bien.
Kyle arma une seringue et injecta le produit dans un Tetarte blessé. David plissa les sourcils. Le Pokémon convulsa et commença à mourir. David écarquilla les yeux. Les larmes coulaient sur le visage de Kyle.
-J'ai passé un contrat, David. Je peux pas m'en dégager…
-…
-Si jamais… si jamais je… Elle nous expulsera si je renonce à…
Kyle s'assied, anéanti. David fronça les sourcils et roula vers le fond de l'hôpital.
***
-Wow… Pas un seul survivant… marmonna Finn.
-Quelle horreur…
Des corps flottaient à la surface. Lily et Finn n'avaient pas besoin d'aller dans le bateau qui était à moitié coulé.
-… On…
-Retourne sur la plage, ça servait à rien, tout compte fait… Je me suis inquiété pour rien…
Le Békipan de Lily fit demi-tour. Quelque chose intrigua Finn. Il approcha d'une plaque de militaire qui flottait.
« … oh merde… »
Il regarda le cadavre qui flottait à proximité et retourna une femme, morte, le regard dans le vague.
« Eva… Merde… La troupe spéciale d'infanterie numéro 1... »
-AAAAAAAAAAAAAAH !!! AAAAAAAAH !!!
Finn se releva et se dirigea vers Lily qui était horrifiée.
-Hey ! Hey, il se passe qu…
Lily était face à un Wailord mort, dont le sang s'échappait par litres dans la mer. Finn plissa les yeux. Mais Lily était traumatisée.
-OH NON ! NOOOOOOOON !!! NOOOOOOOOON !!!
-Mais quoi ? C'est qu'un Wailord !
Lily sauta à l'eau. Finn s'en étonna.
-MAIS CA VA PAS LA TETE !
Lily se dirigea vers un truc qui flottait. Finn suivit la jeune femme.
-Monte avec moi !!
Lily ne répondait pas. Elle rejoignit le corps, le retourna et hurla.
-NAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAN !!! NAN NANANNANANANAN PAS CA NAAAAAAAAAAAAANHANHAAAAAAAAN !!
Le corps du jeune Jonas flottait, inerte, blafard. Lily le serra contre elle. Finn grimaça, pas trop enjoué par ce genre de scènes.
-POURQUOI ! MAIS POURQUOI !! JE DIS QUOI A TA MERE, MOI, JE LUI DIS QUOIIIIIIII !!! J'EN AI MARRE DE TOUS CES GENS QUI MEURENT AUTOUR DE MOI !! C'EST TROP HORRIBLE !!! TROP HORRIBLE !!!
Finn baissa la tête, désolé. Milobellus prit Lily sur lui et Jonas dans sa bouche. Il ramena tout le monde à bon port, sur la plage. Lily caressait le visage de Jonas.
-… tu as été le meilleur ami qu'une paumée comme moi puisse avoir ! Le meilleur !
Finn plissa les yeux.
-Je… euh… Je dois l'enterrer ! Geignit Lily.
Finn se contenta de hocher la tête.
-Si je l'enterre pas…
-Hm.
-J… Je suis…
-Je vais t'aider.
Finn sortit Riolu qui les aida à creuser une tombe sur un terre-plein au dessus de la plage. Lily y déposa le petit corps.
-… je pourrais pas le recouvrir.
-Ca va je m'en occupe.
Finn enterra Jonas. Lily était assise à côté, complètement abattue. Finn vint s'asseoir à côté d'elle. La mer tonnait tout le fracas de son flux et reflux derrière eux.
-…
-…
-…
-Tu veux rien dire ?
-Pour ?
-… Il est mort, tu ne veux rien dire ?
-Je reviendrais avec ses parents. Sa mère était ma prof et une élève de mon père, je peux pas procéder à un cérémonial très élaboré sans eux.
-D'accord.
Lily avait arrêté de pleurer.
-… Mon frère… Roland, pas celui qui a un Corayon. Celui qui est mort.
-Hm.
-Il… il est mort avant la guerre mais il s'est sacrifié pour offrir son cœur à notre frère malade. C'est pour ça que ça m'a énervé quand tu as dit que c'était un lâche.
Finn hocha la tête.
-C'est compréhensible.
-… Mon précédent copain, Ted, et moi, on avait une belle relation, et… à un moment je suis tombée enceinte. J'voulais pas de ce bébé j'aurais été incapable de l'assumer, alors j'ai avorté, comme ça, toute seule…
Finn regarda Lily, neutre.
-… Quand ça s'est su, mes anciens amis sont devenus les pires des saloperies… Et Roland m'a soutenu et m'a défendu, mais… Jonas m'a offert son amitié. Il a été le premier à faire un pas vers moi quand… j'ai été rejetée…
Lily baissa la tête.
-Roland, Jonas… J'suis en train de tout perdre ! Tous les gens qui comptent pour moi sont en train de mourir ! Bientôt ça va être David, mes parents…
Finn caressa les cheveux de Lily qui le regarda.
-J'veux pas finir toute seule, j'pourrais pas vivre toute seule…
-…
Finn regarda Lily, puis releva la tête et soupira.
-Quand j'étais petit, j'étais un sacré connard.
Lily plissa les yeux.
-J'envoyais chier tout le monde, mes parents, mon grand frère, ma petite sœur. J'étais un vrai connard. J'avais même mis le feu à la perruque de ma grand-mère une fois. Je m'amusais à balancer des pierres sur les voitures. Je tabassais les minables à la récré. A treize ans, j'avais déjà fait six journées de prison et j'étais classé comme délinquant.
Lily hocha la tête.
-Mon Pokémon académique était un Muciole. J'le sortais presque jamais, je négligeais mon dressage, au contraire de ma stupide petite sœur qui… avait des Pokémon adorables dont elle s'occupait avec soin. Moi je m'amusais à attirer ses Pokémon dans la boue. Ils se salissaient, elle les engueulait, et je rigolais. La belle vie en somme.
Finn soupira.
-On part en vacances en montagne, dans un chalet qui appartient à mon père. Ils me laissent la surveillance de ma sœur, normal. Ma sœur était un petit ange, boucles blondes, sourire magnifique, gentille comme un cœur, tout le contraire de moi. Qu'est-ce qu'elle me faisait chier, par contre. Je pouvais pas tailler un bout de bois sans qu'elle me demande ce que je faisais. « Qu'est-ce que tu fais, Finn ? » Je la regardais et je lui disais « Va chier, petite merdeuse ». Et elle partait en pleurant. Et moi j'étais content.
Finn regarda le sol.
-… j'devais la surveiller… et… j'le faisais très mal parce que j'étais un peu occupé à déranger les Etourmi sur les arbres en leur balançant des pétards. Les parents lui avaient bien dit… « Lucie, ne joue pas devant le ravin, tu pourrais tomber. Surveille-la, Finn ! » « Ouais, ouais, maman ! T'inquiète pas », que je lui disais. Je la surveillais pas. Elle est tombée…
Finn regarda en l'air, ému.
-… les pompiers ont mis des heures à venir… J'étais… bouleversé, on l'entendait pas dans la crevasse où elle était… J'me sentais tellement coupable ! Tellement monstrueux ! J'ai… J'ai même pensé à me tuer avec le fusil que mon père gardait dans la remise. Quand mes parents sont arrivés, ils étaient fous d'inquiétude, mon père m'a secoué comme un prunier « Combien de fois on t'a dit de la surveiller ? »… Les pompiers ont fini par la retrouver. Elle allait bien. Elle était vivante. Sauf qu'elle…
Finn essuya quelques larmes naissantes.
-Sauf qu'elle pouvait plus marcher. Et après ça, le pire, c'est qu'elle ne m'en a même pas voulu. Elle me souriait toujours autant, elle était toujours aussi gentille, toujours aussi mignonne, même encore aujourd'hui quand je lui en reparle, elle me dit que j'étais jeune et que tout le monde fait des bêtises… Peu après l'incident, je me suis inscrit tout seul, de moi-même à l'école militaire. Mes parents m'avaient donné une punition idiote et puérile, moi j'avais décidé que je devais devenir un homme, même si jeune. C'est bien ce que j'ai tenté de devenir…
Lily se colla à Finn pour le rassurer.
-Ce que j'essaie de te dire avec tout ça, c'est que… Bien sûr que la vie est faite d'incidents merdiques, bien sûr que des gens nous quittent, subissent des tragédies, des horreurs qui paraissent insurmontables. Mais on peut toujours remonter la pente. C'est possible. Tu dois y croire.
Lily hocha la tête en fermant les yeux.
-Merci… chuchota-t-elle.
-Tu es trempée… Va falloir qu'on passe dans un poste de ravitaillement pour te trouver un nouveau treillis.
-Hm.
-Prends ma veste en attendant.
Finn donna sa veste à Lily qui sourit faiblement.
-Merci.
-J'fais ce que je peux. Désolé pour ton ami.
***
Pénélope essuyait le visage de Léopold qui souriait.
-Tu as arrêté de pleurer tout le temps.
-…
-C'est bien.
-… J'me sens toujours coupable.
-Tu ne devrais pas. Si j'avais eu l'idée de saboter les obus, je l'aurais fait aussi.
-Depuis plusieurs jours tu souffres tellement…
-Ca va… C'est pas comme si je vivais un martyre non plus…
-Mais ce Romuald qui te maltraite…
-C'est un gamin, l'autre jour il faisait cliqueter son fusil pour me faire croire qu'il allait me tirer dessus.
-… Tu as l'air si détendu, si sûr de toi…
Léopold baissa la tête.
-… Mon mari, Charlie, il… il a une technique qu'il a héritée de son père pour entrainer ses Pokémon. Il leur faisait porter des charges. Il les entrainait à un travail rigoureux et quotidien, de quelque sorte que ce soit.
Pénélope s'étonna.
-… d'ici quelques temps je serais capable de nous sortir de ce camp parce que je serais aussi fort que mon Charlie. Si Charlie était là, il ne ferait qu'une bouchée de ces types. A une époque j'étais fort, je vais retrouver cette force et m'en servir.
Pénélope plissa les yeux.
-Mais… mais et tes Pokémon ?!
-J'aurais tout le temps de redevenir éleveur après la guerre…
Pénélope acquiesça.
-Tu es sûr de ce que tu fais ?
-Oui oui.
-…
Léopold regarda Pénélope, blasé.
-T'arrêtes de t'en faire comme ça ?
-Je suis obligée de me faire du souci, c'est à cause de moi tout ça !
-Mais non. Frank n'aimerait pas que tu te morfondes comme ça.
Pénélope hocha la tête.
-Pourquoi tu fais tout ça ? Au-delà de la promesse, je parle.
-Peut-être parce que ça n'engage à rien. Et ça me permet de me sentir utile.
-Ah…
-Voilà.
Pénélope hocha la tête.
-Le moment venu, je t'aiderais.
-D'accord. Comme tu le sens.
Ils sourirent.
***
Kyle passait dans les rangs avec son bandage autour de la tête, cachant son œil manquant. Il regarda David qui soignait un patient avec calme et précaution.
-… Hey, David…
-Hey, Kyle.
David semblait froid. Kyle haussa le sourcil.
-Euh… Je suis… désolé pour tout ça, cette situation…
-Tu sais, Kyle, avec la mort de mon frère, j'ai conscience que je dois me débrouiller seul à présent, tu vois, que personne ne volera à mon secours cette fois-ci, si je me mets dans les embrouilles.
Kyle plissa l'œil.
-… et ?
-Et en conséquence j'ai décidé que demain je confronterais la grosse.
Kyle écarquilla l'œil.
-T'es pas sérieux ?!
-Si très sérieux. Je lui dirais ses quatre vérités et je me mesurerais à elle. Et je mettrais fin à ces expériences idiotes. Et quand j'en aurais fini avec cette vache, j'irais de poste en poste pour les neutraliser tous. Tous les types qui font des expériences dans chaque hôpi… Laboratoire.
-David, tu vas faire ça en fauteuil roulant ?!
-Buck me poussera.
-David…
-Je vais le faire. Et toi tu n'as plus rien à en dire. Au pire après tout ça j'irais vivre chez ma sœur, ou alors je retournerais chez mes parents, ou même…
-DAVID !
Tout le monde les regarda. Kyle les regarda pour qu'ils arrêtent, puis il regarda David.
-… David, tu veux dire que…
-Si c'est nécessaire, oui.
-M…
-C'est TOI qui a posé cette condition idiote dès le départ ! Tu dis des conneries, assume-les !
David continua à soigner son patient.
-Va t-en, tu me déranges, Kyle.
Kyle s'éloigna, attristé. Il aperçut Blyth qui revenait du labo et qui s'essuyait le visage. Elle regarda Kyle.
-Eh bien ? Au boulot, l'éborgné !
Kyle se dirigea vers un lit où il traitait un Malosse. Il renonça à sortir la seringue.