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» Auteur : fan-à-tics - Voir le profil
» Créé le 26/06/2010 à 03:09
» Dernière mise à jour le 26/06/2010 à 10:59

» Mots-clés :   Présence de personnages de l'animé   Présence de poké-humains   Présence de shippings

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Episode 54 : Avancer, tout simplement.
Coucou, me voilà avec le nouveau chapitre ; j'espère qu'il vous plaira, personnellement j'ai eu beaucoup de mal à l'écrire, mais j'ai réussi à l'achever le 25 juin, date de mon anniversaire.

J'ai essayé de rendre un peu de légèreté au récit, j'espère que vous rigolerez bien.

Bonne lecture et laissez moi vos avis !

Bisous !

PREVISION DU TOME 2

-Le mot « Destin » prend enfin du sens dans le titre.
-Contrairement à ce que vous croyez, cette révélation globale du mot « Destin » ne concerne pas que les héroïnes.



-chapitre 54- Avancer, tout simplement.


« Je suis sincèrement navrée »

Le silence total, Marion, penchée en avant, dans une révérence endeuillée, n'avait rien reçu d'autre que cette absence totale de réaction. La cousine de Lucas, le visage blafard, le regard dans le vague, n'attendait certainement pas à une effusion de joie, resta stoïque, ne se redressant pas pour autant.
Une femme élancée se contenta de lui poser la main sur l'épaule, pour la libérer de ce devoir, puis, sans un mot, de rentrer chez elle, les yeux secs, sans oser regarder le morceau de glace contenant le corps de son fils.

La jeune adolescente de leur âge, face à elle, en revanche ne rebroussa pas chemin, elle caressa lentement la coque protectrice enfermant son jeune frère et porta la main à ses lèvres pour retenir un sanglot rauque.

-Ce n'est pas votre Faute. Il a choisi cette voie tout seul.

La simple phrase qu'elle prononça, personne ne sut à qui elle était adressée, à Peter, blême derrière la masse, à Marc et Pierre, inertes, à Marion, à Sunny et Blake, ou à elle-même et sa famille. Probablement à tous. La sœur de Yoann se retourna vers les compagnons de son défunt frère, et elle afficha un sourire faible, bien peu sincère.

Blake avança d'un pas vers elle, et lui remit simplement la ceinture de pokéball, et les quelques affaires qu'ils avaient dénichés dans la chambre de leur ancien coéquipier, tout juste un sac de voyage, une écharpe et un chapeau. Elle se contracta imperceptiblement, puis dans un mouvement vif, elle enfonça la casquette de Yoann sur la tête de Blake et lui renvoya l'écharpe dans les bras, alors qu'elle crachait :

-J'en veux pas de ça.

Elle ne désirait pas qu'on lui retourne les derniers cadeaux qu'elle lui avait fait. La gorge serrée, Blake ravala un gémissement et baissa les yeux, la main crispée sur la toile doucereuse du tissu. Sunny se rapprocha de son frère et se plaqua contre lui, comme pour le rassurer, alors qu'elle-même semblait proche de la tombe, avec ses cernes de trois jours et ses joues, rouges, boursoufflées de pleurs.

La sœur de Yoann se mordit la lèvre inférieure, et la voix rayée, elle murmura :

-Yoann tenait beaucoup à toi. Il est venu nous dire au revoir, grâce au sursis que lui accordait le dévorêve de son fanominus…

Sunny leva les yeux, mais sans force ni volonté, juste harassée, brisée à chaque fois qu'on mentionnait son nom. L'implacable conviction de ne jamais aimer de nouveau, de ne plus trouver de la force pour avancer, lui paralysait les pensées.

-Je sais que tu prendras soin de Feurisson. Déglutit péniblement la jeune femme face à elle, le regard rivé vers les cieux, espérant retenir les larmes de cette manière.

Dans un geste las, elle leur tourna le dos, mais avant de disparaître, de rentrer dans chez elle, serrant convulsivement les biens de son cadet, elle bafouilla :

-Il vous dit aussi de prendre soin de vous.

La porte claqua, lentement, et Marion s'incrusta dans l'attroupement de maîtres, elle passa un bras autour de celui de Peter, comme pour le guider, et de l'autre, empêcha Pierre d'augmenter la dose d'insuline qu'il devait prendre quotidiennement. Quand celui-ci lui renvoya une expression fatiguée, elle secoua simplement la tête et souffla :

-Tu tiens vraiment à faire un arrêt cardiaque ? Ca régule ton diabète, pas ta peine.
-Je sais ça…Marmonna le maître d'Hoenn devant son compagnon épuisé, lui aussi.
-Bien. C'est tout ce que je voulais savoir. Il est temps de rentrer. Twilight ne doit pas mourir avec lui.

La blonde grimaça et plissa les yeux douloureusement, avant sortir son Rapasdepic. Bientôt, d'autres Pokémons les rejoignirent, un Métaloss, un Dracoloss…Pourtant, quand Marion proposa de l'aide à Blake et Sunny, pour qu'ils les rejoignent, les deux adolescents reculèrent.

La mâchoire du dresseur à la chevelure céruléenne, grinça, mais il observa les hauts dirigeants de l'organisation avec une mine défaite, désolée, alors qu'il soufflait :

-Elle n'a plus que moi.

Les pupilles de Marion coulèrent sur la shiney hunter, tremblante, semblable à un zombie depuis des jours, et elle sourit tristement.

-Je comprends. Tu pourras toujours compter sur notre Aide, Blake, tu le sais. Si…Jamais…ça tourne mal.
-Je sais.
-Qu'allez-vous faire, à présent ? Bredouilla Marc, pâle.

Sunny chercha la main de son frère, qui revint vers elle pour la soutenir, il scruta le sol, à la recherche d'une réponse, et il balbutia :

-Je ne sais pas…D'abord…être présent à son enterrement. Puis…Ensuite, je crois que nous irons à Argenta. Nos parents adoptifs vivent là-bas, il y a une pension assez connue…Sunny pourra toujours y travailler. Et moi…Bah, je demanderai à la championne extrême du coin, de devenir son apprenti. C'est toujours ça.

Ses doigts tiquèrent un instant sur leur prise et il ajouta, froid :

-Je préfère partir avant de perdre tout ce qui me reste.

Marion soupira, devant le bloc uni et si divisé à la fois que formait les deux jeunes devant elle, puis se força à sourire gentiment. Elle posa une main sur l'épaule de Peter, amorphe depuis le drame, et celui-ci sursauta, avant de tourner la tête vers les gamins, et de souffler éreinté :

-Soyez prudent.

Blake hocha la tête, et enlaça davantage sa sœur, les Pokémons prirent leurs envols et s'éloignèrent doucement de Lavanville. Une faible main tira sur l'écharpe qu'il portait à son cou, et un murmure presque inaudible lui parvint, dans un sifflement rauque, cassé.

-Finalement…J'ai fini par visiter sa ville…

Blake se tendit comme un arc, puis son visage s'attendrit, alors qu'il posait simplement sa tête sur celle de sa sœur, il répondit :

-Oui…Il faut croire, qu'il finit toujours par avoir ce qu'il veut, ce sale nain.

Un ricanement étranglé mourut dans les rues de la cité sans que personne ne puisse sourire à ses échos. Et les jours s'écoulèrent indifférents, les uns à la suite des autres, sans même leur accorder la moindre attention. D'une façon, ou d'une autre, bien que tous ne sachent pas vraiment comment cela fut possible, le monde survécut à leur ami, et la vie continua.

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La magnifique et colossale chaîne du Mont Argenté perdait de sa magnificence, et si on demeurait en plein mois de Juin, une belle couche de neige affluaient et refluaient, s'alternant avec d'intenses séances de pluies ou de torrentielles canicules, dans un ordre plus qu'hasardeux. Les heures s'effilochaient, toujours plus longues et lourdes. Cela faisait bien une semaine que Yoann était mort, et un peu moins que Sunny et Blake avaient quittés le groupe, pourtant, à leurs yeux, cela ressemblaient à des années.

L'ambiance n'était plus la même, trop entachée par les fautes et la méfiance. Les missions étaient suspendues, et jamais ils n'avaient vu autant de gens traîner dans les rues, des visages inconnus et parfois méconnus. Eléanore avait fait la connaissance de plusieurs dresseurs, un certain ruby, venant d'hoenn, au drôle de couvre chef, adorant la coordination, et même un gamin Trax, bien dans le trip de Twilight, qui adorait les serpents et haïssait les Teams. Bref, que des futurs copains pour elle.

-Je m'embête…Samantha…Sortons nous entraîner dehors…
-Parle –moi plus tard, là je me vide de mon sang, tu veux ?


Eléanore grommela devant une Sam, qui de toute évidence, essayait d'incruster sa tête dans la table de bois. Elle croisa les bras, et grogna ouvertement, dépitée. Et posa une main amère sur son ventre. Bien évidemment, elle, ses entrailles bouffées ne grandissaient pas comme celles de son amie. Est-ce que cela voulait dire, qu'elle ne serait jamais une vraie femme ? Miyu grimaça au dessus d'elle et lui insuffla de penser à autre chose, sans contredire ses déductions. De toute manière, ce n'était pas comme si elle allait avoir l'occasion de vivre en tant que telle…

-Alleez Samantha…J'm'ennuie vraiment, vraiment, vraiment beaucoup ! Allons nous entraîner ! Couina-t-elle.
-Mais j'te dis que j'ai mal au ventre ! Et si on sort t'entraîner faut te porter ! J'sais même pas si j'vais être capable de me mettre debout. J'dois être en train de faire une hémorragie c'est pas possible.

Les brèves visions du liquide vitale firent remonter de mauvais souvenirs à la surface et elle gronda :

-Si j'pouvais, j'te filerai un coup de pied.
-Essaye pour voir…

Devant leurs têtes de pauvres âmes en peine, Cristal plaqua les mains sur ses hanches et soupira devant ce dialogue qui ne menait à rien, elle lança une œillade estomaquée à Lucas, nourrissant son ptiravi. Celui-ci haussa les épaules avec impuissance, et si cristal osa fusiller du regard Silver, lui, ne se gêna pas pour lui rendre son regard noir. Daniel en revanche sembla insensible à ce manège, et il rejoignit Eléa le plus naturellement du monde.

-Si tu veux, on va faire un combat tous les deux, proposa-t-il.
-Mais t'es nuuul en combat Danny ! Répliqua la gamine.
-Ouach, ça fait mal. Rirent doucement Gold et Gabriel.
-C'est peut-être toi qui est trop fort Eléanore, temporisa Makanie – J'peux comprendre que tu trouves Daniel assez faible, après ton combat contre Samantha ! Mais contre Mon Aaron, tu ne vaincras pas ! Et chuis sûr que le prof ou moi, nous te battrions à plate de couture !

Daniel, pas du tout offusqué par les remarques, haussa des épaules, et camoufla une caresse discrète sur la tignasse d'Eléanore alors que la concernée, s'engaillardit :

-Ah ouais ? Allez-y j'vous prends quand vous voulez ! D'abord Yuki, puis Aaron, et ensuite Makanie, les trois en même temps si vous voulez !

L'enseignant qui dormait juste à côté de Samantha dans la même position qu'elle, c'est-à-dire, tête dans son assiette, releva vivement la tête, sans comprendre qui osait le tirer de son rêve en prononçant son nom avec autant de conviction. Il cligna des yeux plusieurs fois, et grinça :

-Oh ! C'est toujours cool, de se dire qu'on est jamais aveuglé par la lumière au réveil !

Samantha lui fila un coup dans le ventre qui l'obligea à se recroqueviller en repentance, tandis que le maître des Pokémons insectes, bafouillait embarrassé :

-Heu, avec le type Feu, Eléanore aura rapidement l'avantage…Puis, ce serait un peu injuste avec toi makanie, tu as le niveau d'un maître de ligue…Vraiment…Tu ne crois pas que tu exagères petite ?
-Trouillard !
-Non, je suis juste pas d'humeur à me battre…Marmonna le champion.
-C'est une excuuuse ! S'entêta Eléa, n'en démordant décidément pas.
-Ecoute, entre l'autre gamin, Cynthia qui est sous surveillance 24h sur 24 et les interrogatoires de nos deux otages, franchement ! En plus je me suis fait avoir par le papillusion de Richie ! MOI ! UN PAPILLUSION ! JE SUIS LA HONTE DES DRESSEURS DU TYPE INSECTE !

Le pauvre champion de Sinnoh semblait sur le point de s'arracher sa petite mèche rebelle en auto flagellation pour son échec cuisant.

La remarque refroidi salement l'atmosphère, avant même que les spectateurs, attendris, n'ait put laisser écouler leurs rires. Plusieurs baissèrent les yeux, mal à l'aise, et Aaron bredouilla une excuse, embêté.

De toute évidence, le fait que Ritchie l'ait assommée avec un Pokémon insecte le traumatisait.

Néanmoins, les faits restaient les mêmes, Cynthia demeurait rudement encadrée par Lucio, Phoebe et Koga. Méfisto et son bras-droit Gilles, gardaient un silence de circonstances, refusant de céder la moindre info sur la nouvelle Team qui avait enlevé Ambre et dont Harry semblait être un des principaux leaders. Pas un indice sur eux, à part des suppositions, et la menace constante qui planait sur leurs ennemis, comme le fantôme de Yoann. Le seul indice, à savoir le lien du cadet des Lance avec Hélio, le maître des Galaxy, se résorbaient avec le temps, l'ancien Leader s'étant pendu dans sa cellule quelques jours après son arrestation.

-Tu…Que dirais-tu d'affronter Shagi ? Histoire de vous bouger tous les deux ? Proposa Makanie, assise sur le canapé, près de la fenêtre ouverte. Elle pointa du doigt l'irisien, plongé dans une torpeur maladive depuis le décès du médium et rit nerveusement.

Eléanore arqua un sourcil, peu convaincue, mais ce fut une voix tout à fait inconnue qui argua la rousse en retour.

-Oui c'est ça, Secoue-le un peu celui-là !

Une exclamation apeurée traversa l'assemblée et plusieurs occupants du sofa firent un bon impressionnant. Une jeune femme venait d'apparaître littéralement à son rebord. Avec une mine railleuse, un demi sourire, moqueur étirant ses traits, plutôt fins, son regard bleu-vert posé sur le groupe, hautaine. Sa chevelure azurée, dont les deux mèches ondulées encadrant sa frimousse légèrement carré, se voyait ornées de deux grosses perles rouges, assorties à son pull émaillé. Un magnifique Draco violet aux reflets rosés, s'enroula gracieusement autour du cou de la nouvelle venue, et la gemme accrochée à son flanc scintilla de milles-feux.

Makanie, Silver, Gold et Shagi écarquillèrent brutalement des yeux.

Samantha eut le temps de voir Silver mimer un pas en arrière, puis brusquement partir en retraite, tout ça pour venir se cacher sous la table nappée devant un Gold balbutiant. Shagi pâlit carrément, et sa compagne rousse en revanche, retint sa respiration, gonfla la poitrine, puis explosa, dans un cri ravi.

-ARISA !!

Pour se jeter dans ses bras et la serrer de toutes ses forces.

-Non, enfin, vous faites erreur c'est le pape, tu le vois bien ! Lança la jeune femme en répondant à l'étreinte de sa camarade.
-Le pape ne connait pas ta super technique d'apparition-disparition, tu me feras pas gober ça ! Rétorqua Makanie, comblée.
-Ouais, encore heureux, je planifie bien de l'assassiner lui, le mois prochain, s'il sait disparaitre comme moi, ça va pas m'arranger !

Les deux filles échangèrent une œillade complice, et ricanèrent gentiment, alors qu'en un saut, la jeune inconnue d'invita carrément dans le chalet, sans autre forme de procès ou bonjour. Elle croisa vivement les bras et scruta la salle avec un regard affuté, aussi aiguisé qu'une lame.

-Hey, franchement, vous devriez faire gaffe, ce Qg c'est un vrai gruyère, on y entre comme dans un moulin. Suffit d'assommer un ou deux types, et pouf, la voie est libre ! Remarque, ça m'étonne pas de la part de Peter, trop confiant, pas assez prudent. Ts !

Elle se pencha un peu vers son amie, et lui siffla, de manière assez forte cette réplique :

-Et en passant, j'ai vu un drôle de type, vachement zarb, accompagné d'une blonde. On aurait dit un vieux pervers dans le trip aventurier, et il traînait une bonne dose d'alcool, ça sentait d'ici !

Elle croisa le regard de Daniel et le pointa ostensiblement du doigt, sans se soucier des convenances :

-Tiens, comme le gamin, là ! Exactement le même regard pervers !

Daniel encaissa le choc en silence, une grosse pierre s'abattant sur son crâne.

Silver se trouva un copain sous la table.

Le roux et le brun échangèrent une œillade, dans la même panade, et soupirèrent de concert. Gold, assis un peu plus loin, grogna de jalousie, furieux de voir que la jeune chasseuse de dragon, premier amour du rouquin, continuait de lui faire un tant soit peu d'effet. Même si le voir se cacher d'une fille était un spectacle assez jouissif.

-Bon…L'est où l'autre ?
-L'autre ?
-Shagi ! confirma la jeune dracologue, vraiment différente de son frère aîné, si doux et prévenant.

Plusieurs visages obliquèrent dans une direction, plus principalement, vers l'Irisien, toujours comme pétrifié par l'arrivée impromptue de la jeune femme. Celle-ci tendit les bras, ouvrant le chemin vers elle, comme pour l'inciter à l'étreindre fortement. Ce qu'il ne fit pas.

Pilou, la pikachu, jugea bon de jouer des éclairs, ce qui hérissa les cheveux de Lucas. L'orage grondait déjà à l'intérieur du chalet.

-Bah alors, c'est quoi cet accueil ? Je viens en quatrième vitesse à la suite de ton appel, directement de Sinnoh, et voilà ce que j'ai ? Une soupe à la grimace ? Wah, rappelle-moi pourquoi j'suis venue déjà ?
-J't'ai pas demandé de venir. Grinça Shagi, rebuté, en se détournant.

Cela ne sentait pas bon du tout. Arisa fit deux pas en avant, et sans rien ajouter de plus, elle enfila un bon coup de poing sur le crâne de son ami d'enfance, qui sonna creux.

-Aie. Marmonna simplement le brun, les yeux dans le vague.

Toute la colère quitta les prunelles d'Arisa, qui se détendit et dévisagea avec ébahissement le garçon en face de lui. Makanie, embarrassée, s'interposa entre eux, et bafouilla difficilement :

-On a subit une perte assez lourde il y a peu de temps…Il est un peu secoué…C'est tout ! Je…Peter aussi est dans tous ses états…

Arisa resta fermée, les yeux rivés sur l'irisien nonchalant, amorphe, figé dans la contemplation de l'éternel. Ses lèvres se pincèrent furieusement.

-C'est vrai ? J'veux voir ça. Mais avant présente-moi aux imbéciles qui ont suivi Peter-débile.

Makanie sourit, heureuse de canaliser le caractère de son amie, et elle lui tourna le dos. Fatale erreur. Les yeux brillants, elle commença :

-Alors, à table, il y a Eléa, Sam, Akira, Gabriel et Gold, sous la table il y a Daniel, et Silver…

Les deux concernés, hoquetèrent, leur cachette révélée.

-Et bien, après, il y a Cristal et Lucas, près du ptiravi. Y-a aussi Chris, Angèle et Régis, mais ils ont eu un appel, ils devraient bientôt revenir. Et enfin, voici mon Papillusion préféré, mon Aaron !

Elle batifola, toute guillerette, et envoyant fleurs, cœurs et paillettes à des kilomètres à la ronde, elle chercha l'approbation de son amie d'enfance derrière elle.

Qui n'était plus là.

Un courant d'air siffla à la fenêtre faisant valser les rideaux.

Eléanore rit timidement, et Pilou l'imita. La frimousse toute souriante de Makanie s'assombrit et un nerf palpita sur sa joue, cadencé. Un éclair rouge et écrémeuh sortit de sa pokéball, provoquant un hurlement outré de la part de Cristal, qui se réfugia en haut d'une armoire tout en proférant des insultes envers l'animal bovin, prêt à poursuivre Arisa et à l'écrabouiller d'une roulade bien placée. Aaron ne parvint pas à calmer sa partenaire, qui se rua vers la porte d'entrée.

Et il n'aurait probablement pas pu l'arrêter sans cet accident malheureux.

Nathaniel, accompagné de Barbara, sa compagne, débarqua, les bras bourrés de bouteilles de bières, tout sourire, s'écriant joyeusement :

-Alors j'ai entendu dire qu'on avait du chagrin ! je suis là Fistons, et j'ai un bon remontant pour vous !

Gabriel alla rejoindre Cristal en haut de l'armoire.

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-Tu sais, te voir comme ça, sur le lit, à moitié dénudé est extrêmement tentant…
-VA foutre Marc.
-Malheureusement ta mauvaise humeur gâche tout.

Pierre Rochard grogna, et plaqua un oreiller sur sa tête, comme pour se couper du monde. Allongé sur le ventre, dans le lit, avec juste un caleçon et une chemise, il offrait à son petit ami, une vue très appréciable, qui de toute évidence, ne se gênait pas pour reluquer, sans pour autant toucher. Il n'était pas fou, il voyait bien l'espèce de pompe accroché à la cuisse de son amant, et le cadran pendouillant à l'ourlet, il lisait aisément le cadran, indiquant clairement que le puissant chef d'entreprise était en manque cruel de sucre.
Dans ces moments là, mieux valaient le laisser avec sa mauvaise humeur.

-Je vais demander à Cynthia si elle a des barres chocolatés, elle en a toujours pour toi. C'est une femme aussi adorable que Phoebe avec toi.
-Pas besoin. Ca passera.

Marc tiqua. Le champion d'Hoenn était décidément, au quatrième dessous, il plissa les yeux.

-Je préfère éviter que tu te mettes à halluciner et que tu me fasses de l'hypoglycémie.
-Bon sang MARC ! JE VIS AVEC CETTE MALADIE DEPUIS MA NAISSANCE TU VAS PAS M'APPRENDRE A ME SOIGNER ! S'emporta le dresseur en lançant sans ménagement l'édredon sur son compagnon, d'un coup de pied bien précis.

Marc encaissa le choc, et laissa choir la couette sur le parquet, à côté d'un balai qui traînait par là et il explosa :

-SI TU REFUSES DE MANGER DU SUCRE A CAUSE DE TA STUPIDE DISPUTE AVEC CYNTHIA, SI !
-JE NE SUIS PAS FACHE !
-BIEN SUR QUE SI !

Les deux adultes se toisèrent avec défi, l'un sur le lit, pale, mais le regard brûlant de rancune, l'autre accusateur et intraitable. Le silence tumultueux, prémices d'une bataille, s'installa, mais il fut rapidement brisé par le soupir agacé de Marc, qui porta la main à son front, fatigué par tant de puérilité chez l'homme qu'il aimait.

-N'importe qui serait en colère contre elle. C'est normal. Mais elle n'avait pas le choix. En plus, elle a appris des choses sur l'ennemi, et a été franche avec nous.
-Tu parles de franchise ! Grommela l'héritier de la Devon.
-La vérité fait peut être mal à entendre, mais grâce à ce qu'a dit Cynthia, et les informations de Peter, nous savons qu'Harry est probablement possédé par un Motisma, et nous pouvons agir en conséquence !
-En conséquence ? En conséquence ? Tu veux que je te donne les conséquences d'une possession par Pokémon spectre ? Phoebe t'a expliqué non ? Le système nerveux d'Harry doit avoir grillé comme une saucisse ! Si on lui retire le spectre du corps, plus rien ne le maintiendra en état de marche et il va crever de la pire manière qui soit : en suffoquant !
-Nous pourrons empêcher ça ! S'emporta aussitôt en retour le maître de la ligue Hoenn.
-TU REVES !

Les deux hommes se toisèrent, puis se détournèrent l'un de l'autre avec rage. L'un retournant s'enfoncer la tête dans un oreiller, et l'autre sifflant, les bras croisés, face à la fenêtre. Puis soudain Marc écarquilla des prunelles et bafouilla :

-A-Arisa ?

Il ouvrit la fenêtre.

Il se demandait ce que la sœur de Lance faisait bien ici, il se pencha en avant. Et se concentra sur la butte d'en face, où Adrien et Lucio discutaient calmement, tout en surveillant à moitié l'avenue principale. Il percevait quelques bribes de leurs conversations de là où il se trouvait.

« Alors là, j'ai dit à Tanguy qu'il se foutait royal de moi, tu vois ? Et là, il m'a répondu un truc genre j'pigeais que dalle à son problème ! Heureusement que le petit Sacha a fait revenir l'ancien Tanguy parce que sinon – Bon sang…Mais pourquoi vous me racontez tous vos histoires de cœur, y-a marqué Psy sur mon front ? C'est pas parce que je lis et que je porte des lunettes que je – Ouais, et là, genre il m'a fait un de ces sourires, tu craques quoi ! Le même qui fout le brasier dans les entrailles ! Mais c'est toujours l'autre, là, Jasmine qui a le droit à c'foutu sourire d'shooté ! »

Et là, miracle, alors que Lucio se retournait pour hurler à Adrien qu'il n'en avait rien à faire, il rencontra le visage d'un Ptera, qui lui sourit avidement, avec sa triple rangée de dents acérées. Arisa sur son dos, observant la joute avec un œil blasé.

Marc put à peine sourire, ravi de ne pas s'être trompé ; il étouffa un cri en voyant la jeune femme choper les champions par le col, et le ptera s'envoler en les emportants dans les airs, beuglants et hurlants comme des damnés.

Marc referma la fenêtre, pragmatique.

Il jeta une œillade à Pierre, toujours effondré sur le lit, de mauvaise humeur et il considéra sa chance.

Il préférait milles fois subir la verve de son compagnon plutôt que côtoyer Arisa quand elle était dans cet état là. Il plaignit ardemment Peter.

-Pierre…Gémit-il.

Le concerné arqua un sourcil alors que le maître d'Hoenn venait s'installer à ses côtés, sur le lit, pour l'enlacer.

-Je t'aime même de mauvaise humeur !

Pierre ne désirait même pas savoir ce que son conjoint avait put voir dehors pour qu'il change d'avis comme ça. L'instinct lui susurrait qu'il valait mieux ne rien savoir, et juste en profiter. Ce qu'il fit sans plus attendre.

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La porte du bureau s'ouvrit dans un claquement sonore, et Marion sursauta, manquant de renverser tous les dossiers qu'elle tenait. Peter, lui en revanche, ne leva même pas la tête, celle-ci bien posée sur ses bras, front contre le bois de la table.

Il aurait peut être dû, car, en s'intéressant au bruit, il aurait écarquillé les yeux, comme Marion, et reconnu sa petite sœur chérie, contrairement à Marion. Et il aurait peut être put fuir à temps. Seulement voilà, il ne le fit pas, et la championne de glace ; hébétée de voir une quasi inconnue débarquer dans la pièce, entrant d'un bon coup de pied conquérant, ne trouva pas la présence d'esprit pour réagir à temps. Son regard chocolat se posa sur Adrien et Lucio retenus captifs dans les griffes d'un Ptera en arrière fond, et sa mâchoire manqua de se déboiter de stupéfaction.

La nouvelle, sembla se souvenir de ses deux otages, et elle se retourna, avec un sourire, dans un salut militaire assez moqueur, elle balança :

-Ah ouais, merci de m'avoir montré où était le bureau de Peter, vous pouvez partir maintenant !

Les deux champions ne se le firent pas répéter deux fois et ils s'enfuirent à toutes jambes sans demander leurs restes.

Arisa plaqua les mains sur ses hanches, fière d'elle, gonflant la poitrine, et elle se retourna, toute joyeuse :

-Franchement, la défense de Twilight laisse à désirer !

Pour se retrouver avec un Onigali, dont le pic acéré menaçait sa gorge. Sa frimousse se ferma, et elle siffla :

-Je déteste ce Pokémon…

Elle contempla Marion, méchamment.

-Calme-toi, c'est une façon d'accueillir une connaissance de son chef ça ? Quoique, chais même pas si on peut appeler le truc qui rampe là-bas un chef, et encore moins un homme !

Peter tressaillit en reconnaissant le timbre familier, et il sortit de sa torpeur maladive. Blême, éreinté, il ne paraissait être plus que l'ombre de lui-même alors qu'il murmurait :

-Arisa…

Marion se rétracta, confuse, comprenant son erreur, mais la jeune femme haussa les épaules, très peu blessée, et elle souffla :

-Ouais, ouais, c'est moi ! Par contre, je ne vois pas Peter ici ! C'est quoi qui me parle là ?

Son regard froid et dur se posa sur son ainé –par alliance seulement, elle insistait, elle se traînait ce boulet de force !- ses lèvres se pincèrent.

-On m'avait dit que t'étais déprimé, mais quand même…T'es une vraie loque !

Lance encaissa la pique de front, et il baissa la tête, balbutiant qu'un garçon était mort par sa faute, et Marion s'empourpra de colère.

-Et alors ? Qu'est-ce que tu veux que j'y fasse moi ? Qu'un gamin soit mort ? T'avais qu'à pas engager de gamins dans ta foutue organisation si tu voulais pas que ça arrive ! Répliqua acerbe la dracologue.

Marion serra les poings et Peter se recroquevilla.

-Puis ça veut dire quoi ça ? Franchement ! J'te laisse Makanie et Shagi, et je les retrouve dans un état pitoyable ! On peut vraiment pas compter sur toi c'est pas possible ! Et toi ? Regarde-TOI ! Tu es un vrai fantôme ! Tu bouffes ? Tu t'es entraîné au moins ? T'as subit une défaite, alors j'espère que tu t'es au moins entraîné pour que cela ne se reproduise pas !

Le regard mordoré du trentenaire effleura le sol, penaud, las, la culpabilité imprégnant et striant ses traits dans une douleur palpable. Sa main se crispa sur sa chevelure.

-J'en déduis que non ! T'es vraiment pitoyable Peter !
-ASSEZ !

Le cri de Marion saisit Arisa alors qu'elle allait planter la dernier couteau dans la plaie suppurante de son ainé. Les spectateurs se figèrent et tournèrent du même coup le corps vers celle qui osait s'interposer entre eux, l'une surprise, l'autre, luisant d'un infime espoir qu'il ne saisissait pas lui-même dans toutes les nuances de ses souffrances.

La blonde, cousine de Lucas, elle, se dressa, droite sur ses jambes et, elle s'exclama froidement, la rage la consumant peu à peu, faisant fondre la protection, la barrière des politesses qui enlaçaient son être.

-TU DEVRAIS AVOIR HONTE DE L'ENFONCER ! TU VOIS BIEN DANS QUEL ETAT IL EST ! TU NE SAIS RIEN DE CE QUI S'EST PRODUIT ! PETER A DU AFFRONTER SON PROPRE FRERE HARRY ! QUI A TENTE DE LE TUER ET A ATTAQUE SHAGI ET ASSASSINE YOANN !

Arisa blanchit vivement, écarquillant des yeux, et le silence s'instaura, seulement entrecoupé par les hurlements aigus de Marion.

Qu'est-ce qu'elle venait de dire, cette blondasse ?

- EN TANT QUE SA SŒUR TU DEVRAIS AVOIR HONTE ! TU DEVRAIS LE SOUTENIR ! OU AU MOINS PARTAGER SA PEINE ! APRES TOUT VOUS ALLEZ DEVOIR VOUS BATTRE CONTRE VOTRE PROPRE FAMILLE !

Arisa vacilla, et elle chercha l'approbation, la confirmation de ces dires, qu'elle trouva marquée au fer rouge sur la frimousse abattue de son frère. Il lui sembla une seconde que son cœur cessait de battre. Elle se remémora sa conversation avec Shagi au téléphone. Puis le flash, datant d'il y a cinq ans, où elle avait admiré les retrouvailles d'Harry et son ami irisien, cinq ans plus tôt, en se rendant sur l'île. La vision de son cadet poussant le brun du haut de la falaise et le plongeon qu'elle avait fait pour aller repêcher son camarade avant qu'il ne se noie. Tout s'illumina.

Ses poings se détendirent, et son pouls repartit, étrangement, ironiquement serein.

-Ah..Quelle andouille…Vraiment…C'est pour ça…Que…

Marion se calma, et reprit son souffle, les joues encore rouges, elle se mordit la lèvre, regrettant déjà son excès de fureur qui lui avait fait révélé des informations bien trop cruelles. Elle allait s'excuser, poser une main réconfortante sur sa future belle-sœur –sans aucun doute- mais celle-ci la repoussa vivement.

Arisa abattit sa paume sur le bureau de peuplier avec une violence et une conviction rare, plantant ses pupilles flamboyantes dans celles de Peter.

-Mais qu'est-ce que tu fais encore là ! BOUGE TON CUL ! FAIT QUELQUE CHOSE !

Elle secoua vivement la tête.

-J'ai beau dire que je te déteste, au moins je te respectais, je respectais ta puissance ! Et là y-a plus rien ! Tu mérites plus RIEN DU TOUT !

Elle saisit son aîné par le col.

-TWILIGHT A ETE CREE POUR SAUVER HARRY OUI OU NON ?

Elle le rejeta sans détour sur le dossier de sa chaise et le maître de Kanto se laissa tomber, mou et flasque, comme une poupée, stupéfiée. Sa cadette, en revanche, les iris brillantes, rehaussant leur éclat d'émeraude, ouvrit grand la bouche et ses lèvres s'étirèrent.

-MOI JE VAIS RETROUVER HARRY ET LUI FLANQUER LA RACLE DU SIECLE ! IL VA COMPRENDRE SON ERREUR ET SON CERVEAU VA DIRECT SE REMETTRE A L'ENDROIT ! PUISQUE TU N'ES QU'UN INCAPABLE ! ET J'EMMENE SHAGI AVEC MOI AVANT QU'IL FINISSE COMME LE PAUVRE GOSSE QUE TU N'AS PAS SU PROTEGER ! SALE…SALE…SALE PARASITE QUI A PRIS LA PLACE DE MON FRERE !

Peter fut comme foudroyé sur place. Pour la première fois depuis leur rencontre, elle ne nommait ouvertement son « frère » et tout cela, juste pour lui enfoncer un poignard en plein cœur.

Arisa tourna des talons ; et avant de se retirer en claquant la porte –à nouveau- elle hurla :

-ET EN PLUS JE VAIS RENTRER DANS LE CHALET OU Y-A L'AUTRE PERVERS, ME SAOULER AVEC SA BIERE JUSQU'A PLUS SOIF COMME LES AUTRES GAMINS, ET FINIR EN CLOQUE ET CE SERA AUSSI DE TA FAUTE ! CONNARD !
-TU VAS QUOI ? S'étrangla Peter en manquant de tomber de sa chaise.

Plus puissant qu'un coup de tonnerre, le bois se fendilla et les gonds crissèrent dangereusement lorsqu'elle partit enfin, abandonnant un Peter effondré et une Marion pantoise sans que le cri désespéré de son grand frère, le « PROTEGE TOI AU MOINS ! » ne l'atteigne.

De quoi elle parlait, quel alcool ?

-Elle a raison ?

La question à demi étouffée, presque suppliante provenant de son dos, l'emplit littéralement d'effroi. Elle fit volte-face pour voir un Peter au bord du gouffre, dans la pose de la mélancolie.

-Elle a tout à fait raison…

Il répéta cette phrase et ses doigts s'emberlificotèrent avec rancune dans sa propre frange, comme pour se saisir du coupable. Ses épaules tressautèrent et une première larme roula sur la joue du dracologue. La première que Marion lui ait jamais vu, en tout cas l'unique qu'il osait arborer de front, sans la lui camoufler. Cette image lui fendit le cœur en deux.

-N-Non Peter enfin…Balbutia-t-elle, impuissante.
-BIEN SUR QUE SI ELLE A RAISON ! S'écria le maître dans une râle écœurante en se dressant sur ses jambes d'un bond.

Il opina du chef négativement, fermant et ouvrant les yeux embués de plus en plus de pleurs, sa voix brisée par les sanglots et le conflit, le chao régnant en lui.

-Yoann me faisait confiance ! Et moi, je l'ai trahi ! Encore aujourd'hui j'abandonne Twilight, je la laisse mourir, parce que j'ai peur de tuer Harry ! Parce que j'ai peur de tuer son meurtrier ! Peu importe que ce soit mon frère, il a a…Et moi je…C'est…C'est juste…
-C'est juste humain.

Peter frissonna, Marion face à lui, le regardait avec une compassion sidérante et une infinie tristesse. Doucement, elle lui caressa la joue et essuya ses sillons humides constamment renouvelés sur ses pommettes, avec un rictus désolé. Elle plongea ses yeux noisette en lui, au plus profond de son âme, et relança :

-C'est humain Peter. D'aimer son frère peu importe ses actes. Personne ne peut te reprocher ça. Tu es en deuil, nous ne pouvons pas te demander de porter le poids du monde dès à présent. Tu dois d'abord te remettre. Et ensuite, seulement, Twilight renaîtra, comme le désirait Yoann. Après seulement nous aviserons pour ton frère. En attendant…Panse juste tes plaies Peter. C'est tout ce que je souhaite.

Elle ignorait, que la blessure béante dont les lèvres infectées croissaient plus profondément encore, ne pouvaient plus cicatriser, malgré le temps et les efforts. Les notions de Liberté, de choix, se trouvaient bafouée, sa logique retournée, et pour sombrer dans la folie qui menaçait le dracologue, il ne lui manquait plus qu'un pas, un dernier saut, une dernière blessure, inéluctable.

Pourtant Marion désirait croire en l'espoir, souhaitait se fier totalement à l'amour aveugle qu'elle lui portait. Quand elle l'embrassa, sans qu'il ne la repousse, sans qu'il n'esquisse le moindre geste pour l'arrêter, elle se convainquit tant bien que mal qu'elle aidait son aimé à retrouver la paix.

Malheureusement son geste ne fit qu'amplifier le mal stagnant qui suintait au même rythme que les sanglots de Peter.
Il n'avait jamais touché Marion, à cause de leur différence d'âge, bien trop élevé à son goût. Elle n'atteignait pas les 20 ans alors que lui se rendait vers la trentaine lentement mais sûrement. Leurs objectifs, leurs buts et leurs façons de vivre une romance différaient totalement. Elle, toute à la naïveté de son âge, rêvait de romantisme, de lenteur patiente et tendre dans les gestes de passion. Lui, plus pragmatique, agissait, goûtait au plaisir de la chaire avant de s'aventurer sur l'âpre sentier des sentiments, se protégeant des obstacles derrière cette carapace charnelle.

Il savait qu'un tel gouffre, ne pouvait que les blesser tous les deux, aussi, avait-il détourné l'affection qu'il ressentait pour elle, en lui confiant un poste si haut, si important dans l'organisation. Pour cette raison, lui qui détestait les contacts humains, les étreintes, ne s'y abandonnant qu'en dernier recours, quand la peine se montrait trop grande, trop sourdes aux mots de réconfort, il n'avait pourtant pas hésité à l'étreindre le soir où Sunny avait été blessée.

-Ne me prends pas pour plus naïve que je ne le suis Peter. Tu es loin d'être le premier homme que j'embrasse, et tu ne seras certainement pas le premier à me toucher. Lui susurra Marion au creux de l'oreille, comme devinant ses pensées.

L'homme face à elle, frémit, et quand deux bras s'enroulèrent tels des serpents autour de son cou, il se laissa aller dans cette voluptueuse étreinte. Le temps d'une seconde, le temps d'oublier, d'emplir son cœur d'un autre sentiment que la culpabilité, le vide laissé par la mort de Yoann.

Il ferma les yeux sur sa moralité et ne les rouvrit plus jamais.

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Pierre Rochard bailla bruyamment, et chercha tout de même si des bonbons ne traînaient pas, par le plus grand des hasards, dans la taie d'oreiller. Evidemment, non.

Z'étaient cons les fabricants d'oreillers.

Le champion de la ligue grinça des dents, rageur, et si sa prévenance et sa compassion pour les autres ne le retenaient pas, il se sentait prêt à faire un procès au monde entier. Mais il était magnanime, il allait juste faire chier son monde.

Maintenant qu'il réfléchissait plus profondément à ses projets actuels, l'héritier de Devon constatait qu'il devait vraiment manquer de sucre pour être de si mauvais poil. Pourvu que Marc lui trouve vite un truc à grignoter, sinon, il ne répondait plus de ses actes.

Le champion roula des yeux, tenta de se mettre sur ses jambes, et se rassit immédiatement, la tête lui tournant de ce simple geste.

Il observa platoniquement l'extérieur, de loin, par la fenêtre, et il discerna rapidement la silhouette d'un Ptera surmonté d'une humaine à la chevelure outremer.

Ouah. Il commençait à avoir des hallucinations, il fallait vraiment qu'il se trouve quelque chose à manger, même un vieux caramel mou trouvé dans le sofa. Il voyait Arisa, ici à Twilight, quand même !

-Oh ! Yo !
-Oyo ?

Pierre cligna plusieurs fois des yeux, devant une Arisa tout à fait réelle, assise sur le rebord de sa fenêtre avec son maudit Pokémon dragon et ses crocs acérées, derrière son dos, tel un rapace.

Ah non, finalement, il ne délirait pas encore.
Quoique.
Comment était-elle entrée ?

-J'me disais bien que j'avais entraperçu Marc ici tout à l'heure.
-Arisa qu'est-ce que tu viens faire ici ? Bafouilla Steven –de son deuxième prénom-, de plus en plus blanc.
-J'veux faire chier Peter. J'veux qu'il ait grave les boules là.

Oui c'était bien son genre de sortir ça, surtout pour Peter, encore, avec eux, elle pouvait se montrer tendre, mais pas avec son frère.

-heu…Et que puis-je faire pour toi ?

Le regard d'Arisa brilla dans l'obscurité, et un rictus diabolique étira ses lèvres.

-Trois fois rien, apprend-moi comment faire un gosse rapidos qu'il culpabilise bien !

Pierre manqua de s'étrangler et d'une voix aigre, il appela :

-MAAARC !

Le concerné revint, légèrement dévêtu, tenant ce qui semblait être un paquet de bonbons dans les mains.

-Oui ? J't'ai trouvé de quoi te requinquer, on va pouvoir reprendre où on en était…
-Marc ! A-Arisa elle, elle elle veut faire un gosse, lààà ! Arrête-la ! Bredouilla le champion, confus, écarlate, pointant frénétiquement la fenêtre.

Le maître de la ligue leva les yeux, son regard coula de son amant, à la fenêtre, ouverte et vide, pour revenir sur le malade, perplexe.

-Il faut vraiment que tu manges du sucre là, Pierre.

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-Vous êtes sûûr que c'est du jus de raisin ?
-Bien évidemment, regardez l'étiquette, vous voyez ? J'ai aussi du bon jus de pomme, et du jus de blé. Rien que des bons produits pour les jeunes et les aider à décompresser !

Yuki plissa les yeux, les pensées légèrement brumeuse, et aussi cohérente que sa vue efficace. Il observa la bouteille que Nathaniel lui tendait, en toute bonne foie, incapable de décortiquer une vraie image. Il tournait et retournait les compartiments de cidre très alcoolisé, de bière, de vin et de champagne, pragmatique, mais pas assez, malheureusement.

-Allez, reprenez un verre ! Le flatta Nathaniel, tout sourire et rieur.

Il aurait du flairer le piège, pressentir l'engouement trop joyeux, mais là, il était surtout ennivré par l'odeur de la boisson. Ce qui devait arriver, arriva, quelques minutes plus tard, La tête de Yuki heurta violemment la table et il se mit à ronfler bruyamment, bavant sans retenu dans son sommeil d'ivrogne.

-YES ! S'exclama le père de Daniel, ravi d'avoir évincé le seul adulte responsable de la partie.

Barbara, évidemment, ne comptait pas, elle essayait vainement de moraliser son amant, sans grande conviction.

Samantha arqua un sourcil et secoua légèrement son professeur, aussi actif qu'une masse, pour changer. Elle soupira, alors qu'Eléa semblait très amusée par la situation, elle ne se plaignait plus du tout de son ennui. Elle allait le regretter dans quelques minutes.

Le père de Daniel servit des verres à tous les enfants présents et déversa une quantité non négligeable dans les gamelles des Pokémons, avant de s'écrier en chantant :

-Buvons mes amis, buvooons c'est bon pour me moral !

Il ricana, et se figea en plein mouvement, alors qu'il croisait des jambes sur sa geste.

-J'ai heurté un truc sous la table !
-Mais non, vous rêvez, assura Eléa toute guillerette.
-Il n'y a plus rien. Confirma Silver en goûtant du bout des lèvres son verre –revenu de sa cachette et à côté de gold sans Arisa dans les parages-
-Du moins, rien de fragile ! Lança Gold –amusé par la situation, et surtout par la mauvaise foi du rouquin concernant la jeune fille.
-Ah bon, ça va alors !

Nathaniel réitéra son geste et redonna un violent coup à l'objet non identifié sous la table de ce fait.

Daniel plié en deux sous la nappe retint un gémissement douloureux. Il crut le danger passé, malheureusement une main le chopa par le col et le ramena hors de son refuge. Son père lui envoya un rictus victorieux tandis qu'il l'extirpait de là :

-Tu croyais m'échapper jeune homme ? Allez, cul sec !

Daniel n'eut pas le temps de dire ouf, il avala de travers une bonne goulée de bière sans pouvoir rien y faire, et quand il arriva enfin à s'échapper de l'emprise de son père, et du goulot de la bouteille qu'on lui avait fourré dans le bec, c'était trop tard. Il tituba, et bientôt, ce fut le chao le plus total et assourdissant dans son crâne, le rire ravi de son géniteur se répercutant indéfiniment en lui.

Eléa arqua un sourcil. Il allait encore le lui traumatiser.

La jeune dresseuse vit alors ash, le dracaufeu, se jeter sur le brun aux yeux vairons, et elle émit un cri, inutile. Le jeune Pokémon câlinait outrageusement le gamin mordillant sa chevelure avec espièglerie, la même expression que lorsqu'il était un salamèche, participant à leur partie de pierre-papier-ciseau.

Eléa en vint dont à une conclusion : l'alcool ça faisait peur.
Elle croisa le regard de Makanie, qui souriante, avait sortie une caméra devant un Aaron halluciné t un Shagi blasé.
Elle, elle faisait peur même sans dose.

-Ouah, c'est marrant, il fait tous ce qu'on lui dit ! Ricana ouvertement Gabriel devant son frère, totalement beurré. –Regarde ! Daniel, couché ! Daniel, debout !
-A POIIL ! Hurla Cristal le rouge au joue.
-NON DANNY ! RESTE DIGNE COMME UN HOMME ! Répliqua Lucas aussitôt en se jetant sur son ami qui commençait à enlever son pantalon dans les nuages.
-LOUKA A POIL AUSSI ! MONTREZ NOUS VOTRE DIGNITE LES MECS AHAHA !

Eléa détourna pudiquement des yeux, écarlate, alors que son petit ami tentait vainement de pousser son ami à se déshabiller comme on lui avait demandé, sous le rire de cristal, déjà complètement bourrée.

« Si tu veux savoir si il est plus caleçon ou slip, regarde par toi-même au lieu de me demander ! » Grogna Miyu au dessus d'elle.

L'était pas drôle !

A ses côtés, cependant, l'ambiance emplie de gaïeté, commençait à mal tourner.

-C'est super, l'alcool, t'oublie presque la douleur ou tes ennuis…Constata Samantha d'une petite voix.

Cette remarque anodine poussa Eléa et Silver à s'inquiéter, et le roux fut plus rapide qu'elle, il enleva le verre des mains de sa sœur.

-Hé, mais qu'est-ce que tu fais ? S'indigna la brunette, les humeurs décalées.
-Tu as assez bu, manquerait plus que tu deviennes une ivrogne. Se défendit le fils de Giovanni froidement.

La fille des Joëlle s'empourpra violemment et haussa le ton.

-Mais pour qui tu te prends au juste ? Je décide de mes actes et de ma vie ! T'as pas à t'en mêler !
-Je connais ce sentiment, celui de la fuite, crois-moi, il ne vaut mieux pas s'y abandonner, c'est pour ça que je t'arrête tout de suite avant qu'il ne soit trop tard, c'est trop demander un merci ? Répliqua sur le même ton son aîné.

Nathaniel observait la joute tout en essayant de faire boire son plus jeune fils lui aussi devant une Barbara atterrée.

-Bah c'est trop tard pour jouer les gentils frangins !
-Tu vas arrêter avec ça ! Je t'arrête parce que je juge ça dangereux, pas parce que je suis ton frère !
-Tu ne l'es pas !

Samantha bondit sur ses jambes pour toiser Silver de toute sa hauteur, bien superficielle, et elle toisa avec rancune, tout son corps tremblant de refus.

-Si je le suis ! Que ca te plaise ou le non ! Ca m'est égal que tu le nies, mais je refuse de te voir ruiner ta vie pour oublier! Tu me faisais confiance avant, sans savoir que j'étais ton frère, et tu m'aurais écouté !

Silver se redressa à son tour, profitant de sa grande taille pour la dominer.

-C'était avant ! Avant de savoir que tu m'avais menti depuis tout ce temps ! Je ne peux pas te faire confiance !
-Tu ferais bien de suivre tes propres conseils et te souvenir de ce que tu as dit à Gold à Carmin sur mer ! Tu es intolérante et bornée !
-Pas plus que toi ! Et c'était totalement différent ! Je ne crois pas que tu deviendras un monstre, mais tu m'as caché la VERITE ! Tu as feint de me réconforter, je t'ai confié mes secrets et mes doutes, et toi tu souriais ! Je suis certaine que tu te marrais bien intérieurement quand je parlais de ma véritable famille ! T'es qu'une…Qu'un sale…
-Parce que tu crois que ça me faisait plaisir ? je ne disais rien pour te protéger !
-Tu parles d'une protection ! Tu n'as RIEN fait pour me sauver !
-QUOI ? S'étrangla Silver.

Gold grimaça, Eléa suivait la joûte avec un regard absent, sachant bien que le venin devait sortir, mais n'appréciant pas pour autant le spectacle, et Nathaniel siffla, admiratif.

« Ouah, ça allait plus mal que je le croyais, heureusement que j'suis venu avec mon alcool ! »

-TU CROIS CA ? FRANCHEMENT J'AI AFFRONTE MON PERE POUR VENIR TE SAUVER !
-TU EN AURAS MIS LE TEMPS POUR TE REBELLER !

Silver tiqua affreusement et pour la première fois, il empoigna le col de Samantha et la souleva, à tel point que la gamine eut les pieds battant l'air sans parvenir à effleurer le sol.

-JE TE FILE MA VIE QUAND TU VEUX !
-BOUHOU MONSIEUR A ETE TRAUMATISE QUAND IL ETAIT GOSSE ! TU ES LOURD TU SAIS !
-MAIS POURQUOI NOTRE MERE T'AS SAUVE TOI MERDE !
-TU VEUX MA VIE AUSSI ?
-ELLE VAUT BIEN MIEUX QUE LA MIENNE !
-VA VIVRE AVEC LES JOELLES ? TOUJOURS A T'EVALUER VA VIVRE AVEC CES VISIONS CONSTANTES OU TU VOIS LE PASSE DE TOUS TES AMIS CHAQUE NUIT ET UN FUTUR APOCALIPTIQUE ! VAS Y DEMANDE JE TE DONNE TOUT SANS PROBLEME !
-CE SERA JAMAIS PIRE CE QUE J'AI VECU !
-AH OUAIS TU AS VU CE QUI ARRIVE ELEANORE TOI ? A TA MEILLEURE AMIE ? SI TU VOYAIS GOLD CREVER DEVANT TOI CHAQUE NUIT CA TE FERAIT RIEN ?

Eléa sursauta, et s'offusqua alors que Gold tressaillait :

-Hey, me mêlez pas à vos disputes ! Sam est ma rivale et meilleure amie, mais j'aime beaucoup Silver aussi, je choisirai pas un camp ! Démerdez-vous tout seul ! C'est à vous de régler vos problèmes. Sois tolérante, comme moi je l'ai été. D'ailleurs, sincèrement, je ne comprends pas comment vous pouvez encore vous en vouloir pour ça. Vous vous battez contre des trucs auxquels vous pouvez rien, résignez-vous ! Vous êtes frangins, vous avez un passé à pleurer ou pas, point. C'est comme ça, préoccupez vous du futur plutôt !

-Lucas, aide-moi ! Relança Sam, furieuse, poussé dans ses derniers retranchements, dans une raison trop floue dans les méandres de l'alcool pour que les paroles de sa camarade de l'atteigne.

Ce dernier essayait tant bien que mal de garder son pantalon tout en empêchant Daniel de manger la moquette. Il lui lança une œillade désolée.

-Gold !

Ce dernier contemplait sa sœur qui commençait à avoir une attitude fichetrement inquiétante –pas que l'entendre crier « a poil ! » à tout bout de champ le préoccupe outre mesure, mais la voir s'approcher de l'écremeuh de Makanie avec un couteau de cuisine, par contre…

Les deux adolescents s'assirent brusquement, prirent un verre d'un même geste et avalèrent une gorgée avec rage, synchrone.


-Ouah ! Ca chauffe ici ! Déclara Arisa les prunelles écarquillée, jambes entrecroisées sur le rebord de la fenêtre.

Silver recracha sa boisson à la figure d'un Gold ébahi et manqua de s'enfuir de nouveau, malheureusement, c'était trop tard. La jeune dresseuse de dragon s'installa à table, à côté de lui et lâcha :

-Salut toi ? Tu m'en veux toujours pour le râteau ? Désolée, mais t'avais vraiment l'air d'une fille, donc ça m'a vraiment choquée à l'époque ! La morsure de mon Ptera a fini par s'effacer ?

Cette fois ce fut Samantha qui manqua de s'étouffer avec ce qu'elle buvait, littéralement morte de rire devant son aîné, écarlate. Arisa planta son poing dans la table, comme si elle avait toujours fait parti du groupe, et lança :

-Hey, toi le pervers, passe moi un verre ! J'ai besoin de me calmer les nerfs !

Nathaniel dut se reconnaitre dans cette appellation car il lui remplit une choppe à rabord aussitôt. Shagi plus loin, contempla le draco Shiney qui traînait, tout en dardant un regard de chaperon sur sa dresseuse, et il souffla « Ouah, ça a du mal se passer avec Peter ! ».

-Allez Shagi, vient me montrer que t'es un homme ! Un gamin de marin, concours de boisson, celui qui finit son verre le plus vite !

Cette fois, Makanie lâcha sa caméra et réagit de suite :

-Arisa, s'il te plait, sois plus douce, Shagi a vécu des choses horribles dernièrement et je suis pas sûre que l'alcool l'aide vraiment !
-Et qu'est ce que je peux dire de toute manière ? Ca a vraiment de l'importance ce que je dis ? Ca changera quoi que ce soit à la situation ? A ce qu'il ressent ? J'crois pas non. Laisse-le boire tranquille !

Aaron ouvrit la bouche ébahit, alors que l'Irisien se levait pour rejoindre son amie d'enfance sans protester, avec un léger rictus.

-Tu participes ? Proposa simplement Nathaniel à la rouquine, celle-ci le foudroya du regard.
-Mon père était un ivrogne, il faudrait que la fin du monde approche pour que je touche à votre saleté de truc et encore !
-Comme tu veux ! S'exclama Nath sans sourciller ou même montrer la moindre compassion. Allez les gosses, tous à vos verres, je commence le décompte, le premier qui a tout bu gagne ! Gabby, file moi ton ordi, on va mettre de l'ambiance musicale !

Il tripota sur le joujou de son cadet, qui titubant sous la tutelle totalement dépassée de Barbara, agit avec un cran de retard.

-Mais t'as que des OST d'anime pourris làà !! C'est quioi ça ? Un truc d'hikaru no go ! Mais c'est pour les tapettes : S'offusqua son géniteur, mi figue, mi raison.
-Vous êtes incapableee de comprendre la profondeur de ce manga, vous êtres inférieurs ! Leur cheveux ils voleeeent quand ils posent des pierres sur le goban ! c'est troop la classe ! Bredouilla Gabriel, complètement à côté de ses lattes.
-Mouais, peu importe ! A vos marques, prêêêt ? PARTEZ !

Et tous ceux qui eurent une hésitation se virent forcer par l'adulte irresponsable.

Quelques minutes plus tard, plusieurs gosses se ruèrent vers les toilettes et les lavabos pour recracher le liquide qu'ils avalaient de travers, ou qui les étouffait, riant à moitié. Il ne fallut que quelques rounds pour faire tourner les dernières têtes qui restaient. Cristal se vautra royalement sur les Wc et elle fendit la cuvette dans un rire tonitruant.

Eléa se promit de ne plus jamais dire qu'elle s'ennuyait de tout ce qui lui restait de sa vie.

-Moi aussi, je veux jouer ! Filez-moi un verre ! Quémanda-t-elle à Nathaniel, se sentant bien seule dans ce chao, ambiant.
-Et puis quoi encore ? Je file pas de l'alcool à ma belle fille, j''ai déjà trop de gosses et de pensions sur les bras !

Sale type, dès que ça l'arrangeait il devenait responsable.

Lucas vaquait d'un groupe à l'autre, comme un pauvre hère, essayant tant bien que mal d'ordonner ce capharnaüm monumental que filmait Makanie, ravie.

-HEyyy ! Lucaaaas regarde ce que je sais faiiiire !!

Le concerné tourna des talons, et il vit Samantha effectuer une danse étrange, marchant sur elle-même, le moon-walk, grâce à une plaque givrée que lui avait créé son farfuret. Elle gloussait sans se soucier de sa mauvaise humeur du début de soirée, affublée d'un collant sur sa tête.

-JE suis devenue une bonne danseuuuze grâce à tooi !! Merziii !

Elle voulut faire une pirouette, mais le verglas ne devait permettre que le moon walk. La théorie des dominos se revérifia fatalement. Elle glissa, se rattrapa à la table, la renversant sans autre forme de procès, ce qui envoya Yuki à terre –sans qu'il ne se réveille- et plusieurs Pokémons.

-Oooups, j'ai failli tombeeer ! Heureusement que je porte un collant sinon avec ma jupe on aurait vu ma culotte !

Elle ricana ouvertement, oubliant que le collant elle l'avait collé sur sa tête pour ainsi dire. Lucas essaya tant bien que mal d'oublier la vision de sa meilleure amie et confidente dans une position aussi…Déplorable, tout en chassant les rougeurs gênantes qui encombraient ses pommettes. Il perçut un bruit de verre brisé, et vit une Cristal dansait avec un Gabriel complètement pantelant, répétant sans cesse qu'il y avait de la profondeur dans les powers rangers ou il ne savait quelle bêtise.

-Vive les bisounooooours ! AHAHAH ! Conclut-il après une pirouette qui manqua de lui fracasser le crâne contre la cheminée.

Il fallait qu'il pense à emprunter le film que tournait Makanie pour cette soirée, rien que pour ne jamais oublier ce côté de Gabriel.

Il perçut alors une remarque trop dangereuse à sa droite :

« A votre avis, les tapis volants, ça vole vraiment ? Danny, tu essayes ? »

Il se jeta sur son meilleur ami avant que celui-ci ne se suicide bêtement en voulant vérifier cet ordre, il sortit alors un hurlement, que pourtant il avait hait toute son enfance tant ses parents lui avait rabâché les oreilles avec cette question ironique :

-ET SI TOUT LE MONDE SAUTAIT D'UN PONT TU SAUTERAIS AUSSI ?
-Bah oui, j'veux pas être tout seul moi. Répondit Danny, penaud.

Il allait finir par sauter de la fenêtre, et sans tapis volant.

-Qui est responsable de ça ? Qui a dit cette phrase stupide ? S'égosilla-t-il.

Il scruta l'assemblée pantelante, et pour le moins peu raisonnable, voire même lucide. En désespoir de cause, il jeta un regard vers Silver, qui paraissait plus ou moins bien, si on oubliait que Gold s'accrochait à sa jambe en faisant le mort et qu'il le traînait avec lui.

-Silver, tu sais qui a sorti ça ?

Le rouw ouvrit la bouche, fronça les sourcils, leva le doigt d'une manière professorale, et n'émit aucun son. Plusieurs secondes s'écoulèrent, tendue.
Le rouquin finit par fermer la bouche et à tourner des talons devant le brun dubitatif et une cristal pouffant :

-Il oublie même de parler ! Ah trop fort l'alcool fait taire Silver glorifiez le, glorifiez moi ! Tuez les écrémeuh !

Il allait appeler la société protectrice des droits de l'enfants…N'importe qui ! Pourvu que ça s'achève !

-Silver, aide-moi bordel !

Le gamin à la tignasse rouge tressaillit et une mèche apparut, rebiqua sur le haut de son crâne, avec une mine très sérieuse, il pointa du doigt brasergali dans un coin, qui lui-même regardait sa dresseuse qui embrassait son professeur malgré le collant qui lui couvrait la tête, et il lâcha avec gravité :

-Tout ça c'est de la faute du poulet !

Le pauvre starter feu se demanda ce qu'il avait bien pu faire.

-Moi j'aime les pokééémmon tortueeeees !

De son côté, Gabriel –le propriétaire de cette exlamation sincère- commençait à chantonner d'une voix fausse des musiques d'animes en emportant son aîné et cristal avec lui.

Eléa mangeait du pop corn dans la cuisine ne quittant pas le spectacle des yeux.

-Eléa… ? Supplia presque Lucas.
-Hors de question, c'est trop marrant à voir !
-Tu l'as dit gamine, file-moi du pop-corn !
-Allez vous faire voir Nathaniel, j'ai pas droit à la bière, vous avez pas le droit au pop-corn !
-Hooon !

Au quatrième dessous, plus bas que terre mais continuant à creuser, le dresseur de Yin et Yang ne savit plus où se mettre ni sur quel pied danser. Et a vrai dire si c'était pour finir comme Sam, les quatre fer en l'air, ça ne lui disait rien.

-OOOOHhhh !

L'exclamation émue de l'assemblée tira le dernier homme responsable de salle de sa déprime, et il osa jeter un œil vers ce qui étonnait tant la bande de larves comatant dans l'alcool. Gold était littéralemet en train de peloter Silver qui inerte, ne se défendait pas non plus. Barbara essaya de s'interposer quand le gamin passa les mains dans le caleçon de son rival –ou plus vraiment vu ce à quoi Lucas assistait- et elle l'arracha de lui en le prenant par le bras.

-Enfin ! le tempéra-t-elle. –Un peu de retenu petit !
-NooooOOOoon ! Gémit Gold renfrogné, avec une tête de bambin privé de dessert.
-Non quoi ? Bafouilla-t-elle confuse, désoeuvrée.
-No-On ! Trépigna le brun.

Et Bam, il se laissa choire sur le sol et fit le mort.
Un Capumain vola et heurta la tête de Barbara, l'assommant de ce fait.

-STRIKE ! Hurla Cristal fière. – On n'interrompt pas mon gros bébé de frère et ses séances yaoi ! AHAHA !

Silver dans tout ça continuait à marmonner quelques mots concernant le poulet. Lucas soupira.

Au secours, il voulait un flingue.

-I'M WALKING ON SUNSHIIIINEEE ! Hurla Samantha en dansant avec un Yuki toujours complètement out. –il était mort ou quoi pour être aussi amorphe ?-

Arisa riait aux éclats en applaudissant bruyamment, encouragé avec Shagi, qui avait brusquement retrouvé la pêche du à une belle future cuite. Aaron et Makanie en bon spectateurs, hésitaient entre rire et s'atterrer.

Soudain, un hurlement strident leur vrilla les tympans, et un à un les enfants et adolescents sautèrent sur des chaises ou des tables. Un sac se mettant bougeant seul dans sur le sol, s'affairant d'un côté à l'autre, frénétiquement.

-C'est les dents de la mer, remake ! ninninNinNin ! Siffla Cristal en rossissant. –Loooukaaa sauve-moooi !
-C'est un Alien !
-Vous ignorez tout de la profondeur de la théorie scientifique que les aliens ! S'offusqua Gabriel.
-Profondeur mon cul, plonge-tout seul !

Cristal larda le lardon sans ménagement et celui-ci cria, se débattit sur le sol, comme s'il se noyait réellement, se tordante et retordant sur le sol.

-Ca me rappelle la visite au zoo, quand Gabriel est tombée dans l'enclos des Pokémons tortues à cause de Fred. Bafouilla Danny dans un coin.

-AAHH ! MONSIEUR YUKI VA SE FAIRE MANGER PAR LA CHOSE !

Le sac s'approchait dangereusement vers le professeur ronflant bruyamment sur le tapis.

-Va le sauver Silver !

Samantha tapa le dos de son frère qui s'effondra au sol ; et Gold, dans un élan de courage –ou de stupidité le suivit pour le protéger. Ils roulèrent, tourneboulèrent. Le roux finit sa course les mains sur le bagage dangereux et vivant, et Gold sur la ceinture de son ami.

Mais quelque chose soufflait à Eléa que ce n'était pas involontaire ça.

On finit par soulever avec précaution l'objet non identifié, et les adolescents virent Pilou, la pikachu, s'extirper et s'ébrouer, délivré de sa prison de tissu. Pour les remercier, elle les electrocuta gentiment.

Sale bête.

Le glas de la fin sonna pour la soirée, brusquement. Nathaniel finit par choper Lucas, et il lui fit avaler sans plus attendre un bon litre de bière en arguant que c'était bon pour lui et ses nerfs. Le jeune garçon se souvint simplement avoir embrassé Cristal, puis ce fut le trou noir total.

Eléa, elle, plus pragmatique, lointaine à ces délires, vit le brun, embrasser un à un chaque personne présente dans la pièce, puis se faire jeter par Arisa et Silver d'un bon coup de pied ou par un Pokémon très protecteur, avant qu'il n'ait pu esquisser le moindre geste.

Daniel tituba jusqu'à elle, et se plaça à ses côtés, pantelant, il posa la tête sur son épaule, hagard, exténué. Doucement, sans se soucier –pour une fois- de la foule autour d'eux, il glissa sa main dans la sienne. Au creux de son oreille, il lui souffla timidement, sans pour autant de détour :

-Eléa…Je t'aime…

La jeune dresseuse sourit, sachant bien, qu'elle assistait à une vérité dont le principal concerné ne s'avouait pas lui-même, et que l'alcool, chassant les pensées parasites, révélait au grand jour. Touché, elle répondit à l'étreinte, et lui murmura :

-Moi aussi Daniel.

Elle ferma les yeux, et pendant une brève seconde, le tumulte autour d'eux, cessa. Elle omit le drame qui les avait poursuivi, savoura l'instant présent et le bonheur tout neuf, encore pur qui s'emparait de l'atmosphère. Et un nouveau jour se leva sans qu'elle ne s'en aperçoive réellement.

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Sur les coups des 5 heures du matin, Marion fut réveillée par la sonnerie de son portable, encore perdue dans la pénombre. Elle tâta le sol à côté d'elle, à la recherche de l'engin bruyant et son poing se compressa sur la coque avec lassitude et force à la fois quand elle y parvint.

-KWOA ? croassa-t-elle, les cheveux en bataille, la gorge sèche et surtout, encore à moitié dans ses rêves délicieux, qui lui manquait déjà.
-Je te déteeeeste tu le sais ça, Marion ? Je te déteeeste t'es qu'une sainte nitouche qui profite toooujouurs-Ours, de la situatiooon, mais tu vas voir, un jour je te battraaaiieuh !

La blondinette passa une main fatiguée sur sa frimousse et tira sur sa peau, le temps que l'information monte jusqu'à son cerveau. Puis elle balbutia, peu sûre d'elle :

-Lucas c'est toi ?
-Bah- o-O-oui, sale peste ! Qui d'autre !
-Tu es bourré ?

La phrase claqua dans l'air sévèrement, comme une menace prochaine.

-Mai-euh Noon ! Juste un ptit verre comme ça !
-Ne bouge pas, j'arrive, tu vas te prendre une raclé quand les parents vont apprendre ça tu vas voir ! Gronda la cousine du brun avec une fausse colère.

Elle s'extirpa du lit sans plus attendre, et la couette s'enroula autour de sa taille dénudée, encombrant ses mouvements. Elle la repoussa d'un coup de pied.

La couette émit une exclamation plaintive et douloureuse.

La blonde frissonna en voyant Peter à ses côtés se frotter le crâne, et une prochaine bosse, ne saisissant pas ce qu'il avait fait pour mériter un tel coup pour se réveiller. Les images de la nuit revinrent à Marion, qui en laissa tomber son téléphone. L'engin dérapa entre des doigts, glissa sur le drap et ricocha à terre, s'éteignant du même fait, sans entendre le « YES ! » de son propriétaire.

Heureusement, Peter, se rendormit également aussi avant de l'entendre lui aussi, parce que, disons-le franchement, cela lui aurait fait franchement peur de voir Marion exécuter la danse de la joie au pied du lit en zappant son petit cousin lulu.

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Cependant, il est une loi de la nature, absolument indubitable, la théorie des dominos, m'action-réaction, l'effet papillon, peu importe le patronyme, le résultat restait le même. Après une soirée bien arrosée, il fallait s'attendre à une gueule de bois monumentale.

C'est dans cet état que se réveillèrent la plupart des enfants vers les midi le lendemain matin. La tête en feu, le palet rêche et la gorge enrouée.

-J'ai maaal au crâaanee ! gêmit piteusement Akira.
-Moi aussiii…
-Taisez vous vous me filer encooore plus mal au crânee !
-C'est encore la faute du poulet ça…
-Pardon ?
-J'sais pluuus…
-AAh !

En bonne élève de Chris et Angie, Cristal tomba de la mezzanine où elle avait passé la nuit et renversa le pauvre Lucas tout juste debout.

-Quelque chose me dit, que soit on a du bien se marrer hier, soit on a fait une groosse connerie qui nécessitera qu'on quitte le pays ! Annonça Nathaniel en se frottant les yeux.

Bref feulement, mouvement de recul général, ils n'étaient pas vraiment apte à commencer une course poursuite avec les autorités pour le moment en essayant de passer clandestinement la frontière.

-Jimmyyy ! Qu'est-ce que tu faiiis ? S'écria soudain le géniteur et protagoniste de leur dernière soirée.

Daniel, la frimousse fermée, pour une fois, emprunte d'une colère muette, vidait les bouteilles de bière qui restaient par la fenêtre. –Sans savoir qu'un pauvre Adrien, passant en dessous du chalet, se le prit sur la tête et confondit ça pour des extréments de par la couleur du liquide-.
-Tu veux briser le cœur de Papaa ! Arrêteee Fistoooon !

Le Kazamatsuri junior se stoppa, et le regard de Nathaniel brilla de reconnaissance.

-C'est bien mon ange, je savais que tu ne voulais pas briser le cœur de ton papa chéri !

CRAC. Danny ne brisa, en effet, pas le cœur de son père, mais juste la bouteille sur la tête de l'adulte. Assommé, le géniteur gît sur le parquet, plus en mesure de proférer la moindre protestation contre le génocide que proférait sa progéniture sur sa réserve d'alcool.

Le petit était visiblement furieux, et s'annonçait rien de bon.

-Même à Gabby tu as fait boire de l'alcool papa ! Gabby ! Il a 10 ans !
-Ouach…Grommela la victime, entouré de ses Pokémons.

Samantha se releva, et se demanda une brève seconde comment elle avait put se retrouver avec des collants fichés sur le crâne. Le cerveau vide de tout souvenir depuis son premier verre.

Intervint alors Makanie toute fière, avec son sourire manipulateur.

-Si vous voulez, j'ai tout filmé…

Plusieurs paires d'yeux dérivèrent sur elle, et ensemble, ils convinrent d'un pacte solennel :

-On ne regarde ça qu'une fois, et on le détruit ensuite !

Les enfants déglutirent et approuvèrent.

Bientôt la caméra passa elle aussi par la fenêtre, emportant ses secrets avec elle dans la tombe, de toute évidence, bien trop lourds pour cette pauvre machine.

-Paix à son âme.

Arisa haussa des épaules, faussement peinée, devant le pauvre engin mort sur le chemin menant à la vérité. Plus ou moins en forme – son draco shiney l'ayant empêcher de dépasser les bornes et l'alcool ayant finit par la faire tomber raide endormie vers les minuit- elle se tourna vers ses camarades et lâcha sérieusement.

-Bon, en fait, si je suis venue, c'est pour vous ramener avec moi. Je veux partir à la recherche D'Harry et aller lui boter le cul, mais je refuse de vous laisser seul avec Peter-stupide ; vous en êtes ?

Fut-ce le contraste trop important entre la soirée de la veille, hilarante, et l'importance de cette question, les concernés mirent plusieurs minutes à la comprendre et à l'intégrer. Finalement, Makanie fut la première à lancer :

-Désolée Arisa, mais je m'inquiète pour Peter, et j'ai Aaron à Twilight. Je préfère rester ici. Tu comprends ?
-Non je comprends pas, -trancha la dracologue- mais si c'est ce que tu veux, j'y peux rien. Surtout, si Peter décide de se suicider, arrête le, l'est chiant, mais j'veux pas être obligé de dire des gentillesses sur lui à son enterrement.

La rouquine pouffa gentiment, murmurant un « toujours aussi franche toi » sarcastique. Arisa siffla et se tourna vers Shagi, son regard s'adoucit.

-Et toi Shagi ? Tu viens ?

L'irisien leva les yeux vers elle, comme cherchant un indice, ce qu'il devait répondre à cela, et il se tût, baissant la tête piteusement.

-Je ne te demanderai rien Shagi, si tu ne veux pas me raconter ce que tu ressens, ça m'est égal. Tu sais comment ça marche avec moi.
-Je sais. Oui. Mais…
-Si tu veux me dire quelque chose, cependant, je ne ferai pas la sourde oreille non plus. Annonça Arisa, avec un sourire.

Shagi trembla imperceptiblement, et il finit par la regarder accablé, tout en soufflant :

-Comment fais-tu ?
-Pour tenir le coup ? Je sais qui est mon frère, tout simplement, et hors de question que je l'enterre.
-J'ai toujours cru en Harry, mais là…Il a dit des choses sur ma mère…Il m'a…carrément poignardé…
-Moi non plus je ne comprends pas ses actes, Shagi. Et c'est bien pour ça que je pars à sa recherche de mon côté, sans Twilight. Je cherche mon frère, pas le coupable de ce meurtre.

Shagi se pinça les lèvres avec rancune.

-Il savait des vérités sur ma vraie mère que moi-même j'ignorais…Comment a-t-il…Comment a-t-il put seulement me faire ça ?
-Je ne sais pas. Surtout, qu'il…Te regardait exactement comme moi je te regarde. Je ne sais pas comment on peut passer d'un tel extrême à un autre. Mais c'est ce que je veux découvrir, tu viens ?

Shagi grimaça un sourire et il souffla doucement :

-Tant que je suis avec toi, tu sais…

Arisa posa une main sur son cœur et fit une moue faussement heurtée, et elle brailla :

-Ah, comment fais-tu ?
-Quoi ? S'étonna le garçon.

La dresseuse sourit mystérieusement, amoureusement, tout en lui adressant un clin d'œil.

-Comment fais-tu pour toujours me remonter le moral ?

Shagi sursauta, puis rit faiblement :

-Don naturel, que veux-tu !

Makanie regretta de ne plus avoir sa caméra.

Quelques heures plus tard ; les deux amis quittaient le Qg sans un au revoir, comme des fantômes dans la brume de l'aurore.

La rousse soupira d'aise, et décida de retourner dans le chalet, cependant, quand elle pénétra dans le hall, elle ne trouva qu'effervescence et joie. Elle craint une seconde, en voyant Christopher et Angie –brusquement réapparut pendant son absence- dansant dans le salon sur la table basse, que ceux-ci ait eu accès aux restes d'alcool.

Cependant, on lui démentit bien vite cette possibilité, Régis, était auprès d'une Eléa riant et pleurant à la fois, entourées par les clameurs et les félicitations.

La jeune fille venait de devenir grande sœur, d'un enfant prématuré, d'un petit garçon qui avait vu le jour ce matin même, et qu'on avait nommé Lyon en ce 25 juin, en son honneur. Le savant appelé en urgence la veille, revenait avec les premières photos du nouveau né.

Le cœur gros, voyant les enfants, oubliant leurs malheurs, le futur combat qui les attendait, tout rassemblé pour célébrer simplement le bonheur de la vie, attendrit Makanie. Celle-ci leva la tête vers le ciel, là où avait disparu ses amis d'enfances, et ses traits s'adoucirent tandis qu'elle murmura :

« Tu vois Yoann, la vie continue pour nous aussi… »

Elle ferma les yeux, et inspira profondément.

« C'est certainement ce que tu souhaitais… »

Sans attendre plus longtemps, elle alla célébrer l'évènement avec la petite chanceuse. Loin, dans les méandres du néant et des dimensions, un spectre sourit.

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Des amoncellements sans limites de tissus, empaquetés les uns sur les autres, s'enroulant aux grès des fantaisies architecturales, une colonne de rideau, des étages de hamac et de toiles, ce fut la première image qui tomba sur son regard lourd. Le silence de côton, la douceur de plume, la chaleur apaisante de sa chambre, l'entoura tendrement alors qu'elle humait avec une grimace la si familière senteur de terre et d'humus.

Ambre gémit dans son sommeil, et papillonna des paupières. L'unique lucarne au dessus d'elle, diffusait quelques miettes de soleil crépusculaire à l'intérieur de ce puits, tel les barreaux d'une prison. Les idées confuses, embrumées par le parfum de renfermé flottant dans la maison de son enfance. Les échos d'une mélodie lointaine, presque un murmure envoûtant, raisonnait au fond de son être et la jeune fille ferma les paupières de nouveau pour savourer cette douce complainte, dont les derniers accords s'éteignirent faiblement, comme une flamme mourante.

L'air afflua dans ses poumons et gonfla son être d'une certitude encore si tangible.

Une plainte étouffée la fit frissonner de part en part, et elle tourna la tête sur le côté, la caresse des draps glissant sur sa peau avec une fraîcheur savoureuse.

Ritchie se tenait à côté d'elle, il sommeillait paisiblement, la respiration sereine, si naturelle, qu'il lui sembla que les semaines passées n'avaient été qu'un long et douloureux cauchemar maintenant oublié. D'une main hésitante, elle remit une mèche de sa chevelure auburn en place et admira la frimousse innocente qui s'offrait sans le savoir à la vue de tous. Ce simple contact lui parut si irréel, comme si le simple fait de se trouver encore ici, avec lui, relevait du miracle. Son cœur papillonna d'allégresse, la sensation de vivre chatouilla chaque parcelle de son être dans une félicité naissante.

Elle se pencha délicatement vers lui et posa simplement ses lèvres sur les siennes.

Ritchie s'éveilla.

Durant une seconde, leurs deux regards s'entrecroisèrent et se mêlèrent, s'illuminant sous les feux d'une même retrouvaille.

Puis Ambre se fit littéralement éjecter du lit.

-CE…CE N'EST PAS CE QUE TU CROIS ! O-ON A RIEN FAIT DU TOUT !

Ritchie bafouillait, agité de tics nerveux, son teint passant par toutes les nuances de l'arc-en-ciel, du blanc, jusqu'à l'écarlate, et bien plus encore, se répandant en excuses et en bégaiement. Ambre resta stoïque, pensant juste que ce n'était vraiment pas juste de se faire virer de son lit de la sorte. M'enfin !

-Je…Tes vêtements étaient pleins de sang et…Et…Et tu étais en hypothermie alors il a fallu…Il a fallu…

Ambre pencha la tête sur le côté, dans la plus parfaite incompréhension. Ritchie tendit un doigt tremblotant vers elle et elle suivit la courbe de son mouvement embarrassé, sur son corps presque entièrement dénudé. Elle arqua un sourcil, silencieuse.

Oh.

-T…t…Bredouilla le jeune dresseur, de plus en plus mal à l'aise, alors qu'il tentait du mieux qu'il pouvait de ne pas fixer les courbes d'Ambre qui transparaissait visiblement malgré la seule chemise de côton qu'elle arborait.

Pourtant, l'adolescente ne cilla pas, elle n'explosa pas, et elle se contenta de ramasser un des nombreux dessous qui traînaient un peu partout sur les dalles de pierre qui parcourait la pièce, et de les enfiler. Puis, un sourire attendri barra son visage et elle demanda dans un souffle :

-C'est ta chemise ?

L'ancien rival de Sacha resta pantois, et sous le choc, il ne put qu'acquiescer. Ambre s'empourpra légèrement et elle se contenta lisser les plis de son « nouveau haut », émue. Un inextricable sourire sur les lèvres malgré sa frimousse endormie.

Alors, elle releva simplement la tête, et plongea ses iris vert prairies, cerclé d'un fin anneau d'or, toujours vibrant d'une torpeur indicible, d'une profondeur semblables aux méandres de son imagination inépuisable, cette parcelle d'infini qui faisait frémir Ritchie dès qu'il osait la soutenir. Ambre, rit alors doucement, et lui souffla :

-J'ai faim, tu crois qu'il reste du chocolat ?

Et toutes ses certitudes, ses craintes des dernières heures s'évanouirent, balayées face à l'éclat gourmand d'antan, sa présence. Sa simple présence. Ritchie ne sentit même pas les larmes de soulagement rouler sur ses joues.

Ambre sursauta, et ses yeux se plissèrent douloureusement, alors qu'elle murmurait, un trémollo inquiet agitant son timbre :

-Ca va ?

Le dresseur secoua la tête avec véhémence, ses hoquets, ses sanglots se disputant avec ses éclats de rires.

-Non ça va pas Ambre ! T…Tu avais disparu comme ça, sans laisser de traces ! On a retrouvé ton père à moitié mort et…Et des gens ont menacés de te tuer ! Et…
-Je sais tout ça Ritchie.
-Ils auraient put te tuer Ambre ! Ils t'ont tiré dans l'épaule ! Ils t'ont contrôlée avec un Ectoplasma ! Tu as fait de l'hypothermie, on a du te faire un massage cardiaque ! J'ai…Tu ne respirais plus !

Ambre se tût, et son expression se contracta, s'étira une seconde sur la peine dans un tic, puis lentement, elle s'avança simplement vers lui, pour l'enlacer tendrement.

-Ca c'est bien terminé…Non ? C'est tout ce qui importe.

Elle ricana et son étreinte se resserra sur Ritchie, dans une crispation douloureuse, les cicatrices de sa séquestration l'élançant furtivement.

-Puis…ça veut dire quoi ça ? Ce ne serait pas à moi de pleurer ?

Son timbre se morcela, sans qu'elle ne verse le moindre pleur pourtant, et elle se contenta de rester auprès de lui, leurs sanglots bientôt se métamorphosant en ricanement nerveux, puis en rires soulagés.
Ritchie ne savait décidément jamais ce qui se déroulait dans la tête de la jeune fille, parfois aussi voluptueuse que la brume, et à d'autres aussi glaciale et impitoyable que la glace…Elle lui inspirait de l'admiration et de la peur, de l'amitié et de l'amour, tout cela dans un étrange mélange presque effrayant. Leurs visages se rapprochaient à nouveau l'un de l'autre, quand la porte s'ouvrit brusquement dans un claquement sonore.

Sparky le pikachu, Raven le rattata, Léon le roigada, les trois Pokémons se précipitèrent enlacer leurs dresseurs, et bientôt sur le seuil apparut Asbel. Ses grands yeux bleus étincelèrent et ses joues se gonflèrent pour retenir une exclamation larmoyante, alors qu'il bondissait vers sa sœur. A la chaîne, Eliza, alerté par les cris de son fils, apparut, puis Salem, son mari, un géant aux paluches comme des battoirs, aux cheveux et à la barbe blonde. Ses prunelles, jumelles de celles de son fils, d'un bleu azuréen se condensèrent de larmes et il serra toute la fratrie sur son embonpoint naissant.

Pourquoi tout le monde se permettait-il toujours d'entrer dans sa chambre comme dans un moulin ?! Ambre trouva rapidement la pièce bien trop petite et suffocante à son goût.

Les heures s'effilochèrent progressivement, et aux suppliques, aux étreintes moites et suaves, se succéda les questions, les précisions, les résumés hagards de la situation. Sans qu'elle ne saisisse réellement le pourquoi du comment, Ambre se retrouva devant un visiophone, entourée par toute sa famille, la main de Ritchie nichée au creux de sa paume et Sparky sur les genoux.

L'image oscilla, grésilla, puis enfin, après quelques longues minutes de patience dans un silence tendu, le visage de sa marraine Cynthia se dessina. Son faciès marqué par la fatigue et les larmes s'éclaircit brutalement à sa simple vision et un rictus engourdi étira ses lèvres pincées, comme n'osant y croire. Elle porta une main à sa bouche et ravala son exclamation époustouflée avant de passer ses fins doigts sur les pourtours de ses cernes, chassant les dernières preuves de ses soucis.

-Ambre…Tu vas bien, merci Arcéus…J'ai vraiment cru que…Que…

Sans voix, son timbre racla son palet sans pourtant émettre le moindre mot de plus, ne rejetant qu'une plainte enraillée.

-Ne t'en fait pas Cycy…Elle va bien, c'est une Irving. La rassura simplement son père en posant une de ses mains immenses sur le crâne de sa fille bien aimée, qu'il aurait très bien put écraser par mégarde avec de telles armes au bout de ses bras.

La maîtresse de Sinnoh fit un rictus gêné, et elle hocha gravement du chef. Asbel fronça les sourcils, dans un bond, il se glissa entre sa sœur et le communicateur pour balbutier :

-De ton côté aussi, ça va, hein ? Le type sur l'estrade, il va bien hein ? Il a été frappé…mais il s'est relevé…Il va bien ?

Ambre sentit la prise de Ritchie tressaillir et la femme à l'autre bout du fil vaciller. Doucement, elle éloigna son cadet, et elle lui intima gentiment de les laisser seuls, mais le petit s'empourpra. Il lui jeta un regard noir, empli d'une souffrance hésitante, de doutes bien trop longtemps repoussés qui la fit trembler.

- TU T'ES FAITE AVOIR COMME UNE IDIOTE ET MOI J'AI PEUT ÊTRE LAISSE CES GENS…CE TYPE SUR l'ESTRADE EST TOMBE ET Y-AVAIT PLEIN DE SANG ! TU PEUX PAS COMPRENDRE AMBR-

Sa voix s'éteignit dans son gosier et il bascula sous le coup d'une claque retentissante.

Asbel tituba, estomaqué, et il porta une main hagarde à sa joue brûlante. Ses grands yeux bleus innocents tombèrent sur son aînée avec incompréhension, comme la plupart des personnes présentes. Mais la blonde ne vit que la lueur d'innocence, la frustration, l'orgueil enfantin blessé se refléter dans les traits de son cadet.

Exactement les mêmes que celui qu'arborait l'adolescent qu'elle avait côtoyé dans sa cellule, et sa fureur redoubla.

Pour la première fois depuis son réveil, elle sentit la bulle d'allégresse qui l'englobait, l'auréolait d'une paisible quiétude, se percer et elle hurla la voix cabossée, étranglée sous un unique sanglot :

-JE T'INTERDIS DE DIRE CA ! C'EST UNE QUESTION DE RESPECT ! PEUT ETRE QUE JE NE PEUX PAS COMPRENDRE CE QUE TU RESSENS, ET CROIS-MOI CA ME DESOLE, MAIS AU MOINS J'ESSAYE ! ALORS NE ME REPOUSSE PAS ALORS QUE JE TE VIENS EN AIDE ! DE CETTE FACON TOUT CE QUE TU GAGNERAS C'EST UNE VIE AUSSI POURRIE, SOLITAIRE ET AUSSI MISERABLE QUE TU L'ES EN CET INSTANT !

Ambre renifla bruyamment et ravala ses grincements. Ritchie se contracta derrière son dos, assistant pour la première fois à une telle effusion de sa part. Il avait déjà vu ses larmes rouler, principalement pour des broutilles en pleines tempêtes, si un Pokémon mourrait, elle se taisait, en revanche, elle versait des sanglots quelques jours plus tard, pour un verre mal lavé, sous la pression. Pourtant, jamais, il ne l'avait vu porté la main sur son frère dans une de ses crises de sanglots.

Il comprit bien trop tard à quel point la plaie d'Ambre suintait d'une douleur muette et sourde.

Absel, s'ébranla, et dans un hoquet, honteux, baissant la tête, il murmura plaintivement :

-Ca fait mal…

Et les larmes roulèrent sur ses joues alors qu'il se nichait dans les bras de son aînée. Ambre l'enlaça simplement, sans un mot de plus, sans geste hostile, et ne s'autorisa qu'une simple œillade bienveillante, compatissante à son égard. Pourtant, Ritchie sembla percevoir le dialogue silencieux de leur étreinte.

Oui ça faisait mal.

Il ne sut jamais vraiment ce qui tiraillait ainsi les frères et sœurs, la claque, ou les évènements récents ; et il sentait, que jamais, il n'accéderait à cette vérité, peu importe sa volonté. Ils évoluaient dans un monde bien trop étranger pour lui, un univers où l'on vivait aux grès des courants de ses humeurs, où la liberté vaquait et les poussait à l'extrême limite de leurs moyens, encore et toujours, rassurant et plus confiant envers eux qui quiconque.

Pourtant, n'être que le spectateur affable de cette scène ne le dérangea pas, et il sentit son cœur se serrer d'émotions.

Finalement, Cynthia mentit à Asbel. Tous les adultes le remarquèrent, pas à cause de la gestuelle de la maîtresse de Sinnoh, mais par intuition, un sens qui venait seulement avec l'expérience cruelle de la réalité. Asbel, encore trop jeune, se laissa duper, il avala sans mot dire que Theodd s'en était tiré parfaitement bien, qu'elle n'avait pas été punie pour ses actes au sein de l'organisation, et encore quelques petits ornements colorés dans cette peinture grise et morose.

Eliza emmena donc son fils, rasséréné, avec elle, pour le faire prendre enfin un bain, sous prétexte qu'il n'avait plus d'excuse pour y échapper. Et Salem, une fois seul, prit une mine soucieuse et sérieuse qui contrasta drastiquement avec son habituel sourire aussi ensoleillé que le désert où il avait élu domicile.

-Alors ? Demanda-t-il franchement.

Ritchie ne put que songer, combien cette ambiance grave ne lui saillait pas, ses traits grossiers, quotidiennement étirés, taillé dans une bonne humeur perpétuelle, ressortaient plus que de coutume, et lui conférait un côté bien trop bourru à son goût sans les échos de ses rires. Cynthia, de l'autre côté soupira.

-J'ai quelques problèmes avec les membres, certains ne me font plus confiance. Mais en règle générale, Peter et Marion comprennent ma décision et me pardonnent plus ou moins. Je ne suis juste plus autorisée à prendre de grande décision. Ca aurait pu être pire.

Ses pupilles d'acier s'assombrirent et elle observa de nouveau Ambre en ajoutant :

-Bien pire.

Elle aurait put la perdre, échouer et abandonner ceux qu'elle considérait comme sa famille, ses propres enfants.

-Ambre…

Encore une fois, le ton sec, sonna si faux dans l'air, que Ritchie peina à croire qu'il provenait du si enjoué Salem, dont tout l'être, lors de leur rencontre, semblait avoir été bâti pour rester dans une mimique, une expression de joie éternelle.

-Est-ce que…Tu as ressenti des choses bizarres, quand tu…-Il déglutit péniblement, comme s'il peinait à en prendre conscience, à avouer lui-même, à quel point sa progéniture avait frôlé la mort- As cessé de respirer…

Ritchie frémit, à l'évocation de minutes insoutenables où il avait tenté de la garder auprès de lui, où Sparky avait enchainé les attaques électriques pour la ramener auprès d'eux, où Cynthia avait disparu dans un éclair éblouissant sans pouvoir lui venir en aide. Il pria intérieurement pour que ce souvenir hideux ne camoufle pas une vérité bien pire encore.

-J'ai entendu une chanson.

Mais la voix vibrante d'Ambre brisa ce vain espoir. L'adolescente baissa la tête, et posa une main à son ventre, puis sur son cœur, l'air ailleurs, enivrée par les émotions.

-C'était étrange…Les mots, les paroles de cette mélodie ne me disait rien, et pourtant, tout prenait du sens à mes yeux. J'ai eu l'impression…De n'être plus rien pendant une seconde, et d'être tout à la fois. D'être…D'être devenu le monde.

Elle sourit évasivement, et tortilla ses doigts avec délice tout en avouant doucement :

-Des milliers de fourmillements, j'ai eu l'impression de sentir toutes les vies de la planète me rejoindre dans un immense flux et reflux au rythme de la musique. Comme si des millions de petits êtres grandissaient en moi.

-JE TE JURE QU'ON A RIEN FAIT !

Le cri de Ritchie fut ignoré royalement et le rouquin se demanda longtemps si c'était parce que sa remarque était ridicule, ou parce qu'on le jugeait déjà coupable. Ambre, indifférente, continuait, de son côté.

-Et…Il m'a semblé qu'on chantait en écho au loin, qu'un garçon et une fille fredonnaient en concert…Et tout a dérapé. Tout s'est distordu.

Elle fronça les sourcils, comme peinant à se remémorer, et elle grimaça avec honte.

-Je sais que c'est étrange de dire ça. Mais ça m'a rassuré en un sens. La mélodie m'emmenait dans une direction…Je ne sais pas…J'ai eu l'impression de…De savoir…Comme Si Arcéus m'avait dit lui-même que dans l'endroit qui m'attendait au bout…Je ne verrai plus ceux que j'aime.

Le regard d'Ambre scruta l'invisible et elle se mordit la lèvre inférieure, alors qu'elle ajoutait :

-Non. Ce n'était pas une Impression. Je ne sais pas comment l'expliquer, mais pendant une Seconde, j'étais devenu le Monde, chacun de Vous. J'ai senti la détresse de Ritchie, j'ai entendu les plaintes de Pokémon, j'ai vu le véritable Harry, perdu dans un brouillard si dense que…

Elle fronça les sourcils, et serra les poings, avant de constater froidement :

-Je n'étais pas face à Arcéus, j'étais Arcéus. J'ai su que cette mélodie, c'était le chant d'Eléanora, j'ai su que si je la suivais, je serrai emprisonnée. J'ai su que si elle me menait à un autre monde, à une félicité, je me serai retrouvée tout de même seule.

Ambre s'arrêta, et ferma les yeux, à la fin de sa tirade. Elle ne s'excusa pas, ne démentit pas ses paroles abracadabrantes d'un « pardon je délire », ou encore d'une grimace embarrassée. Pour la simple et bonne raison que cette certitude existait en elle, bien trop fortement, bien trop amèrement, pour qu'elle la remette en question. Elle n'ignorait pas l'absurdité de ses propos, et l'incohérence, l'affable leurre de du raisonnement « je le sens en moi », mais elle ne pouvait pas nier ses propres sentiments. Ses iris vert prairies brillaient d'une conviction, d'une détermination inébranlable.

Cynthia lança une œillade contrite à son ami d'enfance, et celui-ci soupira, embêté.

-Je suppose…Que cela ne sert à rien de te cacher davantage ton histoire.

Ritchie tressaillit, et instinctivement, il se rapprocha de la jeune adolescente imperceptiblement, prêt à l'épauler. Ambre ne bougea pas, son visage ne se contracta pas, et elle se contenta de demander :

-C'est à propos…De mes capacités au-dessus de la moyenne ? De la légende d'Eléanora, des Gijinka ? De la raison pour laquelle tu as épousé Maman…Et pas Cynthia ?

Les adultes présents fermèrent douloureusement leurs paupières, et Cynthia ricana ironiquement :

-Tu es bien la fille de Salem, toi…Une Irving jusqu'aux bouts des ongles, votre perspicacité fascinante me cessera jamais de m'étonner.

Salem se tût, préférant ne pas enfoncer le clou dans une vieille blessure qui cicatrisait à grandes peines malgré les années. Pendant plusieurs minutes, Le dresseur de Sparky ne perçut que les diverses respirations, dans un roulement répétitif, prélude à des révélations trop longtemps ignorées.

Salem passa soudain une main lasse sur son nez, et grogna de frustration tandis qu'il murmurait :

-Tu te souviens…De ce que je t'ai dit, quand tu étais petite Ambre, et que tu avais peur de la mort ?

Ambre eut un sourire complice et lança :

-Oui, tu m'as dit que…c'était comme s'endormir, et tu as relancé « Tu adores dormir ma fille, donc ça devrait le faire ! T'as toujours peur ? Si ça se trouve, tu feras peut être un excellent rêve dont tu ne voudras jamais te réveiller !».

Salem claqua la mâchoire et retint un rire. Ritchie et Cynthia pouffèrent : quelle drôle de façon de rassurer une gamine, quand même !

-Puis…Ensuite…Tu m'as dit, que l'on renaissait. Tu m'as dit que l'univers n'était qu'un immense entrelacement de cercles, une magnifique rosace infinie, où les courbes et les mondes se mélangeaient, s'effleuraient l'un l'autre. Tu m'as dit que quand une vie s'achevait, Humaine comme Pokémon, son corps devenait une part de la terre qui l'avait vu naître, pour nourrir la prochaine génération alors que son esprit dérivait dans les méandres, jusqu'à trouver un monde qui lui convenait, pour renaître et continuer indéfiniment le cycle de la vie.

Ambre s'empourpra légèrement et remit une mèche folle derrière ses oreilles et essuya ses joues, toujours humides de larmes, avant d'ajouter :

-Tu m'as aussi dit…Que les Pokémons se souvenaient de leurs anciennes vies, et retrouvaient sans cesse ceux qu'ils aimaient, aux grès des vies et des époques, contrairement aux humains, qui, eux, oubliaient totalement leurs passés, et que c'est pour cela, que souvent, on pense que les Pokémons nous sont supérieurs. Parce qu'ils le sont véritablement, leur savoir date de la nuit des temps, continue de grandir, et ils nous guident comme des anges bienveillants, dans chacune de nos existences.

Sparky grimpa sur l'épaule de Ritchie et gémit tout en frottant son crâne contre la joue de son dresseur, ému. Le rouquin hésita, puis caressa tendrement le poil de la petite créature accompagnant ses pas depuis des années, et il rit doucement en bafouillant :

-Alors…Comme ça…Tu veilles sur moi depuis le début du monde ?

Ambre sourit, et flatta le dos du petit pikachu qui ronronna presque, ses joues crépitant de bonheur.

-C'est plus que ça. Le monde est régi par cette loi universelle : « Quand deux êtres se rencontrent, même s'ils sont différents, quelque chose nait. » J'ai voué ma vie à la recherche, et je suis pratiquement sûre, que cette citation parle de la relation Pokémon-Humain. Je pense, qu'à notre niveau, simples humains oubliant nos vies précédentes, cela désigne le fait, que le lien qui nous unie avec nos Pokémons est indestructible, ils seront toujours là, même si nous ne le savons pas, ne le percevons pas. Comme un Fil d'Ariane, les existences d'un dresseur et de ses Pokémons, se rejoindront, peu importe la dimension ou l'époque.

Ritchie se raidit, et dévisagea longuement la championne de Sinnoh, et la souris électrique, ébahi par ce discours. Mais il n'eut pas le besoin d'interroger son compagnon de toujours, de chercher l'approbation, la confirmation dans son regard, car il ne parvenait pas à réfuter ce sentiment ancré en lui. Depuis le premier regard, posé sur Sparky, jusqu'à aujourd'hui.

-Quand tu dis… « à notre niveau, simples humains oubliant nos vies précédentes », tu sous-entends…Que certains humains, n'oublient pas ?

Le timbre d'Ambre trembla, appréhendant déjà ce moment où le voile se lèverait sur le secret, sans que son ami ne réussisse à savoir s'il y lisait sa curiosité dévorante, ou de la terreur. Salem renâcla, légèrement et plongea ses iris bleu outremer, cerclé d'argent, dans ceux de sa fille pétillant d'or.

-Tu n'as toujours pas compris Ambre ? Les Gijinka…les êtres mi-humain, mi-Pokémon, qui ont vu le jour sous le règne Saharien et le joug de la Princesse Eléanora…Eux, n'oublient pas leurs vies antérieures. Ils incarnent comme les Pokémons, les gardiens de la nature, des éléments…Et quand ils meurent, ils renaissent, avec tous leurs souvenirs, condamnés à voir ceux qu'ils aimaient vivre sans eux, sans les connaître, sans partager leur histoire.

Cette fois, Ambre blanchit, et son père détourna la tête, pour que ni Cynthia, ni sa fille bien aimée n'entrent dans son champ de vision. L'adolescente se crispa, et elle contempla tour à tour, les deux adultes encore présents, et sa bouche se tordit.

-Ah…Je vois…C'est pour ça que Maman et toi, vous m'apprenez depuis toujours les histoires sur l'époque Saharienne, pour ça que Cynthia est aussi calée sur le sujet, aussi ouverte d'esprit sur ces vieilles légendes…

Elle frissonna, et sa voix claire se répercuta contre les murs de pierre et de sable, tel un glas.

-Vous êtes des Gijinka ?

La respiration de Ritchie s'arrêta, et avant même que sa raison ne réfute, que ses émotions contradictoires ne s'emmêlent les unes aux autres dans l'anarchie la plus totale, une pensée le percuta de plein fouet. Si, Eliza et Salem étaient des Gijinka, qu'étaient donc Asbel et Ambre ?

-Pas seulement nous, Ambre, beaucoup de personnes dans le monde, sont des Gijinka réincarnés, ou tout du moins, des êtres comme toi, avec du sang de Gijinka dans les veines. S'ils ne sont pas toujours pleinement conscient de leurs vies antérieures –quand ils en ont une et ne viennent pas de naître comme toi- ils ont des pouvoirs étranges. Ils perçoivent mieux la nature des objets, du temps…Et subiront l'exact même sort que leurs parents.

Ambre se contracta, puis se leva d'un bond et sortit sans un mot. Salem la laissa se retirer, sans chercher à la retenir, et quand Ritchie lui lança une œillade déboussolée, il lui souffla simplement :

-Je peux comprendre ce qu'elle ressent, j'ai éprouvé le même sentiment de trahison quand j'ai découvert la vérité de mes parents, j'ai détesté ce secret qui m'emprisonnait loin des miens…J'ai haï le destin solitaire de tous les Gijinka.

Il observa Ritchie et sourit tristement, en balbutiant :

-Ne tire pas une tête pareille. Tu ne souffriras jamais de ce genre de choses, toi. Quand ton heure sera venu, tu entendras le chant d'Eléanora, et tu oublieras. Tu retrouveras dans ce qu'on nomme stupidement « paradis » une seconde chance, avec les mêmes amis…parfois d'anciens ennemis aussi. Seul les Gijinka échappent à ce cercle vicieux. Se marier avec un humain normal, implique que l'on ruine ses chances de découvrir sa véritable âme sœur, et qu'un jour, il faudra se séparer de lui, définitivement.

Cynthia baissa la tête ; mal à l'aise, et balbutia :

-Au moins…maintenant…Je sais comment retrouver les paroles du chant d'invocation d'Eléanora. Seuls les mourants peuvent le retranscrire. Ce qui explique pourquoi nous n'en avons eu que des bribes.
-Elle aurait mieux fait de fermer sa gueule Eléanora. Cracha vertement Salem, rouge.
-Ne dis pas ça. Nous avions raison…Et tu es heureux avec Eliza. Je finirai bien par me trouver quelqu'un, moi aussi. Le chant d'Eléanora est vital, dans notre lutte. Si jamais les Teams parviennent à leurs fins, seul Arcéus pourra véritablement les contrer, savoir comment l'invoquer…Est une sécurité.

Une sécurité qui exigeait que l'on sacrifie une personne. Cynthia le savait, mais en dernier recours, que pouvait-on faire d'autres ?

Ritchie secoua la tête, ferma les yeux, puis se leva précipitamment de sa chaise, interrompant leurs pensées sinueuses et douloureuses. La porte claqua derrière lui, et résonna bien trop longtemps comme un refus catégorique face à la fatalité, dans leurs esprits.

Ritchie parcourut pratiquement toute la demeure sous-terraine, à sa recherche, se fichant éperdument du martellement bruyant que produisait sa course dans les couloirs pavés et agrémentés de mosaïques, prenant à peine garde aux bibelots anciens qui jonchaient les étagères et les meubles, tenant précairement. Sans se soucier du reste, il s'enfonça dans la gueule du loup, mena par Sparky et son odorat, descendit trois étages d'échelles de cordes, et ouvrit la trappe, la dernière trappe, dans la cuisine, qui menait à la source d'eau.

La cavité où reposait le liquide était sombre, mais les Irving possédaient des loupio et des Lanturn, et ceux-ci, avec la majorité des Pokémons eaux du village, nageaient librement dans cette étendue cachée, de plusieurs mètres. L'éco-système était maintenu en parfait équilibre, grâce à divers procédés, assurant la potabilité de l'eau, tout en permettant aux enfants des voisins de venir s'y baigner lors de grandes canicules. Les zébrures aqueuses se reflétaient et dansaient sur les parois du plafond dans des mouvements azurés tels les éclairs mythologiques des légendes, se confrontant et s'unissant à la fois.

Et elle était là, au milieu du liquide, faisant la planche, le regard dans le vague, Ritchie longea les rebords, prudemment, et tâcha de la rejoindre, inquiet, mais elle ne lui en laissa pas le loisir.

-Des êtres éternels, hein ? Voués à la solitude…Quelle blague.

Ritchie baissa la tête, ne trouvant pas de mots pour la consoler. Il ne désirait pas son chagrin, et encore moins en être la cause, et pourtant, le seul moyen pour lui éviter la peine semblait se détacher d'elle, définitivement. Et cela non plus, il ne le souhaitait pas, l'idée même de l'abandonner le répugnait.

-je me demande de quels Pokémons, Papa et maman sont les Gijinka. Je suppose…Que pour qu'ils sachent tout, ça, ils doivent venir d'une famille comme ça. Peut être que leurs sangs sont trop brouillés, pour appartenir qu'à un seul Pokémon en particulier…

Elle fit une pirouette dans l'eau et bulla quelques secondes, avant de lancer :

-Tu me rejoins ?

Ritchie s'empourpra violemment.

-Je n'ai pas de maillot…
-Franchement, quelle différence y-a-t-il entre des sous-vêtements, et un maillot de bain ? On s'en fiche, si tu veux je me retourne.
-Tu n'avais pas l'intention de te retourner ?!

Ambre trouva soudainement un des murs du tunnel, coloré sous l'effet des minéraux phosphorescents, très intéressant.

-Heu…Avant de plonger à l'eau…Tu me rapportes du chocolat ?

Sparky explosa de rire aux pieds de son dresseur pour le moins, démuni, il cligna des yeux plusieurs fois, cherchant l'erreur, le mensonge sur la frimousse embarrassée d'Ambre, mais n'y décela rien de plus qu'une franchise totale, sans arrière pensée. L'adolescente fit quelques brasses jusqu'à lui, et profita du fait qu'il se trouvait assis au bord de l'eau pour se servir de ses jambes comme d'un support. Elle toisa innocemment Ritchie, de ses grands yeux verts prairies pailleté d'or, et lui sourit sincèrement.

Le pikachu méché vint se poser sur l'épaule de la jeune fille et frotter leurs deux crânes avec tendresse, elle le cajola en retour, sous la mine jalouse de Léon, son roigada, barbotant dans la mare. Ritchie ne put que lui rendre son sourire et il souffla, la voix étreinte de soulagement :

-Moi qui croyais, te retrouver en pleurs…Ou en train de faire une bêtise. Après tout ce…
-Je n'y crois pas, à vrai dire.

Ritchie fronça les sourcils, et ses mains s'égarèrent dans la chevelure batailleuse d'Ambre, muet. Il aurait aimé dénier tous les derniers évènements, lui aussi, mais, quel intérêt aurait eu Salem de leur mentir ? Et la maîtresse de Sinnoh ? Aucun. Et c'était bien parce qu'ils ne voyaient pas le gain, mais juste les pertes, que supportaient les deux adultes à la suite de ces histoires, qu'il ne parvenait pas à songer à une plaisanterie. Pourtant, il le désirait, plus que tout.

-Ritchie…Tu m'as dit…quand…Ectoplasma me contrôlait…Que nous allions partir tous les deux. Pourquoi m'as-tu ramenée ici ?
-Parce que tu étais en train de mourir. Que tous les hôpitaux de Kanto étaient overbookés, et qu'Asbel et moi…n'avions personne sur qui compter…je ne sais pas, dans la panique, on a juste songé à te réanimer, à te réchauffer et à filer droit vers Hoenn sur Pyro.
-Mais…Tu veux toujours qu'on parte tous les deux, qu'on aille en voyage, n'est-ce pas ?

Ritchie sursauta, et dévisagea l'adolescente face à lui, abasourdi, un sourire tendre étira ses lèvres.

-Si tu le veux toujours. Evidemment.

Ambre rit en retour, et souffla sans une once de regret :

-Oui, je le veux.

Doucement, elle passa un bras autour du cou de son compagnon, et l'attira vers elle.

Leurs deux regards se mêlèrent l'un à l'autre dans une complicité naissante, et elle lui souffla à l'oreille, timidement :

-Toutes les limites sont faites pour être franchies Ritchie. Le Destin ne me fait pas peur.

Avant de l'embrasser furtivement. Ritchie recula, puis un sourire étira ses lèvres.

-Tu es ma Liberté, Ambre.

La blonde lui renvoya une expression rayonnante, et il s'approcha tendrement d'elle pour lui murmurer :

-Et il n'y a rien que je n'aime plus que la Liberté.

Sparky, aux premières loges, poussa un cri de joie, ravi, et un de ses éclairs effleura la surface de l'onde, électrocutant tous les pauvres nageurs de la source. Eliza, en se rendant à sa cuisine, pour aller voler un peu de chocolat, entendit nettement sous ses pieds le « SPARKY ! » outré, et elle pouffa joyeusement, avant de fermer le loquet de la trappe.

Le soleil d'Hoenn ne tapait pas encore, ayant à peine entamé sa course pour retrouver son trône au zénith du jour, quand trois ombres se hissèrent sur le sommet de la montagne surplombant Lavandia. Une douce bise siffla sournoisement, emportant les complaintes d'un Asbel tout courbaturé, avec quelques pétales du champ de Bruyères et de lavandes.

-C'est fatiguant !! Vous êtes pas bien d'escalader ce truc ! Grommela le gamin de 9 ans, qui frottait ses mains entaillées avec ressentiment.

Malheureusement pour lui, sa sœur ignora royalement ses grognements, et, déjà, elle contemplait l'étendue magistrale sous ses pas, le monde semblant s'étendre à l'infini, dépassant dans ses rêves cet horizon brumeux encore. Ritchie aida le gamin à se remettre sur ses jambes, et il rejoignit sa petite amie, pour lui prendre la main, échangeant un sourire.

La jeune femme inspira profondément, emplissant ses poumons d'air pur, de liberté totale après une semaine passée, enfermée dans une chambre à se reposer. Lentement, elle se pencha vers son cadet, et lui demanda simplement :

-Asbel…Dis-moi, qu'est-ce que tu ressens, maintenant que tu es ici ?

Le gamin fronça les sourcils, et observa platoniquement le paysage grandissant sous ses pieds, les joues gonflées d'agacement, de frustration, et il répliqua :

-Je pense, que c'est beaucoup d'effort pour pas grand-chose. On aurait pu monter sur Togekiss pour voir ça plus vite, et mieux apprécier le spectacle. Puis c'est qu'un paysage quoi.

Ambre pouffa doucement, et marmonna en lui caressant le haut du crâne avec maternité :

-Je suppose que tu es encore trop petit.

La remarque offusqua l'enfant, qui s'empourpra. Il allait prendre la mouche, quand sa sœur fit signe à Ritchie de venir, et le jeune dresseur attrapa Asbel sous les aisselles, pour le poser sur ses épaules. Le petit hurla, manqua de tomber à la renverse sur son nouveau perchoir, puis ses yeux s'agrandirent de stupeur.

-Et maintenant…Tu ne crois pas que ça vaut le coup ; d'avoir escaladé la falaise ? Souffla le maître de Sparky.

Asbel resta muet, abasourdi tandis qu'Ambre ouvrait les bras, embrassant l'immensité même. Une brise fraîche souffla dans les plaines, telle l'aile d'un oiseau géant venu les emporter avec eux.

Si peu de villageois s'approchaient du pied de ces crêtes, effrayés par leurs magnificences terrifiantes,

L'aurore sur la vallée de lavandia illuminait le lointain dans une condensation brumeuse et voluptueuse.

Ce n'était pas encore le jour, les cieux étoilés se propageait sur le merveilleux revêtement blanc et les embruns azurés de la mer, tout brillait, étincelait d'un éclat inaccessible, dans un houlement répétitifs et mystérieux.

Asbel tendit le bras en avant, espérant recueillir dans le creux de ses paumes une de ces étoiles, berceau d'aventures et incarnation de la Liberté la plus totale. Il espéra une seconde, se retrouver au milieu de la voie lactée, aux côtés des nuages cotonneux et des Tiltons. Comme les rayons solaires aux aubes du monde, descendre les versants encore endormis sous la couche de neige, qu'il n'avait jamais pu voir, y déposer son empreinte, sa belle couleur orangée scintillante derrière lui. Il désirait plonger dans la cascade glacée, la teindre de rouge, se faufiler entre les poissons dorés de lumière, caresser leurs écailles ensorcelantes, goûter à la tendre saveur de l'écume. Il s'imaginait se perdre dans le feuillage mordoré des arbres centenaires dont on contait la beauté, ponctué de mille et une palette d'aquarelle chaude. Il se laisserait alors glisser le long des troncs sinueux, des lianes, des plantes grimpantes, se logerait dans les nœuds des racines géantes, et rendrait cette lueur vive à la moindre petite brindille, à la plus petite baie ou fleur, restituerait même de la beauté à l'odeur suave des pins. Tel un oiseau de lumière, éparpillant ses plumes rougeoyantes sur chaque toit du village, il leur conférerait l'espace d'une seconde cet aspect paisible et serein du ciel, puis il remonterait pour admirer son tableau.

Ambre sourit tendrement à son cadet, et murmura doucement :

-Tu vois Asbel, comme le monde semble magnifique ? Je vais partir, je vais partir l'explorer de long en large. Je veux tout voir, tout sentir, de mes propres yeux, explorer les limites même de l'univers. Je vais parcourir le monde et écrire, raconter des histoires, aux quatre coins de la planète.
-Et je vais avec elle, comme ça, elle ne risquera rien, si d'autres types veulent faire chanter Cynthia. Ajouta Ritchie. –J'aimerai aider les gens, à ma manière, sans Twilight.

Asbel tressaillit, ses yeux s'embuèrent élargissant la distance grandissante entre sa sœur et lui, fatalement.

-Mais…Qu'est-ce que je vais faire sans vous… ? Je serai tout seul…Bafouilla-t-il, désespéré.
-Non.

Ambre, ferma les paupières, sans se retourner vers son cadet, ne trouvant pas la force de lui dire adieu, elle se contenta de répéter ce que le vent lui sifflait à l'oreille, ce que son cœur savait à tout rompre depuis quelques jours seulement.

-On n'est jamais vraiment seuls Asbel. Comme il suffit d'ouvrir son esprit pour être libre en toute circonstance, il suffit de savoir écouter, pour n'être jamais solitaire.

Elle tournoya sur elle-même, et posa une main sur son cœur avant de ricaner :

-Je sais, que ça fait clicher, mais c'est la vérité. Ceux que tu aimes restent là, au fond de toi, dans ton cœur, ils deviennent le vent, la pluie, la terre-même autour de toi. Les souvenirs qui palpitent en toi sont les battements de leurs cœurs. Même séparés, même à des milliers de kilomètres de là, ou même dans des dimensions différentes, ce que tu sais, tes sentiments, demeureront, et ça, personne ne peut te l'enlever, Asbel.

Le gamin renifla, ne saisissant pas vraiment la profondeur des paroles de son aînée, mais hochant du chef tout de même, la gorge trop serrée pour y répondre quoi que ce soit d'autre qu'un énorme sanglot dégoulinant.

-Nous sommes tous Libres Asbel, retiens-ça, libres d'aimer qui nous voulons, libres de vivre à notre rythme…Le destin n'existe pas, peu importe ce que l'on te dira dans le futur, Asbel, retiens ce conseil.

Ritchie posa de nouveau le gamin au sol, et il rejoignit la jeune femme lentement, au bord du gouffre. Tous deux se retournèrent une dernière fois vers le cadet, et soufflèrent ensemble, dans un rire synchrone :

-Est libre qui le désire.

Une rafale de vent rugit sur les sommets, et les deux adolescents basculèrent dans le vide.
Asbel poussa un hurlement et se rua vers la falaise, mais à cet instant, un immense dracaufeu prit son envol, emportant sur son dos sa sœur et Ritchie, souriants, plaisantant de sa blague. Ils lui firent un dernier adieu de la main, et bientôt, ne furent plus qu'une ombre se retirant dans le lointain, se confondant avec la brume de l'aurore à l'horizon.

La cadet des Irving resta pantois plusieurs secondes, esseulés, dans ce qui lui semblait être le sommet de son monde, et son cœur se gonfla alors qu'il se répétait les paroles de son aînée.

Puis sa bonne humeur chuta littéralement.

Comment allait-il faire pour redescendre de cette montagne maintenant ?

Un peu plus loin, Ambre, elle, sursauta, et porta la main à sa bouche devant un Ritchie stupéfait.

-Qu'est-ce qu'il y a ?
-J'ai oublié…

Ritchie arqua un sourcil et Sparky poussa une petite exclamation curieuse.

-J'ai oublié de vider ma réserve de chocolat de ma chambre, demi-tour, tout de suite !!

Et seul le vent fut témoin de leurs éclats de rire. Ils avançaient vers l'avenir, ils embrassaient l'infini, et ne pouvaient plus se permettre de reculer, même pour une gourmandise chocolatée.