166 - L'antichambre
« Pokémon, attrapez-les
Même à notre âge !
Un voyage d'apprentissage
Ca demande du courage
Pokémon !
Attrapez-les tous, attrapez-les tous !
Pokémon ! »
(Le générique de la première série)
« Un Pokémon peut choisir son dresseur. Un humain ne choisit pas ses parents. Sinon il n'y aurait pas de guerres, de conflits, de cris, de colère, de souffrance... »
(Etienne Smirnoff dans le chapitre 6 de la saison 1)
Des pleurs, évidemment. Les villes étaient évacuées petit à petit. Claire allait attendre avec les autres évacués, mais c'était terrible pour elle de dire au revoir à Malcolm.
-Ca va aller ! Je vais pas mourir, je te promets !
-Tu sais très bien…
-Je sais, je sais, mais… C'est comme ça. Si je te le dis c'est que c'est vrai. J'ai préparé le sac de Nell, garde-le bien avec toi !
-D'accord…
-Et tu as Phyllali et Absol au cas où, et tes propres Pokémon, bref tu n'es pas sans protection en cas de besoin…
Claire acquiesça, larmoyante.
-Sois prudent… ne fais rien… rien d'inconsidéré.
-Ca ira, Claire ! Tu me vois faire des folies ?
-Non mais quand même… fais bien attention !!
-Claire, ne stresse pas. Protège notre fille. Tu as bien plus de risques à prendre que moi. Si on me bombarde, je saurais d'où ça viendra, pas toi !
Claire était inconsolable.
-Tu vas tellement me manquer…
-Et toi donc… Et toi donc, Claire… Et la petite… vous allez toutes les deux me manquer.
Le camion arriva devant l'immeuble et les militaires en sortirent.
-… ils vont nous emmener sur les champs de bataille… suivez bien le convoi d'évacuation, d'accord, Claire ?!
-Hm…
-On se revoit très vite !
-D'accord Mac… Je t'aime…
-Je t'aime aussi Claire.
Les militaires arrivèrent devant l'appartement. Malcolm prit son sac et les suivit. Malcolm soupira.
« Voilà, Roland. Voilà à quoi tu as échappé. Beau salaud que tu es… »
Malcolm arriva en même temps que Léopold et Charlie devant le camion où ils allaient rejoindre les autres hommes qui étaient assis sur des bancs face à face. Le camion était - fort heureusement - à toit ouvert. Malcolm aurait difficilement supporté un camion fermé.
Un haut gradé regarda les recrues.
-Hm-Hm ! HEINE MALCOLM ?
Malcolm s'avança.
-A PARTIR DE MAINTENANT VOUS ETES LE MATRICULE 313 !
« Ca va me porter chance, je le sens… »
-VOUS ETES DANS L'UNITE D'INFANTERIE 2087 !
-Je sais… marmonna Malcolm.
-VOUS ETES SIMPLE SOLDAT, SOUVENEZ-VOUS EN !
-Pas de problème.
-VOUS OBEIREZ A TOUS LES ORDRES DE VOTRE SUPERIEUR !
-Oui chef.
-JE NE SUIS PAS VOTRE CHEF CE SERA SIMPLEMENT OUI MONSIEUR !
-Oui monsieur.
-MONTEZ !
Malcolm rejoignit les autres hommes qui avaient l'air trop contents d'être là.
« Ca va être JOUASSE mais d'une force ! » soupira Malcolm.
-WINCHESTER CHARLES ?
-C'est moi… marmonna Charlie.
-VOUS ETES LE GENERAL DE LA TROUPE D'INFANTERIE 1492 !
-Au moins ce sera facile à retenir… admit Charlie.
-EN TANT QUE CHAMPION DE L'ARENE DE JADIELLE VOUS ETES A GRADE EQUIVALANT AVEC UN COMMANDEUR ! VOUS POUVEZ DONNER DES ORDRES A UN AUTRE GENERAL ! NE L'OUBLIEZ JAMAIS !
-Ca risque pas ! Sourit Charlie, très ironique.
-MONTEZ !
Charlie monta, lourdé.
-FINSBURY-MALONEY LEOPOLD !
-Présent ! Sourit Léopold.
-VOUS TRAVAILLEREZ DANS LE CAMP USINE D'OBUS SITUE AU SUD DE PARMANIE !
-Euh… je pourrais pas plutôt… cuisiner ? Je… je cuisine plutôt bien ! P… Pourquoi un éleveur-coordinateur de profession devrait se retrouver forcément à… confectionner des bombes, c'est idiot…
-… C'EST AINSI QUE VOUS PENSEZ ?
-Oui monsieur !
Le chef militaire hocha la tête et colla une grosse tarte à Léopold.
-LEO ! Cria Charlie en se levant.
Ce faisant, il fut menacé par un révolver dégainé en un rien de temps par le chef. Charlie s'immobilisa. Léopold se releva en se tenant la joue.
-…
-VOUS IREZ FAIRE CES OBUS DANS CE CAMP DE RECLUSION ! VOUS SEREZ PROTEGE DES TIRS ET DES ATTAQUES BRUTES, EN GUISE DE CONTREPARTIE. QUANT A VOTRE PROFESSION DE FILLETTE, ELLE NE NOUS EST D'AUCUNE UTILITE DANS LA SITUATION PRESENTE !
Léopold acquiesça.
-Ca doit expliquer que je l'aime autant, ma profession.
Nouvelle claque. Charlie était retenu par Malcolm.
-Bouge pas !
-Je vais tuer ce type, je vais le tuer !!
-Arrête, Charlie !!
-UN SOUCI, 313 ?
-Je rayonne comme un petit soleil, monsieur ! Sourit Malcolm.
Léopold fut rudement poussé dans le camion. Charlie le recueillit.
-Ca va, poussin ?
-Hm…
Les militaires remontèrent en voiture. Malcolm soupira.
-C'est un cauchemar…
-N'est-ce pas… marmonna un type face à eux.
-C'est de la folie pure et simple, vous voulez dire ! « Situation » ?! On est juste là à cause du Great Lord Suzuki !!! Cria un autre, complètement excité, pris de crises d'angoisse.
Malcolm, Charlie et Léopold le regardaient. Il y eut un silence. Le camion démarra et commença à les emmener. Sortis de Celadopole, Malcolm réalisa tout ce qu'il quittait.
-Quelle pitié, je vous jure… soupira un moustachu. J'ai une femme et trois gosses, je sais même pas si je rentrerais pour les voir… Tout ça pour servir les intérêt de quatre grands gogos qui s'affrontent au sommet, mais nous on en a rien à foutre ! Je suis plombier, putain, pas militaire !
-Je suis prof de maths, personne n'est militaire ici… marmonna Malcolm.
-J'veux pas crever là-bas ! J'veux pas crever là-bas ! J'veux pas crever là-bas !!
-Calmez-vous enfin… marmonna son voisin, un gros type à l'air placide et relativement normal.
Malcolm soupira et regarda Léopold qui se frottait la joue.
-Ca va ?
-Ouais… j'aurais pas dû faire mon malin…
-Léo, combien de fois je t'ai dit que tu seras en sécurité pendant tout le temps de la guerre !
-Je m'en moque, je préfèrerais faire quelque chose qui me plaise !
Un autre type ricana.
-Vous voudriez pas dormir sur un transat au soleil pendant que vous y êtes ?
Charlie le regarda.
-Qui ne voudrait pas ? Même vous ça vous tente !
-Moi, non. Moi je veux juste qu'on me file un bon flingue.
Charlie grimaça, dégoûté.
-Là, au moins ma vie merdique va prendre un sens, voyez ce que je veux dire ?
Charlie acquiesça gentiment et se retourna vers Léopold.
-… Calme-toi, Léo.
-Hm… Je me calme…
Malcolm regardait ses mains croisées.
-Les mecs, j'espère sincèrement qu'on en sortira…
-Pauvre Claire, elle devait être…
-Terrifiée, ouais… Elle me manque déjà…
-Malcolm, n'hésite pas à me retrouver si jamais avec ta troupe vous avez un problème.
-Comment ?
-On va utiliser Heledelle et Scorvol pour communiquer.
-Tu es sûr qu'on pourra ?!
-Ouais… je suppose qu'on pourra, faudra essayer…
L'angoissé s'agitait de plus en plus.
-MA FEMME ! MES DEUX ENFANTS ! VOUS VOUS RENDEZ COMPTE !
-Calmez-vous, ils vont être évacués ! Marmonna un type.
-Mais oui, moi aussi j'ai une femme et un enfant ! Sourit Malcolm. Tout ira bien !
-Reprenez-vous !
La route était calme et tranquille. Le ciel était ocre parce que les essais et bombardements-test avaient commencé. De manière générale, les attaques avaient commencé. Malcolm regardait le soleil terne.
« Quelle merde… même le ciel est pas content… »
On observait les déplacements de Pokémon sauvages, ce qui désolait Léopold. Finalement, l'angoissé se leva, surexcité.
-ON VA TOUS CREVER ! TOUS ! ON VA MOURIR !!! ON VA SE FAIRE DEMOLIR PAR DES TYPES QU'ON CONNAIT MEME PAS ET A QUI ON A RIEN FAIT POUR SERVIR DES POLITIQUES STUPIDES !
Le type sortit de facto un flingue, se troua la tête et s'écroula par-dessus la rambarde jusque sur la route. Léopold, Malcolm et Charlie étaient terrorisés. Un autre soupira.
-Il aurait pu le dire qu'il avait un flingue. Les gens sont d'un égoïsme…
Malcolm plissa les yeux, pas trop rassuré.
***
-SMIRNOFF, ROLAND ?
Lily plissa les yeux.
-M… Mon frère est mort, monsieur…
Le général regarda ses papiers et hocha la tête.
-En effet, c'est signalé.
-…
-Hm. SMIRNOFF, LILY ?
-C'est moi…
-VOUS ETES DANS LA TROUPE SPECIALE D'INFANTERIE 2, EN TANT QUE PROFIL ININTERESSANT MAIS EN POSSESSION D'UN POKEMON AVEC UNE FORCE HORS DU COMMUN !
-Sympa…
-MONTEZ !
Lily monta dans le camion, similaire à celui où Malcolm était monté. Elle remarqua en effet des profils pas franchement guerriers, dont…
-Oh mon Dieu !! Jonas !
-Hey, Lily…
-P… Pourquoi t'es là ?
-J'ai un Wailord, tu te rappelles… eh bah… ils veulent s'en servir pour le transport !
-… c'est horrible…
-Nan, c'est juste… la vie, je suppose.
-Ta mère doit être dans un état…
-Ma mère est réquisitionnée dans l'armée, mon père dans un camp de travail !
-… dur…
-Ouais… dur… La séparation a été archi difficile…
-Quelle vie de merde… Mais quelle vie de merde. Pendant ce temps là dans tous les autres pays du monde, la vie continue, mais nous comme par hasard…
-Hm…
***
-Vous êtes… certain de pouvoir le faire ?!
-J'ai subi une greffe du cœur il y a une semaine, j'ai du mal à me déplacer mais ça va !
Kyle observa les médecins militaires. David était en fauteuil roulant.
-Il peut venir quand même ?
-Bah… on manque de bras, avec les fuyards, les suicidés, les déserteurs, les incompétents… Vous aviez de bonnes notes ?
-Oui, et je suis motivé ! Souffla David. Je peux travailler en béquilles si nécessaire, ou même me lever… ça va m'épuiser mais je pourrais le faire.
Les médecins se regardèrent et hochèrent la tête.
-Bon… Smirnoff David et Tennant Kyle… Montez !
Kyle et un médecin portèrent le fauteuil de David dans le coffre de la camionnette.
-Ca va être un peu inconfortable ! Assura un des médecins.
-Pas grave… marmonna David.
Kyle se contenta de monter avec les autres à l'arrière. David pouvait voir les autres. Kyle lui lança un regard confiant.
-Ca va ?
-Ouais. On va faire ça et quand ce sera fini… on reviendra.
-Hm. Si on peut revenir…
Kyle haussa les épaules.
***
-Bon, tout est fermé, tout est couvert…
-Oui !
-L'électricité et l'eau ont été coupées également…
-Voilà.
-A la consigne les objets précieux ?
-Oui !
-Très bien, eh bah on peut y aller !
Rachel et Nathan sortirent de l'appartement.
-Commandeur… je me demande ce que j'aurais à commander… marmonna Rachel.
-Des troupes, je suppose. Tu vas jouer à un wargame quoi !
-Hm. Je sais toujours pas ce que tu vas faire, toi !
-Oh j'ai un petit poste.
-Toi ? Vraiment ? Avec les Pokémon que tu as ? Sérieusement, Nate !
-J'te le dirais après la guerre !
Elle l'embrassa.
-Tu es trop chou !
Ils traversèrent l'immeuble. Les soldats délogeaient une vieille dame.
-NON ! NON !!
-Madame, il faut que vous évacuiez !!
-MAIS NON JE REFUSE !
-Les villes pourraient être bombardées ou pillées, voire incendiées !
-ET ALORS ? MAIS LAISSEZ MOI JE REFUSE DE PARTIR ! ET FERMEZ LA PORTE !
Des Skitty, Chaglam et Miaouss en profitaient pour partir de l'appartement. Rachel et Nathan passèrent rapidement.
-Pauvre madame Muniz…
-Hm…
Ils sortirent. La camionnette appelait déjà quelques soldats.
-VINNER, RACHEL ?
-Ouiiii !
Rachel approcha des militaires.
-MES RESPECTS, MON COMMANDEUR !
-Parlez moins fort ce sera déjà super !
Les gens autour ricanèrent. Le chef regarda son assistant qui haussa les épaules.
-Euh… Pardon… Vous êtes stationnée à…
L'assistant tapota l'épaule de son chef et désigna Nathan.
-… on vous le dira sur place !
-Ok… Euh, je suis le commandeur, hm ?
-Oui…
-Ok ! Que tout le monde rentre chez soi et que cette guerre s'arrête !
Personne ne bougea. Le chef ricana.
-Ce genre d'ordre vient de trop haut pour que vous ayez quelque influx sur quoi que ce soit. Désolé, madame, mais nous répondons à des ordres précis. Montez !
-Dans ce vulgaire camion ?
-Madame, on sait quel grade vous possédez, mais ici C'EST NOUS LES MILITAIRES !
-CA VA J'AI COMPRIS, CHEF !
Elle monta, toute fofolle, genre « rien à foutre, je fais ce que je veux ». Les autres sourirent. Une fois la montée effectuée, Rachel remarqua que Nathan n'était pas monté.
-N… NATHAN ??? ARRETEZ LA VOITURE VOUS L'AVEZ OUBLIE ! EH !
Elle tapa contre la vitre du camion. Les militaires s'arrêtèrent.
-Un problème ? Cria un type à la fenêtre en restant dans le camion.
-Vous avez oublié mon mari !
Le militaire regarda Nathan dans le rétro.
-… Votre mari n'est pas sur la liste des gens à emmener.
-Pardon ?! Il va pas rester là quand même ! Si c'est à cause de ses antécédents psychiatriques…
-Il est spécifiquement certifié qu'il est à un poste qui nécessite expressément qu'on ne l'emmène pas !
Rachel plissa les yeux et regarda Nathan qui avait un air sombre et malvenu. Rachel sentit des sueurs froides l'envahir, comme si elle ne le connaissait plus.
« Nathan… »
-J… Je dois aller lui parler !
-Toute échappée de ce camion sera considérée comme de la désertion !
-Restez arrêtés alors ! NATHAN !
Le jeune homme resta immobile et se contenta de lever la main pour saluer Rachel. Elle grimaça.
« Il y a quelque chose d'anormal dans son comportement… Non, y'a même un truc qui colle pas !! »
-NATHAN JE T'EN PRIE VIENS ! J… J'AI A TE PARLER !
« J'vais quand même pas lui crier ce que j'ai à lui dire ! Je pensais pouvoir lui dire sur le camp de base !! Ca aurait pris un sens si on s'était séparés là-dessus !! »
Nathan ne bougea pas. Le camion repartit. Rachel se rassit.
« Et merde !! Pourquoi il a fallu que j'achète ce stupide test de grossesse hier !! Pourquoi j'ai voulu faire ma belle à ne rien dire !! J'suis pas meilleure que les idiotes dans les séries pour adolescentes ! »
Nathan regarda partir Rachel qui semblait peinée. Il soupira.
« Désolé, Rachel, mais je n'avais pas le choix… »
Il attendit quelques temps dans le quartier désert. Derrière lui, un corps s'échoua au sol. La vieille dame de tout à l'heure avait visiblement choisi son camp, il s'appelait Trottoir et elle avait choisi le baiser de la mort.
Peu de temps après, une limousine blindée noire s'arrêta. On ouvrit la porte à Nathan qui s'y engouffra.
-Bonjour, monsieur Vinner !
Nathan hocha la tête face aux types en smoking face à lui dans la voiture aux vitres teintées.
-Prêt à espionner le Gouvernement ? C'est une mission difficile.
-Je sais.
-Votre but est purement la quête d'intelligence. Vous serez pour cela accompagné d'un assistant… Layton ?
Un jeune homme, sensiblement plus jeune que Nathan, portant un imperméable et un béret de la même couleur beige, salua son compagnon d'espionnage.
-Monsieur Vinner…
-Sur quels critères ai-je été choisi ? Demanda Nathan.
-Votre habileté de manière générale. Vous êtes puissant, discret, rapide. Et vous n'hésiterez pas à tuer. N'est-ce pas ?
Nathan acquiesça.
-Layton sera là pour vous assister et nous rapporter ce que vous faites avec précision et exactitude.
-J'aime aussi torturer et servir d'appât ! Admit le jeune homme.
Nathan plissa les yeux.
-Hm. On verra ça.
-Vous recevrez vos ordres de mission avec ce BlackBerry. Prenez-en soin, nous n'en fournirons pas d'autres.
Nathan s'empara de l'objet et hocha la tête.
-Une objection, une question ?
-Je resterais en blanc pour mes missions.
-A loisir.
***
Claire était dans le bus d'évacuation. Certaines femmes portaient des bébés et faisaient la fête. Il y avait aussi des handicapés. Elle se demanda si Stuart, l'élève de Roland, serait là-bas. Elle répara aussi des personnes âgées. Claire regarda Nell.
« J'espère que ça va pas durer trop longtemps… J'ai lu sur Internet que des guerres en Europe avaient duré plus de cinq ans… »
-OUAIS ! ALLEZ LES FILLES, REMERCIONS LES MECS BOURRES QUI NOUS ONT MISES EN CLOQUE !
-OUAIIIIIS !!!
-PAS DE GUERRE POUR NOUS ! ON VA POUVOIR SE SAOULER LA GUEULE COMME DES FOLLES PENDANT DES MOIS !
Claire grimaça. « Je comprends bien ce que je dois comprendre, là ? »
-Vous aussi ?
Claire se tourna vers son voisin auquel elle n'avait absolument pas fait attention : Un adulte visiblement trisomique portant une paire de lunettes.
-Comment ?!
-Vous aussi vous l'avez fait exprès ?!
Il désigna Nell. Claire secoua la tête.
-Certainement pas… Je l'ai voulue, cette petite !
-Ah bon. Moi aussi je l'ai pas fait exprès.
Claire sourit faiblement.
-Moi c'est Alvin.
-Claire. Enchantée, Alvin.
-Vous avez peur ?
-Comme tout le monde je crois… enfin comme tous les gens normalement constitués, pas comme ces idiotes…
-Moi j'ai peur aussi. On pourrait se faire tirer dessus d'ici.
Claire plissa les yeux.
-Maintenant j'ai très, très peur…
-Un jour je jouais à un jeu de guerre, ça s'appelait Counter Strike. C'était amusant. Maintenant je suis dans la vraie guerre. C'est pas amusant.
Claire hocha la tête.
-Je tends aussi à penser que les jeux ne rendent décidément pas bien compte de la réalité de la guerre…
-Si ça se trouve on se dirige juste vers notre mort. On va mourir là-bas.
-… Si ça ne vous embête pas je vais me déplacer, vous me faites peur avec vos suppositions !
-D'accord. Au revoir Claire. Ne souffrez pas trop.
Claire changea de place et se retrouva à côté d'une grand-mère qui lui proposa des caramels mous.
***
Le camion passa d'abord par le camp de Léopold. Charlie et lui eurent bien du mal à se séparer.
-Je serais de retour rapidement, promis…
-Ne fais rien d'idiot, Charlie !!
-Mais non, mais non. Et on adoptera tous les enfants que tu veux, Léo, d'accord ?
-Hm. Ok !
Charlie sourit et embrassa son mari.
-Je t'aime. Courage !
-Je t'aime Charlie. J… Promets-moi que tu ne feras rien qui puisse te faire tuer !
-Promis, Léo.
Léopold partit avec quelques autres vers le camp. Il soupira. Ca ressemblait vraiment aux camps de concentration de la seconde guerre mondiale en Europe. « J'espère qu'on y mange mieux… » songea Léopold.
Ils rejoignirent d'autres groupes. Dans le tas, Léopold repéra deux personnes. Un couple, un homme et une femme. Les seuls à se tenir la main. Léopold eut les larmes aux yeux en pensant à Charlie. On allait les rediriger vers leurs cabanes respectives.
***
Lily se retrouva dans un camp étrange avec des tas de jeunes qui semblaient en effet relativement inadaptés à la vie militaire, mais qui semblaient avoir un Pokémon puissant.
-Lily Smirnoff, voici votre supérieur pour cette guerre : Le Sergent Finn Meadow.
Lily salua le jeune homme brun à l'air limite nonchalant. Il dévisagea Lily sans même lui serrer la main.
-Eh bah encore une qui a l'air de se nourrir de shampooing démêlant et de fond de teint… Ca va, t'as pas trop l'impression d'être une bouffonne ?
-…
-Regardez-moi cette pimbêche de concours, même pas foutue de prendre une position convenable ou de saluer quelqu'un d'un hochement de tête. Un peu de tenue, le laideron !
Lily se mordilla les lèvres. Finn se leva.
-J'en ai marre de ces petits cons inintéressants… On part bientôt, trouve un uniforme, mais au lieu de le chevaucher pour avoir des orgasmes, enfile-le. Ca va te donner un air plus sérieux et en plus tu économiseras le prix d'une passe et d'un motel miteux. Et peut-être qu'à ce moment là, nos adversaires auront beaucoup moins l'impression d'être dans un bordel de Bangkok et un peu plus dans une guerre !
Lily se regarda. Jean et t-shirt blanc, non, elle n'était pas habillée comme une…
-Bon allez, là ! Dégage, tu me pompes l'air ! Tain, moi avec ça pendant des mois, mais je vais foncer vers l'ennemi avec une pancarte « La nuit, on m'appelle Liberty Belle », ça me délivrera définitivement !!
Lily alla se changer, épuisée par cette entrevue. « Et je me plaignais de Roland !! »
-Eh, Lily !
-Oh, Jonas…
Il la salua et se dirigea vers elle. Il portait déjà le treillis de camouflage.
-J'ai pas l'air trop cool !
-… Hm…
-Notre supérieure est une femme ! Elle est trop cool ! Ca me rassure beaucoup ! Je suis dans la troupe 1, et toi ?
-La 2... Avec un certain Finn…
-Le jeunot… Il a traité notre supérieure de « Pute distraite et alcoolique »
-… Ouah… C'est… violent !
-Ouais, il a pas l'air commode ! Bon courage !
-Hm… On va essayer…
Lily alla se changer, juste terrifiée à l'idée de ce qui allait lui arriver.
***
Malcolm arriva au camp de base où il allait rejoindre généraux et troupes. Il rejoignit un panneau « 2087 ».
« C'est stupide mais je me demande ce qui va arriver à la troupe que Roland, en tant que général, était censé diriger… »
-… C'est bien ici ! Troupe 2087 ! Voilà… Oh…
Malcolm regarda le jeune homme, étonné.
-Un problème ?
-… Oh mon… Oh mon Dieu ! Malcolm !!
-On… On se connait ?!
-Si on se connait ? Tu me reconnais pas ?!
Malcolm plissa les yeux. « Roland déguisé en petit blondinet ?! »
-Euh… je ne te reconnais pas, non, à première vue…
-C'est moi, Théo !
Malcolm mit un temps à resituer.
-Oh mon Dieu ! Théodore Raven ! Mon camarade de voyage itinérant !
-Ouais vieux !! Cool on est ensemble !
-Pour une guerre !
-MAIS ON EST ENSEMBLE, VIEUX !!! YES !!!
Ils se serrèrent dans leurs bras. Malcolm acquiesça.
« Au moins je suis plus seul… »
Malcolm leva les yeux vers le ciel.
« Merci, Roland, je suppose ? »