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Smirnoff R. 3 de Domino



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» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 04/06/2010 à 11:22
» Dernière mise à jour le 04/06/2010 à 11:29

» Mots-clés :   Action   Drame   Humour   Romance

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159 - Tant de choses à se dire
« -Vous SAVEZ que je privilégie le dialogue sur chacune de mes prérogatives ! Quoi que je fasse j'en parle au moins à un d'entre vous ! »
(Richard Lewis dans Ananas Mécanique)



Roland et David étaient allongés côté à côte dans le bloc opératoire. Mais éveillés. Et personne ou presque n'était affairé autour d'eux. Les projecteurs luisaient au dessus de leur tête.

-Nous sommes désolés de devoir vous faire attendre, mais… l'anesthésiste est bloqué dans un embouteillage…

Roland soupira.

-Bah voyons… La situation n'est pas assez idiote comme ça…
-En attendant nous allons vous laisser éveillés…
-Ce serait con de nous faire dormir, en effet… marmonna Roland.

L'infirmière s'éloigna. Roland regarda David, à sa droite. Il pleurait silencieusement.

-Qu'est-ce que tu as ?
-Peur, Roland. J'ai peur.
-Mais non. Pourquoi t'aurais peur. Tout ce qui t'attend c'est une vie avec des organes en plus. Les miens. Qu'est-ce que t'as, t'aimes pas mes organes ? Ils te conviennent pas ? Sont pas assez sexy pour toi ?

David ricana.

-Parle pas de ça comme ça… C'est une part de toi que je vais prendre. Ca me fait mal.
-J'm'en doute. T'as jamais voulu qu'on te donne quoi que ce soit. T'as toujours été là genre… « Ne m'aidez pas, je peux tout faire tout seul… ».
-Tu sais pas ce que c'est d'être moi…
-Je me doute que ça a dû être dur… « Maman, bobo ! » « Oh mon chériiiiiii ! Viens là, on va soigner ça avec un bisou ! »
-Oh Roland, c'était pas si agréable que ça… Et je suis sûr que toi aussi quand tu te faisais mal…
-J'avais jamais l'occasion de me faire mal. Toujours à étudier. Souviens-toi, papa me tenait pour esclave.
-Si tu t'étais suffisamment battu pour échapper à l'emprise de papa, tu y serais arrivé !
-… Sûrement. Mais à l'époque je voulais pas me battre.

David ricana.

-T'étais toujours à chercher des crosses aux parents…
-Je voulais leur faire réaliser à quel point ils se faisaient souffrir. Y'avait pas de vérité entre eux et je le sentais trop. J'étais en face de deux personnes qui se mentaient en permanence. C'était pas sain pour moi. Parce que justement ils m'impliquaient trop dans leurs histoires de couple à la con. Maman pensait que papa se servait de moi pour se venger d'elle, et papa se servait de moi pour que je sois le prolongement de sa carrière de professeur.
-Tu aurais pu te détacher de tout ça, aussi…
-Je sais. Mais bon ce qui est fait est fait, voilà où on en est.

Ils regardèrent le plafond un moment.

-Ca fait bizarre d'être à poil au dessus d'un projecteur.
-M'en parle pas, je me demande où ils ont mis mes fringues. J'avais une super chemise en plus… soupira David.
-Je crois que tout a été découpé dans l'ambulance. T'étais dans un sale état… marmonna Roland.
-Oh… J'ai… vomi ?
-T'as fait un léger arrêt cardiaque, je t'ai ranimé avec mes mimines, j'allais te faire du bouche-à-bouche mais tu es revenu à toi puis tu as craché du sang. Beaucoup moins sexy.
-Oh… J'ai… plein de pansements, plein de tubes… ça faisait longtemps. J'devais avoir moins de dix ans la dernière fois que je suis passé sur le billard.
-Ca ira mieux après ça.

David regarda le plafond.

-Je vais mourir, hein, Roland ?

Roland regarda son frère.

-On trouvera pas de cœur pour moi, ils acceptent la greffe de rein et de foie parce que c'est toi, que tu es mon frère et que tu es spécifié précisément dans le dossier comme mon donneur premier, mais… pour le cœur…
-Tu vas devoir attendre que quelqu'un clamse.

David ferma les yeux.

-Je veux pas… Je préfère encore mourir. Ma vie vaut pas que quelqu'un perde la sienne.
-Bon calcul. Mais ta vie est importante aussi, et si quelqu'un meurt, et que son cœur peut te profiter, je pense que le moins que tu puisses faire c'est de prendre et de profiter.
-Ca me déplait.
-T'as pas le choix. C'est ça ou tu crèves.
-…

Roland regarda David.

-Sérieusement, Dave…
-Roland j'en ai marre que ma vie dépende de celle des autres.

Roland regarda son frère, intrigué.

-D'abord des parents, mais ça c'est normal, ensuite de toi quand je veux échapper aux parents suite à ma tricherie, et surtout pour étudier à Argenta… Quand je pars de chez toi c'est pour aller me poser chez Kyle… J'ai jamais été indépendant, tout seul… Et maintenant je peux même pas survivre sans ton aide !
-La dure loi de la vie… Tu sais c'est pareil pour tout le monde, j'aurais du mal sans Malcolm et compagnie. Toi au moins tu as l'amour, la compréhension, la famille. Moi j'ai… les amis… Et… c'est… à peu près tout. Tu es chanceux, David.
-Mais tu n'aimerais pas avoir ma vie.
-C'est clair qu'actuellement je préfère ma place à la tienne.
-…

Plafond à nouveau.

-Bon, il arrive cet anesthésiste à la con ? Grommela Roland. J'me les gèle, moi ! Et cette fois elles sont presque à l'air libre !
-Désolé, monsieur, il arrive bientôt…
-Fais chier…
-T'es pas obligé d'être méchant… marmonna David.
-Pourquoi ?
-Ils y peuvent rien !
-Bah si, ils pourraient en faire appeler un AUTRE !

L'infirmière soupira.

-Vous vous doutez bien qu'une seule personne est au courant des dosages exacts à employer, surtout du fait de la constitution spéciale de votre frère…
-Ouais, ouais, ouais…
-Si vous voulez je peux vous donner des calmants…
-Non merci… marmonna David.
-Très bien.

Roland souffla.

-On chante Trois petits Chats ?
-Je suis pas d'humeur, Roland, je suis mort de trouille…
-Encore ? Je pensais avoir été super rassurant !
-Bah non…
-Ca va bien se passer, arrête de faire ta pisseuse…

Plafond de nouveau. David poussa un gros soupir.

-C'est terrible, là, c'est vraiment le pire moment pour me faire attendre ! Geignit David.
-C'est ça l'hôpital, tu attends pendant des heures, tu crois dormir pendant dix secondes et tu te réveilles - POUF ! Tout va bien.

David se mordilla les lèvres.

-Tu veux qu'on parle de trucs en particulier ? Tant qu'on est là ? Sourit Roland.
-Et de… quoi tu veux qu'on parle ?!
-Je sais pas, pose des questions, j'y répondrais.

David réfléchit.

-… Pourquoi… Pourquoi t'as quitté Marigold ? Vraiment ? Ca… Ca restera entre nous, promis !

Roland regarda en l'air.

-Elle était trop normale pour moi. J'aurais fini par la faire chier avec mes conneries. Je l'aimais énormément mais pour son bien je devais la quitter avant que ça ne devienne trop prenant.
-… et avec le recul ?

Roland soupira.

-J'ai fait le bon choix.
-Lily n'a pas arrêté de me dire qu'elle avait l'air de te manquer parfois…
-Ouais, elle donne aussi un petit nom à son intuition et met un truc absorbant entre ses jambes chaque mois ! Si ça c'est pas un extraterrestre…
-Roland…
-J'ai fait le bon choix, ça veut dire ce que ça veut dire. Qu'elle me manque ou pas, ça n'a pas d'importance. Autre question.

David hocha la tête.

-… Y'a quoi entre toi et Charlie ?
-Une belle amitié que j'ai appris à consolider. Et un baiser fougueux sur une scène devant des tas de folles en chaleur. Ainsi que l'apprentissage du piano.
-Toi et Claire ?
-Oh, mais rien ! Pourquoi tout le monde croit qu'il y a un truc entre moi et elle ?
-Bah elle t'aime bien pourtant elle a pas grandi avec nous.
-Nathan m'aime bien aussi !
-Nathan est bizarre… marmonna David.
-Ce sera redit à Rachel !
-Et entre toi et Rachel ?

Roland souffla, excédé.

-C'est le dernier « Toi et », ok ?
-C'est toi qui a dit « pose moi des questions »…
-Je l'apprécie.
-Tu m'as frappé une fois parce qu'elle t'avait rembarré !
-Je l'apprécie bien.
-Ca se dit pas…
-Ok, ok, j'ai peut-être un petit béguin pour elle.
-Petit ?
-… Et entre toi et Léopold ?

David frissonna.

-Quoi ? Rien enfin !
-Allez, toi et Kyle vous l'avez hébergé, il a dû se passer des trucs !!
-Mais non !
-Même pas une petite partie à trois !
-Roland t'es crade ! Geignit David.
-Je plaisante bien sûr. C'était juste pour t'embarrasser.
-C'est réussi !

Roland plissa les yeux.

-T'as pas d'autres questions ?
-Je cherche.
-Ok… Moi j'en ai une pour toi.
-Vas-y.
-Est-ce que tu veux faire cette guerre ?

David plissa les yeux.

-R… Roland…
-Allez, j'veux savoir !
-J… Officiellement… je suis réquisitionné comme médecin d'état…
-Cool !
-Nan pas cool ! Je sens que ça va être glauque. Mais peut-être que j'aurais pas à le faire si je reste dans un état aussi lamentable…
-Mais si tu pouvais ?
-Pourquoi tu me demandes ça, Roland ! C'est nul !
-C'est toujours mieux que tes questions romantiques à deux balles !
-Hmph… Bah… Dans un sens ça me ferait plaisir de me sentir utile, tu vois, de sentir que je sers à quelque chose, que j'aurais servi mon pays…
-Ta région… C'est une espèce de guerre civile, quoi. Ca risque d'être dangereux, maman ne te laissera pas y aller…
-…
-Tu sais que papa et maman vont arriver, là, on les verra au réveil. Je crois que Kyle a dû partir à cause d'eux justement.

David frissonna et fut remué par des sanglots. Roland regarda son frère.

-Ca craint pour toi, hein… Maman va te faire un cirque pour que son bébé se fasse porter Handicapé pour échapper à la guerre. Sauf qu'en une semaine tu seras remis. Et je sais que quitte à ce que tu y ailles en fauteuil, tu iras.

David regarda son frère.

-David, ils ont contrôlé ma vie, ne les laisse pas contrôler la tienne. Quand ils vont arriver, tu vas devenir le centre du monde. Papa me déteste depuis ce Noël, maman considèrera ma contribution mais obéira bien sagement à son mari, ils vont à peine me remercier pour ce que j'ai fait. Ce sera à toi de tout faire pour qu'ils te laissent vivre ta vie comme tu veux.

David hocha la tête. Roland hocha fermement la sienne.

-T'as une autre question, alors ? Vite, avant que l'anesthésiste n'ait un soudain élan de vitesse.
-… Si tu changerais quelque chose à ta vie, tu changerais quoi ?

Roland regarda le plafond.

-… Hm… Je pense que je ne serais pas allé à Céladopole. J'avais les capacités pour enseigner en fac. Et j'aurais peut-être essayé de faire évoluer Newton en Tarpaud, pour le fun. C'est bizarre de se dire que si tu changes un petit truc à ta vie… tout peut changer…
-J'ai une autre question.
-Cool !
-… Tu t'imagines des fois comment ça aurait été pour toi, si… si… si tu n'avais pas vu maman et monsieur Heine, ce jour là ?

Roland sembla réfléchir.

-Wow… Euh… Disons… que… j'y ai jamais réfléchi… Peut-être. J'aurais rien compris, le secret me serait revenu en pleine gueule un jour, j'aurais sûrement été pire que maintenant.
-Tu détestes vraiment maman ?

Roland regarda David.

-Je peux pas répondre à ça.
-Roland… Tu as dit que tu répondrais !
-Hmph… Je la déteste. Elle n'a jamais été claire. Papa aussi je le hais, il a… juste arrangé la situation, sans chercher à comprendre le geste de maman…

David soupira.

-C'est vraiment con tout ça… nan ? Ici, là, ça te parait pas très con ces histoires de maman et papa ?

Roland regarda David avec un grand sourire.

-Tu as utilisé les mots Papa et Maman dans la même phrase que le mot « Très con » ! Je vois ENFIN ce qui nous lie ! Hormis vingt chromosomes en commun !
-Roland, fais-moi une promesse.
-Oh c'est meugnon ! Une promesse sur des lits d'hôpital !
-Après cette opération, à notre réveil, quand les parents arrivent, je veux que tu leur dises que tu leur pardonnes.

Roland regarda David, étonné.

-Même si tu ne le penses pas, au moins au vu de ce que tu auras vécu en me donnant une part de toi, je veux que tu dises à maman « Maman, je te demande pardon, je t'aime très fort », et que tu t'excuses à papa pour ce que tu lui as dit le soir de Noël.

Roland soupira et regarda en l'air en déglutissant.

-Je peux pas !
-Roland, tu dois promettre ! J'ai promis de me battre pour que les parents ne contrôlent pas ma vie, alors toi, promets-moi au contraire d'arrêter de te battre et… d'accepter l'amour de nos parents.
-C'est dégoulinant de guimauve !
-On s'y fait.

Roland regarda son frère et déglutit, puis dit d'une voix éteinte :

-J'te promets.

David sourit.

-Roland va pardonner aux parents-heu !
-T'es content de toi ?
-Très très très très content ! Ricana David.

Il éternua au vu de sa situation médicale pas très conciliable avec un bon éclat de rire à l'ancienne.

-Je transpire du dos, ça colle ! Grommela Roland. Comment vous voulez greffer un rein avec un dos plein de sueur ? C'est aussi hygiénique que d'aller aux toilettes sans se laver les mains PUIS d'opérer !

David soupira.

-T'arrêtes de te plaindre ?
-C'est de famille, toi aussi, pendant une période tu te plaignais. Quand t'étais gosse tu voulais plus prendre tes médocs, on avait dû ruser jusqu'au jour où Lily t'a dit que tu mourrais si tu les prenais pas.

David acquiesça.

-J'repense à un truc… marmonna Roland.

Il regarda David.

-Quand t'avais 10 ans, pourquoi t'as échangé Corayon au bureau des Pokémon académiques ?

David soupira.

-Mes copains se foutaient de ma gueule parce que c'était un Pokémon de fille.
-Ah ouais carrément…
-Ouais… C'était bien désagréable, crois-moi…
-Ca me rappelle cette histoire avec le Noctali de Malcolm. Malcolm me présente son Noctali, Nero, et… t'as genre papa qui passe et qui dit un truc genre « C'est le chaînon bâtard des Evoli, c'est de la merde ce Pokémon ! » Et t'as Malcolm qui devient tout rouge !

David ricana.

-Alors moi je dis « Hey, papa, dis bonjour au Noctali de Malcolm ! » Et là t'as papa qui pique un de ces fards !

David pouffa de rire. Roland ricana avec lui.

-Ce jour là j'ai bien fait chier papa pour qu'il s'excuse !
-Hm. T'as déjà vu les traces de balles sur le corps de papa ?

Roland hocha la tête.

-Ouais, par inadvertance. J'ai jamais osé demander pourquoi il avait ça.
-Moi non plus…
-Tante Estelle m'a dit que c'était une sale histoire…
-Tante Estelle t'aime bien, hein ?

Roland resta silencieux et impassible.

-… Roland ?
-Hm ?
-Tante Estelle, tu l'aimes bien, hein ?
-Ouais… ouais, je l'aime bien.
-Ca va ?
-Oui, ça va.

David hocha la tête. Roland détourna la tête de sorte que David ne pouvait voir son expression.

-Roland ?
-Attends, je me dégourdis les vertèbres… répondit Roland sur un ton neutre.

David regarda son frère qui revint dans une position normale. Le jeune homme n'avait rien compris à ce que son frère venait de faire.

-Roland ?
-Ouais ?
-… J'peux te dire un truc ?
-Tu plaisantes, j'ai super envie de jouer au foot ! Lève-toi, on y va !

David sourit.

-Un truc qui se dit pas !
-… ça dépend de ce que c'est. Pis techniquement, dire un truc qui ne se dit pas, c'est… impossible.
-… Je t'aime, Roland.

Roland tira la langue.

-David, on est frères, moi aussi je t'aime.
-Oui mais… moi je t'aime vraiment ! Bien !

Roland regarda David, quelque peu médusé.

-Euh… C'est limite un peu dégueulasse, là !
-Nan, nan… C'est juste que… Pendant un temps, dans notre jeunesse, je me suis posé la question, tu vois de savoir si je t'appréciais, si je t'admirais, ou si…
-Ok, ok, David, j'ai compris… euh… vaut mieux pas qu'on parle de ça, ok, c'est pas le genre de sujet de conversation qu'il faut avoir dans un moment pareil et… tout court entre frères.

David plissa les yeux, inquiet.

-… R… Roland, je voulais pas te mettre mal à l'aise !
-Raté ! Sourit Roland.
-C'est juste que…
-J'ai compris, David. Moi aussi je t'aime. Mais seulement comme mon petit frère.

Une porte s'ouvrit.

-Désolé de mon retard ! Smirnoff David, et Smirnoff Roland… On va commencer !

David geignit et se mit à pleurer et à sangloter de façon incontrôlable.

-Dave ! Dave, calme-toi !
-J'ai peur, Roland !
-David !
-Roland, je veux pas !
-Arrête de faire l'enfant, merde, t'es un adulte !!
-Roland !!
-Arrête de chialer comme une gamine !!

David tendit sa main vers son frère qui lui attrapa la main avec la sienne.

-Roland…

Roland se mordilla les lèvres. L'anesthésiste piqua David.

-On se détend, ça va aller tout seul.
-… David je suis désolé, vraiment !
-Hein ?
-Je te demande pardon pour toutes les horreurs que je t'ai faites ou dites !
-Roland, tu as peur aussi ?

Roland prit une énorme inspiration et se mit à pleurer aussi.

-Nan, j'ai pas peur. C'est toi qui a peur, frérot !

David pleura avec son frère qui lâcha sa main. Roland se tint bien droit. David ne lâcha pas son frère des yeux alors qu'on les masquait tous les deux. David s'endormit effrayé, et Roland s'endormit avec un grand sourire.

***
***
***




David arriva dans le grand palace, en smoking, non accompagné. Il rejoignit la table où les autres invités mangeaient.

-David ! Nous n'attendions que vous !

David sourit à l'invité principal. Personne n'avait de visage dans ce restaurant. Personne ne semblait réel. Personne n'avait l'air d'exister. Cet endroit était-il seulement réel ? David rêvait ? David ou Roland ?

Parce que David vit Roland arriver. Il se plaça au piano et commença à jouer.

Rain - Mika (Au piano)

David écoutait cette étrange chanson. Les refrains étaient tellement beaux qu'ils lui donnaient des frissons. Peu à peu tout s'assombrit. Tout devint froid. Ils marchaient sur la plage, côte à côte, David et Roland. David regarda son frère. Ils entendaient toujours le piano.

-Tout se passe bien, David. L'opération est un succès.

David plissa les yeux. Roland le regarda, surpris.

-Le diner de charité de maman ! Tu as oublié, enfin ? Tu sais bien que j'ai tenu ma promesse. Je suis un bon fils maintenant. Et j'aide maman dans ses actions caritatives…

David plissa les yeux.

-Roland…
-Quoi ?
-On est où, là ?
-Nulle part. Dans mon imagination, ou bien dans la tienne, c'est selon. Et toi, tu as tenu ta promesse ?

Roland prit les mains de David. Aucune bague.

-Tu ne t'es pas marié avec Kyle ? David, tu n'as pas tenu ta promesse ! Tu m'avais promis de te battre !
-… J'ai pas eu le courage. Je sais pas me battre !
-David ne sois pas idiot. Tu sais te battre. Mais là, tu ne t'es pas battu assez !
-Roland… J'veux me battre !!
-T'es sûr ?
-Oui !
-Tu veux le faire pour moi ou pour ton bien ?
-… Je sais pas trop. Pour mon bien je suppose mais c'est égoïste.
-Nan, nan. C'est super, au contraire. Ecoute, je vais te dire une bonne chose.

Roland se mit face à David, le regarda bien droit dans les yeux. La mer allait et venait au flux et au reflux des vagues derrière eux.

-… Tu m'écoutes, Dave ?

David hocha la tête, le cœur serré. Roland approcha et lui susurra à l'oreille :

-Reste bien sur la plage. Ne me suis pas.

Roland lâcha son frère, lui fit un grand sourire, tapota doucement ses joues dans un geste amical, puis partit dans l'eau. L'eau noire et bouillonnante de la mer. David le regarda, les larmes aux yeux.

-Roland ?

Roland marchait dans l'eau, s'y enfonça progressivement. Cette eau sombre où on ne voyait rien, pas un poisson, pas un grain de sable, l'eau dans sa plus sombre expérience.

Et Roland y allait en toute simplicité.

-ROLAND ! Cria David.

Le grand frère s'éloignait, laissant le petit frère seul, abandonné sur la plage.

-ROLAAAAAND !!!








***

Il ouvrit un œil. Puis deux. Fatigue. Douleur. Se rendormir ? Hors de question. Il releva un peu la tête. Un gémissement se fit entendre.

-… … Q… Q…

On s'approcha. Il reconnut sa sœur qui lui caressa les cheveux. Lily était en larmes.

-D… David… D…

Elle se remit à pleurer. David plissa les yeux. Pourquoi pleurait-elle ?

-L… Lily ?! J… J…

Il essaya de se relever mais fut saisi par une vive douleur à la poitrine. Lily éclata en sanglots.

-Lily mais… Mais Lily, mais… qu'est-ce qui…
-R… Roland est mort, David !! R… Roland est mort pendant l'opération !!!

Elle s'écroula sur une chaise. La bouche de David se tordit. Malgré sa faiblesse, il cria.

-Q… QUOI ???
-… J… J'suis désolée ! L… Les médecins… Ils… Ils m'ont dit ça quand tu es revenu du bloc, ils m'ont dit que tu allais bien, mais que… Que…

Lily ne pouvait plus parler, écrasée par le chagrin. Et David de s'enfoncer au fond de son lit pour laisser aller les larmes qui lui venaient, silencieusement. Il ouvrit sa robe de chambre et vit la cicatrice sur sa poitrine.

Il avait désormais le cœur de son frère.