Marche ou crève
Thème d'ambiance: http://www.youtube.com/watch?v=joRZL671Esk
La honte et la colère, c'était ce qui envahissait à présent Absol. Toutes les insultes les plus ignobles allant de « porte malheur » à « hérésie » la désignaient. Elle se retenait pour ne pas craquer devant Voltali mais en elle même, elle commençait à se demander si elle n'aurait pas du rester vivre seule en paix dans son trou ou même laisser l'autre faciliter l'effondrement de l'univers ?
« Certainement pas » répondait une autre partie d'elle même. Voltali compte plus que ces imbéciles. Dès que les poursuivants auront étés semés, ils pourraient s'installer dans un lieu plus tranquille et couler des jours heureux. Mais ou se trouve cet endroit ?
« Tu n'as nul place ou vivre. Nulle part sur cette planète … Il faut se débarrasser de cette espèce nuisible »
Elle essaya d'effacer cette image terrible des préjugés contre les Absol sans y arriver. A ce moment, Voltali plaça sa tête sur le coup de la femelle au poil immaculé. Il voulait essayer de lui montrer qu'il était là pour elle, malgré une boule dans la gorge qu'il avait du mal à calmer. Pourquoi tant de haine, pourquoi ces habitants étaient ils si crédules ?
Le chat avait du mal à comprendre, mais il était sur qu'il lui faudrait traverser cette épreuve. En parlant d'épreuve, le désert se profilait devant eux, le sable irritant s'étendant à l'infini.
-Nous n'avons pas le choix, il va falloir traverser le désert.
La traversée fut éprouvante jusqu'au moment ou Absol aperçut un espace creux, une cuvette brillante. La roche était occupée par des cristaux de sel et la femelle récupéra subitement une pleine confiance en elle, tandis que sa cruauté et son cynisme glacial ressurgissaient.
-Laser Glace.
Elle venait de geler la cuvette et avec la chaleur, la glace finirait par fondre rapidement. Alors qu'elle reprenait sa marche, en jubilant presque, Voltali soupira.
-C'est idiot, tu ne fais que leur donner à boire !
-C'est exactement ce que je veux. Ils boiront de l'eau si salée qu'elle leur brûlera la gorge. Ce sera un vrai calvaire pour eux ! Ils souffriront et risquent de ne jamais quitter le désert !
En voyant le ricanement cruel d'Absol, Voltali frissonna. Il avait réussi à la rendre plus souriante, plus empathique et tout avait été gâché. Absol avait vite reforgé sa carapace avec un plaisir non dissimulé. Peut être que c'est finalement sa vraie apparence et que la gentillesse n'est qu'un masque au dessus de son armure. En ce cas, qui est la véritable Absol ?
Voltali avait la mine sombre et atteignit le rocher solitaire plus vite qu'il ne le croyait.
-Absol, faut que je me repose.
La chasseuse accepta de s'arrêter et se mit à l'ombre. Son regard portait sur le ciel d'un bleu intense. Un éclair brun la fit se lever et tirer Voltali par la peau du cou pour le cacher au pied des rochers. Camouflés par les pierres, les deux pokémon virent un Rapasdepic survoler la zone avant d'être rejoint par un autre.
-Rien trouvé ?
-Non. Je retourne prévenir ceux qui viennent depuis les landes désolées à l'ouest. Toi, tu retournes vers l'est.
-Ils ne doivent pas nous échapper.
Une fois les deux espions éloignés, Voltali jura.
-La route vers le canyon est coupée !
-De même pour celle vers la colline des dragons.
-Il ne nous reste plus qu'une solution, foncer vers la forêt et le manoir de Branette.
Absol avançait aux cotés de Voltali et réfléchit. Devait elle vraiment faire courir tous ces risques au félin ?
-Voltali. Peut être devrais tu fuir seul. Je devrais me livrer pour t'épargner et tu pourrais vivre en sécurité.
-Ne redis plus jamais ça ! Tu comptes plus que tout pour moi, je refuse de t'abandonner !
Absol savait qu'elle pourrait compter sur Voltali. Ils iraient jusqu'au bout du monde, voire au delà ! Rien ne les séparera, elle se le promettait.
Les deux fugitifs continuaient leur marche forcée jusqu'à ce qu'ils atteignirent des températures plus clémentes sous les frondaisons des arbres. Ils purent souffler quelques secondes avant de dépouiller quelques buissons de leurs baies et se caler l'estomac. Absol tendait l'oreille et surprit un murmure.
-Oui, ils sont ici. Transmettez vite l'information, moi je reste ici pour les surveiller. La chasseuse surprit un Piafabec décoller et s'éloigner dans la direction de Poképolis. Absol cherchait l'espion et trouva un Rattata camouflé par un petit tapis de mousse. Le rongeur se cacha lorsque les deux proies passèrent à proximité et soupira lorsqu'ils s'éloignèrent.
-Ils ont failli m'avoir.
Une intense douleur lui transperça le bas du dos.
-Failli, dis tu ?
L'espion vit ce grand sourire chargé de joie malsaine et de perversité. Il savait désormais que son existence touchait à son terme, inutile de se ménager entre ennemis. Il attendit le coup fatal mais il ne vint pas. Au contraire il hurla alors que la femelle le découpait vivant. Absol finit par dévorer les morceaux de viande les plus tendres. Le rat avait agonisé et il avait fini par comprendre ce que signifiait la douleur.
Absol avait fait ça pour s'amuser et Voltali n'avait rien dit, ça apprendra à tous ces lâches à se ranger dans le mauvais camp alors que la neutralité est une voie parfaitement acceptable. De toute façon, quiconque porterait atteinte à son Absol devrait mourir.
Les deux pokémon décidèrent de se replier dans le manoir. Avec les informations du traître, les autres devraient bientôt être présents. C'est avec la peur des armées à leurs trousses que les deux pokémon retournèrent dans le manoir.
-Ca rappelle des souvenirs. J'ai vraiment eu peur en ce lieu.
-Je comprends que personne ne vienne ici, cet endroit est sinistre. J'avoue que sans toi, je serais déjà parti en hurlant.
-De toute façon, je pense que personne ne pourrait tenir seul dans cet endroit … à part un spectre.
La femelle regarda l'environnement et prépara quelques attaques combinées. Si elle créait des attaques Vibrobscur et qu'elle donnait une forme à ces attaques, elle pourrait créer des ombres agressives impossibles à repérer dans le noir. Leurs ennemis auraient quelques surprises, le chat de foudre souriait déjà et Absol en était arrivé au stade de la jubilation.
Les poursuivants venaient d'arriver en forêt, ils avaient hâte d'en découdre. Il faut dire qu'ils étaient 300 à avoir commencé la poursuite et près d'une centaine avait péri dans le désert, en particulier à cause de ce lac salé. Quel piège grossier mais si tentateur qui s'était révélé mortel combiné avec la chaleur. Ils avaient eu encore une mauvaise surprise, c'était l'état des restes de leur indicateur. Le cadavre mutilé avait vraiment eu un mauvais effet sur le moral des chasseurs de primes et ils avaient perdu la trace des deux fuyards.
La principale question était de savoir ou ils auraient trouvé refuge. La réponse simple était : là ou personne ne pourrait les retrouver, en un lieu ou personne de sensé ne mettrait les pieds. Et la réponse était le vieux manoir hanté. C'était lumineux, d'une évidence même. Désormais, il fallait trouver comment annoncer ça aux hommes dont le moral restait fragile malgré le repos.
Absol dormait lovée aux cotés de son mari. Leurs deux cœurs battaient eu même rythme et Voltali sentait la douce chaleur de sa tendre moitié. Comme elle avait l'air si fragile et si douce lorsqu'elle dormait, tellement apaisée et mignonne. Il resta des heures à flotter dans un doux sommeil lorsque sa chère Absol s'étira en jappant.
-Il fait déjà jour.
La seule chose indiquant qu'il faisait jour était un fin rayon de lumière filtrant entre deux planches de la fenêtre obturée par les planches vermoulues.
-Voltali, je crois que nous avons de la visite.
En effet, il observait du coin de l'œil les environs du manoir. Le groupe qui s'assemblait ne semblait pas avoir de louables intentions envers le couple.
La chasseuse entraîna le chat au grenier. De cette pièce, on pouvait surveiller l'ensemble de l'intérieur grâce aux petites fissures et en plus, il existait une petite corniche que l'on pouvait suivre depuis l'une des fenêtres. Cette sortie de secours conduisait à l'intérieur des murs et débouchait derrière la bâtisse. La sortie avait été colmatée de manière rapide par des planches pourries et mal clouées. Ce passage secret, la femelle comptait bien l'employer puisque contrairement à Branette, elle ne voulait pas rester pour suivre les vainqueurs qui monteraient jusqu'au sommet.
Absol attendait avec une certaine excitation qui contrastait avec l'angoisse de Voltali. Le chat sursauta lorsque la porte d'entrée s'ouvrit dans un grincement lent et angoissant.
-Chut, nous allons bien rire.
La chasseuse laissa les plus courageux avancer de quelques mètres dans le hall avant qu'elle ne reprenne les mêmes idées que Branette, celles de jouer sur la peur, de faire monter crescendo la tension jusqu'à ce qu'elle atteigne son paroxysme et que l'ennemi de meure de peur. Car ce qu'elle voulait d'abord, ce n'était pas la paix, c'était la revanche. Quelle meilleur châtiment que celui de voir ceux qui vous traquent, vous le pauvre petit animal effrayé, devenir les proies de leurs pires angoisses.
Les flaques d'ombre du Vibrobscur étalées un peu partout se mirent à se solidifier. C'est une matière très étrange puisqu'elle n'est qu'une aura, une pulsation concentrant des sentiments bruts. Voir ces sentiments bouger et agir par la seule volonté d'une attaque psychique était une preuve de la grande maîtrise des attaques ténèbres par la chasseuse.
Absol attendit quelques secondes pour faire grincer une des portes. Plusieurs des pokémon sursautèrent et eurent un petit cri.
-Fermez la.
Une ombre s'avança, c'était une peluche de Tortank. Absol allait contrôler ces petits jouets comme elle avait vu Branette faire il y a si longtemps. Les poursuivants se battirent contre le jouet qui fur dépecé par un Démolosse. Le chien infernal avait un sourire de satisfaction si bien qu'il ne fit pas attention au liquide qui suintait des morceaux de tissu. Des dizaines de petites aiguilles pourpres filèrent en transperçant le molosse qui s'effondra, aussi troué qu'une passoire.
-Merde, on fait quoi ?
Le chef de l'équipe esquiva une nouvelle bombe d'énergie et harangua ses troupes.
-Tous en haut, il faut neutraliser l'Absol !
Les chasseurs de primes courraient, esquivant les attaques d'ombre que ce soit sous forme de bombes, de lames ou de pieux. Le groupe ennemi se faisait décimer, ses membres étant littéralement taillés en pièces. Le spectacle effarant des morceaux de chair répandus sur tous les paliers, le grand escalier et les rivières d'hémoglobine tâchant les boiseries rendait l'atmosphère encore plus glauque que d'habitude.
Les membres survivants avaient fini par atteindre le grenier ou se cachaient les deux fugitifs. Une dizaine de traqueurs étaient arrivés pour affronter le groupe en face.
-Te voilà sale traître …
-Traître ? Je n'ai pas à me justifier, je vous ai tous sauvés et voilà le remerciement …
Voltali sourit.
-Vous allez connaître la puissance de la foudre céleste.
Le félin lança un immense éclair qui foudroya le groupe. Les assassins se relevèrent difficilement, les membres engourdis mais leur volonté toujours intacte. Absol régla leur sort en les écrasant d'énergie … au sens propre par un barrage d'énergie sous forme de mur. La chasseuse sourit quand elle aperçut une autre vague plus nombreuse et plus forte entrer dans le manoir.
-Voltali, on s'en va. J'ai une idée …
Le couple s'échappa par le passage secret. Ils passèrent par l'intérieur des murs avant de se retrouver dans le jardin. C'était amusant de voir ces tueurs en train de chercher en vain à l'intérieur.
-Recule mon chaton, tu vas rire ! Déflagration !
La chasseuse avait mit toute sa fureur dans cette attaque destructrice. Le souffle ardent consuma les bases du manoir abandonné. Les flammes s'étendaient à toute la structure de bois. La tempête de feu avait envahi la plupart des pièces de la demeure. Alors que Absol et Voltali s'éloignaient, les cris de terreur et de douleur des pokémon piégés dans les flammes résonnèrent toute la nuit à des kilomètres à la ronde, on aurait cru que les cris d'agonie des pokémon calcinés auraient duré éternellement. L'incendie du vieux château fut visible depuis de nombreux endroits, mais une chose est sure, c'est que la presque totalité des poursuivants avaient été décimés.