151 - Smirnoff X - Partie 1
« Juste une parenthèse de l'auteur : En mettant un tiret à « Aidez-moi », le correcteur Word m'a proposé comme alternative... « Aimez-moi ». J'aurais bien aimé mais bon c'est une fic sérieuse... >_< On verra si un jour je me décide à faire des OS avec ces personnages dans des situations alternatives tordues è_é nihéhéhé Ndla »
(Chapitre 4 de la saison 5 de Smirnoff (Troisième recueil)
Il descendit de l'escalier, de façon nonchalante. Il portait des chaussettes blanches, un short blanc et un marcel blanc également. Des lunettes ornaient son nez, et ses cheveux étaient blonds et plutôt longs pour un garçon, bien qu'ils ne pendaient pas - merci le gel.
Le jeune homme se pressa au frigidaire et s'empara d'une bouteille de jus d'orange. Il en but quelques gorgées et savoura, souriant. On frappa à la porte. Un Evoli arriva aux pieds du jeune homme et s'y frotta.
-Doucement Evoli, je dois aller ouvrir.
Le jeune homme prit son Pokémon et se dirigea vers la porte qu'il ouvrit. Une mine éclairée s'afficha sur son visage.
-Etienne !
-J'vois que c'est l'été, on se lâche !
Le jeune homme étreignit son parrain.
-Comment ça va ?
-Bien, bien. Où est ton père ?
-Au jardin.
-On se prélasse…
-Hm.
-Laisse-moi deviner, tu étais à l'étage en train d'écrire !
Le jeune homme soupira, démasqué.
-Ouais.
-Tsss… Incorrigible. Au jardin, tu dis ?
-Hm. Fais attention, il pourrait être en train de dépenser son sale fric au téléphone !
-Devant la piscine… L'argent mouillé sent-il le Caninos mouillé ? Sourit Etienne.
-Pas sûr… Ta femme n'est pas venue ?
-Non, pas aujourd'hui, elle était fatiguée, et les petits monstres avaient besoin de voir leur chère maman.
-Hm. Bon, j'y retourne.
-D'accord. A tout à l'heure, peut-être, Roland !
Roland se tourna vers son parrain en hochant la tête.
-Tu restes manger ?
-Chaque occasion de diner avec vous est à prendre. La télé à côté c'est de la soupe !
Roland sourit et repartit dans sa chambre. Etienne traversa la grande maison richement décorée. Il arriva au jardin où il aperçut la piscine. Il croisa une jeune fille aussi blonde que son frère, qui lui sourit.
-Tonton Etienne !
-Mais c'est la super juriste en herbe, Lily la tigresse du barreau !
-Arrête de m'appeler comme çaaaaa ! Grommela la jeune fille.
-T'en fais pas, je suis pas venu te charrier aujourd'hui…
Etienne arpenta la terrasse et aperçut un jeune homme en train d'entrainer un Mammochon et un Cizayox. Il s'arrêta et regarda leur dresseur qu'il salua d'un geste de la main.
-David…
-… Oh, bonjour, parrain.
-La forme ?
-Je m'entraine. Ligue dans deux semaines.
-J'avais cru comprendre…
Etienne marcha vers la piscine qu'il longea pour atteindre la table du jardin, derrière un paravent. Il salua les deux personnes assises autour.
-Etienne ! S'étonna un type blond avec des lunettes de soleil.
-Ouais… Pareil… sans lunettes !
Kenneth Heine serra chaleureusement la main de son meilleur ami.
-Tu n'es pas venu avec Cynthia et les enfants ?
-Non… Le petit fait ses dents, elle voulait passer du temps avec eux…
-Etienne !
Linda serra Etienne dans ses bras.
-Wow, wow ! Femme, recule ! Souviens-toi, au mariage j'étais juste le témoin de ton mari ! Arrière, pécheresse !
Linda recula, désabusée.
-Toujours le même humour douteux…
-Les élèves adorent ! Je suis sur le point d'être nommé enseignant de l'année !
-Fais attention, tes chaussures enflent… marmonna Kenneth.
Il s'assirent à la table du jardin.
-C'est Roland qui est venu m'ouvrir, j'ai eu de la chance, je suppose.
-Le pauvre est toujours sur un énième roman… qu'il ne publiera pas… marmonna Linda.
Kenneth soupira de dédain.
-J'aimerais qu'il se trouve un boulot cet été pour changer, j'en ai marre de l'avoir dans nos pattes, toujours à se plaindre…
-Kenny…
-Toujours ce vieux conflit… marmonna Etienne.
-Ne cherche pas, les deux sont aussi butés l'un que l'autre… soupira Linda.
Kenneth grommela.
-David est dresseur, il s'est échiné toute l'année à récupérer les huit badges de Sinnoh, il va participer à la ligue Pokémon. Lily est dans un des plus grands cabinets d'avocats de la région… et Roland… passe ses journées à écrire !
-Peut-être que ça aboutira à quelque chose de bien ! Marmonna Etienne.
-Non, Etienne. Dresseur ou juriste, ça rapporte, ça assure un bon train de vie. Mais pas accumuler les pages. Et puis qu'est-ce qu'il peut écrire de si… bon que ça lui prenne du temps ?
Linda resta silencieuse. Etienne haussa les épaules.
-Il n'a presque pas d'amis en plus, c'en est navrant. Je lui ai dit, en plus ! « Fais-toi des fréquentations, c'est important pour la suite de ta vie ». Son livret scolaire ne contenait AUCUNE signature ! Pas même celle du voisin d'en face qui était pourtant dans la même promo !
-Tu sais très bien qu'ils se détestent, c'aurait été malvenu… rappela Linda.
-Oui bah quand même. Je préfèrerais avoir un fils aîné un peu plus sociable et un peu plus conscient de la valeur de l'argent.
***
Roland Heine, face à son ordinateur, continuait d'écrire. Evoli dormait sur son lit. Roland étant le plus âgé des trois, il avait le grenier tout à lui. Cela avait été sa seule requête, bien que son père fut réticent, mais à côté de la voiture de sport de David ou des tailleurs haute-couture de Lily, cela paraissait bien peu. D'autant que Roland avait tenu à meubler lui-même. Il avait donc effectué des piges pour de grands quotidiens afin d'amasser de l'argent par lui-même. Ce qui avait là encore fait enrager son père.
Roland souffla et regarda ce qu'il avait noté sur son écran. Ptitard arriva, trempé. Roland le regarda.
-T'as besoin d'un bon massage.
Roland se saisit d'une fiole de crème. Le Pokémon tourna le dos et Roland appliqua des gestes rapides pour masser le Pokémon comme il se devait.
-Merci d'être là pour me dégourdir les doigts ! Allez, je reprends…
Roland continua à écrire. C'était sa passion, depuis son plus jeune âge, il s'était surpris à raconter de plus en plus d'histoires, plus ou moins drôles, sympathiques, sombres, tendres. C'était une vraie boulimie, il passait ses journées à écrire. Sur son ordinateur étaient stockés des dizaines de « romans », de gros fichiers remplis de mots, parfois dépassant les mille pages Word. Roland ne voulait toutefois rien publier, estimant ces productions impropres à la lecture. Sauf pour deux personnes.
Il reçut un mail. L'adresse le fit sourire.
« J'ai lu « Le procès de mon meilleur ami ». Magnifique. Tes mots me bouleversent, parfois, que dis-je, toujours, mais parfois plus que d'habitude. Commentaire plus élaboré ce soir peut-être. A très vite - RC »
Roland dut cesser un moment d'écrire, ému. Il regarda autour de lui dans son étage, plutôt isolé et vide mais lumineux et n'appartenant qu'à lui. Il soupira, touché, et reprit son œuvre.
***
A quelques maisons de là, dans le même quartier, un homme somnolait sur son canapé. On toqua, là encore, à la porte. L'homme se réveilla.
-Uh…
-Lindbergh, voyons !! Grommela Lucy.
Lequel regarda sa femme qui semblait lui parler assez sérieusement.
-Tu pourrais écouter au moins ! Je sais que ton cabinet d'avocat te fatigue mais quand même !!
-Désolé, Lucy, mais… je préfère vraiment me reposer en ce moment… C'est éreintant tout ce travail, et mes employés qui trainent…
-Comme si tout était de la faute des employés… Je vais ouvrir.
-Fais donc, fais donc… Je t'assure, Lucy, il suffit de voir mon secrétaire, Eddy, il n'arrête pas de se tourner les pouces…
-Menteur ! Ca ne t'intéressait pas, mes histoires à propos de cette pimbêche de Linda Heine qui se vantait de son nouveau chapeau ! Avoue !
-… en effet ça ne m'intéressait pas… marmonna Lindbergh, inaudible.
-OOOOH ! Lindbergh ! C'est Charlie !
Linus se leva d'un bond et alla rejoindre la porte. Il vit son fils qui portait lui-même un enfant.
-C'est pour le diner, parait qu'on a été invités !
-Evidemment ! Entrez ! Bonjour James !
-Salut grand père !
-Ooooh ! Si jeune et déjà malpoli !
-Bonjour madame Winchester ! Monsieur !
Lindbergh leva les yeux vers sa belle-fille, Dawn Winchester.
-Et voilà le soleil de la vie de mon fils !
-N'exagérez pas, M. Winchester !
-Je n'exagère jamais !
Il lui fit la bise. Charlie laissa entrer leur fille de six ans.
-N'oublie pas, Olivia, tu ne touches à rien !
-Ui papa !
Charlie regarda son père.
-Pourvu que cette fois elle ne casse rien !
-La digne nièce de tes sœurs… Comment vont-elles ?
-Bien, et… elles ne veulent vraiment plus vous revoir.
Lindbergh se mordilla les lèvres. Lucy soupira et alla à la cuisine.
-Je suis désolé, papa.
Dawn regarda les Winchester, quelque peu embarrassée, tout en prenant James des bras de Charlie.
-Venez donc au salon… Il fait une chaleur ! Soupira Lindbergh.
Dawn regarda Charlie.
-T'aurais pu lui dire ça moins lourdement !
-Et lui dire quoi ? « Tes filles se rappellent que tu étais plutôt rude dans leur enfance, elles ne veulent plus te voir » ? C'est mon père, Dawn, moi je sais que c'est quelqu'un de sensible et de généreux. Et je sais qu'il n'acceptera rien d'autre que la vérité.
Dawn acquiesça et le suivit dans le salon.
***
-Merde, Merde, Merde, MERDE !
La jeune femme leva les yeux au ciel, sortant de son travail pour la énième fois. Elle se leva et alla dans la chambre d'à côté. Sur le lit, un jeune homme semblait frustré.
-Un… problème, Malcolm ?
-J'ai été refusé à la fac de Verchamps, VOILA le PROBLEME !
-C'est ballot… marmonna Rachel.
-C'est tout ce que tu trouves à dire ?!
-Tu veux que je dise quoi ?
Malcolm saisit un bibelot, une statuette de Chaglam.
-FOUS LE CAMP !
Il la balança sur sa sœur qui eut juste le temps de reculer pour que la statue se brise face à la porte de la salle de bains. Rachel soupira.
-Malcolm, si tu te calmais… soupira Rachel.
-Nan, ça me GAVE ! Tout ça parce que je peux pas me payer leurs foutus frais d'inscription ! Et bien sûr ils prennent pas les pauvres gueux sans cervelle qui ont des bourses comme la mienne !
-Les tiennes tu veux dire !
Malcolm sortit de sa chambre et regarda froidement sa sœur.
-J'en ai marre que tu me parles comme ça, avec cet humour de merde, je sais pas d'où ça te vient, mais…
-MALCOLM CAMBERT !!!
Lequel se tourna vers sa mère, Sarah Cambert, une femme aux cheveux aussi châtains que les siens et à l'air sérieux mais compréhensif.
-M… Maman… Hmph…
-Combien de fois je t'ai dit de ne pas passer tes frustrations sur ta sœur ?!
-Ca va, maman, rien de cassé… sauf la statuette de Chaglam.
-Mon chéri, toi, moi et ton père allons devoir discuter sérieusement de tes crises intempestives de…
-CA VA ! C'EST BON ! J'arrête ! C'est juste que ça fait chier !
-Tu n'as pas été pris dans telle ou telle faculté, et alors ?
-… Hmph…
-Malcolm… marmonna Sarah.
Rachel leva les yeux au ciel et descendit au salon. Son père, Jack, lisait le journal sur le canapé.
-Papa, je traine trop sur mon compte-rendu de stage, je peux aller demander de l'aide au voisin ?
Jack regarda sa fille.
-Encore là-dessus ?
-Je n'ai pas encore fini le stage, papa, alors je le remplis au fur et à mesure.
Jack ricana.
-C'est vrai, pardon, j'avais oublié que ma fille était une besogneuse dans l'âme. Ecoute, si ça ne dérange pas les Heine, vas-y… Je me doute que c'est aussi pour éviter les crises de ton frère ! Moi aussi j'aimerais pouvoir aller jouer aux cartes avec Monsieur Ludges et sa femme !
Rachel ricana et alla serrer son père dans ses bras.
-Tu es le meilleur papa du monde !
-Dit la fille de dix-huit ans à son père qui se sent vieux !
-Papaaaa ! Non pas du tout !
-Oh ça va, Rachel, ça va… Fuis, fuis tant que tu le peux !
Rachel sourit.
-A tout à l'heure !
-Hm !
***
-Et donc oui, ma sœur est toujours mariée à ce crétin d'Antoine !
Linda haussa les sourcils.
-Tant qu'elle est heureuse…
-Je crois qu'au fond elle se contente de peu ! Ricana Etienne. N'empêche ça m'a étonné quand elle m'a présenté Kate et Colin, je crois qu'on ne s'attend jamais à ce que sa sœur soit capable de faire des enfants…
-Pas de détails, Etienne… ricana Kenneth.
On sonna. Kenneth soupira.
-Je ne connais qu'une famille qui n'ose pas rayer la porte…
-Kenny !! Geignit Linda.
-Ca va, je plaisante…
Kenneth alla ouvrir à Rachel.
-Evidemment… qui d'autre.
Rachel resta stoïque face au riche et puissant maître de maison.
-Je peux aller voir votre fils ? C'est pour mon rapport de stage !
-Eh bien oui, s'il ne te jette pas comme une vieille chaussette. Encore qu'il ne t'a jamais jetée comme une vieille chaussette.
-C'est à se demander comment je fais, hein ! Sourit Rachel.
-Ouais, exactement… répondit Kenneth très sérieusement. Allez, va.
Rachel arpenta la maisonnée qu'elle connaissait par cœur.
-Madame Heine, Monsieur Smirnoff !
-Bonjour Rachel !
-Salut ! Salua Etienne.
Rachel monta le grand escalier qui menait droit au grenier. Elle tapa à la trappe. Roland vint lui ouvrir, la mine sombre.
-Oh. Salut.
-Je peux…
-Bien sûr.
Rachel entra dans le « temple » de Roland qui ferma précautionneusement derrière elle.
-Ca criait encore chez toi…
-Mon frère.
-Encore refusé ?
-Encore.
-Il se vengera sur moi demain, je… taille les haies !
Rachel haussa les sourcils.
-Oui, j'ai fait virer le jardinier de mon père, je considérais qu'on n'en avait pas besoin.
-Génial…
-En contrepartie mon père veut que ce soit moi qui les taille. Et je suis surveillé !
-Notre futur écrivain qui se reconvertit en paysagiste, merveilleux.
Roland regarda Rachel.
-Tu as vraiment aimé « Le procès » ?
-C'était magnifique ! J'adore la partie ou le héros dit à son meilleur ami qu'il est un peu son cœur d'enfant, c'est tellement mignon !
Roland se mordilla les lèvres.
-Bah ouais, c'est comme ça.
-Il y a tellement de belles choses en toi, Roland Heine…
Roland acquiesça. Rachel approcha de lui. Il sourit.
-Je… me doutais bien que cette visite n'était pas innocente.
-C'est plus fort que moi, désolé…
Elle enleva les lunettes du jeune homme.
-Chaque fois que je lis ce que tu écris… Chaque fois… J'ai envie de te serrer dans mes bras…
-J'écris beaucoup en pensant à toi…
-Vraiment ?
-Hm… Quand je ne sais plus où j'en suis, je pense à toi, ça vient tout seul.
Rachel l'embrassa. Il la suivit dans cette expectative. Petit à petit, elle se coucha avec lui sur son lit. Il se déshabillèrent mutuellement.
-Rachel…
-Je sais il fait une chaleur intenable, mais…
-A tes côtés c'est très supportable !
-Roland ! N'importe quoi !
-Je sais, je sais…
Ils firent l'amour comme à leur habitude, de façon très âpre, plutôt rapide, sauvage et pleine d'appréhensions, mais avec force tendresse et amour. Ca avait commencé quand Rachel venait vraiment pour que Roland l'aide à faire ses devoirs. Petit à petit était née une complicité manifeste entre les deux voisins, complicité qui un soir d'études tardives, s'était concrétisée. Le jeune écrivain solitaire et prodige avec la sœur de son pire ennemi, c'était presque inespéré. Et pourtant, cet amour était une des rares choses que Roland préférait volontiers à l'écriture.
Pendant l'acte, il aimait à la regarder se détendre sous ses mouvements. Comme s'il prenait conscience qu'elle ne vivait pleinement que sous son action. Nus l'un sur l'autre dans la lumière parfaite du grenier, Roland et Rachel vivaient une passion enflammée depuis déjà deux ans. Deux années secrètes cependant, ni la famille Heine, ni la famille Cambert n'étant au courant de cette romance.
Roland s'effondra sur sa bien aimée, satisfait, tout comme elle. Rachel embrassa son amant dans le cou.
-Ca va ?
-A tes côtés ça ne peut qu'aller…
-Tu m'envoies un autre roman ?
-Aujourd'hui ?
-S'il te plait !
-Tu as ton rapport de stage à finir !
-Hmph… Je sais même pas si je veux vraiment faire partie de la police Pokémon.
-Rachel, tu es faite pour ça. Crois-moi.
-Et toi tu devrais essayer de publier quelque chose ! En vrai ! Chez un vrai éditeur !
Roland soupira et se releva.
-Si tu veux aller prendre ta douche…
-Pas de refus, je suis en nage… Mais c'était excellent comme d'habitude. Je t'aime…
-Et moi donc… Tu es ma muse, mon petit ange, le seul refrain à ma vie de couplets…
-Un simple « Je t'aime moi aussi » aurait suffi…
-Trop banal pour toi.
Rachel l'embrassa tendrement, puis sourit et se dirigea vers la salle de bains de l'étage de Roland. Lequel, assis nu sur son lit, semblait quelque peu réfléchir à cette supplique. Après quelques minutes de réflexion, il alla rejoindre Rachel.
***
David Heine regardait ses Pokémon, l'air embêté. Lily le regarda, surprise.
-Noooon… Notre grand Dresseur est en pleine réflexion ! Tactiques de combat ? On soulève les troupes pour le grand chambardement ?
-Hm… Une réflexion qui va te poser des problèmes si tu te tais pas !
David observait Mammochon, Cizayox, Maganon, Dracolosse, Jungko et… Corayon.
-Qu'est-ce qui ne va pas dans mon équipe… J'ai tous les types, toutes les variétés, j'ai des attaques variées, le meilleur matériel d'entrainement…
-Dave !
David se tourna vers son père, Kenneth.
-Oh, papa…
-Qu'est-ce que tu attends pour larguer ton Corayon ? Il fait tellement tâche !
David regarda le Pokémon de corail rose qui s'amusait avec Jungko.
-C'est mon premier Pokémon, papa !
-Oui mais… Tes adversaires voient ta fabuleuse équipe et là Paf, Corayon !
-… C'est pas pire que Roland et ses deux Pokémon…
-Dire que je lui ai payé cet Evoli ! Et même pas un merci, rien !!
-Roland est un peu idiot parfois… marmonna David.
-Ca avait même l'air de l'embêter, nan mais tu y crois, ça ? Je me démène pour le lui trouver, je lui paie une fortune et…
-Papa, Roland n'est pas intéressé par le dressage. Par contre son Ptitard a l'air très épanoui.
-Normal, il vit aux frais de la princesse… Tu m'étonnes qu'il soit heureux, le Ptitard ! A la limite, Roland s'occupe mieux de ce Ptitard que de lui-même ! Je suis sûr qu'il mange même plus équilibré !
David ricana avec son père.
-Tu sais ce que je vois dans ton équipe ? Un Leviator ou un Tortank !
-Nan, papa, je t'assure…
-Mais si, ça rendrait très bien ! Et là tu gagnerais la Ligue les doigts dans le nez !
-… Ca ira, papa, je t'assure.
-Tu veux que je te commande des vitamines ?
-S'il te plait, oui… j'en aurais besoin pour Maganon et Mammochon.
-Très bien ! Je te fais ça tout de suite, champion !
-Merci papa… euh… Julie peut venir diner ce soir ?
Kenneth se retourna vers son fils avec un grand sourire.
-Ca se précise ?
-… ça va plutôt bien, ouais.
-Bon. Si on pouvait avoir une victoire à la ligue et un petit mariage, ce serait très, très sympa. Que dis-je, un GRAND mariage !
-Ouais… Ouais.
-Bon entrainement, fiston !
David regarda son père partir. Il soupira, quelque peu décontenancé et regarda son équipe.
-Faites le tour du jardin !
Les Pokémon se mirent à courir. Corayon regarda son maître qui le prit dans ses bras et le pressa contre lui. Lily souffla.
-Bon. Je dois aller rendre mon rapport à Maître Winchester.
-Je crois qu'il est en vacances, tu vas le déranger…
-Juste poser dans sa boîte aux lettres, bien sûr !
-En rentrant, on se bastonne un peu ? Sourit David.
-Si ça te dit.
Lily partit avec un dossier. David resta là à regarder ses Pokémon.
***
-A plus tard…
-Hm… Bon courage pour le diner.
-Ca va aller. Y'a mon parrain.
Rachel hocha la tête alors que Roland l'avait raccompagnée à la porte.
-Alors… a plus tard ?
-Hm. Je t'envoie un truc dans la soirée.
-Un bien, j'espère !
-J'ai une histoire sympa de prof qui perd ses élèves en voyage itinérant…
-Hmmm… J'aime pas trop les histoires de profs.
-C'est à cause de mon parrain, il m'influence trop.
-Des histoires d'amour ?
-J'en ai pas trop, j'en ai… avec des hommes !
Rachel ricana.
-Sérieusement ?!
-Ouais… J'ai écrit ça pour m'amuser, mais…
-Oh, envoie, envoie !
-C'est entre un doyen et un secrétaire, dans le milieu scolaire, et y'a un policier jaloux…
-Encore le milieu scolaire… Envoie quand même ça doit être désopilant !
-D'accord…
-Ce sera aussi mignon et inattendu que cette histoire avec le Skitty.
-Hm… Bon… bah…
-A plus tard. Je t'envoie mon commentaire ce soir !
-Volontiers !
Elle partit. Roland mit du temps à fermer la porte.
-Roland, ferme, bon sang ! Ca fait des courants d'air !
Roland ferma, tout rouge. Il regarda son père.
-Elle est partie ?
-Hm.
-Tant mieux. On va manger.
Kenneth alla vers la cuisine. Roland soupira alors que Lily se dirigeait vers la sortie.
-Ca va, frérot ?
-Hm… ouais, nickel !
-Je reviens, je vais déposer un truc à mon boss !
Lily sortit alors que Roland restait dans le hall, quelque peu déconfit. Il décida de remonter.
-Tu t'habilles un peu mieux et tu reviens en bas, Roland. Nous avons des invités ce soir.
-Oui papa… soupira Roland.
***
Lily déposa le dossier dans la boîte aux lettres de Lindbergh Winchester. Dans le jardin, quelqu'un la repéra.
-Lily ? Lily Heine ?! Ca par exemple !
-Oh Charlie ! Comment ça va ?
Ils se firent la bise.
-Diner de famille avec le parrain… Je venais juste déposer un rapport pour ton… adorable papa !
-Je sais qu'il n'a pas un caractère facile, mais c'est un type bien ! Assura Charlie. Je lui donnerais ton rapport.
-Merci…
-Dis-moi, ça va au travail ?
-Oui, pourquoi ?
-… Pour rien… Tu seras au bureau lundi je suppose, tu verras mon père là-bas… Pourquoi poser le rapport dans sa boîte aux lettres et pas le lui donner en main propre ?
-Pour ne pas le déranger bien sûr !
Charlie plissa les yeux.
-J'espère que tout va bien au travail, en vrai…
-Mais oui… Tu étais dehors pour…
Charlie leva une cigarette.
-Fumer. Bien sûr… Sale fumeur !
-J'ai pas de comptes à te rendre !
-Sinon, ta femme, tes enfants ?
-Bien, bien. Ils papotent à l'intérieur… Je vais aller les rejoindre.
-Ok.
-Tu m'assures que tout va bien ?
-Ouiiiiiiiiii ! Que tu es bête Charlie, que veux-tu qu'il m'arrive !
-… Ok, ok j'ai rien dit ! Bonne fin de journée !
-Toi de même !
Lily repartit vers chez elle, l'air badin, comme souvent. Elle portait même des lunettes en plus de son tailleur, ce qui lui donnait un air encore plus sérieux. Mais que pouvait-elle dire à Charlie ? Que son travail se passait de plus en plus mal ? Qu'elle supportait de moins en moins ce qui se passait au boulot ?
Charlie rentra chez lui une fois sa cigarette finie. Dawn était avec Lucy au salon alors que les enfants étaient calmement assis.
-… Où est papa ?
-Dans la chambre… en train de… ruminer.
Charlie leva les yeux au ciel et traversa la maison pour retrouver son père qui rangeait précipitamment quelque chose. Charlie soupira.
-Papa…
-Je ne buvais pas.
-Non, bien sûr. Viens au salon.
-Ma vie est à chier…
-Lily est venue déposer un rapport pour toi.
-La brave petite…
-Viens au salon, je vais faire le diner.
-Hm…
-Et arrête d'être aussi… morose, là !
-J'ai commis bien des erreurs, fiston… J'aurais dû être moins dur avec tes sœurs… ne pas expulser Christine quand elle est tombée enceinte… Ne pas dire à Marine de prendre son indépendance et la forcer à prendre un appartement…
-Papa…
-Maintenant elles me détestent…
-Papa, non, elles t'en veulent, c'est tout. Ca peut passer avec le temps.
-J'ai été un père ignoble…
-Tu te remets en question, c'est déjà bien…
-J… J'espère que je ne t'ai jamais rien fait qui…
-Papa, arrête voyons tu deviens idiot ! Tu as été un excellent père pour moi. Arrête tes bêtises et viens.
Lindbergh soupira et se leva pour suivre son fils.
***
-T'étais où ?
-Chez Roland pour mon rapport ! Sourit Rachel.
Malcolm grommela.
-Ce petit con de fumiste de merde…
-Malcolm ! Grommela Sarah. Je n'aime pas que tu sois grossier, envers qui que ce soit.
-Oh, et je devrais juste faire semblant qu'il y a une famille de gros richards dans la maison d'en face ? Chaque fois qu'on va diner chez eux je regarde la piscine ! Vous avez vu cette piscine ? Je suis sûr qu'ils s'en servent jamais !
Jack soupira en secouant la tête.
-Désolés d'être pauvres et de ne pas avoir de piscine. C'est vrai que cela changerait tellement notre vie.
-Ouais bah si on avait l'argent pour une piscine je serais peut-être accepté dans une faculté.
-Disons aussi que si tu avais de meilleurs résultats… souffla Rachel.
-Toi tu la fermes franchement ! Grommela Malcolm. TU-LA-FERMES !! Cria Malcolm.
-MALCOLM ! Somma Sarah.
Le jeune homme soupira et se tut. Rachel assura à sa mère que tout allait bien.
-Cesse de t'en prendre au monde entier comme ça ! Ta sœur a raison, si tu avais de meilleurs résultats, tu n'aurais pas besoin d'argent. L'argent ça n'amène pas tout. Et puis Roland Heine a fait de banales études littéraires, sans argent, et ça a l'air de lui avoir beaucoup plu ! Alors ne généralise pas !
Malcolm se contenta de bouder.
***
Roland regarda son Ptitard qui se servait de la piscine. Il en sourit et alla s'asseoir.
-Oh non, Roland, tu t'es habillé ? Quel dommage, j'avais hâte de diner avec un tennisman ! Sourit Etienne.
Roland allait dire quelque chose mais il fut soufflé par son frère.
-Si seulement il était bon en sport, cette blague aurait presque pu être amusante.
-Roland est bon en sport ! Pour taper sur un ordi y'a pas mieux ! Les secrétaires de Winchester & Clancy l'adoreraient… marmonna Lily.
Roland regarda son frère, David, tout sourire.
-Comment s'annonce la Ligue Pokémon, frérot ? Simple je suppose au vu des équipements et médicaments payés par papa…
-Quand on a de la chance, on en profite…
-Quand on est un petit con qui n'a jamais rien su faire de sa vie d'autre que dire « Moi je veux, Moi je veux »…
-Roland, trouve-toi quelqu'un dans ta vie et on en reparle ! Grogna sèchement David.
-Reçu, Fils Baldwin !
On sonna à la porte. David se leva pour aller ouvrir. Etienne secoua la tête.
-Toujours aussi agréables l'un envers l'autre…
-On change pas une équipe qui gagne… marmonna Lily. Ca va sinon, ton travail à toi ?
-Ouiiii… J'espère juste pouvoir m'impliquer un peu plus dans les travaux de recherches…
-J'adore tes dernières découvertes, je suis assidument ton blog ! Sourit Lily.
-Quand tu t'ennuies au boulot je suppose…
-Ex-actement ! Ricana Lily.
Kenneth vint se mettre à table et regarda Roland.
-Merci Roland !
-De rien papa. Autre chose pour ton service, Papa ?
-Evite de mettre ce pull en tweed, ça te donne l'air d'une gonzesse !
-Merci papa. Je me sens compris et aimé ! Sourit ironiquement Roland.
Kenneth regarda son fils, furieux. Roland en rajouta.
-J'ai écrit soixante pages ce matin ! En seulement quatre heures, j'ai battu mon record.
Kenneth soupira et se tourna vers Etienne.
-Linda fait du hachis Parmentier agrémenté d'un homard.
-Super ! Sourit Etienne. Pour le hachis, moins pour le homard.
-Il y a aussi des restes de pavé d'autruche si ça te tente. Et elle va aussi faire des pommes de terre au persil pour…
Kenneth regarda Roland.
-…Satisfaire le palais délicat de monsieur.
-Tout le monde ne prend pas plaisir à avoir une cuiller en argent dans la…
Kenneth leva la main vers Roland qui recula. David arriva avec Julie.
-……..ahem… Papa si tu pouvais cesser de…
-Pardon fiston…
-Euh… Julie, je ne t'ai jamais présenté mon parrain… Etienne, voici Julie !
-Enchantée, monsieur !
-De même, jeune fille !
-Tu connais mon frère, ma sœur, mon père…
-Oui, oui. Bonjour à tous !
-Salut Julie !
-Bonjour… marmonna mollement Roland.
-Jeune fille, je suis ravi de t'accueillir chez nous une fois de plus. Prends place, je t'en prie.
-Ca va me permettre d'admirer de nouveau la décoration ! Sourit la jeune femme.
Roland roula des yeux, atterré. David s'assied à ses côtés. Linda arriva avec le plat.
-Et voilà ! Bonjour jeune fille !
-Madame Heine, c'est un plaisir comme à chaque fois !
-De même ! J'espère que tu aimes le hachis…
-Ah pas trop, non…
David regarda Julie.
-… Allez, c'est le meilleur hachis de tout Rivamar ! Tu sais pourtant que ma mère est un cordon bleu !
-Bah quand même…
-Il y a aussi du homard ! Suggéra Lily.
-Oh oui, volontiers ! Sourit Julie.
-Et tout un tas de cartes de crédit dans le placard du fond… marmonna Roland.
Kenneth frappa sur la table.
-Tu veux bien répéter ça tout haut ?!
Tout le monde regarda Roland qui soupira.
-Je n'ai rien dit.
-Ca va, papa, je n'ai que faire des… tentatives désespérées de Roland pour qu'on fasse enfin attention à lui ! Sourit David.
-Dit celui qui a une voiture de sport plus grande que sa chambre… grommela Roland.
-Mais je…
-Oh on pourra aller faire du shopping avec ta voiture après ? Sourit Julie.
-… Oui, d'accord.
Linda s'assied calmement.
-On reparlera de tout ça, Roland, quand à ton tour tu nous présenteras quelqu'un ! Sourit Kenneth.
-Oh papa… soupira Lily.
-Quand même, Kenneth… souffla Etienne.
-Quoi ? Il doit y avoir de sacrées poulettes dans les diners littéraires où tu vas !
-Kenny, laisse Roland tranquille… sourit Linda.
-Ok… On peut savoir comment tu as rencontré maman ? Je suis sûr que ça doit être une histoire passionnante ! Sourit Roland, narquois.
-Et pourquoi veux-tu savoir ça ?
-Ca m'intéresse !
-Vraiment ?
-Oui !
-Et en quoi cela te regarde ?
-Pas vraiment mais à mesure que tu tergiverses pour éviter de la raconter, ça me donne encore plus envie de te torturer pour que tu la racontes !
Lily, David, Linda et Etienne regardaient Kenneth qui finit sa bouche et regarda Roland, mécontent.
-Je n'aime vraiment pas le ton sur lequel tu me parles.
-… Pardon, papa.
-Et je n'ai aucune gêne à te raconter ça ! Tout a commencé dans notre enfance. Etienne, je t'invite à compléter si tu en ressens le besoin…
-Volontiers.
-Ton parrain, ta mère et moi étions ensembles dans la même école préparatoire, à Mérouville. J'étais l'ami d'Etienne et on est devenus amis avec Linda quand… ce grand chambellan d'Etienne lui a apporté un Papilusion pour la consoler !
-En fait un Chrysacier en cours d'évolution ! Admit Etienne.
-Voilà. On a grandi ensemble… personnellement je n'ai jamais été chez Linda jusqu'au jour où, miraculeusement, peu après ses dix ans, elle m'a enfin invité chez elle. Etienne avait l'air d'en savoir plus mais je n'ai pas cherché à comprendre. Et puis pour fêter ses quatorze ans… Je lui ai offert un Korillon… et ce jour là je lui ai aussi dit que je l'aimais. Elle a répondu positivement et depuis ce temps là…
Lily sourit, émue. Linda enlaça son mari, tout aussi enjouée par cette vieille histoire.
-Depuis ce jour, eh bien… Mariage, enfants… maison ! Tout s'est passé très vite en fait ! Votre parrain est resté notre bon vieux copain, il a rencontré Cynthia à la fac avec qui il a emménagé…
Etienne leva le doigt, son téléphone sonnait. C'était Viva la Vida de Coldplay en sonnerie.
-Oh ! Mon père !
-Salue ce bon vieil Erwan de notre part ! sourit Kenneth.
Etienne sortit de la salle en s'excusant.
-Oui, oui… Je suis chez Kenny et Linda, là !
Kenneth et Linda étaient tournés vers là où Etienne était passé.
-Le pauvre, il est tellement attaché à ses parents… M'enfin vu la jeunesse qu'il a eue…
-Kenny ! Geignit Linda en tapant l'épaule de son mari.
-Ca va, ça va… C'est difficile d'avoir subi ce genre de choses de la part d'un professeur…
-Ce n'est pas la peine de déballer ce genre de chose devant les enfants et surtout devant l'invitée de David.
Lequel se mordillait les lèvres en plissant les yeux.
-Hm… Très romantique, l'histoire, papa ! Un peu mielleux quand même… songea le jeune homme aux cheveux châtains.
-A l'époque j'étais un grand romantique… marmonna Kenneth.
-Que s'est-il passé depuis ? S'étonna Roland.
Kenneth regarda son fils, surpris.
-… Tu… étais… quelqu'un de gentil qui comptait sur les sentiments, tu as l'air tellement froid pourtant…
-Ce ne sont pas des choses à dire à son père, jeune homme !
-J'essaie simplement de comprendre…
-Il n'y a rien à comprendre ! La vie a suivi son cours !
Roland hocha la tête et regarda dans son assiette. Kenneth le regarda, quelque peu décontenancé.
-J'ai… fait tout mon possible pour vous rendre heureux.
-Hm, ok. Je disais pas ça pour ça.
Linda les regarda tous les deux. Roland fit mine d'être fatigué pour essuyer quelques larmes.
-C'est excellent, madame Heine !
-Merci Julie.
Etienne revint s'asseoir.
-Mon père…
-On avait compris… sourit Kenneth. Tout va bien ?
-Oh oui… Il a juste quelques difficultés à gérer son service de police. Mais j'ai dit que je n'irais pas l'aider ! Ricana Etienne.
-C'est la petite Rachel d'en face qui suit des cours pour faire partie de la police ! C'est même la petite protégée du Sergent Maloney ! Sourit Linda.
Kenneth ricana.
-Elle a un an de plus que Roland et elle vient lui demander son aide ! Ca me fait sourire à chaque fois ! Sauf ton respect, fiston.
Roland hocha la tête.
-Lily, le cabinet ? Demanda Etienne.
-Super. D'ailleurs ça me rappelle que je t'avais promis un combat, frérot ! Sourit Lily.
-Nan, pas pour aujourd'hui… Julie…
-Ok, ok. A part ça, tout va très bien au boulot, Etienne.
-Content de le savoir ! Tu rêvais tellement de devenir avocate…
***
Lindbergh donnait à manger à trois Chaglam affamés.
-Suffit, les Mistigri ! Vous ne savez donc que demander, vils galopins !
Charlie et Dawn étaient au jardin. Lucy les prenait en photo avec les enfants, James et Olivia.
-C'est inutile, maman ! On reviendra le mois prochain !
-Je préfère avoir des photos quand même, on ne sait jamais ce qui peut se passer !
Charlie leva les yeux au ciel. Lucy s'éloigna.
-Tes parents font vraiment de la psychose de la colère générationnelle en série ! Ricana Dawn.
-J'aimerais en rire comme toi mais ça doit être dur de se dire que ses propres enfants ne te supportent plus… Si un jour ça m'arrivait…
-Mais tu es un très bon père, Charlie ! C'est quand je te vois avec les enfants que j'ai conscience que j'ai bien fait de tomber amoureuse de toi à l'académie !
Charlie sourit.
-Faut dire que tu me suivais partout…
-J'étais tellement idiote à l'époque !
-Mais non voyons… N'empêche… je suis désolé de t'avoir mise enceinte si tôt.
-Comme si c'était de ta faute ! J'ai décidé d'assumer ce bébé, c'est tout ! Charlie enfin !
-Tu étais peut-être destinée à de grandes choses, Dawn…
-Et aujourd'hui je suis une adorable mère au foyer ! Cool, non ?
Charlie eut un sourire triste que Dawn effaça d'un baiser. Charlie sourit et sortit Ludicolo, Heledelle et Machopeur.
-Occupez-vous des enfants. J'ai envie de ramener un peu papa à la raison.
-Tu es sûr ?
-Il a besoin de soutien, je le sens un peu déprimé.
-Charlie, c'est peut-être pas une bonne idée…
-Je sais bien mais… C'est mon père, j'aime pas le voir malheureux.
-Bon, je te suis alors ?
-C'est toi la reine des potins, nan ? A l'académie tu savais tout sur ma vie et celle de nos camarades !
-Pas faux, sourit Dawn. Olivia !
La petite avait échappé à la surveillance de Machopeur et essayait de grimper sur un nain de jardin. Dawn alla la chercher comme si elle était en danger de mort. Charlie plissa les yeux.
-Euh…
-C'est juste que je ne veux pas que ton père l'enguirlande !
-… Hm… Ok !
***
-Je te remercie de m'avoir accompagné, en tout cas, c'est un geste adorable !
Malcolm soupira alors qu'il accompagnait sa mère aux courses. Le jeune homme était suivi par ses Pokémon : Boskara, Cadoizo et Cradopaud. Un dresseur moyen. Là où sa sœur avait un rapport rude avec ses Pokémon, Malcolm voyait en eux des amis.
-Rentre-les dans leurs Pokéballs, chéri, on n'a pas le droit de passer en caisse avec eux, sauf prescription particulière.
-Ok !
La mère de Malcolm s'avança vers la caissière, suivie par son fils. La dame passait les produits un par un. L'un d'eux ne passa pas. La jeune femme grommela.
-Eh zut…
Elle prit le micro.
-On demande quelqu'un en caisse pour un prix, quelqu'un en caisse pour un prix…
Une vieille femme engoncée dans un tailleur noir arriva. Elle regarda la caissière, obséquieuse et méprisante.
-Judith, c'est pas vrai, ça fait TROIS fois aujourd'hui !
-Désolée, Madame Bowyer !
-Tsss… Madame je suis Gisèle Bowyer, la gérante de ce magasin, je vous prie d'excuser l'incompétence de ma caissière, elle n'a apparemment pas conscience du nombre de personnes qu'elle fait chier !
Judith plissa les yeux, embarrassée. Malcolm s'avança.
-Pardon, c'est ma faute !
-Quoi ?
-C'est… moi qui voulais cette Carapuce à O de rechange, j'aurais dû en prendre un avec une étiquette. C'est ma faute. Ou la votre, vu que si vous êtes la gérante, il devrait y avoir une étiquette sur chaque produit.
Gisèle regarda le jeune homme, quelque peu souffletée.
-Ahem… Trente Pokédollars. Mais ne m'appelez plus pour de telles broutilles, Nathis, je vous ai à l'œil !
-Oui madame…
Elle partit. Judith soupira.
-J'suis désolé… marmonna Malcolm.
-Ce n'est pas votre faute, c'est une vieille braillarde, elle crie même quand elle vous remercie. Ca fera cent dix-sept Pokédollars, madame.
Sarah régla ses courses et le duo mère-fils sortit du supermarché. Sarah tenait l'épaule de son garçon.
-M'man…
-Tu vois, c'est comme ça que je t'aime, comme un bon jeune homme droit et honnête ! C'est comme ça que je t'ai élevé.
-M'maaaaaaaan…
-Je sais, je sais, mais je suis fière de toi !
-Merci…
-Si seulement tu étais aussi gentil plus souvent…
Malcolm baissa la tête.
-J'y peux rien, maman. Mais… Chaque fois j'imagine ce que ce serait si j'avais plus de chance…
-C'est un peu gênant pour nous quand même de t'entendre souvent dire que tu voudrais être le fils des voisins d'en face… Même si je reconnais volontiers que Linda Heine a une conversation intéressante, ça n'est pas une raison pour que tu deviennes leur fils adoptif !
Malcolm sourit.
-J'me dis juste qu'avec un peu d'argent en plus…
-Certaines choses seraient plus faciles, mais est-ce que notre famille serait plus soudée pour autant ?
Malcolm se mordilla les lèvres et haussa les épaules.
-Exactement ! Sourit Sarah.
Malcolm hocha la tête en suivant sa mère. « N'empêche, une fois, juste une fois, j'aimerais savoir où j'en serais si j'avais plus d'argent… »
***
-Tu es sûr de toi ? Ricana Etienne.
David hocha la tête. Roland et Lily regardaient cela avec un œil à moitié ouvert. Julie semblait attentive bien que distraite par la piscine. David et Etienne avaient décidé d'improviser un combat sur la terrasse, sous les yeux amusés de Linda et Kenneth.
-Trois contre trois ? Marmonna David.
-Pourquoi pas, mais je doute que je sois un si bon entrainement que ça pour la Ligue… sourit Etienne, amusé.
-Ok… Mammochon !
Le Pokémon porcin apparut devant son maître . Kenneth ricana.
-Fais attention, Etienne ! Mon fils pourrait bien te rentrer dans le lard !
-Oh eh ça va hein ! Il est trop minot pour me faire quoi que ce soit !
David plissa les yeux. Etienne balança une Pokéball.
-Erwan, go !!
Le Capidextre apparut et dansa, détendu.
-C'est parti, Bélier !!
Mammochon chargea le singe qui se leva sur une patte avant et fit claquer ses mains. Mammochon s'arrêta en pleine charge. David s'étonna.
-Bluff ! Dommage !
-Crocs Givre !
Les défenses de Mammochon s'illuminèrent et le Pokémon chargea Capidextre.
-Coup Double !
Capidextre repoussa Mammochon d'un violent coup de fouet de ses deux queues. David grommela.
-Erwan, Rebond…
Capidextre sauta au dessus de Mammochon et retombait sur lui.
-Eclats Glace !
Mammochon tapa du pied et projeta les Eclats en l'air mais Capidextre les esquiva en beauté.
-Erwan !! Mitrapoing !
Capidextre frappa Mammochon en pleine tête. Carton plein pour Capidextre qui exécuta une danse de la victoire devant le corps assommé de Mammochon.
-Zut…
-Pas assez d'amour dans son éducation… Il faut être plus délicat.
-Ca va, hein, tu vas pas me faire la leçon, je suis pas un de tes élèves !
Roland plissa les yeux en voyant le ton sur lequel David parlait à Etienne. Mais Etienne n'en tint pas compte.
-Suivant : Debra !
Le Roigada apparut, saluant ses ouailles.
-Ok, ok, ça devrait être Reine-Gada !
David rappela son Mammochon, furibond. Etienne le regarda, l'air neutre.
-Allez, David, grommela Kenneth, tu ne vas pas flancher quand même, bonhomme !
David regardait vers son père et fronça les sourcils.
-Jungko !
Le Pokémon apparut, fringuant et prêt à attaquer.
-Lame Feuille !
Jungko chargea Roigada qui le stoppa avec Choc Mental.
-Grmbl… Balle Graine !
Jungko envoya l'attaque qui toucha Roigada.
-Souplesse !
Jungko frappa avec la queue le Pokémon Royal. Etienne sourit.
-Debra, Rayon Gemme !
L'attaque encercla Jungko de petites pierres blanches qui explosèrent autour de lui.
-Et Laser Glace !
L'attaque jaillit du joyau du Pokémon et le faucha littéralement. David fronça les sourcils.
-Ca manque d'investissement, ce dressage…
-C'est bon… T'es prof, ok, c'est normal que…
-Et toi tu aspires à gagner la Ligue Pokémon, tu devrais être beaucoup plus fort !
David se mordilla les lèvres.
-Corayon !!
Le Pokémon rose et blanc apparut. Kenneth ricana.
-Ah non, David, mais là, franchement…
-Je crois qu'il ne te prends pas au sérieux, Etienne… ricana Linda.
Etienne acquiesça et envoya une Pokéball.
-Kenny…
Le Lucario d'Etienne apparut. Kenneth sourit, fier.
-Tu vas avoir fort à faire, Dave… marmonna Kenny.
-C'est mon dernier Pokémon, tu as toutes tes chances ! Sourit Etienne. C'est le fils de celui de mon père, tu as tes chances.
-… Corayon, Telluriforce !
Le sol explosa sous Lucario qui s'envola dans les airs. David leva les yeux, Lucario portait des ailes de lumière.
-…Vol Magnetik…
-Kenny, Aurasphère !! Grogna Etienne.
Le Pokémon envoya des tirs bleus vers Corayon. Le Pokémon disparut de la vision de Lucario. Etienne s'étonna.
-Hm ?
Kenneth s'étonna. La fumée se dissipa et Corayon apparut, entouré de reflets bleus. Etienne geignit.
-Eh m…
-VOILE MIROIR !
L'attaque renvoya celle de Lucario qui se prit toute la décharge en pleine face. Le Pokémon Aura retomba au sol, à genoux. Il était entouré de bulles. Etienne s'étonna.
-Corayon !! Siphon !
Corayon emporta Lucario dans un grand tourbillon d'eau.
-Sors de là ! Vitesse Extrême !!
-Corayon, Pouvoir Antique !
L'attaque fonça vers Lucario dans le Siphon. Elle immobilisa tout. L'eau gravitait autour du Pouvoir Antique et Lucario restait autour aussi. Etienne plissa les yeux.
-Expansion !
L'attaque explosa littéralement. Lucario finit assommé, quelques mètres plus loin. Etienne regarda son filleul en sifflant.
-Ca, c'est un Pokémon bien éduqué ! On sent le Pokémon dont les attaques ont été travaillées, modelées pour correspondre aux attentes du maître, et pas l'inverse. C'était magnifique, David !
David regarda son parrain, étonné.
-Pour Mammochon, essaie de lui apprendre ça !
Etienne donna un objet ovoïde à David.
-… une CT ?
-Avalanche. Fais-lui oublier Coup Double, c'est à chier. Pour Jungko, travaille sa vitesse et son déplacement, on dirait une clocharde slave ivrogne !
-… Ok…
-Eh bien David… C'était plutôt décevant, je m'attendais à mieux ! Marmonna Kenneth. Ca va être dur, la ligue !
-S'il continue comme ça, c'est certain… admit Etienne.
David baissa la tête. Julie vint le serrer dans ses bras.
-Waouh ! C'était génial !!
David plissa les yeux, quelque peu décontenancé.
***
Charlie, Dawn, Lindbergh et Lucy dinaient avec les enfants.
-En tout cas j'ai parfois l'impression que la vraie attraction du cabinet ce ne sont pas les clients mais les employés. Je les observe parfois, quel cirque… soupira Lindbergh.
-Tu formes toujours ce petit jeune pour prendre ta succession ?
-J'hésite vraiment entre lui et la petite Heine, mais elle est trop jeune. Alors que Matt est un brave garçon, très compétent et bon gestionnaire.
-Je veux, oui, il a déjà son nom sur l'affiche !
-Si tu avais continué tes études, lui et toi seriez peut-être devenus amis !
Charlie regarda son père avec un sourire embarrassé. Dawn se mordilla les lèvres. Lindbergh se recroquevilla.
-Pardon, pardon !
-Papa quand même ! Ricana Charlie.
-Ce n'est rien, monsieur Winchester, j'ai compris où vous vouliez en venir ! Sourit Dawn.
Lucy regardait Lindbergh, mécontente.
-Tu vois c'est à cause de sorties idiotes comme celle-là que nos filles ne viennent plus nous voir ! Grommela Lucy.
-Excuse-moi !
-Mais non, papa, enfin… sourit Charlie, amusé par la gêne de son père.
Dawn le tapa gentiment pour lui signifier que son enthousiasme n'était pas de circonstance. Charlie se reprit.
-On a compris, papa. Mais aujourd'hui je suis champion d'arène à Joliberges et… si c'était à refaire, je referais pareil !
Il serra la main de Dawn et la regarda, souriant avec elle. Machopeur ramena James qui s'était endormi.
-Oh ! Le pauvre pépère ! Sourit Charlie en prenant son fils. Tiens, Dawn…
-J'les ai portés neuf mois, déjà, pourquoi tu veux toujours que je les porte ! Sourit Dawn.
-Ok, ok je les accapare !
-Ah non ce sont avant tout les miens ! Fit remarquer Dawn.
On entendit nettement la chute d'un objet. Lindbergh se leva précipitamment. Charlie et Dawn se levèrent pour aller voir.
Lucy Winchester, toujours très pieuse, avait une collection de santons. Olivia avait voulu en regarder un et en avait fait tomber deux autres.
-Nom d'un… Jeune fille combien de fois pourtant vous ai-je Prévenu !!
Lindbergh asséna sur le « p » de Prévenu une tape salvatrice sur les fesses de la jeune fille… sous les yeux de Dawn, Charlie et Lucy.
Dawn ne savait pas comment réagir. Charlie lui confia James et alla prendre Olivia qui semblait au bord des larmes.
-C… Ma chérie, on te l'a dit pourtant…
-Les santons de ta mère, Charlie, quand même ! Combien de fois t'ai-je dit…
-Ce ne sont que des santons, papa, calme-toi !
-Tu pourrais au moins éduquer ta fille correctement et lui apprendre à ne pas toucher à tout quand elle est chez les gens !
Charlie se releva.
-M… Papa, vous n'êtes pas des « Gens », vous êtes mes parents ! Moi je sais qu'il ne faut pas toucher à n'importe quoi ici mais Olivia est une enfant !
-Je sais mais…
-Et avant tout c'est mon enfant, et si jamais tu relèves la main sur elle…
Lindbergh regarda son fils, éberlué. Dawn se couvrait la bouche, mal à l'aise. Lucy se rongeait les ongles, silencieuse et inquiète.
Charlie regarda son père et le serra dans ses bras.
-E… Excuse-moi papa.
-N… Non c'est moi… Pardon d'être un vieil idiot.
-Je t'en veux pas… Je t'en veux pas…
Dawn recueillit Olivia à ses côtés.
-Papa, on va peut-être y aller, tu es trop stressé…
-… Hm…
-Tout va bien, papa. Promis, j'essaierais de convaincre Christine et Marine de revenir.
Lindbergh semblait dubitatif.
-Ne fais pas de promesses que tu n'es pas sûr de…
-J'ai dit que j'essaierais. Tu as besoin de te reposer.
Lindbergh hocha la tête.
-Ne t'en fais pas, papa. Je ne t'en porte pas rigueur.
Dawn ne semblait pas encline aux mêmes faveurs.
***
-Eh bien voilà, je repars ! Sourit Etienne.
-Rentre bien ! Sourit Kenneth.
-Au revoir Etienne ! Sourit Roland.
-Salut, gratte-papier ! Ricana Etienne.
Roland s'en remonta vers son étage en levant les yeux au ciel.
-Bonne soirée parrain ! Sourit Lily.
-A plus tard ma choupinette ! Ricana Etienne.
-Bonsoir parrain… marmonna David
-Evite d'être aussi enthousiaste, toi, ça va commencer à se voir… souffla Etienne en souriant.
-Je te raccompagne à ta voiture ! Sourit Linda.
Les deux sortirent de la maison. Etienne se retourna vers Linda.
-… Eh bah ça s'est plutôt bien passé ! Sourit Etienne.
Linda hocha la tête.
-Je suis contente que tu entretiennes de si bon rapports avec les enfants.
-Faut bien quand même.
-Saches que tu auras toujours une place…
-Je sais, ça, Linda. Je sais.
Linda se mordilla les lèvres.
-… Parfois je me demande ce que ça aurait été si tu les avais élevés… Si j'avais finalement choisi… Le père biologique, au lieu de l'homme que j'ai épousé…
Etienne grimaça.
-Ne remettons pas ça sur la table, Linda… Tu aimes Kenny, il ne peut pas avoir d'enfants mais il l'ignore, c'est de moi que viennent les trois petits anges… Bon !
-Mais je sais aussi que tu m'aimes plus que tu ne le laisses voir !
Etienne hocha la tête.
-Je suis trop investi dans mon travail, Linda, je ne te rendrais pas heureuse. Cynthia sait se contenter de peu, toi tu as besoin de beaucoup.
Linda hocha la tête.
-Et puis ma famille ne t'a jamais trop appréciée… marmonna Etienne.
-Je sais… Quoi qu'il en soit, tu fais partie de la famille !
-Ouais, ouais. Tu sais pourquoi je le sais ?
Linda ricana. Etienne sortit une Pokéball, qui laissa s'échapper un Togekiss.
-… Parce que je garde toujours Linda sur moi.
Linda regarda le Pokémon qui avait toujours l'air triste.
-Je me rappelle encore de comment je l'ai eu… J'avais un doyen, un mec respectable qui s'appelait Finsbury, Norbert je crois. Etrangement je m'en suis fait un ami, il avait comme moi la vingtaine, il avait réussi du premier coup l'école d'administration… Un jour il a cru que je le draguais parce que je lui avais offert un Togepi. Il m'invite à diner et… J'ai une réaction disproportionnée, je pars, vexé. Le lendemain je vais m'excuser à son bureau, pris de remords…
Etienne soupira, les larmes aux yeux.
-… Pendu… devant son Rapion ! J… Je crois que j'ai jamais autant crié de toute ma vie, tout l'étage est venu me voir…
-Etienne…
-Quand je suis finalement allé à ma salle en début d'après-midi… Il m'avait rendu le Togepi et m'avait laissé un mot… « Avec toute mon affection, pardon pour ce geste désespéré, Norbert. »
Linda caressa le visage d'Etienne.
-Ca n'est pas ta faute, allons…
-Depuis ce jour… et parce que peu après, tu accouchais de Roland… Depuis ce jour je me suis fait le serment de toujours apprécier les gens selon ce qu'ils pouvaient m'apporter et non selon ce que je pouvais préjuger d'eux. Et ces enfants même s'ils sont les miens, même s'ils sont élevés par mon meilleur ami… Eh bah… Je les aime quand même. Pas comme mes enfants, mais comme un bon parrain.
Linda sourit.
-Tu fais très bien ton travail.
-Hm. Appelles-moi si tu en veux un quatrième !
Linda éclata de rire.
-J… Je ne devrais pas rire !
-Oh… On ne fait rien de mal… sourit légèrement Etienne.
Linda le regarda, un peu songeuse. Une jeep arriva devant la maison.
-Nan, sérieux ?! Eh, les gars ?
-Désolé, Etienne, c'est votre père… soupira le blond.
-Il a vraiment besoin de vous voir ! Marmonna le brun.
Linda s'avança et salua les deux hommes.
-Bonjour Ryan ! Bonjour Marcus !
-Ne salue pas les frères Price comme ça ! Grommela Etienne. Ils ont une réputation à tenir !
-Ca ira, Smirnoff… sourit Ryan. Elle est assez belle pour nous saluer !
-Dites, messieurs ! Je suis mariée !!
-Ryan, bon sang… soupira Marcus.
Etienne regagna sa voiture.
-A plus tard, Linda !
-Oui !
Linda rentra chez elle. Elle regarda Lily à la table du salon en train de remplir des dossiers. Elle observa David qui se préparait pour sortir avec Julie. Dans la cuisine, elle fit la bise à son mari qui la regarda tout en cherchant à boire.
-Il est parti ?
-Oui. Il avait l'air plutôt heureux d'avoir passé du temps avec les enfants.
-J'ai parfois l'impression qu'il vient plus pour les enfants que pour nous… souffla Kenneth.
-Oh voyons, Kenny ! C'est leur parrain tout de même !
-Je sais, je sais. Je te rejoins tout à l'heure devant la piscine pour notre thé devant le coucher du soleil ?
-La meilleure habitude qui soit, pourquoi m'en priverais-je ! Sourit Linda.
Linda sortit de la cuisine, traversa le couloir et monta les escaliers jusqu'au dernier étage. Elle entra par la trappe, sans frapper. Roland était sur son lit et agitait la main. Linda le regarda, surprise.
-Excuse-moi…
-Tu devrais frapper, maman… Tu sais bien qu'après manger…
-… tu fumes un joint, pardon, j'aurais dû m'en rappeler.
-Cette conversation est surréaliste, quelle mère dit ça aussi naturellement à son fils…
-Peut-être une mère qui aime assez son fils pour supporter ses lubies…
Roland souffla en l'air.
-Bon…
-Bon… Eh bien j'ai lu ta nouvelle… Elle était plutôt glauque. D'où tu sors de telles idées de prise d'otage…
-Je trouvais le sujet intéressant…
-Les flashbacks sont bien utilisés, j'aime qu'on voie la jeunesse des personnages en même temps, mais… Pourquoi faire tuer le meilleur ami du héros ?
-L'intensité dramatique.
-Mis à part ça, j'ai adoré… Tu as autre chose pour moi ?!
Roland se leva de son lit et donna une petite liasse de papier à sa mère.
-Cette fois c'est un prof en voyage itinérant avec un sale gosse. La fin risque de te surprendre.
-Encore un prof !
-Désolé, Oncle Etienne m'inspire beaucoup, comme il me parle pas mal de son métier...
-Très bien, très bien. Je la lirais ce soir ou demain.
-N'oublie pas, Papa ne doit pas tomber dessus !
-Je sais. A plus tard !
-Ok maman…
Linda huma l'air.
-Ca sent le parfum de femme…
-Ca doit être mon joint… ou l'encens…
-Il y a une fine odeur de parfum de femme, pourtant…
-Rachel est passée…
-Ca doit être ça… Il est fort, son parfum… On dirait presque du déodorant, même… Enfin bref, à demain mon chéri, bonne nuit.
-Bonne nuit, maman…
Linda referma la trappe. Roland souffla.
-Perspicace, maman… très perspicace…
***
Lily reçut un coup de téléphone alors qu'elle travaillait.
-Allô ?
« Tu es morte, salope… »
Lily soupira. Cela semblait habituel d'après son regard blasé.
« J'vais bientôt te crever… hhhh… Tu finiras sous terre…hhhh… Tu reverras plus le jour. »
-Bonne journée, monsieur…
Elle raccrocha et se remit à son travail. Elle calma sa main tremblante en l'agitant, et refoula ses larmes naissantes.
-Qui c'était ?! S'étonna Kenneth.
-Personne, papa ! Sourit Lily. Un… Un client !
-Oh. Bonne affaire ?
-A coup sûr !
***
-Et celui-là ?
David était assis dans le magasin, à observer les essayages de sa petite amie.
-… pas mal.
-Pourquoi tu ne SAIS PAS être enthousiaste ?!! J'essaie la bleue !
Julie retourna en cabine d'essayage. David leva les yeux au ciel.
-Tiens… mais ce n'est pas…
David regarda qui lui parlait. Il faillit bondir.
-…
-Mais si, c'est toi, Harvey ! Sourit le blondinet qui tendait la main.
-… Vous faites erreur…
-Je reconnais cette petite voix chaude et envoutante…
-Dégage de là, pédale… grommela David.
-… Mais enfin, on s'est connus avec ce site de rencontres, je croyais que le courant passait bien entre toi et…
David empoigna le type, énervé.
-Dégage, Kyle ! C'est pas le moment !!!
Kyle regarda David, étonné.
-… Ok, Harvey… J'ai pigé… J'te laisse…
David grimaçait, à la fois énervé et torturé par la présence de Kyle.
-… A plus… ou pas… J'verrais…
Kyle s'éloigna, dépité. David se rassit sur le pouf. Julie ressortit de la cabine.
-Et là ?
-… Hm…
-Oh, sois un peu plus réactif !
-Tu es très bien, là dedans.
-Yes ! Merciiiiiiiii ! J'en réessaie deux autres ! Ca ira si j'en prends quatre tout compte fait ?
-Ca ira…
-Merciiiiiiiiii !!!
Elle retourna en cabine. David enfouit son visage entre ses mains.
***
Roland regarda son grenier, plutôt vide alors que seule la lumière de la lune passait à travers le velux du toit servant de plafond à sa chambre. Il continuait à écrire, comme à l'accoutumée, après tout il n'avait que ça à faire. Parfois il aimerait dire à son père ce qu'il pense vraiment, comme le font ses personnages dans ses histoires, mais il était bien trop lâche. Et comment dire à son père qu'on préfèrerait de l'affection et du soutien à de l'argent et à des propositions ?
Quelque chose se posa sur son velux. Il soupira en souriant et se pressa jusqu'à la fenêtre. Il put voir le Noarfang qui lui avait apporté une lettre repartir vers le velux d'en face. Il voulait voir Rachel, mais cette dernière se contenta de laisser rentrer son Noarfang. Roland sourit et regarda le mot que lui avait envoyé Rachel. Il constata vite que c'était son commentaire à propos de son roman. Il cessa d'écrire et s'allongea sur son lit pour lire la missive de sa chère et tendre.