Le maître des glaces, tome 1: la faux du blizzard
Frimapic dans un temps lointain et inconnu. Les humains comme vous et moi doivent mener une guerre contre des sorciers qui souhaitent abolir notre époque pour entretenir le culte de la faux du blizzard et régner sur le monde. Mais cette faux était perdue depuis des siècles et selon une légende lorsque cette faux trouverait son élu, elle déclencherait une catastrophe qui tuerait toute vie dans l'univers sauf l'élu en question. Les mystiques ont pu réchapper de ce désastre et comme cet épargné n'était autre que moi, nous sommes avec mon Tyranocif en guerre avec les magiciens et à la fin de cette guerre, la mort de l'un ou l'autre camp provoquera le recommencement ou la destruction totale de la terre pour l'éternité.
__________________________________________
Cela faisait certainement des heures que je marchais seul dans la neige, en cette époque future que je ne connaissais pas, avec pour seul compagnon mon Tyranocif qui marchait à mes côtés, engourdis par la fine mais épaisse poudreuse qui nous recouvrait. Je le regardai et vit que des larmes coulaient de ses yeux rouges de la couleur du sang qui tachait mes habits ainsi que son pelage. Malgré le fait que je n'étais pourvu d'aucun pouvoir psychique et mon Pokémon Grifacérée également, l' un comme l'autre pouvions savoir à quoi nous pensions mutuellement, c'était la destruction de notre île par ces sorciers qui persistaient à entretenir les cultes anciens autour de la faux du Blizzard que je tenais entre mes mains endolories par le froid mordant qui nous pénétrait.
Il était vrai que selon la légende écrite en lettres de sang au temple Frimapic, la faux choisirait un élu qui serait digne de l'utiliser pour vaincre ces êtres malveillants menés par un chef tyrannique et sanguinaire et qui, avec ses sous-fifres tout aussi démoniaques, menaient une guerre sans merci contre les humains dont je faisais partie. Cet élu serait épargné ainsi que son Pokémon le plus cher de la destruction de l'espèce humaine pour vaincre ces mystiques grâce à cette faux. Ils étaient donc en train de nous chercher mais personne ne nous trouvait, pas même nous à cause du brouillard qui s'étendait à perte de vue. Enfin...pour le moment...Car j'avais en face de moi deux solutions, toutes les deux peu enviables:
La première était d'aller trouver ces mystiques malgré notre état de grande faiblesse, quitte à payer de notre vie, afin de se sacrifier pour la renaissance presque assurée des humains, ou nous pourrions, de l'autre monde, regarder cette civilisation que nous aurons sauvé...
La seconde était bien moins préférable: en effet, grâce au couloir temporel que j'avais trouvé quand j'avais la joie de faire mon voyage initiatique, j'avais la possibilité de revenir à l'époque que je souhaitais, mais je serais toujours aussi seul et les descendants des sorciers auraient peut-être appris la résurrection de la faux qu'ils n'auraient alors aucun mal à me soustraire, et cela ne changerait rien... Quand je fouillais à nouveau dans mon sac, le couloir ne s'y trouvait plus.
Il s'était dissipé...
Je fus tiré de mes pensées par Tyranocif par un de ses coups de griffe habituels. Les arbres portaient des sceaux étranges qui semblaient faire un chemin vers un vieux château en ruine délabré. Je reconnus le monument froid et cela m'indiqua où nous étions : dans le lugubre château de Vestigion !!
Quoique légèrement inquiété, je poussai la porte qui émit un grincement sinistre et suraigu et entrai. A peine avais-je fait un pas qu'un lustre tomba du plafond entièrement recouvert de sang et je n'eus que le temps de me jeter jusqu'à un endroit de la pièce macabre et plongée dans l'obscurité, où je vis un bout de tissu d'un noir d'encre. C'était certainement celui de la cape d'Ozarès, le chef des mystiques qui me traquaient!
J'allais ouvrir la porte lorsque mon attention fut attirée par une boule de verre brisée qui gisait à mes pieds, et dont s'échappait une fumée nacrée qui s'élevait pour former finalement un Pokémon- un Motisma, d'après ce que l'on pouvait apercevoir- qui se mit aussitôt à parler d'une voix étrangement lointaine, comme si elle s'échappait d'une prison inaccessible.
-Quand se révèlera la prophétie
Tant le calvaire cessera
Tant un allié périra
Pour faire renaître une vie
Si lors, ton cœur le supplie
L'incarnation du plasma
Qui parmi les spectres est roi
L'allié vivra grâce à lui.
Alors que la voix d'outre-tombe s'était tue, en arrière m'attendait une apparition bien plus funeste...
- Voilà donc mon ennemi juré tombé dans mon piège... lança sèchement une voix hargneuse et moqueuse.
Je levai aussitôt la tête et vit un visage que je ne reconnaissais que trop bien :Ozarès !
-C'était donc toi, l'élu ??
-En effet, lançai-je hargneusement.
- Il y a quelque chose en toi qui constitue ta plus grande faiblesse, et dont j'ai pu profiter pour te faire parvenir ici, reprit l'assasin qui me parlait comme à un Paras tombé dans une toile de Migalos affamé qui se délectait de voir sa proie en infériorité avant de la dévorer froidement. Tu es incapable de laisser tomber une cause, et cela reflète en soi une témérité sans nom.
Cette même témérité dont tu parlais pourrait m'amener à te tuer, car comme tu l'a toujours nié, le pire qui puisse arriver n'est pas la mort, mais la peur de mourir. Si je dois périr après ce combat, j'irais droit devant, sans regarder en arrière. Maintenant bats-toi! Jusqu'à la tombe ! lançai-je enfin dans une attitude de défi, attendant la réaction de mon adversaire.
-Mmmhh...tu m'as l'air fort maintenant... finit par répondre celui-ci. Mais comme tu le vois, j'ai amené de la visite...
Il y eut soudain un éclair et les quatre généraux d'Ozarès surgirent derrière lui :Bosck, Halavin, Rudrium et Shazonar.
J'engageai alors le combat. Shazonar voulut me frapper avec son shuriken, mais Tyranocif l'en empêcha et lança un Séisme sur Rudrium qui fut soudain précipité dans les entrailles de la terre. Fou de rage, Halavin s'élança, mais je pris mon courage ainsi que ma faux à deux mains et tranchai sa tête sombre qui retomba avec un bruit sourd sur le sol tandis que son corps explosait en une nuée de cristaux de givre. A cette vue, Bosck voulut s'enfuir, terrifié, mais je plantai mon arme dans le sol et aussitôt le fuyard s'évapora littéralement comme de l'eau bouillante. Soudain, je réalisais qu'Ozarès s'avançait vers moi. Il était trop tard pour contrer !
-Tu es fini, maudit gamin...
Tout à coup, ses yeux de la couleur d'un scarabée s'écarquillèrent et il vacilla étrangement avant de s'affaisser, le Shuriken de son dernier général en vie placé entre les deux épaules. Celui-ci me cria :
-Vite ! Il faut partir !
Trop tard ! Déjà Ozarès se releva et lança une Ball'Ombre vers Shazonar qui allait la prendre de plein fouet, lorsque je me jetai devant lui en tentant de prendre le coup, mais me rappelais que la Ball'Ombre ne pouvait pas être arrêtée par quelconque obstacle matériel.
Je m'attendais au pire mais alors qu'elle n'était qu'à quelques centimètres de sa cible, elle s'arrêta devant Shazonar qui vit que dans un coin de la pièce était caché un Motisma qui avait paralysé l'attaque spectre. Ozarès n'en revenait pas ! Je n'eus pas le temps de faire un geste que Tyranocif partit à l'attaque.
-Comment ?s'étonna Ozarès, privé de toute aide.
-Voilà pour toi, « chef » ! lança froidement Shazonar.
Son shuriken se planta dans le bras gauche d'Ozarès qui ne pouvait plus faire un mouvement, le droit étant paralysé par Motisma. Tyranocif lança alors une Lame de Roc qui transperça Ozarès de toutes parts. Sans hésiter, je bondis et tranchai le corps d'Ozarès d'un coup de faux mais je pus entendre ses dernières paroles :
-Tu ... Merci de m'avoir aidé. Ainsi, mon frère Malakisthos pourra enfin reposer en paix...
Sous le coup, son visage émacié se convulsa de douleur avant de ne bientôt plus afficher aucune expression. Subitement, je m'effondrai à mon tour, la faux du Blizzard toujours tenue fermement entre mes mains.
Après de longues minutes, j'ouvris les yeux. Tyranocif, Motisma et Shazonar se tenaient devant moi, l'air inquiet. Mon Pokémon Grifacérée fut le premier à trancher le silence de mort qui pesait :
-Regardez ! On dirait qu'il va mieux...
Lorsqu'il vit que je me relevais complètement, il sauta dans mes bras. Un détail me frappa : le monde avait enfin retrouvé son apparence normale !
J'aperçus Motisma, à demi caché par un pilier de pierre d'une part et d'un grand sapin enneigé de l'autre. Nous étions à l'entrée du temple Frimapic !
Il avait l'air de se remémorer l'évènement qui nous avait fait nous rencontrer...
___________________________________________
-Allez, Tyranocif, attrape-le !
Nous étions en train de jouer avec une branche gaiement dans les bois à proximité de la rive du Lac Savoir, moi et le Pokémon Armure. Nous ne faisions rien d'autre que nous amuser innocemment, lorsque je lançai mal mon bâton qui alla se ficher dans une cavité que nous n'avions pas remarqué jusqu'à présent. Je parti la regarder et m'engouffrai dedans, talonné par le dinosaure. J'arrivai enfin à une pièce où j'entendais des cris de souffrance... ceux d'un Motisma !
Son bourreau, un homme grand et robuste, jeta soudain un coup d'œil à travers la caverne. Il m'avait vu ! Calmement, il s'avança vers moi et me dit :
-Toi, tu as osé me déranger dans mes plans !
-Oui...protestai-je.
Alors tu le paieras de ta vie !
Le combat commença. Après nous avoir fait souffrir et souffert lui-même, le Motisma sembla se réveiller et lança un Fatal-Foudre sur notre ennemi en criant :
-Voilà pour toi, Malakisthos !
Des cris de douleur...Un éclair d'une blancheur éclatante...Des chutes de rochers...Puis plus rien...Le néant absolu...Un silence pesant de mort, d'agonie...Ce flashback m'avait-il tué? Peut-être...Je n'en savais rien...La seule chose dont j'étais conscient, c'était qu'un gigantesque feu follet se dressait devant moi...De cette lueur spectrale parvenait des éclats de voix...J'en étais sur, maintenant, même si la faux m'avait damné, je devais les revoir...Tyranocif, Motisma et cette terre dont j'avais évité la destruction...
__________________________________________
Tout à coup, une sphère rouge. Etait-ce du sang? Non, un rond noir était placé au milieu...Puis une griffe, au bout d'un bras musclé et vert. Celui de Tyranocif?
Soudain, un cri déchirant. Puis des larmes de sang. Il croyait sans doute que j'étais mort. Je le comprenais, mais ne savais que faire pour le rassurer, je n'avais plus de forces pour bouger...
Je décidai de rassembler toute mon énergie pour me lever, commettre ce simple acte pour le rassurer...
Quand il me vit enfin rétabli, il sauta dans mes bras. Mais mon attention fut attirée par un autre élément du paysage enneigé: nous nous trouvions devant un Temple Frimapic complètement détruit, au fond duquel se trouvait un portail que je reconnut: il n'était autre que celui que j'avais récupéré!
Suivant mes ordres, nous entrâmes dans les décombres. J'actionnai alors le portail qui émit un étrange grondement avant de croitre progressivement jusqu'à un niveau où je pus entrer ainsi que Tyranocif, Shazo...
-Où sont-ils passés? Demandai-je à mon Pokémon Armure qui hochait également la tête, l'air perplexe.
Ce fut une autre voix qui me répondit:
-Nous devons partir, Darkmoret. Votre époque n'est pas la notre. Il va falloir se séparer temporellement.
-D'accord, quant à moi, je dois revenir à mon époque passée. Adieu.
Et sur ces mots, j'entrai dans les ténèbres du portail qui émit un grondement semblable au cri d'un Spiritomb et disparut des ruines du Temple Frimapic, en promettant que le monument ne se retrouverait plus jamais dans ce pitoyable état.
Une pensée me traversa soudain l'esprit: si Ozarès et son frère avaient eu autant de consistance et que ce flashback avait failli devenir mortel, est-ce que l'ignoble homme avait-t-il pu être réellement exempt de la surface de la Terre?
A suivre...