Le crépuscule de l'espoir de junkolusa

Thème d'ambiance: http://www.youtube.com/watch?v=bBq6vhdBweI&feature=related


Cela faisait deux jours que l'équipe avait quitté les marais et se retrouvaient enfin dans des zones ou l'eau faisait place à la terre ferme. Malgré cela, le paysage n'en était pas plus accueillant pour autant. Le sol était composé d'une couche de poussière grisâtre qui recouvrait mal la roche mise à nue. De l'eau avait du creuser des canyons de quelques mètres de profondeurs, enfin lorsqu'il y avait encore de l'eau à couler ici. Aujourd'hui, l'érosion semblait avoir creusé des cicatrices dans la terre. Le vent soufflait peu, une légère brise balaya quelques uns des restes de poussière recouvrant ces terres désolées. Les canyons formaient des ravins, ces dédales de passages inextricables serpentaient entre des pics de roche abrupts, des colonnes de minerai et des plaines stériles.
-Tu es sur que nous devons nous aventurer là dedans ?
Absol était pas vraiment enchantée, c'était encore plus moche qu'elle imaginait. Pour Etole, le terme approprié était silencieux. En plus d'être effrayant, l'endroit donnait l'impression d'être sous surveillance.

Branette la fixa et se retourna vers ces terres oubliées, semblant désertées par la vie.
-Oui. Le temple est là bas, au fond de ce labyrinthe.
-Je n'aime pas ça. On pourrait ne jamais en ressortir, qui sait ce qui garde ces passages.
Xatu approuvait intérieurement, il valait mieux savoir ce qui se cachait la dedans. L'oiseau s'éleva et prit la parole.
-Ca ne pose pas de problèmes. Je peux survoler ces landes, observer ce qui s'y trouve et vous guider depuis le ciel.
Etole trouva l'idée bonne mais Absol émit quelques réserves.
-Le principe d'un labyrinthe, c'est qu'il y a des voies sans issues. Imagine que nous sommes poursuivis et qu'en fuyant, nous nous piégeons nous même.
C'était une question purement théorique, elle ne refusait certainement pas un combat pour se défouler.
-Tu sous estimes mon intelligence. Je vais répertorier dans mon esprit chaque couloir pour établir un plan et te le ressortir par cœur.

Etole le regarda et pensa que l'idée était faisable, même si l'arrogance dont venait de faire preuve l'oiseau servait surtout à rassurer tout le monde. Le groupe se posta à l'entrée du défilé, attendant tranquillement que Xatu revienne de son observation. Ils restèrent inactifs suffisamment longtemps pour qu'un estomac se mette à grogner. Etole rougit.
-Bon, moi j'ai faim, je vais me trouver quelque chose à grignoter.
L'Etourvol se contenta de quelques baies Ceriz trouvées dans un arbre à moitié desséché. Bien qu'aveugle, elle avait un odorat et une ouie plus efficaces que quiconque. Absol s'occupa rapidement d'un Rattata isolé qui avait fait l'erreur de passer à proximité. Etole, toujours en train de picorer ses baies, regardait Xatu survoler les terres noires tandis que Branette attendait tranquillement.
-Tu ne manges rien Branette ?
-Je suis un jouet à la base et aujourd'hui un spectre. Cette enveloppe n'est pas vivante et l'âme qui la squatte n'a besoin que de sentiments à dévorer.
-Des sentiments … c'est cruel de détruire ce qui nous rend vivants.
-Je ne suis qu'une âme, je me nourris de ce qui rend les esprits vivants.

Il se renfrogna, pensant à d'autres de ses confrères.
-Tous les spectres sont des âmes à l'origine, mais certains ont réussi à changer la nature de leur âme. Par cette évolution, ils sont parvenus à se créer un corps qu'ils rendent solide si besoin est.
-Mais, je peux te toucher.
-Tu devrais faire la différence entre un corps vivant créée par soi même et une enveloppe artificielle trouvée dans un tas d'ordures.
Continuant son speech sur les spectres, Branette reprit.
-De plus, certains de ces spectres se nourrissent d'âmes, ils les mangent au lieu de les libérer. A cause de ce comportement, ils empêchent l'accès à la résurrection et je ne te parle pas de ceux qui possèdent des vivants ou passent des pactes pour s'assurer des âmes ou des serviteurs. C'est à cause de ça que nous avons si mauvaise réputation. A la base, je ne suis que des émotions brutes, je ne suis pas comme ces dévoreurs.

Branette frissonna à l'idée de ces dévoreurs d'âmes et se concentra sur le ravin pour guetter le retour de Xatu. L'oiseau revint quelques minutes après et fit son rapport.
-J'ai fait un tour complet et il n'y a pas âme qui vive dans ce ravin. Nous pouvons partir vers ce temple.
Le groupe se mit en route et avança alors dans le dédale, Xatu flottant à une dizaine de mètres d'altitude et faisant le guet. Les passages étaient tous identiques, sans même un signe distinctif pour s'y retrouver. La roche grise et noire s'étendait lisse à perte de vue, pas la moindre trace de végétation naissante dans ce ravin stérile et pour couronner le tout, un vent soufflait par intermittence et rendait l'atmosphère encore plus oppressante.
Le quatuor avançait sans dire un mot lorsque Branette vit une dalle de pierre sculptée. Le spectre se pencha dessus et s'interrogea.
-Je ne comprends pas un traître mot de ces écritures. Xatu, tu pourrais descendre s'il te plait?

Etole haussa les sourcils, c'était la première marque de politesse qu'ils s'échangeaient depuis le début. L'oiseau bariolé se mit au niveau de la stèle gravée et regarda.
-C'est une langue ancienne. Je peux me tromper mais, ça dit à peu près : Le temple sacré ne doit pas être souillé. Celui qui tente de s'emparer du pouvoir y reposant devra affronter les Sept gardiens élémentaux.
-T'es sur de ta traduction ?
-Je fais ce que je peux Absol. Je ne sais pas tout et si quelqu'un à une meilleure idée, je lui serai gré de nous en faire part.
Après cette tirade shakespearienne, Absol s'inclina devant la répartie. La femelle qui venait de se faire rabattre le caquet regarda la pierre et soupira.
-Bon, on ne va pas reculer après tout ce que nous avons fait ?

Le groupe hésita et réfléchit, comme s'il avait perdu son entrain. S'il y avait un avertissement, c'est qu'il devait y avoir une bonne raison et en plus, l'ambiance ne donnait pas envie de festoyer. Alors que les visages étaient moroses, Xatu s'exclama, surprenant tout le monde puisqu'il n'avait jamais encore affiché d'émotions sur son visage impassible.
-Regardez sous la stèle. Que voyez vous ?
D'un coup de son appendice caudal, Absol brisa la roche de la stèle. En dessous, on pouvait y trouver un petit coffret en bois. La boîte était très sobre et semblait trop lourde pour être vide.
Branette dégagea sept petites statues enfermées dans un morceau de drap. Le tissu était d'un blanc jauni décoré par un symbole étrange. Ce dernier était formé par un losange entouré d'un cercle. Les figurines devaient sûrement être les gardiens en question.
-Voyons, nous avons … Aquali, Pyroli, Mentali et Givrali.
-Ceux là, c'est Voltali et Noctali.
-Et voilà Phyllali.
Etole haussa les sourcils, ou plutôt les aigrettes.
-Ce sont eux les gardiens ? Ca pourrait être pire.
Absol soupira de soulagement, ces créatures n'étaient pas les plus puissants des pokémon et elle se sentait plus à l'aise.
-Je suis d'accord. Allons y.

Le quatuor avançait, se retournant souvent puisqu'ils avaient la désagréable sensation d'être suivis ou d'être épiés par quelqu'un de masqué par les rochers. Chaque bloc rocheux et chaque coude était suceptible de masquer un individu hostile. Alors qu'ils avançaient, ils virent soudainement qu'un être se tenait face à eux, couché sur le sol. Après quelques instants de flottement, la tension s'apaisa vu que l'individu ne bougeait pas et ne se montrait pas agressif. L'ambiance vira au malsain lorsque après une rapide identification, ils constatèrent qu'ils faisaient face au gardien Pyroli. Celui qui était allongé ici ne dormait pas, puisqu'il avait les tripes à l'air et baignait dans son sang.
Le groupe était vraisemblablement inquiet, l'attaque avait été nette et si rapide que le gardien de feu n'avait pas vu venir le coup. Alors que l'odeur de mort se répandait, Absol frissonna.
-Mince. Il y a quelqu'un d'autre qui est passé avant nous.
-Il doit être puissant pour avoir vaincu le garde si facilement.
-Continuons, si quelqu'un est venu ici avant nous, c'est qu'il se rend au même endroit que nous.

L'idée qu'un être ait massacré sans problème un des grands gardiens du temple et se dirige vers celui ci, n'était pas faite pour rassurer le groupe. Après quelques tours et détours, un autre spectacle macabre se dressait à nouveau au milieu du chemin. Cette fois ci, c'était un Aquali qui gisait avec le crane écrasé tandis qu'un Givrali empalé par une lame de pierre se vidait de son liquide vital. Les deux avaient été blessés en peu de temps, quelques instants avaient du suffire pour les rendre en traître et les éliminer. Le pokémon de glace vivait encore, ayant de plus en plus de mal à rester éveillé. Xatu se rapprocha et le garde de givre murmura.
-Prenez … garde … ombre et … mort …
Après ces paroles incohérentes, le Givrali ferma ses yeux et s'endormit pour l'éternité.
-Etole, tu disais que c'était une mauvaise idée de venir ici, je commence à être d'accord avec toi.
C'était la seule réaction que le spectacle provoquait chez Absol.

Les compagnons avancèrent encore dans le dédale de roche, s'enfonçant encore plus dans le labyrinthe dont les murs semblaient se refermer sur eux. En suivant les informations de Xatu, ils évitaient les multiples recoins et voies sans issue. Soudain, Branette se figea et leur fit signe de se taire. Tendant l'oreille, ils entendirent un rugissement effroyable résonner dans le ravin. Le cri fut suivi de cris plus faibles et de glapissements avant que le silence ne se fasse plus opressant. Apparemment, un combat avait lieu non loin d'ici et devait s'être achevé puisque les cris plaintifs d'agonie se firent entendre. Etole avait reconnu les possesseurs des gémissements.
-Mentali et Phyllali. Cela fait encore deux gardiens éliminés.
Branette leva la tête et mit ses sens en éveil.
-Je sens une présence à proximité, une forme cachée.
L'oiseau psychique confirma l'information.
-Moi aussi. On dirait … un Noctali !

A peine prononça t'il ces mots qu'un félin noir surgit de nulle part avant de bondir sur le groupe. En l'air, le pokémon agressif lança une Ball'Ombre dans le tas. L'équipe se dispersa pour esquiver, à l'exception de Xatu. Celui ci s'entoura d'un bouclier vert qui dissipa la balle.
-Ceux qui violent ce sanctuaire doivent être punis. J'admet que vous devez être puissants pour avoir vaincu mes frères mais votre route s'arrête ici !
Noctali se tourna vers l'aveugle qui lui semblait être une proie facile et courut vers elle.
Etole souleva un nuage de sable pour faire baisser la visibilité du chat.
-Nous n'avons tué personne. Il y a quelque chose d'autre ici, quelqu'un qui veut nous doubler !
-Inutile de mentir !
Noctali fit des bonds stupéfiants et frappa de ses griffes tout ce qui passait à portée. Pour contrer ce maître dans l'art du déplacement, Branette riposta d'un furieux coup de poing qui impressionnait au vu de l'état lamentable du sac de tissu défraîchi qui lui servait de corps physique.

Le chat recula sous la puissance du coup et contre attaqua avec son attaque Fléau. La marionnette décolla en l'air et lança une attaque Feu Follet. Une série de boules de feu noir se dirigea vers la cible qui lança Hâte et esquiva sans problème.
-Mince, il est fort !
Absol ne réussit seulement qu'à l'érafler grâce à son attaque Tranche-Nuit avant de pouvoir lancer une attaque Vibrobscur. Noctali encaissa l'attaque avant de riposter d'un violent coup de tête, projetant Absol à terre.
La femelle se releva en grimaçant.
-Nous ne voulons pas te combattre … nous ne sommes pas tes ennemis !
-Vous êtes entrés dans le labyrinthe du temple … vous devez mourir !
Alors qu'il bondit de nouveau pour frapper depuis les airs, un rayon d'énergie noire sorti de nulle part toucha le félin sur le flanc droite. L'attaque d'une précision létale avait envoyé le chat contre la roche.

Le groupe tourna brusquement la tête vers l'origine du rayon et ne vit seulement qu'une forme obscure passer si vite qu'ils ne distinguèrent rien d'elle. Absol se dirigea alors vers le chat noir pour voir qu'il avait été encastré dans la pierre, chacun de ses os ressemblant désormais à un puzzle.
-Il est mort.
Etole sentit une infime odeur de brûlé sur la fourrure, ainsi qu'une trace olfactive lui semblant légèrement familière.
-L'ennemi qui à lancé cette attaque ne plaisantait pas. Il serait sage de tenir une telle puissance en respect ou de ne pas l'énerver.