Smirnoff R. 3 de Domino

« Mon rêve, c'est un livre qu'on arrive pas à lâcher et quand on l'a fini on voudrait que l'auteur soit un copain, un super copain et on lui téléphonerait chaque fois qu'on en aurait envie. Mais ça n'arrive pas souvent »
(JD Salinger, L'attrape-cœurs)



Le mois de janvier tirait vers sa fin. Chacun avait profité de cette petite accalmie pour prendre du repos. Rachel tentait de se remettre de ce qui s'était passé. Malcolm et Claire devaient faire avec leurs peurs respectives par rapport au bébé. Charlie et Léopold filaient le parfait amour retrouvé, Lily avait repris des couleurs grâce à l'intervention salutaire de Jonas, Max était intervenu pour Claire en allant avec elle et Malcolm visiter son père, ce qui l'avait rassurée en comparaison de la visite chez les parents de Malcolm.

Et aujourd'hui, Roland aidait David à déménager de chez lui vers chez Kyle.

-Ca, c'est à toi ?
-Euuuh… oui je crois.
-Ok.

Roland l'empaqueta. David souffla.

-J'espère que ça t'embête pas trop…
-Mais nan. Ca va me faire de la place au contraire !

David plissa les yeux.

-Tu comptes t'installer avec Marigold ?
-… Je sais pas trop, je vais voir.
-Roland, t'es pas obligé, hein, mais penses-y…

Roland regarda son frère.

-V'la que t'as peur de me voir rester tout seul ! C'est trop mignon !!
-… Mais nan, mais…
-T'en fais pas frérot, on va doucement, je veux être sûr… d'être capable d'assurer en tant que… compagnon permanent.
-Le choix des mots, le choc des photos… marmonna David.

Roland s'étonna.

-Quoi ?
-… C'est les homos qui disent « Compagnon »… Tu peux dire petit ami, petit copain, futur fiancé, futur mari…
-Je sais pas si le mariage c'est fait pour moi, Dave.
-Oh Roland, t'es pas obligé, tu peux toujours vivre en concubinage…
-Je suis pas prêt !

David plissa les yeux.

-Ok, ok…
-Toi tu es prêt, moi pas.
-C'est normal, Roland, moi et Kyle on se connait depuis presque deux ans, toi et Marie, ça fait beaucoup moins de temps…

Roland regarda David.

-Ouais. Tu as raison… On a peut être été un peu vite en besogne…
-Non, tu vas vite en besogne dans ta tête ! Assura David.

Roland regarda son petit frère en souriant.

-Maman serait bien fière de voir à quel point son fiston est devenu grand.
-Et qu'il aime se mettre tout nu avec un autre garçon dans un lit, whouuu !

Roland éclata de rire. David ricana à sa suite.

-Un jour tu trouveras la force de le leur dire.

David secoua la tête, vivement. Roland tapota sur l'épaule de David.

-T'en fais pas, Papa comprendra et je suis presque sûr que maman trouvera ça très mignon.
-… Tu es ironique ?
-Nan, je pense vraiment qu'elle te soutiendra.

David hocha la tête.

-Ca me fait bizarre que tu sois aussi gentil avec moi.
-Pourquoi ?
-Quand on était petits, t'étais insupportable…

Roland hocha la tête.

-J'étais trop pris dans mes conneries, je crois que je vous voyais pas comme ma famille.

David pencha la tête sur le côté.

-Et… je pense que j'étais un peu jaloux.
-Jaloux ?
-Baaaah… Tu avais tout, l'amour, l'attention, les gens se souciaient de toi, on croisait maman c'était « Comment va David »…

David plissa les yeux et baissa la tête.

-J'ai jamais voulu ça, hein…
-Je sais bien, mais tu l'avais et moi ça m'aurait plu.
-Tu aurais pu l'avoir si tu avais été moins bête.
-Peut-être…

David leva la tête.

-Je rêve où tu exprimes des regrets ?!!
-Cette conversation n'a jamais eu lieu ! Se rattrapa Roland.

David sourit.

-Ok.
-… David, comment… Comment c'est de… faire « la chose » avec un homme ?

David regarda Roland avec de gros yeux.

-… Tu crois que j'ai envie de parler de ça avec toi ? Demande à Charlie ou à Léo !
-Naaaaaaan ils se foutraient de ma gueule !
-Bah… Ca fait mal au début mais après… C'est super !
-… Attends c'est toi qui fais la meuf ?
-R… Roland, c'est pas vraiment ça…
-Tu es passif ? Attends c'est l'autre blondinet qui… J't'aurais cru plus proéminent dans ta relation !
-Roland, tu ne sais résolument pas ce que c'est et… je ne veux pas discuter de ça avec toi !
-Ok, ok !
-Je peux entrer ?

Roland et David regardèrent vers l'entrée. Marigold jetait un coup d'œil.

-……….
-M… Marie, entre !
-T… Tu es là depuis longtemps ? Geignit David.
-Assez pour savoir que Roland faisait pipi au lit…

David regarda Roland qui secoua la tête.

-Tu mens très mal ! Grommela Roland.
-C'est un motif de séparation ?
-Oui, presque !
-Ah, quel dommage. Tu n'oublies pas, ce soir, le diner avec ma famille !
-Encore un diner de famille ? Tu sais très bien qu'à chaque fois ça finit super mal ! Rachel t'a raconté !
-La pauvre, au fait, elle va bien ?
-Ca va, oui… Elle a réussi à faire croire aux enquêteurs que c'était pas elle pour le camion…
-Merveilleux… Tu y penses ?
-Marie, je vais tout faire foirer…
-Tu oublies que tes parents ont un grain, pas les mien ! Pardon, David !
-C'est rien, j'étais pas là, j'peux pas savoir !
-Ooooh il est adorable il a toujours réponse à tout, le digne frère de son frère !

Marigold embrassa le front de David, surpris. Roland le regarda.

-Va pas le faire virer sa cuti, il s'installe avec son mec, ce serait ballot !
-Je fais CET effet là sur les hommes, Roland !
-Quelle modestie, on dirait une princesse d'un pays balte…
-Quelle flatterie, on dirait un chanteur d'opéra…
-A ce soir ! Grommela Roland.
-A ce soir, monsieur. Oh et, viens habillé normalement, ce n'est pas un gala, il y aura mon frère et mon beau-père !
-Enregistré !
-Bon emménagement, David !
-Merci, Marigold !

Elle partit. Roland soupira.

-Et voilà… Roland est coincé…
-Oh, Roland… Ce qui m'étonne le plus c'est qu'elle ne t'a pas dit « Tiens-toi tranquille » ou « ne sois pas cynique »…
-Oui c'est une étrange créature qui apprécie mon franc-parler comme étant un atout dans la parade amoureuse !
-Eeew…
-Pour en revenir à notre conversation, tu t'es jamais demandé comment c'était avec les filles ?
-Si, bien sûr…
-Jamais eu de coup de cœur ?

David secoua la tête.

-D'accord, d'accord. C'était juste pour savoir. Allez, on met ça dans la voiture et on file.
-Hm.

David regarda le Kapoera de Roland porter ses paquets.

-Merci Buck… marmonna David.

Le Pokémon sourit au frère de son dresseur.

***

-On constate donc que certains Pokémon sont plus sensibles à certaines qu'à d'autres, nous allons appeler ce chapitre « Sensibilités et Défense »…

David, 12 ans, observait quelqu'un dans l'amphithéâtre de l'académie.

-La plupart des Pokémon sont sous le coup de plusieurs sensibilités mais également avec l'appui de quelques résistances… Smirnoff !

David se releva.

-On arrête de rêvasser.
-Oui m'sieur !
-Je continue.

David jeta un coup d'œil vers la jeune fille qu'il observait.

***

Julie Gretz était une jeune fille brune avec les cheveux coupés au carré, la fille maigre et mignonne par excellence. David avait été plutôt charmé par elle et, plutôt épris, il avait décidé d'aller lui parler.

-Hey !
-Hey… David Smirnoff, c'est ça ?!
-Oui… Julie, hein ?
-En effet…
-Euh… Ca te dirait qu'on mange ensemble à la cafet ?

Julie regarda David qui souriait.

-… Si tu… veux…
-Chouette ! Ce midi ?
-Je ne vois pas quand d'autre !
-Ok, ok, alors… ok !

David partit sous les yeux surpris de Julie.

***

Lily s'assit à sa place habituelle, au fond. Le cours commença. Jennifer Keynes s'assied à son bureau.

-Bien… En prévision d'une grande journée portes ouvertes ce samedi à Céladopole, j'ai sélectionné plusieurs orateurs parmi mes différentes classes… Il est temps que je dévoile ceux qui officieront dans celle-ci… Pour la catégorie Pokémon Sauvages je voudrais Devon Levinsky !

Le jeune homme un peu voyou hocha la tête. Lily se souvenait de lui, c'était le garçon qu'elle avait essayé d'aborder lors de sa rentrée en première année.

-Et pour la catégorie cuisine, grâce aux très encourageants extraits de son mémoire, Lily Smirnoff !

Lily se fit toute petite alors que la classe, et surtout ses trois ex-amis la regardaient.

***

-Madame Keynes…
-Mademoiselle Smirnoff ?

Lily inspira.

-Euh, je peux pas faire la conférence !
-Pourquoi donc ?
-Eh bah je suis insolente, j'amène le Metamorph de mon frère à vos cours et je les sèche en plus… Je suis pas une fille de confiance !
-Votre frère est là-bas, je suis sûr qu'il sera ravi de vous voir !
-J'dois préparer un truc ?
-C'est une démonstration de votre choix !
-Ok…
-Je vous fais confiance, vous n'êtes pas plus nouille qu'une autre… Ca va en ce moment ?
-Ouiiiiiii… Pourquoi cette question ?
-Pour rien. C'est tout ce que vous aviez à me dire ?
-Bah… oui.
-Alors à samedi !

Lily partit en soupirant, quelque peu décontenancée.

***

David et Roland arrivèrent chez Kyle pour déposer les affaires de David.

-Merci pour ton aide, Roland, sourit Kyle.
-Tout ce qui pourrait embêter mes parents si jamais ils le savaient entre dans mes cordes !
-Excuse-le, il a un diner avec la famille de sa copine ce soir…
-Chouette… marmonna Kyle. Fais attention à ce que j'ai compris, les diners en famille en ce moment c'est terrain miné et fils barbelés !
-Ah bah eh, c'est bientôt la guerre mon pote, tu crois quoi… ricana Roland.

Kapoera déposa les derniers paquets.

-Faut que j'aille voir Rachel et que j'appelle Lily… Bon courage pour vous installer. Buck, tu…

Le Pokémon plissa les yeux.

-Nan, tu restes pas là quand même ! Ca pue déjà trop la testostérone pour un mâle comme toi ! Allez !

David et Kyle levèrent les yeux.

-Allez, salut Dave ! Kyle…
-Hm !
-Salut Roland…

Roland claqua la porte. David était déjà dans ses cartons.

-Alors…
-Tu sais, j'avais jamais remarqué, mais depuis qu'il est amoureux, je trouve que ton frère est vachement sexy…

David releva la tête.

-Mais c'est pas vrai ça ! Qu'est-ce que tout le monde a aujourd'hui à avoir une conversation cradingue avec moi !!
-Quoi, c'est pas cradingue ! Je trouve que ton frère est plutôt pas mal !
-Moi pas parce que c'est mon frère !
-Mais j'ai rien dit de tel, arrête de te faire des films… érotiques !
-Non, pas du tout, nada, niet ! C'est mon frère ! C'est tout !
-Ok, ok.
-Ta première réaction, ça devrait être « Ouah, David, c'est cool que tu t'installes ! »
-Ouah David c'est cool que tu t'installes !
-Merci !
-Tu veux des cookies ?
-Pas droit au chocolat !
-Pschhhh…

David tira la langue, narquois. Kyle lui sourit.

-Content que tu te sentes à l'aise…
-Hm.
-Trop à l'aise… Ton frère te frappe ?
-MAIS ARRETE AVEC MON FRERE !
-Ta sœur te frappe ? Je demande pas pour ton cousin, je sais qu'il le fait…
-Kyyyyyyyle…
-Nan, y'a autre chose.
-Je veux m'installer avec toi parce que je t'aime et parce que tu me l'as demandé !
-… Ca me paraît être une raison suffisante. Maiiiis…

David soupira et se tourna vers Kyle.

-Je sens autre chose. De la peur.
-Inutile de citer Star Wars…

***

Nathan ouvrit à Roland.

-Hey… Rachel est là ?

Nathan regarda dans le vide et secoua la tête. Roland hocha la sienne.

-Elle est…
-Chez son frère.
-D'accord. Je peux entrer ?

Nathan secoua la tête.

-… Génial, tu peux sortir, histoire qu'on aille discuter ?
-De quoi ?

Roland se frappa le front.

-T'es long à la détente…
-Ouais, c'est vrai, ouais.
-Viens, on va manger, j'aimerais parler avec toi à propos de Rachel.
-On a besoin de manger pour ça ?

Roland geignit et s'imagina s'écrasant la tête dans le mur.

***

Ils se retrouvèrent donc dans un café Starbucks.

-Tu m'as amené ici pour…
-Pour parler de Rachel.
-Ah… Tu es sorti avec Rachel, elle me l'a dit !
-En fait c'est elle qui s'est jetée sur moi et qui a voulu qu'on sorte ensemble… Bref… Elle va bien ?
-Elle s'est calmée, elle a arrêtée de ressasser, maintenant j'ai l'impression qu'elle déprime un peu…
-Elle s'en veut ?

Nathan plissa les yeux.

-Bah, je… sais pas, je suppose !
-Et toi, tu t'en veux ?
-En fait je pense qu'elle met un point d'honneur à porter toute la faute sur elle… Malcolm…
-Il a appelé ses parents chaque soir depuis que ça s'est passé, soupira Roland.
-Aw, dur… Elle y a été fort… soupira Nathan.
-Malcolm m'a dit ça…

Nathan plissa les yeux, intrigué.

-C'est marrant parce que… Parce que comme Malcolm et Claire me l'ont bien fait remarquer, c'est le genre de dispute que tu aurais pu avoir avec tes parents !
-… et alors ?

Nathan grimaça.

-J'ai le sentiment que tu te vois en Rachel… Et que du coup tu veux savoir ce qu'elle ressent pour voir si ça correspond avec ce que tu as traversé.

Roland soupira.

-On ne se connait pas assez pour que tu me psychanalyse !
-Bah moi je pense que ton inquiétude pour Rachel est motivée par le fait que maintenant elle est dans une situation similaire à la tienne !

Roland acquiesça.

-Bravo, Sherlock, joli jeu des sept différences…
-Rachel va bien, elle va arriver à surmonter tout ça… récita presque Nathan, peu sûr de lui.
-… Tu devrais l'inviter à diner.
-J'ai pas d'argent… Si je l'invite et que c'est elle qui paye, ça va pas le faire.
-L'intention qui compte. Et toi ça te rassurerait de faire quelque chose pour elle.

Nathan désigna Roland, l'air neutre.

-Tu as envie que je fasse quelque chose pour elle parce que toi tu ne peux pas le faire !
-Bingo, baby !

Nathan hocha la tête.

-Je vais essayer.
-Tu es le meilleur agent double qui soit ! On sent l'expérience de l'Ennéagramme !

Nathan grimaça. Roland grimaça, embarrassé à son tour.

-Woups ! Boulette ! Pardon !

***

-Ouais, c'est trop marrant !
-J'ai remarqué aussi mais disons que j'étais tellement prise dans l'action du film !
-Hanlala vous avez vu les abdos de l'acteur principal !

David ne s'était pas imaginé que manger avec Julie signifiait manger avec ses copines. Il s'y tint pendant deux semaines.

-Nan mais Corey Beast est trop beau !
-AAAAAAAAH OUI !
-Je trouve aussi !

Au bout d'un moment, il commençait même à en avoir marre.

***

-Hey David !

David regarda Julie.

-Ouiiiii ?
-Avec les filles, on va faire du shopping ! Tu viens ?
-… Nan !
-Si tu viens, je pourrais peut-être te faire un bisou ! Qui sait ce qui peut se passer ?
-…
-Oh, et tu pourrais arrêter de trier tes repas ? Ca rend les autres filles mal à l'aise !

***

Lily, 13 ans, regarda son frère, quelque peu décontenancé.

-David, arrête de trainer avec cette fille !
-Mais…
-Franchement ! Elle craint ! Si elle te traite comme ça, c'est qu'elle veut te mener par le bout du nez.
-T'es sûr ?
-Demande à Roland ! Roland, les femmes…

Roland, qui passait par là en lisant un traité technique, regarda son frère et sa sœur dans la chambre de cette dernière.

-… Inutiles, crasseuses et stupides ?
-Tu vois ? Sourit Lily.
-Attends, viendrais-tu de te servir de moi pour appuyer quelque explication vaseuse de petite grognasse de treize ans ?
-Roland, dégage !
-MAMAN, DAVID JOUE A LA POUPEE AVEC LILY !

David geignit tout comme Lily. C'est Etienne qui vint voir David et Lily, intrigué.

-Papa, quand même ! Grommela Lily.
-Hm… Ca m'aurait fait rire, j'aurais montré la photo à Kenny ! Admit Etienne.

***

-Ce qui m'embête le plus en fait c'est… la double position complètement idiote que je t'oblige presque à prendre !

Malcolm regarda sa sœur, embarrassé.

-Mais non, mais non…
-Et j'ai du mal à regarder Claire en face depuis ça…
-Elle… m'en a parlé, oui… Elle espère que ça va passer avec le temps…
-La pauvre, déjà avec sa famille, maintenant la tienne, elle va commencer à regretter d'être sortie avec toi…
-… Ne pense pas à ça, c'est pas à toi de le faire !
-J'ai l'air d'une conne si je dis que je m'en veux ?
-Non au contraire tu passes pour une fille raisonnable ! Sourit Malcolm.
-En même temps je te saoule à parler de ça…
-Un peu.

Rachel regarda Malcolm, éberluée.

-Nan ! Nan, ne me tue pas de rage !! C'est juste que tu ressasses inutilement des choses qui n'ont pas lieu de l'être ressassées… C'est arrivé, c'est tout. Après la culpabilité… faut faire avec ! N'est pas Roland qui veut…
-C'est sûr que pour lui à force ça a dû devenir facile.
-Va lui demander.

Rachel regarda Malcolm qui disait ça sérieusement.

-Tu perds rien à aller lui demander.
-J'ai pas trop envie d'aller le voir…

Malcolm regarda Rachel qui semblait dans un désarroi profond.

-Et Nathan ?
-Comme d'habitude il me ménage, il s'occupe de moi, j'ai eu droit à une variété de thé vert chaque matin, comme il a du temps libre, il en profite un maximum.
-Au moins il s'occupe bien de toi.
-Tu as un avis sur lui ? Tu m'en parles jamais…
-J'ai… pas d'avis précis, si tu l'aimes bien, j'ai rien à dire…
-Et la réaction des parents, envers lui ?

Malcolm inspira.

-Ca m'a vite gavé qu'ils le jugent comme ça.
-D'accord.
-Mais jamais j'aurais été aussi loin que toi ! Et je condamne la force de ta réaction sans blâmer la réaction en elle-même que j'estime justifiée.

Rachel acquiesça.

-Merci d'être aussi cool.
-J'suis ton frère quand même…

***

Kyle et David regardaient Démineurs en DVD.

-Je trouve le personnage principal giga sexy… marmonna Kyle.
-C'est bien ton genre de mec… Moi j'ai un faible pour le gamin qui est suivi psychologiquement.
-Le psy est pas mal aussi !
-Tu déconnes, c'était le tueur au camion de glace dans Dexter !
-Eeeerk !

David se serra contre Kyle.

-David, j'ai un souci…
-Qu'est-ce qu'il y a ?
-Je sais pas, j'avais l'impression qu'on était plus où moins installés ensemble avant, et tu avais l'air moins enthousiaste, et là tu t'installes vraiment et tu jubiles presque.
-Je suis content, c'est tout ! Pourquoi tu cherches la petite…

Ils firent un gros « Whouuuu ! » En même temps.

-Quel con ce psy aussi ! Souffla Kyle.
-Bah ça, s'aventurer sur un champ de mines c'est déconseillé quand on n'y connait rien… soupira David.

Kyle regarda David qui semblait secoué. Il hocha la tête.

-Tu arrives ici, et la première chose que tu veux qu'on fasse c'est regarder un film de guerre.
-… et alors ?
-Plus freudien comme lapsus, je connais pas…

David grimaça.

-David, tu as PEUR de cette guerre !
-M… Mais non !!
-Enfin David, mais si, ça crève les yeux, tu ne te serais jamais installé avec moi sinon ! Tu n'es pas aussi audacieux, je te connais comme si je t'avais fait !
-…
-David, tu as le droit d'avoir peur, je suis dans un futur pays en guerre aussi !
-… J'voulais au moins qu'on ait quelques instants sympas avant de…

Kyle regarda David qui allait pleurer.

-Han non, non, non…

Et David pleura.

-Daviiiiiiiiid !
-J'voulais au moins tenter le coup en sachant qu'on allait peut-être tous mourir ! J'suis mort de trouille, Kyle !

Kyle serra son petit ami dans ses bras.

-Ca va aller, Dave… Te fais pas de mouron… enfin de bile…
-J'te promets qu'à part ça je suis très content d'être là !
-Moi aussi… C'est juste que je préfère que ce soit clair : Tu as peur.

David hocha la tête.

-Eh bah au moins ça me fait un doudou à rassurer !
-Kyyyyyyyle… grommela David.

***

-C'était super !
-Hanlala j'ai fait exploser le compteur de l'argent de poche !
-J'suis trop dépensière !

David portait leurs sacs. Une activité géniale d'autant qu'elle se déroule à la fois en intérieur et en extérieur. David soupira, épuisé.

-Bah plus vite David !
-… Peux pas trop…

Julie soupira et tira David par l'épaule.

-Tu vas arrêter de faire ton ronchon quand même, j'ai jamais eu de petit ami aussi lourd !!

David haussa les sourcils. « Petit ami ? Chouette, je suis son… »

David se mit à vomir, avançant trop vite et tirant sur trop de cordes à la fois.

-Eeeeerk !!
-Ah non David Non, c'est dégoûtant !!
-MON PULL TOUT NEUF ! AH NOOON Cria Julie.

David s'excusa. Les filles reprirent leurs sacs et partirent, laissant David prendre ses pilules antiacide.

-On y va les filles…
-Mon puuuuuuuuuuuull !!

David soupira, exténué et larmoyant d'avoir vomi.

***

Roland se préparait pour le diner. On frappa.

-Dois-je prendre un couteau de boucher pour aller ouvrir ? Je suppose que oui si c'est encore Malcolm…

Il ouvrit à Rachel.

-Merde mais Merde c'est pas vrai, vous vous relayez en famille pour foutre en l'air ma vie amoureuse ! Lequel s'est dévoué pour la ceinture de chasteté ?!
-Je te dérange pas longtemps, j'ai juste besoin d'un conseil.
-Parle donc, Princesse Bowser…

Rachel leva les yeux au ciel.

-Euh… Comment tu fais pour vivre avec la culpabilité d'avoir insulté tes parents ?
-Simple : Ils sont à des kilomètres, je m'en fous et j'estime avoir une excellente raison de leur en vouloir, c'est leur faute pas la mienne. Roland : 1, Parents : 0 !

Rachel hocha la tête.

-Ta situation est différente : Tes parents ont fait ce qu'ils estimaient juste, tu as voulu défendre Nathan, un trucmuche qui fait boum et voilà ! Si culpabilité il y a c'est que tu n'étais pas sûre de toi.

Rachel regarda Roland.

-Mais j'étais sûre de moi !
-Alors ne culpabilise pas, tu étais dans ton bon droit.
-… ok…
-En tout cas, tu es perturbée… C'est toi qui me disait d'arrêter de servir de donneur de leçons et tu viens m'en demander !
-Je suis un peu mal, là, en ce moment, excuse-moi de chercher un peu d'aide !
-Gourou Roland est à votre service.

Rachel ricana. Roland sourit. Ils se regardèrent. Rachel plissa les yeux, songeuse.

-Parfois… Parfois seulement, je me demande ce que ça aurait été si on était restés ensemble.
-… Très embarrassant, à coup sûr.
-Pourquoi ?
-Eh bien parce que quand les gens se voient nus l'un et l'autre, ça devient spécial de se voir après et ça crée des perspectives plus larges, et donc plus effrayantes.

Rachel plissa les yeux, intriguée.

-Je parle de toi et Nathan.
-On n'a pas encore… enfin… Auquel cas je ne vois pas en quoi ça amène des perspectives…
-Tu as déjà couché avec un garçon, Rachel…
-Ca m'est arrivé et bien plus souvent et bien plus tôt qu'à toi, pour autant je ne me suis jamais dite le lendemain « Vite, achetons une maison… »
-Tu n'aimais pas ces types, quand tu aimes quelqu'un, ce genre de pensées prend un autre sens.

Rachel regarda Roland, narquoise.

-Serais-tu en train de parler pour toi ?

Roland haussa les sourcils.

-Tu sais Roland, tu as le droit de penser à t'engager, personne ne te reprochera rien.
-Justement, moi j'arrive pas à voir jusque là.

Rachel plissa les yeux, surprise.

-Bref… Moi c'est moi et toi c'est toi, si tu n'arrives pas à vivre avec la culpabilité, évacue-là de la meilleure façon.
-… en m'excusant ?
-Ouais !
-Jamais !
-Bah tu vois, tu vis plutôt bien tout ça en fait !
-C'est ta faute, Roland, tu me stimules !!

Roland et Rachel se regardèrent, surpris par la tournure générale de la conversation.

-… C'est juste moi ou… y'a un truc mal réglé entre nous ?! Marmonna vaguement Roland.

Rachel secoua la tête en se mordillant les lèvres, gênée.

-Faut… Faut que j'y aille, Roland…
-Hm… en plus avec mon diner…
-Bonne soirée…
-Ouais, on va faire au mieux.

Rachel partit. Roland soupira. « Maudites gonzesses !! »

***

Roland, 17 ans, ouvrit à ce que sa mère croyait être un démarcheur.

-Smirnoff ?
-Ouais…
-Votre fils ou votre frère a vomi sur le pull de ma fille ! J'exige un remboursement !
-… Pour ?
-Pour le pull !!
-Vous le faites exprès, vous, de vomir sur un pull ? De vomir tout court ?
-Là n'est pas la question, enfin…
-Ecoutez mon frère est malade, il vomit quand il fait trop d'efforts physiques, vous voyez, or il n'en fait jamais à moins qu'on le force !

Roland lança un regard noir à Julie qui recula. Le père s'étonna.

-Alors remballez-moi cette… pouliche, et cassez-vous avant que je dise à mes parents que votre petite garce a obligé mon frère à faire des trucs qui ont aggravé son état !
-… On… on rentre, ça ira, pas la peine de vous énerver !
-PAPA Y'A UN GROS CONNARD A LA PORTE QUI VEUT ME VENDRE SA FILLE !

Le type partit en courant, suivi par Julie. Etienne arriva à la porte, Roland souffla, blasé.

-Q… Quoi ?
-Rien, un abruti et sa fille…

En haut des escaliers, David avait observé. Etienne s'éloigna en haussant les épaules. Roland regarda son frère.

-Tu regardes quoi, toi ? Va t'empiffrer de pilules !!

David partit aussi promptement qu'il le put. Roland soupira en secouant la tête.

***

Roland sonna à la porte de l'appartement des Heller. C'est la mère qui ouvrit.

-Jeune homme ?
-B… Bonjour je suis… Roland, le…
-Ah, entrez jeune homme.
-Je me suis permis…

Roland tendit une boîte de confiseries à l'ancienne. La mère les regarda, dédaigneuse.

-Marigold ne vous a pas dit que j'étais diabétique ?
-…….. Ohmondieu je suis sincèrement…
-Je plaisante, je plaisante, calmez-vous…

Roland s'épongea le front alors que la mère partait vers la cuisine, croisant sa fille.

-Je croyais qu'il avait de l'humour !
-Il est également soucieux de bien faire… Bonsoir !

Marigold embrassa Roland et le regarda.

-Contente que tu ne te sois pas défilé.
-C'est le genre de la maison, ces blagues à la noix ?
-Il faut bien que je tienne ça de quelqu'un… Gilbert, si tu voulais…

Un homme à lunettes et habillé de façon fort rustique se leva d'un fauteuil et s'avança vers Roland.

-Jeune homme je suis Gilbert Heller, le beau-père de Marigold.
-Enchanté, Roland Smirnoff.
-Marigold nous a parlé de vous en des termes fort élogieux…
-Hm… Marigold ne m'a pas parlé de vous avant cet après-midi, je suppose que le reste de l'année on vous garde dans un placard…

Gilbert regarda sa belle-fille qui haussa les épaules.

-Elle nous a prévenu quant à votre humour quelque peu… désobligeant.
-Hm… Elle aurait pu dire aussi que c'était Soirée XVIème siècle…
-Je comprends mieux pourquoi elle vous fréquente !
-Oh mais je fréquente beaucoup d'autres gens, ne soyez pas si archaïque !

Gilbert hocha la tête et alla rejoindre sa femme en cuisine. Roland se tourna vers Marigold qui n'en pouvait plus de rire. Elle fit la bise à Roland.

-Il adore qu'on le charrie sur son côté vieux jeu… Viens poser tes affaires par là.
-Hm…
-Tu as l'air anxieux.
-Un peu…

Roland posa ses affaires dans la penderie. Marigold en ferma la porte sous les yeux étonnés de Roland.

-Marie…

Elle le serra dans ses bras.

-Merci de ne pas t'être défilé !
-Q… Quoi, tu pensais que j'allais me défiler ?
-Je me doutais que c'était un grand pas pour toi… Te connaissant…
-Je suis simplement un peu stressé…

Marigold resserra l'étreinte.

-Tu seras grandement récompensé de ta présence ici ce soir…
-Marigold je crois que le reste de la maison va très vite s'apercevoir qu'il y a deux jeunes gens enfermés dans la penderie…
-Tu aurais peur qu'ils nous surprennent ?
-Bonjour monsieur, bonjour madame, quoi, un diner ? Ciel j'avais oublié !
-J'adore quand tu plaisantes alors que je suis tout contre toi…
-Même si je sais bien que le fait que tu sois contre moi soit… Très loin d'être… Une plaisanterie, pourrais-tu cesser de…

Marigold s'éloigna.

-Pardon !
-Je vais être encore plus embarrassé devant ta famille…
-Je devrais être flatté mais effectivement pour l'heure, vaut mieux faire bonne figure… Roland, attention, tu souris comme un benêt…
-Oups !! Ma réputation !

Ils ricanèrent ensemble. Roland embrassa sa petite amie avec tendresse.

-… Tu es la… meilleure chose qui me soit arrivée ces derniers mois.

Marigold haussa les sourcils. Roland leva les mains.

-Oui tu as bien entendu et je ne répèterais pas !
-Sortons avant qu'ils n'aient des doutes !
-Bah voyons, comme s'ils n'en avaient pas déjà…

Marigold et Roland sortirent, observés par Aaron. Roland tressaillit.

-Sœurette…
-Frérot… Je t'ai présenté Roland ?

Aaron s'avança vers Roland et lui tendit la main.

-C'est vous le petit ami de ma sœur ?
-… C'est… ce qui semble, non ?
-Aaron Heller, enchanté.
-Roland Smirnoff !

Aaron plissa les yeux.

-Smirnoff… Quand j'étais jeune et que je travaillais comme stagiaire chez Cynthia Karashina, votre père est passé chez nous pour lui parler.
-Ah…
-Peu de temps après elle est morte !

Roland blêmit. « Ô Père, pourquoi venez-vous me tourmenter d'outre-tombe… »

-Enfin loin de moi l'idée de lier les deux évènements.
-… Je n'osais pas le dire.
-Allons diner.

Roland s'assied à la table de la famille de Marigold. La seule chose qui le rassurait ici c'était le regard de Marigold.

« Alors c'est CA, un diner en famille normal ? » se dit non sans lucidité le jeune homme alors que chacun commençait à manger. Aux multiples questions des parents de Marigold, Roland répondait avec calme et sympathie sous les yeux de Marigold.

Et Roland qui de sa vie n'avait jamais vécu de moment familial aussi normal et apaisé. Tout cela lui fit presque peur.