« Couvre tes bras nus, ô mon Eden…
Dans la ville on se quitte, on rompt
On finit seul sous les flocons
Adieu… »(Alizée, Eden Eden)
« L'amour ne commence ni ne finit comme nous le croyons. L'amour est une bataille, l'amour est une guerre, l'amour grandit. »(James Baldwin)
-Roland, tu fais quoi ?
Roland regarda David. C'était entre l'entrée d'Etienne à l'hôpital et l'évènement entre Linda et Kenneth. Ils étaient à Voilaroc, gardés par Judith.
-Je fouille.
-Pourquoi ?! Geignit David.
-J'ai envie c'est tout !
Roland trouva un dictaphone.
-Oh un des vieux dictaphones de papa !
-Laisse ça Roland c'est pas bien ! Geignit David.
Roland alluma le dictaphone.
"A la personne qui recevra ce message.
Si vous l'écoutez, c'est que je suis probablement déjà mort ou grièvement blessé."
Roland éteignit et regarda son frère, mortifié.
« Les garçons ? Vous êtes en haut ? »
Roland balança le dictaphone et sortit de la chambre de leurs parents. Judith soupira et prit David.
-Allez les enfants, on redescend, ne restez pas là, voyons, c'est dangereux. Les autres vous attendent en bas.***
Roland n'avait jamais mangé avec autant d'appétit. Par chance pour Linda, Judith et Nathan avaient ramené des rations supplémentaires. Malcolm était consterné.
-Lai… Laisse-moi récapituler… Tu as appelé mes parents en leur faisant croire qu'ils allaient faire une surprise à tes parents en venant à l'improviste avant le diner… Merveilleux, Roland. Tu veux brûler le sapin, aussi ? Les cadeaux de tout le monde ? Non ? Dis-le maintenant, on s'arrange entre nous...
Roland savoura une pomme dauphine en regardant Malcolm d'un air James-Bond-esque.
-Mon plan était parfait. Tout ce que je voulais c'était que tout le monde soit réuni. Par malheur, Tante Estelle avait organisé tout une soirée avec Oncle John, Colin et Kate, et je n'ai donc pu l'intégrer au plan. Mais au moins, ma chère famille adorée et sa famille préférée sont réunies… Voilà mon Noël idéal ! En gros : J'vous ai tous bien eus !
Rachel soupira.
-Tu sais Roland, il y en a qui se piquent, d'autres qui fument, d'autres encore qui tuent, massacrent ou montent des génocides. Pourquoi a-t-il fallu que toi tu fasses chier ton monde ?
-Parce que je le vaux bien ! Ricana Roland.
Lily regarda Marigold.
-Dis quelque chose !
-… C'est un plaisir d'avoir plus de monde à cette table ! Admit Marigold.
-C'est plus de l'optimisme, c'est de la science-fiction… soupira Ted.
-Eh bien au moins je peux revoir la jeune Claire ! Tout va bien, mademoiselle ?
-Si on excepte cette adorable facétie dans le plus pur style… Salaud du 21ème siècle affublée d'adorables morceaux de connerie infantile, oui je vais bien, monsieur Smirnoff !
-…
-Avoue que tu es contente d'être ici ! Extrapola Roland.
-Je suppose qu'il y a un paradis, un enfer et un endroit où on enferme les olibrius dans ton genre… grogna Max.
-Bien envoyé ! Constata Rachel.
-… Nous nous connaissons ? Marmonna Etienne.
-J'allais demander aussi… ironisa Roland.
-Je suis Maximilien Perry, monsieur. Je vous connais, moi, vous êtes Etienne Smirnoff, j'étais à une de vos conférences étant jeune. Vous m'êtes toujours apparu comme un brillant stratège mais un combattant médiocre, ce qui explique que je n'ai jamais lu aucun de vos livre ni suivi aucun de vos conseils.
Etienne avait la tête enfoncée dans sa paume.
-Cccccchhhhharmaaaaante soirééeéée…
-Vous voulez un verre d'eau ? Demanda Nathan.
-Non merci…
-Vous voulez deux verres d'eau ?
Tout le monde regarda Nathan qui haussa les épaules.
-J'essaie de détendre l'atmosphère…
-Je crois que tu as détendu Ted ! Marmonna Roland.
-Pourrais-tu… éviter de m'évoquer ?
-Oh oui, détestez-moi pour avoir voulu un Noël comme ceux de mon enfance !
Linda et Judith ramenèrent les plats. Linda lança un regard noir à Roland.
-J'imagine que tout cela t'amuse follement !
-Oui maman, passionnément, même.
-C… C'est Noël, tu ne peux pas juste un jour dans l'année cesser de tourmenter ton monde ?
-Qui tourmente qui ? Quoi ? Une explication quelqu'un ? taquina Roland.
-Contentons-nous de manger, et toi…
Malcolm désigna Roland.
-… cesse de faire le cabotin, on est là, entre amis, et c'est une excellente initiative que tu as eu, n'est-ce pas, Papa !
-Oui, oui, hein Etienne.
-Voilà. C'est une bonne soirée qu'on va passer ! Sourit Etienne.
Roland regarda sa mère, un grand sourire aux lèvres.
-Tu vois maman ? Quel dommage que David ne soit pas là !
-Il est resté avec son copain ? Demanda Nathan.
Rachel frappa Nathan sous la table.
-Quoi ?
Rachel écarquilla les yeux.
-Oh, oh, oh… Oui, euh… Madame Smirnoff, c'est une très belle table, et je vous souhaite un joyeux Noël !
Linda regarda le jeune homme et haussa les sourcils. Judith regarda Linda.
-Nathan est le colocataire de Rachel, c'est… un garçon un peu simple mais très gentil !
-Mamaaaaaaaan !!! Grommela Rachel.
-Quoi, ma chérie ?
-Nathan n'est pas un garçon un peu simple !! Il est mal à l'aise, il ne vous connait pas, c'est normal qu'il soit un peu étrange !
-… Normal, oui… marmonna Kenneth.
-C'est mon premier vrai Noël depuis longtemps, vu que ma famille est morte… marmonna Nathan.
Et hop, froid glacial sur la tablée. Rachel regarda Nathan, excédée. « Tu peux pas NE PAS sortir ça TOUT LE TEMPS ?! »
-… Ce soir j'ai l'impression d'avoir deux familles !
Rachel regarda Nathan et sourit.
-Alors je voudrais dire… Merci, Roland !
-A ton service, mon fils… apprécia Roland.
Linda, Etienne, Lily, Ted, Marigold, Malcolm, Claire, Max, Judith, Rachel et Kenneth regardaient Nathan.
-Bon appétit tout le monde ! Sourit Malcolm.
Tout le monde se mit à manger normalement et dans la bonne humeur.
***
-Tu vois, au fond depuis qu'il est parti, les parents sont genre en deuil, et ils ont un peu bousillé la communauté paroissiale, les prêtres ont fait scission et l'église est désaffectée maintenant…
-C'est pour ça qu'ils ont plus vraiment trop la foi… Et que cette fête est aussi bizarre… geignit David.
-Ouais. Mon frère a brisé quelque chose et mes parents cherchent à retrouver ce quelque chose, alors ils vont être bien faux-derche et faire en sorte que Kyle les aime le plus possible comme ça à leurs yeux, ça fera une bonne rédemption.
David acquiesça.
-Mais lui il était très ému quand il a reçu la lettre ! Il en a pleuré de joie !
-Mes parents sont des enfoirés… Il faut pas qu'il le sache, il va être tellement déçu…
-Ah ça oui…
-Tous ces amis, là, c'est juste pour que mes parents redorent leur blason auprès des gens du village...
-Oui, maintenant ça paraît plus logique...
-Tu aimes bien mon frère ?
-… On est juste amis !
-Oh allez, je t'ai vu, tu lui as posé la main sur l'épaule quand vous êtes entrés !
-Ca veut rien dire !!
Le téléphone de David sonna.
-Huh… On retourne vers chez toi ?
-Ok… Si ça te tente.
-Allô ?
« Mon chéri ? »
-Maman ? Mais et le repas de Noël ?
« Oh, c'est… un peu compliqué, ton frère a invité la famille de Malcolm sans qu'on le sache, je prépare le dessert, je suis aux toilettes, là… »
-Maman… geignit David. "J'veux pas savoir ça !!!"
« J'aimerais tellement que tu soies là mon chéri… »
-Ca arrangerait pas grand-chose…
« Oui mais au moins je pourrais te dorloter, j'ai l'impression que tu es mon seul enfant normal. »
-Maman je suis sûr que Roland n'avait aucune mauvaise intention !
« Il a ramené une fille bizarre et vulgaire… »
-Marigold ? Oh non maman, Marie est très sympa, je t'assure, essaie peut-être de la prendre à part. Moi je l'aime bien.
« J'espère que ton frère ne te mêle pas à des gens bizarres ! »
-Non, maman ! Je t'assure.
« Tu t'amuses bien ce soir ? »
-Oui plutôt. Passe une bonne soirée maman, je dois te laisser…
« Oui d'accord mon chéri… »
-Et évite les perches de Roland…
« D'accord mon poussin. »
-Oh au fait c'est Lily qui a mon cadeau pour toi !
« Très bien mon amour, je donnerais le tien à Lily alors ! »
-Ok !
***
Le dessert fut très apprécié.
-Madame Smirnoff, c'est un délice, je me sens comme transporté !
-Merci, Ted !
-C'est excellent, maman ! Ajouta Lily.
-Parfait, juste ce qu'il faut… Linda Smirnoff, of course ! Sourit Malcolm.
-Oh Mac, voyons, tu sais très bien que ta mère m'a aidé ! Souffla Linda.
-Juste parce qu'il y en avait beaucoup… En tout cas Linda tu es trop stressée en cuisine, ne dirige jamais un restaurant ! Ricana Judith.
-Disons que c'est un peu parce qu'on était beaucoup sans que je ne l'ai anticipé… grommela Linda en regardant Roland.
-Coupaaaaaable ! Sourit Roland.
-C'est ça, fais le malin, Roland… marmonna Etienne.
Chacun mangeait la glace aux noix. Nathan observait le plat comme un demeuré. Judith le regarda.
-… Tu peux manger, Nathan…
-J'attends que ça fonde un peu, je trouve ça trop dur…
-Quand même…
-Vous aimez la glace quand elle est dure ?
-Euh… Elle est si dure que ça ?
Nathan essaya d'enfoncer la cuillère mais n'y arrivait pas.
-Tu tombes sur un morceau de noix, Nathan, prends un autre morceau ! Geignit Judith.
Nathan prit un morceau.
-Oh ! En effet ! Merci madame Heine !
-… De rien…
Rachel regarda Nathan.
-C'est la première fois que tu en manges ?
-Hm… Les plats enfantins sont pour moi un mystère, je ne me souviens plus de quand j'ai mangé de la glace pour la dernière fois… Hmmm ! Succulent !
Judith et Kenneth regardaient Nathan comme s'il était attardé.
-Au fait Rachel, on n'a plus de farine, il faudrait en racheter, comme ça je te ferais un gâteau comme l'autre fois !
-Hm ! Nathan fait un cake remarquable ! D'ailleurs il en a ramené…
Judith paniqua.
-… Où est-il ?
-Je l'ai donné à ta maman, il doit être dans la cuisine ! Sourit Nathan.
Judith se leva et alla en cuisine. Rachel la suivit. Elle vit sa mère récupérer le sac dans la poubelle. Rachel ferma la porte de la cuisine.
-MAMAN !!!
-Désolée, ma chérie…
-MAIS ENFIN… MAIS ENFIN… Mais tu te rends compte que c'est digne de Roland voire PIRE !!!
-N'exagère pas Rachel ! Ton… colocataire, si c'est vraiment ton colocataire et pas un… assisté que tu prends en charge…
-Maman, non mais…
-Excuse-moi mais franchement c'est à peine croyable, dans la voiture, il frémissait chaque fois que ton père doublait une voiture, j'ai cru qu'on avait un enfant de cinq ans avec nous !
-Il a vécu des épreuves difficiles mais c'est un gentil garçon…
-Ne me dis pas que tu es amoureuse de lui ?
Rachel regarda sa mère qui semblait presque furieuse. La jeune femme secoua doucement la tête.
-Ouf ! Le jour où c'est possible, envoie-le quelque part, dans un centre spécialisé, je ne sais quoi…
Rachel plissa les yeux.
-Ramène ce cake, et… donnes-en à qui tu veux mais pas à moi !
-Oui maman…
Rachel alla vers la table du repas et regarda Roland qui la regarda.
-Quoi ? Allez gamine, du Cake, j'ai faim, moi ! La glace c'est bon mais le cake ça remplit le ventre !
-Merci du compliment… marmonna Linda.
-En même temps en matière culinaire, tu n'as pas trop à te défendre, maman… marmonna Roland.
Linda regarda son fils et esquissa un sourire. Rachel prit une grande inspiration, déballa le Cake et servit sa mère en premier devant tout le monde qui n'avait pas conscience de la portée du geste. Nathan sourit, content que son cake soit servi à tant de gens. Rachel se servit, servit Malcolm, Claire et Max ainsi que Roland, Marigold, Lily…
-Désolé, j'aime pas ça ! Sourit Ted.
-Tu manges ! Cracha Rachel avec la force de persuasion d'un Tyranocif.
-Oui madame !! geignit Ted.
-Monsieur Smirnoff ?
-Petit bout.
-Linda ?
-Volontiers.
Kenneth haussa les épaules.
-Une petite part !
-Oui papa !
Judith revint des toilettes et vit son assiette. Elle regarda sa fille qui souriait très simplement.
-Bon appétit, maman !
-… Rachel, il me semble pourtant t'avoir dit, et répété que je faisais une allergie mortelle au cake !
-…
Etienne haussa un sourcils. Roland observa, étonné.
-Une allergie mortelle ? Hahaha, maman, très amusant, il me semble pourtant que ton dessert préféré est la forêt noire !
-C'est faux et tu le sais, je pense que Nathan apprécierait de goûter son propre plat !
-Allez-y, Madame Heine, j'adore manger ce que j'ai préparé ! Ca m'a pris des heures, j'espère qu'il est bien fait !
Nathan tendit son assiette, Judith transvasa la part. Rachel regarda sa mère, ulcérée. Tout le monde mangea le cake.
-Pas mauvais… marmonna Roland.
-Très bon, même, j'ignorais que tu avais des talents cachés de cuisinier ! Sourit Marigold.
-C'est moi qui faisais la cuisine à Dexter, il appréciait je crois, il n'a jamais commandé de pizza.
Etienne et Linda firent tomber leurs couverts sur la table. Roland sembla embarrassé.
-Je vous expliquerais ! C'est rien !
-…
-…
-Oh, eh, ça va, hein, la soirée est tellement bizarre que ça à côté c'est presque cool !
-C'est vraiment bon ! Sourit Lily. Mes compliments au chef !
-Merci consœur ! Rachel m'a dit que tu cuisinais aussi !
-Plus pour les Pokémon, mais ton sens de la cuisine humaine est sympathique.
-Délicieux, Nathan ! Admit Linda.
-Merci Madame Smirnoff !
-Appelle-moi Linda, voyons.
-Lin-da… C'est joli, on dirait une pierre précieuse !
Linda sourit de ce compliment improvisé.
Ted avait les larmes aux yeux : Il n'aimait VRAIMENT pas le Cake en général.
-… Bouerk…
-Moi de toute façon, j'adore la cuisine de Nathan ! Sourit Claire.
-C'est bien son seul talent… souffla Max.
-Eh ! Et toi c'est quoi ton talent ! Grommela Nathan.
-Savoir me comporter en société ! Admit Max.
-Minus la politesse… ajouta Malcolm. C'est très bon Nathan !
-Merciiiiii !
Rachel regarda Nathan.
-Eh bah voilà, j'étais sûre que tu enflammerais la table !
-C'est pas compliqué en même temps…
Rachel attrapa Nathan et l'embrassa pleinement. Malcolm, Claire et Max haussèrent les sourcils. Judith et Kenneth en restèrent sciés. Rachel s'éloigna et regarda Nathan.
-Merci d'être un type aussi bien !
-… je croyais que devant tes parents on disait…
-Oh, ce petit jeu a fini par m'ennuyer… Maman, papa, moi et Nathan sommes… ensemble, pour ainsi dire.
Judith lançait un regard noir à sa fille. Kenneth haussa les épaules.
-Fais comme tu veux, ma chérie…
Judith frappa Kenneth à l'épaule.
-Mais quoi… Oh c'est Noël, on verra plus tard !
Rachel se tourna vers son assiette, évitant les regards assassins de sa mère. Nathan était quelque peu embarrassé.
-Eh bah voilà maintenant je sais plus où me mettre…
-On a des cercueils très bien à la cave ! Admit Roland.
Linda et Etienne plissèrent les yeux. Nathan ricana.
-Sacré Roland…
-Il adore mon humour, c'est un martien ! Ajouta Roland.
Judith ne pouvait acquiescer plus.
***
Léopold faisait la vaisselle avec Norbert. Les deux étaient plutôt mélancoliques. Léopold refoula ses larmes. Norbert le regarda.
-Oh, tu peux pleurer, fiston.
-Pas aujourd'hui…
-Je sais ce que c'est, tu sais, ton père m'a quitté, il me trompait avec des femmes, j'ai pas supporté, je suis parti. J'avais 24 ans. J'ai mis presque dix ans à m'en remettre.
Léopold plissa les yeux.
-Ne fais pas la même erreur, fais tout pour que ça s'arrange le plus vite possible.
-C'est pas de mon ressort…
-Alors reste ami avec lui, au moins.
-Là encore, papa…
-Juste… sois fort, mon fils. Je refuse que tu finisses malheureux.
Léopold hocha la tête, mais ne pleura pas.
-Papa…
Dans le salon, Linus regarda son fils.
-Oui fiston ?
-… Tu penses que je vais dans le mur ?
-Tu fais ce que tu veux, Charlie, mais ta mère…
-Mais qu'est-ce que tu as avec maman ? Y'a un truc qui t'a rappelé sa mort ou quoi ? Arrête d'en parler tout le temps comme ça !
-Fiston, ta mère avait fini par accepter votre relation. Elle ne doit pas être bien fière de ce que tu as fait là.
-J'ai juste… profité de la vie.
-Charlie, quelle est l'importance d'un autre homme au vu de l'amour que te porte Léopold ?
-… C'était pas juste un autre homme, papa, je l'aimais aussi ! C'est pour ça que c'est dur ! Je souffre aussi, évidemment ! Mais je souffre encore plus d'avoir perdu Matt.
Linus soupira.
-Je te pensais plus stable, plus mature, plus… britannique !
-Les britanniques sont fidèles ?
-Les britanniques ont de l'humilité face à leurs erreurs.
Charlie souffla, indécis.
***
David entra dans la maison qui était encore en fête. Il chercha Kyle.
-Kyle ?
Il y avait du bruit. Emma prit la main de David qui la regarda, stressée. David geignit et traversa la foule. Il arriva à Kyle qui était à une petite table, à boire un café avec ses parents et des oncles et tantes.
-Hm ! David, laisse-moi te présenter tout le monde ! Ma mère Sheila, mon père Gerald, Oncle Tom, Oncle Randy…
-Bonjour… Bonjour…
-Tante Valérie, Tante Eliane… On allait se faire un poker, tu te joins à nous ?
-J'peux te parler dehors ?
-Ok, ouais, j'reviens papa, maman !
Ils sortirent tous les trois par la porte de derrière.
-Ca va, David, tu t'amuses ?
-Ouais… Euh, j'te présente ta sœur !
Emma regarda son frère.
-Quoi, y'a un problème ? Tu veux faire le Poker avec nous, David ?
-Je sais pas trop, écoute ta sœur.
-C'est trop bien, avant-hier j'avais aucune famille et là… Whouuu ! J'ai renoué des liens avec tout le monde, y'en a même qui veulent que je vienne vivre avec eux, tout ce que j'ai dû refuser ! Tout le monde est tellement gentil… C'est super !
David et Emma grimacèrent.
-Tu voulais me dire quoi, ma petite sœur chérie ?
-…
Emma sortit une Pokéball d'où émergea un Parecool.
-D'après Trey, toi aussi t'en avais un !
-… Ouais… C'est super qu'on ait le même Pokémon académique, y'a une chance sur…
-Mille, informa David.
-Ouais, une chance sur mille ! C'est un signe du destin, ma soeurette ! Vous venez à la table du Poker ? Mes parents t'aiment bien, Dave !
-… Ok !
-Emma, tu viens sur mes genoux ?
-Ouiiiiiii !
-Allez !
Emma entra la première. Kyle regarda David. Son visage s'assombrit d'un coup.
-Je vois bien, David, je vois bien…
-…
-J'ai compris, t'en fais pas, je suis pas…
-J'ai pas dit ça…
-Je t'aime, j'espère que tu le sais.
-Oui, Kyle, bien sûr. Je t'aime moi aussi.
-Désolé que t'ai pas pu passer Noël avec ta mère, ça aurait été beaucoup mieux…
Kyle, attristé, serra David dans ses bras.
-Tu es la seule chose sincère à mes yeux ce soir !
-Y'a ta petite sœur aussi. Elle tient beaucoup à toi.
Kyle éloigna David de lui et le regarda.
-Vrai ?
-Vrai de vrai !
-J'te crois. J'la rajouterais en copine sur Facebook !
-Moi aussi alors ! Ricana David.
-Tu vas passer à 75, David, super !
-Oh ça va hein !
***
-Mademoiselle ?
Marigold regarda Linda.
-Madame ?
-On peut se parler en privé ?
-Je… si vous le souhaitez…
Les deux femmes s'éloignèrent. Linda regarda Marigold.
-Bon… Euh, au départ vous m'avez fait une mauvaise impression…
-Pourtant je ne me suis pas beaucoup maquillé…
-En fait je ne comprends pas ce que vous pouvez aimer chez mon fils !
Marigold hocha la tête.
-Votre fils est un garçon très drôle, avec énormément de conversation et de culture, c'est un plaisir d'être avec lui, pour la première fois je ne me sens pas réduite au rang d'objet, cela me fait un bien fou. Et sa sincérité est un point que j'apprécie particulièrement.
Linda s'étonna.
-Je vois, vous êtes…
-Aussi bizarre que lui, on nous le dit souvent dans sa petite bande, Malcolm ne s'est pas privé !
-C'est mon autre fils David que j'ai eu au téléphone tout à l'heure qui m'a dit que vous étiez une fille bien…
-Le petit David ? Oh il est adorable, comment un aussi charmant garçon peut être…
Linda regarda Marigold, étonnée. Laquelle se reprit.
-… apprenti médecin, je veux dire, sa place est dans un bureau, prendre un métier aussi exténuant pour un si adorable petit bout, c'est à vous retourner l'estomac…
-Je suis désolée de vous prendre à parti, c'est juste que… mes rapports avec Roland sont assez…
-Conflictuels, il m'a expliqué, je lui ai dit que c'était idiot.
Linda regarda Marigold, surprise.
-Vraiment ? Il vous a écoutée ?
-Non !
-… Vous n'essayez pas de le changer ?
-Je l'aime comme il est, madame Smirnoff.
-Oh…
-Puis-je si vous le permettez, vous montrer quelque chose ?
-… ?
-La première fois qu'on s'est rencontrés, nous étions ennemis. Je ne vous détaillerais rien, mais toujours est-il qu'il a sorti Newton, son Tartard, et que moi j'ai sorti…
Marigold lâcha son Grodoudou. Linda sembla proprement estomaquée.
-… V… V…
-Et je suis blonde, aussi ! Alors voyez…
-Hm, je vois, oui…
-Je ne sais pas s'il se fait violence pour me supporter, mais en tout cas ça fait presque un mois et ça se passe très bien !
-… Merci, mademoiselle… C'est… Vous ne pouvez pas savoir à quel point cela me fait chaud au cœur !
-N'en dites pas un mot à Roland, il me ferait une scène, et je pense qu'il ne serait pas tendre avec vous non plus.
-D'accord…
-Au moins maintenant vous savez à quoi vous en tenir.
-Oui… sûrement.
Elles rentrèrent discrètement, profitant du fait que Roland joue au piano et que tout le monde soit réuni autour pour entendre Roland jouer
Cohens Masterpiece.
-Tu es sensé jouer des chants de Noël, pas la bande son de Bioshock… geignit Malcolm.
-Rachel m'a dit « Joue-nous du piano ! »
-Je pensais AUSSI à des chants de Noël.
Marigold regarda Linda.
-J'adore quand il joue du piano.
-Je n'ai pas beaucoup l'occasion de l'entendre…
Marigold hocha la tête.
-Roland, mon chéri !
Roland regarda Marigold, vexé. « M'appelle pas Chéri devant les gens ! »
-Oui ma truite ?
-…
-Un chéri, une truite ! Je déteste qu'on m'appelle Chéri !
-Joue-nous quelque chose de plus festif !
-… OK…
Roland se mit à jouer
Last Christmas du groupe Wham. Marigold apprécia et alla avec les autres tandis que Linda s'assied sur le canapé, appréciant pleinement.
***
-Merci pour ta… cravate ! Souligna Léopold.
-De rien… Et toi tu m'offres…
Charlie déballa un t-shirt « Always on my » avec un cœur rouge. Il regarda Léopold, dépité.
-Ca faisait longtemps, j'ai pas eu le cœur à le jeter.
-C'est sympa… Ecoute…
Léopold releva la tête.
-… On peut rester amis, mais juste amis, et rester séparés ?
-… Tant que j'ai au moins ton amitié.
-Ton père a raison, ça ne sert à rien de se faire la guerre… Y'en a déjà une qui se profile, alors bon…
Léopold hocha la tête.
-On n'est plus fâchés alors ?
-On n'est plus fâchés, mais on est toujours séparés. Tu peux accepter ça au moins ?
Léopold hocha la tête.
-C'est déjà un beau cadeau de Noël.
Charlie eut un maigre sourire.
-Bonne nuit, Léopold.
-Bonne nuit à toi, Charlie.
Norbert et Linus, observant la scène du bout du couloir, se firent tope-là.
***
-Fiston…
Roland regarda son père alors qu'il savourait un thé sur la terrasse, dans le jardin.
-Papa…
-Joli concerto.
-J'ai un peu été obligé.
-… Pourquoi avoir fait tout ça ? Cette double invitation ? Qu'espérais-tu provoquer ? Qu'est-ce que tu voulais prouver ?
-Mais rien, papa. Pendant ma petite enfance, on fêtait Noël comme ça, tous ensemble, on était même plus nombreux, avec les familles de Charlie et Léo. J'aimais ces Noëls là ! Passons sur le fait que j'avais toujours plein de cadeaux, mais… C'était vraiment sympa cette grande famille unie.
-Les temps ont changé…
-Hm… Et tu as été incapable de prendre une décision satisfaisante, donc tout le monde est en froid.
-Si j'avais divorcé de ta mère c'aurait été pire, tu le sais Roland !
-Pas forcément divorcer, mais savoir à quoi s'en tenir. Maman a bénéficié d'une telle mer d'impunité que c'en est révoltant.
-Si seulement tu n'avais pas vu ça…
-Ce serait resté un mensonge qui aurait éclaté bien plus tard, ça aurait été encore plus sanglant, Malcolm et Rachel auraient eu des ennuis, tout comme nous, alors que nos vies auraient déjà été bien construites…
-Kenneth… Kenny m'a parlé de ce que tu avais fait pour Malcolm. Bravo, fiston.
-C'était la moindre des choses.
-Tu ne pourrais pas pardonner à ta mère ? Franchement ?
Roland regarda son père et secoua la tête.
-J'ai trop d'orgueil. Et surtout… J'arrive toujours pas à la regarder comme une maman… plutôt comme une espèce de dame qui est dans la maison.
-Roland, tu sais à quel point j'aime ta mère… Ca me blesse aussi tout ça.
-T'as qu'à être plus raisonnable, moins con, et éviter de me coller des tartes dans la gueule quand j'essaie d'avoir une vraie explication avec elle.
-J'allais m'excuser pour ça au téléphone, mais tu as raccroché.
-Tu sais papa, y'a deux genre de personnes qui s'excusent au téléphone. Les lâches et les sacs à merde qui n'ont pas les couilles de dire quoi que ce soit en face. Dans quelle catégorie tu te situes ?
-… P… Pourquoi tant de… haine tout d'un coup ?
-Pourquoi ? J'vais te dire pourquoi. Parce qu'au fond tu ne veux pas l'admettre mais tu es content que j'ai invité les Heine, parce que faire ce genre de soirées avec Kenneth, tu adorerais, mais tu as peur que ça embarrasse maman, ou Judith, et ce serait le cas, et moi quand j'ose les inviter en groupe pour Noël, Monsieur fait l'offusqué.
-Ne joue pas à ce jeu là avec moi, Roland, tu les as invités pour faire chier ta mère et moi par la même occasion !
-Comment ça se fait que maman réécoute toujours le message que tu as laissé dans le dictaphone quand tu as cru que tu allais mourir ?
Etienne regarda son fils, étonné.
-… C'est la seule explication pour qu'elle se souvienne de Qui est Dexter !
-… C… Comment oses-tu dire des choses pareilles… Mais… N'y a-t-il donc rien que tu respectes ? Et toi comment tu l'as découvert, ce message ?
-… J'le sais c'est tout !
-Ah, alors MONSIEUR a un droit de silence, monsieur a un droit d'oubli, mais PERSONNE d'autre n'y a droit, hein ? Cria Etienne.
-Quand on se tait c'est soit qu'on n'a rien à dire, soit qu'on est trop demeuré pour accepter la vérité !
Etienne allait asséner une gifle à Roland qui l'esquiva.
-Sors de cette maison !! Tu pars, toi et cette… fille ! Vous vous en allez, je ne veux plus JAMAIS, JAMAIS vous revoir !
-… Enfin une décision claire, nette et précise !
-… CA NE TE FAIT RIEN ???
-Disons juste qu'il était temps.
***
-M… Mais enfin…
-C'est tout, Linda.
-Etienne, pas le soir de Noël voyons !
-Je m'en moque, il a été trop loin, toute la soirée, il a été trop loin !! Ca ne peut plus durer.
Marigold, déjà habillée, observait Roland qui semblait peiner à mettre ses chaussures. Tout le monde observait l'esclandre. Malcolm ne comprenait pas trop, Rachel non plus, Claire était quelque peu embêtée pour Roland. Nathan semblait triste. Lily resta neutre, Ted semblait presque satisfait.
-Allez, ouste. Je ne veux plus te revoir. Si jamais tu veux revenir, il faudra t'excuser.
-Par téléphone, comme tu aimes ?
-N'en rajoute pas.
Roland acheva de mettre ses chaussures. Linda revint avec un paquet.
-T… Ton cadeau !
-Merci maman. Le tien est dans la penderie.
-D'accord.
-Linda, ça ne sert à rien de faire bon genre.
Roland soupira et ouvrit la porte.
-A plus tard vous autres… Papa… Adieu !
-C'est ça.
Roland ferma la porte. Marigold le regarda. Il la regarda aussi.
-…
-…
-Tu veux qu'on marche ? Demanda Marigold.
-…
-Marchons.
Ils marchèrent. Roland ne pouvait pas prendre la voiture pour rentrer vu que Lily et Ted comptaient aussi sur cette voiture.
-… Ca va, Roland ?
-…
-Je ne sais pas trop quoi dire, ça se passait plutôt bien…
Ils s'assirent à un arrêt de bus. Marigold regarda Roland.
***
-Ouvre les yeux !
Roland, 8 ans, retira les mains de devant ses yeux et sourit. Tout le monde était là, Jonathan, Estelle, Norbert, Lionel, Charlie, Travis, Léo, Malcolm, Kate, Colin, Rachel, Linus, Lucy, Lily, David, Judith, Kenneth. Et surtout maman et papa, et le grand sapin décoré au fond de la pièce.
-Joyeux Noël, Roland !
-Ouaiiiiis !
-Nan, pas les cadeaux tout de suite enfin ! Geignit Linda en souriant.
-Oooooh…
-Moi aussi je veux ! Geignit David.
Tout le monde ricana.
-Bah voyons… soupira Travis. Tous les mêmes gars dans cette famille, ils veulent tout, mais tout de suite !
-Oh ça va toi, hein ! Ricana Etienne.
Roland sourit. Tout le monde avait l'air tellement heureux…***
Marigold soutint Roland qui pleurait comme un gosse.
-Pourquoi j'y arrive pas ? Pourquoi j'arrive pas à me décrotter de ce foutu passé !
-C'est la vie, je suppose que ta vie se devait de ressembler à ça. C'est dommage, avec ta mère on avait eu une discussion très sympathique.
-Elle ne t'aime pas.
Marigold s'étonna.
-Elle ne t'a pas repris, quand tu l'as appelé Madame Smirnoff, elle ne t'a pas dit « Appelle-moi Linda ». Elle préfère. Si elle ne t'a pas repris… c'est qu'elle ne t'aime pas.
-Je m'en tiendrais à ce que j'ai compris de notre conversation, acquiesça Marigold.
-Désolé pour ce Noël pitoyable.
-C'est le cas de le dire. Ouvre le cadeau de ta maman, je t'offre le tien ensuite.
Roland ouvrit le paquet qui contenait un chandail noir avec une grande bande horizontale blanche qui en faisait le tour.
-On adore s'offrir des fripes dans cette famille… souffla Roland, apparemment assez touché, mais trop larmoyant pour que ça transparaisse.
-Avec un mot, « Fait pendant huit mois, reprisé par une couturière de la rue piétonne de Voilaroc. Fait avec amour, maman. »
-Bah c'est sympa de sa part. Toi ?
Marigold tendit le petit paquet. Roland l'ouvrit. Livre avec couverture vierge.
-… Un livre blanc ?
-Ouvre.
Roland ne reconnut pas de suite.
-Oh… Mais c'est… Hm ! Tu as… Tu as réuni mes notes personnelles et tu les as faites publier en livre ?
-Un exemplaire unique. Comme tu avais beaucoup de paperasse, je me suis permis de prendre un carnet où tu avais noté beaucoup de choses, c'était sur tes cours, alors j'ai donné à un ami éditeur qui m'en a fait un fascicule.
-… Ouah, en si peu de temps ?!
-Ce sont des rapides.
-… Merci. Ouvre ton cadeau.
Marigold ouvrit son cadeau. Un Chenipan en peluche.
-… J'hésite, rire ou pleurer ?
-Presse-le !
Marigold pressa le Chenipan qui se mit à gazouiller un « JE T'AIME TRES FORT ! » des plus niais ce qui fit éclater de rire Marigold. Roland rit avec elle.
-J'espérais que tu l'ouvres devant tout le monde…
-C'est d'un comique terrifiant ! Merci Roland !
Ils s'embrassèrent.
-On va dormir dans la voiture ? S'ils veulent repartir, ils n'auront qu'à nous réveiller.
-… Tu n'as aucune question à me poser quant à mes motivations pour cette soirée ?
-C'était Noël, pas le dernier meeting de Mission Impossible, Roland…
-Hm, en effet.
***
Linda ouvrit le cadeau de Roland en cachette, juste pour voir. Elle sortit une écharpe rouge en soie de la boîte, étonnée. Un petit mot était joint.
« Assorti à ta robe préférée - R. »
Linda essuya des larmes naissantes, rangea le vêtement dans un placard où Etienne n'irait pas fouiller, et alla retrouver les invités.